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Les grandes étapes de l’aménagement linguistique
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Corbeil distingue lui aussi l’aménagement du statut et
l’aménagement de la langue elle-même (1991 : 22) :
1) L’aménagement du statut :
Il comporte 3 étapes :
1) l’analyse de la situation de départ
2) la définition des objectifs à atteindre
3) l’établissement d’une stratégie de passage de la situation de
départ à la situation d’arrivée
L’analyse de la situation de départ :
Elle repose sur une description objective de la situation
sociolinguistique : il s’agit de mesurer le poids relatif des langues en
présence d’un point de vue démographique et économique, de faire
l’inventaire des usages réels, d’analyser des attitudes des locuteurs à
leurs égards, et « de favoriser l’émergence de consensus au sein de la
population par rapport à une éventuelle réorganisation des relations
entre les langues » (p. 23).
Corbeil insiste sur le caractère multidisciplinaire d’une telle
entreprise. C’est un travail qui nécessite que des linguistes, des
démographes, des juristes, des économistes, des sociologues, des
politologues et d’autres spécialistes unissent leurs efforts. L’auteur
insiste aussi sur la qualité et l’exhaustivité de la description de la
situation de départ. « Cette description clarifie les éléments objectifs
de la problématique sociolinguistique du pays. Elle permet aux
différentes opinions de s’exprimer en toute liberté, de dégager les
consensus qui se manifestent dans l’ensemble de la population et dans
chaque groupe linguistique, de mesurer les écarts, les contradictions
ou même les conflits d’opinions entre les groupes » (p. 23).
Selon lui, les opinions, dans tous les pays, gravitent autour de
deux modèles idélogiques : l’idéologie de la langue unique, fondement
de l’unité nationale, modèle clairement formulé par la Révolution
française et l’idéologie du multilinguisme avec égalité de statut des
langues et partage des zones ou des domaines d’utilisation de chacune.
On verra plus loin où se situent les modèles maghrébins.
La définition des objectifs à atteindre :
Il s’agit de définir le type de relation entre les langues en
présence, de préciser leur domaine d’utilisation, de fixer les droits