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Saussure et la linguistique structurale

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Licence Sciences du Langage, « Médias, Communication, Culture », L1, sem. 2, E21SLMC – Énonciation
Ferdinand de Saussure (1857 - 1913) et la linguistique structurale
Fiche A
1. La théorie du signe
Pour Saussure, la langue est composée d’unités qui se distinguent entre elles : les unités discrètes et qui, ensemble,
forment une combinatoire. Cela signifie que la langue repose sur des différences, qui permettent de distinguer et
d’opposer les unités qui la composent. Par exemple, ce sont les différences phoniques qui portent la signification d’un
mot, en le distinguant de tous les autres. Le son en lui-même ne présente nulle qualité, de ce point de vue, qui permettrait
de caractériser positivement l’unité qu’il supporte.
Mais ces unités n’apparaissent pas d’emblée, elles doivent être découpées par le linguiste au sein de la masse indistincte
de la langue par le grammairien ou le linguiste. Par ailleurs, c’est le fait qu’elles se combinent entre elles, qui donne sa
logique, sa cohérence à la langue. Saussure pense que la langue est moins un moyen de forger des sons pour exprimer des
idées qu’un moyen de relier la pensée au matériau phonique, au son. Pour ce faire, la langue présente des unités
fondamentales : les signes. Ces signes linguistiques unissent :
un concept à son image acoustique
un signifié (Sé) à un signifiant (Sa)
C’est ainsi qu’on a pu parler de la binarité ou de la dualité du signe saussurien (Sé = ± « sens » / Sa = ± « nom »). On
exclut ici le référent (ce dont on parle, l’objet du monde réel ou imaginaire) des approches traditionnelles empiriques où
un mot désigne directement l’objet référent qui fonde son sens. Pour Saussure, la référence n’est pas linguistique. Seul
l’est le « sens », c’est-à-dire le mode par lequel la langue désigne le réel.
2. Propriétés du signe saussurien
Cette théorie du signe était bien entendu en germe ou préfigurée chez d’autres auteurs mais il revient à Saussure de l’avoir
construite comme modèle théorique et scientifique. Auparavant, la tradition identifiait le langage à la pensée. On
considérait que le mot était pour ainsi dire l’émanation de la chose qu’il désignait. Cette attitude naïve, appelée
« empirique » ou « nominaliste », envisageait la langue comme une simple nomenclature, un catalogue du réel.
2.1 L’arbitrarité du signe
(1) Le lien qui unit le signifiant et le signifié est arbitraire (ou plutôt comme le dit Saussure, « immotivé », c’est-à-dire
qu’il repose sur une convention, puisque rien ne relie le signe à l’élément de la réalité auquel il renvoie).
Ex : rien ne fournit dans l’image graphique du mot « chaise » ou dans son signifiant sonore /ʃɛz/ une donnée
permettant de se faire une idée de ce qu’est une chaise…

Cependant, dans une certaine mesure, on peut aussi considérer que ce rapport est également nécessaire : comme le précisera
Benveniste, apportant ici un correctif à Saussure, dans la conscience du locuteur francophone, l’idée « chaise » est forcément
identique à la suite sonore à laquelle elle correspond en français (et le même principe est évidemment valable dans toutes les
langues). De ce point de vue, le lien Sa – Sé est donc bâti sur un rapport de nécessité.
(2) En fait, ce qui est réellement arbitraire, c’est le fait que tel ou tel signe soit mis en relation avec tel élément de la
réalité… et non tel autre, par exemple. C’est donc la manière dont chaque langue va découper le réel qui est arbitraire (les
couleurs de l’arc-en-ciel, la neige, les arbres, etc.). Il s’agit d’une conventionalité qui repose sur des pratiques sociohistoriques, même pour les onomatopées et les mots expressifs.
2.2 La linéarité du signifiant
Le Sa, de nature auditive, se déroule sur la chaîne temporelle (concaténation ou chaîne parlée), sur laquelle les signes se
succèdent. On parle plus volontiers de nos jours de la successivité du signe linguistique.
3. Fonctionnement du signe linguistique
Les signes se succèdent et sont donc en contact les uns avec les autres. Leur valeur émerge ainsi par rapport aux autres
signes présents, dans une relation d’opposition / identité. Ils ont des relations syntagmatiques dans la concaténation.
Par ailleurs, leur présence dans la chaîne (leur actualisation) résulte d’une sélection, par rapport à d’autres signes absents,
avec lesquels ils partagent des qualités mais dont ils se distinguent, raison pour laquelle ils ont précisément été choisis. Ils
ont donc à nouveau un rapport d’opposition/identité mais cette fois dans un cadre paradigmatique.
Axe syntagmatique
le
chat boit
du
lait
le chien mange sa pâtée
une souris surveille ses petits
Axe paradigmatique
des lapins fuient le renard
Laurent FAURÉ, Université de Montpellier III – Paul-Valéry, Enseignement à Distance, METICE
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