sociales sont encore celles d’un pays du tiers monde. Notamment, le taux d’alphabétisation du
pays est faible
; à fortiori, le nombre de diplômés de l’enseignement supérieur, rapporté à la
masse de la population chinoise, est très inférieur à ce qui existe dans les pays occidentaux.
Les productions chinoises peuvent être correctes mais sont bien souvent de médiocre qualité.
Par ailleurs, la rentabilité des entreprises est souvent très faible ; selon les normes
occidentales, beaucoup seraient condamnées à fermer à court terme.
En fait, cinq raisons, toutes mauvaises, expliquent la prétendue « supériorité » chinoise :
Premièrement, la complicité objective des élites occidentales, seules vraies bénéficiaires de
la « mondialisation heureuse » et qui ont ainsi joué contre leur camp. Sans elles et l’idéologie
néolibérale dont elles se sont fait les hérauts, la Chine se serait développée, car il est évident
que ce pays a un fort potentiel. Mais elle l’aurait fait probablement de façon plus
harmonieuse, sans sacrifier ses activités vivrières et en tournant ses efforts vers la création de
son marché intérieur – ce qui, avec plus d’un milliard d’individus, aurait assuré sans difficulté
des débouchés à son industrie naissante.
Deuxièmement, une monnaie qui reste fortement sous-évaluée. Compte tenu de l’énorme
excédent de ses exportations, la monnaie chinoise devrait s’apprécier lourdement par rapport à
celles de ses clients, rendant ainsi ses exportations plus chères et ses importations moins
chères. Or, ce n’est pas le cas. Il y a tricherie, avec la complicité, là encore, des élites
occidentales. Car il s’agit de continuer à vendre avec de grosses marges des produits achetés
presque rien !
Troisièmement, l’absence totale de considération des autorités pour les ouvriers chinois.
La main-d’œuvre, personne ne peut l’ignorer, travaille dans des conditions dignes du 19eme
siècle : cadences infernales, salaires dérisoires, effroyable insécurité dans les usines et dans
les mines, travail des enfants, quasi-esclavage des minggong, véritables « immigrés de
l’intérieur », paysans arrachés aux campagnes par la destruction des activités agricoles… Zola
est de retour, mais loin de nos yeux.
Quatrièmement, une absence totale d’intérêt pour l’environnement, dont la destruction
atteint une ampleur sans précédent, même dans l’ex-Union Soviétique. Comme en URSS,
l’absence de tout contrepoids démocratique n’a pas permis de contrebalancer le désintérêt des
dirigeants chinois pour ces questions. Pas plus que les frontières ne sont fermées aux flux de
produits, elles ne retiennent les polluants, notamment les gaz à effet de serre et les
microparticules toxiques déversées dans l’atmosphère par la combustion de millions de tonnes
de charbon. Le monde entier devra un jour payer cette facture. Et la note sera très salée.
Cinquièmement, les Chinois ont fait main basse sur le plus gros des technologies que les
occidentaux ont mis des siècles à développer. Oh ! Ils ne les ont pas volées, non. Nous les leur
avons simplement données ! Avec les délocalisations, d’une part, car les entreprises sont
évidemment contraintes de révéler leurs procédés à leurs employés chinois. Avec les « grands
contrats », d’autre part, source méconnue de transferts massifs de technologies.
Le taux d’alphabétisation chinois est de 93 %, un petit peu inférieur à celui des Philippines. Tous les pays
occidentaux ainsi que le Japon ont un taux compris entre 99 et 100 %. Un indicateur encore plus intéressant est
l’IDH (indicateur de développement humain) utilisé par les nations unies pour caractériser le développement
d’un pays plus objectivement que le ferait la simple prise en copte du PIB par habitant. Tous les pays
occidentaux ont un indice IDH supérieur ou égal à 0.955, c’est-à-dire très élevé. Avec un IDH de 0.772, la Chine
est en position très moyenne, juste derrière la République Dominicaine et fait nettement moins bien que l’Iran
(0.782).