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Chapitre 1
LES GAINS DU COMMERCE:
UN TOUR D’HORIZON
Les pays commercent parce quils en retirent des gains. Evidemment dans la plupart
des cas, le commerce ne se fait pas au niveau des pays mais au niveau des
individus, même si cela ne paraît pas toujours être le cas.
Pour reprendre un exemple que nous étudierons en détail plus loin dans ce manuel,
un cultivateur de vanille vend sa production à une entreprise qui la transforme et qui,
à son tour, la vend à un exportateur. Dans certains cas les exportateurs sont
sélectionnés par L’Etat (l’Etat délivre annuellement des licences d’exportation
spécifiant les quantités et les prix d’exportation à des exportateurs). Finalement, la
vanille est vendue à l’étranger. Un parcours analogue par des intermédiaires
caractérisera les achats de biens importés par les consommateurs.
Evidemment, ce détour par des intermédiaires peut faire paraître lointain (et abstrait)
la notion que de façon ultime ce sont des individus qui commercent. Mais il en est
ainsi, même dans le cas l’Etat joue un rôle prépondérant dans les activités de
l’économie et influence la nature et la distribution des gains du commerce.
On commence ce tour dhorizon en faisant abstraction de la participation de lEtat et
des intermédiaires. La question est alors de savoir ce qui pousse les individus à
échanger avec l’étranger. S’il est clair que c’est la possibilité de faire un gain (ou un
profit) qui incite les individus à commercer. Il est peut-être moins évident que cette
incitation se traduise par un gain net pour l’ensemble de la société.
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On peut distinguer trois types d’échanges entre pays. Tous permettent de réaliser
des gains. Ces échanges sont reportés sur la figure 1.1 nous introduisons la
notation qui sera utilisée dans ce manuel: H pour le pays auquel nous nous
intéressons et F pour le pays étranger.
i) Il y a d’abord les échanges de biens et services contre des biens et services. Il
sagit dun échange horizontal. Comme nous allons le montrer dans ce
chapitre, cest la possibilité de réaliser des gains darbitrage qui conduit le plus
souvent au commerce entre nations. Les gains darbitrage permettent
dobtenir quelque chose pour rien, en ce sens quen profitant de différences
de prix dans lespace et dans le temps, il est possible dobtenir un gain sans
utiliser de ressources.
ii) Les échanges d’actifs (H échange une propriété immobilière contre une
obligation du Trésor de F) sont une autre forme d’échange horizontal. Dans le
cas d’actifs identiques (même rendement certain), ces échanges permettent
des gains de diversification contre le risque. Un exemple illustrera ce type de
gain. L’Indonésie et Madagascar, principaux producteurs mondiaux de vanille,
sont tous deux situés dans des régions cycloniques. Comme il est peu
probable que ces deux pays subissent un cyclone en même temps, il serait
préférable que les habitants de chaque pays détiennent des actifs de l’autre
pays. Les gains retirés par les individus proviendraient ici de la réduction de
l’instabilité de leurs revenus.
iii) Il y a enfin des échanges inter-temporels (H emprunte à F pour acheter du
matériel de forage suite à la découverte d’un gisement de pétrole). Il sagit ici
d’un échange de biens et services contre des créances sur des biens et
services futurs, cest-à-dire contre des actifs. On retrouvera là encore des
gains d’arbitrage. Dans la majorité des PVD, les marchés financiers sont
relativement peu développés. Les gains que ces pays retirent des échanges
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internationaux sont avant tout ceux du commerce de biens et services. Cest
pour cela que cet ouvrage traitera principalement du commerce de biens et
services. La finance internationale sera abordée mais seulement pour
souligner que les politiques macroéconomiques (dont le rôle est d’obtenir
l’équilibre externe et interne), influencent souvent les gains que les pays
retirent du commerce de biens et services.
Ce chapitre est consacré à un tour dhorizon des gains du commerce. On fait donc
abstraction du rôle des politiques macroéconomiques. Les sections qui suivent (1.2 à
1.6) analysent les gains darbitrage. Il sera établi que:
Les différences de prix entre pays sont à l’origine des échanges: celles-ci
peuvent provenir de différences du côté de la demande ou du côté de loffre.
L’opportunité d’échanger des biens en l’absence de mobilité internationale des
facteurs ou d’échanger des facteurs en labsence de commerce de biens
permet de réaliser des gains d’arbitrage.
Le commerce quil soit de biens ou de facteurs est source de conflits
distributifs potentiels.
Précisons la notation qui sera utilisée dans ce manuel lors des analyses en équilibre
partiel (il s’agit du cas on analyse un marché de façon isolé). Les courbes d’offre
et de demande seront notées respectivement D et S. Les courbes d’offre
d’exportation et de demande d’importation seront notées ED et ES. La quantité
produite sera notée Q, la quantité consommée C, les importations M et les
exportations E. Les prix seront notées P.
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Le pays qui nous intéresse sera noté H (Home) le pays partenaire sera noté F
(Foreigner). Une astérisque permettra de distinguer les variables du pays F, un
indice W les variables mondiale. Un indice A indiquera une situation d’autarcie,
On prendra le cas d’un bien homogène (ex: le riz), dont la production et la
consommation ont lieu simultanément dans deux pays: H, le pays dorigine (ex:
Sénégal) et F, le pays étranger (ex: l’Espagne). Les hypothèses habituelles de
concurrence parfaite seront supposées vérifiées. Par ailleurs, lorsquil y a possibilité
de commercer, les coûts de transport seront supposés négligeables et les deux
marchés ne pourront pas être segmentés (par des barrières au commerce par
exemple).
On supposera quinitialement les deux pays H et F sont en autarcie. Les prix
d’équilibre autarciques sont notés PA et P*A . Dans le cas représenté sur la figure 1.2
PA > P* A , les consommateurs en H auraient intérêt à s’approvisionner en F, tandis
que les producteurs de riz en F auraient intérêt à vendre en H.
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On retiendra que ce sont des différences dans les prix d’équilibre en autarcie qui
fournissent l’incitation à commercer pour les individus. Sil y a commerce, les prix de
H et de F convergeront. En effet, les coûts de production en F augmenteront au fur et
à mesure que les producteurs de riz augmenteront leur production, tandis quen H les
ventes de riz se feront à des prix progressivement plus bas. Les prix convergeront
vers une valeur d’équilibre que l’on déterminera à l’aide de courbes doffre
dexportation et de demande dimportation.
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