ANNEAUX DE POLYNÔMES
Table des matières
1. Polynômes à coefficients dans un anneau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
2. Division euclidienne ............................................ 4
3. Fonctions polynomiales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
4. Polynôme dérivé, formule de Taylor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1. Polynômes à coefficients dans un anneau
Definition 1.1. — Soit Aun anneau commutatif unitaire. On appelle
polynôme à coefficients dans A, toute suite a= (an)nNd’éléments de A,
dont tous les termes sont nuls, sauf un nombre fini d’entre eux.
Les éléments ai, non nuls de cette suite sont appelés coefficients du
polynôme a.
Le plus grand indice ntel que an6= 0 est appelé degré du polynôme a,
nous le noterons deg(a), dans ce cas ce coefficient anest appelé coefficient
dominant di polynôme a.
Si le coefficient dominant du polynôme aest égal à 1, ont dit que aest
un polynôme unitaire.
Si a= 0 est le polynôme nul, soit ak= 0 pour tout kN, on convient
que deg(a) = −∞
On note A[X]l’ensemble des polynômes à coefficients dans l’anneau
commutatif A.
c
Septembre 2011, Khalid Koufany
2
On définit la somme de deux polynômes a= (a0, a1, . . .)et b=
(b0, b1, . . .)de A[X]comme étant la somme des suites au sens habituel,
soit
a+b= (a0,+b0, a1+b1, . . .).
Le produit ab est le polynôme c= (c0, c1, . . .)où pour tout kNon
pose
ck=
k
X
j=0
ajbkj=a0bk+a1bk1+. . . +akb0.
On a donc
deg(a+b)max(deg(a),deg(b)),deg(ab)deg(a) + deg(b).
On vérifie assez facilement que l’ensemble A[X]munit de l’addition et
de la multiplication définies ci-dessus est un anneau commutatif unitaire,
appelé anneau des polynômes à une seule indéterminée à coefficients dans
l’anneau A.
Le zéro de A[X]est 0= (0,0, . . .)et son unité est 1= (1,0,0, . . .).
L’application j:α7→ (α, 0,0, . . .)de Adans A[X]est un homo-
morphisme d’anneaux injectif. Elle permet donc d’identifier Aavec le
sous-anneau de A[X]constitué des polynômes constants (de la forme
(α, 0,0, . . .)αA).
Posons X= (0,1,0,0, . . .)A[X], c’est un polynôme de degré 1. Alors
les polynômes 1et Xengendrent A[X]: on vérifie assez facilement que
X2= (0,0,1,0. . .)et par récurrence que Xk= (0,...,0,1,0, . . .), où 1
est le coefficient au degré k.
En identifiant à l’aide de l’homomorphisme jtout αAavec le poly-
nôme (α, 0. . .), tout polynôme a= (a0, a1, . . . , an,0, . . .)de degré n, est
égal à a0+a1X+. . . +anXn, en effet,
(0,...,0, ak,0, . . .) = (ak,0, . . .)(0,...,0,1,0, . . .) = akXk.
Proposition 1.2. — Supposons que l’anneau Aest intègre, alors
1. A[X]est un anneau intègre.
2. Pour tout a,bA[X],deg(ab) = deg(a) + deg(b).
3. (A[X])=A, i.e., les unités de A[X]sont les polynômes constants
dont la valeur a0est une unité de A.
LMA2 S3 3
Démonstration. Si a=0ou b=0alors la propriété 2. est évidente.
Supposons que a=a0+a1X+. . .+apXpet b=b0+b1X+. . .+bqXqsoient
deux polynômes non nuls, avec deg(a) = pet deg(b) = q. Le coefficient
ckde ab est non nul pour tout k > p +qet cp+q=apbq. Par conséquent,
si Aest intègre, cp+q=apbq6= 0 et donc deg(ab) = deg(a)+deg(b). Cette
propriété montre en particulier que l’anneau A[X]est intègre. D’où 1. et
2.
Montrons 3. Si ab =1, alors p+q= deg(a) + deg(b) = deg(ab) =
deg(1) = 0, soit p= 0 et q= 0 et aet bsont donc deux polynômes
constants a=a0Aet b=b0A, la condition ab =1montre alors que
a0b0= 1 et par suite a0Aet b0A. On en déduit que (A[X])A.
L’inclusion réciproque étant évidente, on a (A[X])=A.
Remarquons, que si A[X]est intègre, alors Aest lui aussi intègre, puisque
Apeut être considéré comme un sous-anneau de A[X].
Proposition 1.3. — Soient A,Bdeux anneaux commutatifs et uni-
taires et ϕ:ABun morphisme d’anneaux tel que ϕ(1A) = 1B.
Alors l’application Φ : A[X]B[X]qui à chaque polynôme a=a0+
. . . anXnA[X]on associe Φ(a) = ϕ(a0) + . . . +ϕ(an)XnB[X]est
un morphisme d’anneaux. De plus
a=
n
X
k=0
akXkKer(Φ) ⇒ ∀k, akKer(ϕ).
Démonstration. La démonstration est élémentaire.
Soit nNet considérons le morphisme d’anneaux ϕ:ZZ/nZtel
que ϕ(k) = ¯
k, classe de kZmodulo n. Alors Φ : Z[X]Z/nZ[X]
est donné par Φ(PakXk) = P¯akXk. Le polynôme ¯
a=P¯akXkest
appelé réduction modulo ndu polynôme a=PakXk. Par conséquent la
réduction modulo nd’une somme (respectivement produit) de polynômes
de Z[X]est la somme (respectivement produit) des réductions de ces
polynômes.
Exemple 1.4. Soit le polynôme a(X)=8X6+ 7X5+ 3X3+ 2X+ 1 ;
sa réduction modulo 2 est ¯
a(X) = X5+X3+¯
1 = X5X3¯
1et sa
réduction modulo 3 est ¯
a(X) = ¯
2X6+X5+¯
2X+¯
1 = X6+X5X+¯
1.
4
2. Division euclidienne
Théorème 2.1. — Soient Aun anneau commutatif unitaire, aet b=
b0+. . . +bmXmdeux polynômes de A[X]tels que le coefficient dominant
bmde bsoit inversible dans A. Alors il existe q,rA[X]uniques tels
que
a=bq +ravec deg(r)<deg(b).
De plus on a deg(q) = deg(a)deg(b).
En particulier, si A=Kest un corps commutatif, et si aK[X],
bK[X]− {0}, alors il existe q,rK[X]uniques tels que
a=bq +ravec deg(r)<deg(b).
Démonstration. Montrons l’existence de qet rpar récurrence sur le
degré nde a.
Supposons que aest un polynôme constant (éventuellement nul), c-à-d.,
n= deg(a) = 0 ou deg(a) = −∞ :
si deg(b)>0, alors q= 0 et r=aconvient
si deg(b)=0, alors b=b0A, d’où q= (b1
0a0)et r= 0 convient.
Soit nNet supposons établie l’existence de q,rpour tout poly-
nôme a=a0+. . . +anXnde degré deg(a)n. Considérons alors
a=anXn+. . . +a0un polynôme de degré n. Si deg(a)<deg(b),
alors on peut prendre q= 0 et r=a. Si n= deg(a)deg(b) = m,
on considère le polynôme a0=a(anb1
mXnm)b. Donc deg(a0)
max(deg(a),deg(Xnmb)) n, et le monôme de degré nde a0s’an-
nule, d’où deg(a0)n1. D’après l’hypothèse de récurrence, il existe
q0,r0deux polynômes de A[X]tels que a0=q0b+r0avec deg(r0)<
deg(b)et deg(q0) = deg(a0)deg(b)n1m. Par conséquent,
q=anb1
mXnm+q0et r=r0sont des polynômes à coefficients dans Avé-
rifiant a=bq+r,deg(r)<deg(b)et deg(q) = nm= deg(a)deg(b).
Montrons maintenant l’unicité de qet r. Supposons qu’il existe q0,r0
A[X]tels que a=bq0+r0et deg(r0)<deg(b)On a alors b(qq0) = r0r.
Supposons qq06= 0 de degré ket soit qksont coefficient dominant.
Comme bmest inversible, bmqk6= 0, d’où deg(b(qq0))keq deg(b), ce qui
contredit deg(r0r)max(deg(r),deg(r0)) <deg(b). Par conséquent,
q0=qet par suite r0=r.
Exemple 2.2. (1) La division euclidienne de a(X) = X7+X6+X5+
X4+X3+X21par b(X) = X5X2+ 1 dans Z[X]donne a=bq +r
avec q(X) = X2X+ 1 et r(X)=2X4+ 2X3+X2X2.
LMA2 S3 5
En passant à réduction modulo 2, on a ¯
a=¯
b¯
q+¯
r, avec ¯
a(X) =
X7+X6+X5+X4+X3+X2+¯
1,¯
b(X) = X5X2+¯
1,¯
q(X) =
X2X+¯
1 = X2+X+¯
1et ¯
r(X) = ¯
2X4+¯
2X3+X2X¯
2 = X2+X.
Comme deg(¯
r) = 2 <deg(¯
b) = 5, alors ¯
a=¯
b¯
q+¯
rest bien une division
euclidienne de ¯
apar ¯
bdans Z2[X].
(2) Effectuons la division euclidienne de ¯
a(X) = ¯
5X3+X+¯
8par
¯
b(X) = ¯
8X2+¯
4X+¯
1dans Z15[X]. Comme ¯
8est inversible dans Z15[X]
(car 815 = 1) et que ¯
2ׯ
8 = ¯
16 = ¯
1, on a ¯
81=¯
2, donc
¯
5X3+X+¯
8¯
8X2+¯
4X+¯
1
¯
5X3+¯
10X2+¯
10X¯
2ׯ
5X+¯
2ׯ
5
¯
10X2¯
9X+¯
8
=¯
5X2+¯
6X+¯
8
¯
5X2+¯
10X+¯
10
¯
4X¯
2
=¯
11X+¯
13
donc ¯
q(X)=(¯
2ׯ
5)X+ (¯
2ׯ
5) = ¯
10X+¯
10 et ¯
r(X) = ¯
11X+¯
13. Noter
bien que deg(¯
r) = 1 <deg(¯
b) = 2.
3. Fonctions polynomiales
Soit Aun anneau commutatif et unitaire. Soit a=a0+a1X+. . .+anXn
un polynôme à coefficients dans A. On définit l’application
e
a:λ7→ a01 + a1λ+. . . +anλn
de Adans Aappelée fonction polynomiale associée à a.
Si a=a0+a1X+. . . +anXnet b=b0+b1X+. . . +bmXmsont deux
polynômes de A[X], alors il est clair que pour tout λA,
^
(a+b)(λ) = e
a(λ) + e
b(λ),g
(ab)(λ) = e
a(λ)e
b(λ),e
1(λ) = 1
On en déduit que l’application ϕ:a7→ e
aest un morphisme d’anneaux
de A[X]dans l’anneau F(A, A)des fonctions de Adans A.
Ce morphisme n’est pas en général injectif, il faut donc faire attention
à bien distinguer un polynôme ade sa fonction polynomiale associée e
a.
Autrement dit, si les fonctions polynomiales associées à deux polynômes
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