Cohomologie et spectre des vari´et´es localement sym´etriques 5
1 Introduction
Une vari´et´e riemannienne Xest dite sym´etrique si la sym´etrie centrale dans
les coordonn´ees g´eod´esiques autour d’un point quelconque de X
s’´etend en une isom´etrie globale de X. L’importance de cette notion d´egag´ee
par Cartan provient du fait 1) qu’un espace sym´etrique (et donc une
g´eom´etrie de Klein) est naturellement associ´e(e) `a chaque groupe
de Lie r´eductif r´eel connexe G(et notamment `a tous les groupes clas-
siques GL(n, R), O(p, q), U(p, q), ...) : l’espace X=G/ZK, o`u Kest
un sous-groupe compact maximal de Get Zle centre de G; et 2) que
r´eciproquement le groupe des isom´etries d’un espace sym´etrique est tou-
jours un groupe de Lie r´eductif. En dehors de ce bel exemple de pont entre
la g´eom´etrie (riemannienne) et l’alg`ebre, la notion de vari´et´e sym´etrique
englobe toute une s´erie de g´eom´etries de Klein dont elle permet un trai-
tement uniforme. Parmi ces g´eom´etries citons la g´eom´etrie hyperbolique
(matrice de toutes ces g´eom´etries) associ´ee au groupe O(n, 1) (n≥2),
sa g´en´eralisation complexe, la g´eom´etrie hyperbolique complexe, associ´ee
au groupe U(n, 1) (n≥1), mais aussi, l’espace des formes quadratiques
d´efinies positives de d´eterminant 1 associ´e au groupe GL(n, R) (n≥2).
La majeure partie du texte sera consacr´ee aux espaces sym´etriques as-
soci´es aux groupes unitaires U(p, q) et orthogonaux O(p, q). Mais avant
cela, commen¸cons par placer cette ´etude dans son contexte historique.
´
Etant donn´e un espace sym´etrique X, Clifford et Klein posent la question
de l’existence d’espaces compacts (ou de volumes finis) localement model´es
sur cette g´eom´etrie (mani`ere de mesurer l’“utilit´e” de celle-ci) : les vari´et´es
localement sym´etriques. Comme souvent face `a la demande de constructions
explicites, le g´eom`etre a recours `a l’arithm´etique. Les premiers exemples de
vari´et´es localement sym´etriques sont des vari´et´es arithm´etiques, c’est-`a-dire
quotients de Xpar un groupe arithm´etique.
La notion de groupe arithm´etique a pour origine l’´etude d’une famille
sp´eciale d’´equations diophantiennes, `a savoir la recherche d’une matrice
M∈Mn×m(Z) (n, m ≥1) v´erifiant une ´equation du type :
tMSM =T, (1.1)
o`u S(resp. T) est une matrice sym´etrique `a coefficients entiers de taille n
(resp. m). Lorsqu’une telle solution existe on dit de Tqu’elle est repr´esent´ee
par S.`
A titre d’exemple consid´erons le cas n= 2, m= 1,
S=a b
b c , T = (t) et M=x
y.
L’´equation (1.1) devient alors
ax2+ 2bxy +cy2=t
dont des cas sp´eciaux comme
x2+y2=tou x2−Dy2= 1