Jonas Kibala modèle de croissance et politik écque en RDC

Telechargé par Jonathan Mpeyi
CER-3/CREQ
Centre de Recherches Economiques et Quantitatives
Collège d’Economistes pour le recyclage avec 3 outils
Université de Kinshasa-Faculté des Sciences Economiques et de Gestion
Département des Sciences Economiques
B.P. 832 Kinshasa XI
Working paper n°004/WP.CREQ/12-19
Modèle de croissance et politique économique en R.D Congo :
Une analyse descriptive
Par
Jonas Kibala Kuma
(DEA en cours en Sciences Economiques, UNIKIN)
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Citation de l’article :
Kibala Kuma J. (2019), « Modèle de croissance et politique économique en R.D Congo : une
analyse descriptive », Working paper n°004/WP.CREQ/12-19 du CREQ, décembre.
Décembre 2019
« Modèle de croissance et politique économique en R.D Congo : une analyse descriptive »
Centre de Recherches Economiques et Quantitatives-CREQ
2
Jonas Kibala Kuma, [email protected], CREQ-2013
Note aux lecteurs
Cet article, qui se propose de décrire le modèle de croissance de la République
Démocratique du Congo ainsi que la politique économique menée dans ce pays, en passant
en revue quelques indicateurs macroéconomiques clés, s’inscrit dans le cadre de travaux du
CER-3. En effet, CER-3 (Collège d’Economistes pour le Recyclage avec 3 outils) est un
collège d’Economistes qui s’approprient les outils quantitatifs, 3
essentiellement (mathématique, statistique/économétrie et informatique) comme le sigle
l’indique, pour ainsi s’inscrire sur la frontière des connaissances en sciences économiques et
être compétitifs à l’échelle internationale, autant pour la faculté de sciences économiques et
de gestion de l’Université de Kinshasa. L’idée est de susciter un regain et remettre en avant
plan les aspects quantitatifs dans la formation de l’économiste congolais (RDC), africain en
général, pour une élite à la taille des exigences internationales. Pour y parvenir, nous nous
occupons à :
(i) Nous mettre à jour, soit nous (l’équipe) former continuellement sur les aspects
théoriques et empiriques de techniques et méthodes quantitatives en sciences
économiques (principalement en mathématique, statistique et informatique) ; et
(ii) Mettre à la disposition du public scientifique les résumés (notes ou fiches techniques)
de nos discussions et recherches.
Ce collège (CER-3) est un cadre qui prépare les chercheurs membres à être éligibles pour
intégrer le Centre de Recherches Economiques et Quantitatives, soit CREQ en sigle. CREQ,
dont le site internet va être lancé incessamment, se veut un espace de discussions au tour
de techniques et méthodes quantitatives (mathématique, statistique, économétrie, etc.) en
sciences économiques (finance, monnaie, macro et micro-économie, etc.), ou mieux un
centre de recherche qui va regorger des Economistes rodés et équipés pour théoriser et
apporter des réponses aux problèmes économiques que posent la RDC et le monde, pour
l’avancement de la discipline (les sciences économiques).
Nous avons compris que les outils quantitatifs, aujourd’hui incontournables en sciences
économiques, sont d’un grand apport dans l’évolution de cette discipline. Les problèmes
économiques se posent de plus en plus, les outils d’analyse se complexifient sans frein,
mais le programme de formation de l’économiste congolais (l’Afrique en générale) ne suit
pas le rythme : il y a un gap. Plus concrètement, il y a quelques années, le laboratoire
d’analyse-recherche en économie quantitative/Lareq (www.lareq.com) estimait à 40 ans le
retard de la République Démocratique du Congo (RDC), si pas l’Afrique, dans la
modélisation macro-économétrique, partant de la critique de Lucas dans les années 70
(1976). Ne serait-on pas au-delà de 40 ans dans d’autres branches ? En attendant de
répondre à cette question, le CER-3 se donne la mission de réduire, si pas combler, le gap
dans la formation de l’économiste congolais pour constituer une élite à la taille des
exigences internationales. C’est le sens de notes techniques que nous produisons,
lesquelles seront directement accessibles en ligne, dans un site dédié (en construction), par
le temps qui court.
Jonas Kibala Kuma, initiateur du CER-3 et du CREQ.
Kinshasa, décembre 2019.
Nous contacter : cer3.se[email protected]; copie à : kibala.[email protected]m
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Centre de Recherches Economiques et Quantitatives-CREQ
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Jonas Kibala Kuma, [email protected], CREQ-2013
I. Introduction
Par définition, la politique économique est l’ensemble de mesures ou actions de l’Etat
(modifications de la masse monétaire, des dépenses publiques, des impôts, etc.), appliquées
de manière cohérente, pour atteindre des objectifs précis (production, niveau des prix, taux
d’intérêt, etc.). Et, pour atteindre ou réaliser les objectifs fixés, selon la règle du contrôle des
systèmes stratégiques de Tinbergen J. (1952), le nombre d’instruments indépendants
(variables exogènes : ex : taux de change) doit correspondre au nombre d’objectifs fixés
indépendants (variables endogènes).
A côté des objectifs de politique économique poursuivis, la croissance économique n’en est
pas le moindre. Elle désigne l’augmentation soutenue, pendant une longue période, du
produit global d’une nation(
1
). Ce dernier mesure l’ensemble de richesses nouvelles produites
par un pays au cours d’une année. Lorsqu’il est rapporà l’effectif total d’une population,
l’on parle ainsi du PIB par tête ou PIB per capita. Le taux de croissance économique d’un
pays est déterminé par la variation relative de son PIB réel (c’est un écart relatif).
En tant que phénomène relativement récent car, c’est depuis le début du XIXème siècle
que l’augmentation du produit par tête s’est réalisée à un rythme inconnu jusqu’à lors la
croissance économique fait l’objet de plusieurs investigations jusqu’aujourd’hui. Dans l’ordre
d’apporter des éléments de réponse à des fortes irrégularités observées dans l’évolution du
produit par tête entre pays et d’une période à l’autre (faits stylisés), ces différentes
investigations ont permises à la théorie économique d’identifier un certain nombre de
facteurs du taux de croissance économique. Ces derniers relèvent très souvent de la
fonction de production macroéconomique. De ce fait, la croissance traduit l’augmentation de
la production totale d’une économie. Quant aux facteurs à la base de la dynamique de cette
production totale (croissance économique), deux principaux courants permettent d’en rendre
compte. Il s’agit, d’un côté, des modèles de croissance exogène et, de l’autre côté, des
modèles de croissance endogène.
Suivant les théoriciens de la croissance exogène, la dynamique de la production est
principalement expliquée par les variations enregistrées dans ses facteurs, à savoir : le
capital, le travail et le progrès technique. A cet effet, la variation du PIB par tête est fonction
des variations de l’épargne, de la population et de la technologie. Il s’en suit que ces facteurs
sont considérés comme exogènes à une quelconque politique ou système économique.
Les théoriciens de la croissance endogène, sous l’impulsion de Paul Romer, pensent par
contre que la dynamique du PIB peut s’expliquer par des facteurs internes au modèle.
Contrairement au premier courant de croissance exogène(
2
) pour qui la croissance du
progrès technique est exogène celui de la croissance endogène donne une explication
économique au progrès technique (vers la fin des années 80 et les années 90). L’idée est
1
Le concept de « croissance économique » peut être saisi de plusieurs façons. Pour François Perroux, la
croissance est l’augmentation soutenue, pendant une ou plusieurs riodes longues chacune de ces périodes
comprenant plusieurs cycles décennaux d’un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en
termes réel. La croissance désigne aussi l’augmentation régulière des quantités produites par une entreprise.
L’on parle de la croissance économique, si l’on considère l’ensemble d’une économie (Capul J.Y. et Garnier O.,
2005). Jean Magnan de Bornier estime que la croissance économique peut être définie comme l’évolution à
moyen et long terme du produit total et surtout du produit par tête dans une économie donnée. Aujourd’hui, la
croissance économique se mesure par l’accroissement en pourcentage du PIB d’une année par rapport à la
précédente. Elle exprime le taux de croissance d’un système productif.
2
Ce courant est d’inspiration néo-classique et est fondé sur le modèle de Robert Solow (1956).
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que la croissance du PIB peut être accélérée par des politiques économiques adaptées au
contexte (Subventions à la recherche-développement, dépenses en infrastructures,
dépenses en éducation, …). Ainsi, les facteurs de croissance suivants ont pu être identifiés :
le capital physique (Romer, 1986), la connaissance (Romer, 1987), le capital humain (Lucas,
1988), le capital public (Barro, 1990), etc. Si ces facteurs affectent considérablement la
croissance économique dans les économies développées, le débat reste ouvert quant à leur
influence sur la croissance des pays en développement. En effet, d’autres facteurs sont plus
déterminants dans la croissance économique de ces pays, à savoir : les institutions (James
Robinson), le système/structure socio-économique en place (Samir Amin), la démocratie, le
taux d’ouverture, la colonisation, la religion et bien d’autres éléments pouvant être relevés
des étapes de la croissance identifiée par Walt Rostow (1950).
Sur fond de ces considérations théoriques, ce papier se propose de décrire le modèle de
croissance de la République Démocratique du Congo ainsi que la politique économique
menée dans ce pays, en passant en revue quelques indicateurs macroéconomiques clés.
Concrètement, nous analysons (de façon descriptive) la situation économique de la RDC
durant la période 2002-2016, en comparaison avec les réalisations moyennes d’autres
périodes précédentes, afin d’évaluer l’efficacité des politiques économiques mises en place.
Pour ce faire, nous commençons par rappeler les aspects théoriques autour des modèles de
croissance et de la politique économique (ils font l’objet de points 2 et 3), avant de décrire la
politique économique menée en RDC et tirer les caractéristiques de son modèle de
croissance (c’est le dernier point).
II. Les modèles de croissance : résumé théorique(
1
)
Plusieurs auteurs ont cherché à comprendre le mécanisme de la croissance (ses moteurs et
ses effets), et les résultats de leurs recherches ont permis de mettre en évidence des
facteurs explicatifs et de construire des théories ou modèles de croissance. Ces dernières se
distinguent les unes des autres, notamment, par leurs hypothèses (rendement décroissant
du capital ou non, facteurs de production substituables ou complémentaires, sources de
croissance endogènes ou exogènes, moteurs de croissance, etc.), soit leur capacité à
expliquer certains faits stylisés (convergence économique, pauvre des pays en
développement, etc.). Il ressort de différentes théories ou modèles de croissance que la
croissance peut s’expliquer par des facteurs exogènes (progression de la force de travail,
accumulation de capital par tête et innovation technologique sous toutes ses formes),
endogènes, ou même des facteurs qui vont au-delà de la fonction de production classique
(la diversité ou variété des produits, l’échange, la géographie, l’histoire, les inégalités et les
institutions).
Dans les théories préindustrielles, la croissance est expliquée par la progression de la force
de travail, soit par la démographie et les évolutions sociétales. Selon Thomas Malthus
(1798), l’un parmi tant d’autres, la fertilité a un impact sur la croissance économique et
constitue un frein (compense le choc technologique) dans l’évolution de niveau de vie par
tête à long terme. D’où, il tient de limiter les naissances.
1
En plus de nos propres travaux disponibles en ligne (dans Hal), cette partie s’inspire de bien d’ouvrages,
notamment : Bénassy-Quéré A. et al. (2012), et Bofoya K. (2011, 2018).
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Par contre, d’autres économistes expliquent la croissance par l’accumulation du capital, on
parle des théories de l’accumulation du capital productif en économie fermée. Commençons
par ceux (vers les années 1950-1980) qui estiment que la croissance est expliquée par des
facteurs exogènes. Pour R. Harrod (1939) et E. Domar (1946), on parle de modèle de
Harrod-Domar, une croissance stable ou équilibrée exige à la fois le plein emploi et
l’équilibre entre l’épargne et l’investissement (fil de rasoir) ; elle nécessite aussi une
combinaison optimale des facteurs travail et capital considérés complémentaires. Ces
auteurs estiment que la croissance n’est pas stable soit que l’équilibre de plein emploi est
un heureux hasard du fait de l’insuffisance de capital, et parce qu’il n’est pas évident
d’observer ces équilibres (équilibre épargne et équilibre emploi). Autrement dit, pour Harrod
et Domar, l’épargne est le moteur de la croissance, et les politiques d’encouragement à
l’épargne ou à l’investissement sont préconisées. Contrairement à ces auteurs, R. Solow et
T. Swan (1956), on parle de modèle de Solow-swan, refusent l’idée d’un « fil de rasoir » et
considèrent que les marchés sont en équilibre, les facteurs de production sont substituables
et ont chacun un rendement marginal décroissant, mais la production a des rendements
d’échelle constants. Solow-swan estiment que sous l’hypothèse de rendement marginal
décroissant de capital les effets positifs de l’épargne sur la croissance sont transitoires et
finissent par s’épuiser à long terme quand l’économie atteint l’état stationnaire ou l’équilibre ;
à ce niveau, le PIB par tête dépend du taux d’épargne, du taux de croissance
démographique et du taux de dépréciation du capital. Aussi, la rentabilité du capital est
considérée comme le moteur de l’investissement, et non l’épargne. Frank Ramsey (1928) se
préoccupe plutôt des aspects normatifs (objectif social) des résultats obtenus, en abordant la
question du niveau optimal du capital par tête, soit le taux d’épargne optimal à même de
maximiser durablement la consommation par tête. Selon Ramsey (on parle de modèle de
Ramsey), le taux d’épargne optimal correspond au poids du capital dans la fonction de
production ; c’est la règle d’or qui garantit des trajectoires de croissance optimale. Les
politiques d’épargne doivent tenir compte de la règle d’or pour se montrer socialement
efficaces. N.G. Mankiw, D. Romer et D. Weil (1992), on parle de modèle de Solow
augmenté, après avoir confrontés le modèle de Solow-swan aux faits, présentent le « capital
humain » (investissement) comme un facteur de croissance autant que le capital physique.
L’idée est que la formation (dépenses en éducation) améliore les capacités productives des
individus. La prise en compte du capital humain a permis à ces auteurs de valider
empiriquement les thèses de Solow-Swan (convergence économique).
Bien d’autres économistes (vers les années 1980-1990) pensent autrement, soutenant que
la croissance est expliquée par des facteurs endogènes, et s’intéressent aux déterminants
de la productivité globale des facteurs/PGF (la technologie). On parle de théories de
croissance endogène qui stipulent que, en l’absence de progrès technique exogène, la
croissance peut perdurer sous l’hypothèse des rendements croissants du capital au niveau
macroéconomique. Selon Paul Romer (1986), en l’absence de progrès technique, la
croissance est autoentretenue grâce aux externalités positives (externalité de réseau,
accumulation d’un ensemble de connaissances et savoir-faire, etc.). Ici, les politiques
publiques doivent coordonner les décisions privées pour faire jouer les externalités. Pour
Barro, le capital public ou les infrastructures publiques (dépenses publiques : éducation,
services publics) empêchent la baisse des rendements marginaux du capital privé et
favorisent la croissance à long terme par un effet d’offre (et non de demande). Les études
empiriques (travaux de l’OCDE) confirment cette thèse. Toutefois, l’on note que le capital
public peut freiner la croissance si son coût d’opportunité (distorsion, effets de congestion)
1 / 22 100%

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