Journal d'agriculture tropicale et
de botanique appliquée
Connaissance de la Vanille
Th. E. Hibon
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Hibon Th. E. Connaissance de la Vanille. In: Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 13, n°8-9, Août-
septembre 1966. pp. 353-384;
doi : https://doi.org/10.3406/jatba.1966.2892
https://www.persee.fr/doc/jatba_0021-7662_1966_num_13_8_2892
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Vanille
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ETUDES
ex
DOSSIERS
CONNAISSANCE
DE
LA
VANILLE
Far
Th.
E.
HIBON
Ancien
chef
du
Service
de
l'Agriculture
de
la
Réunion
et
chargé
de
mission
aux
Etablissements
français
de
l'Océanie.
Les
Orchidacées,
famille
à
laquelle
appartient la
vanille
(1),
sont,
sans
discussion
possible,
les
moins
banales
de toutes
les
plantes
cultivées;
leurs
organes
végétatifs
et
leur
mode
de
vie
sont
curieux;
leurs
fleurs
remarquables,
et
leurs
graines
si
petites,
sans
albumen,
et
à
embryon
non
différencié,
vraiment
extraordinaires.
Leur
nombre
est
considérable
:
20
000
espèces
environ,
ce
qui
les
place,
à
cet
égard,
tout
de suite
après
les
Composées.
La
zone
tempérée
en
compte
un
certain
nombre,
mais
leur
climat
d'élection
est
Sud-tropical.
On
les rencontre
surtout
:
dans la
région
florale
indo-africaine
:
Madagascar,
Masca-
reignes,
Ceylan,
dans la
région
florale
de
l'Insulinde
et
du
Pacifique
:
Java,
Sumatra, Bornéo
et
Océanie.
170
espèces
ont
été
relevées
à
la
Réunion
et
35,
dans
les
îles
de
la
Société.
Le
genre
Vanilla
compte environ
110
espèces.
Certaines
d'entre
elles
atteignent
sans
doute
les
plus grandes
dimensions
parmi
les
Orchidacées.
Les
trois
espèces
cultivées
:
Vanilla
fragrans
(Salisb.)
Ames,
du
Mexique
et
par
extension
de
l'Océan
Indien;
Vanilla
tahitensis
J.
W.
Moore,
du
Pacifique
et
Vanilla
Pompona
Schiede,
de
la
Guadeloupe,
ont
des
feuilles
qui
peuvent
atteindre
25
cm
de
longueur
et
des
mérithalles
de
parfois
15
cm.
Ces
lianes
à
sarments
herbacés
articulés,
montent
parfois
grâce
à
leur
tuteur,
jusqu'à
la
hauteur
de
quatre
étages.
Mais
ce
n'est
(1)
Ce
mot
désignera
aussi
bien
le
vanillier
cultivé
que
son
fruit,
naturel
ou
préparé.
JOURN.
d'AGRIC.
TROPICALE
ET
DE
BOTANIQUE
APPLIQUÉE,
T.
XIII,
8-9,
AOUT-SEPTEMBRE
1966
Journal
d'Agriculture
tropicale
17
354
pas
le
caractère ornemental
des
tiges
charnues,
des
feuilles
sessiles
charnues
et
des
fleurs
blanc-verdâtres
en
épis
(fausses grappes)
axillaires,
qui
peuvent
rendre
compte
de
l'attachement
qu'ont
tant
d'hommes
pour
la vanille.
Ce
sont
ses
fruits
qu'on
appelle
gousses,
alors
qu'il
s'agit
de
.capsules;
ce
sont
ses
gousses
préparées,
c'est-
à-dire,
la
vanille
parfumée, brillante
et
douce
à
la
main
qu'il
est
impossible
d'oublier,
une
fois
qu'on
l'a
connue.
Les
feuilles, les
fleurs,
les
fruits
et
certaines
manières
d'être
de
la
vanille
diffèrent
de
même
que
l'arôme,
selon
l'espèce
cultivée.
Le
seul
examen
des
feuilles
permet
de
différencier
les
espèces.
Celles
de
V.
fragrans
(1)
sont
planes
ellipsoïdales
avec
l'extrémité
libre,
courtement
acuminée;
celles
de
V.
tahitensis
sont
moins
épaisses,
plus
étroites,
donc
plus
allongées,
à
bords
presque
parallèles,
et
présentent un
gouttière
nette;
celles
de
V.
Pompona
sont
très
épaisses,
brusquement
contractées
et
arrondies
à
la
base,
à
forme
courtement
ovale,
subcirculaire.
Pour
une
meilleure
connaissance
de
la
vanille,
il
faut
évoquer
sa
biologie,
son
environnement,
sa
culture
et
sa
préparation,
jusqu'au
moment
où,
couchée
en
bottes
onctueuses
et
parfumées
dans
son
lit
de
papier
paraffiné,
au
fond
des
boîtes
en
fer
blanc
neuf
et
brillant,
protégée
par des
emballages
maritimes
en
bois
dur,
elle
voguera
vers
les
pays
d'Europe, d'Amérique
du
Nord
et
l'Australie.
C'est
en
traitant
ces
diverses
questions
que
nous
parlerons
de
ses
principaux
organes.
Quelques
mots
sont
cependant
à
consacrer
tout
d'abord
à
ses racines.
La
vanille
est
une
plante
de
culture
jardinée.
Elle
se
multiplie
depuis
toujours
par
boutures,
sauf
en
laboratoire
et
cela
depuis
quelques
années
seulement.
Ses
racines
ne
se
développent
pas
simplement
dans
le
sol
au
niveau
des nœuds
enterrés.
Toute
la
liane,
à
quelque
niveau
que
ce
soit,
émet
à
l'opposé
de
la
feuille
une,
deux
ou
trois
«
vrilles
»
blanc-verdâtres,
qui
se
collent
au
tuteur,
s'aplatissent
un
peu
à
son
contact
et
progressent
ainsi vers
le
sol,
dans
lequel
elles
pénètrent superficiellement,
à
10
cm
au
plus.
Elles
se
ramifient
alors,
se
dirigeant
cette
fois,
non
plus
suivant
le
tropisme
normal
ni
même
obliquement,
mais
presque
horizontalement,
comme
pour
prendre
possession
de
tout
le
sol.
En
coupe,
les
«
vrilles
»
présentent
les
faisceaux
du
liber
alternant
avec
les
faisceaux
du
bois
et
la
pointe
des
faisceaux
ligneux
est
dirigée
vers
l'extérieur.
Il
s'agit
donc
bien de
racines. Outre
(1)
Ce
sont
des
caractéristiques
moyennes.
Des
variations
(que
reflètent
les
feuilles),
existent,
correspondant
sans
doute
à
des
clones,
ceux-ci
étant
mieux
connus
au
Pacifique
qu'ailleurs.
La
vanille
du
Pacifique
est,
à
cet
égard,
beaucoup
plus
vicariante
que
V.
fragrans.
qu'elles
fixent
la
liane
au
tuteur
comme
de
véritables
vrilles,
elles
sont
capables,
grâce
à
la
présence
d'une
assise
périphérique
de
cellules
spongieuses
extérieurement,
de
retenir
la
vapeur
d'eau
utile.
Cette
assise
s'appelle
le
voile.
Les
racines
de
la
vanille
prennent
possession
de
la
matière
organique
qu'elle
se
trouve
:
trous
et
fissures
des
arbres, fourche
des
branches,
sol.
Il
est
très
important de
noter
qu'outre
ce
mode
de
vie,
la
vanille,
comme
du
reste
nombre
d'autres
orchidées,
dispose d'un
mode
de
nutrition
spécial
grâce
à
la
présence
d'un champignon
symbiote.
Si
le
support vivant
de
la
liane,
c'est-à-dire
le
tuteur,
lui
offre
des
ressources
suffisantes,
elle
peut
vivre
en
epiphyte.
De
toute manière,
le
sol
en
tant
que
source
d'éléments minéraux
n'est
pas
indispensable
à
la vanille.
Au
contraire,
l'humus
du
sol
lui
est
tellement
nécessaire
qu'on
peut
se
demander
s'il
ne
sert
pas
à
suppléer
une
photo-synthèse
très
pauvre.
Ce
serait
donc
une
plante
un
peu
saprophyte
Comme
le
sont
d'ailleurs
d'autres
espèces
de
genres
voisins
des
Vanilla,
de
la
même
tribu
des
Néottiées.
Il
existe
même
une
espèce
aphylle
dans
le
genre
Vanilla.
Cette
façon
d'être
des
racines
de
la
vanille
nous
conduit
à
définir
ses
exigences,
quant
au
climat,
au
sol,
à
l'arbre
d'abri
(1)
et
au
tuteur
et
à
expliquer
à
cette
occasion
certaines
pratiques
rendues
nécessaires
du
fait
des
maladies.
Les
climats.
La
vanille
(V.
fragrans)
nous
vient
du
Mexique,
elle
pousse
au
bord
des
ruisseaux
et
rivières
atlantiques,
la sécheresse
étant
sa
plus
grande ennemie. C'est
donc,
suivant
l'expression des
botanistes,
une
plante
rivulaire.
Elle
est
cultivée
dans
ce
pays
à
une
altitude
inférieure
ou
égale
à
150
m,
dans
les
régions
ouest
et
sud
du
golfe
de
Campêche
sur
des
collines,
que
sept
«
rios
»
chargent
d'une
atmosphère
humide.
C'est
à
l'Ile
Bourbon,
aujourd'hui
la
Réunion,
que la
vanille
a
été
mis
pour
la
première
fois
en
culture
hors
de
son
berceau.
C'était
vers
1822,
trois
ans après
qu'on
y
eut
introduit
V.
pompona
qui
venait
de
Cayenne.
En
raison
de
ce
que
l'on
savait
alors
en
fait
de
météorologie
terrestre
(2),
les
premières
plantations
eurent
lieu
dans
les
vallées
(1)
Dans
sa
fonction
d'ombrage,
l'arbre
d'abri
intéresse
toutes
les
parties
vertes,
donc
principalement
la
feuille;
mais
si
l'on
considère
le
vent
et
la
pluie,
il
concerne
les
racines.
(2)
II
faut
souligner
ici
qu'à
cette
époque,
malgré
la
présence
fréquente
à
bord
des
navires
d'un
jardinier
botaniste
chargé
de
recueillir
des
plantes
utiles
en
vue
de
leur
naturalisation,
la
météorologie
intéressait
la
navigation
et
fort
peu
l'agriculture.
356
fraîches
des
lieux
habités.
Dix
ans
plus
tard,
alors
que
l'on
ne
savait
pas
encore
pratiquer
la
fécondation,
chacun
possédait
quelques
dizaines
de
lianes,
voire
même
quelques
pieds,
à
l'ombre
tranquille
de
la collection d'arbres
rares
du
verger.
Après
la
mise
en
pratique
de
la
fécondation
(1841),
les
inconvénients
du
morcellement
des
cultures,
soit
dans
les
parcs
ou
jardins
des
«
habitations
»,
soit
sur
les
pentes déclives des galeries
forestières
ne
tardèrent
pas
à
se
manifester.
On
regroupa
donc
les
vanilles
:
a)
dans
la
zone
les
pluies
atteignent
environ
3
000
mm
sur
au
moins
175
jours,
répartis sur
les
douze
mois
de
l'année;
b)
à
des
altitudes
la
température
reste
favorable
(de
14°
à
28°
C.
environ)
soit
à
moins
de
200
m.
Les
pays,
se
cultive
la
vanille,
présentent
à
peu
près
tous
des
caractéristiques
de
pluviosité
et
de
température
semblables,
avec
cependant
quelques
nuances.
Ces
pays
sont
:
dans
l'hémisphère
nord,
au
Sud
du
tropique
du
Cancer
sur
le
versant
atlantique
:
le
Mexique
(frange
littorale
occidentale
et
méridionale
du
golfe
de
Campêche),
Porto-Rico
et
la
Guadeloupe,
c'est-à-dire
les
abords
du
20e
parallèle
Nord;
dans l'hémisphère
sud,
au
Nord
du
tropique
du
Capricorne
:
a)
dans
l'Océan
Indien,
la
Réunion,
Madagascar
et
les
Comores,
c'est-à-dire,
aux
environs
du
20e
parallèle, une
zone
d'îles
plus
ou
moins
grandes,
qui,
vers
le
Nord,
atteint
par
exception
le
11°
sud
à
la
Grande
Comore.
b)
dans
l'Océan
Pacifique,
les
îles
de
la
Société
depuis
Bora-Bora
au
Nord-Ouest
(16°
30'
sud
environ)
jusqu'à
Tahiti
et
enfin
plus
au
Sud
(22°
50'
environ),
l'île
Rurutu
du
groupe
des
Australes,
c'est-à-dire
encore
les
parages
du
21e
parallèle
Sud.
On
peut
donc
admettre
que
la
vanille
se
plaît
particulièrement
aux
approches
du
20e
parallèle
(Nord
ou
Sud)
au
pied
de
montagnes
élevées
émergeant
du
sein
des
océans. Mais
il
faut,
tout
de suite
et
en
même
temps,
écrire
le
maître
mot,
le
mot
clef
de
la
vocation vanillière des
lieux
et
de
leur visage,
à
savoir
Valizé.
C'est
l'alizé
qui
exprime
le
mieux,
parce
qu'il
les
crée,
les
traits
véritables
et
communs
du
visage
de ces isthmes,
îles
et
archipels
à
vanille,
dont
on
dit
qu'ils
sont
«
du
vent
»
ou
«
sous
le
vent
».
Courant aérien
humide
de
surface,
l'alizé
souffle
de
l'Est.
Du
Nord-Est
vers
le
Sud-Ouest
dans l'hémisphère
Nord
et
du
Sud-
Est
vers
le
Nord-Ouest
dans
l'autre.
Ainsi
suggère-t-il
déjà
la
position orientale
d'élection
des
vanillières dans
ces
pays.
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