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LA CHINE : DES TRAITES INEGAUX A 1911
2013
Chap. 8 LA CHINE : DES TRAITES INEGAUX A 1911
- Définir : «guerres de l’opium
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», « traités inégaux », « break up of China », « zones
d’influence », « territoires à bail » ;
- Présenter les causes et les manifestations de l’impérialisme européen en Chine ;
- Présenter les conséquences (réactions des populations) de l’impérialisme européen en
Chine.
INTRODUCTION
- Présenter la situation politico-économique et sociodémographique de la Chine avant
son ouverture forcée aux nations occidentales.
La Chine est une monarchie qui est conquise au XVIIe siècle par un peuple venu de Mongolie
orientale (les Jurchen du Jehol) et qui s’est fait appeler les Mandchou et a pris le titre
dynastique de Qing. Cette conquête qui a commencé en 1618 ne s’acheva qu’n 1661. Dès lors
commença une longue période d’expansion de la Chine dans les steppes, en Asie centrale et
au Tibet. C’est ainsi que l’ « Empire du Milieu » atteignit son apogée entre 1736 et 1796,
s’étendant de la mer d’Okhotsk au lac Balkach, englobant non seulement le Tibet et le
Turkestan chinois, mais le territoire de l’Ili, la Mongolie extérieure et l’île de Taiwan. Son
prestige déborde ses frontières et s’affirme sur plus de la moitié du continent : Népal,
Birmanie, Siam, Vietnam, Corée se reconnaissaient les vassaux des empereurs de Pékin. Cette
expansion politique coïncide avec un essor économique et démographique sans précédent. Les
exportations chinoises de thé, de soieries, de cotonnades, de laques, de quincaillerie vers
l’Asie du Sud-Est et jusqu’en Europe progressent rapidement, et le commerce avec l’étranger,
qui ne représente qu’un sixième des trafics intérieurs, est largement bénéficiaire. Son essor est
favorisé pendant tout le XVIIIe siècle par un afflux d’argent en provenance d’Amérique. La
diffusion de nouvelles plantes (sorgho, maïs, patate douce, arachide) qui permet l’exploitation
des sols pauvres, la prospérité générale, la paix intérieure et la douceur des mœurs politiques,
semblent être à l’origine de la plus forte expansion démographique de l’histoire. La
croissance de la population, qui dépassera le chiffre de 300 millions à la fin du XVIIIe siècle,
est d’environ 15% par an au cours de l’ère Qianlong. Elle se ralentira pendant la première
moitié du XIXe siècle et s’arrêtera complètement à partir de 1850. C’est dans ce contexte
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La première guerre de l'Opium débuta en 1839 lorsque le gouvernement chinois confisqua les entrepôts d'opium
situés à Guangzhou (Canton). Le Royaume-Uni répondit en envoyant des navires de guerre en février 1840. Les
Britanniques remportèrent une rapide victoire et le premier des « traités inégaux », le traité de Nankin, mit fin au
conflit le 29 août 1842. Selon ce traité et un autre signé le 8 octobre 1843, la Chine dut payer une indemnité
importante, ouvrir cinq ports au commerce et à l'occupation britannique, et céder Hong Kong au Royaume-Uni.
Le traité donna également le droit aux citoyens britanniques résidant en Chine d'être jugés par des tribunaux
britanniques. D'autres puissances occidentales exigèrent des avantages semblables, qui leur furent accordés.
En octobre 1856, la police de Guangzhou arraisonna le navire chinois sous licence britannique Arrow et accusa
son équipage de contrebande. Impatients d'obtenir davantage de droits commerciaux, les Britanniques utilisèrent
cet incident pour provoquer la seconde guerre de l'Opium. Les forces britanniques et françaises remportèrent une
autre rapide victoire en 1857. Les hostilités reprirent lorsque le gouvernement chinois refusa de ratifier le traité
de Tianjin (T'ien-tsin), signé en 1858. En 1860, après que les forces françaises et britanniques eurent occupé
Pékin et brûlé le palais d'Été, les Chinois acceptèrent de ratifier le traité. Celui-ci ouvrit d'autres ports de
commerce, permit aux émissaires étrangers de résider à Pékin, autorisa les missionnaires chrétiens à entrer en
Chine et développa la libre circulation dans le pays. Plus tard, la vente de l'opium fut légalisée.
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qu’elle a subi l’intervention européenne et japonaise, l’une des raisons qui ont conduit à
l’avènement de la République.
I- L’OUVERTURE FORCEE DE LA CHINE AUX NATIONS OCCIDENTALES
La Chine avait pendant longtemps vécu dans une sorte d’autarcie économique. Or, à partir de
la fin du XVIIIe siècle, l’Europe connaissait des transformations économiques qui la
poussèrent à nouer notamment des relations commerciales avec l’Asie. Face à l’autarcie
économique chinoise, le choix fut fait de contraindre la Chine à ouvrir son marché aux
produits occidentaux. Cela avait cessité au moins quatre guerres dont deux « guerres de
l’opium », à l’issue desquelles des traités dits « inégaux » avaient été signés dont certains
entraînant le « break-up of China ».
A- « Les guerres de L’OpIUm » et les « traités inégaux »
Les guerres de l'Opium débutèrent lorsque le gouvernement chinois essaya de stopper les
importations illégales d'opium faites par les négociants britanniques. Deux guerres (1839-
1842, 1856-1860) entre les Européens et la Chine, dans lesquelles les puissances occidentales
obtinrent des avantages commerciaux et territoriaux significatifs.
1- La première « gUERRE DE L’OpIUm »
1.1. Les causes
Depuis la fin des guerres napoléoniennes, le renouveau des activités commerciales
européennes en Extrême-Orient (Singapour est fondée en 1819) se traduisait par une pression
constante en direction de la Chine. Les firmes étrangères acheteuses de thé et de soie
supportaient avec impatience les restrictions imposées au XVIIIe siècle par le gouvernement
mandchou. Seul Canton était ouvert aux marchands européens, et encore ceux-ci devaient-ils
passer par l’intermédiaire d’une société commerciale chinoise, appelée le Co-hong, qui fixait
à son gré les prix et les contingents. Par ailleurs, l’économie chinoise se suffisait à elle-
même
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; pour équilibrer le volume croissant de leurs achats autrement qu’en important en
Chine du métal-argent, les occidentaux s’étaient mis à pratiquer sur une grande échelle dans
les provinces du Sud la contrebande de l’opium
3
, denrée produite à bon compte par les sujets
bengalis de la compagnie britanniques des Indes orientales.
Les incidents se multiplièrent à Canton, vers 1830-1835, entre marchands anglais et
fonctionnaires chinois. En 1839, Lin Zexu, envo extraordinaire de l’empereur, fit saisir
toutes les caisses d’opium se trouvant dans la ville, pour les brûler au cours d’une cérémonie
expiatoire à caractère religieux.
1.2. La défaite chinoise et le traité de Nankin
2
Les Chinois souhaitent mettre fin aux importations illégales d’opium par les négociants britanniques, qui
ruinent les bases fiscales et morales de l’Empire et creusent le déficit extérieur du pays.
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Mais la Chine, qui vit depuis longtemps en autarcie économique, n’est guère intéressée par le développement
de ses échanges commerciaux. Par ailleurs, les Chinois souhaitent mettre fin aux importations illégales d’opium
par les négociants britanniques, qui ruinent les bases fiscales et morales de l’Empire et creusent le déficit
extérieur du pays.
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La Grande-Bretagne, refusant de mettre un terme à ce négoce lucratif, déclencha les hostilités
à la fin de 1839 avec l’envoi d’un corps expéditionnaire : c’est la « première guerre de
l’opium. » Elle engagea en Chine de sud et vers les bouches du Yangzi une série d’opérations
miliaires qui aboutissent en 1842 à la défaite chinoise. La Chine subît une défaite sévère. Sa
faiblesse militaire, imputable pour partie au ressentiment des Han à l’encontre des
Mandchous, éclata au grand jour. La première guerre de l’Opium s’acheva en 1842
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avec la
signature du traité de Nankin qui offrit à la Grande-Bretagne tous les privilèges commerciaux
qu’elle recherchait.
Selon ce traité et un autre signé le 8 octobre 1843, la Chine dut payer une indemnité
importante, accepta de supprimer le système Co-hong, dut ouvrir cinq ports
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au commerce et
à l'occupation britannique, limiter à 5% ses tarifs douaniers et céder Hong Kong au Royaume-
Uni. Le traité donna également le droit aux citoyens britanniques résidant en Chine d'être
jugés par des tribunaux britanniques
6
. De même, ils étaient autorisés à résider dans les ports
ouverts, ce qui fut le point de départ de la création des « concessions
7
».
D'autres puissances occidentales exigèrent des avantages semblables, qui leur furent accordés.
Au cours des deux années suivantes, la France et les États-Unis obtinrent des concessions
identiques. Aussi, la Chine acceptait-elle de tolérer l’activité des missionnaires interdite
depuis le XVIIIe siècle.
2. La « SECONDE gUERRE DE L’OpIUm »
2.1- Les raisons et le déclenchement
Ce règlement était avantageux pour l’Occident, mais ne satisfaisait qu’à demi ses ambitions.
Le commerce dans les ports ouverts ne progresse pas aussi vite qu’on l’espérait, tandis que les
mandarins locaux se retranchaient derrière les ordres impériaux pour laisser trainer en
longueur les affaires qui surgissent dans les ports su Sud ; en effet, conformément à la
tradition chinoise, les relations avec les « barbares » étaient de la compétence, non du
gouvernement central, mais des fonctionnaires locaux, et les Occidentaux s’accommodaient
mal de cette situation peu conforme à leurs habitudes.
En octobre 1856, la police de Guangzhou arraisonna le navire chinois sous licence britannique
Arrow et accusa son équipage de contrebande. Impatients d'obtenir davantage de droits
commerciaux, les Britanniques utilisèrent cet incident pour provoquer la seconde guerre de
l'Opium. L’Angleterre reprit à nouveau l’offensive, en 1856, appuyée cette par la France. Les
alliés opérèrent d’abord autour de Canton, dont le vice-roi Ye Mingchen, poursuivait la
politique intransigeante de Lin Zexu, puis en Chine centrale. De nouveaux traités signés à
T’ien-tsin (Tianjin), en 1858, accrurent les avantages commerciaux consentis aux
Occidentaux. Mais quand Pékin refusa de les ratifier, le conflit reprit. En 1860, un corps
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29 août 1842
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Canton, Shanghai, Ningbo, Amoy, Fuzhou
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Privilège de l’ « exterritorialité ».
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Quartiers résidentiels des ports soustraits à l’autorité régulière chinoise et administrés par les communautés
marchandes étrangères sous le contrôle des consuls.
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expéditionnaire franco-britannique, sous le commandement de lord Algin et du général
Cousin-Montauban, entra dans Pékin. Le palais d’Été (Yuanmingyuan) fut incendié, en
représailles contre les atrocités commises à l’égard de prisonniers occidentaux. La Chine
signa alors les conventions de Pékin et ratifia les clauses des traités de T’ien-tsin.
2.2. Les clauses des traités de T’ien-tsin
Ces « traités inégaux » furent signés à T’ien-tsin ou Tianjin en juin 1858 entre la Chine et les
quatre puissances impériales occidentales : le Royaume-Uni, la France, la Russie et les États-
Unis. L’application du principe de la nation la plus favorisée rendait leurs termes applicables
à la fois aux pays belligérants et à leurs alliés. Les négociateurs occidentaux cherchaient à
ouvrir la Chine à une plus grande pénétration du commerce occidental et à l’intégrer dans le
système diplomatique international (jusqu’alors, la dynastie Qing insistait pour que les
ambassadeurs étrangers soient traités comme des vassaux barbares). Ils obtinrent l’ouverture
de onze nouveaux ports, dont Tianjin, en tant que ports francs ; la liberté de navigation sur le
Yang-tseu-kiang pour les navires marchands étrangers ; des réductions drastiques des droits
de douane internes ; la légalisation des importations d’opium ; le paiement de lourdes
indemnités de guerre ; le libre exercice de la religion pour les missionnaires chrétiens ; le droit
pour les étrangers détenteurs d’un passeport à voyager librement en Chine ; le droit de
résidence pour les ambassadeurs étrangers
8
à Pékin. De son côté la Russie a fait ratifier par le
gouvernement mandchou l’occupation de vastes territoires chinois au Nord et à l’Est de la
Mandchourie.
Ces clauses furent dûment confirmées par un édit impérial, mais les traités restèrent cependant
en instance. Aussi, les alliés reprirent les hostilités ils occupèrent Tianjin puis Pékin et,
par les conventions de Pékin (octobre 1860), imposèrent au gouvernement impérial la
ratification des traités. Ceux-ci diminuèrent considérablement la souveraineté chinoise dans
des domaines aussi essentiels que l’administration, la justice ou les finances.
B- Les autres guerres contre la Chine
1. La guerre franco-chinoise de 1884-1885
En 1884-1885, la Chine entra de nouveau en guerre contre la France à la suite de
l’intervention française au Tonkin. Formose fut occupée par l’amiral Courbet, qui fit
également bombarder Fuzhou dont l’arsenal avait été créé vingt ans auparavant par des
officiers de marine français. C’est également à Tianjin que fut signé, en juin 1885, le traité qui
mit fin à la guerre franco-chinoise et par lequel la Chine reconnaissait le protectorat français
sur l’Annam et le Tonkin. La France obtint également des avantages économiques dans le
Chine du Sud-Ouest.
2. La guerre sino-japonaise de 1894 et le « break-up of China
9
»
2.1. Le déclenchement de la guerre
8
La Chine accepte d’entretenir avec les pays occidentaux des relations diplomatiques proprement dites ; elle
renonce au terme de « barbare » dans les documents diplomatiques, crée un ministère des affaires étrangères
9
Démembrement
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Les puissances occidentales tentèrent tout d’abord de consolider les avantages commerciaux
acquis par les « traités inégaux » plutôt que de rechercher des privilèges supplémentaires.
Mais, en 1875, elles commencèrent, avec le Japon, à s’attaquer au protectorat chinois sur
l’Asie du Sud-Est. Après 1875, les îles Ryukyu sont placées sous la domination japonaise. La
guerre, qui avait opposé la France à la Chine en 1884 et 1885, fit entrer le Viêt Nam dans
l’Empire colonial français. L’année suivante, la Grande-Bretagne annexait la Birmanie. En
1860, la Russie obtint les provinces du nord de la Mandchourie.
En 1894, les tentatives japonaises pour soustraire la Corée à la suzeraineté chinoise aboutirent
à la guerre sino-japonaise. La Chine subît une défaite rapide, brutale et cisive en 1895. Le
vainqueur annexa Taiwan, les îles Pescadores, la péninsule du Liaodong, s’assura le contrôle
des richesses de Mandchourie.
2.2. Le traité de Shimonoseki et son extension aux puissances occidentales : le démantèlement
de la Chine
Le traité de Shimonoseki mit fin à la guerre sino-japonaise. Signé en 1895, il fit reconnaitre à
la Chine l’indépendance de la Corée, désormais sous influence japonaise, payer une indemnité
de guerre considérable et céder au Japon l’île de Taïwan et la péninsule du Liaodong, au sud
de la Mandchourie.
La Russie, la France et l’Allemagne réagirent immédiatement à la cession du Liaodong,
qu’elles considéraient comme une mainmise du Japon sur l’une des régions les plus riches de
la Chine. Elles intervinrent pour que le Japon rétrocédât cette région en échange d’une
indemnité supplémentaire. Le Japon ayant accepté, les puissances européennes acculèrent la
Chine à de nouvelles concessions.
La victoire du Japon avait ouvert la voie aux ambitions des autres puissances en Chine, par le
jeu de la « clause de la nation la plus favorisée » inscrite depuis 1842 dans tous les traités de
la Chine avec l’Occident. Chacune des grandes puissances industrielles s’efforcent alors, à
l’exemple du Japon, d’obtenir de nouveaux avantages économiques. C’est la « bataille des
concessions », le break-up, version chinoise du mouvement général qui conduisit les groupes
financiers de l’Occident à la recherche de débouchés avantageux pour les capitaux et non
plus seulement pour les marchandises, dans les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.
Entre 1896 et 1902, les puissances firent accepter à la Chine des prêts financiers importants à
des taux élevés. Elles se firent reconnaitre le droit d’exploiter des mines et d’ouvrir des lignes
de chemin de fer, de fonder aussi des usines dans une région particulière d’où leurs
concurrents sont exclus ; ce sont des « zones d’influence ». En 1898, incapable de résister aux
pressions occidentales, la Chine est morcelée en zones d’influence étrangère. La Russie obtint
une concession pour la construction d’une ligne de chemin de fer transsibérienne reliant
Moscou à Vladivostok, en passant par la Mandchourie, ainsi qu’un chemin de fer sud-
mandchou jusqu’à l’extrémité de la péninsule du Liaodong. Elle possédait également des
droits économiques exclusifs sur toute la Mandchourie. D’autres droits exclusifs sur le
développement des chemins de fer et des mines furent accordés à l’Allemagne (Shandong), à
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