Les proverbes baoulé
« Pour un Baoulé, un proverbe est une tranche de vie, du vrai, du vivant qui lui parle, qui le fait
vibrer avec l’univers et le fait basculer avec, en emportant d’emblée son assentiment ». (Père
Vincent).
Le monde baoulé se trouve surtout au centre-est de la Côte d’Ivoire : les grandes villes en sont
Bouaké et Yamoussoukro
Règles de vie
– Si tu montres à une vieille un médicament, c’est à toi à aller en cueillir les feuilles (endosser la
responsabilité de ses actes; ce sont les vieilles femmes qui d’habitude connaissent les remèdes)
– Si tu manges du sel tu as des amis, si tu manges du piment, tu n’en as pas (éloge de la douceur).
– Si tu te mets en colère contre la mouche, tu écorches ta plaie
– Si tu allumes un feu, n’y jette pas tout-de-suite un escargot (celui-ci en bavant pourrait l’éteindre)
– Si tu insistes pour entrer dans un trou qui n’est pas à ta taille, ton corps sera meurtri.
– Si tu chasses la mauvaise poule, la bonne peut aussi s’en aller.
– Tu aperçois le feu et tu le laisses pour aller souffler dans la fumée (quelqu’un qui lâche la proie
pour l’ombre).
– C’est quand on voit clair que l’on dit que le jour est levé.
– Si tu félicites celui qui recueille le vin de palme, il va y ajouter de l’eau.
– On ne regarde pas la joue de celui qui grille les arachides (on ne muselle pas le boeuf qui foule le
grain).
– Si tu as peur du serpent, tu ne creuseras pas le trou du rat (savoir prendre des risques)
– A cause de la guitare, je ne cultive pas le champ (on ne peut faire deux choses à la fois).
– On ne met pas deux fers à la fois dans le même trou (allusion au forgeron qui place le fer de la
houe dans le trou du manche).
– Le xylophone est agréable, mais il ne convient pas au village (chaque chose en son temps).
– On n’utilise pas ses deux yeux pour regarder dans la calebasse au col étroit.
– Quand il y a deux hommes à s’occuper d’un animal domestique, une bête sauvage la mange (il ne
faut pas deux responsables pour le même travail)
– Si tu dis que le vin de palme est fini, ne cache pas le canari.
– Le chemin tortueux ne casse pas les reins (il est parfois préférable de prendre des détours pour
atteindre son but).
– Si tu lances un pet, n’accuse pas les enfants.
– Tu as mangé l’œuf de la poule, tu n’as pas mangé sa mère (ne crois pas que l’histoire est finie!).
– On ne joue pas en assistant à un jeu.
– Si tu es un cheval, il ne faut pas que l’on t’appelle un âne (il faut bien faire ce que l’on attend du
cheval).
– C’est là où elle couche que la tortue mange la terre.
L’homme
– L’homme libre et l’esclave empruntent le même passage à la naissance
– Orphelin, ce n’est pas le nom que l’on m’a donné à la naissance (petits ou grands, nous sommes
égaux au départ)
– Le ventre est comme la forêt (le ventre, siège des sentiments, est insondable)
– On ne connaît pas le sens du soupir de quelqu’un (tristesse, souffrance, fatigue, soulagement??)