Style de vie SANTÉ L’arthrite Les articulations en danger Un grand nombre de Mauriciens souffrent d’arthrite, une maladie qui touche les articulations. Le Dr Hélène Petit-Bhoyroo, rhumatologue de Fortis Clinique Darné, nous en dit plus à ce sujet. Qu’est-ce que l’arthrite ? L’arthrite englobe toutes les affections inflammatoires, aiguës ou chroniques, qui touchent les articulations, dont l’origine est rhumatismale ou infectieuse. L’arthrite se manifeste par un gonflement de l’articulation, une douleur, une rougeur, une chaleur et une difficulté à effectuer certains mouvements. Les articulations les plus fréquemment touchées par l’arthrite sont celles du poignet, des mains, des pieds, et parfois les vertèbres. Est-ce une maladie dangereuse ? Il existe une multitude d’arthrites (plus d’une centaine). Certaines ne sont pas trop graves, dans la mesure où les symptômes sont passagers et où elles se résolvent d’ellesmêmes (c’est, par exemple, le cas du rhumatisme articulaire aigu lorsqu’il est correctement pris en charge ou de la goutte). D’autres, en revanche, sont beaucoup plus problématiques et nécessitent une intervention urgente dans un centre hospitalier. C’est le cas d’arthrites septiques (infectieuses) qui peuvent rapidement entraîner de graves complications et détruire le cartilage articulaire. La polyarthrite rhumatoïde, rhumatisme inflammatoire le plus fréquent, est susceptible de diminuer l’espérance de vie et d’entraîner parfois de graves complications, en particulier cardiaques. L’arthrite touche principalement quels types de personnes ? L’arthrite atteint le plus souvent les personnes âgées entre 40 et 60 ans. Mais elle peut toucher aussi les âges les plus 58 • extrêmes, les enfants – ici, on parle d’arthrite juvénile – ou les personnes âgées. Quelles sont les raisons qui conduisent à l’arthrite ? L’arthrite et la famille des rhumatismes inflammatoires sont des maladies complexes ayant des origines multiples. Souvent, on n’en connaît pas la cause exacte. Plusieurs facteurs sont impliqués dans les mécanismes : - Les facteurs auto-immuns Les rhumatismes inflammatoires ont souvent une origine auto-immune, c’est-à-dire que le corps produit des anticorps anormaux qui «attaquent» les articulations mais parfois aussi d’autres parties du corps (peau dans le rhumatisme psoriasique, œil...). - Des causes génétiques Il existe une prédisposition génétique chez les personnes atteintes de rhumatismes inflammatoires qui les «conditionne» à développer la maladie. Il n’y a pas qu’un seul gène impliqué, mais plutôt une multitude de gènes. Par exemple, on sait que le gène appelé HLA B27 est fréquent chez les personnes atteintes de spondylarthrite ankylosante. - Des causes infectieuses Dans certains cas, les symptômes surviennent à la suite d’une infection, qui n’est pas la cause directe mais qui déclenche la maladie. - Autres causes possibles de rhumatismes Il arrive que le rhumatisme soit causé par des dépôts de cristaux dans l’articulation ; c’est le cas de la goutte. Une infection attaquant directement l’articulation peut aussi causer une forme d’arthrite, très dangereuse si elle n’est pas soignée rapidement. Il s’agit de l’arthrite septique. Comment la prévenir ? On connaît très peu de moyens de prévention en ce qui concerne l’arthrite inflammatoire. Par contre, de petits moyens permettent aux personnes arthritiques, peu importe le type d’arthrite, de diminuer leurs douleurs en modifiant leurs habitudes de vie et en ayant recours à divers praticiens de la santé (physiothérapeutes, ergothérapeutes, massothérapeutes, etc.). La première arme contre la douleur arthritique serait Lifestyle UNE PUBLICATION DE BUSINESS PUBLICATIONS LTD - n° 98 - juillet - août 2015 le repos (nuits de sommeil d’au moins huit à dix heures), surtout pour les personnes chez qui le stress, l’anxiété et la fatigue nerveuse sont très présents. Des exercices respiratoires, des techniques mentales de relaxation et la méditation sont autant de manières d’aider l’organisme à atteindre la détente. La pratique quotidienne d’exercices est également nécessaire afin de préserver la mobilité des articulations et de maintenir la masse musculaire. L’exercice a aussi un effet analgésique puisqu’il entraîne la libération d’endorphines dans l’organisme. L’alimentation doit être variée et équilibrée, en privilégiant les produits frais et sains, en évitant purines et alcool, par exemple dans le cadre de la goutte. Dans ce cas, comment la soigner ? Le traitement repose sur l’utilisation d’anti-inflammatoires, d’analgésiques pour soulager la douleur, de corticostéroïdes ou d’immunomodulateurs pour stabiliser la maladie dans le cadre de maladies auto-immunes. Un bond en avant a été fait il y a quelques années avec la découverte d’agents biologiques (les biothérapies) qui agissent au sein de la cellule pour bloquer la cible suspectée responsable du déclenchement ou de l’entretien de la maladie auto-immune. Des anti-infectieux (antibiotiques, par exemple) sont aussi utilisés, surtout lors d’arthrites septiques. Dans certains cas, une chirurgie est également indiquée.