¶ 19-1710 Dysfonction érectile d’origine vasculaire P. Desvaux, J.-C. Surier La dysfonction érectile (DE), de par sa fréquence et l’impact négatif qu’elle a sur la qualité de vie, devient un problème de santé publique. L’hypothèse de l’origine vasculaire semble prééminente lorsque le patient a passé la cinquantaine, a fortiori s’il existe des facteurs de risques vasculaires comme une hypertension artérielle (HTA), une dyslipidémie ou un diabète. La fonction érectile semble représenter un véritable « baromètre » de la santé générale et particulièrement vasculaire de l’homme. La fonction endothéliale, et particulièrement la capacité sécrétoire de monoxyde d’azote (NO) semble en être le pivot, le pénis apparaissant particulièrement sensible à cette sécrétion. La testostérone semblerait avoir un impact favorable à ce niveau, ce qui en ferait une voie nouvelle de recherche. La DE vasculaire peut donc avoir plusieurs causes : métabolique avec la dysfonction endothéliale, artérielle, en raison de l’athérome arrivant précocement sur les artères caverneuse, et vasculotissulaire, responsable de dysfonction veinoocclusive. Concernant l’apport artériel, il est important de connaître la distribution vasculaire car les variations anatomiques ne sont pas exceptionnelles et sont sources parfois de situation à risque, favorisant une décompensation plus rapide ou représentant un risque iatrogénique. L’examen échodoppler est l’examen de référence pour le diagnostic d’une atteinte artérielle. À l’opposé, son intérêt pour le diagnostic d’une dysfonction veino-occlusive est beaucoup plus discuté. La véritable révolution est que le traitement de la DE vasculaire, qui était en pratique quasi exclusivement chirurgical jusqu’à la fin des années 1970, est devenu quasi exclusivement médical vingt ans plus tard ! En première ligne des traitements figurent les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type V (iPDE5), puis les injections intracaverneuses et probablement, dans les prochaines années, l’utilisation de traitements hormonaux substitutifs de testostérone. En cas d’échecs de ces traitements, des interventions de revascularisations peuvent être proposées à des patients jeunes. © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Dysfonction érectile ; Impuissance ; Dysfonction endothéliale ; Pharmacoéchodoppler pénien ; Artère caverneuse ; Fuite veineuse ; Vascularisation pénienne ; Revascularisation pénienne ; Monoxyde d’azote Plan ¶ Généralités Définition de la dysfonction érectile (DE) Prévalence Dysfonction endothéliale Marqueur de la maladie athéromateuse Interférences psychologiques 1 1 2 2 2 2 ¶ Anatomie vasculaire de la verge Gros troncs Corps caverneux Réseau veineux caverneux Variations anatomiques 3 3 3 3 3 ¶ Diagnostic Interrogatoire Examen clinique Érection pharmacologiquement provoquée Échodoppler Rigidimétrie des érections nocturnes Cavernométrie 4 4 4 4 4 5 5 Angéiologie Rejoignez nous sur Facebook: “ La Radiologie Pour Tous “ Cavernographie Artériographie sélective Imagerie par résonance magnétique ¶ Causes vasculaires d’une dysfonction érectile Déficit d’apport Dysfonction veino-occlusive 6 6 6 6 6 7 ¶ Stratégies thérapeutiques Prise en charge médicale de la maladie athéromateuse Prise en charge médicale de la dysfonction érectile Prise en charge chirurgicale de la dysfonction érectile vasculaire 8 8 8 10 ¶ Conclusion 10 ■ Généralités Définition de la dysfonction érectile (DE) Le terme d’impuissance n’est plus guère utilisé pour différentes raisons : au-delà de la connotation péjorative et sans appel, 1 19-1710 ¶ Dysfonction érectile d’origine vasculaire c’est l’incapacité à traduire la réalité biologique de la situation qui en a fait abandonner le terme : peut-on être un peu impuissant, beaucoup ou complètement ? Lorsqu’il y a décompensation organique, celle-ci survient progressivement, rendant les relations sexuelles progressivement plus difficiles. La dysfonction érectile est donc définie comme l’incapacité persistante ou récurrente à obtenir ou à maintenir une érection permettant une relation sexuelle satisfaisante [1]. Prévalence Longtemps, la prise en charge de la dysfonction érectile n’a pas dépassé le niveau anecdotique et était réservée à quelques équipes très spécialisées. La découverte d’un traitement médical simple et efficace comme les injections intracaverneuses [2] a été à l’origine d’une première diffusion de la prise en charge et a vu les premières grandes publications sur la prévalence de la DE depuis Kinsey. The Massachusetts Male Aging Study (MMAS) [3], publiée en 1993, représente une base de données assez complète sur 1 290 hommes âgés de 40 à 70 ans, vivant dans la région de Boston. Ils ont été suivis depuis plusieurs années dans une étude longitudinale et de nombreux paramètres ont été enregistrés. La prévalence de la DE à différents degrés atteignait 52 % (atteinte minime : 17,2 %, modérée : 25,2 %, complète : 9,6 %). Le risque d’une DE complète passait de 5,1 % à 40 ans à 15 % à 70 ans, le risque d’une atteinte modérée de 17 à 34 %. La maladie a également une influence : le risque de DE complète passe de 9,6 à 15 % en cas d’hypertension artérielle traitée, à 16 % si le high density lipoprotein (HDL) cholestérol est inférieur ou égal à 30 mg/dl, à 28 % en cas de diabète traité et à 39 % en cas de cardiopathie traitée. La commercialisation en 1998 de la première molécule (sildénafil) active per os a réellement « démocratisé » la prise en charge, ne faisant qu’augmenter l’intérêt des médecins pour cette pathologie. De nombreuses autres études sont venues compléter notre connaissance sur l’incidence de la DE dans la population. Nous citerons l’étude de Chew et al. [4] réalisée en Australie en 2000 par 62 médecins omnipraticiens sur 1 240 patients : • en cas d’hypertension artérielle traitée, 52 % des patients se plaignaient de troubles de l’érection à des degrés divers et 26 % de DE complète ; • en cas d’ischémie myocardique, on retrouvait 61 % de DE dont 38 % de DE complètes ; • en cas d’artériopathie, on retrouvait 86 % de DE dont 57 % de DE complètes. L’étude de Braun, dite « Cologne Male survey » a étudié le risque de DE en fonction de l’âge, ainsi que les pathologies associées à la DE. Ainsi l’odds-ratio (OR) pour le risque de DE est de 11,02 pour les patients âgés de 60 à 69 ans par rapport à ceux âgés de 30 à 39 ans, et de 22,42 pour les patients âgés de 70 à 80 ans, toujours par rapport à la même population de 30 à 39 ans. Dans la population de 30 à 80 ans, parmi les patients se plaignant de DE : • 20,2 % ont un diabète contre seulement 3,2 % de ceux qui ne se plaignent pas de DE ; • 32 % sont hypertendus contre 13,6 % de ceux qui ne se plaignent pas de DE ; • 72,2 % de patients souffrent d’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) symptomatique contre 37,7 % de ceux qui ne se plaignent pas de DE [5]. Dysfonction endothéliale Dans un certain nombre de cas, la dysfonction érectile relève d’une altération du lit artériel et/ou d’un dysfonctionnement des tissus caverneux (endothéliaux, musculaire lisse et conjonctif). Depuis Leriche, l’incidence de l’obstruction artérielle sur les érections est connue. Les publications sont nombreuses, montrant bien la relation qu’il y a entre atteinte artérielle et DE. Progressivement, les idées ont évolué, soulignant très clairement le risque accru d’avoir un trouble de l’érection lorsque sont présents des facteurs de risque vasculaires comme l’hypertension 2 Rejoignez nous sur Facebook: “ La Radiologie Pour Tous “ artérielle, une dyslipidémie, un diabète de type 1 ou 2 (voir supra, Épidémiologie). L’endothélium vasculaire et caverneux a la capacité de synthétiser du monoxyde d’azote (NO), substance agissant sur la guanylate cyclase pour augmenter la teneur en guanosine monophosphate cyclique (GMP-c) et provoquer la relaxation musculaire lisse. Le NO est connu comme l’un des médiateurs essentiels dans le déclenchement des érections et les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 commercialisés pour les troubles de l’érection agissent par son intermédiaire, en diminuant la dégradation du GMP-c. Les différents facteurs de risque précédemment cités sont connus pour avoir, entre autres effets, une incidence sur le fonctionnement endothélial. Marqueur de la maladie athéromateuse La sensibilité du pénis aux différents facteurs de risque vasculaire peut-elle faire que la DE soit en quelque sorte un symptôme sentinelle de la maladie artérielle ? Un certain nombre d’études semblent aller dans ce sens. Banks et al. ont étudié 137 sujets souffrant de DE sans atteinte coronarienne. L’échodoppler pénien a permis de définir plusieurs groupes : sujets ne présentant pas d’atteinte artérielle jusqu’à sujets présentant une atteinte sévère. Les facteurs de risque traditionnels (lipides, HTA, âge, indice de masse corporelle [IMC], tabac) et émergeants (protéine C réactive, L (a), homocystéine) étaient corrélés à la gravité de l’atteinte artérielle génitale. En analyse univariée, même rapporté à l’âge, le taux de protéine C réactive restait significativement plus élevé dans le groupe avec atteinte artérielle [6]. Greenstein a trouvé une corrélation positive entre le degré de la DE et le nombre de troncs atteints à la coronarographie de 40 sujets coronariens connus [7]. Kawanishi, dans une étude prospective, a comparé les données échodoppler des artères caverneuses avec les épreuves d’effort réalisées chez 58 patients souffrant de DE. Quand les sujets avaient un pic systolique caverneux supérieur à 35 cm/s, seulement 3,7 % d’entre eux avaient une pathologie coronarienne silencieuse. À l’opposé, quand la vitesse systolique était abaissée (moyenne 22 cm/s), 41,9 % d’entre eux avaient une pathologie coronarienne silencieuse [8]. Kloner a étudié 300 patients coronariens ayant eu une coronarographie. Parmi ceux-ci, 149 présentaient un trouble de l’érection (49 %). Chez 99 sur 149 de patients coronariens souffrant de DE (67 %), celle-ci était survenue avant l’angor, avec une moyenne d’environ 3 ans (1 à 128 mois) [9]. Blumentals a comparé, grâce à une large base de données (Integrated Healthcare Information Services National Managed Care Benchmark Database), le risque de faire un accident coronarien selon que l’on soit ou non atteint d’une DE. En étudiant 12 825 patients atteints de DE comparés à un nombre équivalent de sujets du même âge indemnes de DE, après régression logistique multivariée, on constate que le risque de faire une atteinte coronarienne si l’on souffre de DE est 3,8 plus élevé entre 40-44 ans et 4,04 fois plus élevé entre 50-55 ans [10]. Interférences psychologiques De tous temps, l’homme a assimilé l’érection à la virilité et, bien souvent, les patients atteints de DE se plaignent « de ne plus être un homme ». L’atteinte de leur image représente une blessure narcissique bien souvent tue, mais source d’une souffrance réelle. Le repli sur soi, la mésentente conjugale, voire la dépression peuvent alors guetter le patient. En cas d’atteinte organique, la décompensation est en général progressive (sauf certaines pathologies alors évidentes), le côté aléatoire de la possibilité d’une relation sexuelle devient un élément déstabilisant pour le couple avec beaucoup de non-dits. Lui se remet en cause, anticipe son échec, développe une angoisse avec son cortège de manifestations physiques liées au stress aboutissant à une sécrétion inappropriée de catécholamines s’opposant à l’érection, venant aggraver encore plus un équilibre fragile. Elle se sent remise en cause, « il ne me désire plus » et, face à cette Angéiologie Dysfonction érectile d’origine vasculaire ¶ 19-1710 Figure 1. Bifurcation d’une artère pudendale (donnant la dorsale, la caverneuse, et la bulbo-urétrale). blessure narcissique, va avoir tendance à se replier sur elle, parfois après une période active d’aide envers son partenaire. Cette dimension psychologique et relationnelle devra toujours rester présente dans l’esprit du thérapeute, car elle peut modifier considérablement l’efficacité de n’importe quel traitement médical ou chirurgical. Figure 2. ■ Anatomie vasculaire de la verge Artères hélicines. Gros troncs L’artère pudendale interne (honteuse interne) est l’artère principale de l’érection. Elle naît de la branche antérieure de division de l’artère hypogastrique. Après un court segment intrafessier, elle chemine à la face interne de l’os iliaque, au sein du canal d’Alcock. Elle émet alors la périnéale superficielle, puis l’artère bulbaire, reconnaissable à l’artériographie par la « flaque » bulbaire. Classiquement, elle donne ensuite l’artère bulbourétrale destinée au corps spongieux, puis l’artère caverneuse, l’artère dorsale correspondant à la branche terminale (Fig. 1) souvent anastomosée en arcade au niveau du gland à la dorsale controlatérale. Corps caverneux Ils sont vascularisés par les artères caverneuses qui peuvent émettre un rameau récurrent pour la racine des corps caverneux [11]. Classiquement, elles parcourent les corps caverneux jusqu’à leurs extrémités, en donnant un réseau nourricier via artérioles et capillaires et un réseau fonctionnel moteur via des artères hélicines (Fig. 2) qui se divisent en bouquets pour alimenter les alvéoles caverneuses. Bien souvent, l’artère caverneuse peut soit se dédoubler (Fig. 3), soit émettre une ou plusieurs branches destinées à la caverneuse controlatérale (Fig. 4). Parfois, les caverneuses peuvent être courtes, n’allant pas jusqu’à l’extrémité, le corps caverneux recevant alors des branches perforantes issues des artères dorsales. Figure 3. Figure 4. Dédoublement de l’artère caverneuse. Branche caverneuse controlatérale. Réseau veineux caverneux Le plexus veineux sous-albuginéal est constitué de la réunion des veinules issues des espaces caverneux et celles postcapillaires du système nourricier. Ce plexus émet des veines émissaires qui vont traverser l’albuginée selon un trajet oblique et se jeter directement dans la veine dorsale profonde pour la partie supérieure des corps caverneux, les veines émissaires de la partie inférieure et latérale se regroupent en veines circonflexes qui iront se jeter dans la dorsale profonde. Les veines émissaires de la partie proximale des corps caverneux, souvent appelées caverneuses, sont plus volumineuses et se jettent soit directement dans le plexus de Santorini, soit dans les veines honteuses internes. Variations anatomiques Les variations anatomiques sont très nombreuses concernant la vascularisation des corps caverneux. Nous ne les décrirons pas Angéiologie Rejoignez nous sur Facebook: “ La Radiologie Pour Tous “ toutes mais il semble opportun de rapporter celles qui peuvent avoir une influence sur les explorations et/ou un geste chirurgical. Les corps caverneux peuvent être alimentés par une artère pudendale accessoire, naissant soit de l’hypogastrique, soit de l’obturatrice ou de l’ischiatique [12]. Cette variation anatomique est utile à connaître car cette artère peut être lésée lors d’une prostatectomie radicale, son trajet étant très proche de la prostate [13]. Au niveau pelvien, les possibilités d’anastomoses sont nombreuses entre les branches viscérales (vésicoprostatiques, hémorroïdale moyenne) ou musculaires (fessière, obturatrice, ischiatique) et la pudendale, rendant compte de possibilité de suppléances en cas d’obstruction de la voie principale ou, à l’opposé, étant responsable d’un phénomène de vol lors de l’atteinte de l’iliaque externe. Au niveau intrapénien, l’existence de collatérales entre les deux caverneuses peut expliquer un flux rétrograde bien identifiable en échodoppler dans une caverneuse dont la voie principale est atteinte. Parfois, les deux 3 19-1710 ¶ Dysfonction érectile d’origine vasculaire Figure 5. Artère caverneuse unique vascularisant les deux corps. caverneuses peuvent naître d’un tronc commun (Fig. 5). Enfin, il existe une asymétrie fréquente entre les deux artères dorsales, avec parfois une artère grêle d’un côté sans que cela n’ait de caractère péjoratif. Enfin, les deux dorsales peuvent naître de la même artère pudendale. ■ Diagnostic Interrogatoire L’interrogatoire reste une donnée essentielle dans la prise en charge d’une DE quelle que soit l’origine suspectée de celle-ci. Il convient bien évidemment de rechercher des facteurs de risque vasculaire classiques comme un tabagisme, une dyslipidémie, une hypertension artérielle, un diabète, mais aussi des facteurs moins connus comme la pratique intensive du cyclisme (atteinte de l’iliaque externe à l’origine d’un phénomène de vol ou lésion de l’artère pudendale par compression). Existe-t-il des symptômes en faveur d’une artériopathie ? Les autres causes de DE doivent également être recherchées comme un hypogonadisme, une atteinte neurologique, une mésentente avec la partenaire, des problèmes psychologiques. Il est également indispensable d’essayer de faire la différence entre ce qui pourrait être en partie à l’origine du trouble et ce qui en est plutôt la conséquence. Ainsi, l’humeur dépressive et l’absence de désir peuvent parfois égarer le thérapeute. Il est important de pouvoir faire préciser le début des troubles : sont-ils de survenue progressive ou de survenue brutale, à la suite d’un traitement ou d’une intervention ? Existe-t-il des érections matinales ou nocturnes ? Seraient-elles de rigidité et de durée suffisantes pour avoir une relation sexuelle ? S’il existe encore un début d’érection, y a-t-il une déformation de la verge ? Examen clinique L’examen clinique doit absolument être complet, la valeur d’orientation de chaque signe est importante car cela permettra d’optimiser la demande d’examen complémentaire si cela s’avérait nécessaire. Dans ce chapitre consacré aux causes vasculaires de la DE, nous mettrons bien sûr l’accent sur l’aspect circulatoire sans oublier les autres causes. L’inspection au niveau des membres inférieurs permettra de relever un livedo, une pâleur tégumentaire, une perte de la pilosité, voire une amyotrophie discrète. L’examen est complété par la palpation des pouls et l’auscultation des gros troncs. La silhouette permet parfois de suspecter une participation hormonale en présence d’une répartition gynoïde des graisses, d’une adipomastie, voire d’une vraie gynécomastie. L’examen des organes génitaux est essentiel, permettant de révéler une atrophie testiculaire, une induration de la verge en faveur d’une maladie de Lapeyronie ou une fibrose liée à un priapisme ou à un traumatisme. Il est 4 Rejoignez nous sur Facebook: “ La Radiologie Pour Tous “ Figure 6. Artères caverneuses normales. parfois possible de percevoir un pouls pénien, sur une grosse artère dorsale, le plus souvent d’un seul côté sans que cela n’ait une valeur péjorative. Érection pharmacologiquement provoquée Pour beaucoup, ce test prolonge l’examen clinique et permet d’avoir quelques éléments tout à la fois d’orientation et de pronostic. En pratique, il est réalisé par l’injection intracaverneuse (IIC) d’une dose variable de 5 à 20 µg d’alprostadil (analogue synthétique de la PGE1) [14]. L’érection se produit habituellement dans les 5 à 20 minutes après l’injection, parfois de manière plus retardée lorsqu’il existe une atteinte artérielle. Le test est considéré comme positif s’il survient une érection suffisante pour une relation sexuelle, érection se maintenant au moins une dizaine de minutes. En cas d’échec, le test est refait quelques jours plus tard, habituellement en doublant la dose. S’il n’a pas de valeur absolue, ce test peut néanmoins être riche d’enseignements. La déformation de la verge en érection permet de repérer une fibrose des tissus pas toujours évidente en flaccidité. L’obtention d’une érection rigide qui se maintient permet d’éliminer la redoutable atteinte tissulaire caverneuse à l’origine d’une dysfonction veino-occlusive mais ne permet pas d’éliminer une atteinte artérielle modérée [15, 16]. La possibilité de provoquer une érection apporte un argument pronostique pour la suite de la prise en charge. En cas d’échec des autres thérapies, le patient pourra avoir recours aux auto-injections. Enfin, et ce n’est pas le moindre des avantages, la constatation par le patient d’une bonne érection a toujours un effet psychologique favorable sur la suite de la prise en charge. La difficulté d’interprétation tient au fait que le test peut être faussement négatif, notamment en raison d’une hyperadrénergie liée au stress de l’examen. Il convient surtout de ne pas conclure sur la négativité d’un seul test, qu’il faut savoir renouveler, parfois avec une association médicamenteuse. Échodoppler Il s’agit de l’examen de première intention pour la recherche d’une cause vasculaire à la DE. Entre des mains entraînées, il est d’une grande fiabilité pour le diagnostic d’une atteinte artérielle, mais son intérêt est très relatif dans le diagnostic des dysfonctions veino-occlusives. Nous ne nous attarderons pas sur la technique de l’examen à laquelle un chapitre est consacré dans cet ouvrage. Précisons cependant que cet examen n’a d’intérêt pour les artères génitales que couplé à une injection intracaverneuse habituellement de 10 ou 20 µg d’alprostadil (PGE1). L’examen permet d’effectuer une étude anatomique des différents axes vasculaires, de visualiser les artères caverneuses (Fig. 6), dorsales et bulbo-urétrales ainsi que parfois les perforantes dorsales à destinée caverneuse ou des branches intercaverneuses décrites supra. Le doppler puissance permet de visualiser les branches de division des artères caverneuses. Angéiologie Dysfonction érectile d’origine vasculaire ¶ 19-1710 26 sujets présentant une DE psychogène (groupe 2) et 47 sujets présentant une DE organique (groupe 3), le test a montré une augmentation du calibre artériel de 65 ± 26,3 % dans le groupe 1, de 68 ± 40 % dans le groupe 2, mais seulement de 16,4 ± 8,4 % dans le groupe 3 (p = 0,0001). En fixant le seuil de pourcentage d’augmentation à 35 %, le test serait, selon son auteur, capable de prédire une atteinte organique avec une sensibilité de 100 % et une spécificité de 92 %. Rigidimétrie des érections nocturnes Figure 7. Mesure de la vitesse circulatoire dans l’artère. L’étude hémodynamique permet d’enregistrer la vitesse du pic systolique (PSV) (Fig. 7), l’accélération, la vitesse en fin de diastole et l’index de résistance (RI) des différentes artères. Pour Aboseif et Lue, la valeur moyenne du pic systolique chez le sujet sain est de 34,8 cm/s [17]. Pour la Mayo clinic, un PSV inférieur à 25 cm/s est associé à une atteinte artérielle sur l’artériographie avec une sensibilité de 100 % et une spécificité de 95 %. Un PSV supérieur à 35 cm/s élimine quasiment une atteinte obstructive [18]. C’est pour les valeurs comprises entre 25 et 35 cm/s que les mesures de l’accélération systolique prennent leur intérêt. Serait pathologique une accélération systolique inférieure à 4 m/s, ou un temps d’ascension systolique supérieur à 110 ms [19]. Pour Speel, le temps de montée systolique est le caractère le plus fiable et il est bien corrélé avec le rapport intima-média [20] . L’apport de l’échodoppler au diagnostic d’une dysfonction veino-occlusive est beaucoup plus discuté. Les paramètres considérés comme « pertinents » sont la vitesse résiduelle en fin de diastole et/ou l’index de résistance. Ces deux paramètres sont directement liés à la pression intracaverneuse (et donc le degré d’érection) influant sur les résistances vasculaires. Les profils de vitesse sur les artères caverneuses au cours de l’érection ont bien été décrits chez l’individu sain [21]. Au cours de l’érection complète, le flux diastolique est quasi nul, voire il existe une onde de reflux chez le sujet jeune. Lors de l’examen échodoppler, la constatation d’un flux en fin de diastole inférieur à 5 cm/s élimine une dysfonction veinoocclusive [18]. Après une injection intracaverneuse, le sujet peut ne pas présenter un flux diastolique pour deux raisons : soit les résistances vasculaires restent élevées car il existe une fibrose des tissus, auquel cas la tumescence est extrêmement modeste, voire totalement absente, soit le sujet présente une érection rigide ! On peut donc simplifier en disant que l’apparition d’une érection élimine une dysfonction veino-occlusive ! Malheureusement, déclencher une érection est très dépendant de la nature du vasodilatateur injecté (a-bloquant < papavérine < alprostadil < associations IIC), de la dose injectée, des circonstances de l’examen, du stress du sujet, de la pathologie présentée... Pour ces raisons, il est difficile et hasardeux de porter un diagnostic de dysfonction veino-occlusive sur un seul examen, ce qui conduit à beaucoup de faux positifs. Une étude fonctionnelle a été proposée par R. Virag [22] pour tenter d’évaluer la réserve en NO au niveau caverneux, le NO étant considéré comme l’un des médiateurs essentiels au déclenchement de l’érection. Reprenant ce qui se fait au niveau du bras, un brassard de 35 mm est gonflé à la racine de la verge à une pression suprasystolique pendant 5 minutes. On mesure alors le diamètre interne de l’artère caverneuse la plus accessible avant le gonflage du brassard et ensuite à 30 et 90 secondes après sa levée. Le pourcentage d’augmentation du calibre artériel est mesuré. Sur une étude de 95 patients répartis en trois groupes, 22 sujets ne souffrant pas de DE (groupe 1 témoin), Angéiologie Rejoignez nous sur Facebook: “ La Radiologie Pour Tous “ Au cours de la nuit, un individu va présenter une alternance de quatre à cinq cycles de sommeil, d’abord lent puis paradoxal. Le sommeil paradoxal est un sommeil profond, marqué par l’activité onirique, une diminution du tonus musculaire, des mouvements oculaires rapides et l’apparition d’érections. Un individu sain va donc présenter, au cours de la nuit, entre 3 et 5 érections de 10 à 30 minutes chacune. La possibilité d’enregistrer le nombre, la qualité et la durée de ces érections permet de se faire une idée sur la fonction érectile d’un sujet. En pratique L’appareil de référence pour cette rigidimétrie nocturne est actuellement le Rigiscan®. Il s’agit d’un appareil miniaturisé qui peut être confié au patient pour que l’enregistrement puisse être fait à domicile. Deux capteurs « à lasso » sont fixés sur la verge, l’un à la racine l’autre sous le gland, l’appareil effectuant un certain nombre de mesures à intervalles réguliers, mesurant la tumescence (ouverture du lasso) et la rigidité (mesure de la résistance à la mise en tension du lasso). Les données, qui peuvent être stockées sur plusieurs nuits, sont retranscrites via un système informatique et éditées sous forme de graphiques. Interprétation L’examen est considéré comme normal si le sujet présente une érection supérieure ou égale à 70 % de la rigidité maximale, pendant plus de 10 minutes et avec une augmentation de circonférence de 2 à 3 cm. La constatation d’une telle érection permet de mettre hors de cause un trouble vasculotissulaire de la verge. L’absence d’érection permet-elle de conclure qu’il existe une atteinte organique ? Non de l’avis de différents auteurs et la première question est de savoir si le patient a dormi, a présenté des phases de sommeil paradoxal [23, 24]. Pour répondre à cette interrogation, il faut un enregistrement concomitant du sommeil. Cela alourdit considérablement le protocole et ne peut être fait à domicile, nécessitant l’hospitalisation du sujet. Pièges à éviter Ainsi appareillé, il est fréquent que le sujet dorme mal, surtout la première nuit, aussi est-il souvent nécessaire de procéder à d’autres enregistrements si le tracé est perturbé. Plusieurs auteurs ont comparé les résultats de la rigidimétrie nocturne à ceux d’explorations spécifiques pratiquées chez les mêmes patients. Il en résulte que la valeur prédictive positive s’échelonnait de 51 à 71 % et la valeur prédictive négative de 74 à 81 %, mettant ainsi en évidence 20 à 30 % de faux négatifs. Parmi les faux négatifs, on retrouve les troubles du sommeil, le diabète et les dépressions nerveuses, parmi les faux positifs, certaines maladies neurologiques et certains syndromes vasculaires (vol pelvien) [25, 26]. Cavernométrie Cet examen n’est que très peu utilisé en France, il est d’usage plus fréquent chez les Anglo-Saxons. Son intérêt a très nettement diminué au fur et à mesure que notre connaissance de la 5 19-1710 ¶ Dysfonction érectile d’origine vasculaire physiopathologie des dysfonctions veino-occlusives s’est améliorée, faisant que les indications chirurgicales pour ce type de pathologie sont devenues rares. Le principe de l’examen est simple : il s’agit de perfuser l’un des corps caverneux avec du sérum physiologique pour provoquer une érection et de mesurer les débits nécessaires à l’obtention et surtout au maintien de l’érection. Il existe d’autres critères diagnostiques (utilisés par les auteurs anglo-saxons) que les débits d’obtention et de maintien, comme le temps de décroissance de x mmHg ou des mesures de résistances. L’examen fait sous anesthésie locale est indolore et ne nécessite pas de matériel lourd. Une injection intracaverneuse provoque la relaxation caverneuse, la perfusion de sérum physiologique réchauffé est faite à l’aide d’une aiguille de 19 G. Un capteur de pression permet de mesurer la rigidité et de piloter les débits de perfusion. Il s’agit en quelque sorte d’un assaut liquidien et l’on va étudier comment les corps caverneux s’y adaptent. La principale critique vient du fait qu’il est difficile d’apprécier l’état de relâchement de la musculature lisse caverneuse, un mauvais relâchement ayant pour conséquence d’augmenter les débits nécessaires à l’érection, à l’origine de faux positifs. Chez le sujet sain, le débit d’obtention de l’érection (DOE) se situe entre 20 et 30 ml/min et le débit de maintien entre 0 et 10 ml/min (< 5 ml/min pour certains auteurs anglo-saxons). Dans le cas de fuites majeures, il est fréquent d’avoir un débit d’obtention supérieur à 150 ml/min (il est rare que l’on fasse des mesures à des débits supérieurs, cela n’apporte rien au diagnostic). Dans les cas de fuites « moyennes », le DOE est souvent aux alentours de 80 à 100 ml/min et le débit moyen de l’érection (DME) aux alentours de 50 ml/min. Cavernographie Souvent couplé avec la cavernométrie, l’examen consiste à opacifier les corps caverneux et ainsi à localiser par quel réseau veineux le drainage se fait, permettant alors de « voir » la fuite. La carvernographie n’est que rarement prescrite et ce, pour les mêmes raisons que la cavernométrie. Son intérêt demeure dans les cas de dysfonction érectile primaire, s’il y a fuite ou en cas d’origine post-traumatique. Artériographie sélective L’artériographie sélective des hypogastriques n’est pratiquée qu’en prévision d’un geste chirurgical ou de radiologie interventionnelle. En cas de pathologie obstructive, elle n’est proposée qu’à des sujets encore jeunes, avec une lésion isolée et un bon lit d’aval. Par ailleurs, elle permet de mettre en évidence des fistules artérioveineuses, que celles-ci soient posttraumatiques ou congénitales. Comme le doppler, elle doit être pratiquée après relaxation caverneuse induite par une injection intracaverneuse de vasodilatateurs. Imagerie par résonance magnétique Il y a quelques années, la technique a suscité de l’intérêt, notamment pour les dysfonctions veino-occlusives. L’étude des tissus n’a pas permis de tirer d’éléments probants, hormis dans la maladie de Lapeyronie et les traumatismes. ■ Causes vasculaires d’une dysfonction érectile Déficit d’apport L’athérome reste une cause très classique d’insuffisance érectile. Il s’agit d’une maladie générale touchant à peu près 6 Rejoignez nous sur Facebook: “ La Radiologie Pour Tous “ tout le réseau artériel, mais dont la symptomatologie s’exprime au travers de certains organes plus « parlants » que d’autres. D’autres maladies comme l’artériopathie de Burger ou des dysplasies peuvent toucher les artères génitales à différents niveaux. Nous ferons une mention particulière pour les atteintes traumatiques, touchant souvent des individus jeunes et candidats à un geste de revascularisation. Atteinte des gros troncs L’athérome est la cause principale de l’atteinte à ce niveau, avec des complications comme les dissections et les atteintes ectasiantes. Nous renvoyons le lecteur aux chapitres qui leur sont consacrés. Atteinte des troncs moyens L’atteinte prédominante est l’athérome, mais ces artères peuvent parfois également présenter des dysplasies, sans que des chiffres précis puissent être avancés en termes de fréquence. Les atteintes post-traumatiques à ce niveau sont beaucoup mieux connues. Il existe deux types de traumatismes responsables de lésions. Les fractures du bassin avec traction au niveau du diaphragme urogénital, responsable souvent de déchirure de l’urètre bulbaire et d’une atteinte des nerfs caverneux, sont un phénomène bien connu dans les troubles de l’érection. Dans ce type de traumatisme, l’artère pudendale interne peut également être lésée par un mécanisme de striction identique lors de la traversée du diaphragme urogénital [27]. Un autre mécanisme invoqué en cas de déplacement de la symphyse pubienne est le mouvement de striction imposé par la traction sur les ligaments puboprostatiques sur le diaphragme urogénital [28]. Les traumatismes périnéaux sont encore plus impliqués dans les traumatismes de la pudendale interne. Le mécanisme le plus fréquent est la chute à califourchon. L’artère est alors traumatisée entre l’agent vulnérant et la branche osseuse ischiopubienne. Levine et al. ont examiné les artériographies sélectives d’hommes souffrant de DE. Lorsqu’il existait une atteinte isolée d’une artère pudendale interne sans aucune autre lésion de type athéromateux sur l’axe vasculaire, on retrouvait un antécédent traumatique du périnée dans 48 % des cas et du bassin dans 8 % des cas [28]. Parfois, la lésion peut survenir à distance du traumatisme, par un mécanisme de lésion endothéliale et de prolifération intimale [28] . La pratique du vélo de manière intensive (plus de 3 heures ou plus de 60 km par semaine) a pu également être suspectée. En reprenant les données de la Massachusetts Male Aging Study, les auteurs ont mis en évidence un risque majoré de DE chez les sujets faisant plus de 3 heures de vélo par semaine. Après ajustement des différents facteurs de risque, l’âge et le calcul par régression logistique, le risque relatif de DE était de 0,61 pour les sujets faisant moins de 3 heures de vélo par semaine et de 1,72 pour ceux qui pratiquaient de manière intensive [29]. Néanmoins, quelques critiques pourraient être formulées, à savoir la faiblesse de l’échantillon de cyclistes « intensifs » (23 patients), les caractéristiques des selles utilisées, en retenant que le pourcentage de sujets atteints de DE modérée à complète était plus élevé dans le groupe de cyclistes intensifs par rapport à celui de cyclistes modérés, mais inférieur à la proportion rencontrée dans le groupe non cycliste. Atteinte caverneuse et artériolosclérose Les artères caverneuses et dorsales peuvent être fréquemment touchées par l’athérome lié à une dyslipidémie, à une hypertension, à un tabagisme, à un diabète (Fig. 8). L’atteinte traumatique d’une artère caverneuse est parfois possible lors d’une déchirure de l’albuginée survenant en érection, lors d’un « faux pas du coït ». Le mécanisme invoqué serait une striction exercée par les colonnes fibreuses intracaverneuses [30]. L’artériolosclérose peut toucher les artères hélicines. Montorsi et al. ont étudié le rapport qui existe entre le nombre de ramifications visibles en doppler puissance entre deux groupes Angéiologie Dysfonction érectile d’origine vasculaire ¶ 19-1710 Figure 8. Athérome caverneux. de patients. Dans le premier groupe, il s’agissait de patients exempts de facteurs de risques, présentant des érections matinales normales. Dans le second groupe, il s’agissait de patients présentant au moins deux facteurs de risque vasculaire, sans érections matinales. Tous ont eu une exploration échodoppler et doppler puissance après injection intracaverneuse de 20 µg d’alprostadil. Dans le premier groupe, tous les sujets présentaient des hélicines visibles, jusqu’à une division de 3e ordre, avec un calibre régulier. Dans le deuxième groupe, chez les sujets ayant des paramètres hémodynamiques perturbés au niveau des artères caverneuses, 57 % présentaient une réduction significative du nombre de divisions visibles (0 à 1) avec une irrégularité du calibre artériel. Cela était corrélé à une moindre efficacité d’une dose de 20 µg d’alprostadil pour provoquer une érection dans les conditions d’examen [31]. Phénomène de vol pelvien La richesse vasculaire pelvienne fait qu’il existe souvent des anastomoses entre différentes branches de l’artère hypogastrique et des branches de la fémorale profonde. En cas de lésion obstructive de l’iliaque externe, il peut survenir un phénomène d’hémodétournement dans le territoire génital au profit d’un membre inférieur. Cela peut être mis en évidence par l’effondrement d’un flux caverneux après un test d’effort fait d’une vingtaine de flexions lors de l’échodoppler pénien. Iatrogenèse La chirurgie vasculaire aorto-iliaque peut avoir une incidence sur la qualité de l’érection, en rapport avec des modifications de la circulation hypogastrique. Il conviendra donc de veiller à préserver ou à restaurer, par un geste spécifique de réimplantation, la circulation dans ce territoire. Lors d’une prostatectomie radicale ou d’une cystoprostatectomie, la blessure d’une artère pudendale accessoire vicariante peut avoir des conséquences fâcheuses sur l’érection future [13]. Dysfonction veino-occlusive Nous allons aborder ici un des chapitres les plus difficiles dans la nosologie des troubles de l’érection. Pour le comprendre, il convient de remettre un certain nombre d’éléments en perspective. Depuis De Graff et Dionis, l’afflux sanguin était tenu comme responsable de l’érection et très vite la rétention de ce sang dans la verge s’était imposée pour le maintien de l’érection. C’était l’époque des grands anatomistes et chacun s’attacha à décrire des barrages musculaires et autres défilés ostéomusculaires capables de retenir le sang [32, 33]. Le concept de « fuite veineuse » commençait à se mettre en place. Ce n’est que vers la fin du XIXe siècle que Boeckel évoquera l’existence d’un mécanisme « autoclave » situé au niveau des corps caverneux eux-mêmes. De manière tout à fait empirique, les hommes Angéiologie Rejoignez nous sur Facebook: “ La Radiologie Pour Tous “ à la vigueur déclinante avaient découvert les vertus d’un lien posé à la base de la verge, sorte de « garrot » censé retenir le sang pour une meilleure érection. La découverte des injections intracaverneuses [2] au début des années 1980 va alors révolutionner notre connaissance de la physiologie de l’érection. Ces injections font preuve d’une grande efficacité dans un certain nombre de cas, mais connaissent aussi des échecs. Les explorations comme le doppler vont permettre alors d’analyser ces échecs. Un certain nombre d’entre eux vont se caractériser par une absence d’érection malgré un afflux sanguin strictement normal : le concept de fuite renaît alors. L’opacification de ces corps caverneux va fournir alors de belles images des différentes veines de drainage, que l’on va s’empresser de ligaturer ou d’emboliser avec un taux de succès extrêmement modeste, faisant quasiment abandonner ces techniques quelques années plus tard. Les recherches vont alors se recentrer sur le corps caverneux même : son endothélium, les fibres musculaires lisses et sa régulation. Dysfonction endothéliale Le déclenchement de l’érection au niveau local est médié par les fibres végétatives proérectiles cholinergiques et non cholinergiques. Parmi celles de la seconde catégorie, une place privilégiée est accordée aux fibres nitrergiques utilisant le NO comme médiateur, synthétisé par une catégorie de NO synthase, la nNOs. La tumescence est en grande partie induite par la sécrétion de NO d’origine nerveuse, se distribuant tout à la fois sur les artères et sur les fibres lisses trabéculaires. Progressivement, lors de l’augmentation de la pression intracaverneuse, la contrainte exercée sur l’endothélium caverneux stimule la sécrétion de NO endothélial produit par une autre variété de NO synthase : la eNOs [34]. Il s’agit d’ailleurs là d’un phénomène commun aux corps caverneux et aux artères. Le diabète est une cause connue de dysfonction endothéliale, cela a été particulièrement bien montré par Saenz de Tejada au niveau des corps caverneux [35] . Un certain nombre de travaux sont venus préciser les relations qui existent entre synthèse du NO et testostérone. Chez le rat, on a pu montrer que les fibres végétatives nitrergiques à destinée pénienne issues du plexus hypogastrique étaient androgénodépendantes [36, 37], de même que la teneur en nNOs des fibres nerveuses des corps caverneux [38]. De Pergola a effectué des mesures de l’épaisseur intimamédia sur les carotides primitives de 127 hommes âgés de 18 à 45 ans, souffrant d’obésité par rapport à des sujets sains. Après analyse multivariée et régression logistique, il constate qu’indépendamment de l’âge, de l’index de masse corporelle, de la glycémie, il y a une corrélation avec le taux de testostérone libre [39] . Il en conclut qu’un taux abaissé de testostérone pourrait avoir une action négative sur l’endothélium vasculaire. Très récemment, Stieff a montré l’existence de récepteurs à la testostérone et, dans une moindre mesure, à l’estradiol sur des cellules endothéliales caverneuses humaines mises en culture et que l’adjonction de testostérone au milieu de culture stimulait la multiplication cellulaire [40]. Dans le domaine clinique, deux études ont montré que chez des sujets hypogonadiques, non répondeurs au sildénafil, l’adjonction d’un traitement par la testostérone permettait d’améliorer très nettement l’efficacité du sildénafil [41, 42]. Le pénis semble donc très sensible à ces différents facteurs car les conditions hémodynamiques requises pour obtenir et maintenir une érection sont tout à fait spécifiques à cet organe. Toute cause de dysfonction endothéliale peut avoir un retentissement sur son fonctionnement et, au-delà des facteurs de risque habituels, probablement faudra-t-il dorénavant davantage tenir compte de l’imprégnation androgénique. Dégénérescence tissulaire Les études histologiques de Wespes avaient montré qu’en cas de dysfonction veino-occlusive, il existait un remaniement 7 19-1710 ¶ Dysfonction érectile d’origine vasculaire Flaccidité = faible débit sanguin Érection = augmentation du débit sanguin PO2 = 25 à 30 mmHg PO2 = 90 à 100 mmHg identiques à celles de tout sujet athéromateux, à savoir contrôler les facteurs de risques, avoir une bonne hygiène de vie et une activité physique régulière. La prise régulière d’antiagrégants n’a pas été étudiée sur le devenir de la fonction érectile. À la lumière des travaux précédemment cités concernant l’interaction entre testostérone et NO synthase, le dosage de la testostérone fera peut-être un jour partie du bilan. L’apparition d’un trouble de l’érection ayant les caractères de l’organicité chez un sujet de plus de 50 ans est considérée par certains comme un signe de dysfonction endothéliale annonciatrice de possibles troubles coronariens [9]. Prise en charge médicale de la dysfonction érectile (Fig. 10) Traitements per os TGF β1 Synthèse du collagène Prostanoïdes TGF β1 Synthèse du collagène Figure 9. tissus. Théorie de Nehra et Goldstein concernant l’oxygénation des tissulaire avec une diminution du nombre de cellules musculaires lisses [43, 44]. Nehra et Goldstein ont montré que ce phénomène était en partie lié à l’oxygénation des tissus. Sur une série de 24 patients souffrant de DE et devant recevoir des implants péniens, ils ont effectué des mesures en cavernométrie et ont recherché une corrélation avec les résultats histologiques des tissus prélevés lors de l’intervention et de l’expression de certains gènes sur les cellules mises en culture. Les patients présentant les fuites les plus marquées avaient la proportion la plus basse de nombre de cellules musculaires lisses en histologie (13 à 29 % pour une normale comprise entre 40 à 52 %). Par ailleurs, l’expression de l’acide ribonucléique messager (ARNm) codant pour un facteur de croissance, le growth factor TGF b1, ainsi que le nombre de récepteurs sur les cellules en culture de ce facteur étaient plus élevés dans le groupe présentant une fuite et une diminution du nombre de cellules musculaires lisses. L’implication de ce facteur de croissance dans la synthèse du collagène est bien connue dans un certain nombre de pathologies comme la cirrhose hépatique et la fibrose pulmonaire interstitielle [45]. Une étude précédente suggérait que ce système pouvait être modulé par la pression en oxygène des tissus, au niveau des corps caverneux [46]. C’est ainsi que Nehra et Goldstein ont proposé une théorie liée à l’oxygénation des tissus, l’anoxie chronique stimulant la sécrétion de TGF b1, ce qui accroît le collagène intracaverneux, et l’oxygénation des tissus (au cours de l’érection) l’inhibant (Fig. 9). ■ Stratégies thérapeutiques Prise en charge médicale de la maladie athéromateuse Il n’existe pas, actuellement, de conduite spécifique vis-à-vis de l’athérome des artères génitales, les recommandations restent 8 Rejoignez nous sur Facebook: “ La Radiologie Pour Tous “ L’apparition des inhibiteurs de la phosphodiestérase de type V a révolutionné la prise en charge de l’insuffisance érectile. Cette classe thérapeutique s’est imposée devant les autres composés d’action centrale (apomorphine) ou mixte, centrale et périphérique (yohimbine, phentolamine). L’efficacité des inhibiteurs de la phosphodiestérase de type V (iPDE5) n’est plus à démontrer, comme en attestent de nombreuses publications (18 études à niveau de preuve élevé [niveau 1], 3 de niveau 2 et 22 de niveau 3) [47]. Il existe actuellement sur le marché trois composés, le sildénafil, le vardénafil et le tadalafil. Ce dernier composé se distingue des deux premiers par une demi-vie plus longue (17,5 heures contre respectivement 3 et 4 heures). L’excitation et la stimulation sexuelle conduisent à une sécrétion de NO par les fibres nerveuses proérectiles. Ce NO va stimuler la guanylate cyclase présente dans les cellules musculaires lisses artérielles et caverneuses, l’accumulation de GMPc va aboutir au relâchement des cellules musculaires lisses. Rapidement, ce phénomène se trouve amplifié par la sécrétion de NO des cellules endothéliales vasculaires et caverneuses (Burnett, 1992). Le GMPc est détruit par des phosphodiestérases de différents sous-types selon les organes intéressés, le soustype V étant prédominant au niveau des corps caverneux. Le sildénafil, le vardénafil et le tadalafil agissent tous trois en inhibant de manière compétitive cette phosphodiestérase de type V. L’efficacité de ces molécules peut être prise en défaut si les mécanismes de sécrétion de NO sont trop altérés (neuropathie, dysfonction endothéliale sévère). Le mode d’emploi est très simple : prise unique 1 à 2 heures avant les rapports. Il existe trois dosages de sildénafil (25, 50 et 100 mg), trois dosages de vardénafil (5, 10 et 20 mg) et deux dosages de tadalafil (10 et 20 mg). La prise concomitante de dérivés nitrés ou de donneurs de NO constitue une contre-indication absolue car elle est source d’hypotension sévère. Injections intracaverneuses Historiquement, elles constituent le premier traitement médical efficace des troubles de l’érection. La papavérine a été la première substance utilisée (Virag, 1982) suivie des a-bloquants (Brindley 1983) et de la PGE1 (Ischii 1986, Adaikan 1986). L’alprostadil (analogue de synthèse de la PGE1) s’est rapidement imposé en raison tout à la fois de sa plus grande efficacité, d’une meilleure tolérance et parce qu’il expose moins que la papavérine aux érections prolongées. La PGE1 agit en stimulant directement dans la fibre lisse l’adénylate cyclase qui synthétise alors de l’AMPc, induisant la relaxation caverneuse [48]. Ce mécanisme est indépendant de la synthèse de NO et peut donc garder une certaine efficacité même en cas de dysfonction endothéliale sévère. N’ayant pas besoin de médiateur intermédiaire pour être active, la PGE1 est classée dans les inducteurs de l’érection et n’est pas un simple facilitateur. Une autre vertu intéressante de la molécule est sa capacité à inhiber la synthèse du collagène induite par le TGFb1 dans les cultures humaines de cellules de corps caverneux [49]. L’alprostadil est commercialisé en deux dosages : 10 et 20 µg. Avant toute prescription au patient, il est nécessaire de déterminer la dose Angéiologie Dysfonction érectile d’origine vasculaire ¶ 19-1710 Interrogatoire Examen clinique Facteurs de gravité Recherche de facteurs de risque Présence Non Oui Correction Résultat inefficace Information sur les possibilités thérapeutiques Souhait du patient : choix du traitement symptomatique Souhait du patient : refus du traitement symptomatique Respect des contre-indications Traitement per os : iPDE5 Satisfaisant Figure 10. de type V. Non satisfaisant Traitement local (IIC) Satisfaisant Non satisfaisant Prise en charge spécialisée Arbre décisionnel. Prise en charge médiale de la dysfonction érectile. IIC : injections intracaverneuses ; iPDE5 : inhibiteurs de la phosphodiestérase efficace lors de consultations préalables (phase de titration). L’efficacité de la molécule est largement reconnue (quatre études à niveau de preuve élevé [niveau 1], huit de niveau 2 et huit de niveau 3) [47]. Parmi les effets indésirables, il convient de noter l’existence parfois d’une érection douloureuse et prolongée en cas de surdosage. La prise concomitante d’anticoagulants ne contre-indique pas la pratique d’IIC mais nécessite de comprimer le point de ponction quelques minutes. La papavérine seule est peu utilisée, ne disposant pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) bien qu’elle soit consacrée par l’usage. Rarement utilisée en première intention, elle peut être utile en cas d’intolérance à l’alprostadil ou en association en cas d’inefficacité de l’alprostadil seul. Elle est commercialisée en ampoules de 40 mg. agressive » ou « médicalisant » trop leur activité sexuelle. À une époque où les traitements oraux efficaces n’existaient pas encore, certains chercheurs ont développé un nouveau mode d’administration d’une molécule éprouvée, l’alprostadil (PGE1). C’est ainsi qu’est apparu le système MUSE® (Medicated Urethral System for Erection), permettant d’introduire dans l’urètre un petit bâtonnet d’alprostadil à environ 2,5 cm de profondeur. Le système est proposé en trois dosages de 250, 500 et 1 000 µg. Ce système présente une certaine efficacité, néanmoins bien moindre que les injections intracaverneuses, malgré une dose de 25 à 50 fois supérieure. Cela est dû à la difficulté, pour la molécule, de gagner les corps caverneux à partir du corps spongieux entourant l’urètre. Parmi les effets indésirables, le plus souvent cité est la sensation de brûlures urétrales. Alprostadil intra-urétral Vacuum Le recours aux injections intracaverneuses (IIC) peut parfois bloquer certains patients qui trouvent la méthode « trop Contrairement à l’idée répandue, la conception du vacuum est déjà ancienne. John King en prônait déjà l’usage quotidien Angéiologie Rejoignez nous sur Facebook: “ La Radiologie Pour Tous “ 9 19-1710 ¶ Dysfonction érectile d’origine vasculaire pour récupérer des érections en 1874 [50] ! L’appareillage ne sera construit industriellement qu’un siècle plus tard, en 1974. Le système consiste à placer le pénis dans un tube en plastique transparent appuyé fermement sur le pubis, puis d’y exercer une dépression d’environ 100 à 150 mmHg. Dans ces conditions, le pénis se gonfle et se remplit de sang, provoquant une érection. Pour maintenir l’érection, un anneau en caoutchouc est glissé à la racine de la verge pour faire garrot au moment où l’on enlève le dispositif. L’efficacité du dispositif est réelle [51] et pourtant le pourcentage d’abandon 1 an après est compris entre 40 et 65 % [52, 53]. Parmi les effets indésirables cités, on retrouve fréquemment la gêne induite par le garrot, l’éjaculation parfois douloureuse chez les sujets jeunes, la verge froide. Accompagnement psychologique L’accompagnement est indispensable dans tous les cas, même si l’origine organique du trouble est bien établie. L’insuffisance érectile est bien souvent responsable d’une atteinte de l’estime de soi, qui, jointe à la répétition des échecs, induit une conduite d’inhibition. L’évitement de la sexualité associé à des érections insuffisantes laisse souvent croire à la partenaire qu’elle n’est plus désirée, ce qui peut altérer également son estime d’ellemême. Un climat subdépressif, voire une vraie dépression peut alors s’installer. Il est important que le thérapeute puisse interpréter la demande du patient et le patient doit comprendre la démarche du thérapeute (voir algorithme de prise en charge). Ce n’est qu’à ce prix que le patient pourra adhérer à la prise en charge, accepter un traitement contraignant alors qu’il n’y était pas prêt initialement et éviter les abandons précoces alors que le traitement est efficace. Prise en charge chirurgicale de la dysfonction érectile vasculaire (Fig. 11) En cas de revascularisation, l’artère utilisée est presque toujours l’artère épigastrique qui est disséquée le long des grands droits puis abaissée vers la racine de la verge après tunnellisation sous-cutanée. L’artère épigastrique ainsi abaissée peut être anastomosée soit à l’artère dorsale dominante, soit à la veine dorsale profonde selon plusieurs procédés. Virag a proposé plusieurs variantes, le type V consiste à anastomoser l’artère épigastrique à la veine dorsale profonde, qui est ligaturée à ses deux extrémités et dévalvulée sur ce segment, puis à créer un shunt entre la veine ainsi artérialisée et un corps caverneux (Fig. 12). Hauri a proposé une variante consistant à créer une fistule entre une artère dorsale et la veine dorsale profonde, ligaturée à ses deux extrémités et d’anastomoser l’artère épigastrique à la veine ainsi isolée (Fig. 13). Les principaux résultats de ces types d’interventions sont présentés dans le Tableau 1. Chirurgie dans les dysfonctions veino-occlusives Dans le processus de l’érection, la restriction du retour veineux est nécessaire pour obtenir la rigidité de la verge. Lorsque le mécanisme veino-occlusif est pris en défaut, divers moyens sont été proposés pour restreindre ce retour veineux, allant de la simple ligature de la veine dorsale profonde à des pontages artérioveineux, notamment quand il existe un déficit d’apport associé. Ligatures veineuses, excisions Le geste va de la simple ligature de la veine dorsale profonde à l’excision plus ou moins étendue de veines circonflexes, associé ou non à un geste sur les veines crurales. Les critères d’inclusion très variables des différents auteurs font qu’il est extrêmement difficile de comparer les résultats. Artérialisation de la veine dorsale profonde Avant les années 1980, la prise en charge des DE organiques était plutôt anecdotique mais un certain nombre de pionniers avaient déjà décrit des interventions. Ainsi, Wooten préconisait dès 1902 la ligature de la veine dorsale profonde [54]. En 1936, le chirurgien Russe Nikolaj Borgaraz utilisera des cartilages costaux comme implants [55]. En 1960, O’Connor proposera la désobstruction hypogastrique, en 1973 Vaclav Michal proposera le premier un pontage entre l’artère épigastrique et le corps caverneux, chez un jeune Tchèque victime de fractures du bassin avec lésions artérielles [56]. Le pontage épigastricodorsal permet, selon ses promoteurs, d’augmenter la pression veineuse et donc de restreindre le retour veineux tout en permettant un apport sanguin à contrecourant lorsqu’il existe une atteinte artérielle associée. Encore une fois, la complexité et l’hétérogénéité des séries fait qu’il est difficile de comparer les différents résultats. Sarramon rapporte, sur 25 patients souffrant d’une dysfonction veineuse pure sans atteinte artérielle, 25 % de guérison et 28 % d’amélioration avec un suivi de 61 mois [57] (Tableau 2). Chirurgie des gros troncs Chirurgie prothétique La chirurgie artérielle de l’aorte abdominale et de ses branches est rarement indiquée uniquement pour le symptôme « insuffisance érectile ». En général, il existe une composante artérielle obstructive des membres inférieurs responsable d’une claudication et un potentiel d’évolution morbide (aortopathie ectasiante) qui pousse à intervenir. Les techniques chirurgicales sont bien rodées et nous renvoyons le lecteur aux chapitres correspondants. Revascularisation distale L’indication de revascularisation pénienne est toujours difficile à porter, particulièrement en raison de l’efficacité croissante de la prise en charge médicale. Premier cas de figure, le sujet présente un déficit d’apport mais est répondeur aux iPDE5 ou aux injections intracaverneuses. Doit-on lui proposer une intervention de revascularisation qui lui éviterait la prise d’un traitement médicamenteux, en espérant qu’il retrouve des érections spontanées suffisantes ? Deuxième cas de figure, le sujet n’est pas répondeur aux iPDE5 et aux IIC, a priori l’indication semble plus facile mais, dans ce cas, ne se heurte-t-on pas à un cas trop évolué, avec un risque d’échec important de l’intervention ? 10 Rejoignez nous sur Facebook: “ La Radiologie Pour Tous “ La chirurgie prothétique est plutôt réservée aux échecs des différentes méthodes précédentes, médicales et chirurgicales, en cas d’atteinte organique. Nous renvoyons le lecteur au chapitre correspondant concernant les différentes techniques chirurgicales prothétiques. ■ Conclusion Les progrès de la pharmacologie ont complètement bouleversé la prise en charge des troubles de l’érection, y compris en cas d’atteinte vasculaire. La chirurgie vasculaire n’a plus qu’une part marginale dans l’arsenal thérapeutique alors que des millions d’hommes sont traités pour un problème d’érection. Un dépistage plus précoce, avec une meilleure analyse des facteurs de risque, permettra d’intervenir plus tôt, évitant les redoutables altérations tissulaires sources de DE parfois réfractaire. La prise en compte de facteurs nouveaux, comme, par exemple, l’imprégnation androgénique devrait permettre également de progresser. Les années à venir verront l’apparition de nouvelles classes thérapeutiques et très probablement la mise au point de thérapies géniques déjà en expérimentation. Angéiologie Dysfonction érectile d’origine vasculaire ¶ 19-1710 Prise en charge spécialisée Interrogatoire Examen clinique Absence de facteur de gravité Examen clinique normal Présence d'érections automatiques Érection rigide Présence de facteur de gravité Absence d'érections automatiques Test thérapeutique iPDE5 Suspicion hormonale Test IIC 10 µg PGE1 Dosages hormonaux Corrections si nécessaire Tumescence Choix thérapeutique : - sexothérapies - traitements per os - injections intracaverneuses - voie intra-urétrale - vacuum Test IIC 20 µg PGE1 Échodoppler pénien Lésion isolée sujet jeune Tumescence Artériographie Correction IIC en association Normale Cavernométrie Vérification Testostérone biodisponible Tumescence Dysfonction veino-occlusive Chirurgie fonctionnelle Chirurgie : implants Figure 11. Arbre décisionnel. Prise en charge chirurgicale de la dysfonction érectile vasculaire. IIC : injections intracaverneuses ; iPDE5 : inhibiteurs de la phosphodiestérase de type V. Angéiologie Rejoignez nous sur Facebook: “ La Radiologie Pour Tous “ 11 19-1710 ¶ Dysfonction érectile d’origine vasculaire Figure 12. Intervention de Virag type V. Figure 13. Intervention de Hauri. Tableau 1. Résultats des interventions de revascularisation pénienne. Auteurs Nombre de patients Âge Suivi % succès sans traitement associé % succès avec traitement associé Rapports sexuels Notes Jarow 11 ND 12-84 mois 64 % 28 % 92 % 10/11 27 % ND ND 33 % 47 % 90 % Moy. : 50 De Palma 12 ND 12-48 mois Moy. : 33 De Palma 12 ND 12-84 Moy. : 35 Lukkarinen 24 ND ND 46 % 33 % 77 % Pas de différence selon l’âge Manning 62 19-70 ans 18-72 mois 34 % 20 % 54 % 92 % de succès global Moy. : 48 ans Moy. : 41 83 % de succès global Manning 42 ND ND 31 % 26 % 57 % Kawanishi 18 Moy. : 33 ans 4-80 mois 94 % 0% 94 % 48 % 15 % 63 % Pas de différences selon la technique opératoire 28 % IIEF 22 à 25 Moy. : 32 Sarramon 114 20-74 ans 1-120 mois Moy. : 47,5 ans Moy. : 17 Sarramon 38 Moy. : 52 ans 61 25 % (IIEF > 26) ND ND Vardi 61 20-50 ans 24-120 48 % ND ND Moy. : 60 D’après Lue TF, Basson R, Rosen R, Giuliano F, Khoury S, Montorsi F, editors. Sexual Medicine. Sexual Dysfunctions in Men and Women. 2nd International Consultation on Sexual Dysfunctions. Paris: Health Publications ; 2004. ND : non déterminé ; IIEF : International Index of Erectile Function ; Moy. : moyenne. Tableau 2. Principaux résultats de la chirurgie dans les dysfonctions veino-occlusives. Étude Nombre de patients Âge moyen Sarramon 25 ND 2001 a Kayigil Technique utilisée Durée de suivi Technique d’évaluation Résultats Artérialisation 61 mois Questionnaire 25 % sans DE IIEF 28 % DE modérée Questionnaire 80 % pontages perméables au doppler IIEF 72 % des sujets améliorés Veine dorsale profonde 25 32 ans 2000 b Artérialisation Veine dorsale profonde 28 mois Technique de Furlow-Fisher D’après Lue TF, Basson R, Rosen R, Giuliano F, Khoury S, Montorsi F, editors. Sexual Medicine. Sexual Dysfunctions in Men and Women. 2nd International Consultation on Sexual Dysfunctions. Paris: Health Publications ; 2004. IIEF : International Index of Erectile Function ; DE : dysfonction érectile ; ND : non déterminé. a Sarramon JP, Malavaud B, Braud F, Bertrand N, Vaessen C, Rischmann P. Evaluation of male sexual function by the International Index of erectile function after deep dorsal vein arterialisation of the penis. J Urol 2001;166:576-80. b Kayigil O, Ahmed Si, Metin A. Deep dorsal vein arterialisation in pure caverno-occlusive dysfunction. Eur Urol 2000;37: 349-9. 12 Rejoignez nous sur Facebook: “ La Radiologie Pour Tous “ Angéiologie Dysfonction érectile d’origine vasculaire ¶ 19-1710 . ■ Références [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15] [16] [17] [18] [19] [20] [21] [22] [23] [24] [25] NIH Consensus Conference. Impotence. NIH Consensus Development Panel on Impotence. JAMA 1993;270:83-90. Virag R. Intracavernous injection of papaverine for erectile failure. Lancet 1982;2:938. Feldman HA, Goldstein I, Hatzichristou DG, Krane RJ, McKinaly JB. Impotence and ist medical and psychosocial correlates: Results of the Massachusetts Male Aging Study. J Urol 1994;151:54-61. Chew KK, Earle CM, Stuckey BG, Jamrozik K, Keogh EJ. Erectile dysfunction in general medicine practice: prevalence and clinical correlates. Int J Impot Res 2000;12:41-5. Braun M, Wassmer G, Klotz T, Reifenrath B, Mathers M, Engelmann U. Epidemiology of erectile dysfunction: results of the ″Cologne Male Survey″. Int J Impot Res 2000;12:305-11. Bank AJ, Billups KL, Kaiser DR, Kelly AS, Wetterling RA, Tsai MY, et al. Relation of C-reactive protein and other cardiovascular risk factors to penile vascular disease in men with erectile dysfunction. Int J Impot Res 2003;15:231-6. Greenstein A, Chen J, Miller H, Matzkin H, Villa Y, Braf Z. Does severity of ischemic coronary disease correlate with erectile function? Int J Impot Res 1997;9:123-6. Kawanishi Y, Lee KS, Kimura K, Koizumi T, Nakatsuji H, Kojima K, et al. Screening of ischemic heart disease with cavernous artery blood flow in erectile dysfunctional patients. Int J Impot Res 2001;13:100-3. Kloner RA, Mullin SH, Shook T, Matthews R, Mayeda G, Burstein S, et al. Erectile dysfunction in the cardiac patient: how common and should we treat? J Urol 2003;170(2Pt2):S46-S50. Blumentals WA, Gomez-Caminero A, Joo S, Vannappagari V. Should erectile dysfunction be considered as a marker for acute myocardial infarction? Results from a retrospective cohort study. Int J Impot Res 2004;16:350-3. Juskiewenski S, Vaysse P, Moscovivi J, Hammoudi S, Bouissou P. À study of the arterial blood supply to the penis. Anat Chir 1982;4:101. Breza J, Aboseif SR, Orvis BR, Luet TF, Tanagho EA. Detailed anatomy of penile neurovascular structures: surgical significance. J Urol 1989;141:437-43. Aboseif S, Shinohara K, Breza J, Benard F, Narayan P. Role of penile vascular injury in erectile dysfunction after radical prostatectomy. Br J Urol 1994;73:75-82. Von Heyden B, Donatucci CF, Kaula N, Lue T. Intracavernous pharmacotherapy for impotence: selection of appropriate agent and dose. J Urol 1993;149:1288-90. Meuleman EJ, Bemelmans BL, Doesburg WH, van Asten WN, Skotnicki SH, Debruyne FM. Penile pharmacological duplex ultrasonography: a dose effect study comparing papaverine, papaverine/phentolamine and prostaglandin E1. J Urol 1992;148:63-6. Cormio L, Nisen H, Selvaggi FP, Ruutu M. A positive pharmacological erection test does not rule out arteriogenic erectile dysfunction. J Urol 1996;156:1628-30. Aboseif SR, Lue TF. Hemodynamics of penile erection. Urol Clin North Am 1988;15:1-7. Quam JP, King BF, James EM, Lewis RW, Brakke DM, Ilstrup DM, et al. Duplex and color doppler sonographic evaluation of vasculogenic impotence. AJR Am J Roentgenol 1989;153:1141-7. Chiou RK, Alberts GL, Pomeroy BD, Carlson LK, Anderson JR, Wobig RK. Study of cavernosal arterial anatomy using color and power Doppler sonography: Impact of hemodynamic parameter measurement. J Urol 1999;162:358-60. Speel TG, Van Langen H, Wijkstra H, Meuleman JH. Penile duplex pharmaco-ultrasonography revisited: revalidation of the parameters of the cavernous arterial response. J Urol 2003;169:216-20. Schwartz AN, Wang KY, Mack LA, Lowe M, Berger RE, Cyr DR, et al. Evaluation of normal erectile function with color flow Doppler sonography. AJR Am J Roentgenol 1989;153:1155-60. Virag R. Vasodilatation post-occlusive des artères caverneuses : un test potentiel de la réserve en NO du pénis. J Mal Vasc 2002;27:214-7. Kaneko S, Bradley WE. Evaluation of erectile dysfunction with continuous monitoring of penile rigidity. J Urol 1986;136:1026-9. Kessler WO. Nocturnal penile tumescence. Urol Clin North Am 1988; 15:81-6. Cuzin B, Meunier P, Galaup JP, Darjinoff JJ, Sutet P, Dubernard JM. Nocturnal penile tumescence: what kind of tool in the management of erectile dysfunction?. Paris: Communication 12th Congress of EAU; 1996. Angéiologie Rejoignez nous sur Facebook: “ La Radiologie Pour Tous “ [26] Fournier G, Menut P, Delavierre D, Valéri A. Quels critères doivent être retenus pour l’interprétation de la rigidimétrie nocturne dans l’exploration des insuffisances érectiles d’origine psychologique. Prog Urol 1994;4(suppl1):B60. [27] Sharlip ID. Penile arteriography in impotence after pelvic trauma. J Urol 1981;126:477-81. [28] Levine FJ, Greenfield AJ, Goldstein I. Arteriographically determined occlusive disease within the hypogastric cavernous bed in impotent patients following blunt perineal and pelvic trauma. J Urol 1990;144: 1147-53. [29] Marceau L, Kleinman K, Goldstein I, McKinlay J. Does bicycling contribute to the risk of erectile dysfunction? Results from the Massachusetts Male Aging Study. Int J Impot Res 2001;13:298-302. [30] Goldstein I, Hatzichristou D, Pescatori E. Pelvic, perineal, and penile trauma-associated arteriogenic impotence: pathophysiologic mechanisms and the role of microvascular arterial bypass surgery. Philadelphia: WB Saunders; 1994. [31] Sartesghi M, Montorsi F, Menchini Fabris F, Guazzoni G, Lencioni R, Rigatti P. Cavernous arterial and arterioal circulation in patients with erectile dysfunction: a power doppler study. J Urol 1998;159:428-32. [32] Debierre C. L’érection.. In: Dechambre A, Dereboullet R, editors. Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales. Paris: Masson/Asselin; 1886. [33] Bondil P, Wespes E. Anatomie et physiologie de l’érection. In: Rapport du 86e congrès de l’association française d’urologie 1992. Prog Urol 1992;2(5). [34] Hurt KJ, Musicki B, Palese MA, Crone JK, Becker RE, Moriarity JL, et al. Akt-dependent phosphorylation of endothelial nitric-oxide synthase mediates penile erection. Proc Natl Acad Sci USA 2002;99: 4061-6. [35] Saenz de Tejada I, Goldstein I, Azadzoi K, Krane RJ, Cohen RA. Impaired neurogenic and endothelium-mediated relaxation of penile smooth muscle from diabetic men with impotence. N Engl J Med 1989; 320:1025-30. [36] Schirar A, Chang C, Rousseau JP. Localization of androgen receptor in nitric oxide synthase and vasoactive intestinal peptide-containing neurons of the major pelvic ganglion innervating the rat penis. J Neuroendocrinol 1997;9:141-50. [37] Schirar A, Bonnefond C, Meusnier C, Devinoy E. Androgens modulate nitric oxide synthase messenger ribonucleic acid expression in neurons of the major pelvic ganglion in the rat. Endocrinology 1997;138: 3093-102. [38] Park KH, Kim SW, Kim KD, Paick JS. Effects of androgens on the expression of nitric oxide synthase mRNAs in rat corpus cavernosum. BJU Int 1999;83:327-33. [39] De Pergola G, Pannacciulli N, Ciccone M, Tartagni M, Rizzon P, Giorgino R. Free testosterone plasma levels are negativly associated with intima media thickness of the common carotid artery in overweight and obese glucose tolerant young adult men. Int Obes Relat Metab Disord 2003;27:803-7. [40] Stief CG, Schultheiss D, Badalyan R, Gabouev AI, Jonas U, Pilatz A, et al. Effect of androgens and estrogens on human corpus cavernosum endothelial cell culture. Int J Impot Res 2003;15(suppl6):S32-S35. [41] Aversa A, Isidori AM, Greco EA, Giannetta E, Gianfrilli D, Spera E, et al. Hormonal supplementation and erectile dysfunction. Eur Urol 2004;45:535-8. [42] Shabsigh R, Kaufman JM, Steidle C, Padma-Nathan H. Randomized study of testosterone gel as adjunctive therapy to sildenafil in hypogonadal men with erectile dysfunction who do not respond to sildenafil alone. J Urol 2004;172:658-63. [43] Wespes E, Schiffmann S, Deperrieux M, Vanderhaegan JJ, Schulman C. Is cavernovenous leakage related to a reduction of intracavernous smooth muscle fibers? Int J Impot Res 1990;2:30. [44] Wespes E, Goes PM, Schiffmann S, Depierreux M, Vanderhaeghen JJ, Schulman CC. Computerized analysis of smooth muscle fibers in potent and impotent patients. J Urol 1991;146:1015-7. [45] Border W, Noble NA. Transforming growth factor-beta in tissue fibrosis. N Engl J Med 1994;331:1286-92. [46] Moreland R, Huang B, Munnariz R, Nehra A, Goldstein I, Saenz De Tejada I. Oxygen Tension regulates the expression of transforming growth factor beta 1 in human corpus cavernosum smooth muscle. J Urol 1995;153:509A [abstract 1121]. [47] 2nd International Consultation on sexual dysfunctions. Health Publications; 2004. 13 19-1710 ¶ Dysfonction érectile d’origine vasculaire [48] Palmer L, Valcic M, Melman A, Giraldi A, Wagner G, Christ GJ. Characterization of c AMP accumulation in cultured human corpus cavernosum smooth muscle cells. J Urol 1994;152:1308-14. [49] Moreland RB, Traish A, McMillin MA, Smith B, Goldstein I, Saenz de Tejada I. PGE1 suppresses the induction of collagen synthesis by transforming growth factor-beta 1 in human corpus cavernosum smooth muscle. J Urol 1995;153(3Pt1):826-34. [50] King J. The American physician – domestic guide to health. Indianapolis: Streight and Douglas; 1874. [51] Montague DK, Barada JH, Belker AM, Levine LA, Nadig PW, Roehrborn CG, et al. Clinical guidelines panel on erectile dysfunction: summary report on the treatment of organic erectile dysfunction. The American Urological Association. J Urol 1996;156:2007-11. [52] Dutta TC, Eid JF. Vacuum constriction devices for erectile dysfunction: a long term, prospective study of patients with mild, moderate and severe dysfunction. Urology 1999;54:891-3. [53] Opsomer RJ, Wese FX, De Groote P, Van Cangh PJ. The external vacuum device in the management of erectile dysfunction. Acta Urol Belg 1997;65:13-6. [54] Wooten J. Ligation of the dorsal vein of the penis as a cure for atonic impotency. Texas Med J 1902;18:375. [55] Bogoraz NA. On complete plastic reconstruction of a penis sufficient for coitus in Russian. Soviet Surgery. Sovetskaya Khirurgiya 1936;8: 303-9. [56] Michal V, Krama R, Pospichal J, Hejhal L. Direct arterial anastomosis on corpora cavernosa penis in the therapy of erective impotence in Czech. Rozhl Chir 1973;52:587-90. [57] Sarramon JP, Malavaud B, Braud F, Bertrand N, Vaessen C, Rischmann P. Evaluation of male sexual function by the International Index of erectile Function after deep dorsal vein arterialisation of the penis. J Urol 2001;166:576-80. P. Desvaux ([email protected]). J.-C. Surier. 11, rue Magellan, 75008 Paris, France. Toute référence à cet article doit porter la mention : Desvaux P., Surier J.-C. Dysfonction érectile d’origine vasculaire. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Angéiologie, 19-1710, 2007. Disponibles sur www.emc-consulte.com Arbres décisionnels Iconographies supplémentaires 14 Rejoignez nous sur Facebook: “ La Radiologie Pour Tous “ Vidéos / Animations Documents légaux Information au patient Informations supplémentaires Autoévaluations Angéiologie Cet article comporte également le contenu multimédia suivant, accessible en ligne sur em-consulte.com et em-premium.com : 1 autoévaluation Cliquez ici Rejoignez nous sur Facebook: “ La Radiologie Pour Tous “