Flux n° 54 Octobre - Décembre 2003
30 Dossier
On notera également l’apparition de nouvelles activités
favorisée notamment par le développement des NTIC
(Nouvelles Technologies de l’Information et des
Communications) : trading, bourse électronique, responsable
d’équilibre… On observe aussi une évolution des grands opé-
rateurs qui, soumis à une forte concurrence sur le prix du kWh,
cherchent à devenir multi-énergies et à proposer plus des ser-
vices que le simple produit kWh.
On quitte donc un schéma où le gestionnaire du réseau du
transport, intégré dans l’ensemble du système production-
demande, n’est qu’un « passeur », dont le rôle est d’assurer le
transport d’un bien qu’on cherche à vendre en quantité.
Aujourd’hui, RTE se trouve dans une position où la réduction
ou la maîtrise des consommations d’électricité ne constitue pas
forcément une perte financière dans la mesure où celle-ci peut
venir « soulager » le système en générant des économies d’in-
vestissements dans de nouvelles capacités ou en accompagnant
des programmes d’investissement longs à mettre en œuvre dans
des zones en déficit d’approvisionnement.
Politique d’aménagement du territoire
et décentralisation
Les deux derniers gouvernements ont très clairement renforcé,
chacun à leur manière, leur politique d’aménagement du terri-
toire. Le premier (gouvernement Jospin 1997-2002) par un arse-
nal législatif dense et un rattachement clair entre cette politique
et les objectifs environnementaux (création du Ministère de
l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement), le second
(gouvernement Raffarin) par une volonté d’associer les collecti-
vités aux grandes décisions d’aménagement et par la prépara-
tion d’une loi relative à la décentralisation.
Le cadre législatif de refonte de la politique d’aménage-
ment du territoire dessiné par le gouvernement Jospin était très
clairement orienté vers le développement durable : loi n° 99-
533 du 25 juin 1999 d’orientation pour l’aménagement et le
développement durable du territoire (LOADDT dite « loi
Voynet »), loi n° 99-586 du 12 juillet 1999 relative au renfor-
cement et à la simplification de la coopération intercommu-
nale (ou « loi Chevènement ») et loi n° 2000-1208 du 13
décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement
urbains (SRU, ou « loi Gayssot-Besson »). Ces textes de loi
introduisent de nouveaux modes de coopération entre l’État et
les territoires (4) d’une part, entre les territoires eux-mêmes
d’autre part.
S’agissant de la gestion de l’énergie, les collectivités locales
sont rappelées dans les textes :
-d’une part à leur rôle d’autorité concédante, ayant capaci-
té de gérer de manière coordonnée l’arrivée des énergies
sur leur territoire,
- d’autre part à leur capacité d’orienter la demande d’éner-
gie, en particulier dans le domaine des transports.
Enfin, le décret relatif au Schéma de services collectifs de
l’énergie (SSCE, cf. encadré), promulgué en avril 2002, accom-
pagne et entraîne ce mouvement de décentralisation des poli-
tiques énergétiques. Institué par l’article 22 de la loi Voynet, ce
document définit notamment les objectifs, à l’horizon des vingt
années à venir, en matière d’exploitation des ressources locales
d’énergies renouvelables, d’action de maîtrise de l’énergie, de
perspectives d’évolution des réseaux de transport d’énergie.
Le SSCE constitue un instrument de suivi et de mise en
cohérence des actions à mettre en œuvre dans un objectif de
réduction des émissions de gaz à effet de serre, notamment en
sollicitant l’appui du niveau territorial. En particulier pour la
Région, mais plus généralement pour l’ensemble des territoires,
le SSCE fournit des outils nécessaires à l’élaboration d’une poli-
tique énergétique locale, en recherchant une pertinence entre
chacun des niveaux d’actions. Ce document, préparé par l’État
en concertation avec les vingt-six régions de programme, ren-
force le rôle que peuvent jouer les Conférences régionales
d’aménagement et de développement du territoire dans la pla-
nification énergétique (5), et invite à la création d’observatoires
régionaux de l’énergie.
Le schéma relève d’ailleurs que « pour la mise en œuvre
des choix stratégiques de la politique d’aménagement et de
développement durable du territoire à laquelle concourt le
schéma de services collectifs de l’énergie, il est évidemment
indispensable de s’appuyer sur les acteurs locaux dans l’élabo-
ration d’une “politique énergétique régionale “. Le niveau
régional paraît en effet, à ce stade, le niveau le plus pertinent
pour définir, décider, développer et évaluer les actions d’éco-
nomie d’énergie, valoriser les EnR et développer ou maintenir
des infrastructures de stockage et de transport d’énergie ».
Lutte contre le changement climatique, ouverture des mar-
chés à la concurrence, aménagement du territoire : qu’ils
soient mondiaux, européens ou nationaux, les objectifs de ces
politiques appellent tous à une planification coordonnée des