Chapitre 1 LES GAINS DU COMMERCE: UN TOUR D’HORIZON Les pays commercent parce qu’ils en retirent des gains. Evidemment dans la plupart des cas, le commerce ne se fait pas au niveau des pays mais au niveau des individus, même si cela ne paraît pas toujours être le cas. Pour reprendre un exemple que nous étudierons en détail plus loin dans ce manuel, un cultivateur de vanille vend sa production à une entreprise qui la transforme et qui, à son tour, la vend à un exportateur. Dans certains cas les exportateurs sont sélectionnés par L’Etat (l’Etat délivre annuellement des licences d’exportation spécifiant les quantités et les prix d’exportation à des exportateurs). Finalement, la vanille est vendue à l’étranger. Un parcours analogue par des intermédiaires caractérisera les achats de biens importés par les consommateurs. Evidemment, ce détour par des intermédiaires peut faire paraître lointain (et abstrait) la notion que de façon ultime ce sont des individus qui commercent. Mais il en est ainsi, même dans le cas où l’Etat joue un rôle prépondérant dans les activités de l’économie et influence la nature et la distribution des gains du commerce. On commence ce tour d’horizon en faisant abstraction de la participation de l’Etat et des intermédiaires. La question est alors de savoir ce qui pousse les individus à échanger avec l’étranger. S’il est clair que c’est la possibilité de faire un gain (ou un profit) qui incite les individus à commercer. Il est peut-être moins évident que cette incitation se traduise par un gain net pour l’ensemble de la société. 1 On peut distinguer trois types d’échanges entre pays. Tous permettent de réaliser des gains. Ces échanges sont reportés sur la figure 1.1 où nous introduisons la notation qui sera utilisée dans ce manuel: H pour le pays auquel nous nous intéressons et F pour le pays étranger. i) Il y a d’abord les échanges de biens et services contre des biens et services. Il s’agit d’un échange horizontal. Comme nous allons le montrer dans ce chapitre, c’est la possibilité de réaliser des gains d’arbitrage qui conduit le plus souvent au commerce entre nations. Les gains d’arbitrage permettent d’obtenir quelque chose pour rien, en ce sens qu’en profitant de différences de prix dans l’espace et dans le temps, il est possible d’obtenir un gain sans utiliser de ressources. ii) Les échanges d’actifs (H échange une propriété immobilière contre une obligation du Trésor de F) sont une autre forme d’échange horizontal. Dans le cas d’actifs identiques (même rendement certain), ces échanges permettent des gains de diversification contre le risque. Un exemple illustrera ce type de gain. L’Indonésie et Madagascar, principaux producteurs mondiaux de vanille, sont tous deux situés dans des régions cycloniques. Comme il est peu probable que ces deux pays subissent un cyclone en même temps, il serait préférable que les habitants de chaque pays détiennent des actifs de l’autre pays. Les gains retirés par les individus proviendraient ici de la réduction de l’instabilité de leurs revenus. iii) Il y a enfin des échanges inter-temporels (H emprunte à F pour acheter du matériel de forage suite à la découverte d’un gisement de pétrole). Il s’agit ici d’un échange de biens et services contre des créances sur des biens et services futurs, c’est-à-dire contre des actifs. On retrouvera là encore des gains d’arbitrage. Dans la majorité des PVD, les marchés financiers sont relativement peu développés. Les gains que ces pays retirent des échanges 2 internationaux sont avant tout ceux du commerce de biens et services. C’est pour cela que cet ouvrage traitera principalement du commerce de biens et services. La finance internationale sera abordée mais seulement pour souligner que les politiques macroéconomiques (dont le rôle est d’obtenir l’équilibre externe et interne), influencent souvent les gains que les pays retirent du commerce de biens et services. Ce chapitre est consacré à un tour d’horizon des gains du commerce. On fait donc abstraction du rôle des politiques macroéconomiques. Les sections qui suivent (1.2 à 1.6) analysent les gains d’arbitrage. Il sera établi que: Les différences de prix entre pays sont à l’origine des échanges: celles-ci peuvent provenir de différences du côté de la demande ou du côté de l’offre. L’opportunité d’échanger des biens en l’absence de mobilité internationale des facteurs ou d’échanger des facteurs en l’absence de commerce de biens permet de réaliser des gains d’arbitrage. Le commerce qu’il soit de biens ou de facteurs est source de conflits distributifs potentiels. Précisons la notation qui sera utilisée dans ce manuel lors des analyses en équilibre partiel (il s’agit du cas où on analyse un marché de façon isolé). Les courbes d’offre et de demande seront notées respectivement D et S. Les courbes d’offre d’exportation et de demande d’importation seront notées ED et ES. La quantité produite sera notée Q, la quantité consommée C, les importations M et les exportations E. Les prix seront notées P. 3 Le pays qui nous intéresse sera noté H (Home) le pays partenaire sera noté F (Foreigner). Une astérisque permettra de distinguer les variables du pays F, un indice W les variables mondiale. Un indice A indiquera une situation d’autarcie, On prendra le cas d’un bien homogène (ex: le riz), dont la production et la consommation ont lieu simultanément dans deux pays: H, le pays d’origine (ex: Sénégal) et F, le pays étranger (ex: l’Espagne). Les hypothèses habituelles de concurrence parfaite seront supposées vérifiées. Par ailleurs, lorsqu’il y a possibilité de commercer, les coûts de transport seront supposés négligeables et les deux marchés ne pourront pas être segmentés (par des barrières au commerce par exemple). On supposera qu’initialement les deux pays H et F sont en autarcie. Les prix d’équilibre autarciques sont notés PA et P*A . Dans le cas représenté sur la figure 1.2 PA > P* A , les consommateurs en H auraient intérêt à s’approvisionner en F, tandis que les producteurs de riz en F auraient intérêt à vendre en H. 4 On retiendra que ce sont des différences dans les prix d’équilibre en autarcie qui fournissent l’incitation à commercer pour les individus. S’il y a commerce, les prix de H et de F convergeront. En effet, les coûts de production en F augmenteront au fur et à mesure que les producteurs de riz augmenteront leur production, tandis qu’en H les ventes de riz se feront à des prix progressivement plus bas. Les prix convergeront vers une valeur d’équilibre que l’on déterminera à l’aide de courbes d’offre d’exportation et de demande d’importation. 5 Concentrons-nous pour l’instant sur le pays H et construisons d’abord sa courbe d’offre d’exportation. C’est une courbe d’offre excédentaire que nous noterons ES. Elle est définie pour tout prix P supérieur au prix d’équilibre autarcique, soit P > Pa. A chaque prix, la courbe d’offre d’exportation (figure 1.3.1) indique la quantité de riz que le pays est disposé à exporter, la quantité de riz offerte à l’exportation étant la différence entre l’offre et la demande intérieure à ce prix : E1 = Q1 - C1 > 0 pour P = P1(P1 > Pa). Un raisonnement similaire s’applique à la construction de la courbe de demande d’importation que l’on notera ED. Comme l’indique la figure 1.3.2, pour tout prix 6 inférieur à PA, H serait importateur de riz1. Par exemple, lorsque P = P2 (P2 < PA), H souhaiterait importer la quantité AB. M2 = C2 - Q2 > 0 Sur la figure 1.3.3(b), les importations et exportations sont indiquées du même côté de l’origine. Si on souhaitait séparer les importations des exportations, on représenterait les courbes ES et ED dans deux cadrans différents. 1 Plus tard, il s’agira de déceler les causes de ces différences de prix: goûts différents, dotations factorielles différentes, technologies disponibles différentes, etc.... 7 Ainsi, sur la figure 1.4, les importations (exportations) sont mesurées à gauche (à droite) de l’origine. Par la suite, nous utiliserons les deux types de représentations. La même analyse s’applique au pays F, et donne lieu à deux courbes ES* et ED*. 8 L’équilibre commercial résultera de la confrontation des dispositions à importer et à exporter de chaque pays, dispositions incorporées dans les courbes que nous venons de construire. La figure 1.5 représente simultanément les marchés des deux pays et le marché mondial sur lequel sont confrontées les courbes d’offre et de demande excédentaires de chaque pays. Rappelons qu’à partir de l’instant où l’échange est rendu possible, l’incitation à commercer provient de la différence entre les prix autarciques. Comme PA est différent de P*A , il y a possibilité d’arbitrage; les producteurs en F préférant vendre leur riz en H, et les consommateurs en H préférant acheter leur riz en F (d’où 9 l’apparition du commerce). Ces opérations d’arbitrage se traduisent par une offre excédentaire en F et une demande excédentaire en H. Il est clair que le prix PW, pour lequel demande et offre excédentaires sont égales, se situe entre les prix en autarcie, soit PA > PW > P*A. Lorsque les deux prix sont égaux, toute possibilité d’arbitrage additionnel a disparu et les dispositions à l’échange de chaque pays coïncident. Pour P = PW, l’offre d’exportations de F notée E* est égale à la demande d’importation de H notée M. Dans l’exemple qui vient d’être traité, le pays H, qui importe du riz à l’équilibre, fait face à une courbe d’offre d’exportation (ES*) à pente positive. Ceci implique que le pays H influence le prix du riz sur le marché mondial car ses importations sur ce marché sont importantes. Imaginons que pour une raison quelconque (par exemple une augmentation de revenu) la demande de riz s’accroisse dans le pays H. Ainsi que l’illustre la figure 1.6, le déplacement de la courbe de demande de D à D’ se traduit par un déplacement (identique) de la courbe de demande d’importation de ED à ED’ et par une hausse du prix sur le marché international (P’W > PW ). En d’autres termes, le pays H est un grand pays qui ne peut importer plus qu’à condition d’y mettre le prix. La forme de la courbe d’offre étrangère (ES*) à laquelle H fait face reflète la taille de H sur le marché international du riz. Deux cas sont à envisager: i) H est dit « petit » lorsqu’il ne peut pas influencer le prix du bien commercé (importé ou exporté). Dans ce cas, la courbe étrangère à laquelle il fait face est horizontale (infiniment élastique), traduisant le fait qu’il peut importer plus sans faire monter le prix (courbe ES* horizontale) ou qu’il peut exporter plus sans faire chuter le prix (courbe ED* horizontale). Ces deux cas sont illustrés dans la figure 1.7. 10 ii) H est dit « grand » lorsqu’il influence le prix du bien commercé. Dans ce cas, la courbe étrangère à laquelle il fait face n’est plus infiniment élastique. Si le pays H est importateur, il fera face à une courbe ES* à pente positive, traduisant le pouvoir de monopsone du pays H. Si le pays H est exportateur, il fera face à une courbe ED* à pente négative, traduisant le pouvoir de monopole du pays H. Ces deux cas sont indiqués dans la figure 1.8 . L’analyse du .marché international du riz a été faite avec deux pays. Mais le même raisonnement s’appliquerait dans le cas de plusieurs pays exportateurs et 11 importateurs. Il faut cependant que les quantités demandées et offertes soient exprimées dans les mêmes unités. La figure 1.9 montre l’équilibre sur le marché international du riz avec deux pays exportateurs (E et F) et deux pays importateurs (G et H). La courbe d’offre mondiale d’exportation est obtenue en agrégeant horizontalement la courbe d’offre d’exportation de chaque pays (panneau supérieur). Il en va de même de la demande totale d’importation (panneau du centre). Enfin, le panneau inférieur indique la détermination du prix d’équilibre sur le marché international à partir des offres et demandes agrégées (indiquées par l’indice w). Bien sûr, la notion de grand et de petit pays s’applique également dans le cas représenté ici. Soulignons que cette analyse du marché « international » du riz à l’aide d’une agrégation des offres et des demandes excédentaires n’est possible que dans le cas de biens homogènes. En effet, dans le cas de produits différenciés, on ne peut agréger les biens puisqu’il s’agit de biens différents, chacun ayant son prix. Mais, et c’est ce qui est essentiel, les résultats des effets du commerce de la section 1.5 qui suit s’appliquent également au cas de biens différenciés. 12 Illustrons les effets liés à l’activité commerciale à l’aide de la notion de surplus du producteur et du consommateur2. On supposera que H est un petit pays et donc qu.il ne peut influencer le prix auquel il échange du riz sur le marché mondial. On distinguera deux cas: (i) H est importateur; (ii) H est exportateur. Les deux cas sont représentés sur les figures 1.10 et 1.11, et dans chaque cas H passe d’une situation autarcique initiale (prix 𝑃𝐴) à une situation de libre-échange (prix 𝑃𝑊 = ̅̅̅̅ 𝑃 ∗)3. Le pays est supposé petit et le prix mondial correspond au prix du partenaire (Reste du Monde). L’évolution du bien-être social sera saisie par les variations de surplus des consommateurs et des producteurs. ̅̅̅̅∗. Une première analyse peut être i) H importateur de riz. Dans ce cas, 𝑃𝐴 > 𝑃 réalisée à partir du marché intérieur (figure 1.10(a)). De l’autarcie au libreéchange, le surplus des consommateurs passe de ABE à ACF soit un gain de EBCF, alors que celui des producteurs passe de EBG à FHG soit une perte de EBHF. Pour évaluer pertes et gains, on supposera que l’on peut attacher la même pondération aux variations du surplus des producteurs et des consommateurs, ce qui permet d’agréger simplement gains et pertes. Sous ces conditions, on peut agréger les gains des consommateurs aux pertes des producteurs pour obtenir une mesure des effets du commerce sur 2 Un rappel des notions de surplus du consommateur et du producteur est proposé en appendice de ce chapitre. 3 une barre sur une variable indique que celle-ci est exogène 13 le bien-être social. On voit que le bien-être social s’accroît à concurrence de l’aire hachurée BCH. L’avantage de la présentation de la figure 1.10(a) est qu’elle met en relief la redistribution du revenu engendrée par le commerce. En effet, le commerce redistribue EBHF de pouvoir d’achat des producteurs vers les consommateurs. Ceux-ci n’étant en général pas les mêmes individus, on comprend pourquoi le commerce suscite des conflits distributifs même s.il y a un gain net pour la société. 14 Le même résultat est obtenu en conduisant l’analyse sur le marché international, ici des importations (cf. figure 1.10(b) dernier cadran). Il suffit pour cela de réaliser que l’aire IJK est, par construction égale à l’aire BCH (de par la construction de ED, on peut décomposer ces deux surfaces en bandelettes horizontales dont la longueur sera forcément la même). 15 Le gain de bien-être, ou de .surplus collectif., peut donc également être représenté à l’aide des courbes d’excès de demande (ou d’excès d’offre lorsque le pays est exportateur), ce qui présente l’avantage de donner une vision plus synthétique des choses, en reflétant l’effet net des variations de surplus des producteurs et des consommateurs4. ii) H exportateur de riz. Dans ce cas, 𝑃𝐴 < ̅̅̅̅ 𝑃 ∗ . _. Ce cas est décrit dans les panneaux (a) et (b) de la figure 1.11. On vérifiera que l’analyse est tout à fait symétrique ; On aboutit encore à un gain net (égal à l’aire hachurée BCH de ou de façon équivalente à l’aire IJK de la figure 1.11(b). On vérifiera également que cette fois les pertes sont enregistrées par les consommateurs, et les gains par les producteurs. 4 On remarquera que l’aire *l’aire comprise au-dessus la courbe d’excès d’offre, ES, et en dessous du prix dans la figure 1.11(b) correspond au bénéfice net associé au niveau d’exportations correspondant. 16 17 Nous venons de démontrer que les incitations privées à réaliser un gain donnent lieu à un surplus net positif pour l’ensemble de collectivité. En effet, que H soit importateur ou exportateur de riz, il y a un gain potentiel pour le pays puisque dans chaque cas ceux qui gagnent pourraient compenser ceux qui perdent et il resterait un surplus. Il s’agit là de la proposition la plus fondamentale de la théorie du commerce international, à savoir que le commerce augmente le bien-être. Bien sûr, cette proposition dépend de la possibilité d’agréger (en leur donnant la même pondération) les gains et pertes des producteurs et des consommateurs. De plus, le commerce engendre une redistribution de revenus: 18 Lorsque le pays est importateur le gain des consommateurs (zone bleue) peut se décomposer en deux: un transfert de revenu des producteurs (zone marron gagnée par les consommateurs et perdue par les producteurs) et le surplus collectif ( zone verte gagnée par les consommateurs et perdu par personne) De façon symétrique, lorsque le pays est exportateur le gain des producteurs (zone bleue) peut se décomposer en deux: un transfert de revenu des consommateurs (zone marron gagnée par les producteurs et perdu par les consommateurs) et le surplus collectif (zone verte gagnée par les producteurs et perdu par personne) L’analyse des gains et pertes par la variation de surplus des producteurs et consommateurs sera utilisée fréquemment dans les chapitres qui suivent. Soulignons une propriété de l’équilibre de libre-échange (indiqué par l’indice L). Sur le marché intérieur, on remarquera que l’évaluation marginale de la dernière unité consommée (ou valeur marginale de la consommation, = 𝑃𝑐 ) est égale à son coût d’opportunité en production (ou coût marginal, 𝐶𝑚 = 𝑃𝑝 ), celui-ci étant lui-même égal (sur le marché international) à son coût marginal d’obtention par le commerce pour les pays importateurs ou sa recette marginale sur les marchés étrangers pour les pays exportateurs. ̅̅̅̅ 𝑃 ∗’ l’équilibre de libre-échange assure donc l’optimalité allocative puisque toutes les valeurs marginales sont égalisées ( = 𝑃𝑃 = ̅̅̅̅̅̅ 𝑃 ∗) où les indices p et c font référence aux prix aux producteurs et aux consommateurs (figure 1.13 et suivantes). 19 Les figures 1.14 à 1.16 illustrent (sans en expliquer les raisons) le cas où il existerait des divergences entre les valeurs marginales. Sur la figure 1.14 le pays est importateur et le cout marginal de production est en dessous de la valeur marginale de la consommation et du cout marginal d’obtention par l’échange. Cette situation ne saurait être efficace, puisque qu’il est possible d’améliorer le bienêtre collectif. Il suffit pour cela de réduire d’une unité les importations (l’économie correspondante est indiquée par la zone mauve) et d’augmenter la production locale d’une unité (le cout supplémentaire est indiqué par la zone rouge). La disponibilité en bien n’a pas changé mais l’économie enregistre un gain de surplus correspondant à la zone hachurée. Sur la figure 1.15, il est possible d’améliorer le bien-être en consommant une unité supplémentaire (gains supplémentaire en vert) que l’on importe de l’extérieur (cout supplémentaire en mauve). Le gains total pour la collectivité est indiqué par la zone hachurée ? 20 21 Nous venons de voir que l’efficacité dans l’allocation des ressources réclame Cm=Vm=Cme=Rme. Sur des marchés parfaitement concurrentiel ; les producteurs égalisent leur cout marginal de production au prix auquel ils font face : Cm = PP. Les consommateurs égalisent la valeur marginale de leur consommation aux prix auquel ils font face Vm=Pc. Lorsque le pays est petit et importateur, le cout marginal d’obtention du bien par l’échange est donné par le prix mondial CmE=Pw, il en est de même de la recette marginale en échange lorsque le pays est exportateurs (RmE=Pw). Le commerce qui égalise l’ensemble des prix Permet d’atteindre un équilibre efficace au sens de Pareto. La portée des résultats obtenus ici en équilibre partiel mérite d’être soulignée puisqu’ils trouvent une formulation équivalente en équilibre général, lorsque les prix sont déterminés en termes relatifs et les courbes de demande et d’offre incorporent les effets revenus et de variation de coûts de facteurs. Proposition: Le commerce qui résulte d’un changement de prix d’équilibre crée une redistribution de revenus et donc un potentiel de conflits distributifs. Cependant, le commerce de libre- échange élève le surplus collectif au-delà de son niveau atteint en autarcie. 22 Dans l’exemple précédent les gains d’arbitrage provenaient d’un échange de biens. Montrons maintenant que les gains d’arbitrage obtenus par le commerce (mobilité des biens) en l’absence de mobilité des facteurs peuvent être obtenus par la mobilité des facteurs en l’absence de mobilité des biens. En d’autres termes, montrons que les gains d’arbitrage peuvent être obtenus indifféremment par la mobilité internationale des biens ou des facteurs. Cette proposition est illustrée par la figure 1.17 où on montre les gains de la mobilité du capital entre H et F. Supposons, pour simplifier qu’un seul bien, le PIB est produit par chaque pays. (Il pourrait encore s’agir du riz, mais il est plus commode d’imaginer qu’il s’agit du PIB.) H et F produisent chacun ce bien que l’on appellera X avec une technologie commune c’est-à-dire en utilisant les mêmes facteurs de production, le capital (K) et le travail, (L). On suppose qu’il n’y a pas de consommation intermédiaires. On suppose que le bien produit est identique et que son prix noté Px est le même dans les deux pays. : 𝑋 = 𝑓(𝐾, 𝐿) 𝑋 ∗ = 𝑓 ∗ (𝐾 ∗ , 𝐿∗ ) On suppose que la technologie est caractérisée par des rendements d’échelle constants. les productivités marginale sont données par : 𝑃𝑋 . 𝜕𝑓(𝐾,𝐿) 𝜕𝐾 = 𝑉 = 𝑃𝑋 . 𝑓𝐾 > 0 𝜕𝑓 ∗ (𝐾∗ ,𝐿∗ ) 𝑃𝑋 . 𝜕𝐾∗ = 𝑉 ∗ = 𝑃𝑋 . 𝑓𝐾∗ > 0 Elles sont positives et ont une pente négative. 23 en 𝐻 en F Ces hypothèses et conventions permettent de tracer sur un même diagramme les courbes de productivité marginale du capital en valeur : La distance OHOF mesure la quantité totale de capital disponible (𝐾𝑊 = 𝐾𝐴 + 𝐾𝐴 ∗ ) entre H et F. La courbe de productivité marginale du capital en H (en F) est mesurée à partir de OH (OF). Supposons une allocation arbitraire (déterminée peut-être historiquement) de 𝐾𝐴 (OHKA) pour H et de 𝐾𝐴 ∗ (KAOF) pour F (figure 1.17). La maximisation du profit implique que les facteurs soient rémunérés à leur productivité marginale en valeur. Si les facteurs de production sont immobiles internationalement et que la concurrence parfaite règne sur le marché du capital, le taux de rémunération du capital en H(F) sera donné par rA(r*A), avec rA < r*A. (figure 1.17) Comme il n’y a pas de consommations intermédiaires, le PIB se confond avec la valeur de la production. Le PIB en H peut alors s’écrire: 𝑃𝐼𝐵 = 𝑃𝑋 . 𝑋 = 𝑃𝑋 . 𝑓(𝐾, 𝐿) 𝑃𝐼𝐵 ∗ = 𝑃𝑋 . 𝑋 ∗ = 𝑃𝑋 . 𝑓 ∗ (𝐾 ∗ , 𝐿∗ ) Le travail est supposé spécifique à chaque pays et le marché du travail est supposé parfaitement concurrentiel. On note 𝐿̅ et 𝐿̅∗ l’offre de travail considérée comme donnée dans les deux pays. Il en résulte que 𝐿 = 𝐿̅ et 𝐿∗ = 𝐿̅∗ Graphiquement le PIB est donné par l’aire située au-dessous de la courbe V entre 0 et KA puisque: 24 𝐾𝐴 𝐾𝐴 𝐾 ∫ 𝑉 𝑑𝐾 = ∫ 𝑃𝑋 . 𝑓𝐾 (𝐾, 𝐿̅) 𝑑𝐾 = 𝑃𝑋 [𝑓(𝐾, 𝐿̅)]0 𝐴 = 𝑃𝑋 𝑓(𝐾𝐴 , 𝐿̅) = 𝑃𝐼𝐵𝐴 0 0 (en admettant que 𝑓(0, 𝐿̅) = 0) Le Revenu National (RN) d’un pays étant égal à son PIB augmenté des revenus nets des facteurs reçus de l’étranger. En l’absence de mobilité des facteurs RN=PIB. En H, le PNB est donc égal à OHHCKA, qui peut être décomposée en un rectangle représentant la rémunération du capital (OHrCKA ) et un triangle représentant la rémunération des autres facteurs, ici le travail(rHC). La même décomposition s’applique en F. 25 Quelle conséquence aura l’introduction d’une mobilité internationale du capital? Il est facile de voir que l’élimination de la contrainte sur la mobilité du capital amènera H à investir KLKA unités de capital en F (figure 1.17 suite) Cet investissement diminuera (augmentera) le rendement du capital en F (H). Comme dans le cas de l’échange de riz, le mouvement de facteurs s’arrêtera lorsque les possibilités d’arbitrage seront épuisées, soit quand le rendement du capital sera le même en H et F. 26 Ce mouvement de capital donnera lieu à une diminution (augmentation) du PIB de H(F) de ECKAKE (EDKAKE). pour un gain net d’arbitrage « mondial » indiqué par la surface bleutée EDC. A ce nouvel équilibre, le rendement du capital, rw, étant le même dans les deux pays (r < rw < r*), les possibilités d’arbitrage sont épuisées. On voit que le raisonnement est tout à fait analogue à celui des gains du commerce de biens. Comme la figure 1.17 indique la détermination de l’allocation d’équilibre de capital entre H et F, on peut illustrer la distribution des gains de la mobilité du capital entre H et F. En l’absence de contraintes sur la mobilité du capital, le RN de H sera : 𝑅𝑁 = 𝑃𝐼𝐵 + 𝑟𝑤𝐾𝐿𝐾𝐴 Et celui de F : 𝑅𝑁 ∗ = 𝑃𝐼𝐵 ∗ − 𝑟𝑤𝐾𝐿𝐾𝐴. 27 28 On remarquera également que, comme dans le commerce de biens, les activités privées d’arbitrage donnent lieu à un gain net (EDC), et que: i) les gains d’arbitrage seront pour chaque pays d’autant plus importants que le prix d’équilibre du capital sera éloigné du prix du capital que l’on aurait pu observer en autarcie. ii) il y a des conflits distributifs puisque dans chaque pays un facteur voit sa part dans le revenu national (RN) diminuer. En H la diminution du stock de capital fait baisser la productivité marginale (et donc la rémunération) du travail (le travail en H perd ECrArW) En revanche le capital originaire de H gagne rWGCrA. En F, l’ajustement opposé se produit (le travail gagne EDr*ArW tandis que le capital perd r*ArWGB). iii) Les mêmes gains d’arbitrage auraient été obtenus si l’on avait supposé la mobilité internationale du travail au lieu de la mobilité du capital. 29 30 31 32 Les gains d’arbitrage décrits précédemment ne sont pas les seuls gains du commerce. Il y a également des gains qui proviennent de l’influence du commerce sur la structure du marché lorsque celui-ci n’est pas concurrentiel, et/ou lorsqu.il y a des économies d’échelle. L’effet du commerce sur la structure du marché est probablement très significatif dans le secteur moderne de beaucoup de PVD. Il y a en effet, le plus souvent peu de firmes sur le marché et les industries sont très concentrées. Illustrons ces effets en prenant l’exemple d’une firme qui produit de la tôle ondulée. On supposera que les économies d’échelle interne à la firme sont significatives. On supposera qu’en autarcie, la firme est seule pour alimenter le marché intérieur. La figure 1.18 illustre les gains du commerce dans une telle situation. Dans cet exemple, les économies d’échelle sont internes à la firme5, et la fonction de coût de la firme est: 𝐶𝑇(𝑄) = 𝑚. 𝑄 + 𝐹 où F (> 0) représente les coûts fixes et m (> 0) les coûts marginaux, supposés constants. Dans ce cas, la courbe de coût moyen CM(Q) approche asymptotiquement la courbe de coût marginal (figure 1.18.1). 5 Il y a également des économies externes à la firme (comme par exemple les économies d’agglomération) qui sont abordées plus loin. 33 Cette firme est confrontée à la courbe de demande de marché, D. Ne faisant face à aucune concurrence sur le marché national, en autarcie la firme pratique le prix PA et produit la quantité QA, (choix qui maximise les profits de la firme puisque le revenu marginal, Rm, est égal au coût marginal, m)6. La firme fait donc un profit 𝜋𝐴 > 0 indiqué par la surface bleue (ABGF). i) Gains pro-compétitifs. Supposons que l’ouverture au commerce résulte en une « .menace » de la part de firmes étrangères, forçant la firme à pratiquer un prix « normal », c’est-à-dire un prix égal au coût moyen de production. Alors, celle-ci choisit le couple (𝑃𝐿 , 𝑄𝐿 ) (figure 1.18). La firme ayant baissé son prix et augmenté la quantité produite, il y a gain pour le consommateur, le surplus du consommateur ayant augmenté à concurrence de la surface ABCD. Tenant compte de la perte du surplus du producteur, il y a gain net égal à la surface BCE + FGDE7. En théorie, cet équilibre n’est durable que s’il existe des barrières à l’entrée qui empêche l’arrivée d’autres firmes. 7 Pour simplifier, on n’a pas évoqué le prix mondial. S’agissant d’un petit pays, il faudrait tracer une courbe d’offre étrangère ES* parfaitement élastique (horizontale) pour déterminer l’équilibre. Pour l’instant, il suffit de noter qu’à long terme, tant que la firme opère dans la région où ses coûts moyens sont décroissants, elle ne peut pratiquer un prix inférieur au coût moyen. Donc si celle-ci ne coupe pas la courbe de coût moyen, CM, l’industrie ne sera pas viable. 6 34 35 ii) Gains d’économie d’échelle et de rationalisation. L’augmentation de la taille du marché est un aspect essentiel de l’ouverture au commerce pour les pays ayant une taille de marché petite au niveau national. La figure 1.19 illustre les effets de cette augmentation de la taille du marché en indiquant par 𝐷 + 𝐷* la courbe de demande après l’ouverture au commerce. Supposons que la firme pratiquait en économie fermée un prix égal au coût moyen, éliminant ainsi toute possibilité de gains pro-compétitifs dérivant du commerce. Alors, l’équilibre d’autarcie serait indiqué par le couple (QA,PA). La possibilité de commercer augmentant la taille du marché, la firme choisit (PL,QL) donnant lieu à des gains d’économie d’échelle, les gains provenant de 36 la réduction du coût moyen de production. Le surplus augmente alors de ABCF. On notera que le même type de gain aurait pu se produire si, à taille de marché constante, l’ouverture au commerce avait éliminé des firmes du marché. En effet, supposons qu’il y ait en autarcie nA firmes identiques sur le marché, chacune faisant face à une demande D/nA (ou D représente la demande totale). La figure 1.20 illustre la situation d’une firme particulière. Supposons que le commerce conduise à un prix d’équilibre PL (courbe d’offre étrangère 37 infiniment élastique à ce prix). Il est clair que si les firmes cherchent à satisfaire la demande CL, elles feront des pertes (𝜋𝐿 < 0). Cependant si des firmes quittent le marché, et qu.il n’en reste que nL < nA, chacune fera face à une demande D/nL > D/nA et pourra survivre. 38 Dans ce cas, il y a de rationalisation, car la sortie de certaines firmes du marché permettent aux survivantes d’exploiter des économies d’échelle. En raison de la condition de profit nul, le gains pour la collectivité se mesurent directement à partir de la variation de surplus du consommateur. Les courbes D/nA et D/nL représentent respectivement un nAeme et un nLeme de la demande totale. Le surplus collectif peut ainsi être mesuré en multipliant l’aire hachurée en bleu par nA ou en multipliant l’aire hachurée en vert par nL. iii) Gains d’agglomération. Si les gains d’économies d’échelle internes à la firme paraissent familiers, il est probable que les gains d’économies d’échelle externes à la firme sont tout aussi importants, même s’ils sont moins familiers et plus difficiles à mesurer. Il y a économies d’échelle externes à la firme lorsque les firmes choisissent de produire une quantité qui égalise le prix au coût marginal de production (comme en concurrence parfaite), mais que la fonction de coût de l’industrie est décroissante (à cause de l’effet de la taille du marché sur les coûts de production agrégés). La figure 1.21 illustre une situation avec économies d’échelle externes. Il pourrait s’agir du coût de production de firmes produisant des chaussures (ou des céramiques). La taille du marché nécessaire pour atteindre une échelle de production suffisante étant petite, ces firmes opèrent avec des rendements d’échelle constants. Par exemple, pour chaque firme i de l’industrie, le coût unitaire de production serait: 𝑐𝑖 (𝑤, 𝑃𝑣) = 𝑎𝐿 . 𝑤 + 𝑎𝑉 . 𝑃𝑣 39 où 𝑎𝐿 (𝑎𝑉 ) est la quantité de main-d’oeuvre (de biens intermédiaires spécialisés comme le cuir etc....) nécessaire par unité de production, les prix des inputs étant fixes pour chaque firme. Il est raisonnable de supposer que le prix des biens intermédiaires, Pv, est une fonction de la taille du marché. En effet, s’il y a agglomération des firmes produisant des chaussures dans une région, le prix des biens intermédiaires baissera (implantation des producteurs de biens intermédiaires à proximité de leurs débouchés et donc baisse des coûts de transports etc..) et les firmes bénéficieront probablement de biens intermédiaires mieux adaptés et plus performants. Dans ce cas, il y a des économies d’agglomération. La figure 1.21 illustre les gains d’agglomération en traçant deux courbes d’offre d’une industrie bénéficiant d’économies externes. Par exemple, en l’absence de commerce, la courbe d’offre de l’industrie est donnée par SA, l’équilibre autarcique s’établit en A pour un, output de l’industrie de QA. Le commerce augmentant la taille du marché, la courbe de demande de l’industrie se déplace vers la droite à DL. Il en résulte une agglomération des firmes, ce qui fait baisser les prix des biens intermédiaires à 𝑃𝑉𝐿 < 𝑃𝑉𝐴 L’équilibre avec commerce se trouve au point EL et la courbe d’offre de l’industrie (en pointillé) a bien une pente négative bien que chaque firme produise avec des rendements d’échelle constants. Si le déplacement de la courbe de demande représentait l’augmentation de demande provenant de l’étranger, une estimation des gains sur le marché intérieur résultant des économies externes serait donné par le triangle la surface AEABF 40 (il n’y a pas de surplus pour les producteurs car toutes les firmes ont des coûts marginaux identiques et constants égal au prix). En résumé, dans les industries caractérisées par des rendements d’échelle internes à la firme, le commerce peut donner lieu à trois sources de gains: i) pro-compétitifs, provenant de la concurrence, réelle ou potentielle, des firmes étrangères qui diminue le pouvoir de marché des firmes nationales. ii) d’économie d’échelle pour les firmes existantes qui augmentent leur production 41 iii) de rationalisation provenant d’une diminution du nombre de firmes fournissant le marché et qui permet aux firmes survivantes de produire plus Dans les industries caractérisées par des économies d’échelle externes à la firme, le commerce peut engendrer: i) des économies d’agglomération qui réduisent les coûts de production. 1.1. Les gains de diversité: biens et actifs Le commerce donne lieu également à des gains de diversité lié à l’élargissement de la gamme de produits disponibles. Le commerce de biens et services amène une plus grande diversité de produits disponibles pour la consommation, qu’il s’agisse de biens intermédiaires (inputs spécialisés) ou de biens de consommation. Une plus grande variété d’inputs spécialisés apporte des réductions de coûts, semblables à ceux qui ont été identifiés avec les économies d’échelle externes à la firme, même si cette fois-ci il s’agit de réductions de coûts internes à la firme. Quant à la plus grande variété de biens disponibles pour les consommateurs de biens finaux, on distingue deux types de gains. i) Des gains provenant d’une différenciation horizontale accrue: il s’agit d’une augmentation de la gamme de produits proposés qui permet de mieux répondre aux différences de goûts des consommateurs; tous les produits ont la même qualité (par exemple des chemises de couleur et de style différents). ii) Des gains résultant d’une différenciation verticale accrue: il s’agit d’un élargissement des différences de qualité proposées pour un même produit qui permet de répondre aux différences de revenu des consommateurs (par exemple des chemises en fibre synthétique et en soie). Lorsqu’on traite le commerce des actifs, il est utile de distinguer les actifs représentatifs d’une créance des actifs représentatifs d’une propriété. Les obligations, les dépôts bancaires sont des actifs représentatifs d’une créance car ils précisent que les émetteurs s’engagent à rembourser un montant fixe quelles que soient les circonstances, tandis que les actions sont des actifs représentatifs de propriété car ils représentent un avoir sur les profits d’une firme qui varieront selon les circonstances. Malheureusement, la distinction entre ces deux instruments est quelque peu floue car même le rendement d’un instrument monétaire identique (des bons du trésor français et américain à 3 mois d’échéance donnant un taux d’intérêt annuel de 5%) sera différent en termes réels car il dépendra des niveaux de prix nationaux et du taux de change. Il est donc plus important de souligner les gains de diversification qui résultent des échanges d’actifs plutôt que les gains d’arbitrage. 42 A titre d’exemple, supposons que le Bangladesh (H) et le Sri-Lanka (F) produisent des mangues. Le rendement de la terre est incertain, la moitié du temps la récolte de mangues en H et F est de 100 tonnes, l’autre moitié du temps, en raison des cyclones, le rendement est de 50 tonnes. En moyenne donc le rendement de mangues en H et F est de: 0.5(100) + 0.5(50) = 75. Bien sûr, les habitants en H et en F ne savent jamais à l’avance si la récolte sera bonne ou mauvaise. Pour simplifier, on supposera que les rendements entre H et F sont inversés (chaque année il y a un cyclone, mais seulement dans l’un des pays). Supposons maintenant que H et F peuvent échanger des parts de propriété de leurs actifs respectifs et que les coûts de transaction soient négligeables. Alors le rendement incertain de 75 tonnes peut être transformé en un rendement certain en éliminant le risque. En effet, si les habitants de chaque pays achètent 50% des terres de l’autre pays, ils détiennent des portefeuilles équivalents avec rendement certain de 75 tonnes. Bien sûr si la corrélation entre les récoltes en H et F n’est pas parfaite, il n’y aura qu’une réduction partielle du risque. En général, les gens détestent le risque (c’est pour cela qu.il y a des compagnies d’assurance). On dit alors que les individus ont une aversion au risque. Dans ce cas, la possibilité de perdre pèse plus que la possibilité de gagner118. Avec une aversion au risque, la possibilité d’échanger des actifs donne lieu à un gain car il réduit le risque dans un monde incertain. Nous avons étudié les causes et les gains du commerce en équilibre partiel. L’approche taxonomique a permis d’identifier trois types de transactions internationales: 8 Pour prendre un exemple concret, un individu présentant une aversion pour le risque ne participera pas à un pari où il gagne 1000F une fois sur deux et perd 1000F une fois sur deux, car l’utilité qu.il retire de la valeur attendue du pari (ici zéro) est inférieure à l’utilité qu.il retire de ne pas jouer. 43 (i) (ii) (iii) échanges de biens et services; échanges d’actifs contre des biens et services (échanges inter-temporels); échanges d’actifs. Chacune de ces trois catégories d’échanges donne lieu à des gains. Ce manuel ce concentrera surtout sur les gains du commerce international provenant des échanges de biens et services (les échanges d’actifs pour les résidents des PVD sont le plus souvent entravés par d’importantes barrières qui résultent du contrôle de change) Plusieurs résultats de ce chapitre méritent d’être retenus car ils illustrent des principes qui resteront valables dans les analyses plus élaborées qui suivent: i) Les décisions de commercer sont le fait d’agents privés, mais la communauté prise dans son ensemble bénéficie de ces échanges. ii) Le commerce est source de conflits distributifs puisque même si la communauté prise dans son ensemble est gagnante, certains individus y perdent. iii) En l’absence de différenciation des produits, le commerce n’aura lieu que s’il y a des différences de prix entre pays. La recherche des causes des différences de prix se trouvera soit du côté de l’offre, soit du côté de la demande. Le commerce élimine les différences de prix et donne lieu à un gain d’arbitrage, le commerce pouvant prendre la forme d’un échange de bien ou celle d’un mouvement de facteur. iv) Le commerce amène plusieurs types de gains: des gains d’échange et de spécialisation lorsque les industries sont en concurrence parfaite; des gains pro-compétitifs (provenant de la réduction du pouvoir de marché des firmes sur leur marché national), de rationalisation et d’économie d’échelle lorsque les industries sont en concurrence imparfaite. Il y a également des gains associés à une plus grande variété de produits et des gains d’économie d’échelle externes à la firme. Les courbes d’offre et de demande excédentaires seront souvent utilisées pour déterminer le prix d’équilibre quand il y a commerce entre pays. La notion du «petit » pays et celle du « grand » pays seront particulièrement utiles quand nous analyserons les effets des politiques commerciales. Soulignons que ces résultats obtenus à l’aide de modèles d’équilibre partiel resteront valables dans le cadre d’analyse en équilibre général, du moins dans le cas de marchés en concurrence parfaite (en situation de concurrence imparfaite des exceptions peuvent modifier certains des effets identifiés ici). Si les conclusions de ce tour d’horizon restent valables en équilibre général, il est cependant nécessaire de poursuivre l’analyse des effets du commerce en équilibre général pour plusieurs raisons. Il y a d’abord la nécessité d’inclure la contrainte budgétaire, temporelle et inter-temporelle, pour comprendre comment sont payées les importations. Une analyse en équilibre général est également nécessaire pour identifier les effets du commerce sur la distribution des revenus. Enfin, une analyse 44 en équilibre général permettra d’identifier les raisons des différences entre les courbes d’offre et de demande entre pays. 45 La figure A.1(a) représente la fonction de demande d’un consommateur pour un bien quelconque X. Elle indique que le prix auquel le consommateur accepterait de payer la première unité de X qu’il consomme est P(1). On peut donc interpréter P(1) comme la valeur (exprimée en termes monétaires) que le consommateur accorde à cette première unité de consommation. Si le prix était P(2), le consommateur ferait l’acquisition d’une seconde unité de bien. On peut donc estimer que la valeur que le consommateur accorde à cette seconde unité consommée est P(2). 46 En agrégeant ainsi l’ensemble des valeurs que le consommateur accorde à chaque unité consommée, on en déduit la valeur exprimée en termes monétaires que le consommateur accorde à sa consommation totale (C). Cette dernière correspond à l’aire bleutée de la figure A.1(a). Notons que la fonction P(X) décrite ici représente en fait la fonction de demande inverse du consommateur: X = D(P); P(X) = D-1 (X). Si la consommation porte sur un bien divisible la valeur monétaire totale que le consommateur accorde à une consommation de C unités sera donnée par 𝐶 ∫ 𝑃(𝑋). 𝑑𝑋 0 C’est à dire par la zone ABCO de la figure A.1(b). Soit P le prix du marché, le consommateur va pousser sa consommation jusqu’à ce que la valeur qu.il accorde à la dernière unité consommée soit égale à son prix c’est à dire en C sur la figure A.1(c). La valeur accordée par le consommateur à sa consommation est 𝐶 ∫ 𝑃(𝑋). 𝑑𝑋 0 comme cette dernière ne lui coûte en fait que P.C (avec P = P(C)), le consommateur enregistre un surplus SC: 𝐶 𝑆𝑐 = ∫ 𝑃(𝑋). 𝑑𝑋 − 𝑃. 𝐶 0 représenté graphiquement par la zone ABP de la figure A.1(c) 47 Le surplus, différence entre la valeur que le consommateur accorde à sa consommation et le coût d’acquisition de cette dernière fournit une évaluation monétaire de ce « gagne » le consommateur en consommant. A.1.2 Variation de prix et variation de surplus La variation de surplus du consommateur constitue une méthode commode pour évaluer l’effet sur la satisfaction du consommateur d’une variation de prix. Si comme sur la figure A.2 le prix de X passe de P0 à P1, la variation de surplus du consommateur ΔSC sera donnée par la surface bleutée 𝐶1 𝐶0 ∆𝑆𝑐 = 𝑆𝑐1 − 𝑆𝑐0 = [∫ 𝑃(𝐶). 𝑑𝐶 − 𝑃1 . 𝐶1 ] − [∫ 𝑃(𝐶). 𝑑𝐶 + 𝑃0 . 𝐶0 ] 0 0 La variation de surplus du consommateur peut être mesurée plus facilement en retournant et en faisant pivoter le graphique de manière à placer les quantités en ordonnées et les prix en abscisses. Comme le montre la figure A.3 la variation de surplus du consommateur est donnée par: 𝑃1 ∆𝑆𝑐 = ∫ 𝐶(𝑃). 𝑑𝑃 𝑃0 La variation de surplus permet de calculer l’équivalent monétaire du gain ou de la perte de bien-être du consommateur, consécutif à la modification du prix du bien. 48 A.1.2 Justification théorique On considère maintenant que le consommateur dispose d’un revenu R qu’il consacre à l’acquisition du bien X et d’un panier de biens noté Z. Z est un indice de quantité qui regroupe tous les biens consommés à l’exception du bien X. Les pondérations sont choisies de manière à ce que le prix initial de Z soit 1 (il suffit de retenir, comme pondération pour le panier, le prix initial de chaque bien). 𝑅 = 𝑃. 𝑋 + 1. 𝑍 (A.1) Z représentent aussi la part du revenu qui n’est pas consacrée à l’acquisition du bien X On supposera simplement que les préférences du consommateur peuvent être décrites par la fonction d’utilité suivante (fonction d’utilité quasi-linéaire): 𝑈 = 𝑈(𝑋, 𝑍) = 𝑍 + 𝑢(𝑋) (A.2) où u est supposée croissante et concave: u’(X) > 0 et u"(X) < 0. La contrainte budgétaire impose 𝑍 = 𝑅 − 𝑃. 𝑋, l’équation A.1 peut ainsi s’écrire: 𝑈(𝑍, 𝑋) = 𝑈(𝑋) = 𝑅 − 𝑃. 𝑋 + 𝑢(𝑋) (A.3) La maximisation de U permet de définir la quantité demandée de X en fonction de son prix puisque: 𝜕𝑈 𝜕𝑋 = 𝑢′ (𝑋) − 𝑃 = 0 9 9 Notons que s’il s’avérait que 𝑢(𝑅/𝑃) > 𝑃 la solution de A.3 serait alors supérieure à R/P ce qui conduirait à une valeur de Z < 0. Une écriture plus rigoureuse serait: 49 L’équation A.3 fournit une relation entre X et P qui correspond à la fonction de demande inverse : 𝑢′ (𝑋) = 𝑃(𝑋) = 𝑃 (A.4) La demande pour le bien X est : 𝑋 = 𝑢−1 (𝑃) La demande est donc indépendante du revenu. La fonction A.5 correspond à la fonction de demande inverse telle que nous l’avons utilisé tout au long du chapitre. Si le consommateur ne consomme pas de bien X (𝑋 = 0) sont utilité est : 𝑈(0) = 𝑅 + 𝑢(0). Si le consommateur consomme C unités de bien X sont utilité est : 𝑈(𝐶) = 𝑅 − 𝑃. 𝐶 + 𝑢(𝐶): Le supplément d’utilité obtenu par le consommateur grâce à sa consommation de C unités de X est ainsi : 𝑈(𝐶) − 𝑈(𝑂) = 𝑅 − 𝑃. 𝐶 + 𝑢(𝐶) − 𝑅 − 𝑢(𝑜) = 𝑢(𝐶) − 𝑢(0) − 𝑃. 𝐶 = [𝑢(𝑋)]𝐶𝑂 − 𝑃. 𝐶 Par définition de l’intégrale de la fonction u : 𝐶 𝐶 𝑈(𝐶) − 𝑈(𝑂) = ∫0 𝑢′ (𝑋). 𝑑𝑋 − 𝑃. 𝐶 = ∫0 𝑃(𝑋). 𝑑𝑋 − 𝑃. 𝐶 (A.5) Le dernier terme de cette double égalité correspond exactement à la formule de calcul du surplus consommateur. L’équation A.5 indique que lorsque la fonction d’utilité est quasi-linéaire, le surplus du consommateur liée à une consommation de C unité correspond au supplément d’utilité que procure ces C unités. Notons que SC représente le supplément de revenu qu.il faudrait donner au consommateur pour qu’il accepte de renoncer à sa consommation de X car compte tenu de A.4: 𝑈(0, 𝑅 + 𝑆𝐶) = 𝑢(0) + 𝑅 + 𝑆𝐶 = 𝑢(0) + 𝑅 + 𝑢(𝐶) − 𝑢(0) − 𝑃. 𝐶 et donc: 𝑈(0, 𝑅 + 𝑆𝐶) = 𝑢(𝐶) + 𝑅 − 𝑃𝐶 = 𝑈(𝐶, 𝑅 − 𝑃𝐶) 𝑅 𝑢(𝑋) = 𝑃 𝑠𝑖 𝑢 ( ) ≤ 𝑃 𝑃 𝑋 = 𝑅/𝑃 𝑠𝑖 𝑢(𝑅/𝑃) > 𝑃 50 L’utilité que le consommateur retire de sa consommation de X est équivalente à celle qu.il pourrait retirer d’une consommation nulle de X et d’une augmentation de revenu de SC Lorsque la fonction d’utilité est quasi-linéaire, la variation de surplus indique la variation de revenu qui aurait le même effet sur le bien-être du consommateur que la variation de prix. Soit: 𝑈𝐴 = max 𝑈(𝑋, 𝑍) 𝑠. 𝑐 𝑅 + ∆𝑆𝐶 = 𝑍 + 𝑃0 . 𝑋 𝑈𝐵 = max 𝑈(𝑋, 𝑍) 𝑠. 𝑐 𝑅 = 𝑍 + 𝑃1 . 𝑋 On montre aisément que UA = UB: Puisque: 𝑈𝐴 = 𝑢(𝐶0 ) + 𝑅 + ∆𝑆𝐶 − 𝑃0 . 𝐶0 𝑈𝐵 = 𝑢(𝐶1 ) + 𝑅 −𝑃1 . 𝐶1 ∆𝑆𝐶 = [𝑢(𝐶1 ) − 𝑢(0)] − 𝑃1. 𝐶1 − [𝑢(𝐶0 ) − 𝑢(0)] + 𝑃0. 𝐶0 ∆𝑆𝐶 = 𝑢(𝐶1 ) − 𝑢(𝐶0 ) − 𝑃1. 𝐶1 + 𝑃0. 𝐶0 alors 𝑈𝐴 = 𝑢(𝐶0 ) + 𝑅 + [𝑢(𝐶1 ) − 𝑢(𝐶0 ) − 𝑃1. 𝐶1 + 𝑃0. 𝐶0] − 𝑃0 . 𝐶0 𝑈𝐴 = 𝑢(𝐶1 ) + 𝑅 − 𝑃1. 𝐶1 = 𝑈𝐵 A.2 Variation équivalente, variation compensatoire Dans le cas plus général où la fonction d’utilité n’est pas quasi-linéaire il existe deux mesures possibles permettant d’évaluer la variation d’utilité d’un consommateur en équivalent monétaire: la variation équivalente (VE) et la variation compensatoire (VC): Définition: On appelle variation équivalente de revenu, la réduction de revenu qui devrait être appliquée dans la situation initiale (avant une hausse de prix par exemple) pour que le consommateur obtienne le même niveau de satisfaction que dans la situation finale (après la hausse de prix). Définition: On appelle variation compensatoire de revenu, le supplément de revenu qui devrait être ajouté dans la situation initiale pour que le consommateur retrouve un niveau de satisfaction égal à celui de la situation initiale. 51 Considérons le cas classique où la consommation porte sur deux biens X et Y: On notera 𝑃𝑋 le prix du bien X, 𝑃𝑌 le prix du bien Y et R le revenu du consommateur. Le choix du consommateur pour un prix 𝑃𝑋 = 𝑃𝑋0 est le point A reporté sur les figures A.4 et A.5. Supposons que 𝑃𝑋 augmente et passe à 𝑃𝑋1 > 𝑃𝑋0 . Le choix du consommateur se porte alors en C. En C le bien-être du consommateur a baissé comme l’indique le passage de 𝑈0 à 𝑈1. 52 La variation équivalente VE indique le revenu qu’il faudrait enlever au consommateur pour qu’aux prix 𝑃𝑋0 il obtienne le même niveau de bien-être qu’en C. Avec des prix 𝑃𝑋0 et 𝑃𝑌 et un revenu 𝑅 + 𝑉𝐸 le choix du consommateur se porterait en B situé sur la même courbe d’indifférence que C. Une hausse du prix ∆𝑃𝑋 = 𝑃𝑋1 − 𝑃𝑋0 est donc équivalente en terme de bien-être à une baisse de revenu de 𝑉𝐸. La variation compensatoire 𝑉𝐶 indique le revenu qu.il faudrait donner au consommateur pour qu’au prix 𝑃𝑋1 il retrouve le même niveau de bien-être qu’en A. Avec des prix 𝑃𝑋1 et 𝑃𝑌 et un revenu 𝑅 + 𝑉𝐶 le choix du consommateur se porterait en D situé sur la même courbe d’indifférence que A. Une hausse du prix ∆𝑃𝑋 = 𝑃𝑋1 − 𝑃𝑋0 peut donc être compensée en termes de bien-être par une hausse de revenu de 𝑉𝐶. Les notions de 𝑉𝐸 et de 𝑉𝐶 permettent d’évaluer en termes monétaires les effets sur le bien-être de variations de prix. On peut démontrer que le surplus du consommateur est une mesure exacte de la variation compensatoire et de la variation équivalente lorsque la fonction d’utilité est quasi-linéaire (𝑉𝐸 = 𝑉𝐶 = ∆𝑆𝐶) Dans un cas plus général, on peut considérer que le surplus du consommateur est une approximation acceptable de la variation de bien-être en équivalent monétaire puisqu’on peut monter qu.il est compris entre la 𝑉𝐸 et la 𝑉𝐶10. A.3 Surplus du Producteur A.3.1 La notion de surplus du Producteur La figure A6(a) représente la fonction d’offre de X d’un producteur. Elle indique que le producteur accepterait de vendre la première unité de X produite au prix 𝑃(1): Comme il reçoit en fait le prix du marché P il dégage un surplus sur cette première unité égal à 𝑃 − 𝑃(1). De même le producteur serait disposé à vendre la deuxième unité au prix 𝑃(2) et dégage ainsi un surplus sur cette deuxième unité égal à 𝑃 − 𝑃(2): En agrégeant le surplus de chaque unité produite on obtient le surplus total du producteur (aire bleutée de la figure A6(a)). 10 Pour une démonstration de cette propriété du surplus du consommateur voir Varian (1995) pp169-171 53 Notons que la fonction P(X) représente cette fois la fonction d’offre inverse du producteur : 𝑋 = 𝑆(𝑃); 𝑃(𝑋) = 𝑆 −1 (𝑋) Si la production porte en fait sur un bien divisible, le surplus du producteur Sp associé à une production de Q unités sera donné par: 𝑄 𝑄 𝑆𝑃 = ∫ [𝑃 − 𝑃(𝑋)]𝑑𝑋 = 𝑃. 𝑄 − ∫ [ 𝑃(𝑋)]𝑑𝑋 0 0 qui correspond graphiquement à la surface APB de la figure A.5(b). A.3.2 Profit et surplus du Producteur Le producteur qui maximise son pro.t détermine son offre en égalisant coût marginal et recette marginale. Sur un marché concurrentiel, la recette marginale du producteur est donnée par le prix de vente du bien. Il en résulte que la courbe d’offre inverse du producteur se confond avec la courbe de coût marginal de production. On notera 𝑐𝑚(𝑄) et 𝐶𝑇(𝑄) le coût marginal et le coût total associé à une production de Q unités de X; . Pour un prix de marché égal à P, le surplus du producteur correspond à la surface APB de la figure A6(b); il correspond également à la différence entre les surfaces OPBQ et OABQ, ainsi: 𝑄 𝑆𝑃 = 𝑃. 𝑄 − ∫ 𝑐𝑚(𝑋). 𝑑𝑋 = [𝐶𝑇(𝑋)]𝑄0 = 𝑃. 𝑄 − 𝐶𝑇(𝑄) + 𝐶𝑇(0) 0 54 Au terme 𝐶𝑇(0) près, SP représente la différence entre recette totale (PQ) et coût total. Exprimé en termes de variation le surplus du producteur se confond avec le profit ( 𝜋 ) ∆𝜋 = ∆𝑆𝑝 55