de grands maux de gorge dont on ne ſ’apercevoit point tant
que j’ai été avec lui : après que je l’eus quitté, ſon mal de
gorge ſ’aigrit à un tel point qu’il étoit toujours enroué, que
ſa vue ſe troubla & qu’il lui ſurvint des ulcéres aux pieds &
aux mains. C’eſt ce que m’apprit à mon retour mon ami
Euſtochius, qui demeura avec lui juſqu’à ſa mort. Ces
incommodités ayant empêché ſes amis de le voir avec la
même aſſiduité, il ſe retira en campagne, dans un bien qui
avoit appartenu à Zethus un de ſes anciens amis qui étoit
mort. Ce qui lui étoit néceſſaire, lui étoit fourni de la terre
même de Zethus, & de Minturnes de la part de Caſtricius
qui y avoit du bien. Lorſqu’il fut prêt de mourir, Euſtochius
qui demeuroit à Pouzoles, fut quelque temps à venir le
trouver. C’eſt lui-même qui me l’a raconté. Plotin lui dit, je
vous attends ; je ſuis actuellement occupé à renvoyer à la
divinité ce qu’il y a en moi de divin. Alors un dragon qui
étoit ſous le lit dans lequel il étoit couché, ſe gliſſa dans un
trou qui étoit dans la muraille, & Plotin rendit l’eſprit. Il
avoit pour lors ſoixante ſix ans. L’empereur Claude finiſſoit
la ſeconde année de ſon régne. J’étois pour lors à Lilybée.
Amelius étoit à Apamée de Syrie, Caſtricius à Rome :
Euſtochius étoit ſeul près de Plotin. Si nous remontons
depuis la ſeconde année de Claude juſqu’à ſoixante & ſix
ans au-delà, nous trouverons que la naiſſance de Plotin
tombe dans la treiziéme année de l’empire de Sévère. Il n’a
jamais voulu dire ni le mois, ni le jour qu’il étoit né, parce
qu’il ne vouloit point qu’on célébrât le jour de ſa naiſſance,
ni par des ſacrifices, ni par des repas. Cependant lui même
ſacrifioit & régaloit ſes amis les jours de la naiſſance de