A.A.T. - Revue trimestrielle de l’IFAT (www.ifat.net)
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Philippe Ducatteew
Libérée ou libérante ? Et si cette entreprise est libérée, de quoi
l’est-elle ?
En 2012, dans un livre intitulé Liberté & Cie1 et sous-titré Quand
la liberté des salariés fait le succès des entreprises, Isaac Getz et Brian
M. Carney utilisent pour la première fois ce terme « d’entreprise
libérée ». En 2015, un documentaire intitulé Le Bonheur au travail
diffusé sur la chaîne franco-allemande ARTE a donné une
publicité importante à ce phénomène. Outre un indiscutable
effet marketing, pour ne pas dire un effet de mode, comme il
s’en produit régulièrement dans le monde des organisations, un
certain nombre de raisons justient ce succès. Regardons d’un
peu plus près ce bel « alignement des planètes ».
Depuis longtemps, des chercheurs préparaient le terrain du
concept d’entreprise « libérée ». D’abord, Abraham Maslow et
ses études sur le développement du potentiel humain dans les
années 1960, puis Mac Grégor (théorie X et Y) et bien d’autres
chercheurs et théoriciens du management tels Edward L. Decci
et Richard M. Ryan, avec la théorie de l’auto-motivation (TAD),
avaient jeté les bases de cette notion. Même si l’idée n’est pas
nouvelle, elle est formulée ainsi : plus on fait conance aux
salariés, plus on leur laisse la liberté de s’organiser dans une
organisation qui génère un environnement motivant, et plus les
salariés prennent des initiatives et assurent leurs responsabilités.
C’est dans cette optique qu’il nous paraît plus cohérent de parler
d’entreprise libérante que d’entreprise « libérée ».
Trois bonnes raisons « avouables »
Tout d’abord : lutter contre le stress. La fréquence des burn-
out qui ne fait qu’augmenter indique les limites de résistance au
stress du personnel des organisations et affecte profondément
les résultats économiques des entreprises. Forte de ce constat, la
France a voté une loi2 pour lutter et prévenir les risques psycho-
sociaux (RPS). Elle sensibilise les managers aux conséquences
judiciaires des risques sur les personnes : amende de 30 000 €
et deux ans de prison. Une autre « bonne raison » tient au
phénomène des départs massifs en retraite de la génération
baby-boom et à l’arrivée des générations dites Y et Z.3 Ces
dernières obligent les entreprises à modier leur façon de gérer
le personnel sous peine de voir fuir rapidement ces jeunes
Qu’est-ce
qu’une
entreprise
« libérée » ?
Un contexte
favorable à la
« libération »
des entreprises
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 02/09/2018 17h27. © Institut français d'analyse transactionnelle
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