
Dos
122.e1
Cas 3
ABCÈS DU PSOAS
Une femme âgée de 25 ans consulte pour des douleurs
lombales. Dans les semaines suivantes, cette patiente
présente une tuméfaction sensible de l'aine augmentant
progressivement de volume. À l'interrogatoire, la
patiente signale également une toux productive avec
des expectorations constituées de mucus et de sang. Elle
présente aussi un syndrome fébrile.
La radiographie de thorax révèle une masse pulmonaire
cavitaire apicale expliquant les symptômes respiratoires.
Compte tenu de l'âge de la patiente, l'existence d'un
cancer du poumon est peu probable. L'hémoptysie
(toux avec expectoration sanglante) et l'ensemble des
symptômes associés évoquent l'existence d'une infection
pulmonaire. L'image cavitaire apicale sur la radiographie
pulmonaire évoque le diagnostic de tuberculose. La
tuberculose pulmonaire a été confirmée par la culture
bactériologique du produit d'aspiration réalisée en
bronchoscopie.
Au cours de l'infection tuberculeuse, le bacille tuberculeux contamine
la vertèbre LI par voie sanguine. La destruction de la vertèbre débute
par l'atteinte de l'os spongieux à proximité du disque intervertébral.
L'infection progresse vers le disque intervertébral et finit par le
contaminer. Le disque a été détruit par l'infection et des portions du
disque expulsées en avant du disque, dans les fibres du muscle psoas.
Cette évolution n'est pas exceptionnelle au cours d'une tuberculose
avec atteinte de la colonne lombale.
Avec le temps, le pus se propage entre les fibres du muscle
psoas, se glisse sous le ligament inguinal, constituant une
masse indurée de la région inguinale. Cette évolution est
typique d'un abcès du psoas.
Heureusement, cette patiente ne présente pas d'atteinte du
canal vertébral.
L'abcès du psoas a été ponctionné sous contrôle
radiographique puis traité par une antibiothérapie au long
cours de 6 mois. L'état général de la patiente s'améliore
rapidement. Les cavités pulmonaires persistent longtemps et
finissent par cicatriser avec une cicatrice scléreuse.
Cas 4
DISSECTION D'UN ANÉVRISME DE L'AORTE
ABDOMINALE
Un homme âgé de 72 ans, en bonne santé et de bonne
constitution, est conduit au service des urgences en
raison d'une douleur rachidienne importante qui
débute entre les omoplates et s'étend jusqu'en région
lombale. La douleur a d'abord été aiguë puis est devenue
permanente. Le patient a été capable de marcher
jusqu'au brancard pour entrer dans l'ambulance ;
cependant, dans le service des urgences, il est devenu
incapable de mobiliser ses membres inférieurs.
Le médecin a examiné attentivement le dos du patient sans
retrouver d'anomalies. Il a remarqué qu'il existait un déficit
sensitif des deux membres inférieurs et une diminution de
la force motrice des groupes musculaires fléchisseurs et
extenseurs. Le patient était tachycarde, ce qui était rapporté
à la douleur, et la mesure de la pression artérielle dans
l'ambulance était de 120/80 mmHg. Il était précisé que les
chiffres actuels du patient étaient de 80/40 mmHg, sans que le
patient rapporte de symptômes liés à une hypotension.
Au premier examen clinique, il est difficile de rattacher
ces symptômes à l'examen. En résumé, nous sommes en
présence d'une paraplégie progressive associée à des douleurs
rachidiennes et à des chiffres tensionnels anormaux qui sont
incompatibles avec l'état du patient.
Il a été conclu que les chiffres tensionnels ont été obtenus
par mesure sur les deux membres supérieurs, et une nouvelle
mesure a été réalisée.
Les chiffres étaient les bons. Au niveau du bras droit, la
mesure était de 120/80 mmHg et au niveau du bras gauche,
80/40 mmHg. Cela implique une vascularisation insuffisante
du membre supérieur gauche.
Le patient a alors été conduit en radiologie pour la réalisation
d'un scanner thoraco-abdomino-pelvien.
Le scanner a permis de mettre en évidence la dissection d'un
anévrisme de l'aorte abdominale. Cette dissection correspond
à la séparation de l'intima et des tuniques média et adventice.
Cela réalise un faux chenal. Le sang circule au sein de la
lumière vasculaire normale, mais également au sein du
faux chenal. Il réintègre le plus souvent la lumière aortique
dans une portion plus basse. Il existe donc deux canaux de
circulation sanguine. Le phénomène de dissection entraîne
pour le patient une vive douleur qui apparaît brutalement.
(Suite)