Telechargé par pierrealberthayen

LES SIX PAYSAGES DE L'AMOUR - DR JACK HAWLEY

LES SIX PAYSAGES DE L’AMOUR
Dr Jack Hawley
Le Dr Jack Hawley est un conseiller en gestion et un auteur prolifique. Parmi ses ouvrages,
citons ‘’Reawakening the Spirit in Work: the Power of Dharmic Management’’ et ‘’The
Bhagavad Gita: a Walkthrough for Westerners’’.
Lorsque Swami me donna comme instruction d’écrire un livre sur le management dharmique,
je m’imaginai que ceci serait une tâche simple et directe. Mais plus je me rapprochais de
l’écheveau des questions auxquelles les travailleurs étaient confrontés au travail et plus
profondes devenaient les questions. Je me retrouvai empêtré dans les grandes questions de la
vie – des questions sur l’Esprit, le caractère et la foi, le détachement, la peur et la liberté. (Le
livre fut finalement publié sous le titre ‘’Reawakening the Spirit in Work : the Power of
Dharmic Management’’, Berrett-Koehler, 1993).
Je commençai aussi à suspecter que l’immense, mais insaisissable sujet de l’amour devait être
inclus dans ce livre. Swami n’a de cesse de nous répéter que l’amour est la force la plus
puissante sur terre. Dans pratiquement chaque discours, Il nous rappelle que rien n’est
supérieur à l’amour, rien !
Et pourtant, tout autour du monde, les gens sont encore réservés par rapport à ce formidable
sujet. ‘’L’amour’’, lâchent-ils, ‘’…au travail ?’’ Personne n’en parle en profondeur. Ils se
dérobent, comme si c’était tabou.
J’eus même l’opportunité de tester ceci avec Lui à
Kodaikanal. ‘’Oui !’’, répondit-Il immédiatement, par
l’affirmative. Puis, Il ajouta plus lentement pour que
tout le monde puisse entendre : ‘’L’amour est Dieu.’’
Comment seulement imaginer faire un livre
concernant les enseignements spirituels et moraux de
Bhagavan Baba sans embrasser ce grand sujet, sans y
mettre Dieu ?
Ceux qui écrivent des livres sur le management
escamotent l’idée de l’amour, car pour eux, l’amour,
c’est pour les poètes ou pour les philosophes, pas
pour des gens pragmatiques. Ceux qui écrivent des
livres sur le management ne comprennent pas
réellement ce qu’est l’amour. Comme tout le monde (moi y compris, à l’époque), ils croient
savoir, mais ce n’est pas le cas. Ils le réduisent à une petite facette de l’amour : par exemple,
l’amour en tant que relation entre personnes. La majorité des gens ne comprennent réellement
pas l’immensité colossale et le rôle de l’amour dans l’ensemble de la vie, y compris au travail.
Conformément aux directives de Swami, j’entrepris d’écrire sur l’amour au travail, mais
même alors, plus je cernais le sujet et plus je butais. Je remettais chaque fois l’ouvrage sur le
métier et je trébuchais. ‘’Om Sai Ram, s’il Te plaît, aide-moi’’, finis-je par dire.
Ma femme et moi, nous fûmes appelés en entretien. Bhagavan dit aux autres personnes dans
la pièce, tous des Indiens : ‘’Cet étranger écrit un livre sur le management dharmique.’’ Puis,
Il me regarda avec bonté et Il dit : ‘’Vous écrivez trop lentement, parce que vous craigniez
que vos paroles ne puissent pas être ce que Je dirais.’’ Puis, Il ajouta en prononçant
distinctement chaque mot : ‘’Votre voix intérieure, c’est Moi.’’ Ce furent là les paroles les
plus importantes qui me furent jamais adressées.
De retour à l’écriture, j’étais toujours aux prises avec la manière dont je pourrais aider mes
lecteurs à absorber ce sujet infini. Des conseils de Swami me parvinrent : ‘’Par petites
bouffées !’’ En d’autres termes, n’essaye même pas d’absorber tout cela en une seule fois,
répartis cela en plusieurs parties. Je finis par écrire cinq chapitres complets sur l’amour et le
respect au travail et dans la vie. La base de ces chapitres, qui m’ont été révélés pièce par pièce
sur une période de plusieurs jours magiques, est un modèle conceptuel qui aidera les lecteurs
à saisir les dimensions de l’amour.
L’océan du désir – La plaine des sentiments – Les collines de l’action – Les montagnes du don – Les pics de
l’Energie – Le royaume de l’Esprit
Dans ce modèle, l’amour est divisé en six parties : l’amour comme désir, émotion, action, don
désintéressé, énergie et Esprit. Ces parties sont disposées l’une à la suite de l’autre, comme
des marches à gravir, dans un panorama d’intensité spirituelle croissante.
Cet ordre de marche, appelé ‘’les six paysages de l’amour’’, se prête à un voyage imaginaire
des niveaux les plus inférieurs jusqu’au sommet de ce glorieux sujet.
L’amour comme désir (l’amour en manque)
Nous commençons notre voyage
dans la partie inférieure. Ce qui
paraissait terne et monotone vu d’en
haut est en réalité une mer agitée
d’une couleur gris-vert. Le premier
paysage s’avère être un paysage
marin glauque et inhospitalier,
l’océan du désir. Nous nous voyons
en train de nous débattre dans une
mer froide et dangereuse, grouillante
d’une infinité de gens. Nous
entendons le mot ‘’amour’’ qui
circule librement. ‘’J’aime ma
voiture’’, ‘’j’aime ce show’’,
‘’j’aimerais avoir ceci ou cela’’. C’est le même mot, mais il s’agit précisément du contraire de
l’amour – la possessivité et le désir.
C’est le jeu de l’avidité et de la gratification ici. Après l’engloutissement d’un désir, un autre
refait surface. Des créatures voraces comme des requins, qui ont pour noms, la colère, l’envie
et l’attachement, pullulent aussi ici et dévorent tout ce qui passe à portée de leurs terribles
mâchoires. C’est un lieu d’amour frauduleux et artificiel. L’amour réel ne comporte aucune
possessivité.
Swami nous met souvent en garde pour que nous ne noyions pas dans cette mer froide du Kali
Yuga. Nous frissonnons et nous commençons à voir plus clairement ce que Swami entend,
lorsqu’il parle de ‘’self – fish’’ (jeu de mot intraduisible, ‘’self ‘’ signifiant ‘’moi’’, ‘’fish’’,
‘’poisson’’ et ‘’selfish’’, ‘’égoïste’’, chacun n’étant qu’un poisson plus ou moins gros et
égoïste dans cette mer houleuse)
L’amour comme émotion (l’amour du ressenti)
Nous quittons cette mer trouble et tumultueuse pour poursuivre la mission de notre cœur, en
passant au-delà de la grève rocailleuse pour atteindre une agréable prairie. Il y fait plus sec et
plus chaud maintenant et nous percevons l’amour comme un ensemble familier d’émotions –
les sentiments d’amour.
C’est l’amour dont on se souvient,
quand le mot ‘’amour’’ est prononcé –
l’amour le plus perceptible, comme un
sentiment entre personnes. Les éléments
principaux en sont la tendresse et
l’attirance, un goût immodéré pour
quelqu’un. Votre respiration s’accélère,
votre cœur manque un battement ou
deux et votre gorge se noue, quand
l’objet de votre amour entre dans la
pièce où vous vous trouvez.
Cet amour imprègne notre culture. Nous
avons entendu des milliers de chansons
d’amour, des milliers de fois. Les paroles et les sentiments qu’elles suscitent tournent tout le
temps dans nos têtes, en nous programmant et en nous façonnant. Nous avons vu
d’innombrables histoires d’amour tout au long de nos vies. C’est l’amour comme la chose aux
multiples splendeurs. Chacun d’entre nous expérimente cet amour merveilleux en tant
qu’acteur de sa propre histoire d’amour. C’est ce qui rend ce lieu si confortable.
L’amour en action (l’amour pratique)
Avec un peu de nostalgie, nous quittons les plaines charmantes de l’amour émotionnel et nous
poursuivons notre route. Les plaines lisses commencent à onduler doucement et nous nous
retrouvons bientôt dans une région de contreforts pittoresques – les collines de l’action. C’est
ici que l’amour se définit en tant qu’action. Dans ce pays, l’amour est constitué par les actes
d’amour quotidiens que les êtres vivants accomplissent.
C’est ici où le sentiment d’amour devient palpable,
manifeste et évident en tant que comportement tangible.
C’est le lieu où les gens pratiquent en fait la bonté
sincère, le don, l’entraide, la gentillesse et le jeu
d’équipe. Les personnes qui sont orientées vers l’action
épousent cette définition, parce qu’il y a plus de
substance. Les sentiments d’amour du paysage précédent
sont supplantés par des actes d’amour concrets. Pour les
activistes de l’amour, c’est l’amour ‘’réel’’. Pour les
gens qui se trouvent ici, l’amour, c’est de l’action et pas
seulement un sentiment personnel.
Les choses commencent à changer en profondeur à ce
niveau. Swami n’a de cesse de nous rappeler que la
façon la plus simple, la plus sûre, la plus rapide et la
meilleure pour nous de témoigner notre amour aux autres
(et à Lui), c’est d’aider les autres – en les aimant par des
actions serviables. Dans ce cadre, la présence de Dieu devient plus perceptible.
L’amour en tant que don désintéressé
Nous poursuivons notre mission. Les collines deviennent plus escarpées et nous nous
retrouvons parmi les imposantes montagnes du don désintéressé. Il y a quelque chose de
différent ici. L’amour ressemble moins à un match. Nous avons laissé derrière nous certains
bagages.
Le bagage, comme le dit Swami, c’est notre
conditionnement. Les gens sont conditionnés depuis
l’enfance à utiliser l’amour comme un levier dans leurs
relations. Ils apprennent très vite que l’amour est une
compétition où l’on donne et où l’on reçoit. Vous donnez un
peu d’amour, puis vous attendez d’en recevoir un peu en
retour avant d’en donner un peu plus…Si quelque part en
chemin, vous ne recevez rien en retour, alors, le jeu s’arrête
abruptement. Ce troc ou ce marchandage de l’amour devient
une habitude et il est largement inconscient.
Mais ici, à ce niveau de désintéressement, l’amour est
simplement donné sans rien attendre en retour. Comme
Swami le dit si souvent, l’amour ici est librement donné,
comme l’arbre donne son ombre ou ses fruits – simplement
parce que c’est sa nature de donner.
Pour illustrer ceci, je me souviens d’un incident avec notre fils Owen.
Owen (les gens l’appelaient ‘’Oh’’) venait d’avoir sept ans. Il n’avait pas encore saisi cette
histoire de rationnement de l’amour. C’était juste un petit garçon au regard lumineux. Son
meilleur ami s’appelait Davey et l’anniversaire de Davey approchait. Oh était tout excité. Il
aimait Davey et son amour était encore pur et librement donné.
Mais une chose curieuse se produisit : il ne fut pas invité à la fête d’anniversaire de Davey. Le
jour tant attendu arriva et Oh n’en pouvait plus d’attendre. ‘’Maman, partons choisir le cadeau
de Davey !’’
Le cœur de Louise se serra. ‘’Mais tu n’as pas été invité à la fête !’’ Le petit garçon écarta
d’emblée l’objection avec un regard déconcerté qui disait : ‘’Qu’est-ce que cela peut bien
faire ?’’
Ils se rendirent au magasin. Oh choisit le cadeau qu’il fit soigneusement emballer.
Quand ils s’arrêtèrent devant chez Davey, des bruits d’une fête d’enfants flottaient de
l’intérieur. Louise ignorait que la fête commencerait si tôt. Elle jeta un coup d’œil en direction
d’Owen.
Oh bondit en dehors de la voiture, le cadeau en main, grimpa les marches quatre à quatre et il
sonna à la porte d’entrée.
La mère de Davey vint ouvrir. Oh, souriant jusqu’aux oreilles, lui tendit le présent. ‘’C’est
pour Davey !’’, dit-il, rayonnant. Elle était sans voix.
C’est alors que Davey apparut à la porte. Oh saisit le cadeau et il le fourra entre les mains
d’un Davey tout réjoui. ‘’Joyeux anniversaire, Davey !’’, lança-t-il. ‘’Oh, merci, Oh !’’, dit
Davey. Owen, complètement satisfait, tourna les talons et il bondit en bas des marches,
radieux.
L’amour, au coeur des montagnes du don désintéressé est plus profond, plus pur et plus
simple. Quelque chose de mystérieux et de spécial se produit entre celui qui donne et celui qui
reçoit. Entre eux, l’espace se comble et déborde de cette qualité. Le secret, c’est le
désintéressement. Il n’y a pas d’ego, de moi, dans cet amour. Quand nous aimons de cette
manière, nous laissons derrière l’ego matériel.
Dans nos périodes de désintéressement, nous recevons un aperçu des pics les plus élevés qui
dépassent les nuages, où il y a des forces plus puissantes que notre ego. Le désintéressement
est l’élément magique qui nous relie à ces forces supérieures.
L’amour énergie ou l’amour moteur
Nous gravissons les pics les plus élevés, conscient que nous franchissons un nouveau palier en
nous éloignant de l’attraction du matériel et en progressant vers le spirituel.
Nous venons d’entrer dans le monde invisible et vibrant de l’amour en tant qu’accumulation
d’énergies. L’amour ici n’est ni un mode ni un type d’amour ; il est au-delà de la forme ici.
L’amour, à ce niveau élevé, ce sont des vibrations invisibles. C’est le pouvoir même qui nous
pousse à aimer. C’est la force qui se situe derrière les diverses formes d’amour que nous
avons visitées aux niveaux inférieurs.
L’amour ici est la force motrice, le moteur
de tout le reste. Cet amour s’étend et
touche le monde et chaque âme qui s’y
trouve. Pas une chose ne bouge sur la
planète sans cette énergie d’amour. Cet
amour, c’est la voix intérieure de Dieu qui
nous parle et qui parle à travers nous.
C’est l’inclination universelle et
primordiale en chacun de nous à aimer et à
être aimé.
C’est cet amour qui motive la nouvelle
conceptualisation du management et du
leadership que Bhagavan Baba nous a
indiquée. Il est par conséquent non seulement pertinent, mais nécessaire pour nous de
fréquenter ces niveaux supérieurs de l’amour. Etre conscient de cette énergie et pouvoir y
puiser est une obligation pour un management optimum, aujourd’hui. Exploiter cette énergie
d’amour est notre mission audacieuse, aujourd’hui.
L’amour ici, c’est aussi l’aiguillon intérieur qui nous incite à grandir spirituellement. C’est le
sentiment qui est inné en chacun de nous d’avancer vers notre Etre véritable. C’est l’énergie
stimulante, présente au fond de chaque âme sur terre maintenant et dans toutes celles qui ont
jamais été. C’est comme le magnétisme. Nous ne pouvons ni le voir, ni le sentir et parfois,
nous l’oublions même, mais nous vivons avec cette puissante et mystérieuse attraction de
l’amour chaque instant de notre existence. Effectivement, cette énergie, cette force d’amour,
c’est notre existence même.
L’amour Esprit (Etre l’amour)
Débordant de cette énergie merveilleuse, nous décollons
de ces pics élevés et nous filons presque directement
vers le ciel en franchissant un dernier palier et en nous
libérant, transcendant tout ce qui est matériel. Nous
fusons dans un vaste calme sans limite, une vacuité où il
n’y a ni sentiment de haut ou de bas, ni conscience de
temps ou d’espace.
Ceci dépasse de loin notre expérience matérielle et
pourtant, curieusement, il y a quelque chose de familier
ici. Même si nous sommes maintenant à un niveau de
conscience extrêmement rare, notre impression à tous,
c’est d’y avoir déjà été auparavant. C’est alors que nous
réalisons que ceci est le lieu d’où nous sommes venus.
C’est notre Source.
Notre compréhension de l’étendue et de la portée de
l’amour parvient enfin à l’intégration. L’amour est
beaucoup plus grand, beaucoup plus énorme que tout ce que nous avons pu imaginer. Et nous
comprenons maintenant que Swami est cette force puissante. Il nous dit : ‘’Aimer, c’est Me
connaître, Ma nature la plus profonde, la Vérité que Je suis.’’
Et maintenant, finalement, nous commençons à comprendre que nous aussi, nous sommes
l’amour. Son maintes fois répété, ‘’l’amour est Dieu’’, est absolument vrai. Nous saisissons la
précision et la réalité extrême de l’exhortation fréquente de Swami, suivant laquelle nous
sommes des incarnations de l’amour.
Repensez à Sa révélation audacieuse dans la petite pièce réservée aux entretiens, quand je
m’efforçais d’écrire sur l’amour au travail. ‘’Votre voix intérieure, c’est Moi’’, dit-Il. Il
n’était pas simplement gentil, Il le pensait réellement. Et Il le pense pour nous tous. Il est
maintenant parfaitement clair qu’Il est l’amour et donc, en vérité, nous le sommes aussi. Et en
effet, tout est amour !
(Référence : Magazine Heart2Heart de Radio Sai Global Harmony Novembre 2006)