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LE POUVOIR DU SILENCE - HARIDAS CHAUDHURI

LE POUVOIR DU
SILENCE
HARIDAS CHAUDHURI
Le silence est la source ultime de pouvoir et d’énergie. Les anciens sages déclaraient
que Dieu est le grand silence. Le vrai secret de la vie spirituelle réside dans
l’accumulation d’un pouvoir illuminateur, le pouvoir créatif du silence.
Aujourd’hui, si nous jetons un coup d’œil autour de nous, nous nous apercevons que
les gens comprennent très peu le pouvoir du silence. C’est même tout le contraire ! Les
gens essaient de ‘’tuer’’ le silence de toutes les manières possibles. Le bruit est partout
autour de nous, dans les rues d’ici-bas, et là-haut dans le ciel…Et tout ce bruit ne nous
satisfait pas encore, aussi transportons-nous aussi du bruit dans nos poches sous la
forme de radios portatives, etc. Les gens peuvent aller se détendre dans un parc ou sur
la plage, mais même là, ils ne sont nullement prêts à cultiver le silence. Ils préfèrent
parler, faire marcher leurs radios et toutes sortes de tapages.
C’est un symptôme malheureux de la montée croissante du matérialisme et de la
civilisation de la technologie et c’est une raison de plus d’être attentif à l’importance du
silence. Dans la vie, il y a des domaines où nous pouvons entrer en communion avec le
terreau ultime de l’existence, avec l’ultime source de vie, qui est le silence.
Le pouvoir du silence comporte plusieurs aspects. Premièrement, le silence illumine ; il
est la source de l’illumination. Pour expliquer ce point, je vais vous raconter une
histoire qui est tirée des Upanishads. Le titre du chapitre est ‘’Mounam Brahman’’ qui
signifie ‘’Dieu est Silence’’.
Quatre jeunes amis étaient inspirés par le même idéal spirituel. Ils décidèrent de
trouver un grand Maître pour tenter d’obtenir la compréhension authentique de la
nature de la vérité suprême ou Brahman. Brahman est le terme sanscrit qui désigne la
Réalité ultime, l’Infini. Le nom du plus grand Maître de l’époque leur vint à l’esprit et
ils décidèrent d’aller le trouver pour recevoir l’initiation spirituelle.
Après avoir beaucoup voyagé, ils s’assirent respectueusement en présence du Maître et
l’un d’entre eux lui dit : ‘’Nous avons fait un long voyage pour vous voir. Voudriez-vous
avoir l’obligeance de nous instruire sur la nature de Brahman ?’’ Le Maître demeura
silencieux. Pas de réponse ! Rien ! Après un moment, ils répétèrent leur question, mais
le Maître garda le silence.
Après avoir posé trois fois la question avec tout leur entrain et tout leur sérieux, le
Maître dit : ‘’J’ai déjà répondu à votre question, parce que Dieu est le grand Silence –
Mounam Brahman. C’est en entrant dans la profondeur du silence de votre être que
vous pouvez réaliser Dieu.’’
Si nous étudions les vies de certains des plus grands penseurs et leaders de l’action
humanitaire, nous constatons qu’ils ont une compréhension de ce fait. Par exemple, je
pense que vous savez que le Mahatma Gandhi était un grand homme d’action. Il était
dans l’arène politique et simultanément, c’était une âme illuminée, un saint. Nous
découvrons qu’au fil de sa vie, les problèmes politiques locaux, nationaux et
internationaux s’accumulèrent.
Premièrement, il écoutait les différents points de vue. Et ensuite, avant de prendre luimême une décision, il se faisait un devoir de se retirer dans le silence afin d’intégrer
tous ces différents points de vue. Et après une période de contemplation silencieuse de
tous ces problèmes variés, ô merveille, une lumière intérieure commençait à les
éclairer !
Cette lumière est là, en chacun de nous. Vous pouvez l’appeler la Lumière de l’Infini, la
Lumière de l’Eternel, la Lumière de Dieu qui réside dans nos cœurs…Quelle que soit la
manière dont vous comprenez la lumière ou la guidance intérieure, elle est là. Si nous
savons comment entrer dans le silence de notre être, la lumière intérieure nous éclaire
et éclaire les problèmes les plus urgents de notre vie.
Nous savons tous comment le silence peut être extrêmement récupérateur. La nature a
inclus dans nos vies une méthode de silence pour que nous puissions récupérer des
tensions de la journée. La nature nous offre le silence du sommeil. Toute la journée,
vous travaillez dur, vous vous occupez de beaucoup de choses et vous rencontrez plein
de gens. Parfois, des forces conflictuelles vous accaparent et vous pouvez vous lasser,
vous fatiguer, vous épuiser. Vous allez vous couchez, vous vous endormez et… un
merveilleux miracle de guérison s’opère ! Le matin, vous vous retrouvez rafraîchi,
revitalisé, remis à neuf et vous êtes prêt à redémarrer la journée avec une vigueur et
une énergie renouvelées. N’est-ce pas un miracle ???
Toute action créatrice prend place dans le silence. C’est quand l’esprit devient
absolument silencieux, quand nous lâchons prise et quand nous nous détendons –
lorsque notre petit mental rationnel ne bavarde pas de trop – en période de silence et
de détente totale que certaines de nos idées les plus créatives jaillissent. C’est la raison
pour laquelle nous trouvons que tous les penseurs, philosophes, scientifiques et
artistes créatifs ont besoin de se retirer dans la profondeur du silence. Autrement,
aucune création authentique, aucune pensée originale n’est possible. C’est ainsi que le
silence doit régner dans le laboratoire du scientifique, dans le studio de l’artiste et dans
la retraite du mystique. Le silence est un MUST pour toute activité créative.
Permettez-moi de vous raconter une histoire concernant le grand penseur, écrivain et
romancier américain, Ernest Hemingway pour décrire un autre aspect de la valeur du
silence. Un correspondant de presse demanda à Hemingway : ‘’Quel livre écrivez-vous
maintenant ?’’ Et Hemingway dit : ‘’Je ne veux pas en discuter. J’en ignore la raison,
mais j’ai l’impression que si je discute avec quelqu’un de mes projets avant qu’un livre
ne soit publié, quelque chose foire. Je ne sais pas expliquer pourquoi, mais c’est mon
expérience. A présent, il est d’usage que je ne discute jamais de ce que j’écris avec qui
que ce soit avant d’avoir terminé et que l’œuvre ne soit prête à être publiée.’’
On appelle cela ‘’mantragupti’’, une expression sanscrite signifiant le silence secret
dans toutes les entreprises sérieuses. C’est un bon principe. Quand vous entreprenez
quelque chose de noble, de sérieux, d’original, de créatif, c’est un principe sain de ne
pas en parler avec des gens qui ne sont pas en mesure de vous aider en quoi que ce soit
avec le projet. Vous pouvez parler avec ceux qui collaborent avec vous, qui
comprendront ou dont l’aide vous sera utile, d’une manière ou d’une autre. Ceci est
différent. Mais autrement, il vaut mieux ne pas en discuter.
Supposez que vous envisagiez votre développement spirituel. Vous allez méditer ou
étudier régulièrement. Ou bien que vous avez l’intention d’écrire un livre. Si vous en
parlez, vous dissipez une partie de votre énergie. Moins vous en parlez, mieux c’est, car
ainsi, vous préservez l’énergie. Cette énergie sera alors canalisée constructivement et
sans réserve dans l’effort de votre choix.
Il y a un autre aspect : un élément d’égoïsme intervient souvent dans la conversation,
sans que nous en ayons conscience. Ce n’est pas bon, non plus. Plus nous nous
affichons en parlant, plus nous nous vantons et plus nous déstabilisons notre activité
principale.
Donc, pour plusieurs raisons, il est souhaitable de suivre ce principe. Achevez d’abord
le travail, quoi que vous ayez à l’esprit, puis laissez vos actes parler d’eux-mêmes. Nos
actions et nos actes sont plus éloquents que nos paroles. Similairement, nous pouvons
laisser notre propre vie parler d’elle-même. A quoi bon parler de ce que nous avons fait
ou de ce que nous allons faire ? Laissons notre vie et nos actions parler d’elles-mêmes.
Un jour, un homme s’approcha du Mahatma Gandhi et lui demanda : ‘’Quel est votre
ultime message au monde, maintenant que vous êtes au crépuscule de votre vie ?’’ Et
Gandhi répondit immédiatement : ‘’Ma vie est mon message.’’ Quelle merveilleuse
réponse ! C’est ce que tout le monde devrait avoir à l’esprit. Notre vie doit être notre
message pour le monde.
Quand en pensant, en vivant correctement et en cultivant le pouvoir du silence, nous
accumulons en nous l’énergie créative, nous pouvons la communiquer aux autres et la
partager silencieusement. C’est une autre réalité mystérieuse que nous voyons illustrée
dans les vies de tous les grands sages. Nous constatons qu’ils ont plus instruit les autres
par le pouvoir du silence que par tout autre moyen. Les gens arrivent de partout avec
leur âme affamée et pleins de questions. Et après s’être assis silencieusement en
présence d’un Maître authentique, automatiquement, certaines de leurs questions,
certains de leurs problèmes semblent se résoudre de l’intérieur. Ils reçoivent quelque
chose. C’est une communication silencieuse. Si vous avez le pouvoir en vous, vous
pouvez le transmettre spontanément, silencieusement, tout comme une lampe émet
de la lumière. Le soleil luit, la fleur exhale son parfum spontanément, silencieusement.
De même, une âme illuminée rayonne de la lumière, de la paix et de la joie en silence.
Et ceux qui se trouvent dans l’orbite de cette influence reçoivent automatiquement ce
pouvoir, un peu du parfum de l’illumination spirituelle.
Permettez-moi de vous raconter un incident qui concerne Paul Brunton, le célèbre
journaliste et auteur américain. Il est venu en Inde, en quête de vérité spirituelle et un
jour, en déambulant dans les rues de Bombay, il a rencontré un saint homme. Et ce
saint homme a dit à Brunton : ‘’Vous êtes venu en Inde, mais vous ignorez peut-être ce
qu’est votre véritable mission ici. Et apparemment, vous ne savez pas non plus qui va
vous aider pour obtenir ce que vous cherchez.’’ Puis, il a ajouté : ‘’Vous êtes venu en
Inde pour rencontrer le grand saint, Ramana Maharshi. Vous devez aller le voir !’’’
Paul Brunton a dit : ‘’Pourquoi ? Je n’ai jamais entendu son nom. C’est impossible ! Je
vais à Agra pour voir le Taj Mahal et j’ai déjà fait mes réservations.’’
Le sadhu lui a dit : ‘’Je comprends. Mais je vous dis que votre objectif principal ici est
de contacter Ramana Maharshi. Il vous faut aller le voir, aussi réfléchissez. Demain, je
viendrai voir si vous avez changé d’avis.’’
La nuit, il a sérieusement réfléchi à la question : ‘’Quel homme étrange ! Il dit
connaître la mission de ma vie, moi qui ne la connais même pas !’’ Et le lendemain,
quand le sadhu est revenu le voir, il a dit : ‘’Vous avez marqué un point ! Je vous
accompagne pour voir Ramana Maharshi.’’
Et donc, ils firent un long voyage inconfortable jusqu’à Madras et puis, jusqu’à un
village isolé où vivait Ramana Maharshi. Beaucoup de choses parurent très étranges à
Brunton. Premièrement, son ego fut un peu blessé. Il pensait qu’il y aurait une
réception royale, parce qu’il avait fait tout le chemin depuis les Etats-Unis et au lieu de
cela, tout le monde vaquait à ses occupations. Puis, il fut conduit au hall de méditation
où Ramana Maharshi était assis. C’était une grande salle et les gens étaient assis par
terre et méditaient. Il n’y avait ni conversation, ni bruit, ni rien !
En entrant dans le hall, il pensait que le Maitre allait lui prêter attention, mais non, le
Maître ne prêtait attention à personne. Le Maharshi était simplement assis en silence,
absorbé en lui-même, son regard plongé dans l’éternité.
Brunton était dérouté. Il s’assit et il essaya de son mieux d’attirer l’attention du sage,
sans aucun succès et donc, suivant l’usage du lieu, il essaya aussi de méditer,
d’absorber le silence du milieu. Et puis, selon son témoignage, après un certain temps,
il sembla qu’un voile fut ôté de son esprit. Une nouvelle dimension d’existence s’ouvrit
à lui et il commença à être conscient de lui-même à un niveau d’être plus profond.
Ce fut un grand changement et un tournant dans sa vie, sa première expérience d’une
nouvelle valeur de la vie et d’une nouvelle dimension de l’existence. Comment l’a-t-il
obtenue ? Simplement en s’asseyant dans cette atmosphère silencieuse. L’atmosphère
était surchargée du pouvoir illuminateur du silence du grand sage. C’est la
communication silencieuse qui n’est effectivement pas une fiction.
Je peux vous parler de ma propre expérience à Pondichéry avec le grand Maître, Sri
Aurobindo. Pendant toute l’année, il n’y avait que quatre jours où les gens pouvaient
avoir le darshan de Sri Aurobindo. Le restant de l’année, on ne pouvait pas le voir. Il
passait son temps chez lui, plongé dans la méditation, le travail spirituel, l’étude et
l’écriture.
En ces quatre occasions, quand on avait la possibilité d’avoir son darshan, mille
personne ou davantage formaient une longue file et l’un après l’autre, les gens
entraient dans sa chambre pour être en sa présence, lui présenter leurs respects, avant
de sortir tranquillement. C’était une affaire absolument silencieuse.
Non seulement de ma propre expérience, mais de ce que je sais de l’expérience des
autres, c’était un événement miraculeux. Cette demi-minute a eu un impact énorme
sur la vie de beaucoup, beaucoup de gens. Durant ce bref instant, il y avait une
communication silencieuse entre deux âmes pures et le contact dynamique des deux
âmes dans le silence était une expérience merveilleuse.
La vérité, c’est que lorsque nous accumulons le pouvoir du silence, qui est un pouvoir
créateur, illuminateur en nous, nous pouvons le partager avec les autres. Nous pouvons
entrer dans une communication mystérieuse et silencieuse avec les autres à un niveau
de conscience plus profond. C’est un fait, mais beaucoup de gens n’en sont pas
conscients.
A présent, je vais évoquer certains stades mentaux inévitables dans notre recherche
spirituelle pour développer le pouvoir du silence dans notre vie.
Le grand Maître Patanjali nous dit que le premier état est ce que l’on appelle
‘’vikshepa’’, l’état d’éparpillement. On ne peut pas se concentrer sur quelque chose
pendant longtemps. Notre esprit ressemble à un singe qui saute de branche en branche
sur l’arbre de la vie et qui consomme tantôt un fruit et tantôt un autre. Certains fruits
sont aigres et d’autres sont sucrés, mais nous ne pouvons nous fixer nulle part ni nous
concentrer sur quelque chose pendant longtemps. Cet état est à l’opposé du silence.
Ensuite, il y a ‘’dhrithshepa’’. A ce stade, nous pouvons un peu nous concentrer. Par
exemple, à ce stade, vous pouvez prendre un livre et lire quelques paragraphes, mais
ensuite, votre esprit file vers un programme de télévision ou peut-être vers un ami.
Votre esprit adore vagabonder et il faut un peu de temps pour le ramener.
L’état suivant, c’est ‘’ekagrata’’, qui est un pouvoir de concentration déterminé. Depuis
l’enfance, en parcourant les diverses étapes de notre développement, nous apprenons à
nous concentrer pour réaliser un projet et pour parvenir à quelque chose. Plus nous
apprenons à concentrer notre énergie mentale dans un domaine spécifique, plus nous
pouvons mobiliser les ressources de notre esprit. Nous commençons à ressentir, à
appliquer un grand pouvoir mental. En d’autres termes, la concentration, c’est la
mobilisation des pouvoirs de l’esprit, ce qui nous procure une grande force.
Dans la pratique de la méditation, nous pouvons développer ce pouvoir de plusieurs
façons. Vous pouvez commencer par vous concentrer sur quelque chose de particulier.
Disons par exemple que vous prenez l’image de l’océan. Vous visualisez l’océan et vous
vous concentrez là-dessus. Ou peut-être aimez-vous la montagne et donc vous fixez
dans votre esprit l’image d’une belle montagne majestueuse. Ou si vous êtes
particulièrement religieux, vous pouvez vous concentrez sur une figure religieuse
spécifique. Par ces moyens différents, nous développons l’ekagrata. C’est une étape très
importante pour développer le pouvoir du silence.
Dans l’ekagrata, vous produisez des efforts et votre conscience s’intensifie en
conséquence. C’est comme si vous transformiez une lampe ordinaire en projecteur.
Avec une lampe ordinaire, les rayons lumineux sont diffusés dans toutes les directions
et donc, il y a une illumination, mais aucune pénétration. Avec un projecteur, les
rayons de lumière sont concentrés dans une direction unique et donc, la lumière a un
grand pouvoir de pénétration.
Dans ‘’udashin’’, l’étape suivante, vous lâchez prise par rapport au mental et au corps et
vous vous détendez complètement. Vous ne vous concentrez sur rien de particulier.
Parce qu’il est difficile de dompter le mental, celui-ci a été comparé à un serpent. Il
ondule, zigzague malicieusement et insidieusement. Vous voulez qu’il fasse quelque
chose, mais à tout bout de champ, il fait juste l’inverse ! Que faire alors ? Dans udashin,
la technique, c’est de laisser une longue corde au mental de singe pour lui permettre de
se pendre avec ! Lâchez prise. Ne luttez pas contre. Plus vous interférez, plus il pense
que c’est drôle et il peut riposter. Mais permettez-lui d’aller librement au bout de luimême, il finit par s’épuiser et revient automatiquement sous votre contrôle. Pensez à
tout ce que vous voulez, mais gardez l’œil ouvert et observez le. Vous l’observez d’une
manière détachée, sans vous identifier à aucune des activités du mental.
Un grand maître indien a dit une fois que la méditation ressemble à un charmeur de
serpents qui charme le serpent. Il fait sortir un gros serpent de son panier et le laisse
aller. Il le laisse jouer librement, mais il assure une surveillance constante et vigilante.
Il observe les yeux du serpent et en les observant sans s’identifier, il le contrôle. C’est
cela udashin.
En suivant ces pratiques, vous parvenez à la tranquillité intérieure, au calme, à la paix
et au silence. La tranquillité implique d’éliminer l’agitation du mental. Mais ce n’est
que le début du silence. Même si l’agitation endémique est éliminée, le mental est
toujours susceptible d’être troublé de l’intérieur ou depuis l’extérieur. Un léger trouble
extérieur peut interrompre cette tranquillité. Mais le trouble peut aussi provenir de
l’intérieur. Vous êtes tranquille et soudain, un souvenir particulier surgit de votre
inconscient et vient troubler votre tranquillité.
Dans l’état de calme, distractions et conflits sont éliminés. Quand vous parvenez au
calme, vous pouvez entendre un bruit extérieur, mais celui-ci ne vous dérange plus. Le
silence se solidifie en vous. De même, une pensée troublante peut surgir de l’intérieur,
mais vous pouvez l’observer avec détachement. Puis, elle s’en va spontanément.
Délivré du conflit, de la distraction et du trouble, vous arrivez à la conscience du Soi
intérieur qui est le principe d’unification et d’harmonisation de votre existence. En
résultat du calme, vous découvrez la paix, car vous prenez conscience du niveau plus
profond et d’harmonie intérieure de votre être.
Après, c’est le silence. Dans la paix, vous prenez conscience de votre réalité spirituelle
la plus intime, harmonisante et unificatrice et par ceci, votre Soi devient un canal pour
Dieu, la réalité ultime. En connaissant votre Soi, vous entrez en communion avec le
divin. Lorsque le canal intérieur de la communication est ouvert, vous acquérez une
nouvelle expérience profonde du flux interne de joie indescriptible. Tout votre être est
inondé par la lumière et par l’amour de l’Infini. Vous êtes dans l’étreinte affectueuse de
Dieu.
Ce silence peut être de deux ordres : statique et dynamique. Le silence statique
implique que vous entriez en communion avec l’infini de plus en plus profondément.
Vous voulez résider en permanence dans la paix incompréhensible, transcendantale de
l’absolu. Toutefois, le silence dynamique est un accomplissement spirituel plus
équilibré.
Dans le silence dynamique, vous entrez aussi en communion silencieuse avec l’infini.
Mais vous offrez tout votre être, votre esprit, vos émotions, vos sens et votre corps
comme canal d’expression de l’énergie créative de l’absolu. Intérieurement, vous entrez
en communion silencieuse avec l’infini ; extérieurement, vous permettez au pouvoir
créateur de Dieu de circuler librement à travers vous. Tout votre être devient
dynamique et créateur. La vie dans le monde n’est pas exclue, toute la vie est incluse.
Il en résulte que vous sortez de la méditation et que vous contemplez le monde avec
un regard neuf. Vous vous occupez des gens ; vous allez travailler ; vous maintenez vos
réflexions, vos sentiments en tant qu’instrument transmuté entre les mains de Dieu.
Intérieurement règne un profond silence. Extérieurement, il y a l’accomplissement
d’activités comme instrument du divin. Les activités de la vie ne perturbent pas votre
silence intérieur, car toutes vos activités sont accomplies pour la gloire de Dieu.
(Référence : Haridas Chaudhuri, The Essence of Spiritual Philosophy)