70 Annexe C - Rappels et compl´
ements
B Rappels sur les nombres complexes
B.1 Introduction
L’histoire de l’alg`ebre s’est longtemps confondue avec l’histoire de la r´esolution des ´equations. L’une des
oeuvres fondatrices, par sa d´emarche, ´etant le trait´e Kitab al-jabr w’al-muqabalah (Livre de la remise
en place et de la simplification) dˆu au math´ematicien arabe du neuvi`eme si`ecle Al Khwarizmi, le terme
al-jabr a par la suite donn´e son nom `a cette discipline.
Sous l’influence des traductions des oeuvres arabes, les th´eories de r´esolution des ´equations du troisi`eme
degr´e se d´evelopp`erent ensuite particuli`erement dans l’Italie du seizi`eme si`ecle. Vers 1530-1545, de
nombreux math´ematiciens (parmi lesquels del Ferro et Tartaglia) s’int´eressaient `a la fa¸con de r´esoudre
les ´equations du troisi`eme degr´e x3=px +q,x3+q=px ou encore x3+px =qavec pet qpositifs.
Notons que l’usage des nombres n´egatifs n’´etant `a l’´epoque pas encore naturel, ces ´equations n’´etaient
alors pas les mˆemes. En 1545, Cardan publia la r´esolution du cas g´en´eral en ´evitant de s’attarder sur la
manipulation des racines carr´es de quantit´es n´egatives. Vers 1560 (mais les travaux ne sont publi´e qu’en
1572), Bombelli osa alors consid´erer des op´erations sur la racine carr´ee d’un nombre n´egatif (ce qui
rendit les formules de Cardan valables pour toute ´equation de degr´e 3) et s’int´eressa donc aux nombres
de la forme a+b1 o`u aet bsont deux nombres r´eels.
Dans le but de «proposer »des solutions `a des ´equations qui n’en avaient pas a priori, les math´ematiciens
ont progressivement introduit les fractions, les nombres n´egatifs ou encore certains nombres irrationnels.
L’´etape franchie dans l’Italie de la Rennaissance consiste donc `a introduire des nombres imaginaires (le
terme est dˆu `a Descartes et date de 1637) pour r´esoudre des ´equations polynˆomiales (en fait on peut
alors r´esoudre toutes les ´equations polynˆomiales, c’est le th´eor`eme d’Alembert-Gauss). La notation i
pour d´esigner une solution de l’´equation x2+ 1 = 0 est, quant `a elle, due `a Euler et date de 1777. Il
convient n´eanmoins d’avoir `a l’esprit que la g´en´eralisation de l’usage des nombres complexes ne fut que
tr`es lente et dˆu attendre des fondements rigoureux avec notamment les travaux de Hamilton, vers 1830,
dont nous pr´ecisons les grandes id´ees ci-dessous.
Une id´ee naturelle en math´ematiques lorsqu’on souhaite r´esoudre une ´equation qui semble ne pas avoir
de solution, consiste `a «agrandir »l’ensemble de nombres que l’on consid`ere. On cherche donc `a trouver
un ensemble contenant l’ensemble des nombres r´eels or il est usuel de repr´esenter cet ensemble sous la
forme d’une droite et de consid´erer qu’une droite est une partie du plan.
R
(0, b)(a, b)
(a, 0)
Un nombre r´eel ase rep`ere donc dans le plan sous la forme d’un couple (a, 0). Les op´erations usuelles
sur Rsont l’addition et la multiplication qui ont comme propri´et´es l’associativit´e et la commutativit´e
ainsi que la propri´et´e de distributivit´e de la multiplication par rapport `a l’addition ; on souhaite d´efinir
sur l’ensemble des couples de r´eels une addition et une multiplication qui conservent ces propri´et´es
et qui prolongent les op´erations de R. Par exemple, si aet a0sont des r´eels, on doit avoir
(a, 0) (a0,0) = (a+a0,0) et (a, 0) (a0,0) = (aa0,0).
Intuitivement, deux couples (a, b) et (a0, b0) correspondent `a des vecteurs
OM et
OM0(o`u (a, b) et (a0, b0)
sont les coordonn´ees de Met M0) et le vecteur somme est
OM +
OM0=
ON o`u les coordonn´ees de N
sont (a+a0, b +b0).
B- Rappels sur les nombres complexes 71
M(a, b)
~u
~v
N(a+a0, b +b0)
M0(a0, b0)
~u +~v
On d´efinit donc la somme de deux couples par
(a, b)(a0, b0) = (a+a0, b +b0).
De mˆeme, si λRet Ma pour coordonn´ees (a, b) alors on a λ
OM =
ON o`u Na pour coordonn´ees
(λa, λb).
M(a, b)
λ~u
~u
N(λa, λb)
On pose donc (λ, 0) (a, b) = (λa, λb) ; en particulier, on a (b, 0) (0,1) = (0, b).
On souhaite que la loi soit distributive par rapport `a la loi , de sorte que
(a, b)(a0, b0) = (a, 0) (0, b)(a0,0) (0, b0)
=(a, 0) (a0,0)(a, 0) (0, b0)(0, b)(a0,0)(0, b)(0, b0)
= (aa0,0) (0, ab0)(0, a0b)h(b, 0) (0,1)(b0,0) (0,1)i
= (aa0, ab0+a0b)h(bb0,0) (0,1) (0,1)i.
Il reste donc `a connaˆıtre le produit (0,1) (0,1). Le but initial ´etant de savoir r´esoudre les ´equations
polynˆomiales qui n’ont pas de solution dans R, notamment x2+ 1 = 0, on souhaite obtenir le r´eel 1
sous la forme d’un carr´e. Il est donc naturel de souhaiter que (0,1) (0,1) = (1,0). Si c’est le cas alors
on a en poursuivant le calcul ci-dessus
(a, b)(a0, b0) = (aa0, ab0+a0b)(bb0,0) (1,0)
= (aa0, ab0+a0b)(bb0,0)
= (aa0bb0, ab0+a0b).
On d´efinit donc la multiplication de deux couples par
(a, b)(a0, b0) = (aa0bb0, ab0+a0b).
Si on note ~
1 un vecteur unitaire de l’axe des abcisses et ~ı un vecteur unitaire de l’axe des ordonn´ees
alors tout couple (a, b) s’identifie naturellement avec le vecteur a~
1 + b
~
i. Pour simplifier les notations, le
couple (a, b) est not´e a+ib.
La notation icorrespond donc au couple (0,1) et on a i2=1.
72 Annexe C - Rappels et compl´
ements
B.2 L’ensemble des nombres complexes
B.2.1 D´efinition
On appelle ensemble des nombres complexes, et on note C, l’ensemble d´efini par les conditions
suivantes :
(i) Il existe un ´el´ement de C, not´e i, qui v´erifie i2=1.
(ii) Tout nombre complexe zCs’´ecrit de fa¸con unique sous la forme z=a+ib avec a, b R, on
dit que :
a+ib est la forme alg´ebrique ou cart´esienne de z;
aest la partie r´eelle de z, on note a= Re z;
best la partie imaginaire de z, on note b= Im z.
(iii) L’addition et la multiplication des nombres complexes sont d´efinies par les formules suivantes :
(a+ib)+(a0+ib0) = (a+a0) + i(b+b0) et (a+ib)(a0+ib0) = (aa0bb0) + i(ab0+a0b)
o`u a, b, a0, b0R.
B.2.2 Remarques
IUn nombre complexe est donc un nombre r´eel lorsque sa partie imaginaire est nulle. Un nombre
complexe dont la partie r´eelle est nulle est appel´e nombre imaginaire pur.
INotons que l’unicit´e de l’´ecriture d’un nombre complexe sous forme alg´ebrique entraine en particulier
que a+ib =a0+ib0si et seulement si a=a0et b=b0.
IConsid´erons le plan muni d’un rep`ere orthonormal (O, ~u, ~v). Si zCalors on dit que le point Mde
coordonn´ees (Re z, Im z) est le point d’affixe z; on dit aussi que Mest l’image de zdans le plan.
IL’addition et la multiplication des nombres complexes sont
commutatives i.e. z+z0=z0+zet zz0=z0zpour tous z, z0C;
associatives i.e. z+ (z0+z00) = (z+z0) + z00 et z(z0z00) = (zz0)z00 pour tous z, z0, z00 C.
De plus, la multiplication est distributive par rapport `a l’addition i.e. on a
z(z0+z00) = (zz0)+(zz00) pour tous z, z0, z00 C.
Enfin, 0 et 1 sont des ´el´ements neutres pour l’addition et la multiplication respectivement i.e. on a
z+ 0 = zet z×1 = zpour tout zC. On a aussi clairement z×0 = 0 pour tout zC.
B.2.3 Proposition
Soit zC, on ´ecrit z=a+ib avec a, b R.
(i) Le nombre zadmet un oppos´e qui est z= (a) + i(b).
(ii) Si zest non nul alors zadmet un inverse qui est z1=1
z=a
a2+b2+ib
a2+b2.
Le fait d’employer des signes ne doit pas faire perdre de vue que les nombres complexes n’ont pas de
signe ! Par exemple, quel signe pourrait-on attribuer `a i: si on avait i>0 ou i60, alors on devrait
avoir i2>0 alors que i2=1.
B.2.4 D´efinition
Soit zC, on ´ecrit z=a+ib avec a, b R.
On appelle conjugu´e de z, le nombre complexe not´e zet d´efini par z=aib.
B- Rappels sur les nombres complexes 73
B.2.5 Remarque
Consid´erons le plan muni d’un rep`ere orthonormal (O, ~u, ~v). Si Mest le point du plan d’affixe zC
alors le sym´etrique de Mpar rapport `a Oest le point M0d’affixe zet le sym´etrique de Mpar rapport
l’axe des abcisses est le point M0d’affixe z.
B.2.6 Proposition
Soit z, z0C.
(i)z=z;
(ii)z+z= 2 Re zet zz= 2jIm z;
(iii)zz = (Re z)2+ (Im z)2est un nombre r´eel positif ou nul ;
(iv)z+z0=z+z0;
(v)zz0=zz0;
(vi) si z6= 0 alors z0
z=z0
z;
(vii) le nombre zest r´eel si et seulement si z=z.
B.2.7 D´efinition
On appelle module de zC, le nombre r´eel positif ou nul not´e |z|et d´efini par |z|=zz.
B.2.8 Remarques
ISi on ´ecrit z=a+ib avec a, b Ralors |z|=a2+b2. Si zest r´eel alors le module de zcorrespond
`a sa valeur absolue ce qui l`eve toute ambigu¨ıt´e concernant la notation | |.
IConsid´erons le plan muni d’un rep`ere orthonormal (O, ~u, ~v). Si Mest le point du plan d’affixe zC
alors |z|repr´esente la distance entre les points Oet M.
Plus g´en´eralement, si Mest d’affixe zet Nest d’affixe ζalors la distance entre Met Nest |zζ|.
Consid´erons ωCet ρ > 0, on note Γ = {zC;|zω|=ρ}. Les points Mdu plan dont
l’affixe est un ´el´ement de Γ constituent le cercle de centre Ω et de rayon ρ. En particulier, on note
U={zC;|z|= 1}.
B.2.9 Proposition
Soit z, z0C.
(i)|z|= 0 si et seulement si z= 0 ;
(ii)|z|=|z|=|−z|;
(iii)|zz0|=|z||z0|et
z0
z=|z0|
|z|lorsque z6= 0 ;
(iv)|Re z|6|z|et |Im z|6|z|
(v)||z|−|z0|| 6|z+z0|6|z|+|z0|
La relation (v) s’appelle l’in´egalit´e triangulaire. Notons que l’on a aussi (en rempla¸cant z0par z0)
|z| − z06zz06|z|+z0.
74 Annexe C - Rappels et compl´
ements
B.3 Forme trigonom´
etrique d’un nombre complexe
Tout d’abord, on admet que l’on peut d´efinir une fonction
u:RC, x 7→ u(x) = eix = exp(ix)
v´erifiant les propri´et´es suivantes pour tous x, y R:
ei(x+y)=eixeiy , eixeix = 1 , eix 6= 0 , eix =eix et eix= 1.
Pour tout xR, on note :
eix = cos x+isin x.
Cela revient `a d´efinir les fonctions cosinus et sinus par
cos : RR, x 7→ Re eixet sin : RR, x 7→ Im eix.
Enfin, il existe un nombre r´eel πtel que l’on ait :
eix = 1 si et seulement s’il existe kZtel que x= 2kπ.
On montre que l’application u:RU, θ 7→ u(θ) = eest bijective de [0,2π[ (ou ] π, π[) sur U.
B.3.1 Proposition et D´efinition
Pour tout zC, il existe θRtel que z=|z|e.
(i) On dit que θest un argument de z.
(ii) Il existe un unique argument de zdans l’intervalle ] π, π], on l’appelle l’argument principal
de zet on le note arg(z).
(iii) Les arguments de zsont les nombres r´eels de la forme arg(z)+2kπ o`u kZ.
On dit que 0 n’a pas d’argument.
B.3.2 Remarque
Consid´erons le plan muni d’un rep`ere orthonormal
(O, ~u, ~v). Soit Mun point du plan d’affixe z, on
note θl’argument principal de z, alors l’abcisse de
Mest |z|cos θet l’ordonn´ee de Mest |z|sin θ.
Le nombre θest donc une mesure de l’angle orient´e
form´e par les vecteurs ~u et
OM.
M(z)
Re(z)
arg(z)
Im(z)
|z|
~uO
~v
B.3.3 Exemples
Iarg(z) = 0 si et seulement si zest un r´eel strictement positif.
Iarg(z) = πsi et seulement si zest un r´eel strictement n´egatif.
Iarg(z) = ±π
2si et seulement si zest imaginaire pur.
ISoit z=1
2+i1
2alors z= cos π
4+isin π
4=eiπ
4i.e. arg(z) = π
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