Systèmes de cultures et gestion des nutriments
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qu’elle est plus asymptotique pour les légumineuses fourragères comme le trèfle, en par-
ticulier lorsqu’elles sont cultivées en association, les espèces non fixatrices associées rédui-
sant rapidement la teneur en azote minéral du sol. En présence d’animaux dont les déjections
au pâturage, en particulier urinaires, augmentent localement la disponibilité en azote
minéral dans le sol, les légumineuses prairiales ont de fortes fluctuations des taux d’azote
fixé dans l’espace et dans le temps.
Même si leur rendement en matière sèche a encore aujourd’hui un niveau inférieur à celui
des céréales, le rendement en protéines du pois et d’autres légumineuses à graines est plus
élevé que celui d’un blé ou d’autres céréales fertilisées. Produire des protéines mobilise davan-
tage de ressources énergétiques pour la plante que produire de l’amidon. Le potentiel de
rendement en matière sèche atteignable par les légumineuses à graines serait donc en théorie
inférieur à celui des céréales. Il existe cependantune marge de progrès importante pour aug-
menter conjointement les rendements et la teneur en protéines des protéagineux européens,
car les travaux d’amélioration variétale sont plus récents que ceux sur céréales.
2. Dynamique de la nutrition azotée au cours du cycle de croissance.
a. Chez les légumineuses annuelles à graines, une fixation optimale en fin de phase
végétative avant le remplissage des graines
Chez les légumineuses à graines annuelles, en culture monospécifique, le prélèvement
d’azote se divise en trois étapes (figure 10.3). Cette dynamique, qui a été quantifiée sur le
pois, est transposable à toutes les légumineuses à graines.
Q En début de cycle, les besoins en azote nécessaires à la mise en place de la plantule sont
assurés par la semence, l’autonomie étant proportionnelle à la taille de la graine.
Q De la levée au début de remplissage des graines : à partir de la levée, l’absorption de
nitrates provenant de l’azote minéral du sol prend le relais, puis diminue au fur et à mesure
de l’épuisement du stock. La fixation symbiotique démarre dès que les réserves de la graine
et l’azote minéral du sol ne permettent plus de subvenir aux besoins en azote, soit au
bout d’environ 235 degrés-jours après le semis chez le pois. Les premières nodosités du
pois sont visibles dès le stade 3-4 feuilles. Leur mise en place a lieu au détriment des racines.
Les reliquats azotés du sol au semis favorisent le démarrage de la croissance, permettant
une disponibilité en nutriments suffisante pour une mise en place rapide des nodosités.
En revanche, des niveaux d’azote minéral supérieurs à 50 kg.ha–1 environ retardent la mise
en place des nodosités et limitent la fixation symbiotique. Celle-ci augmente au cours de
la phase végétative au fur et à mesure de la diminution de la disponibilité en azote minéral
du sol et de la mise en place des nodosités, pour devenir majoritaire dès la fin de la phase
végétative. Ensuite, la légumineuse a la capacité de basculer d’une voie à l’autre, en fonc-
tion des variations de fourniture d’azote minéral par le sol et des besoins de la plante,
sauf si le fonctionnement des nodosités a été longtemps inhibé par des facteurs de milieu
défavorables (sécheresse, anoxie, pathogènes, etc.).
Q À partir du début du remplissage des graines, la fixation symbiotique décroît : cette baisse
est interprétée comme une conséquence de la compétition exercée par les gousses au
cours de leur remplissage pour les nutriments carbonés issus de la photosynthèse, aux
dépens des nodosités (dont l’efficience diminue par ailleurs avec leur vieillissement). En
plus de ce facteur intrinsèque majeur, des facteurs environnementaux défavorables peuvent
contribuer à accélérer la diminution de la fixation symbiotique en fin de cycle. La couleur
rose des nodosités indique qu’elles sont fonctionnelles, alors qu’une couleur vert-marron
indique la sénescence de leurs structures et donc l’arrêt de la fixation symbiotique. La
teneur en protéines des graines (en moyenne 24 % chez le pois, soit 3,8 % N) est fonction
du rapport entre l’accumulation d’azote et l’accumulation de matière sèche dans les graines,
déterminées par des mécanismes indépendants. La variabilité de la teneur en protéines
des graines de pois est importante, aussi bien entre années qu’entre lots collectés une
année donnée. Si cette variabilité peut avoir des origines génétiques, les conditions envi-
ronnementales expliquent la plus grande partie des fluctuations.
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