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TP-1
Mesures et incertitudes
Introduction
Il est impossible de déterminer la valeur d'une grandeur physique, sans que celle-ci ne contienne un
certain taux d’erreur.
Ainsi, tout résultat numérique, qui coule d'une mesure ou d'un calcul, n'a en réalité pas de valeur s'il
n'est pas accompagné d'une estimation, même grossre, des limites à l'inrieur desquelles la "vraie"
valeur devrait se placer.
L'intérêt de nos résultats dépend souvent de notre efficacité dans l'estimation de ces limites.
But du TP
Le but de ce travail est de nous apprendre quelques règles de base pour estimer les limites d'erreurs et
valoriser ainsi nos mesures et nos résultats numériques.
Erreur et incertitude
Toute mesure expérimentale est entachée d'une erreur dont la valeur ne peut être estimée avec
exactitude. Toutefois, même s'il est impossible de déterminer la valeur exacte de l'erreur commise, en
revanche, il est possible pour chaque type d'erreur de calculer sa limite supérieure (en valeur absolue) que
l'on appellera incertitude absolue.
Incertitude absolue et Incertitude relative
Incertitude absolue
La valeur d’une grandeur physique G, doit toujours être accompagnée d’une incertitude g, on écrira
alors que g = g
o
± g (g
o
est la valeur mesurée ou calculée). Cette écriture signifie que la vraie valeur de
g est comprise dans l’intervalle [g
o
- g, g
o
+ g].
L'incertitude absolue g s'exprime dans les unités de la grandeur G.
Exemple
d = (366 ± 2) km 364 km < d < 368 km
m = (2.58 ± 0.03) kg 2.55 kg < m < 2.61 kg
Toutefois, il est erroné d'écrire : d = (15,83379 ± 0,173) m; comme l'incertitude ne doit avoir
qu'un seul chiffre significatif difrent de zéro, alors il faut écrire: d = (15,8 ± 0,2) m.
Incertitude relative
Une incertitude absolue ne permet pas d'avoir une idée sur la qualité d'une mesure. C'est pour cette
raison qu'il faut définir l'incertitude relative, elle permet d'estimer la précision sur le résultat obtenu.
moyennevaleur absolueeIncertitud
relativeeIncertitud =
.
L'incertitude relative n'a pas d'unités, elle s'exprime en général en % ou en.
Exemple: si
m
= (25,4 ± 0,2) m, alors l'incertitude relative est :
m/m = 0.2/25.4 = 0.8%
.
si
L
= (6130 ± 40) cm, alors l'incertitude relative est :
L/L = 0.0065 = 0.65%
.
Module :
LMD - ST- SM
Année 2010-2011
TP de Physique 1
2
Les incertitudes de mesure
Quand nous effectuons une mesure, deux types d'erreurs entrent en jeu :
Les erreurs systématiques : elles sont dues le plus souvent à une imperfection de l'appareillage ou
de la technique de mesure. Elles agissent toujours dans le même sens et leur amplitude est
constante.
Les erreurs aléatoires : généralement elles proviennent des caractéristiques de l'appareillage, de la
technique utilisée, et de l'intervention du manipulateur. Elles sont estimées soit en comparant
statistiquement les résultats d'expériences soigneusement répétées, soit en effectuant un calcul
d'incertitude.
Deux méthodes sont donc utilisées pour évaluer les erreurs aléatoires :
Méthode statistique : elle est la méthode la plus rigoureuse d'évaluation des erreurs
aléatoires, mais elle exige de répéter un grand nombre de fois la manipulation (dans ce TP
nous présenterons une approche statistique élémentaire, et dans l'Annexe2 nous donnons
les bases d'une méthode statistique plus "professionnelle").
Méthode par calcul d'incertitude : Une manière simple d'estimer l'incertitude sur la valeur
d'une grandeur physique est d'utiliser ce qu'on appelle un calcul d'incertitude. Ce calcul
n'est possible que si cette grandeur est liée, par une loi connue, à d'autres grandeurs dont
nous avons déjà une estimation sur leurs incertitudes.
Approche statistique élémentaire
Si l'on répète plusieurs fois de suite, et dans les mêmes conditions, la mesure d'une grandeur G, les
nombres g
i
que l'on obtient sont, en général, légèrement différents.
Souvent, on adopte pour valeur approchée la moyenne arithmétique des différents g
i
:
( )
n
ggg
n
g
g
n
n
ii
m
+++
==
=
...
21
1
n est le nombre de mesures réalisées.
Notons que la valeur g
m
ne représente aucunement la valeur exacte de la grandeur G, mais plutôt une
valeur moyenne.
L'incertitude absolue peut être en première approximation :
mi
ggg =max
, où g
m
est la moyenne des g
i
.
Nous dirons que la valeur exacte g
e
de la grandeur G est comprise dans l'intervalle g
m
- g et g
m
+ g,
autrement dit :
[
]
ggggg
mme
+,
Exemple
Cinq étudiants se sont relayés pour mesurer le diamètre D d'un disque compact (CD), ils
inscrivent leurs résultats dans le tableau suivant:
Etudiant 1 Etudiant 2 Etudiant 3 Etudiant 4 Etudiant 5
120.5 mm 119.0 mm
119.7 mm
118.9 mm
120.0 mm
Leur calcul de la valeur moyenne de ce diamètre leur donne 119,62; et l'incertitude absolue
est : D = max{|+0.88|,|-0.62|,|+0.08|,|-0.72|,|+0.38|} = 0.88 mm. Ils présenteront leur résultat
comme suit (après avoir arrondi les résultats finals obtenus) :
D = ( 119.6 ± 0.9 ) mm.
Le diamètre exact du CD appartient à l'intervalle :
[
]
mmD
e
5.120,7.118
3
L'incertitude relative sur la mesure du diamètre du CD est :
5.7=
m
D
D‰.
N.B.
Si l'un des étudiants trouvait une valeur de D très éloignée de celle de ses camarades (128.3
mm par exemple), cette valeur doit être rejetée, et elle ne doit pas intervenir dans le calcul de D
m
ni de son incertitude.
Remarque:
lorsque vous avez à faire plusieurs opérations mathématiques avant d'aboutir au
résultat final, effectuez tous les calculs intermédiaires sans arrondir. Tout à la fin, vous ajusterez
le résultat final (valeur et son incertitude) avec le bon nombre de chiffres significatifs.
Calcul d'incertitude
Dans la pratique, il arrive souvent que l'on ne puisse mesurer directement la valeur d'une grandeur G.
Toutefois, celle-ci est généralement liée à un certain nombre d'autres grandeurs G
1
, G
2
, etc. directement
ou indirectement mesurables (par exemple, l'énergie cinétique E
c
d'une particule s'écrit en fonction de sa
masse m et de sa vitesse v :
2
2
1mvE
c
=).
Pour trouver la valeur de G, il suffit d'utiliser la relation qui la lie à G
1
, G
2
, Et pour trouver
l'incertitude
G, il faut l'exprimer en fonction de
G
1
,
G
2
, …; pour cela, on utilise une technique simple
qu'on peut appeler la technique logarithmique.
Le calcul d'incertitude se décompose ainsi en 3 étapes:
a) identification de la relation qui doit expliciter toutes les grandeurs utilisées:
b) identification de chacune des incertitudes intermédiaires (celles-ci dépendent souvent du
matériel utilisé).
c) calcul de l'incertitude par la technique logarithmique.
Et il n'y a pas mieux que des exemples pour illustrer la technique logarithmique :
Exemple 1
Pour déterminer la surface
S
d'un rectangle, on mesure ses deux côtés :
L
(longueur) et
l
(largeur). On trouve :
L = (24.6 ± 0.1) cm et l = (8.3 ± 0.1) cm
L'application directe de S = L·I conduit à la valeur :
S = 204.18 cm
2
.
Si l'on conserve cette valeur telle qu'elle est, cela veut dire
que la surface S est connue avec une incertitude de 0.01 cm
2
.
Qu'en est-il en réalité?
Utilisons pour cela la technique logarithmique:
lLS
=
(
)
lLlLS lnlnlnln +==
Passons à la différentielle :
l
dl
L
dL
S
dS +=
Puis passons à l'incertitude :
l
l
L
L
S
S
+
=
.
Finalement, l'incertitude sur S s'écrit :
+
=ll
L
L
SS
A.N.
S = 3.29 cm
2
; qu'on peut arrondir à :
S = 3 cm
2
.
N.B.
La valeur numérique de l'incertitude absolue ne doit pas contenir plus d'un chiffre différent
de zéro.
l
L
4
Le résultat final sera présenté comme suit : S = (204 ± 3) cm
2
.
Et nous dirons alors que la précision sur la valeur de cette surface est de 1.5 %.
Exemple2 : On lâche une masse m d'une hauteur h, on veut calculer sa vitesse v d'arrivée au sol.
Il est facile de monter que l'expression de la vitesse est :
ghv 2=
, v dépend donc de deux
grandeurs h et g (g : accélération de la pesanteur).
Pour estimer l'incertitude sur v, c'est-à-dire v, on procède comme suit :
(
)
2/1
22 ghghv ==
On passe au logarithme de v :
( ) ( )
hgghv lnln2ln
2
1
2lnln
2/1
++==
On applique ensuite la différentielle :
+=
h
dh
g
dg
v
dv 2
1
On remplace maintenant tous les "d " par des "
" , en veillant à remplacer tous les signes – par des
signes +, et mettre des valeurs absolues les grandeurs intermédiaires peuvent être négatives
(dans cet exemple il n'y a pas de problèmes car tout est positif). Et on obtient :
+
=
h
h
g
g
vv2
1
Enfin nous aboutissons à l'incertitude sur v :
+
=h
h
g
g
vv 2
1
A.N.
Si on donne h = (8.50 ± 0.02) m et g = (9.80 ±0.02) ms-2.
La vitesse v s'écrit : v = (12.91 ± 0.03) ms-1.
Et nous dirons alors que la précision sur la valeur de v est de 0.2 %.
Exercice :
Nous avons une masse
M
composée de trois masses
m
1,
m
2 et
m
3, dont les incertitudes
sont
m
1,
m
2 et
m
3. Ecrire l'incertitude
M
en fonction des incertitudes sur
m
1,
m
2 et
m
3.
Chiffres significatifs et incertitudes
Lors de la présentation finale d'un résultat numérique il est important d'accorder le nombre de chiffres
significatifs adéquat.
Dans le cas l'incertitude sur une grandeur intermédiaire n'est pas explicitement donnée, les
scientifiques admettent le niveau du dernier chiffre significatif comme ordre de grandeur de l'incertitude.
Exemple
Si sur une masse
m
utilisée en laboratoire on trouve inscrit 23,0 g, vous interprétez que
m
est
connu à ± 0,1g (on dira alors qu'elle est connue à 0,2 g près).
I = 1.37 A ceci signifie que I = (1.37 ± 0.01) A.
M = 3500 kg ceci signifie que M = (3500 ± 1) kg.
5
Les incertitudes sur le graphe
Il est courant d'étudier graphiquement une propriété, en fonction d'un paramètre, pour en déduire ou
vérifier une loi les reliant. Les rectangles d'incertitudes (ou les barres d'erreurs) doivent être portés sur
le graphe pour juger de la validité de l'interprétation.
Soit un point expérimental défini par les coordonnées : X affecté de l'incertitude ±
X, et Y affecté de
l'incertitude ±
Y. Le tracé de ce point sur un graphe correspond au schéma suivant :
La zone grise correspond à l'aire d'incertitude du point expérimental. Elle peut se duire à une simple
barre si l'une des incertitudes est très faible (on parlera alors de barres d'erreurs).
Une fois mis les rectangles d'erreur, on trace manuellement la meilleure courbe passant au mieux dans
tous les rectangles d'incertitude.
Tracé du graphe
Pour obtenir, dans un temps raisonnable, un graphe exploitable où il est aisé d'analyser un phénomène,
il est recommandé de suivre les neuf étapes suivantes :
1- réaliser avec soin les différentes mesures et reporter les résultats dans un tableau.
2- Estimer les incertitudes x et y pour chaque couple (x,y) du tableau.
3- Choisir convenablement l'origine des axes (il n'est pas indispensable que l'origine des axes
corresponde à x = 0 et y = 0).
4- Nommer les axes en indiquant les unités de x et de y.
5- Choisir une échelle adéquate pour chacun des deux axes (les points expérimentaux doivent se
répartir sur une grande partie de la feuille utilisée).
6- Indiquer sur chaque axe, en suivant l'échelle, quelques points correspondant à des nombres entiers
formant une progression arithmétique. Les valeurs du tableau ne doivent en aucun cas figurer sur
les axes.
7- Représenter les points expérimentaux par des croix (+) dont les branches sont parallèles aux axes.
8- Représenter les rectangles d'incertitudes de côtés 2x et 2y (il est possible que l'incertitude sur
un axe soit négligeable, les rectangles d'incertitude deviennent alors des barres d'erreur).
9- Dessiner la courbe Y(x) qui doit :
couper tous les rectangles d'incertitude.
Avoir une pente variant de façon continue (pas de ligne brisée ni de zigzag).
Si Y(x) est une droite, alors il existe tout un faisceau de droites passant par tous les
rectangles d'incertitude. Il faut alors représenter deux droites : celle de pente minimale et
celle de pente maximale.
La pente et son incertitude s'écriront alors :
2
2
minmax
minmax
PP
PP
P
±
+
=
X
Y
+X
+Y
-Y
-X
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