Modélisation thermodynamique de la matière E. GAGNIERE (04.72.43.18.52) ([email protected]) Laboratoire d’Automatique, de Génie des Procédés et de Génie Pharmaceutique LAGEPP - UMR CNRS 5007 - UCB Lyon I 1 RAPPEL SUR LES BILANS 1- Principes de conservation – Bilan d’un système « Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme » Lavoisier Préciser le système, et sur quoi est fait le bilan Bilans sur des quantités correspondant à un intervalle de temps donné, ou sur des quantités par unité de temps Exemples : bilan de matière global ou par espèce, en masse ou en mole, bilan d’énergie, bilan d’entropie 2 conventions pour les bilans: Convention du génie des procédés : Entrée + Production = Sortie + Consommation + Variation du contenu >0 >0 >0 >0 Entrée/sortie =termes d’échanges avec le milieu extérieur Convention de la thermodynamique : Echange + Production / Consommation = Variation du contenu Quantités reçues ou produites : >0 Quantités cédées ou consommées : <0 2 Exemple de bilan: qme (kg/s) M(t) qms (kg/s) Système uniforme (les variables qui le décrivent ne varient pas dans l’espace) Bilan de masse global (convention GEP): E + P = S + C + V qme + 0 = qms + 0 + dM/dt 2- Bilan d’énergie d’un système thermodynamique uniforme =1er principe de la thermodynamique Energie de l’univers = cte Création ou destruction de l’énergie = impossible L’énergie est multiforme 3 z Balle de masse M : Energie mécanique totale Eméca = Ec+Ep=1/2Mv2+Mgz Ec Ep Diminution définitive et irréversible de Eméca due aux forces de frottement Force de frottement = force dissipative ou non conservative Ec Ep t Eméca = 0 Eméca = 0 La balle, l’air et le sol sont de la matière qui contiennent de l’énergie Energie interne = énergie de la matière Disparition de Eméca correspond à une transformation en une autre forme d’énergie Principe de conservation de l’énergie 4 Soit un système ouvert et uniforme : c 1 2 système N-2 N-1 N k V t d d t x électrique…(ex : Pe Termes d’échange du bilan : Entrées et sorties : échange de chaleur à travers la paroi par unité de temps ; énergie thermique c : échange d’énergie non thermique à travers la paroi ; énergie mécanique, ) Pour une canalisation k, on considère l’énergie transportée par la matière échangée: υ k2 gz k u k Pk v k q mk 2 Débit massique kg/s Ec Epp Eméca (J/kg) Énergie interne spécifique du flux Énergie mise en jeu quand la matière entre ou sort U(J) = M(kg) u(J/kg) J/s = W 5 Terme de variation du contenu: Système de masse M : énergie interne U=Mu vitesse υ altitude z υ2 d M u gz 2 dt υ2 d M u gz N 2 υ 2k c q mk gz k u k Pk v k dt k 1 2 Avec qmk>0 pour une entrée qmk<0 pour une sortie Bilan de masse globale : N q mk k 1 dM dt Pas de terme de production/consommationl’énergie est conservative U = fonction d’état ; on définit H (fonction d’état) H=U+PV et h=u+Pv Coupler bilan d’énergie et bilan de masse Variations de Ec et de Ep souvent négligeables Echange d’énergie non thermique par changement de volume sous l’effet d’une pression extérieure c Pext dV dt 6 Exemples de bilans d’énergie Systèmes fermés au repos : qmk = 0 c dMu dU dt dt dU Q U 2 U1 dt dV dU dV • Si c -Pext @ Pext dt dt dt • Si c 0 Or H U PV dU dH d(PV) dU dH PdV VdP dP dV dH dV P V Pext dt dt dt dt dH dP dV V P - Pext dt dt dH dt Si P Pext cte , Φ Q H 2 H1 dt Systèmes ouverts en régime transitoire ou instationnaire: N c q mk h k k 1 dU dt Systèmes ouverts en régime permanent ou stationnaire: N c q mk h k 0 k 1 7 3- Bilan d’entropie d’un système thermodynamique uniforme =2nd principe de la thermodynamique Entropie = extensité de la chaleur Entropie = non conservative, elle est source de création, jamais de destruction L’entropie de l’univers ne peut qu’augmenter 1 Soit un système ouvert et uniforme : Frontière du système en contact avec M sources thermiques 2 N-2 système k j N-1 N Tj Termes d’échange du bilan : Entrées et sorties j Tj (W/K): flux d’entropie échangée à la frontière du système lors de l‘échange du flux de chaleur j avec la jème source thermique à Tj qmksk: entropie transportée par la matière via le dispositif k débit massique kg/s entropie massique J/kg/K S(J/K) = M(kg) s(J/kg/K) 8 Terme de production : σ (W/K) : terme de source de production d’entropie ; σ 0 processus réversibles : σ 0 ; processus irréversibles σ 0 Terme de variation du contenu: dS d Ms dt dt M j j1 j T N q mk s k σ k 1 Système de masse M et d’entropie S=Ms dS d Ms , avec σ 0 dt dt Exemples de bilans entropie Systèmes fermés : M j dS T dt j1 j Si adiabatique : dS dt 9 RAPPEL SUR LES DIAGRAMMES DE PHASE DU CORPS PUR 3 états physiques principaux de la matière : L/V/S ; un état particulier : FS Le diagramme représentatif des états d’équilibre d’un CP comporte les différentes zones Chaque zone est un système homogène caractérisé par 2 variables indépendantes (ex : T, P) Il existe des domaines où 2 phases homogènes coexistent à l’équilibre (S‐V, S‐L, L‐V) :on parle de système hétérogène. Si on fixe 1 variable intensive, on fixe l’état du système Plan (P,v) P FS S l s Point critique L S+L l L+V v M V T=Tc=cte Point triple s v S+V T=cte T=cte vl v vv v 10 Isotherme : confondue avec les isobares dans les zones d’équilibre entre phases homogènes Sur les segments horizontaux : équilibre entre 2 phases ; segment bornée par 2 points de la courbe de saturation Règle des leviers (moments) : v - vl x v v vl x : titre massique en vapeur v : volume massique global du mélange vl : volume massique de la phase liquide vv : volume massique de la phase vapeur 11 Chapitre 10 : Calcul du volume spécifique des corps purs à l’état fluide – Principe des états correspondants 1- Définition Équation d’état : relation de la forme f(P,v,T)=0 Ex : Gaz Parfait :Pv#-RT=0 Il existe des équations d’état capables de représenter uniquement l’état gazeux Ex : Gaz Parfait :Pv#=RT RT Ex : équation d’état du Viriel : v B(T) P Il existe des équations d’état capables de représenter la totalité de l’état fluide (applicable au L, G, FS) = équations d’état à vocation universelle RT a a et b=ctes pour P(T, v) v - b v 2 un CP donné 2- Modèles des équations d’état à vocation universelle pour les fluides : l’équation de Van der Waals Ex : Equation d’état de Van der Waals: RT a a v b RT ou P P 2 (v b) v 2 v 12 • Ajustement des paramètres a et b P Point critique L+V L’isotherme critique passe par le point critique avec une inflexion à tangente horizontale T=Tc v P Tangente horizontale: v T point 2 P Point d’inflexion: 2 v T point 0 (1) critique 0 (2) critique Equation d’état vérifiée au point critique: Pc (1)+(2)+(3) 1 RTc b 8 Pc 2 2 a 27 R Tc 64 Pc RTc a v c - b v c2 (3) 13 • Isothermes de Van der Waals dans le plan (P,v) P FS Point critique Pc T>Tc M PM L v2 v1 Pm a P 2 v - b RT v RT 2 a ab v v 0 v3 b P P P m v3 V T=Tc T<Tc Polynôme de degré 3 : nombre de racines réelles dépend de T v T>Tc : 1 racine réelle = volume spécifique du fluide supercritique T=Tc : 1 racine réelle = volume spécifique du point critique vc quand P=Pc T<Tc : l’isotherme présente 2 extrema (M et m) Si Pm<P<PM 3 volumes solutions donc 3 solutions réelles Si P<Pm ou P>PM 1 solution réelle unique représentant le L ou la V NB :équation VdW = équation d’état cubique cad pour T et P donné, v est solution d’une équation du 3ème degré 14 • Principe des états correspondants Proposé à partir de VdW S’apparente à l’analyse dimensionnelle Démarche d’adimensionnalisation appliquée en thermo pour le calcul des propriétés de la matière Principe des états correspondants à 2 paramètres VdW en coordonnées réduites avec T TR Tc PR P Pc vR v vc coordonnées réduites (-) 3 PR 2 3v R 1 8TR vR Dépend de 0 paramètre = équation d’état universelle (la même pour tous les composés) Représentation de façon unique du comportement des corps réels dans l’état fluide à l’aide des coordonnées réduites PR et TR NB :vR ou de façon équivalente z (facteur de compressibilité) est une fonction de PR et TR z Pv z(PR , TR ) RT 15 Définition : 2 composés sont dans des états correspondants s’ils ont les mêmes coordonnées réduites PR et TR Exemple : TR 2 PR 0,5 On fixe Tc 190K CH 4 Pc 46Bar Tc 370K C3H 8 Pc 42,5Bar Quand méthane est à T 380K et propane à P 23Bar T 740K P 21,25Bar Ils sont dans des états correspondants (même PR et TR ) Principe des états correspondants à 2 paramètres : ok pour des composés de même taille, même forme, et apolaire modèle simple Principe des états correspondants à 3 paramètres zc (facteur de compressibilité critique) comme 3ème paramètre Inconvénient : zc n’est pas connu avec une grande précision et ne varie pas beaucoup w (facteur acentrique) pour représenter la forme des composés apolaires P T 0,7 w log10 lv R 1 Pc w proportionnel à la taille et à l’allongement de la molécule (w=0 pour des molécules sphériques, w lorsque les molécules s’allongent) 16 η 2 Pc moment dipolaire réduit pour les composés polaires η R 2 avec η moment dipolaire Tc (Debye) 3- Mise en œuvre des équations d’état f(P,v,T,a,b,A,B,…)=0 avec a, b, A, B, … paramètres empiriques Travail réalisé pour une famille de corps (plutôt que pour chaque corps) Grâce au principe des états correspondants : expression de calcul des paramètres sous forme de relations adimensionnelles fonction des coordonnées critiques, du facteur acentrique, et d’autres paramètres éventuels Cf annexe 3 poly cours Equations d’état cubiques dérivées de VdW Redlich et Kwong [RK] Soave Redlich et Kwong [SRK] Peng et Robinson [PR] Equations d’état spécialisées Pour la phase liquide : Rackett Pour la phase vapeur : Viriel 17 Chapitre 11 : Calcul des propriétés thermodynamiques des corps purs 2 catégories de modèle : • Modèles de calcul des propriétés des zones homogènes • Équations d’état à vocation universelle (représente L, V, FS, ELV) Basée sur notion de trajet de calcul et origine choisie 1- Fugacité d’un corps pur Rappel sur les conditions d’équilibre entre phases d’un CP: (a, b = 2 phases) Ta Tb T Équilibre thermique Pa Pb P Équilibre mécanique g g b Équilibre chimique = pas de transfert de matière entre les 2 phases a NB : g= enthalpie libre molaire ou massique dP RTdlnP GP à T donnée : dg v dP RT P P # # ref Intégration état de référence : g (T, P) g (T, P ) RTln ref P # # Corps réels : f = fugacité =pression équivalente dg # RTdlnf à T fixée et f 1 quand P 0 ou v P GP 18 f2 g (T, P ) g (T, P ) RTln Entre 2 états 1 et 2 à même T, alors 2 2 1 1 f1 Les conditions d’équilibre entre 2 phases d’un CP (ga=gb) peuvent aussi s’écrire en fonction de la fugacité (fa=fb) 2- Equilibre entre phases des corps purs Comment calculer : pression d’équilibre Pab(T)? enthalpie de changement d’état molaire ou massique Δh ab (T)? Relation de Clapeyron: dPab Δh ab dT TΔvab Enthalpie de changement d’état volume de changement d’état Relation générale : aucune hypothèse sur la nature des phases • Equilibres L/V : calcul de Plv(T) dPlv Δh lv dT TΔvlv Hypothèse : Δhlv=cte vmolaire liquide négligeable devant celui de la vapeur # Vapeur : GP : v vv dPlv Δh lv Plv dT RT 2 RT P 19 Plv ln On montre que : ref P Δh lv 1 1 ref R T T Relation de Clausius-Clapeyron ln(Plv) fonction linéaire de 1/T Δhlv varie beaucoup entre point triple et point critique Hyp GP fausse quand P Autres équations empiriques de l’équation de la courbe de vaporisation : B avec A, B, C 0 TC at bt1,5 ct dt6 ln(Plv ) Equation de Wagner 1 t t 1 T R Corrélation d’Antoine ln(Plv ) A • Equilibres S/V et S/L Techniques peu nombreuses Intégration de Clapeyron à partir d’hyp simples et réalistes 20 3- Calcul des propriétés d’une phase fluide à partir de l’état GP Équations d’état : capables d’estimer la correction qu’il faut apporter au GP pour obtenir la propriété du fluide Correction = gradeur résiduelle # res x FR x GP x 2 calculs possibles: CAS 1 : on part de l’état GP aux mêmes P et T CAS2 : on part de l’état GP aux mêmes vspécifique et T CAS 1 : Etat 1 GP à T et P Etat 3 Fluide réel à T et P Etat 2 corps à T et P0 CAS 2 : Etat 1 GP à v et T Etat 3 Fluide réel à T et v Etat 2 corps à T et vꝏ 21 Quand P0 ou v ꝏ, l’état de tout fluide réel se confond avec l’état GP CAS 1 et 2 = transformation isotherme Certaines équations d’état dégénèrent en l’équation d’état GP quand P0 ou v ꝏ(cf annexe 3) - Exemple : Viriel et VdW (+ généralement les équations d’état cubiques) Seules ces équations sont utilisables le long des 2 trajets de calcul • Expression des termes résiduels pour les fonctions d’état usuelles : cas de la fonction enthalpie v dh c dT v T dP p T P dh# c#dT GP p Fluide Réel Comme h(T,P) trajet de calcul du CAS 1 Δh res T, P h T, P h # T h 3 h1 h 3 h 2 h 2 h1 FR GP État 3 =0 car détente isotherme d’un GP P res v # Δh T, P hT, P h (T) v T dP T P 0 # res État 2 hT, P h T Δh T, P 22 Cas de l’énergie interne : P du cvdT T P dv T v # # GP du cvdT Fluide Réel Comme u(T,v) trajet de calcul du CAS 2 Δu res T, v u T, v u # T u 3 u1 u 3 u 2 u 2 u1 FR =0 car détente isotherme d’un GP GP État 3 P Δu res T, v u T, v u # (T) T - P dv T v v Cf annexe 4 État 2 • Utilisation des équations à vocation universelle (ex : équations d’état cubiques représentant les propriétés du L, V, FS et ELV Dans les zones homogènes Il faut définir une origine pour le trajet de calcul complet 23 Etat de référence : GP à T0 et P0 T Pour h(T,P) : h T, P h (T0 ) c p (T)dT Δh # # T0 État GP à T avec origine res (T, P) Terme résiduel dP dT # res # # R s T, P s (T, P) Δs (T, P) or ds c (T) Pour s(T,P) : p T P T P dT # # res sT, P s (T0 , P0 ) c p (T) Rln Δs (T, P) T P0 T0 Terme résiduel État GP à T,P avec origine # Pour f(T,P) :on introduit le coefficient de fugacité φ (T,P) : f T, P T, P f T, P P Equilibre L/V : forme des isothermes obtenue à l’aide d’une équation d’état cubique ELV n’existe que si T<Tc or dans cette zone une partie de l’isotherme présente un caractère sigmoïde sans réalité physique (entre E et F) P FS Point critique T>Tc E L v l F on remplace la sigmoïde par un segment horizontal lv dont la position doit être conforme à la propriété de l’ELV (gl=gv) V T<Tc T=Tc v Le segment est placé de manière à définir 2 zones de surfaces égales (règle de Maxwell) 24 4- Trajet de calcul par morceaux en isotherme Approche différente – chaque zone homogène décrit par une méthode adaptée T<Tc – utilisation des données de changement d’état Exemple : point de départ = vapeur saturante on veut déterminer les propriétés de la phase liquide on connaît les données de l’ELV : Plv(T) et Δhlv (T) v l h l T, P h v T, Plv (T) Δh lv (T) v l T dP T P Plv P 25