Le broutard est très majoritairement voué à l'export (Italie et, dans une moindre mesure,
Espagne), dans un marché du vif très exposé à des aléas non maîtrisables par l'éleveur : crise
sanitaires et fermetures des frontières (chute de 19 % du cours du broutard lors de la crise
FCO de 2007), évolution du coût d'engraissement en Italie, crise du pouvoir d'achat et
consommation de viande à l'étranger (baisse de 10 % de la consommation des ménages
italiens sur le 1
er
semestre 2013). L'évolution actuelle des cours du broutard est donc fragile, et
en grande partie liée à la baisse actuelle de l'offre (diminution régionale du nombre de moules
à veaux, baisse des naissances constatée sur le 1
er
semestre).
En outre, alors que les cours peinent à évoluer, la demande italienne se porte ponctuellement
sur des broutards plus lourds et plus âgés (autour de 300 kg)... donc plus coûteux à produire.
Le veau sous la mère est par contre exclusivement destiné au marché national, sur un
créneau haut de gamme (label) contractualisé. Les débouchés sont porteurs, bénéficiant d'un
rapport offre/demande favorable. En prise directe avec les attentes des consommateurs
proches, le veau de lait résiste par conséquent à toutes les crises. Il est enfin le produit qui
paye le mieux la qualité et le savoir-faire, dans la mesure où le prix se base sur des critères
objectifs : âge, poids carcasse, conformation, état de gras, couleur de viande... et période de
vente.
Références : la meilleure valeur ajoutée à la vache
Les fermes de référence permettent une analyse détaillée des ratios d'efficacité économique
entre les systèmes producteurs de veaux sous la mère et de broutards, avec dans les deux
cas, une finition associée de toutes les réformes. Il s'agit dans les deux cas d'élevages
performants maîtrisant les fondamentaux (productivité numérique notamment).
Sur trois critères majeurs, la comparaison est en faveur du veau sous la mère :
1. Prix moyen du veau vendu : analysé sur les 10 précédentes campagnes, le différentiel
moyen de valorisation entre le veau sous la mère (mâle et femelle au même prix) et le
broutard (80 % de mâles, 20 % de femelles) n'a cessé de croître, se situant sur l'exercice
comptable 2012 autour de 300€ par tête dans les fermes du réseau (la broutarde a perdu
dans cette période entre 130 et 150€ ).
Ce différentiel de prix fait plus que compenser l'éventuel manque à gagner sur les réformes
des producteurs de veaux sous la mère, dont les formats (poids carcasse) et l'âge moyen
peuvent être différents des systèmes broutards pour des raisons spécifiques de conduite (taux
de renouvellement inférieur, sélection recherchant avant tout l'aptitude laitière, « carrière »
plus longue des mères de veaux de lait).
Cumulé aux aides PAC « veaux sous la mère » recouplées (35 à 70€ par veau en 2012), le
produit d'atelier (moyennes des exercices 2011 et 2012) est de près de 30 % supérieur
pour le veau sous la mère : 380€ pour 100kg de viande vive produite, contre 294€ pour le
système broutard.
2. Économie des charges
Plus autonome, plus économe, le système veau sous la mère apparaît moins sensible à
l'augmentation du prix des intrants. Basé sur une conduite alimentaire des veaux
essentiellement lactée, les consommations totales de concentrés (veaux, mères et vaches en
finition) sont sensiblement plus faibles en système veau sous la mère : 940kg par vache,
contre 1650 kg pour le système broutard. En conjoncture 2012, ce différentiel d'autonomie
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