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LE KOAN DE L'ADVAITA - STEPHEN WINGATE

LE KOAN DE L’ADVAITA
STEPHEN WINGATE
(Extrait de son livre ‘’The outrageous myths of enlightenment’’)
Question : J’ai beaucoup lu et
réfléchi sur l’advaita et tout le toutim
de la non-dualité. Parfois, je pense
comprendre et d’autres fois, je suis
frustré. Je pense avoir des difficultés
à comprendre l’advaita et je me
demande si la non-dualité ou si
l’unité est vraie...
Stephen : Les concepts de l’advaita
peuvent être le koan zen ultime !
Essayer de comprendre les concepts
pour déterminer si l’hypothèse de la
non-dualité est vraie ne peut que
vous laisser frustré. Plus vous étudier
l’advaita et plus vous découvrirez des
concepts qui sont contradictoires.
S’évertuer à comprendre le koan de l’advaita peut démontrer les limites de l’intellect.
La réalisation peut survenir que tous les concepts peuvent être réfutés et qu’il n’y a
aucun moyen de connaître quoi que ce soit avec certitude. Cette reconnaissance peut
aboutir à ce que J. Krishnamurti appelle ‘’se libérer du connu’’, le ‘’connu’’ faisant
référence aux concepts, aux connaissances, au processus de la pensée ― qui sont
tous le mental. Etre libéré du connu ne signifie pas que le processus de la pensée ou
que l’esprit n’est plus actif, mais il est vu que tous les concepts peuvent être réfutés
ou niés. Le voir clairement vous laisse alors dans un ‘’nuage d’inconnaissance’’, ainsi
que l’a dit un mystique chrétien du 14ème siècle. Et mon favori, Nisargadatta Maharaj,
a dit ceci à propos de la compréhension et de la connaissance en évoquant sa
réalisation dans le livre, ‘’JE SUIS’’ :
‘’Je me suis retrouvé à désirer et à savoir de moins en moins, jusqu’à pouvoir
dire dans le plus pur étonnement : ‘’Je ne sais rien, je ne veux rien !’’
Auparavant, j’étais sûr de tellement de choses ; à présent je ne suis plus sûr de
rien, mais je sens que je n’ai rien perdu en ne sachant pas, puisque tout mon
savoir était faux. Mon inconnaissance était en elle-même la connaissance du fait
que tout savoir est ignorance, que ‘’je ne sais pas’’ est l’unique vraie déclaration
que le mental puisse faire.’’
La compréhension ultime de l’advaita est non-conceptuelle. La compréhension ultime
est ‘’La Conscience est tout ce qu’il y a et JE SUIS CELA’’.
Q : Dans votre essai intitulé ‘’Comment ceci fonctionne-t-il, essentiellement ?’’, vous
avez dit : ‘’Si vous n’êtes pas conscient, quelque chose d’autre peut-il exister ?’’ Les
choses n'arrivent-elles pas indépendamment du fait que quelqu'un les perçoive ? Par
exemple, le réfrigérateur existe encore, même si je quitte la cuisine. Suis-je en train de
mal comprendre ce que vous dites ? Les choses existent, indépendamment du fait
qu’on les perçoive ou qu’on les expérimente, d’accord ?
S : Répondez à cette question sur le champ via votre propre expérience directe et non
pas d’un point de vue théorique : si vous n’êtes pas conscient en cet instant, quelque
chose d’autre peut-il exister pour vous ? Les philosophes et les physiciens ont le
plaisir (et la frustration) d’essayer de décrire la conscience en termes de concepts.
Certains disent que celui qui perçoit, que la perception et que ce qui est perçu sont
Un. Cet ‘’Un’’, c’est la Conscience. Par conséquent, la Conscience est tout ce qu’il y a.
Mon intérêt en ceci est pratique, et pas philosophique. Voir que rien ne peut vous
troubler, hormis votre propre imagination, vous libère de la souffrance
psychologique.
Q : Ma question suivante s’apparente à la précédente. Je pense avoir eu l’expérience
d’être simplement conscient et comprendre ce à quoi vous faites allusion, lorsque
vous dites ‘’Remarquez la conscience de la vision. Cette Conscience est ce que vous
êtes’’, mais il y a une certaine confusion, lorsque vous dites ‘’Sans cette Conscience,
rien d’autre n’existe’’. Pouvez-vous expliquer ce que vous entendez par là ?
S : La Conscience est toujours ici et maintenant ; les objets de la Conscience changent
en permanence. La Conscience est primaire ; les objets de la Conscience sont
secondaires. Sans la Conscience, un objet peut-il être observé ?
Encore une fois, mon intérêt pour ceci est pratique, et pas théorique ou
philosophique. Pendant la plupart de ma vie d’adulte, j’ai expérimenté de la
souffrance psychologique. J’étais complètement identifié à mes pensées, à mon
histoire, à ma vie, à mon drame, à ma souffrance. A la base de ma souffrance, il y
avait la croyance que j’étais le mental, le processus de la pensée, l’ego, le contrôleur
ou le guide de la vie de Stephen. Après des années et des années de lutte, de
souffrance et de recherche, ces simples indications ont fait mouche : je ne suis pas
une entité qui contrôle distinct(iv)e, je suis la Conscience. Point final. La Conscience
est tout ce qu’il y a et Je suis Cela.
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La reconnaissance que ma nature essentielle est la pure Conscience, et non pas une
entité qui contrôle distinct(iv)e a coupé mon identification avec le mental, ses
histoires, ses drames et ses tentatives incessantes et pourtant ratées de contrôler ma
vie. Quand l'identification avec le mental s'est coupée, la tentative de contrôler mon
expérience de vie s'est aussi coupée. Ainsi maintenant, la vie continue, comme elle l’a
toujours fait. Tout est comme il est – le bien, le mal et le laid, mais avec la réalisation
que lutter contre ce qui est est futile, même lutter contre la lutte !
Comme Paul l’a dit dans le Nouveau Testament : ‘’Je vis, et cependant pas moi,
c’est le Christ qui vit en moi.’’1 Les paroles de Paul s’appliquent à nous tous, que
ceci soit réalisé ou pas.
Q : Dans votre correspondance intitulée ‘’Observez ceci’’, vous dites :
‘’Il est facile de voir et de sentir que votre cœur bat, mais que vous ne faites pas
battre votre cœur. Il est facile de réaliser que vos yeux voient, que vos oreilles
entendent, que vos poumons respirent et que vous ne faites rien de tout cela. Mais
pour une raison ou l’autre, pour ceux d’entre nous qui ont souffert, nous avons
l’impression que nous contrôlons nos pensées, nos sentiments et nos actions.’’
Vous dites que nous ne contrôlons pas la vision, l’audition, les battements du cœur
ou la pensée, mais n’est-il pas vrai que nous avons tout de même un peu de
contrôle ? Nous pouvons contrôler quand nous voyons (nous pouvons fermer les
yeux), ce que nous voyons (en regardant ici ou là). Ceci s’applique également aux
autres sens et fonctions physiques. Je me rends compte qu’il y a des limites dans la
mesure où nous pouvons modifier nos fonctions physiques, mais n’avons-nous pas
un peu de contrôle ? Et ceci n’implique-t-il pas qu’il y ait ‘’quelqu’un’’ qui procède au
choix et au contrôle, même si ceux-ci sont limités ?
S : Contrôlez-vous quoi que ce soit ? La pensée de fermer les yeux surgit et donc,
vous fermez les yeux. Avez-vous créé cette pensée qui dit de fermer les yeux ? La
pensée surgit de regarder là-bas et donc, vous regardez là-bas. Des choix sont faits et
des pensées surgissent. Y a-t-il en vous une entité qui contrôle distinct(iv)e qui fait
des choix et qui pense des pensées ?
Si vous pensez qu’il y a ici une entité qui contrôle ses pensées, alors allez-y et exercez
ce contrôle ! Pourquoi choisiriez-vous jamais une pensée malheureuse, si vous
contrôlez ? Croire que vous êtes une entité distinct(iv)e qui contrôle est à la base de
la souffrance psychologique. En vous connaissant comme Conscience, ici et
maintenant, vous êtes affranchi de la souffrance psychologique.
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C’est-à-dire la Conscience christique ou la pure Conscience, la Conscience absolue, non-duelle, NDT.
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