CHAPITRE I : STEREOCHIMIE Définitions La constitution d'une entité moléculaire précise la nature et les modes d'union des atomes formant cette entité, en incluant la multiplicité des liaisons sans tenir compte de leur disposition dans l'espace. La configuration d'une entité moléculaire est la disposition spatiale des atomes ou des groupes d'atomes de cette entité. Ce terme est propre aux stéréo-isomères dont l'isomérie n'est pas due à des différences de conformations. Les stéréoisomères de configuration peuvent être classés en fonction de critères de symétrie. On distingue alors : - les énantiomères ; - les diastéréo-isomères. Un atome ou un groupe d'atomes qui, dans une entité moléculaire, peut être considéré comme à l'origine d'une stéréo-isomérie est appelé groupe stéréogène. Deux exemples de groupes stéréogènes sont particulièrement importants : - un atome asymétrique, centre chiral, avec les groupes qui lui sont liés ; - un groupe d'atomes constitué d'une double liaison avec ses substituants qui peut donner naissance à une isomérie cis-trans. La Conformation d’une entité moléculaire est l’arrangement structural d’une molécule de configuration donnée, obtenu par rotation autour des différentes liaisons ou par inversion d’un atome. Ces stéréo-isomères présentent entre eux des relations de diastéréo-isomérie ou d’énantiomérie. I. Représentations graphiques des molécules organiques I.1. Représentation en perspective et représentation de Cram I.1.1. Molécules à un carbone tétraédrique La représentation de Cram (1953) utilise les conventions représentées par la figure 1 pour le dessin des liaisons. a liaison dans le plan C liaison devant le plan b d c liaison derrière le plan Le dessin de la figure 2 représente l'un des stéréoisomères du 2, 3-diméthylbutane en utilisant la représentation perspective (A) et la représentation de Cram (B). H 3C 4 3 CH3 CH3 H 4 1 H3 C 2 1 CH 2 H 3C H 3 CH 3 CH 3 3 B A Exemple : une molécule de 5-méthyl-2-isopropylcyclohexanol est représentée sur le dessin (I) sans référence à la stéréochimie des groupes liés au cycle cyclohexanique. Le menthol est l'un des huit stéréoisomères possibles correspondant à cette formule. Ce composé est représenté en utilisant les conventions de Cram (II) et en perspective (III). CH 3 CH 3 5 5 6 4 3 6 4 1 3 2 2 1 2 OH OH HO CH 3 H3 C I CH3 6 1 H3 C 4 3 (H3 C) 2HC 5 CH 3 II III I.1.2. Molécules à deux carbones tétraédriques Dans une molécule possédant des carbones sp3, on peut mettre en évidence un phénomène de libre rotation autour d’une liaison carbone-carbone. On appelle conformation (ou conformère) d’une molécule une des structures spatiales (en nombre infini) que peut prendre cette molécule par libre rotation. Prenons l’exemple de l’éthane CH3-CH3. La représentation en projective montre deux conformations extrêmes parmi une infinité de conformations : la conformation éclipsée (A) et la conformation décalée (B). H H H H H H H H H Conf ormère éclipsé (A) H H H Conf ormère décalé (B) Dans la conformation éclipsée, tous les hydrogènes sont vis-à-vis deux à deux. L’angle dièdre est ω = 0°. Dans la conformation décalée, les hydrogènes ne sont plus en vis-à-vis. L’angle dièdre est ω = 60°. Toutes les conformations n’ont pas la même énergie. La conformation éclipsée est de plus haute énergie (donc moins stable). Par contre, la conformation décalée est de plus basse énergie (donc plus stable). La différence énergétique est de l’ordre de 12,5 kJ/mole. On l’appelle barrière de rotation. Cette valeur étant faible, à température ordinaire, on ne peut isoler ces différentes conformations. H H H H H H H H H H H H La différence de stabilité des conformations éclipsées et décalées est due à des phénomènes assez complexes (interactions électrostatiques, rayon atomique de Van der waals…). I.1.3. Molécules à plusieurs carbones tétraédriques Dans le cas de molécules à plusieurs carbones tétraédriques, on observe une conformation en zig-zag. I.1. Représentation de Newman La molécule est dessinée en projection selon une liaison C−C perpendiculaire au plan du papier. L'exemple suivant est celui de la molécule de butane en projection selon C2−C3. H3 C CH 3 H CH 3 H H H CH 3 CH 3 H H H H H H Conf ormère éclipsé ( = ) H H3 C H CH 3 H H H H CH 3 Conf ormère décalé anti ( = ) Il existe deux autres conformations décalées (ω = 60°) appelées gauches. CH 3 CH 3 H CH 3 H H H 3C H H H H H Dans les cas de l’éthane-1,2-diol (I), du 2-chloro-éthan-1-ol (II) et du 2-amino-éthan-1-ol (III), la conformation décalée la plus stable est conformation gauche car elle est stabilisée par liaison hydrogène intramoléculaire. + H H − O H H H O + H + H H − Cl H H O H − NH 2 H H H H I H O III II La molécule d'éthanal (IV) et celle d’un alcène (V) sont représentées selon la même méthode. H 2 H H H H 1 H O H O H a c c d b d a b IV V La projection de Newman est intéressante dans le cas de molécules cycliques comme le cyclohexane car elle permet de mettre clairement en évidence les différents angles dièdres. La projection de Newman peut également être mise à profit dans le cas de structures plus complexes comme les allènes, ou les spirannes. I.3. Représentation de Fisher ou Projection de Fischer Ce mode de représentation est très utilisé dans la chimie des sucres. Les conventions sont les suivantes : - la chaîne carbonée est dessinée verticalement ; - l'atome de carbone qui porte le numéro le plus petit (porteur de la fonction aldéhyde dans le cas d'un sucre) est placé en haut ; - les groupes sur l'horizontale pointent vers l'avant de la feuille de papier. X Y X Z Y X Z Y T T Z T Fisher Cram Les oses les plus simples sont le (2R)-2,3-dihydroxypropanal (I) et son énantiomère le (2S)2,3-dihydroxypropanal (II). Ils sont représentés ci-dessous en utilisant la représentation de Cram et la projection de Fischer. Ces sucres sont encore appelés glycéraldéhydes. H HO 1 1 HO 1 CHO H 2 3 CH OH 2 CHO 2 H OH 3 CH OH 2 CHO 2 3 CH 2OH Cram Fisher a c b e f HO Cram a d 1 c f CHO H 3 CH 2OH 2 Fisher Par convention, la chaine carbonée la plus longue est v er ticale avec la f onct ion la plus ox ydée toujours en haut (numéro 1 dans la nomenclature) b e d La nomenclature D, L de Fischer peut être reliée à ce système de projection. I.3. Représentation de Haworth Ce mode de représentation est fréquemment utilisé dans la chimie des sucres et de leurs dérivés. Il est beaucoup plus commode que la représentation de Fischer dans le cas des structures cycliques. Les exemples ci-dessous, qui concernent les hémiacétals cycliques du glucose, montrent la filiation entre cette représentation et celle utilisant un cycle cyclohexanique en perspective qu'on utilise de plus en plus fréquemment à l'heure actuelle. On a représenté successivement : - les α-glucopyranoses (A) et (A') ; - les β-glucopyranoses (B) et (B'). OH HO HO HO A OH O OH O OH OH OH OH A' OH HO HO HO B OH O OH O OH OH B' OH O H II. ISOMÉRIE OPTIQUE II.1. Symétrie et dissymétrie Les composés organiques peuvent être des molécules symétriques ou dissymétriques. Une molécule symétrique est superposable à son image dans un miroir car elle possède un plan de symétrie. Par contre, une molécule dissymétrique n’est pas superposable à son image dans un miroir car elle ne possède aucun élément de symétrie (ni plan, ni centre de symétrie). On dit alors que la molécule est chirale (chiral en grec signifie main). C'est le cas de chacune des coquilles d'escargots représentées ci-après ou encore des mains droite et gauche. La chiralité est une caractéristique intrinsèque d'une entité moléculaire liée à l'absence de certains éléments de symétrie. II.1.1. Opérations de symétrie Une structure possède un axe inverse de symétrie Sn si en effectuant une rotation de 2π/n (Cn) autour d'un axe puis une symétrie plane par rapport au plan perpendiculaire à cet axe, on retrouve une structure superposable à la structure originale. Deux cas de symétrie Sn sont particulièrement importants : - un axe de symétrie S1 est équivalent à un plan de symétrie ; - un axe de symétrie S2 est équivalent à un centre de symétrie. Elément de symétrie S1 S2 Sn (n>2) Equivalence plan (σ) centre (i) axe inverse (S) II.1.2. Conditions de chiralité Pour qu'une structure soit chirale, elle doit être dissymétrique. La chiralité implique l'absence : - de plan de symétrie ; - de centre de symétrie ; - d'axe inverse de symétrie supérieur à deux. Puisque l'existence d'un plan de symétrie correspond à un axe S1 et celle d'un centre de symétrie à un axe S2, on voit que l'existence de chiralité est subordonnée à l'absence d'éléments de symétrie Sn. NB: la chiralité est parfaitement compatible avec l'existence d'un axe de symétrie ordinaire noté Cn. Les molécules I et II sont chirales et énantiomères. Elles possèdent un axe de symétrie C2. Nous donnons quelques exemples d’entités « trompeusement » chirales. Les molécules I et II sont images l'une de l'autre dans un miroir et non superposables. Elles sont achirales car elles possèdent un plan de symétrie passant par le pont. Les molécules III et IV sont images l'une de l'autre dans un miroir et non superposables. Elles sont achirales car elles possèdent un centre de symétrie au milieu du cycle. On passe de III à IV en tournant la structure autour d'un axe passant par le centre du cycle. Les molécules V et VI sont images l'une de l'autre dans un miroir et non superposables. Elles sont achirales car elles possèdent un axe inverse de symétrie S4 passant par l'atome de carbone central et le milieu de chaque cycle. On passe de V à VI en tournant de 90° autour de cet axe. CH 3 Cl Cl Cl CH 3 Cl Cl Cl i I H3 C Cl CH 3 III II CH3 CH 3 H 3C S4 S4 CH 3 H3 C V H3 C i Cl CH 3 IV CH3 VI II.1.3. Molécules possédant un centre chiral II.1.3.1. Définition On appelle centre chiral un atome lié à un ensemble d'atomes, ou groupes d'atomes, dans une disposition non superposable à son image dans un miroir. II.1.3.2. Atome de carbone asymétrique La plupart des composés organiques dissymétriques sont des molécules qui possèdent un ou plusieurs carbones asymétriques. C’est une condition suffisante mais non nécessaire pour qu’une molécule soit dissymétrique. En effet, il existe quelques molécules dissymétriques sans carbone asymétrique (exemple des dérivés des allènes). Un carbone asymétrique est un carbone sp3 qui possède quatre substituants différents. R1 4 R C R2 R3 avec R 1, R2 , R 3 et R4 différents l'un de l'autre Un atome asymétrique, centre chiral, avec ses substituants, constitue un exemple de groupe stéréogène car il peut être considéré comme à l'origine d'une stéréo-isomérie. Il existe deux énantiomères de l'acide tropique (acide (2S)-2-phényl-3-hydroxypropanoïque) représentés cidessous : I (à gauche) et II (à droite). H HO2C H CO2H HO OH II I Rappelons que l'existence d'un atome de carbone asymétrique, et un seul, dans une molécule est une condition suffisante de chiralité. Ce n'est pas une condition nécessaire. Les allènes, les spirannes, constituent des exemples de molécules chirales sans atome de carbone asymétrique. Prenons l’exemple du butan-2-ol. Cette molécule possède un carbone asymétrique (désigné par un astérisque), lequel porte 4 substituants différents (H, OH, CH3, CH2-CH3). En projective, cette molécule peut se présenter ainsi : CH3 CH3 H OH H3 CH 2 C I H HO miroir CH 2CH3 II Les formes (I) et (II) sont deux représentations spatiales du butan-2-ol. Elles sont images l’une de l’autre dans un miroir et non superposables. Elles sont des configurations du butan-2-ol. Ces deux stéréoisomères sont appelés énantiomères ou énantiomorphes ou antipodes optiques ou inverses optiques. Le terme optique indique que ces deux configurations ont des propriétés physiques de faire dévier le plan de polarisation de la lumière polarisée dans un plan (mesure effectuée dans un polarimètre). On dit que ces deux structures spatiales sont douées d’un pouvoir rotatoire ou sont optiquement actives. Si (I) fait tourner le plan de la lumière polarisée vers la droite (sens des aiguilles d’une montre), on dit que la molécule est dextrogyre (du latin dexter : droite et gyre : tourner). Par convention, on la désigne par (d) ou (+). (II) fera tourner le plan de la lumière polarisée vers la gauche (sens contraire des aiguilles d’une montre), on dit que la molécule est lévrogyre (du latin laevus : gauche et gyre : tourner). Par convention, on la désigne par (l) ou (-). Le pouvoir rotatoire spécifique est défini ainsi : [T = rotation observée en degré longueur du tube (dm) x concentration (g/cm3) T: température à laquelle on effectue la mesure (en général 25°C) λ : longueur d’onde de la source de lumière du polarimètre (habituellement raie D du sodium avec λ = 589 nm) NB : Un mélange formé de 50% de (I) et de 50% de (II) est appelé mélange racémique ou racémate. Son pouvoir rotatoire est nul car la forme (I) annule la forme (II). On dit que le racémique est optiquement inactif par compensation. II.1.3.3. Atome d'azote Les amines tertiaires substituées par des groupes différents, sont chirales. A la température ordinaire, les deux énantiomères ne peuvent généralement pas être séparés en raison de l'inversion de configuration rapide de l'atome d'azote. La réaction entre une amine tertiaire et un dérivé halogéné est appelée alkylation d'Hofmann. Elle fournit un ion ammonium quaternaire qui est chiral si les quatre groupes sont différents. On peut alors, théoriquement au moins, séparer les deux énantiomères. II.1.3.4. Atome de phosphore Les phosphanes substitués par des groupements différents sont chiraux. La hauteur de la barrière d'interconversion est généralement comprise entre 125 et 145 kJ.mol−1. Elle est suffisante pour qu'on puisse séparer les énantiomères à la température ordinaire. L'inversion pyramidale n'a lieu qu'à une température plus élevée. Les phosphines chirales sont largement utilisées en catalyse. _ _ P Ph H 3C C 3H 7 P Ph CH3 C3 H7 II.1.3.5. Atome de soufre Les sulfoxydes présentent des barrières d'interconversion encore plus élevée, comprise entre 145 et 185 kJ.mol−1. Le mélange racémique peut être dédoublé en énantiomères à la température ordinaire. _ _ S O Ph Ph S Ph Ph O II.1.4. Molécules contenant plusieurs centres chiraux La présence de plusieurs atomes de carbone asymétriques dans la molécule n’est pas une condition suffisante pour que celle-ci soit chirale car la chiralité est une propriété globale de la structure. Les acides tartriques (2R, 3R) et (2S, 3S) d'une part, et (2R, 3S) d'autre part, constituent des exemples de cette situation. II.1.4.1. Composés méso On appelle composé méso (du grec mesos : milieu), un composé comportant deux centres chiraux de configurations absolues opposées. Il s'agit d'un composé achiral. Son pouvoir rotatoire spécifique est nul. La notion de composé méso est très générale : - en série acyclique on peut citer l'exemple de l'acide (2R, 3S)-tartrique ; - en série cyclique celui du cis-(1,2)-diméthylcyclohexane. a.Acide (2R, 3S)-tartrique Reprenons l’exemple vu avant où il y a deux atomes de carbone asymétriques dans cette molécule et l’existence de trois configurations car (2R, 3S) et (2S, 3R) sont identiques : La molécule ci-dessous est superposable à son image dans un miroir. Elle n'est donc pas chirale. Il s'agit d'un exemple de composé méso. HO2 C HO CO2 H OH HO2 C HO II.1.4. Molécules possédant un axe de chiralité II.1.4.1. Allènes CO2 H OH Les allènes sont des diènes cumulés. Ils possèdent un atome de carbone lié par deux liaisons doubles à deux autres atomes de carbone contigus. Les substituants des atomes extrêmes sont situés dans des plans P et P' perpendiculaires. Les molécules I et II sont énantiomères. H 3C H C C H H CH 3 H3C C P' P CH 3 C C C H P P' La molécule I est représentée en projection de Newman suivant l'axe de chiralité. 1 C H 3C Axe de chiralité 2 C 3 C CH 3 H H H CH 3 CH 3 H I C2 Notons que l'existence de la chiralité axiale n'implique pas nécessairement que la molécule soit asymétrique puisqu'il peut exister un axe de symétrie C2 suivant la bissectrice de l'angle entre les plans des liaisons. Lorsque les atomes portés par les atomes de carbone terminaux sont différents, les molécules sont asymétriques (groupe C1). Lorsque deux groupes portés par les atomes de carbone extrêmes sont identiques, la molécule est achirale car elle possède alors un plan de symétrie. II.1.4.2. Isomérie spirannique vraie Les spirannes possèdent un atome de carbone tétraédrique qui relie deux cycles situés dans des plans perpendiculaires. Les molécules ci-dessous sont les deux énantiomères du 2, 7diméthylspiro[4, 4]nonane. H H 3C 1 2 9 9 8 1 8 CH 3 5 3 4 6 7 H3 C H 5 7 H 2 H CH 3 3 4 6 II I La projection de Newman suivant l'axe de chiralité est : H H 3C 1 2 9 8 Axe de chiralité 4 2 CH 3 CH3 8 CH 3 5 3 H 7 H 6 I 7 3 H C2 Un spiranne achiral possédant un axe de symétrie inverse S4 a été donné en début de cours. II.1.4.3. Atropisomérie L'atropisomérie constitue un exemple d'énantiomérie lié à l'empêchement de la rotation autour d'une liaison simple. Le mot atropisomérie est formé à partir des mots grecs tropein, tourner et meros, partie. Les molécules I et II sont énantiomères. NO 2 4 1 O2N O 2N 1' 4' NO 2 1' 4' HO2 C 1 4 CO2H CO2 H HO2 C I II La molécule I est représentée en projection de Newman suivant l'axe de chiralité. La structure conserve un axe de symétrie C2. NO2 Axe de chiralité 4 1 O 2N 1' NO2 4' O 2N CO2 H HO2 C CO 2H CO 2H C2 I L'encombrement stérique des groupes nitro et acide est tel qu'à la température ordinaire la vitesse d'interconversion est suffisamment faible pour qu'on puisse séparer les deux énantiomères. On passe d'un énantiomère à l'autre par rotation autour de la liaison entre les deux groupes phényles. Certains atropisomères comme les binaphtyles atropiques sont utilisés comme ligands chiraux du ruthénium dans la synthèse de catalyseurs d'hydrogénation asymétriques en phase homogène. Ces catalyseurs permettent des synthèses asymétriques énantiosélectives avec des excès énantiomériques (ee) dépassant 95 %. Les problèmes soulevés par la synthèse totale de la vancomycine, un glycopeptide tricyclique, surnommé l'antibiotique de la dernière chance, ont récemment renouvelé l'intérêt pour les méthodes de synthèses stéréosélectives des isomères atropiques. Les solutions apportées par les groupes de D. A. Evans (Université de Harvard) et K. C. Nicolaou (Institut de recherche Scripps) figurent parmi les résultats les plus remarquables obtenus en synthèse organique ces dernières années. II.1.5. Molécules possédant un plan de chiralité Un plan de chiralité peut être considéré comme résultant de la désymétrisation d'un plan de symétrie par suite d'une ou plusieurs modifications sur la molécule comme une substitution, par exemple. II.1.5.1. Cyclènes Les cyclènes sont des hydrocarbures de formule brute CnH2n−2. Le (E)-cyclooctène est le plus petit des cyclènes trans. Dans ce composé, la liaison double impose une contrainte importante et une certaine rigidité. L'interconversion entre les énantiomères I et II est rendue difficile car la molécule doit passer par une conformation particulièrement contrainte. H H H H I II L'interconversion est suffisamment lente à la température ordinaire pour qu'on puisse séparer les énantiomères. Elle ne devient notable qu'à partir de 120 °C. II.3. Configuration absolue : nomenclature R et S Il est nécessaire de définir un système de nomenclature permettant de décrire l’arrangement spatial des atomes autour du carbone asymétrique, c’est-à-dire de rechercher sa configuration absolue. II.3.1. Règles de classement des substituants On utilise les règles de Cahn-Ingold-Prélog : - On classe les atomes des substituants directement portés par le carbone asymétrique par ordre décroissant du numéro atomique. Pour les principaux atomes en chimie organique, nous avons le classement : I > Br > Cl > S > P > Si > F > O > N > C > H ; - Si les atomes portés par le carbone asymétrique sont identiques, on examine l’atome suivant et ainsi de suite afin de pouvoir les départager. Exemple 1 : CH3-CH2-CH2 > CH3-CH2 > CH3 car C > H CH 3 Exemple 2 : H 3C C CH 3 H 3C H 3C CH H 3C CH 2 car 3C 2C 1C - Dans le cas de doubles ou triples liaisons, on appliqué la convention: C est équivalent à C N N C est équivalent à C C C C est équivalent à N N est équivalent à N C N N O O est équivalent à C O - Dans le cas d’isotopes, celui de masse plus élevée l’emporte. Ainsi, on a : 13T > 12D > 11H ; - Les différents atomes et radicaux fréquemment rencontrés en chimie organique sont classées de la façon suivante : I > Br > Cl > SO3H > SH > F > OCOR > OR > OH >NO2 > NR2 > NHCOR > NHR > NH2 > CO2R > CO2H > CONH2 > COR > CHO > CH2OH > CN > CR3 > C6H5 > CHR2 > CH2R > CH3 > D > H CHAPITRE II : HETEROCYCLE Un très grand nombre de composés, naturels ou synthétiques, renferment des squelettes cycliques, comportant un ou plusieurs hétéroatomes (atomes autres que le carbone). Ces composés sont dits hétérocycliques et peuvent être divisés en deux classes : ceux qui sont aromatique et ceux qui ne le sont pas. Les composés hétérocycliques non aromatiques ne se distinguent pas en général des composés non cycliques et renferment les mêmes fonctions. Ainsi, le diéthyléther et le tétrahydrofuranne ont des propriétés chimiques voisines. En chimie organique, la classification des molécules est basée sur le nombre et la diversité des atomes qui les composent, mais aussi sur les différents types de liaisons qui constituent leur structure. Dans le cas où les atomes forment une chaine, les composés correspondants sont dits acycliques. Au contraire, si l'enchainement des atomes forme un cycle, on dira qu'il s'agit de composés cycliques. Si le cycle est entièrement composé d'atomes de carbone, il s'agit de carbocycle. D'une manière générale, si le cycle est entièrement constitué d'un seul type d'atome, carbone ou autre, on ajoute le préfixe iso, composés isocycliques. Un cycle qui est constitué d'au moins deux types d'atomes est un hétérocycle. II existe deux groupes d'hétérocycles : - ceux qui contiennent un ou des atomes de carbone liés à un ou plusieurs autres éléments comme l'oxygène, le soufre, l'azote...appelés hétéroéléments ou hétéroatomes et qui sont les composés hétérocycliques organiques ; - et ceux qui ne contiennent pas d'atome de carbone et qui sont les hétérocycles inorganiques ou minéraux, lesquels ne sont pas traités dans ce cours. I. Caractère aromatique Le caractère aromatique n’est pas limité aux hydrocarbures benzéniques. Hückel a défini une règle très générale : est aromatique toute structure possédant 4n+2 électrons délocalisés. Dans le cas d’une structure à 6 électrons (la plus fréquente), les 6 électrons peuvent provenir de liaisons π, de doublet non liant ou d’une charge négative. Ainsi, les trois hydrocarbures ci-après sont donc aromatiques, ils possèdent 6 électrons et, comme le montrent les flèches, ces six électrons sont délocalisés sur l’ensemble du cycle. Un système à 6 électrons délocalisés est également possible avec les hétérocycles insaturés. Les 6 électrons sont, selon le cas, apportés par trois liaisons π (pyridine) ou par deux liaisons π et un doublet non liant (hétérocycle à cinq chaînons) II. NOMENCLATURE La nomenclature des hétérocycles est régie par des conventions internationales définies par la commission de I'lUPAC, International Union of Pure and Applied Chemistry. Elles permettent aux chimistes de tous pays de retrouver la formule d'une molécule à partir de sa dénomination. C'est très utile pour la rédaction de publications de recherche et de dépôt de brevets, à caractère international. Deux principaux types de régies IUPAC sont utilisées : celles de Hantzsch-Widman et celles dites de remplacement. I.1. Nomenclature de remplacement Dans cette nomenclature, on considère que l'hétérocycle est formé par remplacement par un ou plusieurs hétéroéléments d'un ou plusieurs atomes de carbone d'un système cyclique carbone. Devant le nom du cycle carbone, on écrit d'abord le préfixe ou les préfixes correspondants aux hétéroatomes figurant dans l'hétérocycle selon les préséances déjà indiquées, et la position ou les positions respectives de l'hétéroélément ou des hétéroéléments suivie(s) d'un tiret. A chaque hétéroatome est attribué un préfixe. Ces préfixes sont ordonnés selon une convention pour la dénomination d'un hétérocycle. Dans le tableau 1 sont indiqués les préfixes et leur ordre relatif (préséances des atomes O > S > Se > N...). Hétéroéléments Préfixes Hétéroéléments Préfixes oxygène (O) oxa bismuth (Bi) bisma soufre (S) thia silicium (Si) sila selenium (Se) selena germanium (Ge) germa azote (N) aza etain (Sn) stanna phosphore (P) phospha plomb (Pb) plomba arsenic (As) arsa bore (B) bora antimoine (Sb) stiba mercure (Hg) mercura I.2. Règles de nomenclature de Hantzsch-Widman Les règles de nomenclature selon Hantzsch-Widman s'appliquent à de nombreux composés et en particulier aux hétérocycles dont le nombre d'atomes du cycle est compris entre trois et dix. Pour les hétérocycles dont le nombre d'atomes cycliques est supérieur à 10, plus rares, une autre nomenclature a été proposée. Cette nomenclature est basée sur les hétérocycles les plus insaturés possibles. Dans cette nomenclature, le nom comporte nécessairement un préfixe (ou plusieurs) indiquant le nom de l’hétéroatome concerné (oxa, aza, …) et un suffixe indiquant la taille et la saturation du cycle (Tableau 2). Nombre de chainons du cycle Nombre Cycles azotés maximium de doubles Composé le Composé liaisons plus insaturé saturé compatibles Cycles non azotés 3 1 irine iridine irène iranne 4 2 ète étidine ète étanne 5 2 ole olidine ole olanne 6 3 ine ** inne anne 7 3 épine ** épinne épanne 8 4 ocine ** ocinne ocanne 9 4 onine ** oninne onanne 10 5 écine ** écinne écanne Composé le Composé plus insaturé saturé ** Mettre per hydro devant le préfixe Monocycles comportant plusieurs hétéroatomes de natures différentes Les monocycles comportant plusieurs hétéroatomes de natures différentes sont nommés en fonction de la préséance des préfixes de chaque hétéroélément et du nombre de chacun d’eux (di, tri…). La position 1 revient à celui qui a la préséance supérieure par rapport aux autres (O>S >N…). L’hétéroélément de plus faible préséance donne son nom à l’hétérocycle. Exemples Position d’un hydrogène pour certains isomères structuraux Lorsque plusieurs isomères ont pour différence entre eux la position d’un hydrogène dans le cycle, celle-ci est indiquée par un « H » en italique précédé de la position de l’atome auquel il est lié, celle-ci étant la plus faible si plusieurs positions existent. III. HETEROCYCLES A UN ATOME A- HETEROCYCLES PENTAGONAUX I- HETEROCYCLES SATURES. Les saturés ne sont pas les plus importants, leur comportement est celui des fonctions simples. s O Tetrahydrothiophène Tetrahydrofurane N H Pyrrolidine II- HETEROCYCLES PENTAGONAUX AROMATIQUES A UN HETEROATOME Les insaturés sont très fréquents dans les composés naturels. On distingue : O s Se Thiophène Sélénophène Furane H N Pyrrole II-1- Méthodes d’obtention La méthode la plus simple et la plus utilisée est celle initiée par PAAL-KNORR. Elle consiste en la condensation de δ-dicétones avec des réactifs nucléophiles générateurs d’hétéroatome oxygéné, soufré ou azoté. Elle conduit respectivement à l’obtention de dérivé furanique, thiophénique et pyrrolique. H ou O R1 R2 SO 4 2 O5 P2 P2S5 O Dérivé furanique R2 O R1 R2 S R1 R2 N H R1 NH 3 Dérivé thiophénique Dérivé pyrrolique II-2- Propriétés chimiques Deux propriétés sont reconnues à ces composés : a- caractère nucléophilie Ces hétérocycles sont aromatiques du fait de la participation du doublet de l’hétéroatome aux mouvements électroniques. Les formes limites issues de ces mouvements montrent que tous les sommets sont électro-excédentaires donc nucléophiles. Ils peuvent par conséquent être le siège de réaction électrophile. Cependant en pratique, on constate que seuls les sommets en 2 et 5 participent aux attaques électrophiles. S.Ear Z S.Ear Z = O, S, NH b- caractère oxydant Ces hétérocycles peuvent être réduit partiellement ou entièrement en présence de dihydrogène et de catalyseur métallique. II-3- Réactivité II-3-1- Réactivité du furane a- réaction de substitution électrophile : elles sont limitées par l’instabilité du furane en milieu acide. Cependant, on peut faire les réactions de : sulfonation, nitration, acylation, halogénation, formylation….. SO3H O SO3 + pyridine X2 (CH3CO)2O H3C AlCl3 O + O O O X X X O DMF/ POCl3 /H2O HNO3 H NO2 O O O b- Réaction d’hydrogénation H2/Ni de Raney H2/Pt OH CH3COOH T°< 170°C O O tétrahydrofurane c- coupure oxydante O2 HO2C V2O5 O CO2H ac maléique II-3-2- Réactivité du thiophène a- réaction de substitution électrophile : il est plus réactif que le benzène. On peut faire les réactions de : sulfonation, nitration, acylation, halogénation, formylation, chlorométhylation….. SO3H SO3 + pyridine S I S I 2/ O Hg O 2 CH AlCl3 3 (C H CO )2 O S S NO2 O3 HN + CH S 2 O/ O l /H 2 OC 3 F/ P DM ) 2O CO 3 (CH S O S X2 RCOCl R Cl l2 nC /l Z C /H X X S X HN (C H 3 )2 / Ac OH N S H S O b- Réaction d’hydrogénation : elle peut conduire à la tétrahydrothiophène ou thiophane ou thiolane. Dans certaines conditions on observe une désulfuration. Na/Hg S S Ni de Raney R S R' R R' II-3-3- Réactivité du pyrrole a- réaction de substitution électrophile : il est plus réactif que le furane, le thiophène et le benzène. On peut faire les réactions de : sulfonation, nitration, acylation, halogénation, formylation, chlorométhylation…..Cependant, compte tenu de l’instabilité du pyrrole en milieu acide il est souvent nécessaire d’avoir un groupement sur le noyau. N H N H H KO l/ C3 O H C + Cl SO3H O )2 O C H3 O3 C ( HN N H NO2 Br Br2 Br CH N H 2 O/ O l /H 2 OC 3 F/ P DM ) 2O CO 3 (CH O N H N H 2 CH (CH3CO)2O H3C Cl l2 nC Z l/ HC / O SO3 + pyridine N H HN (C H Br Br N H 3 )2 / Ac OH N N H H N H O b- Réaction d’hydrogénation : elle peut conduire à la 2,5-dihydropyrrole ou à la pyrrolidine. Zn/CH3CO2H N H 2,5-dihydropyrrole N H H2/Ni pyrrolidine N H N H III- HOMOLOGUES DES HETEROCYCLES PENTAGONAUX A UN HEROATOME RESULTANT DE L’ACCOLEMENT AVEC L’HOMOCYCLE BENZENIQUE Les principaux hétérocycles de cette catégorie sont : O N H Benzo[b]furane Benzo[b]pyrrole ou indole O Benzo[c]thiophène Benzo[c]pyrrole Benzo[b]thiophène Benzo[b]sélénophène s NH s Se Se Benzo[c]furane Benzo[c]sélénophène Ils sont obtenus par accolement du furane, du thiophène, du pyrrole ou du sélénophène avec le benzène. Selon le type de jonction, on distingue les benzo[b] et les benzo[c]. Ces derniers ne sont généralement pas isolés. Ils sont caractérisés par des méthodes spectroscopiques. + Z Z Z = O, S, NH, Se Nous nous intéresserons à l’indole. III-1- Mode d’obtention L’indole existe à l’état naturel dans l’essence de jasmin. Ce noyau se retrouve dans de nombreuses molécules naturelles (dérivés de l’acide lysergique, de réserpine et yohimbine) et dans des molécules biologiquement importantes (tryptophane, sérotonine). Il existe plusieurs méthodes de synthèse. Mais la plus connue est la synthèse de Fischer. NH2 N H phénylhydrazine R2 + R2 H2SO4 ou ZnCl2 ou APP R1 N H indole substitué O R1 cétone énolisable La fusion avec un deuxième noyau benzénique donne les carbazoles. O N H Carbazole III-2- Propriétés chimiques N H 4H-Tetrahydrocarbazole N H 4H-Tetrahydrocarbazolone S.E N H S.N (après l'action d'une base) caractère acide, S.N (après l'action d'une base) III-3- Réactivité III-3-1- Substitution électrophile Il réagit avec la plupart des substances électrophiles par le sommet 3. On observe ainsi les réactions de nitration, de sulfonation, de formylation, de chlorométhylation…. SO3H SO N H 3 X ,P Cl 2 SO u o Br 2 HNO3 y Réaction de Mannich N N H N H l nC 2 NO2 N H DM F, PO Cl 3 RCN, HCl Z Cl, H , HO HC Cl X = Br, Cl N H N H COR N H CHO N H III-3-2- Substitution nucléophile a- en position 1 N CH3 ICH3 NaH N H N ClCOR N COR b- en position 2 EtO O OEt nBuLi N CH3 N CH3 N CO2Et CH3 CH 3 CHO MnO2 CH3 N CH3 OH N CH3 O CH3 B- HETEROCYCLES HEXAGONAUX A UN HETEROATOME I- PRESENTATION Ce sont des composés qui dérivent du benzène par le remplacement d’un carbone par un atome d’azote. C’est un ensemble de plusieurs composés dont les principaux sont représentés cidessous : II- Pyridine II- 1- Présentation CH3 N N Pyridine CH3 alpha picoline N beta picoline CH3 N gama picoline CO2H CO2H N CO2H acide picolique II-2- Mode d’obtention N acide nicotinique N acide isonicotinique La pyridine est extraite par distillation des goudrons de houille. Ses dérivés sont obtenus par la synthèse notamment la méthode de HANTZSCH. Elle consiste en la condensation de deux moles d’un β-ester cétonique et d’un aldéhyde en présence d’ammoniac. R2 C2H5O2C O NH3 R' O R2 C2H5O2C CO2C2H5 R'CHO R2 CO2C2H5 N R2 II-3- Propriétés chimiques S.N S.E S.E N S.N S.N A.E II-4- Réactivité 1I-4-1- Réaction d’addition électrophile N H Cl HCl H2O2/AcOH ou RCOOOH SO3 N O N N SO3 RX RCOCl N COR X N R 1I-4-2- Réaction de substitution électrophile NO2 N NH2 N HNO3/H2SO4 Br Br2/H2SO4,SO3 N 200-300°C SO3H SO3/H2SO4 N 1I-4-3- Réaction de substitution nucléophile 300°C N OH N NaNH2/H2O/ R° de Chichibabine N N NH2 Nu N N Cl Nu Nu Cl Nu N N 1I-4-4- Réduction H2/cat ou Na/EtOH N N H III- N-OXYDE PYRIDINE III-1- Mode d’obtention Il est obtenu par voie de synthèse. H2O2/CH3CO2H/ N ou CH3COOOH/ N O III-2- Propriétés chimiques S.E (sommet préférentiel) S.E (rare) S.N avec les RMGX S.E N O S.E o-alkylation III-3- Réactivité Cl + SO3H N O Br N Hg SO 24 4 /o 0° lé C um ou PCl3 ou l 3 C PO Br2/70°C, oléum Nu Cl Nu à froid N OR N OR N OR 100°C N O N O Nu N N NO2 HNO3/H2SO4 RMgX à froid Nu + N Cl l C2 SO cc 4 SO H2 RC là fro id N O l5 PC Nu Nu N O N O O SO3H N GammaHpyridone N O R 1-H3O 2- Ac2O MgX N R IV- HETEROCYCLES RESULTANT DE L’ACCOLEMENT DES HETEROCYCLES HEXAGONAUX AVEC LE BENZENE IV-1- Définition et structure Il résulte de l’accolement des hétérocycles hexagonaux et du benzène. On distingue : a- ceux provenant de la pyridine et ses analogues : c c Isoquinoléine d + b N e aN f b N Quinoléine X = O : 4H-chromène c X = S : 4H-thiochromène d + b X X = O : 2H-chromène e a X f X b- ceux provenant de la pyridinone et ses analogues : X = S : 2H-thiochromène O N H NH O N H 4-Quinolone O 2-Quinolone 2-Isoquinolone O O O S 4H-chromen-4-one O S O 2H-thiochromen-2-one 2H-chromen-2-one 4H-thiochromen-4-one O IV-2- Mode d’obtention IV-2-1- Synthèse de la quinoléine Il existe deux principales méthodes. Elles sont basées sur la condensation de l’aniline et ses dérivés avec des bis-électrophiles à 3 atomes de carbones (méthode I) ou à deux atomes de carbones (méthode II). a- Méthode I : synthèse quinoléique de Skraup Il s’agit de la condensation de l’aniline avec l’acroléine en milieu acido-oxydant. La synthèse passe l’obtention de la dihydroquinoléine. O Nitrobenzène/ H + NH2 ou FeSO4/ N H N Cette méthode peut être généralisée à l’obtention de quinoléine diversement substituée. ♦- accès aux quinoléines 2,8-substituées O + NH2 N R2 R1 R1 R2 ♦- accès aux 4-amino-7-chloro quinoléines O Cl EtO2C + NH2 O saponification 1-H CO2Et 2- (diphényl éther) CO2Et (- CO2) NHR R-NH2 POCl3 N H N H Cl O Cl Cl Cl N 4,7-dichoro quinoléine Cl N 4-amino-7-chloro quinoléine La 4-amino-7-chloro quinoléine constitue le motif de base de certains antipaludiques. ♦- accès aux acides γ-quinolones-3-carboxyliques ou fluoroquinolones antibactérien. F R1 EtO2C + NH2 CO2Et EtO2C F OEt R1 CO2Et 1- N H (diphényl éther) 2-H3O O F O CO2H F R2-X R1 N H CO2H R1 N R2 b- Méthode II : condensation de Friedlander Il s’agit de la condensation d’un orthoacylaniline avec une cétone énolisable. R1 R1 R2 O H + O NH2 R3 R2 / N ou OH / R3 IV-2-2- Synthèse de l’isoquinoléine Il existe trois principales méthodes. Il s’agit de la condensation de : - β-phényléthylamine avec un carbone électrophile de type carbonyle ou chlorure d’acyle (méthode I). -dérivés de benzaldéhyde ou d’acétophénone avec des dérivés de l’éthylamine (méthode II). -dérivés du benzylamine avec des dérivés de l’acétaldéhyde (méthode III). a- synthèse isoquinoléique de Bischler-Napieralski (méthode I). POCl3 ou P2O5 ou PCl5 Cl COR NH2 NH O 2-phényléthylamine R Pd/C N R 3,4-dihydroisoquinoléine N isoquinoléine b- Synthèse de la tétrahydroisoquinoléine selon Pictet-Spengler (méthode I). H3CO H3CO R CHO NH2 H3CO H3CO H H3CO N H3CO R 3,4-dihydroisoquinoléine R 2-phényléthylamine NH c- Synthèse de l’isoquinoléine selon Pommeranz-Fritch - Méthode II EtO EtO H OEt OEt H + (-H2O) N (-H2O) H2N O O N N - Méthode III EtO OEt EtO OEt H2SO4 O N N R R NH2 R Benzylamine EtO OEt EtO OEt X NH R IV-3- Propriétés chimiques IV-3- 1- Quinoléine S.E favorisée S.N favorisée S.E difficile N S.N favorisée S.E A.E protonation favorisée acylation, alkylation oxydation 1-POCl3 2-Pd/C IV-3- 2- Isoquinoléine S.E favorisée S.E difficile S.N rare N A.E protonation acylation, alkylation S.E S.N oxydation favorisée favorisée IV-4- Réactivités IV-4-1- quinoléine N R R-X H H2/cat H N H H 2 /ca N H t O cc /H 2S 4 O 4 n KM KO N N H RCl /H O2 H2 N O N OR NaNH2 R° de Chichibabine HN O 3 /H NO2 0° 2 SO C SO 4 /H 2 O3 HN 0°C 10 HO2C 90°C H N HNO3/H2SO4 HO2C X N NH2 4 + N O N NO2 NO2 N SO3H N IV-4 -2- isoquinoléine N X R R-X RCl N /H O2 N O H2 RMgX/H2O N N KO 90°C oléum H R NaNH2/ R° de Chichibabine HN O 3 /H NO2 0° 2 SO C N NH2 4 N NH + N NO2 O N SO3H OR HETEROCYCLES A DEUX HETEROATOMES A- HETEROCYCLES PENTAGONAUX I- Définition et structure Il s’agit d’hétérocycles pentagonaux possédant deux hétéroatomes pouvant être en position 1,2 ou 1,3. z z N z z N N N 1,2-azolés Z= O : isoxazoline Z= S : isothiazoline Z= NH : pyrrazoline 1,2-azolés Z= O : isoxazole Z= S : isothiazole Z= NH : pyrrazole S O O 1,3-dioxalane S S 1,2-dithiolane 1,3-azolés Z= O : oxazole Z= S : thiazole Z= NH : imidazole 1,3-azolés Z= O : oxazoline Z= S : thiazoline Z= NH : imidazoline S S S S 1,2-dithiole S 1,3-dithiolane 1,3-dithiole II- Mode d’obtention II-1- Les 1,3-azolés Il existe plusieurs méthodes. A titre d’exemple nous rapporterons un pour chaque composé. a- Synthèse de l’imidazole par la condensation des 1,2-dicarbonylés avec un aldéhyde en présence d’ammoniac. R1 R1 O H R' + R2 R2 O O N AcONH4 N H R' b- Synthèse du thiazole par la condensation d’un halogénocétone et d’un thioamide en présence de HCl. R1 R1 O + R2 H2N R' R2 S X N HCl R' S c- Synthèse des oxazoles par la méthode de Robinson-Gabriel Il s’agit de la condensation des amides avec les chlorures d’acide. R1 R2 O Cl R' + R2 NH2 O N N(Et)3 R1 O R' II-2- Les 1,2-azolés a- Synthèse de l’isoxazole et du pyrazole par la condensation des 1,3-dicarbonylés avec l’hydroxylamine ou l’hydrazine. R2 R1 R2 O H2N OH + R1 O + N R1 R2 O R1 R2 O R1 N R2 O O H2N NHR' + + N R1 N R' N R2 N R' L’un des deux isomères est obtenu majoritairement. b- Synthèse de l’isothiazole par la condensation du 3-imino butane thioamide avec la chloroamine. H2N S NH + Cl NH 2 N H2N S III- Propriétés physico-chimiques S.E S.E A.E (après action d'une base) caractère basique N S.E N H N H A.E A.E (après action d'une base) (après action d'une base) caractère acide S.E N caractère basique caractère acide S.E caractère basique N Z A.E (après action d'une base) N caractère basique Z A.E (après action d'une base) A.E (après action d'une base) Z = O, S IV- Réactivité IV-1- Substitution électrophile Ces composés sont très peu réactifs vis-à-vis des électrophiles du fait de l’azote pyridinique. Cependant on assiste aux réactions électrophiles habituelles : nitration, sulfonation, halogénation…. IV-2- Addition électrophile en présence d’organolithiens On réalise ainsi des alkylations, des acylations….. B- ACCOLEMENT DES 1,3-AZOLES AVEC LE BENZENE I- Définition et structure Ils sont obtenus par accolement de l’oxazole, du thiazole ou de l’imidazole avec le benzène. N N + Z Z = O : Benzoxazole Z = S : benzothiazole Z = NH : Benzimidazole Z Nous nous intéresserons au benzimidazole. II- Mode d’obtention II-1- Méthode de Philipps Il s’agit de la condensation d’un acide carboxylique avec l’orthophénylènediamine. NH2 O N H3O (-H2O) R + R N H HO NH2 La variation de l’acide carboxylique permet d’avoir différents dérivés du benzimidazole. II-2- Méthode de Van Allan NH2 S + H3O S NH2 N SH N H Ce dérivé du benzimidazole permet flexibilité de la substitution en position 2. II-3- condensation de l’orthophénylènediamine avec la guanidine et ses dérivés NH2 HN + H2N NH2 H3O (-H2O) N NHR NHR N H Cette réaction permet d’obtenir les carbamates benzimidazoles. III- Propriétés chimiques caractère basique N N H S.N après action d'une base caractère acide, S.N après action d'une base IV- Réactivité Il s’agit essentiellement de substitution nucléophile. a- en position 1 N N CH3 ICH3 NaH N N ClCOR N H N N N COR b- en position 2 N N nBuLi N CH3 RX N N CH3 N R CH3 B- LES HETEROCYCLES HEXAGONAUX I- Présentation S S N 5,6-dihydro-4H-1,3thiazine S N 6H-1,3-thiazine N O O N 1,4-diazine 5,6-dihydro-1,3-oxazine pyrazine N O 4H-1,2-oxazine N 1,2-diazine pyridazine 4H-1,3-thiazine N N N N N O N N N N 4H-1,3-oxazine O N 1,3-diazine pyrimidine 6H-1,3-oxazine N S 6H-1,2-oxazine 5,6-dihydro-4H-1,2-thiazine S 4H-1,2-thiazine O 5,6-dihydro-1,2-oxazine N S 6H-1,2-thiazine II- LES DIAZINES II-1- Définition et structure Ce sont des composés aromatiques dérivant du benzène par le remplacement de deux CH par deux atomes d’azote. On distingue 3 isomères. N N N N 1,2-diazine pyridazine N 1,3-diazine pyrimidine N 1,4-diazine pyrazine Nous nous intéresserons à la pyrimidine qui est de loin la diazine la plus connue. II-2- Mode d’obtention de la pyrimidine et ses dérivés La plupart des méthodes procède le plus souvent par condensation de l’urée et de ses dérivés avec divers bis-électrophiles. R1 O R2 H / Z + O R1 R1 H2N H2N ou H / N N R2 N H Z = O : urée Z = S : thiourée Z = NH: guanidine Z R2 N ZH Cette réaction a été appliquée à la synthèse de diverses pyrimidines. II-2- 1- thymine et uracile OEt O O R O H H2N O H / O + H2N R ou H / R NH N NH N O H R = H : uracile R = CH3 : thymine O II-2- 2- cytosine N NH2 NH H2N H O H / O + H2N N NH ou H / N N O H cytosine O II-2- 3- 5-fluoro uracile O F H O O OEt H2N + O H2N H / O ou H / F F NH N O II-3- Réactivité II-3-1- halogénation POCl3 N N H O N N Cl NH N O H 5-fluoro uracile II-3-2- substitution nucléophile N N Nu N X N Nu II-3-3- addition électrophile N N H 1- B O N 2- RX N R O II-3-4- substitution électrophile Les réactions sont difficiles et elles n’ont lieu sur des pyrimidines activées du type pyrimidinones. O2N Réduction N N O N H /H O3 HN H2N N H O N N H ON aN O ON 2 /H H2N N N H N Réduction N H O O III- Les acides barbituriques III-1- Définition et structure Ce sont hétérocycles hexagonaux à atomes d’azote en position 1,3 résultant de la condensation de l’urée avec le malonate et ses dérivés. O R1 NH Z R2 O NH III-2- Méthodes d’obtention III-2-1- Synthèse du barbital O OEt OEt O 1-EtONa 2-IC2H5 O Et NH Et NH OEt OEt Et O O O O Barbital 1-EtONa 2-IC2H5 H2N O Et O OEt OEt Et O H2N III-2-2- Synthèse du phénobarbital KCN Cl O CN OEt OEt O NH O OEt OEt Et O H2N Et NH O Phénobarbital O O EtOH/H CN H2N O 1-EtONa 2-IC2H5 CO2Et 1-EtONa 2-(EtO)2CO C- HETEROCYCLES RESULTANT DE L’ACCOLEMENT AVEC LE BENZENE N N N N N N N N benzo[c]pyridazine ou Cinnoline benzo[d]pyridazine ou phthalizine N N Benzopyrazine benzo[d]pyrimidine ou quinoxaline ou phthalizine dibenzopyrazine ou phénazine D- HETEROCYCLES RESULTANT DE L’ACCOLEMENT DE LA PYRIMIDINE OU DE LA PYRIMIDINONE AVEC L’IMIDAZOLE : LES PURINES ET LES XANTHILENES I- LES PURINES OU IMIDAZO-PYRIMIDINES I-1- Définition et structure Ce sont des composés résultant de l’accolement de la pyrimidine avec l’imidazole. H N N N N I-2- Mode d’obtention L’une des méthodes de synthèse utilisées est la méthode de Straub. Elle consiste à condenser en milieu acide les diamino pyrimidines avec l’acide formique. NH2 N O + N NH2 N H N H HO H N N N N I-3- Propriétés chimiques C.A, A.E (après action d'une base) S.E N N I-4- Réactivité I-4-1- addition électrophile N N H N 1- EtONa N 2- RX R N N N N R = Alkyl, acyl I-4-2- halogénation R N N N X2/AcOH R N N N X N N I-5- Exemple de purines : NH2 N N O H N H N HN H2N N Adénine N N Guanine II- LES BASES XANTHIQUES : caféine, théophylline et théobrimine II-1- Définition et structure Ce sont des composés issus de l’accolement des 2,4-dioxopyrimidines avec l’imidazole. On distingue : O H3C N O H N N N CH3 Théophylline O HN O CH3 N N N CH3 Théobromine II-2- Modes d’obtention II-2-1- Extraction Elle permet d’obtenir la théobromine et la caféine. II-2-2- synthèse totale de la théophylline O H3C O N CH3 N N N CH3 Caféine O H3C EtO NH O O OH + NH H3C H3C O H N H3C N NH CH3 O N N O N NH2 CH3 O O H3C NaNO2/H NO N H3C Fe/(NH4)2SO4 O HETEROCYCLES A 7 N CHAÎNONS AVEC HCO2H H3C N NH2 CH3 O N NH2 CH3 O NH2 1 OU O 2 N H N N N CH3 HETEROATOMES HOMOLOGUES POLYCONDENSES A- MONOGRAPHIE I- Hétérocycles pentagonaux monocycliques N N Z Z Z = O : oxépine Z = S : thiépène Z = NH: azépine N N H 1, 2- diazépine Z Z = O : oxazépine Z = S : thiazépène Z = NH: diazépine II- Les homologues polycondensés II-1- Les benzodiazépines : dérivés et isostères II-2- Les dibenzazépines : dérivés et isostères H N H N O Dibenzazépine Dihydrobenzazépine Dibenzoxépine Dihydrobenzo cycloheptène II-3- Les dibenzodiazépines : dérivés et isostères Z S N Z = O : Dibenzoxazépine Z = S : Dibenzothiazépine Z = NH : Dibenzodiazépine Z N Benzothiénodiazépine ET B- Mode d’obtention I- Les benzodiazépines I-1-Les 1,4-benzodiazépines Elles sont obtenues par condensation des 2-amino benzophénones et 2-amino acétate d’alkyle et dérivés. EtO H N O H2N O N R7 R'2 NH2 O R7 R'2 EtO O H2N CO2Et H N O CO2Et N R7 R'2 I-2-Les 1,5-benzodiazépines H N O NH2 R3 R7 N EtO2C R7 + NH R3 EtO2C O R'2 R'2 Malonate OPDA I-3-Les 1,2-benzodiazépines R1 R1 R2 N N R7 R2 O O + R7 R' R' Benzophénone beta carbonylés II- Les dibenzoxépines O R7 OH + X EtO2C NH2 NH2 O OH X + EtO2C 1- H 2- PPA O 10-dibenzoxépin-5-one