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Sathya Sai Baba, le Christ, le Bouddha et la non-dualité - Sri S. Suresh Rao

SATHYA SAI BABA, LE CHRIST, LE BOUDDHA
ET LA NON- DUALITÉ
A deux reprises, nous avons déjà proposé des articles sur la non dualité, le premier dans le
numéro du mois d’août et le deuxième dans le numéro d’octobre. Ceci est le troisième article
sur le même sujet et cette fois-ci, nous développons la manière dont Swami et le Christ
prêchent le même principe de vision et de sagesse non dualiste.
‘’Vous ne pouvez pas Me comprendre’’
‘’Vous ne pouvez pas Me comprendre. La
meilleure chose que vous puissiez faire, c’est
d’essayer de vous comprendre vous-même et alors,
vous saurez que vous n’êtes pas différent de
Moi !’’ C’est la déclaration profonde de Swami.
La nature finie des pensées et de la raison (qui ne
permettent qu’une petite avancée), ne suffit pas
pour jauger l’infini. Le mental limité essaye et
réessaye de comprendre l’Illimité, mais il échoue
et finalement, il abandonne cette tâche impossible.
Comment peut-on exprimer ce qui est au-delà du
temps, de l’espace, de la cause et de l’effet à l’aide
du vocabulaire, de la logique, du raisonnement, de
nombres et de volumes, quels que soient nos
efforts ? L’esprit rationnel, avec son raisonnement
et son intellect limités, peut procéder jusque là,
mais pas plus loin.
C’est pour cette raison que les grands rishis et les
sages ont déclaré :
‘’Yato Vacha Nivathanthe Aprapya Manasa Saha.’’ Ce qui veut dire : Comprendre l’Infini
dépasse le mental. Car telle est la nature de Brahman (ou Dieu) et telle est la limite du mental
rationnel.
La spiritualité est donc purement subjective. ‘’Tout le reste peut être objectivé, cela
appartient au domaine de Maya (ou l’illusion)’’, dit Swami, ‘’mais pas le sujet éternel –
l’Atman (le Soi).’’
‘’Aimez mon incertitude’’ – Qu’est-ce que cela veut dire ?
Personne, peu importe le nombre d’années vécues au côté de Swami ou d’observation intime
ne peut prédire les actions de Swami avec certitude. On ne peut jamais comprendre ce qu’Il
fait, quand et pourquoi Il le fait. Quoi qu’il en soit, Son ‘’incertitude’’ nous emmène sûrement
au-delà du concept de cause et d’effet.
A l’aide de la logique et de la raison, nous
établissons et nous relions la cause aux effets.
Ceci nous aide à prévoir, avec une certaine
certitude, notre samsara (ou vie matérielle) de
l’existence relative et le processus de vivre
rationnellement une vie confortable et réussie.
Lorsque nous étudions ‘’l’incertitude de
Swami’’, nous découvrons que la cause n’est
pas nécessairement liée à l’effet. Cette absence
de lien a pour but principal d’amener le mental
au-delà de la confiance en sa propre raison,
pensée et intellect limités. La dissociation
graduelle des pensées qui ont trait à la vie
matérielle et à la dualité conduit donc au
détachement.
‘’Que Ta Volonté soit faite et non la mienne’’,
dit le Christ.
L’ ‘’incertitude’’ autour de Swami sert donc un
grand but dans le progrès du dévot vers
l’abandon. La rationalité et les processus intellectuels qui étaient une entrave se détachent.
‘’Aimez Mon incertitude’’ conduit le dévot vers le but final d’Atma Nivedanam (l’abandon
total), pourvu qu’il soit capable de le mettre sincèrement en pratique.
Critères de progrès
Le chercheur progresse, parce qu’il cesse :
- de rechercher les causes et leurs effets,
- d’être cérébral,
- de peser le pour et le contre,
- de juger les autres de façon trop catégorique.
‘’Ne jugez pas afin de ne pas être jugés’’, a dit le
Christ. Il transcende le monde duel de la cause et
des conséquences. L’intuition qui satisfait la
raison, mais qui la transcende, prédomine.
La Lumière des lumières
Le mot ‘’Dieu’’ ou Brahman est synonyme de
‘’Lumière’’ ; toutefois, il s’agit d’une lumière au
sens figuré et non de la lumière qui est perçue par
les sens et qui est le contraire de l’obscurité.
Décrivant cette Lumière, les Ecritures disent :
‘’Celle par quoi le soleil brille.’’
‘’Celle par quoi les yeux voient.’’
‘’Celle qui de par son éclat, tout le reste resplendit.’’
C’est ce concept transcendant de la Lumière que les anciens voyants proclamaient en disant :
‘’Là, le soleil ne peut pas éclairer, ni la lune, et que dire de ce feu mortel’’.
Conscience constante intégrée
Une fois, Sri Ramakrishna demanda au jeune
Narendra (Swami Vivekananda) : ‘’Si tu étais
une mouche et s’il y avait un pot débordant de
nectar, comment le boirais-tu ?’’
Narendra répondit : ‘’Eh bien, je me poserais au
bord de l’ouverture et lentement, je le siroterais
goutte à goutte jusqu’à plus soif.’’
Ce à quoi, Sri Ramakrishna répondit : ‘’Tu es un
idiot ! Tu devrais plonger au fond du pot et
devenir un avec le nectar !’’
Voilà le véritable advaita ou non dualisme. Ici,
la personne qui expérimente, l’expérience et
l’objet de l’expérience deviennent Un. C’est
l’état auquel Swami se réfère souvent sous le
nom de ‘’Conscience constante intégrée’’.
Qui est le véritable athée ?
En parlant d’athéisme, Swami Vivekananda a une fois dit :
‘’Un véritable athée est quelqu’un qui non seulement nie Dieu, mais aussi le monde.’’
Ceci n’est-il pas révélateur de la Réalité ? C’est époustouflant dans sa nudité et son
importance et cela vaut la peine d’être médité. Le pseudo athéisme n’a pas sa place ici.
Le refus du Créateur, Dieu, mais l’acceptation de la Création (le monde) comme réelle peut au
mieux être qualifié de pseudo athéisme et de concept matérialiste. Pour clarifier ceci, prenons
le cas du Bouddha.
Le cas du Bouddha
Beaucoup proclament que le bouddhisme est une religion
athée. C’est parce que le Bouddha ne prônait aucun Dieu
personnel, mais il parlait toujours du Nirvana (salut) et de
s’élever au-dessus du monde des sens et des dualités.
Swami a parlé du Bouddha à plusieurs reprises pendant
les célébrations de Buddha Poornima.
Le Bouddha dit ceci :
‘’Sarvam Dukham, Sarvam Kshanikam, Sarvam
Anathmam, Nirvana Shantham’’.
Ce qui signifie : ‘’Tout est douleur, tout est temporaire,
tout est sans substance ou illusoire, le salut seul est la
paix.’’
Le Bouddha recommandait donc la Jnana Marga (ou la voie de la sagesse). Il ne s’agissait
donc pas d’athéisme, ce qui est une appellation impropre.
Bouddha montre que Tyaga (le sacrifice) est la seule voie qui conduit à l’immortalité et
Swami a insisté là-dessus à de multiples reprises.
Pour continuer l’histoire du Bouddha, le Bouddha n’encourageait pas le culte des idoles. Mais
après sa mort, il fut vénéré comme un Dieu et pleinement accepté dans le giron hindou. En
réalité, on le compte parmi les 10 Avatars – les incarnations du Seigneur suprême – d’après la
mythologie hindoue. Ceci suggère que la majorité des foules n’était pas encore prête à
absorber ses enseignements non dualistes (ou advaitiques). L’hindouisme accepta le
bouddhisme comme une ramification de l’hindouisme.
Le Christ et la non dualité
Les déclarations du Christ à propos de la non dualité son
nombreuses.
Par exemple, Jésus a dit :
‘’Moi et mon Père sommes Un.’’
Ceci est en fait l’état ultime de la réalisation, l’Advaita
Darshan – la vision de la non dualité.
De Messager de Dieu à Fils de Dieu pour aboutir
finalement à l’unité avec Dieu – ceci, dit Swami, décrit
les trois étapes des trois écoles de philosophie
védantique, à savoir le dualisme (Dvaita), le non
dualisme qualifié (Visishta Advaita) et le non dualisme pur (Shuddha Advaita).
C’est l’ascension que chaque individu doit entreprendre, quelle que soit la confession
religieuse à laquelle il appartienne.
La parole du Christ ‘’Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait’’ se rapporte à la
réalisation de cette unité. Une fois encore, elle indique la voie de la sagesse.
Terminons par un aphorisme très approprié de Swami :
‘’Le but de la sagesse est la liberté !
Le but de la culture est la perfection !
Le but de la connaissance est l’amour !’’
(Référence : Sri S. Suresh Rao et l’équipe du magazine Heart2Heart de
Radio Sai Global Harmony - Décembre 2005)