IRM pratique Chez le même éditeur Des mêmes auteurs Imagerie médicale pour le clinicien, par L. Arrivé. 2012, 432 pages. Scanner pratique, par L. Arrivé, L. Azizi. Collection imagerie médicale – Pratique. 2009, 352 pages. Guide d'interprétation en scanner, par L. Arrivé, L. Brunereau, F. Zeitoun, J.-M. Tubiana. Collection imagerie médicale – Formation. 3e édition, 2005, 224 pages. Guide d'imagerie abdominopelvienne, par L. Arrivé, J.-M. Tubiana. Collection imagerie médicale – Formation. 2004, 262 pages. Guide d'interprétation en IRM, par L. Arrivé, L. Brunereau, F. Zeitoun, J.-M. Tubiana. Collection imagerie médicale – Formation. 3e édition, 2002, 240 pages. Epuisé. Guide de sémiologie en IRM, par L. Arrivé, J.-M. Tubiana, P. Le Hir, C. Vinikoff-Sonier. Collection imagerie médicale – Formation. 2002, 360 pages. Epuisé. Guide de sémiologie en scanner, par L. Arrivé, L. Brunereau, P. Le Hir, F. Zeitoun, J.M. Tubiana. Collection imagerie médicale – Formation. 2001, 344 pages. Epuisé. Dans la même collection Imagerie pratique en ORL, par A. Dunnebier. 2012, 320 pages. Comprendre l'écho-doppler vasculaire, par K. Myers, A. Clough. 2007, 368 pages. IRM pratique en neuroradiologie, par F. Héran, F. Lafitte. 2007, 368 pages. Autres ouvrages Neuro-imagerie diagnostique, par J.-L. Dietemann. Collection imagerie médicale Précis. 2012, 2e édition. 892 pages. Imagerie du sein, par J. Stinès. Collection imagerie médicale – Diagnostic. 2012, 352 pages. Comprendre l'IRM, par B. Kastler, D. Vetter. Collection imagerie médicale – Diagnostic. 2011, 7e édition. 408 pages. Imagerie cardiaque : scanner et IRM, par O. Vignaux. Collection imagerie médicale – Diagnostic. 2011, 2e édition. 344 pages. Imagerie du pied et de la cheville, J.-L. Drapé, H. Guerini. Collection imagerie médicale – Diagnostic. 2010, 336 pages. Imagerie de la colonne vertébrale, par F. Lecouvet, G. Cosnard. Collection imagerie médicale – Diagnostic.2007, 2e édition, 336 pages. Sous la direction de Michel Bléry IRM pratique Lionel Arrivé Louisa Azizi Pierre Le Hir Clément Pradel 2e édition DANGER LE PHOTOCOPILLAGE TUE LE LIVRE Ce logo a pour objet d'alerter le lecteur sur la menace que représente pour l'avenir de l'écrit, tout particulièrement dans le domaine universitaire, le développement massif du « photocopillage ». Cette pratique qui s'est généralisée, notamment dans les établissements d'enseignement, provoque une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd'hui menacée. Nous rappelons donc que la reproduction et la vente sans autorisation, ainsi que le recel, sont passibles de poursuites. Les demandes d'autorisation de photocopier doivent être adressées à l'éditeur ou au Centre français d'exploitation du droit de copie : 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris. Tél. 01 44 07 47 70. Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays. Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle par quelque procédé que ce soit des pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans l'autorisation de l'éditeur est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d'une part, les reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et d'autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d'information de l'œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle). © 2007, 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 978-2-294-71371-2 ELSEVIER MASSON S.A.S. – 62, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex Collaborateurs ■■ Arrivé Lionel, professeur des universités-praticien hospitalier, service de ­radiologie, hôpital Saint-Antoine, Paris.­ ■■ Azizi Louisa, praticien hospitalier, service de radiologie, hôpital Saint-Antoine, Paris. ■■ Balleyguier Corinne, praticien hospitalier, service de radiologie, institut Gustave Roussy, Villejuif. ■■ Le Hir Pierre, radiologiste des hôpitaux, clinique Alleray Labrouste, Paris, CEPIM, Les Lilas. ■ ■ Pradel Clément, praticien hospitalier, service de radiologie, hôpital ­S aint-Antoine, Paris. Comme à notre heureuse habitude, la réalisation de cet ouvrage doit beaucoup au remarquable travail de Pascale Dono. Les images proposées dans cet ouvrage sont le fruit de l’excellent travail des médecins et manipulateurs de nos services. Nous leur en sommes reconnaissants. Avertissement en guise de captatio benevolentiae L'objectif de ce guide d'imagerie par résonance magnétique, résolument pratique, est de proposer pour chaque entrée : ■ une liste de points à analyser de façon systématique sous la forme d'une « check-list » ; ■ une analyse descriptive précise de chacune des images sélectionnées pour leur intérêt sémiologique ; ■ un développement stratégique consacré au choix de l'examen d'imagerie, à la technique d'imagerie, aux points d'interprétation et à la rédaction du compte rendu. Ce guide est issu de la même lignée que les Guides d'interprétation et de sémiologie en IRM, précédemment publiés dans la collection « Imagerie médicale – Formation ». Le présent ouvrage correspond à l'arrivée à maturité de ces guides puisqu'ils mettent à disposition les données nécessaires à une interprétation correcte, les données sémiologiques et les données stratégiques qui permettent de rédiger au mieux le compte rendu. Cette deuxième édition a été enrichie de nouvelles entrées, de plus d'images et d'un développement plus appliqué de la section « Compte rendu » . Les entrées de ce guide d'imagerie par résonance magnétique ont été sélectionnées en fonction de notre pratique quotidienne à l'hôpital ou en pratique privée, en éliminant les entrées trop rares ou trop spécialisées, les entrées trop vagues. Comme dans les autres ouvrages de la série des Guide d'imagerie, nous nous sommes largement servis du pictogramme chaque fois que nous pensions qu'une confusion était possible avec une autre donnée. Cet ouvrage a définitivement pour vocation de s'inscrire dans une optique pratique, afin d'aider le radiologue à l'hôpital, en clinique ou au cabinet, à analyser une IRM, à interpréter les images et à rédiger le compte rendu. Les auteurs de ce guide sont issus d'une même équipe, celle du service de radiologie de l'hôpital Saint-Antoine, c'est dire que notre façon d'interpréter et d'appréhender l'IRM relève d'une certaine culture que nous souhaitons partager avec les lecteurs qui pourront confronter nos propos avec leur propre expérience. Bonne lecture. C HA P IT R E 25 1 Hanche, bassin, cuisse OBJECTIFS Les indications principales de l'IRM du bassin en pathologie ostéoarticulaire sont le bilan d'une douleur de hanche lorsque les radiographies ne sont pas contributives, la recherche de lésions osseuses occultes qu'elles soient d'origine traumatique, liées à une insuffisance osseuse chez un patient ostéopénique ou dans un contexte de pathologie métastatique, l'étude des articulations sacro-iliaques, la pathologie musculotendineuse post-traumatique et la recherche de lésions tumorales primitives osseuses ou des parties molles. TECHNIQUE Hanche Coupes frontales T2 avec saturation du signal de la graisse sur les deux hanches, puis examen centré sur la hanche douloureuse en coupes frontales T1, sagittales en densité de proton avec saturation du signal de la graisse, axiales T2 avec saturation du signal de la graisse et T1 après injection de gadolinium en cas de pathologie tumorale. Bassin Coupes frontales et axiales T2 avec saturation du signal de la graisse, frontales et axiales T1, sagittales en densité de proton avec saturation du signal de la graisse sur les hanches, et T1 après injection de gadolinium en cas de pathologie tumorale. Étude des muscles adducteurs et de la symphyse pubienne : coupes frontales et axiales T1 et T2 avec saturation du signal de la graisse. Étude des muscles ischiojambiers ou des muscles de la loge antérieure de cuisse : coupes frontales, sagittales et axiales T2 avec saturation du signal de la graisse et axiales T1. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 4 Hanche, bassin, cuisse POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Épanchement articulaire coxofémoral L'abondance de l'épanchement doit être évaluée qualitativement (faible, moyen, important). 2. Corps étrangers intra-articulaires (nombre, morphologie, taille et signal en T1 et T2) 3. Synoviale articulaire On recherche un épaississement focal ou diffus de la synoviale articulaire, des érosions osseuses, des pigments d'hémosidérine. 4. Os Tête fémorale et cotyle : signal en T1 et T2, images linéaires (lignes d'impaction trabéculaire ou liséré d'ostéonécrose), géode, ostéophytes marginaux, contours de la tête fémorale (coupes sagittales). Dans l'ostéonécrose de la tête fémorale, il faut : n évaluer le pourcentage de surface articulaire intéressé par le territoire ostéonécrotique (< 15 %, 15–30 %, > 30 %) sur les coupes sagittales ; n évaluer le signal du territoire ostéonécrotique (graisseux, œdémateux ou mixte) ; n évaluer l'existence d'un collapsus sous-chondral et d'un pincement articulaire ; n localiser le secteur de tête fémorale intéressé par l'ostéonécrose (médial, central ou latéral). Autres structures osseuses : n hypersignal T2 contusif associé à des fissures osseuses (sacrum, col fémoral, branches ischio- et/ou iliopubiennes) ; n remplacement médullaire par des lésions en hyposignal T1 ­(pathologie tumorale). 5. Cartilage articulaire Il est difficile à évaluer sur une IRM simple. La meilleure séquence est celle en densité de proton avec saturation du signal de la graisse dans le plan sagittal. On doit localiser et mesurer les lésions cartilagineuses. La recherche de lésions cartilagineuses focales relève de l'arthro-IRM. Points d'interprétation 5 6. Bourrelet cotyloïdien On recherche des anomalies morphologiques du bourrelet, des images linéaires en hypersignal T2 correspondant à des fissures ou un kyste du bourrelet. Les lésions du bourrelet cotyloïdien sont le plus souvent antéro­ supérieures ou postérosupérieures. Elles sont mieux vues en arthro-IRM. 7. Ligament rond Il peut être épaissi et en hypersignal dans le cadre de pathologies variées (traumatique, dégénérative ou synoviale). 8. Bourses séreuses périarticulaires de hanche La bourse du muscle psoas-iliaque en avant de l'articulation coxofémorale et en dehors des vaisseaux fémoraux communique avec l'articulation coxofémorale chez 15 à 30 % des patients, les bourses des muscles fessiers autour du grand trochanter, la bourse de l'obturateur interne, la bourse du muscle piriforme. 9. Muscles et tendons Infiltration œdémateuse interstitielle respectant la continuité des fibres musculaires avec un aspect en plume d'oiseau. n Destruction focale des fibres musculaires avec des images liquidiennes intramusculaires et des fibres légèrement rétractées. n Épanchement dans les aponévroses intramusculaires ou intermusculaires. n Épaississement des tendons à leur insertion ou des cloisons tendineuses intramusculaires. n Ruptures tendineuses (aux insertions ou dans le muscle). n Arrachement osseux à l'insertion tendineuse. n Images cicatricielles : épaississement fibreux du myotendon, calcifi­ cation d'un ancien hématome, atrophie graisseuse en T1. n Les muscles le plus souvent atteints sont : le droit antérieur, le moyen fessier, les ischiojambiers (biceps fémoral, demi-membraneux et demi-tendineux), les adducteurs. L'hématome intramusculaire post-traumatique réalise une collection intramusculaire dont les limites sont nettes. Le signal de l'hématome intramusculaire est souvent hétérogène en raison de l'existence de saignements récurrents. L'existence de plage en hypersignal T1 est très évocatrice du diagnostic. Si une injection de gadolinium est réalisée, on observe une prise de contraste périphérique. 6 Hanche, bassin, cuisse 10. Articulation sacro-iliaque : épanchement, érosions osseuses, anomalies de signal sous-chondrales 11. Symphyse pubienne Algodystrophie de hanche. Sur cette coupe frontale T2 avec saturation du signal de la graisse, on observe un hypersignal diffus de la tête fémorale, du col fémoral et de la région intertrochantérienne. Cet hypersignal est homogène. Il n'y a pas d'anomalie de signal du cotyle ni d'ostéophytose marginale, fréquente lors de la pathologie articulaire dégénérative. On n'observe pas de liséré d'ostéonécrose. Il existe une petite lame d'épanchement articulaire réactionnel. Cet aspect est caractéristique d'un œdème osseux transitoire de hanche ou algodystrophie. Il faut vérifier la correspondance de l'hypersignal T2 avec un hyposignal sur la séquence T1. Aspect en plume d'oiseau des lésions musculaires traumatiques. Anomalie du signal musculaire observé après un traumatisme direct (sport de contact) ou lors d'un étirement à la jonction intramusculaire myotendineuse et correspondant à un œdème et une hémorragie interstitielle avec un saignement entre des fibres musculaires qui restent pour la plupart continues. Il s'agit d'hypersignaux linéaires parallèles aux fibres musculaires, observés sur les séquences T2 ou STIR, rappelant l'aspect d'une plume d'oiseau. On en voit ici un exemple au niveau du muscle droit antérieur droit. Cette lésion musculaire s'associe dans le cas présenté à une rupture partielle de la jonction myotendineuse intramusculaire avec une petite rétraction myotendineuse. Cicatrice fibreuse et atrophie musculaires post-traumatiques. Sur cette coupe axiale T1, on observe un épaississement du tendon du semitendineux droit associé à une amyotrophie très importante des muscles de la loge postérieure de cuisse (comparer avec le côté gauche). Points d'interprétation Conflit antérieur de hanche. Sur cette coupe frontale en densité de proton avec saturation du signal de la graisse, on observe des lésions cartilagineuses supérieures de la tête fémorale, des lésions cartilagineuses du cotyle en regard et une image kystique du cotyle. Chez un sujet jeune, ces images sont évocatrices d'un conflit antérieur. Ces lésions peuvent s'associer à un kyste du bourrelet cotyloïdien et peuvent évoluer vers une coxarthrose. L'IRM montre également les anomalies morphologiques associées au conflit antérieur : rétroversion du cotyle (sur les coupes axiales) et « bosse » à la jonction entre le col fémoral et la tête fémorale dans la région antérosupérieure du col fémoral (coupes frontales). Coxarthrose. Sur cette IRM en séquence T2 avec saturation du signal de la graisse, on observe des signes caractéristiques de coxarthrose : des lésions cartilagineuses antérieures et supérieures de la tête fémorale et du cotyle, une ostéophytose marginale céphalique et une petite image géodique du cotyle. Dans la coxarthrose commune, les lésions cartilagineuses sont localisées au début au niveau supérieur, antérieur et externe de l'articulation. Elles s'accompagnent des autres signes caractéristiques d'arthrose : ostéophytes marginaux, géodes souschondrales en regard des lésions cartilagineuses et sclérose sous-chondrale (hyposignal T1 et T2) de l'os sous-chondral. 7 8 Hanche, bassin, cuisse Déchirure du ligament rond. L'IRM montre un épaississement et un hypersignal du ligament rond gauche en rapport avec un antécédent traumatique chez une danseuse. Les diagnostics différentiels sont une arthrose débutante ou une pathologie de la synoviale articulaire. Les lésions traumatiques du ligament rond sont parfois associées à des lésions cartilagineuses focales. Déchirure myotendineuse. Sur cette coupe sagittale, on observe une discontinuité focale de la lame tendineuse du muscle vaste latéral (localisation donnée par les coupes axiales) et une infiltration œdémateuse des fibres musculaires à leur insertion sur cette lame tendineuse. La lame tendineuse est épaissie et partiellement rétractée. En plus des signes d'étirement simples, dans les déchirures musculaires partielles, on observe une destruction focale des fibres musculaires entraînant en IRM des zones en hypersignal T2 liquidien intramusculaire et fréquemment des anomalies à la jonction myotendineuse à type d'amincissement, d'irrégularités des fibres tendineuses et l'existence fréquente d'un hématome à la jonction myotendineuse. Épiphysiolyse. Il s'agit d'un glissement de la tête fémorale par rapport au col fémoral, le plus souvent vers le bas et l'arrière. L'IRM montre un glissement médial en coxa vara de la tête fémorale avec un élargissement du cartilage de croissance, un œdème du col et de la tête fémorale et un épanchement articulaire. Points d'interprétation Fissure du bourrelet cotyloïdien. Arthro-IRM de l'articulation coxofémorale gauche montrant une image d'addition linéaire du bourrelet cotyloïdien correspondant à une fissure traumatique. Fractures de contrainte du sacrum ou fracture en « H ». C'est une fracture par insuffisance osseuse se produisant le plus souvent sur un os ostéoporotique dans les régions de contrainte mécanique maximale. Au sacrum, les lignes de fracture dessinent un « H » avec deux lignes verticales globalement parallèles traversant en hauteur les ailerons sacrés et une ligne horizontale traversant le sacrum à hauteur du deuxième ou du troisième trou sacré. La barre horizontale n'est pas toujours présente. L'œdème périfracturaire est souvent très étendu et pose un problème de diagnostic différentiel avec une lésion tumorale en particulier quand il y a un contexte de néoplasie sous traitement. Le diagnostic est fait par l'existence en T1, T2 et T1 après injection de gadolinium d'images linéaires d'impactions trabéculaires rejoignant les corticales osseuses. L'existence d'autres fractures au niveau des branches ilio- et ischiopubiennes aide aussi au diagnostic. Hématome intramusculaire post-traumatique. On observe un hypersignal T2 intramusculaire interstitiel du droit antérieur avec une image ronde intramusculaire mesurant environ 15 cm de hauteur. Cette lésion intramusculaire présente un signal T2 hétérogène avec des régions en asignal très évocatrices de pigments d'hémosidérine et donc d'un hématome. 9 10 Hanche, bassin, cuisse L'existence d'une masse solide dans l'hématome ou d'une prise de contraste intralésionnelle doit faire éliminer un processus tumoral intramusculaire. Lors de la cicatrisation, on observe fréquemment, autour et dans l'hématome, des zones de signal bas en T1 et T2 correspondant à une fibrose cicatricielle et à des dépôts d'hémosidérine. Le diagnostic d'hématome intramusculaire post-traumatique repose essentiellement sur l'histoire clinique et les signes associés. Kyste du bourrelet cotyloïdien. On observe une image de signal kystique (hyposignal T1 et hypersignal T2), bien limitée, en regard de l'interligne articulaire coxofémoral antérosupérieur, adjacent au bourrelet cotyloïdien. Pour confirmer le diagnostic de kyste du bourrelet, on recherche sur les autres coupes, des lésions dégénératives de l'articulation coxofémorale, des signes de conflit antérieur ou une lésion traumatique du bourrelet cotyloïdien (sur l'image présentée, l'image kystique se prolonge vers l'articulation coxofémorale par une image linéaire, en hypersignal T2, traversant le bourrelet cotyloïdien et correspondant à une fissure transfixiante). Ostéochondromatose synoviale primitive. On observe un épaississement de la synoviale articulaire qui présente un hyposignal T2 se confondant avec les corps étrangers intra-articulaires, eux aussi en hyposignal T2, identique à celui du cartilage articulaire de recouvrement de la tête fémorale. On observe de multiples érosions osseuses d'origine synoviale et un épanchement articulaire cloisonné par les replis de la synoviale articulaire. Dans l'ostéochondromatose synoviale, les corps étrangers ne sont pas toujours bien délimités. Le diagnostic différentiel avec une synovite villonodulaire est alors fondé sur le signal des corps étrangers (identique en T1, T2 et T1 après injection de gadolinium avec le cartilage de recouvrement) et l'absence de pigment d'hémosidérine. Points d'interprétation 11 Ostéonécrose de la tête fémorale. On observe sur cette coupe frontale T1 un liséré en hyposignal délimitant un territoire d'os sous-chondral conservant un signal graisseux. Ces images sont bilatérales et caractéristiques d'une ostéonécrose des têtes fémorales. Les critères de mauvais pronostic (évolution vers un collapsus souschondral) sont une surface du territoire nécrotique supérieure à 30 % de la surface articulaire de la tête fémorale (coupes sagittales en densité de proton avec saturation du signal de la graisse), une nécrose latérale de la tête fémorale, un œdème du col fémoral (séquences T2 avec saturation du signal de la graisse). Sacro-iliite rhumatismale inflammatoire. Sur cette coupe frontale T1, on observe, de façon bilatérale et globalement symétrique, des érosions osseuses prédominant sur le versant iliaque des articulations caractéristiques d'une sacro-iliite inflammatoire. Les arthrites septiques sont pratiquement toujours unilatérales. Signe de la double ligne. C'est une image linéaire observée en séquence pondérée T2 en périphérie d'une ostéonécrose (par exemple de la tête fémorale). Cette image linéaire est concentrique, sinueuse, de quelques millimètres d'épaisseur. Elle est formée par une ligne en hyposignal doublée d'une ligne en hypersignal (dont la localisation de l'une par rapport à l'autre dépend du sens d'encodage de phase), délimitant un territoire osseux (territoire ostéonécrotique) dont le signal est variable. 12 Hanche, bassin, cuisse Tendinobursite du moyen fessier. Le tendon d'insertion du moyen fessier au niveau du grand trochanter est légèrement épaissi et il existe un épanchement liquidien dans la bourse séreuse du moyen fessier. Le trochanter est le siège d'une réaction œdémateuse. L'ensemble de ces éléments est caractéristique d'une tendinobursite du moyen fessier. On observe fréquemment un hypersignal T2 à la face superficielle du moyen fessier à son insertion trochantérienne et souvent de façon bilatérale. Pour qu'il soit significatif, il faut que cet hypersignal soit associé à une bursite ou à des images de désinsertion tendineuse. L'existence d'une érosion osseuse, d'un hyposignal franc du grand trochanter, d'un épaississement irrégulier de la paroi de la bourse séreuse et une infiltration importante des parties molles doivent faire éliminer une cause infectieuse. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? Les indications principales de l'IRM du bassin ou des hanches sont : n les douleurs de hanche à radiographie normale ; n les lésions musculotendineuses du sportif ; n le bilan diagnostique et préthérapeutique d'une tumeur osseuse ou des parties molles ; n la recherche d'une sacro-iliite rhumatismale. Les radiographies simples ont gardé une place prépondérante dans le diagnostic et le traitement des pathologies de hanche. Le scanner a pour indications principales : n le bilan des fractures de l'acetabulum ; n la mesure de l'antéversion du col fémoral ; Stratégie diagnostique 13 le bilan diagnostique des tumeurs osseuses afin de mieux analyser la matrice tumorale et l'atteinte de la corticale osseuse. n L'arthroscanner a pour indications principales : n la recherche de lésions cartilagineuses chez un patient présentant une hanche douloureuse avec des radiographies simples et une IRM normale ; au cours de l'arthrographie, on peut également faire un test anesthésique et infiltrer un corticoïde à action prolongée pour soulager le patient ; n la recherche de lésion du bourrelet cotyloïdien ; n le diagnostic et la localisation du pertuis d'un kyste du bourrelet cotyloïdien ; n la recherche de corps étrangers intra-articulaires ; n l'étude des prothèses de hanche où les artéfacts métalliques peuvent gêner l'interprétation en IRM. L'arthro-IRM a pour indication l'étude du cartilage articulaire et du bourrelet cotyloïdien. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? On peut éventuellement ajouter au protocole classique : n une séquence T1 avec injection de gadolinium : elle est indispensable en cas de tumeurs, de pathologie synoviale, d'arthrite inflammatoire ou infectieuse ; la séquence T1 gadolinium est souvent réalisée avec saturation du signal de la graisse afin d'améliorer la visibilité de la prise de contraste ; il ne faut pas oublier de réaliser une séquence T1 classique avant d'injecter ; n une séquence T2 en écho de gradient dans les synovites villonodulaires pour la mise en évidence des pigments d'hémosidérine ; n une séquence permettant de séparer les phases de l'eau et de la graisse en cas de prothèse (diminution des artéfacts) ; n une séquence 3D SPGR pour l'étude du cartilage articulaire ; n une arthro-IRM pour l'étude du cartilage articulaire ou du bourrelet cotyloïdien : injection intra-articulaire de 10 à 20 ml d'une solution contenant du gadolinium dilué au 1/200e. Le protocole d'examen inclut une séquence T1 avec saturation du signal de la graisse dans les trois plans de l'espace, une séquence frontale T1 et sagittale T2 en densité de proton et une séquence T2 en écho de gradient et coupes fines avec acquisition tridimensionnelle. COMMENT INTERPRÉTER ? 1. Épanchement articulaire coxofémoral On observe toujours une petite lame liquidienne dans l'articulation coxofémorale. Lorsqu'il est significatif, l'épanchement intéresse le récessus 14 Hanche, bassin, cuisse a­ rticulaire supérieur et s'accompagne d'un effacement du bourrelet graisseux de la fossette du ligament rond. 2. Corps étrangers intra-articulaires Ostéochondromatose synoviale primitive : il s'agit d'une métaplasie de la synoviale articulaire qui produit des corps étrangers cartilagineux qui peuvent secondairement s'ossifier. Les corps étrangers sont nombreux, présentent un signal identique à celui du cartilage articulaire ou un signal variable suivant leur degré d'ossification. Ils sont associés à un épaississement irrégulier de la synoviale articulaire, des érosions osseuses et s'observent sur une articulation coxofémorale ne montrant aucun signe d'arthrose. L'existence d'un corps étranger situé au niveau de la fossette du ligament rond est très importante à signaler car il nécessite une luxation peropératoire de la tête fémorale et exclut un traitement arthroscopique. Les lésions ostéochondrales traumatiques, les fractures du cotyle ou les luxations de hanche, coxarthrose évoluée, lésions du bourrelet cotyloïdien, arthropathies destructrices sont les autres causes de corps étranger intra-articulaire. 3. Synoviale articulaire Polyarthrite rhumatoïde : elle se caractérise par l'existence de pannus synoviaux prenant le contraste après injection de gadolinium, entraînant des érosions osseuses articulaires, une destruction du cartilage articulaire aboutissant à un pincement central de l'interligne articulaire et une médialisation de la tête fémorale et un épanchement synovial très abondant et des kystes synoviaux. Synovite villonodulaire pigmentée : c'est une pathologie tumorale de la synoviale articulaire qui est caractérisée par l'existence de pigment d'hémo­ sidérine, d'images punctiformes ou amorphes en asignal dans la synoviale articulaire. Les érosions osseuses sont fréquentes ; les pigments d'hémosidérine sont mieux vus sur les séquences T2 écho de gradient. Ostéochondromatose synoviale. 4. Os Pathologies intéressant l'os sous-chondral au niveau de l'articulation coxofémorale : fissure osseuse sous-chondrale, algodystrophie ou ostéoporose transitoire, ostéonécrose avasculaire, coxarthrose destructrice rapide, autres (coxarthrose, tumeur, pseudotumeur, infection). Ostéonécrose de la tête fémorale : c'est une anomalie focale de signal souschondral limitée par un liséré en hyposignal T1 avec en T2 le signe de la double ligne (hypo-, hyper-). Le signal du territoire nécrotique délimité par le liséré est variable. Après injection de gadolinium, l'os dévascularisé ne prend pas le contraste. En général il s'agit d'une petite bande sous-­chondrale Stratégie diagnostique 15 du territoire nécrotique. L'évolution de l'ostéonécrose peut se faire vers un collapsus sous-chondral qui s'associe en IRM à un œdème du col fémoral. Ultérieurement l'ostéonécrose évolue vers une arthrose secondaire. Les ­critères de mauvais pronostic (évolution vers un collapsus sous-chondral) sont une surface du territoire nécrotique supérieure à 30 % de la surface articulaire de la tête fémorale, une nécrose latérale de la tête fémorale, un œdème du col fémoral. Algodystrophie ou œdème transitoire de la hanche : c'est une pathologie d'étiologie inconnue observée plus fréquemment chez l'homme entre 30 et 65 ans ou chez la femme au troisième trimestre de la grossesse et présentant des signes cliniques et un aspect IRM caractéristiques. L'IRM montre une plage d'œdème (hyposignal T1, hypersignal T2), intéressant tout ou une partie de la tête fémorale et s'étendant en dégradé vers le col et parfois la région intertrochantérienne. Après injection de gadolinium, on observe une prise de contraste homogène de la zone de signal médullaire pathologique. Il n'y a pas d'anomalie de signal du cotyle ni de signe de la double ligne. L'algodystrophie s'associe fréquemment à un épanchement articulaire, une ligne d'impaction sous-chondrale (en effet, la fragilisation osseuse observée dans l'œdème transitoire de hanche peut favoriser de petites fissures de contrainte épiphysaire) et une infiltration œdémateuse des parties molles. Les formes partielles ou sectorielles n'intéressent qu'un quadrant de la tête fémorale et peuvent poser des problèmes de diagnostic différentiel avec une lésion osseuse focale épiphysaire. Il faut confronter l'IRM avec le terrain, la clinique et les radiographies simples. Les autres diagnostics différentiels de l'algodystrophie sont une arthrite septique (anomalie de signal sur le cotyle et la tête fémorale et chondrolyse globale) et un ostéome ostéoïde de la corticale interne du col fémoral qui peut s'associer à un œdème important de la région intertrochantérienne, mais qui respecte le plus souvent l'os souschondral de la tête fémorale. Arthrose destructrice rapide : elle est définie par un pincement rapide de l'interligne articulaire coxofémoral sur des radiographies simples successives. Elle est caractérisée par un pincement central de l'interligne articulaire sans ostéophyte. L'IRM montre un épanchement articulaire, un pincement central de l'interligne articulaire et des anomalies de signal sous-chondrales de type œdémateux (hyposignal T1 et hypersignal T2) prédominant au niveau de la tête fémorale. Il n'y a pas de liséré d'ostéonécrose. Elle peut s'associer à des images kystiques sous-chondrales et à des images de fissures sous-chondrales. Elle aboutit rapidement à une arthropathie destructrice. Les diagnostics différentiels sont une arthrite de hanche, une arthropathie microscristalline, une ostéonécrose atypique de la tête fémorale. Les autres lésions osseuses sont les fractures par insuffisance, les fractures de fatigue et les lésions tumorales, pseudotumorales et infectieuses. 16 Hanche, bassin, cuisse 5. Cartilage articulaire Coxarthrose : les lésions cartilagineuses sont localisées au début aux niveaux supérieur, antérieur et externe de l'articulation. Elles s'accompagnent des autres signes caractéristiques d'arthrose : ostéophytes marginaux, géodes sous-chondrales en regard des lésions cartilagineuses et sclérose sous-chondrale (hyposignal T1 et T2) de l'os sous-chondral. Les ostéophytes sont bien visibles sur les séquences frontales T1 au niveau de la tête fémorale et au niveau du ligament rond. Chez les sujets jeunes la coxarthrose se développe en cas de dysplasie de hanche ou de conflit antérieur. Conflit antérieur : conflit chronique entre la partie antérieure de la tête fémorale et la paroi antérieure du cotyle lors des mouvements de flexion et rotation interne. Le conflit aboutit à des lésions du bourrelet cotyloïdien antérieur, des lésions du cartilage articulaire localisées à la partie supérieure et antérieure de l'interligne articulaire et de petites géodes sous-chondrales. On observe également des remaniements osseux de la partie antérieure du col fémoral. Le conflit antérieur est favorisé par une rétroversion du cotyle et une dysplasie épiphysaire avec en particulier une « bosse » à la jonction entre le col fémoral et la tête fémorale dans la région antérosupérieure de la hanche. 6. Ligament rond On cherche un épaississement ou des anomalies du signal du ligament rond. 7. Bourrelet cotyloïdien Les lésions du bourrelet cotyloïdien sont le plus souvent antérosupérieures ou postérosupérieures. Elles sont la conséquence de traumatismes répétés (football, hockey, golf, gymnastique, danse, sport de combat) et peuvent s'intégrer dans un syndrome de conflit antérieur de hanche. Les lésions peuvent aller d'une petite fissure non transfixiante, difficile à diagnostiquer en IRM, à une anse de seau du bourrelet dans l'articulation. Les kystes du bourrelet correspondent à un kyste synovial se formant à partir d'une fissuration traumatique ou dégénérative du bourrelet cotyloïdien. 8. Bourses séreuses périarticulaires de hanche Les causes les plus fréquentes de bursite sont : n une hyperutilisation, un conflit mécanique ; n une pathologie rhumatismale (polyarthrite rhumatoïde) ; n une coxarthrose, une ostéonécrose ; n une infection. Stratégie diagnostique 17 9. Muscles et tendons Le diagnostic différentiel des lésions musculaires traumatiques est : n le DOMS syndrome (apparition progressive et retardée des douleurs après un traumatisme, il s'agit d'une dénervation intéressant un groupe de muscles) contusion par choc direct ; n une myosite ; n une thrombose veineuse (l'œdème musculaire suit les veines thrombosées) ; n une tumeur des parties molles (effet de masse, pas de notion traumatique, lésion extramusculaire, extension à plusieurs groupes fonctionnels, prise de contraste intralésionnelle). 10. Articulation sacro-iliaque Les pathologies le plus fréquemment rencontrées sont les remaniements dégénératifs, une sacro-iliite dans le cadre d'un rhumatisme axial, une ostéose iliaque condensante, une arthrite septique. COMPTE RENDU Le compte rendu de l'IRM bassin/hanche doit préciser l'indication de l'examen, la marque et le modèle de la machine, la puissance du champ, la technique utilisée, les résultats sémiologiques, leur interprétation (conclusion) en fonction de l'histoire clinique et de l'examen du patient. En cas d'anomalie parmi les éléments suivants on décrit les éléments sémiologiques : • épanchement articulaire ; • corps étrangers intra-articulaires ; • synoviale articulaire ; • os ; • cartilage articulaire ; • bourrelet cotyloïdien ; • ligament rond ; • bourses séreuses périarticulaires de hanche ; • muscles, tendons et autres parties molles ; • articulations sacro-iliaques et symphyse pubienne ; • axes neurovasculaires ; • rachis lombaire bas situé dans le champ d'exploration ; • structures pelviennes. La conclusion doit intégrer les éléments sémiologiques à l'histoire du patient et à l'examen clinique pour donner par ordre d'importance décroissante le ou les diagnostics. C HA P IT R E 2 Genou OBJECTIFS L'indication principale est la recherche de lésions méniscoligamentaires mais la diversité des prescripteurs fait que l'on peut rencontrer toute sorte de pathologie ostéoarticulaire allant de la lésion méniscale à la tumeur osseuse en passant par les pathologies rhumatismales et dégénératives. TECHNIQUE Antenne genou Plan de coupe et pondération : sagittales T1, sagittales, frontales et axiales T2 en densité de proton (TE autour de 30 ms) et saturation du signal de la graisse. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 20 Genou POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Ménisques Les anomalies méniscales morphologiques et de signal peuvent être classées en : n anomalies dégénératives ; n fissure que l'on décrit en horizontale, verticale, radiaire, oblique ou complexe ; n lésion méniscale déplacée : lésion en anse de seau et variantes, copeau ou languette ; n autres : ménisque kystique, ménisque discoïde. Ne pas oublier d'analyser les coupes transversales. Une amputation méniscale peut être secondaire à une méniscectomie partielle. On peut observer des images linéaires intraméniscales en hypersignal atteignant la surface articulaire dans la chondrocalcinose articulaire (voir radiographies simples), dans les ménisques opérés (images périphériques cicatricielles, zone de suture méniscale, voir IRM préopératoire) ou correspondant à une fissure périphérique verticale cicatricielle. Les images cicatricielles ne sont pas en hypersignal T2 liquidien. En cas d'antécédent de méniscectomie, on étudie le moignon méniscal restant à la recherche d'une récidive de lésion méniscale et on recherche un fragment méniscal déplacé. 2. Ligaments croisés Ligament croisé antérolatéral (LCA) et ligament croisé postéromédial (LCP). On recherche des signes directs (épaississement, hypersignal ou absence de croisé dans les ruptures anciennes) et indirects de lésion des ligaments croisés. En cas d'antécédent de ligamentoplastie, on étudie la morphologie et le signal de la plastie, la position du tunnel tibial et on recherche des signes d'arthrofibrose. Points d'interprétation 21 Ne pas oublier d'analyser les coupes transversales. 3. Plans « capsuloligamentaires » collatéraux Ligament tibial collatéral (LTC), ligament fibulaire collatéral (LFC), tendon du biceps femoris, tendon poplité, bandelette iliotibiale, tendons de la patte d'oie (couturier, demi-tendineux et droit interne) et demi-membraneux. 4. Lésions osseuses ou ostéochondrales Lésions osseuses contusives post-traumatiques sans trait de fracture, vraie fracture non déplacée, fracture avec enfoncement articulaire (plateaux tibiaux), fracture ostéochondrale de type ostéochondrite disséquante, « ostéonécrose spontanée » du condyle fémoral médial, fissure osseuse sous-chondrale (condyle fémoral médial, plateau tibial médial), algodystrophie, infarctus métaphyso-épiphysaire (traitement corticoïde au long cours), tumeur osseuse. En cas d'immobilisation par attelle ou dans les suites d'une intervention chirurgicale, on observe fréquemment un aspect moucheté diffus de la moelle osseuse en hypersignal T2 et hyposignal T1. Tumeur osseuse : il faut être très vigilant lorsque l'on croit déceler une contusion osseuse : celle-ci doit s'intégrer dans un contexte traumatique et peut être isolée, en cas de traumatisme direct, mais s'associe généralement à des lésions méniscoligamentaires ; en T1, une contusion osseuse ne présente jamais un hyposignal homogène et ses limites sont mal définies ; on voit souvent une petite ligne d'impaction trabéculaire au sein de l'œdème contusif en T1 ou en T2 ; la corticale osseuse n'est jamais détruite sauf à l'extrémité d'une ligne de fracture ; en cas de doute, on peut s'aider d'une séquence T1 avec injection de gadolinium et on doit demander un scanner centré. Lorsque l'on décrit une lésion ostéochondrale, il faut rechercher un corps étranger intra-articulaire soit chondral pur (même signal que le cartilage articulaire), soit ostéochondral ou ossifié (entouré d'une couronne en asignal). 22 Genou Chez les jeunes on observe souvent des résidus de moelle hématopoïétique au niveau diaphysométaphysaire et parfois épiphysaire qui donnent un aspect d'infiltration médullaire en hyposignal T1 et hypersignal T2. Ces îlots médullaires ont toujours un signal T1 supérieur à celui des muscles. En cas de doute on peut faire une séquence T1 sur le membre controlatéral car ces îlots sont bilatéraux. 5. Cartilage articulaire fémorotibial Nombre, taille, profondeur des lésions cartilagineuses. 6. Appareil extenseur Anomalies morphologiques rotulienne et trochléenne, cartilage articulaire : nombre, taille, profondeur des lésions cartilagineuses, tendon rotulien : à la pointe de la rotule ou à l'insertion tibiale ; tendon quadricipital, ailerons rotuliens. 7. Épanchement articulaire, bourse de glissement, récessus poplité 8. Synoviale articulaire 9. Muscles et axe vasculaire poplité Ne pas passer à côté d'une lésion tumorale : le problème se pose surtout avec un hématome post-traumatique ; il peut avoir un signal hétérogène, prendre le contraste en périphérie, se calcifier. Il y a en général une histoire clinique cohérente. Au moindre doute il faut demander un examen de contrôle. Bien que le diagnostic de phlébite ne relève pas de l'IRM, celle-ci s'observe sous la forme d'une infiltration œdémateuse musculaire le long de l'axe veineux poplité avec visualisation de la thrombose veineuse. Points d'interprétation 23 10. Articulation péronéotibiale supérieure Amputation méniscale. Un ménisque normal est visible sur au moins deux coupes sagittales périphériques (de 4 ou 5 mm d'épaisseur) sous la forme d'une corne antérieure et d'une corne postérieure réunies par un segment moyen. En cas de déplacement d'un fragment méniscal à partir du bord libre du ménisque, on observe une disparition de la continuité entre le segment antérieur et le segment postérieur sur les deux premières coupes sagittales périphériques méniscales. Ceci aboutit à un aspect anormalement court d'un segment méniscal (en particulier du segment postérieur du ménisque médial). Dans ce cas, il faut rechercher un fragment méniscal déplacé. En cas d'antécédent de méniscectomie partielle, on observe une amputation méniscale. Le patient peut avoir un antécédent de méniscectomie partielle et une lésion méniscale déplacée. Bursite simple. Collection liquidienne (hyposignal T1, hypersignal T2, homogène, liquidien) dont les limites correspondent à une bourse séreuse anatomique de volume supérieur à la normale. Si une injection de gadolinium est pratiquée, la paroi de la bourse séreuse prend le contraste de façon homogène, sans épaississement focalisé et sans image nodulaire. Au genou, les localisations habituelles sont la patte d'oie, le demi-membraneux, les bourses prépatellaires et infrapatellaires, le récessus poplité, la bourse du ligament tibial collatéral. Sur l'image présentée, on observe une bursite du ligament fibulaire collatéral. 24 Genou La bursite simple est souvent isolée. L'existence d'un épaississement de la paroi de la bourse séreuse, d'un contenu hétérogène et d'anomalies osseuses, articulaires ou des parties molles de voisinage doit faire rechercher une pathologie associée (bursite proliférative). Corps étranger intra-articulaire. On observe un corps étranger cartilagineux pur dans le récessus sous-quadricipital. Il s'agissait ici de la migration d'un fragment du cartilage de recouvrement du condyle fémoral interne dans le cadre d'un traumatisme. Dès qu'on observe une lésion cartilagineuse profonde isolée il faut rechercher un corps étranger migré. Cyclops. C'est une masse tissulaire à prédominance fibreuse se développant dans les suites d'une ligamentoplastie du ligament croisé antérieur, en avant de la plastie ligamentaire, dans la région intercondylienne antérieure et entraînant un défaut d'extension du genou. Cette masse correspond à une métaplasie tissulaire secondaire à un conflit antérieur mécanique entre la ligamentoplastie et la région intercondylienne antérieure. Ce nodule fibreux présente un signal intermédiaire sur les séquences T1 et T2. Points d'interprétation Fissure méniscale. On observe, sur cette coupe sagittale en densité de proton avec saturation du signal de la graisse, une image linéaire en hypersignal séparant la corne postérieure du ménisque interne. Cette image rejoint les surfaces articulaires supérieure et inférieure. Elle s'étend jusqu'à la corne antérieure du ménisque interne. Il s'agit d'une fissure verticale longitudinale. Ce type de fissure s'observe en association avec une rupture du ligament croisé antérieur et est souvent déplacée en anse de seau. Fissure méniscale radiaire. Image linéaire verticale, située à la jonction entre la corne antérieure et la corne moyenne du ménisque externe, correspondant à une fissure radiaire. Ces lésions peuvent passer complètement inaperçues sur les coupes coronales. Elles sont en revanche bien visualisées sur les coupes axiales. Elles s'associent très souvent à un trait de refend horizontal qui se prolonge vers la jonction méniscocapsulaire et qui alimente un kyste méniscal comme sur l'image présentée. Fissure osseuse. Anomalie de signal linéaire, en hyposignal, s'observant dans l'os trabéculaire, dans la région épiphysaire ou métaphysaire. Dans la région épiphysaire, ces anomalies de signal ont une orientation globalement parallèle à la surface articulaire qu'elles peuvent atteindre par endroits. Dans la région métaphysaire, les fissures osseuses sont perpendiculaires aux travées osseuses. 25 26 Genou Dans la région épiphysaire, les lignes d'impaction trabéculaire doivent être différenciées du liséré de démarcation d'une ostéonécrose par l'absence du signe de la double ligne en séquence pondérée T2 et par le fait qu'elles n'atteignent pas la surface articulaire au niveau de toutes leurs extrémités. Infarctus métaphyso-épiphysaire. Images linéaires, concentriques, sinueuses, de quelques millimètres d'épaisseur, formées par une ligne en hyposignal doublée d'une ligne en hypersignal sur les séquences T2 (dont la localisation de l'une par rapport à l'autre dépend du sens d'encodage de phase), délimitant un territoire osseux dont le signal est variable. Le territoire ostéonécrotique ainsi délimité peut être épiphysaire ou métaphysaire. L'association d'infarctus épiphysaires et métaphysaires est fréquente. Au niveau épiphysaire, l'infarctus peut se compliquer d'un collapsus sous-chondral. Sur l'image présentée, on observe de multiples infarctus métaphysaires et épiphysaires intéressant le fémur, le tibia et la rotule. Kyste méniscal. Accumulation de liquide synovial en dehors du bord capsulaire d'un segment méniscal à travers une fissure méniscale le plus souvent horizontale ou oblique, aboutissant à la formation d'une image ronde parfois polylobée de signal liquidien (hypersignal T2 et hyposignal T1). Il s'observe le plus souvent au niveau du ménisque médial avec un développement postéromédial, ou au niveau du ménisque latéral avec un développement antérolatéral. Ici on observe un exemple de kyste méniscal interne se développant à partir d'une fissure horizontale de la corne postérieure du ménisque interne. Ne pas confondre une bursite du ligament tibial collatéral avec un kyste méniscal médial. La bursite se développe le long du ligament sans continuité avec le ménisque. Points d'interprétation 27 Certains kystes méniscaux se développent sans que l'on puisse mettre en évidence de lésion méniscale, on parle alors de kyste paraméniscal. Lésion cartilagineuse focale. Sur cette coupe frontale en densité de proton avec saturation du signal de la graisse on observe une lésion cartilagineuse focale post-traumatique en surface portante du condyle fémoral interne (flèche). Noter également la fracture du plateau tibial interne. Il s'agit d'un décollement d'un fragment de cartilage dont une partie est déjà libre dans l'articulation. Dans les arthropathies dégénératives débutantes, on observe également des lésions cartilagineuses, plutôt à type de fissurations, d'ulcérations ou de défects focaux. Lésion méniscale déplacée en copeau ou languette méniscale. Certaines lésions méniscales (souvent obliques) s'accompagnent du déplacement d'un fragment méniscal en dedans des structures capsuloligamentaires collatérales. Ces lésions s'observent plus fréquemment au niveau du ménisque interne. Le fragment méniscal déplacé s'observe sous la forme d'une structure en hyposignal T1, T2 en position anormale, plaquée contre le plateau tibial médial en cas de déplacement inférieur ou contre le condyle fémoral médial en cas de déplacement supérieur (image présentée). L'analyse des coupes sagittales, coronales et axiales est indispensable pour en faire le diagnostic. Ne pas prendre un fascicule méniscal externe pour une lésion en copeau. 28 Genou Lésions méniscales dégénératives. Le ménisque normal présente en IRM un hyposignal homogène sur toutes les séquences. Cet hyposignal est dû à l'absence de proton mobile (les molécules d'eau étant liées aux fibres collagènes). La dégénérescence méniscale s'associe à une accumulation de mucopolysacaccharides et au trappage de molécules d'eau à partir du liquide synovial, entraînant une augmentation de signal intraméniscal. Ainsi, les lésions méniscales dégénératives s'observent sous la forme de régions de signal intermédiaire, punctiformes (uniques ou multiples) ou linéaires, sans extension à la surface articulaire du ménisque. On en voit ici un exemple au niveau de la corne postérieure du ménisque interne. Luxation latérale de la rotule. Les luxations récidivantes de la rotule sont toujours latérales et se produisent chez des patients présentant souvent une dysplasie fémoropatellaire. L'association des signes suivants est caractéristique du mécanisme traumatique : fracture-impaction du condyle fémoral externe, antérieure, associée à des lésions ostéochondrales du bord médial de la rotule et des séquelles de déchirure de l'aileron rotulien interne. Parfois, il s'y associe un corps étranger intra-articulaire. Ménisque discoïde. Il s'agit d'une variante anatomique, le ménisque ayant la forme d'un disque plutôt que celle d'une noix de cajou comme un ménisque normal. Lorsque l'on observe une continuité entre la corne antérieure et la corne postérieure d'un ménisque sur plus de trois coupes successives de 5 mm dans le plan sagittal ou coronal, on peut affirmer le diagnostic de ménisque discoïde. On peut également suspecter l'existence d'un ménisque discoïde devant un ménisque de hauteur conservée sur deux coupes successives dans le plan sagittal et coronal ou le suspecter sur une coupe montrant un ménisque de hauteur continue d'avant en arrière. Il est plus fréquent au niveau du ménisque externe que du ménisque interne. Points d'interprétation 29 Rupture du ligament croisé antérieur, signes indirects : contusions osseuses en miroir du compartiment fémorotibial externe. Œdème osseux sous-chondral (hypersignal T2 et léger hyposignal T1) observé en zone portante du condyle fémoral externe légèrement décalé vers l'avant, avec dans certains cas une impaction de la surface articulaire et au niveau du plateau tibial postéro-externe. Ces contusions osseuses disparaissent habituellement neuf semaines après le traumatisme les ayant engendrées, à moins que l'on soit dans le cadre d'une instabilité ou de subluxations répétées associées à un ligament croisé antérieur rompu anciennement. Il s'agit d'un signe très sensible et quasi spécifique de rupture complète du ligament croisé antérieur. Rupture du ligament croisé antérieur (LCA) : épaississement et hypersignal. Un ligament normal s'observe sous la forme d'une bande en hyposignal globalement parallèle à la ligne de Blumensaat sur les coupes sagittales ou réalisant une image oblongue de quelques millimètres d'épaisseur plaquée contre le condyle fémoral externe sur les coupes axiales. Dans les ruptures récentes, on observe un épaississement et un hypersignal T2 diffus légèrement hétérogène du LCA avec des limites floues par rapport à la graisse adjacente. Cet aspect reflète un œdème des parties molles adjacentes à un ligament croisé antérieur rompu et à une infiltration œdémateuse du ligament lui-même. 30 Genou Rupture du ligament croisé postérieur (LCP). La sémiologie est proche de celle des ruptures du LCA, associant épaississement et hypersignal du LCP avec, dans certains cas, une discontinuité complète des fibres ligamentaires avec un espace vide, de signal liquidien. En dehors des luxations graves du genou, la rupture du LCP est souvent isolée sans autre lésion méniscoligamentaire. Parfois on observe des séquelles de contusions osseuses antérieures tibiales (choc direct dans les accidents de motocyclette). Comme pour le LCA, il faut regarder les trois plans de l'espace et les séquences T1 et T2. Rupture du ligament collatéral tibial (LCT). Hypersignal T2 et tuméfaction des parties molles à la face profonde et superficielle du ligament collatéral tibial qui présente lui-même de façon complète ou partielle une atténuation importante du signal (un hypersignal ou un signal intermédiaire) et un épaississement anormal. Le ligament collatéral tibial est décollé de la surface osseuse par la tuméfaction des parties molles situées à sa face profonde. Les lésions du ligament collatéral tibial s'observent fréquemment à son insertion fémorale et dans sa partie antérieure. En cas de rupture avec rétraction ligamentaire, on peut observer un aspect en serpentin du ligament rompu. Le ligament collatéral tibial s'observe au mieux sur les coupes coronales et axiales. Signe de la double corne antérieure dans les anses de seau méniscales. Fragment méniscal, en hyposignal T1 et T2 observé sur les coupes sagittales, en avant de la corne antérieure normale du ménisque lésé, donnant un aspect de corne antérieure double. Sur les coupes coronales le fragment méniscal migré est également bien visible et donne un aspect de corne antérieure anormalement grosse. Points d'interprétation 31 Ne pas confondre le fragment méniscal migré avec un gros ligament méniscal transverse : le ligament méniscal transverse se raccorde progressivement à la corne antérieure lorsque l'on s'éloigne de l'échancrure intercondylienne. Ne pas confondre l'aspect de double corne antérieure avec une fissure verticale de la corne antérieure méniscale : dans les lésions en anse de seau, on observe une corne antérieure de taille et de morphologie normales et un fragment méniscal ajouté en avant. Ne pas confondre une double corne antérieure sur les coupes frontales avec un ménisque externe discoïde. Signe du double ligament croisé postérieur dans les anses de seau méniscales. Fragment méniscal en forme de languette, en hyposignal T1 et T2 observé sur les coupes sagittales, en avant du ligament croisé postérieur, dans sa concavité, donnant un aspect de ligament croisé postérieur double. Le fragment migré est également visible sur les coupes coronales et axiales dans l'échancrure intercondylienne. Il s'agit d'un aspect caractéristique d'anse de seau méniscale. Les diagnostics différentiels de cette image sur les coupes en densité de proton avec saturation du signal de la graisse sont un lobule graisseux (hypersignal T1) et un corps étranger intra-articulaire (signal en général identique au signal osseux, donc en hypersignal T1 avec un hyposignal périphérique correspondant à une corticale). Ne pas confondre le ligament méniscofémoral antérieur (ligament de Humphrey) avec un fragment méniscal migré (section ronde sur les coupes sagittales, trajet). 32 Genou Signes d'instabilité des fractures ostéochondrales. Signes témoignant d'une instabilité du fragment ostéochondral traumatisé et donc d'un risque important de migration intraarticulaire, dans les fractures ostéochondrales. C'est l'étude de l'interface entre la fracture ostéochondrale et l'os hôte (flèche) qui donne des éléments en faveur de l'instabilité du fragment ostéochondral : hypersignal T2 linéaire à l'interface entre le fragment ostéochondral traumatisé et l'os hôte (image présentée), images kystiques (hyposignal T1, hypersignal T2 liquidien). Tiroir antérieur du plateau tibial externe. Mobilité anormale antérieure du plateau tibial externe par rapport au condyle fémoral externe secondaire à une rupture du ligament croisé antérieur et s'observant sur les coupes sagittales en IRM : déplacement antérieur du plateau tibial externe par rapport au condyle fémoral externe. L'existence d'un tiroir antérieur sur le compartiment externe est définie par une distance entre les tangentes verticales à la corticale postérieure du plateau tibial externe et la tangente verticale à la corticale postérieure du condyle externe supérieure ou égale à 10 mm sur la coupe passant par le milieu du compartiment externe. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? L'IRM est l'examen de première intention dans le bilan de douleur du genou, traumatique ou non, lorsque le bilan radiographique simple ne permet pas de déterminer la conduite thérapeutique. Le scanner a pour indications principales : n le bilan des fractures avec enfoncement articulaire afin de mesurer l'enfoncement et de réaliser des reconstructions tridimensionnelles qui peuvent aider le chirurgien pour poser une indication opératoire et pour choisir la technique opératoire ; n les syndromes rotuliens pour évaluer les anomalies morphologiques de l'appareil extenseur (TAGT, pente externe de la trochlée, bascule rotulienne, engagement rotulien) et aider le chirurgien à poser une indication opératoire ; n les mesures de torsion épiphysaire ; n le bilan diagnostique des tumeurs osseuses afin de mieux analyser la matrice tumorale et l'atteinte de la corticale osseuse. Stratégie diagnostique 33 L'arthroscanner a pour indications principales : n le bilan d'instabilité d'un fragment ostéochondral car le produit de contraste pénètre l'interface entre le fragment ostéochondral et l'os hôte en cas d'instabilité alors que l'IRM ne montre qu'un hypersignal T2 qui peut ne correspondre qu'à une réaction œdémateuse sans discontinuité des travées osseuses ; n la recherche de corps étrangers intra-articulaires car l'injection de produit de contraste ouvre les différents récessus articulaires et délimite les corps étrangers ; n l'étude des ménisques opérés car le passage de produit de contraste dans la fissure méniscale est en faveur d'une récidive fissuraire alors que parfois en IRM il est difficile de faire la différence entre une image linéaire séquellaire de la lésion méniscale opérée et une récidive fissuraire ; n l'étude précise des cartilages articulaires ; n l'étude des prothèses de genou où les artéfacts métalliques gênent l'interprétation en IRM ; à noter que dans la plupart des cas, une simple agrafe de ligamentoplastie n'empêche pas la réalisation de l'IRM ; n le diagnostic et la localisation du pertuis d'un kyste mucoïde para-­ articulaire. L'arthro-IRM a pour indication la recherche de récidive de lésion méniscale après méniscectomie partielle. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? On peut éventuellement ajouter au protocole classique : n une séquence T1 avec injection de gadolinium : elle est indispensable en cas de tumeurs, de pathologie synoviale, d'arthrite inflammatoire ou infectieuse ; la séquence T1 gadolinium est souvent réalisée avec saturation du signal de la graisse afin d'améliorer la visibilité de la prise de contraste ; il ne faut pas oublier de réaliser une séquence T1 classique avant d'injecter ; n une séquence T2 en écho de gradient dans les synovites villonodulaires pour la mise en évidence des pigments d'hémosidérine ; n une séquence 3D SPGR pour l'étude du cartilage articulaire ; n une arthro-IRM pour le contrôle de ménisques opérés ou pour l'évaluation des lésions cartilagineuses : injection intra-articulaire de 10 à 20 ml d'une solution contenant du gadolinium dilué au 1/200e. Le protocole d'examen inclut une séquence T1 avec saturation du signal de la graisse dans les trois plans de l'espace, une séquence sagittale T1 et sagittale T2 en densité de proton ; n une angio-IRM à la recherche d'une dissection de l'artère poplitée dans les luxations du genou. 34 Genou COMMENT INTERPRÉTER ? En IRM il faut toujours regarder les trois plans de l'espace, c'est particulièrement vrai pour l'examen du genou. 1. Ménisques Il est important de différencier les lésions méniscales traumatiques des lésions méniscales dégénératives. Ces dernières n'atteignent pas la surface articulaire et ne sont pas une indication à elles seules d'une arthroscopie. L'IRM permet souvent de déterminer des signes d'instabilité des lésions méniscales : fissure en hypersignal T2 liquidien, fissure visible sur au moins deux coupes contiguës et dans les deux plans de l'espace. Dans l'arthrose fémorotibiale interne les anomalies dégénératives du segment postérieur du ménisque médial s'associent souvent à une subluxation médiale du segment moyen et à une désinsertion de l'attache tibiale du segment postérieur du ménisque médial. L'étude du cartilage de recouvrement est primordiale car l'existence de lésions cartilagineuses fémorotibiales est un facteur de mauvais pronostic du traitement arthroscopique des lésions méniscales. Chez les enfants et les jeunes adultes, on peut observer des anomalies de signal intraméniscales n'atteignant pas la surface articulaire pour lesquelles on ne peut pas parler de lésions dégénératives. Dans le cas des lésions méniscales déplacées, la fissure n'est souvent pas visible, c'est l'existence d'une amputation méniscale qui fait rechercher un fragment méniscal déplacé. Le fragment méniscal déplacé est observé dans l'échancrure intercondylienne dans les lésions en anse de seau avec un aspect de double ligament croisé postérieur et de double segment antérieur ou le long des structures capsuloligamentaires collatérales dans les lésions en copeau. Les fissures méniscales intéressent le plus souvent le segment postérieur du ménisque médial et les plus fréquentes sont les fissures horizontales développées sur un ménisque dégénératif, les fissures obliques associées à un kyste méniscal, les lésions en anse de seau, les fissures verticales périphériques dans le cadre d'une rupture du ligament croisé antérieur. Au niveau du ménisque latéral, les fissures radiaires à la jonction entre le segment moyen et le segment antérieur associées à un trait horizontal et à un kyste méniscal à développement antérolatéral et les lésions en anse de seau sont les plus fréquentes. 2. Ligaments croisés Ligament croisé antéro-externe (LCA) : la rupture récente du LCA s'associe en général à un traumatisme précis (ski, football) avec une laxité clinique et, aux signes directs, sont associés des signes indirects classiques (contusions, Stratégie diagnostique 35 f­issure verticale périphérique ou anse de seau méniscale, tiroir antérieur spontané). Dans les ruptures anciennes, le LCA est soit absent soit horizontalisé (l'insertion tibiale persiste) avec un raccourcissement et une extrémité fémorale parfois fixée en nourrice sur le ligament croisé postérieur. Le diagnostic de lésion partielle ou de lésion « intrasynoviale » est difficile. Le ligament conserve un trajet à peu près normal mais il présente une concavité antérieure exagérée, ou il est épaissi à son insertion fémorale (rupture partielle) ou il est grêle et surtout mal visualisé en T1 (rupture intrasynoviale). Dans ces cas, il faut être prudent et conseiller de faire des clichés radiographiques comparatifs en tiroir antérieur avec un appareillage spécialisé. Les plasties du LCA sont de plus en plus pratiquées. Deux techniques principales sont utilisées, le transplant de tendon rotulien (Kenneth Jones), ou l'utilisation des tendons de la patte d'oie (DIDT). Les complications postopératoires sont principalement la rupture de la plastie et le conflit antérieur de la plastie avec l'échancrure intercondylienne qui favorise l'apparition d'une arthrofibrose ou « cyclops ». Le cyclops est favorisé par une plastie trop antérieure (tunnel tibial en avant de la ligne de Blumensaat). Il se forme alors un nodule fibreux en hyposignal T1 et T2 en avant du bord antérieur de la plastie (cyclops). Ligament croisé postérieur (LCP) : la rupture du LCP s'observe souvent dans les suites d'un choc direct sur la face antérieure du tibia (accidents de motocyclette) et est alors souvent associée à une contusion osseuse tibiale. Dans d'autres cas la rupture se produit lors d'un traumatisme en extension du genou et recurvatum et la rupture du LCP est associée à des contusions osseuses antérieures tibiales et fémorales. Enfin la rupture du LCP peut s'observer dans le cadre de luxation grave du genou avec une rupture des deux ligaments croisés. La rupture du LCP est souvent isolée. 3. Plans « capsuloligamentaires » collatéraux Ligament tibial collatéral (LTC) : on distingue les déchirures bénignes, fréquentes, souvent isolées ou associées à une contusion osseuse du condyle fémoral latéral postérieur et du plateau tibial latéral dans le cadre d'un traumatisme en flexion valgus, des ruptures complètes avec désinsertion complète fémorale ou tibiale où le ligament rétracté doit être réinséré pour éviter une laxité séquellaire en particulier chez les sportifs. Dans l'arthrose fémorotibiale interne ou les fissures osseuses souschondrales du condyle fémoral médial, on observe fréquemment une réaction inflammatoire le long du LTC qu'il ne faut pas méprendre pour une déchirure ligamentaire. Ligament fibulaire collatéral (LFC) : dans les ruptures du LCA on observe souvent un léger épaississement du LFC avec un hypersignal des parties molles adjacentes témoignant d'un étirement sans rupture, le ligament conservant 36 Genou un trajet bien rectiligne entre son insertion fémorale et fibulaire. Lorsque le ligament présente un trajet tortueux sur les coupes sagittales et frontales avec une discontinuité sur les coupes axiales il faut évoquer une rupture. La réinsertion chirurgicale rapide est alors indiquée. Tendon du biceps femoris : il s'insère sur la tête du péroné ; il est parfois lésé dans les luxations du genou. Tendon poplité : il est important dans la stabilité du genou. Il est rarement rompu ou désinséré sauf dans les luxations du genou. Bandelette iliotibiale : le syndrome de la bandelette iliotibiale est un syndrome de friction chronique entre le tendon du tenseur du fascia lata (la bandelette iliotibiale) et le condyle fémoral latéral dans les mouvements de flexion-extension du genou. Il entraîne un épaississement de la bandelette et une inflammation des parties molles situées à sa face profonde. Tendons de la patte d'oie (couturier, demi-tendineux et droit interne) et demimembraneux : on recherche un hypersignal T2 le long des tendons de la patte d'oie ou un épanchement d'une des bourses de glissement (patte d'oie ou demi-membraneux). 4. Lésions osseuses ou ostéochondrales Les contusions osseuses ont des localisations particulières liées au mécanisme traumatique (voir rupture du LCA, rupture du LCP, lésions du LCT, luxation latérale de rotule). Dans les fractures ostéochondrales on doit rechercher des signes d'instabilité du fragment ostéochondral en vue d'une éventuelle fixation chirurgicale. 5. Cartilage articulaire Son étude est très fiable sur les séquences en densité de proton avec saturation du signal de la graisse. Les lésions du cartilage articulaire peuvent être d'origine traumatique ou dégénérative. Dans le premier cas, il s'agit souvent de lésions focales dont on évalue la taille et la profondeur (superficielle : inférieure ou supérieure à la moitié de l'épaisseur normale du cartilage articulaire sans atteinte de l'os cortical ou profonde : atteignant l'os cortical). Dans l'arthrose fémorotibiale ou fémoropatellaire, les lésions sont plus diffuses, prédominent sur un compartiment et s'associent aux autres signes d'arthrose (anomalies de signal sous-chondrales œdémateuses ou géodiques, ostéophytose marginale, anomalies méniscales dégénératives). 6. Appareil extenseur Anomalies morphologiques rotuliennes et/ou trochléennes : dans les dysplasies sévères on observe une trochlée plate ou convexe vers l'avant et une Stratégie diagnostique 37 rotule monofacettaire. Il existe fréquemment des séquelles de luxation latérale de la rotule : lésions ostéochondrales du bord médial de la rotule, contusion du condyle fémoral latéral antérieure et latérale (différente de la contusion associée aux ruptures du LCA qui se situent à la partie antérieure de la surface portante du condyle fémoral latéral), lésions de l'aileron rotulien médial. Tendon rotulien : n tendinopathie d'hyperutilisation, fréquemment à la pointe de la rotule avec, dans les formes sévères, un œdème osseux et des signes de rupture partielle ; n Osgood-Schlatter au niveau de la tubérosité tibiale antérieure (TTA), correspondant à des phénomènes de traction répétée sur une TTA non encore fusionnée chez l'enfant aboutissant à un épaississement tendineux, un œdème osseux et des parties molles. Tendon quadricipital : rupture lors d'une extension contrariée de la jambe. Aileron rotulien : dans les luxations de la rotule, la déchirure de l'aileron rotulien s'associe à une lésion ostéochondrale du bord médial de la rotule et à une contusion antérieure du condyle fémoral latéral. 7. Épanchement articulaire et récessus poplité Le kyste poplité est un épanchement enkysté dans la bourse synoviale de glissement entre le tendon du demi-membraneux et du gastrocnémius médial. 8. Synoviale articulaire On doit rechercher un épaississement focal de la synoviale articulaire lorsque l'on observe un épanchement isolé sans lésion méniscoligamentaire ou ostéochondrale. Il est très important dans ce cas de comparer les séquences T2 et T1, car en T2 avec saturation du signal de la graisse, la synoviale présente le même signal que la graisse alors qu'en T1 elle est en hyposignal. Ces anomalies sont souvent observées au niveau de la graisse de Hoca, dans l'échancrure intercondylienne en arrière du LCP ou au-dessus de la rotule derrière le tendon quadricipital. On confirme le diagnostic en faisant une séquence T1 avec injection de gadolinium (la synoviale prend le contraste). On recherche alors des signes d'orientation diagnostique comme des pigments d'hémosidérine en asignal (en faveur d'une synovite villonodulaire pigmentée) ou des signes en faveur d'un angiome. Dans les arthropathies inflammatoires ou infectieuses, on observe un épaississement diffus de la synoviale articulaire. Dans l'ostéochondromatose synoviale on observe de multiples corps étrangers intraarticulaires présentant le même signal que le cartilage articulaire et des érosions osseuses. 38 Genou 9. Muscles et axe vasculaire poplité Dans les lésions musculaires les points importants sont : n déterminer s'il existe un hématome intramusculaire ponctionnable ; n grader les lésions musculaires selon leur gravité. 10. Articulation péronéotibiale supérieure À ce niveau on observe fréquemment des kystes synoviaux pouvant comprimer le nerf sciatique poplité ou ses branches de division. Ces kystes se développent le long d'un rameau nerveux articulaire et communiquent avec l'articulation péronéotibiale supérieure. COMPTE RENDU Le compte rendu de l'IRM du genou doit préciser l'indication de l'examen, la marque et le modèle de la machine, la puissance du champ, la technique utilisée, les résultats sémiologiques, leur interprétation (conclusion) en fonction de l'histoire clinique et de l'examen du patient. On peut faire deux types de comptes rendus : en cas de pathologie dégénérative il peut être intéressant de séparer les résultats suivant les paragraphes suivants : n compartiment fémorotibial interne ; n pivot central ; n compartiment fémorotibial externe ; n appareil extenseur ; n autres (structures capsuloligamentaires, synoviale, muscles, tendons, axes vasculonerveux). Sinon on décrit les résultats en analysant chaque élément des points d'interprétation : n ménisques ; n ligaments croisés ; n plans capsuloligamentaires collatéraux et tendons : • ligament tibial collatéral (LTC), • ligament fibulaire collatéral (LFC), • tendon du biceps femoris, • tendon poplité, • bandelette iliotibiale, • tendons de la patte d'oie (couturier, demi-tendineux et droit interne) et demi-membraneux ; n lésions osseuses ou ostéochondrales ; n cartilage articulaire fémorotibial ; n appareil extenseur ; Stratégie diagnostique n n n n n 39 épanchement articulaire, bourse de glissement, récessus poplité ; recherche de corps étranger intra-articulaire ; synoviale articulaire ; muscles et axes vasculonerveux ; articulation péronéotibiale supérieure On termine le compte rendu par une conclusion reprenant par importance décroissante les pathologies observées. C HA P IT R E 3 Cheville et avant-pied OBJECTIFS Les pathologies traumatiques rencontrées au niveau de la cheville et du pied sont nombreuses en raison de leur rôle dans la position debout, la marche et la course. La cheville et l'avant-pied sont également le siège de pathologies infectieuses, inflammatoires ou tumorales intéressant son contenant (peau et phanères) et/ou son contenu (os, articulations, ligaments, tendons, muscles, vaisseaux et nerfs). Lorsque la clinique et les radiographies simples ne suffisent pas à déterminer la prise en charge du patient, l'IRM, par son contraste et sa résolution, permet le plus souvent de faire le diagnostic et participe au bilan préthérapeutique. TECHNIQUE Cheville Protocole cheville standard : coupes sagittales, coronales et axiales T2 avec saturation du signal de la graisse, et coupes axiales T1. En cas de pathologie inflammatoire, infectieuse ou tumorale, on ajoute une ou deux séquences en T1 avec injection de gadolinium et saturation du signal de la graisse, le plan axial étant le plan de référence. Tendon calcanéen : coupes sagittales T1 et T2 en saturation du signal de la graisse et axiales T2 en saturation du signal de la graisse. Aponévrose plantaire : coupes sagittales T1 et T2 en saturation du signal de la graisse et frontales T2 en saturation du signal de la graisse. En cas d'hétérogénéité de saturation du signal de la graisse, remplacer les séquences T2 par des séquences STIR. Avant-pied Coupes frontales T1 et T2 avec saturation du signal de la graisse, coupes axiales et sagittales T2 avec saturation du signal de la graisse. En cas de pathologie inflammatoire, infectieuse ou tumorale, on ajoute une ou deux séquences en T1 avec injection de gadolinium et saturation du signal de la graisse, le plan frontal (axial des métatarses) étant le plan de référence. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 42 Cheville et avant-pied POINTS D'INTERPRÉTATION CHEVILLE 1. Structures osseuses Signal osseux. L'hétérogénéité du champ magnétique peut entraîner une variation de l'annulation du signal de la graisse. Ceci est particulièrement fréquent à la cheville et entraîne un hypersignal T2 qu'il ne faut pas prendre pour un œdème osseux. Corticales osseuses. Os accessoires. Os accessoires : ils sont nombreux au niveau de la cheville. Il ne faut pas les prendre pour des fractures. Ils peuvent être associés à des pathologies spécifiques. 2. Articulations Épanchement Cartilage : son analyse est difficile sauf pour les lésions profondes atteignant l'os cortical ; ces lésions sont mesurées dans le plan sagittal et frontal. Os sous-chondral Lésions ostéochondrales du talus : n localisation médiale ou latérale ; n taille dans le plan sagittal et frontal ; Attention à ne pas majorer la taille de la lésion en intégrant l'œdème osseux (hypersignal T2 et hyposignal T1) ou la condensation osseuse (isosignal T2 et hyposignal T1) réactionnels périlésionnels. présence ou non d'une image kystique sous-chondrale et taille ; atteinte du cartilage de recouvrement (difficile en l'absence d'épanchement articulaire) ; n enfoncement de la surface articulaire. n n points d'interprétation 43 Synoviale articulaire Recherche de synostose 3. Structures capsuloligamentaires Complexe ligamentaire collatéral latéral : n la syndesmose tibiofibulaire (coupes axiales et sagittales) : ligament tibiofibulaire antérieur, ligament tibiofibulaire postérieur, ligament tibiofibulaire transverse, membrane interosseuse ; n le ligament talofibulaire antérieur (coupes axiales) ; n le ligament talofibulaire postérieur (coupes axiales) ; n le ligament fibulocalcanéen (coupes frontales et axiales). Complexe ligamentaire collatéral médial ou ligament deltoïde. Ligament calcanéo-naviculaire. Ligament en haie et sinus du tarse. 4. Tendons et gaines synoviales (plan axial +++) Extenseurs. Fléchisseurs. On observe fréquemment une petite lame liquidienne dans la gaine des tendons fléchisseurs lorsqu'il existe un épanchement au niveau de l'articulation tibiotalienne. En effet, il existe fréquemment une communication entre l'articulation tibiotalienne et la gaine des fléchisseurs. Il ne s'agit pas d'une ténosynovite. Fibulaires. Un épanchement dans la gaine des tendons fibulaires dans un contexte d'entorse récente de la cheville est en faveur d'une rupture complète du ligament fibulocalcanéen. Attention à l'angle magique, en particulier au niveau des tendons fibulaires qui peut parfois être pris pour une rupture dans le trajet sousmalléolaire des fibulaires. 44 Cheville et avant-pied Calcanéen ou « Achille ». Le tendon calcanéen ou d'Achille ne présente pas de gaine synoviale. La sémiologie des lésions tendineuses est commune aux autres articulations et on analyse la taille du tendon (épaissi, grêle, discontinu) et son signal (augmentation modérée en T1 et T2, images intratendineuses en hypersignal T2 franc correspondant à des fissures longitudinales). Le diagnostic de ténosynovite est renforcé par l'existence d'une prise de contraste de la synoviale après injection de gadolinium. Tendon calcanéen : on analyse la taille et le signal du tendon, l'existence d'un épaississement ou d'un amincissement du tendon, le signal des tissus paratendineux, l'existence d'une bursite rétrocalcanéenne, le signal osseux à l'insertion calcanéenne du tendon, l'existence d'érosions osseuses pour une pathologie rhumatismale (spondylarthropathie ankylosante). En cas d'anomalie focale de signal intratendineux, on détermine sa taille, son signal (liquidien ou non), sa localisation (en plein corps du tendon, à sa face antérieure, à son insertion calcanéenne). En cas de rupture complète, on détermine la hauteur de l'espace vide de tendon et la zone de rétraction (< 3 cm, 3 à 6 cm, > 6 cm). 5. Muscles On recherche des lésions musculaires post-traumatiques et des muscles accessoires. Rechercher une tumeur des parties molles. 6. Aponévrose plantaire On analyse sur toute sa longueur et dans ses trois faisceaux, son épaisseur, son signal, les structures périaponévrotiques, son insertion calcanéenne. 7. Tunnel tarsien Recherche de compression extrinsèque ou de tumeur du nerf tibial postérieur ou de ses branches de division. AVANT-PIED 1. Structures osseuses Signal des métatarses, analyse des corticales osseuses, recherche d'images fissuraires perpendiculaires à la corticale des métatarses, ou de fissures osseuses sous-chondrales au niveau des têtes métatarsiennes. Éliminer une tumeur osseuse. 2. Articulations métatarsophalangiennes et tarsométatarsiennes Épanchement, ostéophytes, géodes sous-chondrales, érosions osseuses, pincement de l'interligne, étude de la plaque plantaire. Sésamoïdes : points d'interprétation 45 signal, recherche de fracture ou de fissure de fatigue, de nécrose, arthrose sésamoïdo-métatarsienne. 3. Tendons et gaines synoviales Épanchement des gaines synoviales, signal et morphologie tendineux, zone de rétraction et longueur de la zone vide de tendon en cas de rupture, prise de contraste de la synoviale, tumeur des gaines synoviales. 4. Espace intercapitométatarsien Névrome de Morton, bursite. 5. Parties molles Étude de la graisse sous-cutanée à la recherche de bursite, de lésions d'appui plantaire, de corps étrangers. Rechercher une tumeur des parties molles. Angle magique. Augmentation artéfactuelle du signal des structures comportant des fibres collagènes parallèles (tendons, ligaments, fibrocartilages) lorsque l'axe longitudinal des fibres collagènes réalise un angle de 55 degrés par rapport au champ magnétique principal. Cet artéfact est plus important sur les séquences à TE court (T1, premier écho du T2 ou séquences en écho de gradient). On l'observe fréquemment au niveau des tendons de la cheville lorsque ceux-ci s'inclinent et s'incurvent pour aller s'insérer sur les os de l'avant-pied au niveau sous-malléollaire médial ou latéral. On en voit ici un exemple au niveau du tendon tibial postérieur. Les bords de cette plage d'augmentation de signal sont en continuité avec les bords du tendon. Aponévrosite plantaire. Aspect typique associant un épaississement et un hypersignal T2 de l'aponévrose plantaire à son insertion calcanéenne, un hypersignal T2 des parties molles adjacentes et en particulier du court fléchisseur des orteils et des anomalies de signal osseuses, œdémateuses, réactionnelles du calcanéum. On observe fréquemment un enthésophyte à l'insertion du fléchisseur des orteils (« épine calcanéenne ») qui favorise l'irritation mécanique de l'aponévrose. 46 Cheville et avant-pied Arthropathie goutteuse. Coupe frontale T1 au niveau de l'articulation métacarpophalangienne du pouce montrant une arthropathie goutteuse avec de volumineux tophus intra- et périarticulaires entraînant des érosions osseuses. Les tophus goutteux sont des masses en hyposignal T1 et signal intermédiaire hétérogène en T2 prenant le contraste après injection de gadolinium. Ils sont fréquemment observés au niveau du tendon tricipital, du tendon d'Achille et du tendon rotulien. Conflit postéromédial. Épaississement des parties molles situées à la face profonde du tendon tibial postérieur au niveau de la pointe de la malléole médiale. Il s'agit d'une complication des accidents traumatiques en varus forcé associant des lésions graves du plan ligamentaire externe à un écrasement des fibres profondes du ligament deltoïde avec une instabilité résiduelle entraînant un conflit mécanique chronique et la formation d'un nodule fibreux. Fissuration longitudinale du court fibulaire. Le tendon du court fibulaire, situé en avant du long fibulaire, est séparé en deux faisceaux, un faisceau médial luxé en dedans de la pointe de la malléole latérale et un faisceau latéral. Cette image correspond à une fissuration intratendineuse rétromalléolaire du tendon du court fibulaire. Le tendon long fibulaire vient au contact de la malléole latérale. On observe également un épanchement liquidien dans la gaine synoviale des fibulaires correspondant à une ténosynovite. points d'interprétation Fracture de l'apophyse antérieure du calcanéum. Coupe sagittale T2 montrant un hypersignal osseux au niveau de la partie antérieure du calcanéum et au niveau du cuboïde avec une discontinuité de la corticale antérieure et supérieure du calcanéum se prolongeant par une image linéaire en hypersignal T2 correspondant à une fracture. Cette localisation fracturaire est assez fréquente et passe souvent inaperçue sur les radiographies simples. Fracture de fatigue du calcanéum. L'étude du signal osseux montre un hypersignal T2 du calcanéum mal limité au sein duquel on observe une image linéaire en hyposignal T2, perpendiculaire à la corticale osseuse postérosupérieure présentant un trajet oblique du haut vers le bas et d'arrière en avant. Cette image est caractéristique d'une fracture de fatigue. L'hypersignal adjacent correspond à un œdème osseux réactionnel. Il existe également un épanchement réactionnel dans l'articulation sous-talienne et un œdème des parties molles au niveau du sinus du tarse. Fracture de fatigue des métatarses. Coupe frontale T2 montrant une image linéaire en asignal, perpendiculaire à la corticale du segment proximal du deuxième métatarsien. L'image linéaire correspond à la fracture de fatigue. Hypersignal œdémateux intramédullaire très étendu et œdème des parties molles adjacentes au métatarse. Cette localisation est caractéristique chez les danseuses. 47 48 Cheville et avant-pied Souvent, on n'observe pas d'image linéaire de fissure osseuse. Il s'agit d'une réponse œdémateuse osseuse à un stress mécanique qui précède parfois l'apparition des images de fissures osseuses si les contraintes mécaniques persistent. Lésion ostéochondrale supéromédiale du talus. On observe une lésion ostéochondrale bien limitée, supéromédiale, présentant un léger hypersignal T2, avec un cartilage de recouvrement intact (bande grise recouvrant la ligne noire de la corticale osseuse du fragment ostéochondral). L'interface avec le talus (correspondant au trait de fracture ayant détaché le fragment ostéochondral) est bien définie. Ces lésions peuvent évoluer vers une nécrose osseuse, le fragment ostéochondral présentant alors un hyposignal T1 et T2 ou vers la migration du fragment ostéochondral dans l'articulation. Lésion ostéochondrale supérolatérale du talus. Sur cette séquence T1, on observe une anomalie de signal sous-chondrale supérolatérale du talus, antérieure, comportant trois petites images géodiques en hyposignal modéré entourées d'une couronne périphérique en hyposignal franc. Les images géodiques correspondent à des kystes intraosseux secondaires à une hyperpression intraosseuse à travers des lésions du cartilage de recouvrement. La couronne périphérique correspond à une condensation osseuse réactionnelle. Maladie de Ledderhose. La maladie de Ledderhose est une dystrophie de l'aponévrose plantaire rattachée aux groupes des fibromatoses. Coupe sagittale T1 avec injection de gadolinium montrant un épaississement biconcave de l'aponévrose plantaire prenant le contraste. Cet aspect est caractéristique d'une maladie de Ledderhose ou fibromatose plantaire. points d'interprétation 49 Muscle soléaire accessoire. L'IRM montre une structure musculaire inhabituelle qui s'insère sur le bord supéromédial du calcanéum. Il s'agit d'un muscle soléaire accessoire qui se révèle souvent par un syndrome de masse douloureux lors de la pratique sportive. Névrome de Morton. Coupe frontale T1 de l'avant-pied, montrant une masse ovoïde du troisième espace interdigital, quelques millimètres en arrière de l'interligne métatarsophalangien, bien limitée, en hyposignal T1. Cette lésion présente un développement plantaire. Le bord inférieur du névrome est convexe, bien séparé de la graisse sous-jacente. Cette image est caractéristique d'un névrome de Morton. Le névrome s'accompagne souvent d'une bursite intercapitométatarsienne. Les névromes de Morton étant souvent bilatéraux et parfois multiples, ces images nécessitent une corrélation clinique précise. Os naviculaire accessoire. On observe sur cette coupe frontale T2 avec saturation du signal de la graisse, un os naviculaire accessoire de type 2 : l'os accessoire réalise avec l'os naviculaire une synchondrose qui est le siège de microtraumatismes répétés provoquant un œdème osseux réactionnel comme le montre l'hypersignal T2 osseux adjacent à la synchondrose. Le tendon tibial postérieur peut être le siège d'une tendinopathie. Dans certains traumatismes, on peut voir un arrachement de l'os naviculaire accessoire. 50 Cheville et avant-pied Rupture du ligament talofibulaire antérieur. Plusieurs aspects sont évocateurs de rupture du ligament talofibulaire antérieur. Le plus souvent on observe en lieu et place du ligament normal (hyposignal linéaire de quelques millimètres d'épaisseur, à bord régulier, tendu de la malléole latérale au talus), un ligament épaissi, en hypersignal T2 et de limites floues (cas présenté). Dans certains cas, on observe une solution de continuité transfixiante sur un ligament ayant conservé un hyposignal mais entouré d'un œdème des parties molles. Au stade de cicatrisation fibreuse, le ligament est d'épaisseur irrégulière (régions hypertrophiques succédant à des régions atrophiques), en hyposignal hétérogène. Rupture du ligament fibulocalcanéen. Les ruptures du ligament fibulocalcanéen sont analysées dans le plan frontal et le plan axial. Le plus souvent, le ligament normal (hyposignal linéaire de quelques millimètres d'épaisseur, à bord régulier, tendu de la malléole latérale au calcanéum), est remplacé par un ligament épaissi, en hypersignal T2, et de limites floues (cas présenté). Dans certains cas, on observe une solution de continuité transfixiante sur un ligament ayant conservé un hyposignal mais entouré d'un œdème des parties molles. Au stade de cicatrice fibreuse, le ligament est d'épaisseur irrégulière (régions hypertrophiques succédant à des régions atrophiques), en hyposignal hétérogène. La rupture du ligament fibulocalcanéen est parfois associée, au stade aigu, à un épanchement dans la gaine des tendons fibulaires. points d'interprétation Rupture du ligament tibiofibulaire antérieur. On observe un épaississement du ligament et une désinsertion de son insertion fibulaire. Le ligament tibiofibulaire postérieur est intact. Cette atteinte de la syndesmose tibiofibulaire inférieure nécessite un traitement spécifique. Rupture partielle du tendon tibial postérieur. Une déchirure tendineuse partielle se traduit par des anomalies morphologiques et de signal focal du tendon. Morphologiquement, on peut observer un épaississement (déchirure partielle hypertrophique : cas présenté), un amincissement (déchirure partielle atrophique) ou un tendon de calibre normal. Associée à ces anomalies morphologiques, on observe une augmentation focale du signal intratendineux en T1 et T2. Les zones de déchirure partielle correspondent à des images linéaires intratendineuses en hypersignal T2 liquidien, dans l'axe des fibres tendineuses ou à des zones amorphes intratendineuses de signal liquidien en T2. 51 52 Cheville et avant-pied Rupture du tendon calcanéen. Sur cette séquence T2 en saturation du signal de la graisse, le tendon d'Achille est discontinu dans sa portion moyenne avec, dans la zone de rupture, un hypersignal T2 liquidien s'étendant sur environ 6 cm de hauteur (type IV). Aux berges de la rupture, on observe un tendon rétracté, épaissi, de signal hétérogène. Les anomalies de signal s'étendent dans la graisse du triangle de Kager. Syndrome du carrefour postérieur de la cheville. Coupe sagittale T2 avec saturation du signal de la graisse montrant un os trigone (ossification accessoire du tubercule postérolatéral du talus) légèrement œdémateux, un épanchement articulaire de l'articulation tibiotalienne témoignant d'une synovite, un hypersignal œdémateux sur le trajet des ligaments tibiofibulaire transverse et talofibulaire postérieur et un œdème de la graisse du triangle de Kager. Il existe fréquemment un épanchement dans la gaine du long fléchisseur propre de l'hallux. Le syndrome du carrefour postérieur de la cheville s'observe lors de flexions plantaires forcées ou répétées en particulier chez les danseurs, la pince tibia-calcanéum traumatisant les structures situées au niveau du carrefour postérieur de l'articulation tibiotalienne. Syndrome d'hyperpression du deuxième rayon. Coupe frontale T2 avec saturation du signal de la graisse de l'avant-pied montrant les éléments caractéristiques d'un syndrome d'hyperpression du deuxième rayon : une tuméfaction plantaire inflammatoire en regard de la tête du deuxième métatarse, un épanchement de la gaine du fléchisseur et, surtout, une rupture de la plaque plantaire. La plaque plantaire est un renforcement plantaire de la capsule articulaire de l'articulation métatarsophalangienne que l'on voit très bien en IRM en hyposignal. Le syndrome d'hyperpression du deuxième rayon s'observe fréquemment chez les femmes portant talons hauts et chaussures pointues qui augmentent les contraintes mécaniques sur la tête du deuxième métatarse. points d'interprétation 53 Syndrome du sinus du tarse. Le sinus du tarse a normalement un signal graisseux au sein duquel on observe le ligament talocalcanéen, ou ligament en haie, sous la forme d'une bande en hyposignal dont les bords sont bien dessinés. Sur cette coupe sagittale T2 avec saturation du signal de la graisse, on observe un hypersignal diffus du sinus du tarse au sein duquel on ne peut pas différencier le ligament en haie. L'instabilité engendrée par la rupture du ligament en haie aboutit parfois à une prolifération synoviale dans le sinus du tarse avec des images d'érosions osseuses du toit du sinus du tarse et secondairement une arthrose sous-talienne. Syndrome du tunnel tarsien. Coupe axiale T2 avec saturation du signal de la graisse montrant une image de densité liquidienne, kystique polylobée, à la face interne de la cheville en arrière du rétinaculum des fléchisseurs sous la malléole médiale, sur le trajet de l'axe vasculonerveux tibial postérieur. Il s'agit d'un kyste synovial probablement développé aux dépens de l'articulation sous-talienne. Ce kyste entraîne une compression du nerf tibial postérieur. Au niveau du tunnel tarsien, il y a souvent de grosses veines et, dans le cas présenté, l'injection de gadolinium a permis de faire la différence entre les veines (qui prennent le contraste) et un kyste synovial qui ne prend pas le contraste. 54 Cheville et avant-pied Synostose talocalcanéenne. L'IRM met en évidence une fusion articulaire talocalcanéenne médiale. Il n'y a pas de cartilage articulaire et l'articulation est remplacée par une synchondrose. Dans le cas présenté, cette synchondrose présente une certaine mobilité comme le montre l'existence d'un hypersignal T2 osseux adjacent à la synchondrose. La synostose peut également être osseuse pure (non mobile) ou fibreuse. Les synostoses les plus fréquentes sont les synostoses talocalcanéenne, talonaviculaire ou calcanéo-naviculaire. Tendinopathie calcanéenne. Sur cette coupe sagittale T2, on observe un épaississement fusiforme du tendon avec un diamètre antéropostérieur supérieur à 6 mm et un bombement antérieur sur les coupes sagittales. Cet aspect est le premier stade de la tendinopathie calcanéenne. À un stade plus avancé, on observe des anomalies de signal intratendineuses, à type d'isosignal T1 et iso- ou hypersignal T2. Il est parfois difficile de différencier des zones de dégénérescence mucoïde intratendineuse, d'une déchirure partielle intratendineuse. En faveur de ces dernières, on retient leur forme linéaire dans l'axe du tendon d'Achille et leur hypersignal sur les séquences T2. En cas de paratendinite associée, on observe un hypersignal T2 des parties molles paratendineuses. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? La radiographie simple reste l'examen de première intention dans les pathologies de la cheville et de l'avant-pied. L'échographie de la cheville développe son champ d'investigation et permet notamment d'étudier les pathologies ligamentaires, tendineuses, l'aponévrose plantaire, et beaucoup de patho­logies de l'avant-pied et notamment le névrome de Morton. Elle doit être réalisée avec un matériel de pointe et par un radiologue expérimenté. Les limites de l'échographie sont les pathologies osseuses et ostéochondrales qui sont souvent associées aux lésions ligamentaires. Le scanner a pour indications principales le bilan diagnostique des fractures occultes, le bilan préthérapeutique Stratégie diagnostique 55 des fractures, le bilan diagnostique des tumeurs osseuses afin de mieux analyser la matrice tumorale et l'atteinte de la corticale osseuse. L'arthroscanner a pour indications principales le bilan d'instabilité d'un fragment ostéochondral, la recherche de corps étrangers intra-articulaires car l'injection de produit de contraste ouvre les différents récessus articulaires et délimite les corps étrangers, l'étude précise des cartilages articulaires. L'arthro-IRM a pour indications potentielles celles de l'arthroscanner mais sa résolution reste encore trop faible. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? On peut éventuellement ajouter au protocole classique : n une séquence T1 avec injection de gadolinium : elle est indispensable en cas de tumeurs, de pathologie synoviale, d'arthrite inflammatoire ou infectieuse ; la séquence T1 gadolinium est souvent réalisée avec saturation du signal de la graisse afin d'améliorer la visibilité de la prise de contraste ; il ne faut pas oublier de réaliser une séquence T1 classique avant d'injecter ; n une séquence T2 en écho de gradient dans les synovites villonodulaires pour la mise en évidence des pigments d'hémosidérine. COMMENT INTERPRÉTER ? Cheville 1. Structures osseuses La caractérisation d'un hypersignal intraosseux sur les séquences T2 nécessite l'analyse de sa localisation, sa taille, sa forme et ses limites, l'existence d'autres anomalies intraosseuses et son aspect sur les séquences T1. En cas d'œdème osseux post-traumatique l'hypersignal est relativement mal limité, sans hyposignal T1 franc. Il s'observe dans des zones de contraintes mécaniques (par exemple les métatarses) ou dans les localisations classiques des fractures. En T1 et parfois en T2 on observe, au sein de cet œdème osseux, des lignes d'impaction trabéculaires sous la forme d'images linéaires en hypo­ signal T1 et T2. En cas de lésion osseuse détruisant l'architecture osseuse, l'hypersignal T2 est plutôt bien limité et correspond en T1 à un hyposignal. L'analyse des corticales osseuses et des parties molles est également un élément important de l'analyse d'une anomalie du signal osseux. Classiquement une lésion osseuse associée à une anomalie de la corticale en regard et d'une masse des parties molles est une lésion agressive (tumorale, pseudotumorale, ou infectieuse). Les tumeurs osseuses les plus fréquentes au niveau du pied et de la cheville sont pour les tumeurs bénignes, la tumeur à cellules géantes, le fibrome chondromyxoïde, l'ostéochondrome, l'ostéome ostéoïde et, pour les tumeurs malignes le chondrosarcome, l'ostéosarcome, le sarcome d'Ewing et les métastases (poumon, rein, et côlon). 56 Cheville et avant-pied 2. Articulations La sémiologie des pathologies articulaires est la même qu'aux autres articulations. Les pathologies fréquemment rencontrées sont l'arthrose tibio­ talienne ou sous-talienne, les arthrites rhumatismales et microcristallines. Chez les patients diabétiques l'IRM est d'un grand intérêt pour le bilan des infections et de l'ostéoarthropathie diabétique. Deux pathologies articulaires sont « spécifiques » de la cheville : les synostoses et le conflit antérieur. La synostose est un défaut constitutionnel d'une articulation (souvent talocalcanéenne) avec formation d'une synchondrose soit cartilagineuse, soit fibreuse, soit osseuse. Le conflit antérieur s'observe fréquemment chez les footballeurs en raison d'hyperflexions dorsales répétées qui aboutissent à la formation d'ostéophyte antérieur tibiotalien entraînant une limitation articulaire et des douleurs. 3. Structures capsuloligamentaires Complexe ligamentaire collatéral latéral Ligament talofibulaire antérieur (coupes axiales) Aspect normal : bande en hyposignal T1 et T2 tendue du bord antérieur de la pointe de la malléole latérale à la face latérale du talus et mesurant environ 12 mm de longueur et 5 mm d'épaisseur. C'est le faisceau ligamentaire le plus fragile du plan ligamentaire latéral et le premier à se rompre en cas d'entorse. Suivant l'âge de l'entorse, l'aspect est variable : dans les lésions récentes on observe un épaississement et un hypersignal du ligament avec une infiltration œdémateuse des parties molles adjacentes et un œdème de la malléole latérale ou du talus en cas d'arrachement osseux associé. Dans les formes anciennes, le ligament est épaissi et présente un signal bas en T1 et T2. Parfois, il est complètement absent dans les ruptures complètes anciennes. Une cicatrisation incomplète du ligament talofibulaire antérieur peut aboutir à une inflammation chronique du récessus antérolatéral de l'articulation tibiotalienne avec une prolifération synoviale et une fibrose qui peuvent entraîner un conflit antérolatéral. Ligament talofibulaire postérieur (coupes axiales) Il est rarement atteint dans les entorses de la cheville. Conflit postérieur : il est secondaire à des hyperflexions plantaires répétées qui entraînent un œdème, un épanchement et la formation d'un tissu fibreux et d'une synovite le long du ligament talofibulaire postérieur et du ligament tibiofibulaire transverse. Stratégie diagnostique 57 Ligament fibulocalcanéen (coupes frontales et axiales) Aspect normal : bande en hyposignal T1 et T2 tendue de la pointe de la malléole latérale à la face latérale du calcanéum, passant en dedans des tendons fibulaires et mesurant environ 2 cm de longueur et 5 mm d'épaisseur. En cas de rupture récente, il est très épaissi et en hypersignal avec perte de l'organisation en fibres parallèles. On observe souvent un épanchement de la gaine des tendons fibulaires et un arrachement osseux au niveau de la malléole latérale. En cas de rupture ancienne, le ligament est soit absent, soit remplacé par une bande fibreuse en hyposignal, plus épaisse que le ligament normal et aux bords mal dessinés. Ligament collatéral médial Dans les entorses graves en varus le ligament collatéral médial subit un écrasement avec une possible instabilité résiduelle entraînant un conflit mécanique chronique et la formation d'un nodule fibreux douloureux. C'est le conflit postéromédial qui s'observe sous la forme d'un épaississement des parties molles situées à la face profonde du tendon tibial postérieur au niveau de la pointe de la malléole médiale. Ligament en haie ou interosseux talocalcanéen et sinus du tarse Le sinus du tarse a normalement un signal graisseux au sein duquel on observe le ligament talocalcanéen. Ce ligament présente deux faisceaux : antérolatéral (ligament cervical) et postéromédial. En cas de rupture du ligament, on observe un hypersignal T2 du sinus du tarse et le ligament est mal visualisé. L'instabilité engendrée par cette rupture aboutit parfois à une prolifération synoviale dans le sinus du tarse avec des images d'érosions osseuses du toit du sinus du tarse et secondairement une arthrose sous-talienne. 4. Tendons et gaines synoviales (plan axial +++) Le diagnostic de ténosynovite est renforcé par l'existence d'une prise de contraste de la synoviale après injection de gadolinium. Tendon tibial postérieur Il est fréquemment le siège d'une tendinopathie et/ou d'une déchirure en raison de sa position par rapport à l'arche interne et est une localisation fréquente de ténosynovite d'origine mécanique ou rhumatismale. Le tendon tibial postérieur a normalement un diamètre axial double de celui du tendon long fléchisseur des orteils. La classification des déchirures du tibial postérieur est la suivante : type 1 : épaississement tendineux associé à une fissure longitudinale, type 2 : amincissement local du tendon en regard de la malléole médiale, type 3 : rupture complète avec espace vide de tendon. La ténosynovite du tibial pos­ térieur est souvent associée à une réaction œdémateuse osseuse du tibia. 58 Cheville et avant-pied Court fibulaire Il est fréquemment le siège d'une fissuration longitudinale sous la malléole latérale. Parfois le tendon du long fibulaire s'interpose entre les deux faisceaux de la fissuration longitudinale. Ces lésions sont favorisées par une crête fibulaire hypertrophique, un muscle accessoire (peroneus quartus), un cal osseux, un ostéochondrome. Tendon calcanéen L'existence d'une image liquidienne intratendineuse peut persister plus de 6 mois après une rupture complète du tendon calcanéen traitée orthopédiquement ou chirurgicalement. Au cours de la cicatrisation, la zone de rupture se comble progressivement d'un tissu fibreux en hyposignal T1 et T2. Dans les ruptures complètes du tendon calcanéen, on observe souvent quelques fibres tendineuses continues mais plus de 80 % des fibres étant rompues, le tendon n'est pas fonctionnel. Il ne faut pas parler dans ce cas de rupture partielle. 5. Muscles On recherche des lésions musculaires post-traumatiques et des muscles accessoires. 6. Aponévrose plantaire L'IRM permet les diagnostics différentiels de fasciite plantaire ou aponévrosite d'origine microtraumatique et de fibromatose plantaire. 7. Tunnel tarsien C'est un défilé ostéofibreux où passe le nerf tibial postérieur à la face interne de la cheville en arrière du rétinaculum des fléchisseurs sous la malléole médiale. On le repère facilement en IRM sur les coupes axiales, car à ce niveau le nerf est accompagné d'une artère et de veines. Dans ce défilé, le nerf ou ses branches de division peuvent être comprimés par un kyste synovial, des varices, un lipome, un muscle accessoire, une synovite. Le nerf peut également être lésé par une fracture du sustentaculum tali ou du tubercule postéromédial du talus. Avant-pied 1. Structures osseuses Fracture de fatigue des métatarses (coureurs, danseurs, gymnastes) ou fracture par insuffisance osseuse Elle intéresse la diaphyse du métatarse ou l'os sous-chondral des têtes des métatarses ou les sésamoïdes. En IRM, elle se manifeste par une image linéaire en hyposignal perpendiculaire à la corticale diaphysaire ou parallèle à la surface Stratégie diagnostique 59 articulaire sous-chondrale, correspondant à une zone d'impaction trabéculaire. Cette fissure osseuse est associée à un hypersignal T2 médullaire étendu avec un signal T1 légèrement diminué témoignant d'une réaction œdémateuse, un épaississement de la corticale témoignant de la réaction périostée et un œdème des parties molles adjacentes. Parfois, on n'observe pas d'image linéaire de fissure osseuse. Il s'agit d'une réponse œdémateuse osseuse à un stress mécanique qui précède parfois l'apparition des images de fissures osseuses si les contraintes mécaniques persistent. Nécrose de Freiberg Elle aboutit à un collapsus articulaire de la tête du deuxième ou, plus rarement, du troisième métatarsien lié à des microtraumatismes répétés entraînant la répétition de fissures osseuses sous-chondrales aboutissant à un défaut de vascularisation et à une ostéonécrose sous-chondrale. Au stade précoce, les anomalies observées sont les mêmes que celles d'une fissure osseuse sous-chondrale. Au stade d'état, on observe un aplatissement de la surface articulaire de la tête du métatarse et un hyposignal T2 sous-chondral. Ostéomyélite Elle survient le plus souvent par extension d'un foyer infectieux cutané chez un patient diabétique. Les signes en IRM sont un œdème médullaire, un ulcère cutané, une cellulite, un phlegmon, un abcès, une interruption de la corticale osseuse. Les signes associés extraosseux permettent souvent de faire la différence entre une ostéomyélite et une atteinte osseuse dans le cadre d'une ostéoarthropathie neurogène. Tumeurs osseuses Bénignes : n tumeur à cellules géantes ; n fibrome chondromyxoïde ; n ostéochondrome ; n ostéome ostéoïde. Malignes : n chondrosarcome ; n ostéosarcome ; n sarcome d'Ewing ; n métastases (poumon, rein, et côlon). 2. Articulations métatarsophalangiennes (MTP) Arthropathie dégénérative MTP du premier rayon, arthrite rhumatismale ou microcristalline (goutte), lésions traumatiques de la plaque plantaire, pathologie des sésamoïdes. 60 Cheville et avant-pied Syndrome du deuxième rayon Il s'observe fréquemment chez les femmes portant talons hauts et chaussures pointues qui augmentent les contraintes mécaniques sur la tête du deuxième métatarse. À ce niveau, on observe une rupture de la plaque plantaire, une tuméfaction inflammatoire des parties molles plantaires, un épanchement de la métatarsophalangienne et une ténosynovite du fléchisseur. Ostéoarthropathie neurogène Complication fréquente du diabète touchant les articulations tarsométatarsiennes et les articulations métatarsophalangiennes. Au stade précoce, l'IRM montre un œdème osseux sous-chondral et parfois une inflammation associée des parties molles. L'absence d'interruption de la corticale, l'absence d'abcès, de phlegmon et d'anomalie des tissus sous-cutanés permet de faire le diagnostic différentiel avec une ostéomyélite. Au stade chronique, on observe les signes d'une destruction articulaire lente avec un remodelage des contours osseux, des images kystiques sous-chondrales, des zones de condensation osseuse en hyposignal T1 et T2 et une subluxation articulaire. Arthropathie goutteuse Aiguë : épanchement articulaire et épaississement de la synoviale. Chronique : elle est caractérisée par les tophus goutteux qui sont des masses en hyposignal T1 et signal intermédiaire hétérogène en T2 prenant le contraste après injection de gadolinium. Les tophus s'observent en situation intra-articulaire, périarticulaire ou dans les parties molles. Ils peuvent entraîner des érosions osseuses. Arthropathie rhumatoïde L'atteinte des articulations métatarsophalangiennes est l'un des premiers signes de la polyarthrite rhumatoïde. L'arthropathie rhumatoïde est caractérisée par le pannus synovial qui correspond à un épaississement focal de la synoviale articulaire en hyposignal T1 et de signal variable en T2 avec une prise de contraste après injection de gadolinium. Ce pannus entraîne des érosions osseuses articulaires. On observe également une chondrolyse, des kystes sous-chondraux, un œdème osseux, un épanchement articulaire, une ténosynovite. 3. Tendons et gaines synoviales Les pathologies principales sont les ruptures tendineuses, en particulier des fléchisseurs (gros orteil), les ténosynovites et les tumeurs à cellules géantes des gaines synoviales. Stratégie diagnostique 61 4. Espace intercapitométatarsien : névrome de Morton, bursite Le névrome de Morton est un épaississement fibreux de l'endonèvre et du périnèvre du nerf interosseux plantaire. Le névrome siège le plus souvent dans le troisième ou le deuxième espace intercapitométatarsien. Il s'agit d'une masse ovoïde bien limitée, homogène, intercapitométa­ tarsienne en hyposignal T1, de signal le plus souvent intermédiaire en T2. L'aspect en T1 est le plus souvent caractéristique et l'injection de gadolinium n'est pas nécessaire. Une bursite intercapitométatarsienne est souvent associée. Les névromes de Morton sont parfois multiples et bilatéraux et pas toujours symptomatiques. 5. Parties molles Étude de la graisse sous-cutanée à la recherche de bursite, de lésions d'appui plantaire, de corps étrangers (écharde, verre, plastique…), de tumeurs ou de pseudotumeurs (lipome, hémangiome, tumeur des gaines nerveuses, tumeur glomique, synovialosarcome…). COMPTE RENDU Le compte rendu de l'IRM cheville/avant-pied doit préciser l'indication de l'examen, la marque et le modèle de la machine, la puissance du champ, la technique utilisée, les résultats sémiologiques, leur interprétation (conclusion) en fonction de l'histoire clinique et de l'examen du patient. Les différents éléments sémiologiques sont : n pour la cheville : • structures osseuses ; • articulations ; • structures capsuloligamentaires ; • tendons et gaines synoviales ; • muscles ; • aponévrose plantaire ; • tunnel tarsien. n pour l'avant-pied : • structures osseuses ; • articulations métatarsophalangiennes et tarsométatarsiennes ; • tendons et gaines synoviales ; • espace intercapitométatarsien ; • parties molles. En conclusion, on doit mettre la liste des pathologies observées par importance décroissante. C HA P IT R E 4 Épaule OBJECTIFS L'IRM a l'avantage sur toutes les autres techniques d'imagerie de permettre l'analyse de toutes les structures anatomiques de l'épaule. Bien que l'indication principale de l'IRM soit la recherche de lésions de la coiffe des rotateurs, toute la pathologie ostéoarticulaire peut être rencontrée sur l'IRM de l'épaule : tendinopathie, rupture de la coiffe des rotateurs, pathologie de l'intervalle des rotateurs, instabilité de l'épaule, lésions osseuses ou ostéochondrales, pathologie synoviale (rhumatisme inflammatoire, ostéochondromatose synoviale), pathologie musculaire (syndrome de Parsonage-Turner). TECHNIQUE Coupes frontales et sagittales T2 en densité de proton avec saturation du signal de la graisse, axiales T2 avec saturation du signal de la graisse, et axiales T1. Dans les pathologies inflammatoires ou tumorales, on complète l'examen par des séquences T1 après injection de gadolinium et saturation du signal de la graisse. L'arthro-IRM devient une des techniques de référence dans l'étude de la coiffe des rotateurs et des lésions du bourrelet glénoïdien ou de la longue portion du biceps. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 64 Épaule POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Voûte acromiale Articulation acromioclaviculaire. Type d'acromion sur les coupes sagittales. Orientation de l'acromion sur les coupes frontales. Existence d'un os acromial. Ligament coraco-acromial. Les remaniements dégénératifs de l'articulation acromioclaviculaire sont fréquents, en particulier chez les haltérophiles et les culturistes. 2. Bourse sous-acromiodeltoïdienne 3. Tendons de la coiffe des rotateurs Calcifications. Tendinopathie. Rupture de la coiffe des rotateurs : n localisation tendineuse ; n caractère transfixiant ou non ; n taille de la rupture ; n rétraction tendineuse. Le diagnostic de fissuration non transfixiante de la coiffe des rotateurs est très difficile en IRM, de même que le diagnostic différentiel avec une tendinopathie sévère et une petite rupture distale infracentimétrique. 4. Muscles Amyotrophie. Une amyotrophie du supra- et de l'infraspinatus peut être neurogène : syndrome de Parsonage-Turner ; kyste de bourrelet glénoïdien à développement postérieur comprimant le nerf suprascapulaire dans l'échancrure spinoglénoïdienne ; autre masse comprimant le nerf suprascapulaire ; lésion traumatique intéressant l'échancrure spinoglénoïdienne ; lésions dégénératives cervicales. Points d'interprétation 65 Œdème musculaire. 5. Tendon de la longue portion du biceps Tendinopathie. Malpositions intra-articulaires. Rupture. Attention à ne pas confondre le ligament glénohuméral moyen et la longue portion du biceps luxée dans l'articulation. 6. Lésions osseuses ou ostéochondrales Il est toujours anormal que la moelle rouge ait un signal inférieur aux muscles en T1. 7. Cartilage articulaire glénohuméral 8. Bourrelet glénoïdien 9. Épanchement articulaire glénohuméral et synoviale articulaire 10. Corps étrangers intra-articulaires Avulsion post-traumatique de l'infraspinatus. Coupe axiale montrant un hypersignal T2 de l'ensemble du muscle infraspinatus avec à la jonction myotendineuse une interruption focale des fibres musculaires. Cette lésion isolée de l'infraspinatus est rare mais très caractéristique chez les patients ayant subi un traumatisme par traction antérieure violente du bras. Au stade aigu, la lésion s'associe à un œdème musculaire et il faut faire la différence avec un syndrome de Parsonage-Turner dans lequel il n'y a pas de rupture des fibres musculaires. 66 Épaule Au stade cicatriciel, on peut observer une amyotrophie musculaire et les images se rapprochent de ce que l'on observe parfois après des infiltrations de l'épaule par voie postérieure. Capsulite rétractile. Dans la capsulite rétractile, on observe un épaississement des structures capsulaires (plus de 3 mm) au niveau du récessus axillaire avec un hypersignal T2. Le ligament glénohuméral inférieur est alors indistinct des structures capsulaires. Après injection de gadolinium, on observe une prise de contraste anormale de la synoviale articulaire. L'immobilisation liée à la rétraction capsulaire entraîne un hypersignal T2 moucheté de la tête humérale. Encoche de Malgaigne. Coupe frontale T2 chez un patient aux antécédents de luxation de l'épaule montrant une impaction osseuse postérieure (on est au niveau de l'infraspinatus) et supérieure de la tête humérale associée à un œdème contusif souschondral en hypersignal T2. Noter également la lésion du rebord antéro-inférieur de la glène. L'encoche de Malgaigne correspond à une fracture par impaction de la région postérosupérieure de la tête humérale sur le rebord antéro-inférieur de la glène lors d'une chute en rotation externe et abduction aboutissant à une luxation antéro-interne de l'épaule. Comme toute contusion osseuse, elle se traduit par un hypersignal T2 et un léger hyposignal T1 sans destruction des corticales osseuses. L'impaction osseuse est bien visible sur les coupes axiales passant par la partie haute de la tête humérale, mais également sur les coupes frontales et sagittales. Points d'interprétation 67 Il ne faut pas confondre une encoche de Malgaigne avec une fracture du trochiter. L'encoche de Malgaigne est plus postérieure que la fracture du trochiter et est souvent associée à des lésions du rebord antéro-­ inférieur de la glène. Fracture du trochiter. Coupe frontale T2 montrant un œdème osseux du trochiter avec une interruption de la corticale osseuse de la tête humérale. Cette coupe postérieure se situe au niveau de l'insertion trochitérienne de l'infraspinatus. L'ensemble de ces éléments, ajouté à un contexte traumatique, évoque un arrachement osseux de l'insertion trochitérienne de l'infraspinatus. Les autres coupes montraient un fragment osseux interposé dans l'espace sous-acromial correspondant au tendon de l'infraspinatus rétracté avec son insertion osseuse. Les images linéaires tortueuses observées au niveau de la surface articulaire de la tête humérale correspondent à la partie postérieure du tendon rétracté. Infiltration graisseuse des muscles de la coiffe des rotateurs. L'infiltration graisseuse musculaire observée dans les tendinopathies et les ruptures de coiffe s'observe sous la forme d'images linéaires longitudinales en hypersignal T1, parallèles aux fibres musculaires. On peut quantifier grossièrement cette infiltration graisseuse en se référant à la classification de Bernageau au scanner : 0 : peu de fibres graisseuses, 1 : quelques fibres graisseuses, 2 : moins de graisse que de muscle, 3 : environ autant de graisse que de muscle, 4 : plus de graisse que de muscle. Sur la coupe sagittale T1 présentée, on observe une infiltration graisseuse de grade 4, chez un patient présentant une rupture de l'infraépineux. Noter l'aspect normal du muscle supraépineux et du teres minor. 68 Épaule Kyste du bourrelet glénoïdien. Ce sont des kystes se formant par accumulation de liquide en dehors de l'articulation glénohumérale à travers une fissure du bourrelet glénoïdien. Ces kystes présentent un hypersignal T2 liquidien homogène et un hyposignal T1. Ils sont souvent polylobés. Ils sont fréquents au niveau du bourrelet postérieur ou du bourrelet supérieur. Lorsqu'ils se développent au niveau du bourrelet postérieur, ils peuvent comprimer le nerf supraspinatus et entraîner un œdème ou une amyotrophie des muscles supra- et infraspinatus. Lésion du bourrelet glénoïdien supérieur (SLAP). Arthro-IRM en coupe frontale T1 avec saturation du signal de la graisse montrant une image d'addition linéaire anormale dans le bourrelet glénoïdien supérieur avec une désinsertion partielle de la longue portion du biceps à son insertion glénoïdienne. Cette image est caractéristique d'une SLAP de type II. Lésion de Bankart. Coupe axiale montrant une fracture du rebord antérieur et inférieur de la glène associée à une déchirure du complexe capsulolabral antérieur et inférieur. Ces lésions sont caractéristiques d'une luxation antéro-interne de l'épaule et forment la classique lésion de Bankart ostéopériostée. Une variante de la lésion de Bankart est l'ALPSA où le bourrelet déchiré a cicatrisé en position médiale découvrant le rebord antérieur de la glène comme un manchon de chemise. Points d'interprétation 69 Luxation médiale du tendon de la longue portion du biceps (LPB). Coupe axiale montrant une gouttière intertubérositaire vide et une luxation médiale du tendon de la longue portion du biceps. Cette anomalie s'associe à une rupture du tendon du subscapularis. Ne pas confondre la LPB avec le ligament glénohuméral moyen (LGM) qui est parfois épaissi. Le LGM rejoint le bourrelet glénoïdien ou se confond avec le tendon du subscapularis sur les coupes axiales les plus hautes. Rétraction tendineuse. L'évaluation de la rétraction tendineuse est importante dans le pronostic et l'indication chirurgicale des ruptures transfixiantes de la coiffe des rotateurs. La taille dans le plan frontal de la rupture de coiffe détermine la zone de rétraction. Les petites ruptures (10 mm) sont dites distales, les ruptures intermédiaires s'associent à une rétraction tendineuse au sommet de la tête humérale et les larges ruptures ou ruptures proximales s'associent à une rétraction tendineuse au niveau de l'interligne glénohuméral. Dans les ruptures transfixiantes du subscapularis, la rétraction est évaluée dans le plan axial et le tendon est souvent rétracté en regard de l'interligne glénohuméral. Sur cette coupe frontale T2 avec saturation du signal de la graisse, on observe une rupture transfixiante mesurant plus de 30 mm avec une rétraction tendineuse proximale en dedans du sommet de la tête humérale. 70 Épaule Rupture non transfixiante de la face bursale de la coiffe des rotateurs. IRM en séquence T2 avec saturation du signal de la graisse. Présence à la face superficielle bursale de la partie distale du tendon du supraspinatus, d'une image d’ « addition » en hypersignal T2 n'intéressant qu'une partie de l'épaisseur totale du tendon. Les ruptures non transfixiantes de la face bursale de la coiffe des rotateurs s'associent à une bursite sousacromiale. Elles sont complètement muettes sur un arthroscanner de l'épaule. Rupture non transfixiante de la face profonde de la coiffe des rotateurs. Arthro-IRM de l'épaule, coupe frontale T1 avec saturation du signal de la graisse : image d'addition à la face profonde de la coiffe des rotateurs sans passage de gadolinium dans la bourse sous-acromiodeltoïdienne témoignant d'une rupture non transfixiante à la face profonde de la coiffe des rotateurs. Rupture transfixiante de la coiffe des rotateurs. Interruption de toute la hauteur de l'hyposignal normal d'un ou de plusieurs tendons de la coiffe des rotateurs, dans laquelle s'interpose un tissu de signal liquidien (hyposignal T1 et hypersignal T2) correspondant soit à du liquide libre, soit à un tissu de granulation, soit à un mélange des deux. Sur cette coupe frontale T2 avec saturation du signal de la graisse, on observe une rupture transfixiante du supraspinatus, mesurant environ 10 mm, avec une rétraction tendineuse distale (l'extrémité du tendon rompu se situe entre son insertion trochitérienne et le sommet de la tête humérale). Points d'interprétation Rupture du subscapularis. On observe sur cette coupe axiale un trochin déshabité témoignant d'une rupture complète du subscapularis. Normalement à ce niveau de coupe, le trochin est recouvert par une bande en hyposignal de quelques millimètres d'épaisseur correspondant au tendon du subscapularis. Comme très souvent dans les ruptures du subscapularis, on observe ici une luxation médiale de la longue portion du biceps liée à une rupture associée des moyens de contention du tendon de la longue portion du biceps (ligament coracohuméral en particulier). Tendinite bicipitale. Coupe sagittale montrant un épaississement (> 5 mm) et une augmentation de signal du tendon de la longue portion du biceps au niveau de l'intervalle des rotateurs. La tendinite bicipitale est fréquemment associée à des signes de conflit sousacromial et à une lésion de l'intervalle des rotateurs ou du supraspinatus antérieur. Elle peut évoluer vers une fissuration longitudinale du tendon et une rupture. Tendinopathie dégénérative de la coiffe des rotateurs. Épaississement et augmentation de signal du tendon du supraspinatus sans hypersignal T2 liquidien (qui est en faveur d'une rupture tendineuse). La tendinopathie est souvent associée à des facteurs favorisant un conflit sous-acromial : acromion crochu, acromion descendant, os acromial. Le subscapularis peut également être le siège de remaniements dégénératifs en particulier en cas de conflit coracoïdo-huméral. 71 72 Épaule L'artéfact de l'angle magique peut créer un faux aspect de tendinopathie du supraspinatus près de son insertion, lorsque le tendon s'incurve pour faire un angle d'environ 55° avec le champ magnétique principal. Tendinopathie calcifiante. Les dépôts de cristaux d'hydroxyapatite sont très fréquents au niveau des tendons de la coiffe des rotateurs. Ils s'observent sous la forme d'images bien limitées, rondes ou ovales d'environ 5 à 15 mm de diamètre, en asignal, dans les tendons près de leur insertion. Ils sont associés à une réaction inflammatoire locale avec un épanchement dans la bourse sous-acromiodeltoïdienne. Lorsqu'elles sont en voie de résorption elles sont parfois peu visibles sur les radiographies simples car peu calcifiées. Certains dépôts calciques s'accompagnent d'érosions osseuses qui peuvent en imposer pour une pathologie tumorale. Sur la coupe axiale T2 présentée, on observe une érosion de la tête humérale avec des dépôts calciques périphériques (images en asignal) et une importante réaction œdémateuse de la tête humérale. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? Lorsque la clinique n'est pas spécifique et qu'elle n'oriente pas vers un problème spécifique de coiffe des rotateurs, l'IRM est probablement l'examen à réaliser en première intention. Dans le cadre du bilan préchirurgical d'une rupture de la coiffe des rotateurs ou dans celui d'une instabilité de l'épaule il faut faire soit un arthroscanner soit une arthro-IRM. Le scanner a pour indications principales : n le bilan des fractures céphalotubérositaires ; n le bilan diagnostique des tumeurs osseuses afin de mieux analyser la matrice tumorale et l'atteinte de la corticale osseuse ; n l'étude de l'orientation de la glène ; n l'étude du capital osseux disponible avant une prothèse totale de l'épaule. L'arthroscanner a pour indications principales : n le bilan préchirurgical des ruptures de la coiffe des rotateurs ; n le bilan préthérapeutique d'une instabilité de l'épaule ; Stratégie diagnostique 73 l'étendue des lésions cartilagineuses dans l'omarthrose et l'étude du capital osseux disponible pour la fixation de la prothèse glénoïdienne ; n l'étude des prothèses d'épaule où les artéfacts métalliques gênent l'interprétation en IRM. n L'arthro-IRM a pour indications : n le bilan des ruptures de coiffe des rotateurs ; n le bilan des instabilités de l'épaule. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? On peut éventuellement ajouter au protocole classique : n une séquence T1 avec injection de gadolinium : elle est indispensable en cas de tumeurs, de pathologie synoviale, d'arthrite inflammatoire ou infectieuse ; la séquence T1 gadolinium est souvent réalisée avec saturation du signal de la graisse afin d'améliorer la visibilité de la prise de contraste ; il ne faut pas oublier de réaliser une séquence T1 classique avant d'injecter ; n une séquence T2 en écho de gradient dans les synovites villonodulaires pour la mise en évidence des pigments d'hémosidérine ; n arthro-IRM : injection intra-articulaire de 10 à 20 ml d'une solution contenant du gadolinium dilué au 1/200e. Le protocole d'examen inclut une séquence T1 avec saturation du signal de la graisse dans les trois plans de l'espace, une séquence sagittale T1 et sagittale T2 en densité de proton et saturation du signal de la graisse. Il est intéressant d'ajouter dans l'instabilité de l'épaule une séquence en acquisition axiale tridimensionnelle en écho de gradient T1 ou T2 pour obtenir des coupes fines et analyser le bourrelet glénoïdien. COMMENT INTERPRÉTER ? 1. Voûte acromiale Son étude est importante dans la recherche de facteurs favorisant un conflit sous-acromial. Articulation acromioclaviculaire. Type d'acromion sur les coupes sagittales : n plat (type 1) ; n courbe (type 2) ; n crochu (type 3) : l'acromion crochu est un des éléments favorisant un conflit sous-acromial ; n convexe (type 4). 74 Épaule Orientation de l'acromion sur les coupes frontales. On étudie la forme de la partie antérieure de l'acromion. Un acromion incurvé vers le bas ou « descendant » est un des éléments favorisant un conflit sous-acromial. Os acromial : c'est un os surnuméraire qui favorise un conflit sous-acromial. Ligament coraco-acromial : son épaississement est un facteur favorisant un conflit sous-acromial. 2. Bourse sous-acromiodeltoïdienne (BSAD) Un épanchement dans la BSAD doit faire rechercher une rupture transfixiante de la coiffe des rotateurs, une rupture non transfixiante à la face bursale de la coiffe, une calcification tendineuse, une pathologie de la synoviale articulaire (polyarthrite rhumatoïde). Dans un contexte septique il faut éliminer une bursite infectieuse en cherchant sur l'IRM d'autres signes infectieux (épanchement articulaire glénohuméral, anomalie du signal osseux souschondral) et éventuellement proposer une ponction. 3. Tendons de la coiffe des rotateurs Calcifications Elles présentent un hyposignal T1 et T2. Il est parfois difficile de les distinguer de l'hyposignal tendineux. C'est pourquoi il faut demander des radiographies simples complémentaires. Elles peuvent être multiples et intéresser le supraspinatus, l'infraspinatus et le subscapularis. Elles s'accompagnent d'une réaction inflammatoire tendineuse et parfois d'un épanchement dans la BSAD qu'il ne faut pas prendre pour une déchirure tendineuse. Cet épanchement est souvent associé à une migration des calcifications dans la BSAD à l'acmé de la symptomatologie douloureuse avant leur disparition. Tendinopathie Les diagnostics différentiels d'une tendinopathie de la coiffe des rotateurs sont : n le phénomène d'angle magique qui entraîne une augmentation artéfactuelle du signal du tendon du supraspinatus sur les séquences à temps d'écho court (T1 et en densité de proton) ; dans la tendinopathie le tendon est épaissi et son signal est augmenté sur les séquences T2 à temps d'écho long ( « vrai » T2) ; n la déchirure partielle ou rupture non transfixiante du supraspinatus : elle est caractérisée par un hypersignal T2 liquidien à la face bursale ou articulaire du tendon. Rupture de la coiffe des rotateurs S'il n'y avait qu'un plan à faire en IRM de l'épaule pour l'étude de la coiffe des rotateurs il faudrait choisir le plan sagittal. En effet, c'est celui qui permet le mieux l'analyse de l'insertion trochitérienne des supra- et infraspinatus. À ce niveau (coupes Stratégie diagnostique 75 sagittales les plus latérales), ces deux tendons forment une bande en hyposignal continue ressemblant à un parapluie ouvert. En cas de rupture de coiffe, cette bande en hyposignal est interrompue par un hypersignal transfixiant. De même, le subscapularis et ses digitations tendineuses sont parfaitement visualisés à leur insertion trochinienne. Dans le plan sagittal on voit également très bien le tendon de la longue portion du biceps et l'intervalle des rotateurs. En cas de rupture transfixiante il faut établir un bilan précis en donnant : n la localisation de la rupture (tendon des supraspinatus et/ou infraspinatus et/ou subscapularis) ; n la taille de la rupture en millimètres dans deux plans de l'espace (en général sagittal et frontal) ; n la région de rétraction du tendon rompu (distale, tendon peu rétracté ; intermédiaire, au niveau du sommet de la tête humérale ou proximale, à l'aplomb de la glène). Cas particulier de la rupture du subscapularis Les ruptures du subscapularis peuvent s'associer à une large rupture transfixiante de la coiffe secondaire à un conflit sous-acromial chez des sujets plutôt âgés ou être isolée, souvent dans les suites d'un traumatisme de l'épaule chez des sujets jeunes. On la recherche sur les coupes axiales et sagittales. On repère la partie haute de la gouttière intertubérositaire en dedans de laquelle s'insèrent sur le trochin les fibres les plus hautes du subscapularis. Il ne doit pas y avoir d'hypersignal T2 entre le trochin et les fibres tendineuses et le biceps doit être dans sa gouttière. Dans les ruptures transfixiantes étendues, le trochin est complètement déshabité et le biceps est généralement luxé dans l'articulation glénohumérale. En cas de doute, il faut réaliser un arthroscanner complémentaire. 4. Muscles Amyotrophie et infiltration graisseuse musculaire Les ruptures de coiffe s'accompagnent d'une impotence fonctionnelle qui peut entraîner une amyotrophie et une infiltration graisseuse musculaire qui grèvent le pronostic des réinsertions de la coiffe des rotateurs. La trophicité et l'infiltration graisseuse doivent être étudiées sur une séquence T1 (axiale ou sagittale). L'analyse de la trophicité musculaire est subjective et dépend de l'activité physique du patient. Cependant la taille des muscles de la coiffe est relativement homogène. On peut évaluer la trophicité musculaire sur les coupes sagittales en déterminant le rapport entre la surface musculaire et la surface de la fosse sus-épineuse pour le supraspinatus et la fosse sous-épineuse pour l'infraspinatus : muscles > 2/3 ; entre 2/3 et 1/3 ; < 1/3 de la surface de la fosse sus- ou sous-épineuse sur une coupe sagittale. On peut classer l'infiltration graisseuse en évaluant la proportion des fibres graisseuses intramusculaires visualisées en 76 Épaule T1 sous la forme de bande longitudinale en hypersignal par rapport aux fibres musculaires. L'infiltration graisseuse musculaire observée dans les tendinopathies et les ruptures de coiffe s'observe sous la forme d'images linéaires longitudinales en hypersignal T1, parallèles aux fibres musculaires. On peut quantifier grossièrement cette infiltration graisseuse en se référant à la classification de Bernageau au scanner : 0. peu de fibres graisseuses ; 1. quelques fibres graisseuses ; 2. moins de graisse que de muscle ; 3. environ autant de graisse que de muscle ; 4. plus de graisse que de muscle. Œdème musculaire Il est d'origine traumatique ou lié à un syndrome de dénervation au stade précoce (Parsonage-Turner). 5. Tendon de la longue portion du biceps Tendinopathie Elle est favorisée par un conflit sous-acromial ou un conflit coracoïdo-huméral entraînant des microtraumatismes répétés sur la portion intra-articulaire de la longue portion du biceps. Elle se traduit en IRM par un épaississement du tendon (> 5 mm de diamètre). Elle peut évoluer vers une fissuration et une rupture du tendon. Malpositions intra-articulaires du tendon de la longue portion du biceps Elles sont dues à une rupture de ses moyens de contention que sont le tendon du subscapularis, le ligament glénohuméral supérieur, le ligament coracohuméral qui présente un faisceau trochinien et un faisceau trochitérien. Il peut s'agir d'une luxation en avant du tendon du subscapularis lors de lésion des fibres superficielles du tendon. Ce sont des lésions rares, associées à des lésions du ligament coracohuméral. La luxation peut s'effectuer dans une fissuration intratendineuse aboutissant à une image en « chas d'aiguille ». Enfin le plus souvent il s'agit d'une luxation médiale associée à une rupture complète du subscapularis. Suivant l'extension de la rupture du subscapularis en hauteur, le tendon peut être seulement subluxé (il rejoint la gouttière intertubérositaire dans sa partie basse). La rupture du subscapularis peut être isolée (post-traumatique ou secondaire à un conflit sous-coracoïdien) ou s'intégrer dans une rupture étendue de la coiffe des rotateurs. Rupture de la longue portion du biceps Elle s'associe fréquemment à une large rupture transfixiante de la coiffe des rotateurs. 6. Lésions osseuses ou ostéochondrales Il est fréquent d'observer en IRM une fracture du trochiter passée inaperçue sur les radiographies simples. L'existence d'une fracture-impaction Stratégie diagnostique 77 postérosupérieure de la tête humérale évoque un antécédent de luxation antéro-interne de l'épaule et doit faire rechercher une lésion associée du rebord antéro-inférieur de la glène et une lésion du bourrelet glénoïdien. Dans les rares luxations postérieures de l'épaule, la fracture-impaction de la tête humérale se situe en haut et en avant. Elle s'associe à des lésions du bourrelet glénoïdien postérieur et éventuellement des lésions osseuses du rebord postérieur de la glène. Les îlots résiduels de moelle hématopoïétique (moelle rouge) sont fréquents au niveau de la région diaphysométaphysaire de l'épaule particulièrement chez les jeunes et les femmes en activité génitale. Sur les images pondérées T1, le signal de la moelle rouge est intermédiaire, inférieur à celui de la moelle jaune (graisseuse, en hypersignal T1) et légèrement plus élevé que celui des muscles. Sur les séquences T2 avec saturation du signal de la graisse et STIR elle présente un signal intermédiaire ou supérieur à celui de la moelle jaune et très proche du signal musculaire. 7. Cartilage articulaire glénohuméral Dans l'omarthrose, les lésions cartilagineuses s'associent à une ostéophytose marginale souvent prononcée au niveau inférieur de l'articulation gléno­ humérale. Dans l'omarthrose, l'étude de la coiffe des rotateurs détermine le type de prothèse qui sera posée par le chirurgien. 8. Bourrelet glénoïdien Les lésions traumatiques du bourrelet glénoïdien supérieur (SLAP) ou antéro-inférieur (instabilité antéro-interne) sont difficilement analysées en IRM s'il n'y a pas d'épanchement articulaire. C'est pourquoi on préfère dans ces indications réaliser une arthro-IRM. Les kystes du bourrelet sont en revanche parfaitement visualisés. Les kystes à développement postérieur peuvent comprimer le nerf suprascapulaire et entraîner une amyotrophie du supra- et de l'infraspinatus. 9. Épanchement articulaire glénohuméral et synovial articulaire Un épanchement isolé au niveau du récessus sous-coracoïdien s'intègre fréquemment dans une pathologie de l'intervalle des rotateurs. L'articulation glénohumérale est une localisation classique de la polyarthrite rhumatoïde qui associe épanchement articulaire, érosions osseuses et prolifération synoviale. La synovite villonodulaire pigmentée est également classique à l'épaule. 10. Corps étrangers intra-articulaires Ils s'observent le plus souvent dans le cadre d'une ostéochondromatose synoviale secondaire à une omarthrose ou dans celui d'une ostéochondromatose 78 Épaule primitive. On observe également des corps étrangers intra-articulaires dans l'arthropathie destructrice de l'épaule. COMPTE RENDU Le compte rendu de l'IRM de l'épaule doit préciser l'indication de l'examen, la marque et le modèle de la machine, la puissance du champ, la technique utilisée, les résultats sémiologiques, leur interprétation (conclusion) en fonction de l'histoire clinique et de l'examen du patient. Les différents éléments sémiologiques sont : n la voûte acromiale : • articulation acromioclaviculaire, • type d'acromion sur les coupes sagittales, • orientation de l'acromion sur les coupes frontales, • existence d'un os acromial, • ligament coraco-acromial ; n la bourse sous-acromiodeltoïdienne ; n les tendons de la coiffe des rotateurs : • calcifications, • tendinopathie, • rupture de la coiffe des rotateurs : – localisation tendineuse, – caractère transfixiant ou non, – taille de la rupture, – rétraction tendineuse ; n les muscles : • amyotrophie, • œdème musculaire ; n les tendon de la longue portion du biceps : • tendinopathie, • malpositions intra-articulaires, • rupture ; n les lésions osseuses ou ostéochondrales ; n le cartilage articulaire glénohuméral ; n le bourrelet glénoïdien ; n l'épanchement articulaire glénohuméral et synoviale articulaire ; n le corps étrangers intra-articulaires. La conclusion doit intégrer les éléments sémiologiques à l'histoire du patient et à l'examen clinique pour donner par ordre d'importance décroissante le ou les diagnostics. C HA P IT R E 5 Poignet, main et doigts OBJECTIFS Les principales indications de l'IRM du poignet sont les tumeurs des parties molles, l'étude des tendons (rupture, ténosynovite), les lésions osseuses et ligamentaires, les rhumatismes inflammatoires, les nécroses du semi-lunaire ou du scaphoïde, et le syndrome du canal carpien. TECHNIQUE Poignet : antenne poignet. Coupes frontales, sagittales et axiales T2 en saturation du signal de la graisse, frontales T1 et frontales T2 en écho de gradient, coupes fines et acquisition tridimensionnelle. Main : antenne genou. Coupes frontales, sagittales et axiales T2 en saturation du signal de la graisse, et axiales ou frontales T1 suivant les structures à étudier. Doigts : antenne poignet, coupes sagittales et axiales T1 et T2 en saturation du signal de la graisse. Articulation métacarpophalangienne : antenne poignet. Coupes frontales, sagittales et axiales T2 en saturation du signal de la graisse, et axiales T1. L'injection de gadolinium est réalisée de façon quasi systématique dans l'étude des rhumatismes inflammatoires, dans le bilan des tumeurs osseuses ou des parties molles et si on recherche une complication post­ opératoire, en particulier après une intervention sur les tendons. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 80 Poignet, main et doigts POINTS D'INTERPRÉTATION POIGNET 1. Structures osseuses Signal osseux. Corticales osseuses. Recherche d'érosions osseuses (rhumatisme inflammatoire). Dans la polyarthrite rhumatoïde, l'IRM donne des arguments diagnostiques au stade précoce de la maladie en particulier en montrant des érosions osseuses qui ne peuvent pas être vues sur les radiographies simples. Il faut alors bien distinguer de banales images kystiques intra­ osseuses très fréquentes au niveau du carpe et de véritables érosions osseuses. En faveur de celles-ci, on retient la destruction de la corticale osseuse et la prise de contraste après injection de gadolinium. Recherche de signes d'instabilité du carpe sur les coupes sagittales et mesure des angles scapholunaire et capitolunaire. Variance ulnaire : négative si la surface articulaire de l'ulna est plus de 2 mm plus haute que celle du radius ; positive si elle est plus de 1 mm plus basse. Une variance ulnaire négative est un facteur favorisant de nécrose du semi-lunaire, une variance ulnaire positive favorise les conflits ulnolunaires. 2. Articulations Épanchement articulaire : au poignet, il y a trois compartiments articulaires distincts : l'articulation radiocubitale inférieure, le compartiment radiocarpien et le compartiment médiocarpien. L'étanchéité de ces trois compartiments dépend, entre l'articulation radiocubitale inférieure et le compartiment radiocarpien, de l'intégrité du ligament triangulaire du carpe et entre le compartiment radiocarpien et le compartiment médiocarpien de l'intégrité de la première rangée du carpe et des ligaments scapholunaire et lunotriquétral. Cartilage : son analyse est difficile sauf pour les lésions profondes atteignant l'os cortical. Ces lésions seront mesurées dans le plan sagittal et frontal. Les lésions du cartilage sont mieux visualisées sur la séquence T2 en écho de gradient en coupes fines. Points d'interprétation 81 Os sous-chondral. Synoviale articulaire (si suspicion d'épaississement synovial diffus ou focal, réaliser des coupes T1 avec injection de gadolinium et saturation du signal de la graisse). 3. Ligaments Ligament triangulaire du carpe. En IRM simple, l'étude du ligament triangulaire du carpe et des ligaments scapholunaire et lunotriquétral est difficile. Une étude spécifique de ces ligaments nécessite une arthro-IRM. Ligament scapholunaire. Ligament lunotriquétral. 4. Tendons et gaines synoviales En dorsal : n extenseur ulnaire ; n extenseurs des doigts ; n extenseurs radiaux (court et long) ; n « LACE » : long abducteur et court extenseur du pouce (tendinite de De Quervain). En palmaire : n long fléchisseur du pouce ; n fléchisseur radial du carpe ; n long palmaire ; n fléchisseurs des doigts ; n fléchisseur ulnaire du carpe. En cas de rupture tendineuse, on doit déterminer avec précision la taille de la rupture et localiser les extrémités du tendon rompu pour permettre au chirurgien de déterminer la voie d'abord et le type de chirurgie (suture, plastie). 5. Canal carpien C'est un défilé ostéofibreux limité en arrière par les os du carpe et en avant par le rétinaculum des fléchisseurs, contenant les tendons fléchisseurs des 82 Poignet, main et doigts doigts et le nerf médian. On étudie la taille et le signal du nerf médian. On peut définir un index de bombement du rétinaculum en traçant, sur une coupe axiale, une ligne droite (AT) entre l'apophyse unciforme de l'hamatum et le triquetrum. La distance entre cette ligne et le point le plus haut du ­rétinaculum est divisée par la distance AT pour obtenir l'index. L'index normal est inférieur à 15 %. 6. Canal de Guyon C'est un défilé contenant le nerf, l'artère et la veine ulnaire, limité en dedans par l'apophyse unciforme de l'hamatum, le pisiforme et le muscle hypothénar, en avant par un fascia (le ligament palmaire), et en arrière par le rétinaculum des fléchisseurs. Le nerf et les vaisseaux adjacents sont situés dans la graisse sous-cutanée. 7. Axes vasculaires 8. Parties molles Recherche d'un kyste synovial, d'une tumeur des parties molles. Pour faire le diagnostic de kyste synovial, dans certains cas (signal hétérogène, localisation atypique, échographie ne montrant pas une image liquidienne pure), il faut faire une séquence avec injection de gadolinium pour éliminer une tumeur des parties molles. En cas de kyste synovial, il n'y a pas de prise de contraste après injection de gadolinium. MAIN ET DOIGTS 1. Os 2. Articulation Épanchement. Cartilage. Os sous-chondral. Synoviale. Structures capsulaires. 3. Tendons extenseurs 4. Tendons court et long fléchisseurs 5. Graines synoviales 6. Poulies digitales Points d'interprétation 83 Canal carpien. Il s'agit d'une compression du nerf médian au niveau du canal carpien. Le nerf comprimé présente un élargissement (coupe axiale T2 présentée) et un hypersignal au niveau du canal carpien. Il apparaît aplati au niveau de l'hamatum (os crochu). Un bon signe de compression du nerf médian est un œdème des muscles thénariens lié à une dénervation. Les causes, autres qu'idiopathiques, sont une fracture du radius, un processus inflammatoire (polyarthrite rhumatoïde, goutte, dépôts de substance amyloïde), une tumeur des gaines nerveuses, un kyste synovial compressif, un hémangiome ou un lipome. L'index de bombement du rétinaculum des fléchisseurs est souvent supérieur à 15 % dans les syndromes idiopathiques. Conflit ulnolunaire. Ce syndrome regroupe un ulna long (variance ulnaire positive) qui entraîne un conflit mécanique chronique avec le semilunaire. Sur cette coupe frontale T2 avec saturation du signal de la graisse, on observe des anomalies de signal sous-chondrales du semi-lunaire en regard de la styloïde ulnaire. Cet hypersignal correspond à de petites images microgéodiques en regard de lésions cartilagineuses. Même si l'IRM ne le montre pas, il existe certainement une rupture de l'attache radiale du ligament triangulaire du carpe et une rupture du ligament lunotriquétral. Ceci peut éventuellement être confirmé par un arthroscanner. Déchirure du ligament collatéral ulnaire du pouce. On observe un épaississement et un hypersignal des structures capsuloligamentaires ulnaires de l'articulation métacarpophalangienne du pouce et en particulier du ligament collatéral ulnaire (LCU) avec une rétraction des fibres ligamentaires formant l'image classique en yo-yo de la lésion de Stener, l'aponévrose des adducteurs s'interposant entre le ligament et son insertion distale sur la phalange proximale. 84 Poignet, main et doigts Érosion osseuse articulaire. Une érosion osseuse entraîne une disparition focale de la corticale osseuse associée à une anomalie du signal intraosseux à type d'hyposignal T1, hypersignal T2 et prise de contraste après injection de gadolinium. Sur la coupe frontale T1 gadolinium avec saturation du signal de la graisse présentée on observe de multiples érosions osseuses, en particulier au niveau du grand os, du scaphoïde et de la base du quatrième métacarpien. Au stade précoce du processus érosif, l'érosion osseuse a le plus souvent une limite convexe avec un angle de raccordement avec la corticale normale de plus de 90 degrés. L'érosion peut se localiser en zone cartilagineuse ou à la zone d'insertion de la capsule articulaire sur l'os (« repli synovial »). Dans les processus évolués, la multiplicité des érosions osseuses articulaires peut aboutir à une destruction articulaire. Instabilité dorsale du semi-lunaire (DISI). En présence d'une rupture du ligament scapholunaire, on observe, sur cette coupe sagittale T1, une bascule dorsale de la surface articulaire inférieure du semi-lunaire avec un angle capitolunaire supérieur à 30 %. Points d'interprétation 85 Nécrose du scaphoïde. Sur cette séquence T1 après injection de gadolinium et saturation du signal de la graisse, on observe un pôle proximal du scaphoïde en hyposignal, ne prenant pas le contraste alors que le pôle distal du scaphoïde prend le contraste de façon intense. Ceci témoigne d'une dévascularisation du pôle proximal et d'une réaction de reconstruction osseuse active au niveau du pôle distal. L'interface entre les deux portions du scaphoïde correspond au foyer de fracture. Kyste synovial. Ils sont très fréquents au poignet. C'est une fuite de liquide synovial à travers une brèche capsulaire. Le liquide s'accumule et s'enkyste en dehors de la capsule articulaire et forme un kyste. Le signal est liquidien pur. L'injection de gadolinium est rarement requise car l'aspect en T1 et T2 est le plus souvent caractéristique. Dans certains cas (signal hétérogène, localisation atypique, échographie ne montrant pas une image liquidienne pure), il faut faire une séquence avec injection de gadolinium pour éliminer une tumeur des parties molles. En cas de kyste synovial, il n'y a pas de prise de contraste après injection de gadolinium. Dans l'exemple présenté, on observe un kyste polylobé à développement ventral entourant complètement l'artère radiale. Pseudarthrose du scaphoïde. La pseudarthrose correspond à la persistance d'un foyer de fracture après les délais normaux de consolidation. Sur cette image en T1 après injection de gadolinium et saturation du signal de la graisse, on observe un décalage des corticales osseuses au niveau du foyer de fracture et une prise de contraste intense de part et d'autre du foyer de fracture. Cette prise de contraste témoigne de la persistance d'une construction active au niveau de la pseudarthrose et de l'absence de nécrose. 86 Poignet, main et doigts Rupture du ligament scapholunaire. Le ligament comprend une bande postérieure, une portion moyenne, et une bande antérieure. Seules les ruptures intéressant la bande postérieure du ligament sont susceptibles d'entraîner une instabilité. L'IRM en coupe frontale (image présentée) montre un diastasis scapholunaire de plus de 3 mm. Sur les coupes sagittales, on mesure l'angle capitolunaire et l'angle scapholunaire pour déterminer l'existence d'une instabilité dorsale du semi-lunaire (DISI). Ici, il s'agit d'une rupture post-traumatique (séquelles de fracture de styloïde ulnaire) avec des lésions cartilagineuses de l'articulation radioscaphoïdienne et une ostéophytose marginale témoignant d'une arthrose radioscaphoïdienne secondaire à l'instabilité du carpe (« SLAC »). Rupture de poulie digitale. On observe un décollement du tendon fléchisseur qui devrait rester normalement plaqué contre la phalange proximale. Ce décollement est associé à une tuméfaction des structures situées entre le tendon et la phalange, correspondant à une infiltration œdémateuse des parties molles. Il s'agit ici d'une rupture de la poulie A2. La poulie A2 s'étend de la portion proximale de la phalange proximale jusqu'à son tiers distal. Elle est la poulie la plus importante et la plus souvent lésée. Points d'interprétation Rupture du tendon fléchisseur commun profond. Coupe sagittale T2 chez un patient aux antécédents de traumatisme en flexion avec déficit de flexion du quatrième rayon. On observe une interruption complète de l'hyposignal normal du tendon fléchisseur commun profond en regard de la partie distale de la deuxième phalange. Cette zone vide de tendon correspond à la zone de rupture. La partie distale du tendon rompu est rétractée en regard de la base de P1 (phalange proximale). Rupture de la bandelette médiane de l'extenseur. Coupe sagittale T1 montrant une désinsertion et un arrachement osseux de la bandelette médiane de l'extenseur au niveau de la base de P2. 87 88 Poignet, main et doigts Syndrome d'intersection des radiaux. Coupe axiale T2 montrant un hypersignal autour d'une part le court extenseur et le long abducteur du pouce et d'autre part le court et le long extenseur radial du carpe. Cet hypersignal témoigne d'une inflammation en rapport avec un syndrome de friction entre les deux groupes tendineux. Ténosynovite du fléchisseur radial du carpe. Sur cette séquence T1 on observe un épaississement de la gaine synoviale du fléchisseur radial du carpe lié en partie à un épanchement que l'on confirmera sur les séquences T2. Le tendon semble légèrement épaissi. On recherchera une rupture associée du tendon en le suivant sur toute sa hauteur. La ténosynovite est souvent localisée, par exemple dans une zone de conflit mécanique. Dans le cas du fléchisseur radial du carpe, le conflit peut se produire avec le grand os. Dans ces ténosynovites d'origine mécanique, l'injection de gadolinium n'est pas indispensable. Dans le cadre d'un rhumatisme inflammatoire, l'injection de gadolinium montre non seulement la prise de contraste de la gaine synoviale et permet d'orienter l'examen à la recherche d'autres lésions inflammatoires. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? Les principales indications de l'IRM du poignet sont les tumeurs des parties molles, l'étude des tendons (rupture, ténosynovite), les rhumatismes inflammatoires, les nécroses du semi-lunaire ou du scaphoïde, le syndrome du canal carpien. L'étude des structures ligamentaires nécessite la réalisation d'une arthro-IRM. L'arthroscanner reste l'examen le plus souvent pratiqué dans les douleurs chroniques post-traumatiques du poignet dans un but diagnostique ou préthérapeutique. Le scanner simple est indiqué pour la recherche de fracture non vue sur les radiographies simples ou dans le bilan de tumeur osseuse. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? On peut éventuellement ajouter au protocole classique : n une séquence T1 avec injection de gadolinium : elle est indispensable en cas de tumeurs, de pathologie synoviale, d'arthrite inflammatoire ou infectieuse, d'ostéonécrose ou à la recherche de complications post­ Stratégie diagnostique 89 opératoires ; la séquence T1 gadolinium est souvent réalisée avec saturation du signal de la graisse afin d'améliorer la visibilité de la prise de contraste ; il ne faut pas oublier de réaliser une séquence T1 classique avant d'injecter ; n une séquence T2 en écho de gradient dans les synovites villonodulaires pour la mise en évidence des pigments d'hémosidérine ; n une séquence 3D SPGR pour l'étude du cartilage articulaire ; n une arthro-IRM pour l'étude des ligaments et des cartilages : on réalise dans un premier temps une arthrographie tricompartimentale sous contrôle fluoroscopique avec un mélange de produit de contraste iodé, de xylocaïne et de gadolinium dilué au 1/200e. Une technique simple consiste à prendre quelques millilitres de gadolinium dans une seringue de 10 ml, de faire coulisser le piston sur les parois de la seringue puis de rejeter tout le gadolinium avant de remplir la seringue d'un mélange (50/50) de produit de contraste et de xylocaïne à 1 %. L'IRM est réalisée en séquences T1 avec saturation du signal de la graisse dans les trois plans de l'espace et en acquisition tridimensionnelle en écho de gradient dans le plan frontal pour obtenir des coupes de 0,7 mm, et en séquence T2 avec saturation du signal de la graisse dans le plan frontal. COMMENT INTERPRETER ? 1. Structures osseuses Fracture du scaphoïde L'IRM est l'examen le plus sensible pour les fractures du scaphoïde. La ligne de fracture est visualisée en T1 et T2 sous la forme d'une image linéaire en hyposignal traversant le scaphoïde et rejoignant les corticales osseuses. Parfois on observe seulement un œdème intraosseux correspondant plus à une contusion qu'à une véritable fracture. Pseudarthrose du scaphoïde Le protocole doit comporter une séquence coronale T1 gadolinium avec saturation du signal de la graisse afin de juger de la viabilité du scaphoïde. L'IRM doit confirmer la pseudarthrose et rechercher une arthrose radio­ scaphoïdienne associée (scaphoid nonunion articular collapse). La pseudarthrose correspond à la persistance d'un foyer de fracture après les délais normaux de consolidation. Elle s'observe sous la forme d'une image linéaire en hypersignal T2 liquidien correspondant à la néoarticulation. En arthroIRM, le gadolinium injecté dans le compartiment médiocarpien pénètre la pseudarthrose. En cas de nécrose, le pôle proximal du scaphoïde présente un hyposignal T1 et T2 et ne prend pas le contraste après injection de gadolinium. 90 Poignet, main et doigts Nécrose du semi-lunaire ou maladie de Kienböck Il s'agit d'une nécrose compliquant des phénomènes microtraumatiques au niveau du semi-lunaire. Elle est favorisée par une variance ulnaire négative. En IRM, au stade précoce, on n'observe le plus souvent qu'un œdème osseux avec parfois une image de fracture intraosseuse ou des images moins bien définies d'impaction trabéculaire. Aux stades ultérieurs on observe un collapsus osseux avec une diminution de hauteur du semi-lunaire qui présente un hyposignal T1 et T2 témoignant d'une sclérose. L'évolution peut se faire vers une fragmentation du semi-lunaire et une arthrose radiocarpienne et médiocarpienne. 2. Articulations Synoviale articulaire En cas de suspicion d'épaississement synovial diffus ou focal, réaliser des coupes T1 avec injection de gadolinium et saturation du signal de la graisse. Polyarthrite rhumatoïde (PR) L'IRM a un intérêt lorsque les radiographies simples sont normales en montrant une prise de contraste de la synoviale articulaire au niveau du poignet ou des articulations métacarpophalangiennes et des érosions osseuses parfois entourées d'œdème osseux, un épanchement articulaire ou une ténosynovite ou pour juger de l'efficacité du traitement sur le pannus synovial. Lésions observées dans la polyarthrite rhumatoïde : n épaississement synovial nodulaire prenant le contraste ; n prise de contraste importante et diffuse de la synoviale au niveau du poignet (radiocubitale inférieure) ou des articulations métacarpophalangiennes ou des interphalangiennes proximales ; n érosions osseuses (liées à l'hypertrophie de la synoviale) sous la forme de petites images osseuses abarticulaires en hyposignal T1 prenant le contraste après injection de gadolinium, parfois entourées d'un hypersignal T2 œdémateux ; n ténosynovite. Le poignet peut également être le siège d'une ostéochondromatose synoviale ou d'une synovite villonodulaire. 3. Ligaments du poignet Ligament triangulaire du carpe C'est un complexe ligamentaire comprenant les ligaments radio-ulnaires ventral et dorsal et le disque articulaire. Les lésions du ligament triangulaire du carpe peuvent être traumatiques ou dégénératives (souvent dans le cadre d'un conflit ulnolunaire). Le meilleur signe de rupture est l'existence d'un hypersignal T2 transfixiant. L'étude des moignons restants est très Stratégie diagnostique 91 importante pour envisager un geste réparateur. Les séquences en T2 écho de gradient et coupes fines en acquisition tridimensionnelle sont très utiles. Ligament scapholunaire Le ligament comprend une bande postérieure, une portion moyenne et une bande antérieure. Seules les ruptures intéressant la bande postérieure du ligament sont susceptibles d'entraîner une instabilité. L'IRM montre un diastasis scapholunaire de plus de 3 mm et souvent l'instabilité dorsale (DISI) sur les coupes sagittales avec un angle capitolunaire supérieur à 30 % et un angle scapholunaire supérieur à 80 %. L'instabilité engendrée par la rupture peut évoluer vers une arthrose radioscaphoïdienne et capitolunaire (scapho-lunate advanced collapse). Ligament lunotriquétral Comme le ligament scapholunaire, le ligament lunotriquétral présente une bande antérieure, une portion moyenne et une bande postérieure. Son analyse est difficile en IRM simple. Les lésions peuvent être isolées ou s'intégrer dans un conflit ulnolunaire avec une variance ulnaire positive, une lésion du ligament triangulaire du carpe, des lésions cartilagineuses du semi-lunaire et de l'ulna et des images géodiques sous-chondrales et ou un hyposignal T1-T2 sous-chondral du semi-lunaire en regard de l'ulna. 4. Tendons et gaines synoviales Ténosynovite de De Quervain C'est une ténosynovite sténosante intéressant les tendons des long abducteur et court extenseur du pouce (moyen mnémotechnique = LACE) au niveau de l'extrémité inférieure du radius en raison de l'existence à ce niveau d'une aponévrose de recouvrement maintenant les tendons plaqués contre le radius. On observe (coupes axiales +++) un épanchement dans la gaine synoviale commune des deux tendons et un épaississement tendineux qui prédomine juste en dessous de la styloïde radiale. Le long abducteur du pouce présente un ou plusieurs faisceaux tendineux donnant alors un aspect strié au tendon. Le poignet est également une localisation classique de tumeur à cellules géantes des gaines synoviales. 5. Canal carpien Syndrome du canal carpien Il s'agit d'une compression du nerf médian au niveau du canal carpien. Le nerf comprimé présente un élargissement et un hypersignal au niveau du canal carpien en regard du pisiforme et il apparaît aplati au niveau de l'hamatum (os crochu). Un bon signe de compression du nerf médian est un œdème des muscles thénariens lié à une dénervation. Les causes, autres 92 Poignet, main et doigts qu'idiopathiques, sont une fracture du radius, un processus inflammatoire (polyarthrite rhumatoïde, goutte, dépôts de substance amyloïde), une tumeur des gaines nerveuses, un kyste synovial compressif, un hémangiome ou un lipome. L'index de bombement du rétinaculum des fléchisseurs est souvent supérieur à 15 % dans les syndromes idiopathiques. 6. Canal de Guyon Il peut être le siège d'une compression du nerf ulnaire. Les causes les plus fréquentes sont les séquelles de fracture et les tumeurs des parties molles. 7. Parties molles Kyste synovial Ils sont très fréquents au poignet. C'est une fuite de liquide synovial à travers une brèche capsulaire. Le liquide s'accumule et s'enkyste en dehors de la capsule articulaire et forme un kyste. Le signal est liquidien pur. Ces kystes sont fréquents à la face dorsale du carpe et souvent originaires de l'articulation scapholunaire ou à la face ventrale du carpe au niveau de la gouttière radiale. L'injection de gadolinium est rarement requise car l'aspect en T1 et T2 est le plus souvent caractéristique. 8. Main et doigts Rupture du ligament collatéral ulnaire de l'articulation métacarpophalangienne (MCP) du pouce ou lésion de Stener L'IRM a montré son excellente sensibilité et spécificité dans les lésions tendineuses et ligamentaires des doigts et en particulier dans l'évaluation des lésions de l'articulation métacarpophalangienne et du ligament collatéral ulnaire (LCU) du pouce. Les lésions du LCU du pouce surviennent fréquemment après une chute en hyperabduction du pouce (pouce planté dans la neige lors d'une chute, ou pouce coincé dans la dragonne du bâton). La déchirure se produit le plus souvent à l'insertion distale du ligament sur la base de la phalange proximale avec à ce niveau un possible arrachement osseux. Suivant la gravité de la rupture et le degré de rétraction du LCU, l'aponévrose des adducteurs du pouce peut rester à la superficie du LCU ou s'interposer entre celui et l'articulation. Dans ce dernier cas, la cicatrisation est impossible et se développe une instabilité chronique de la MCP du pouce qui est très invalidante. L'IRM montre une image en yo-yo en hyposignal T2 correspondant au ligament rétracté par-dessus l'aponévrose des adducteurs. Le traitement de la lésion de Stener est la réinsertion chirurgicale du LCU. Lésion des poulies digitales De la tête des métacarpiens jusqu'à l'articulation interphalangienne distale, les tendons fléchisseurs sont contenus dans un canal ostéofibreux dont le plancher est la face palmaire des phalanges. La portion fibreuse de ce canal est constituée par cinq poulies annulaires et trois poulies cruciformes qui Stratégie diagnostique 93 sont des épaississements fibreux de la gaine tendineuse des fléchisseurs. Ces poulies maintiennent le tendon fléchisseur plaqué contre les phalanges. La poulie A2 s'étend de la portion proximale de la phalange proximale jusqu'à son tiers distal. Elle est la poulie la plus importante et la plus souvent lésée. Lors d'hyperflexion des doigts en extension des articulations métacarpophalangiennes, flexion de l'articulation interphalangienne proximale et extension de l'articulation interphalangienne distale, la poulie A2 peut se déchirer. La rupture de la poulie A2 entraîne en IRM un décollement du t­ endon ­fléchisseur de la phalange proximale bien visible sur les coupes axiales et sagittales (signe de la corde de l'arc). Entre le tendon fléchisseur et la phalange s'interpose un tissu en hyposignal T1 et hypersignal T2 correspondant à une infiltration œdémateuse post-traumatique de la poulie. L'IRM doit être réalisée en légère flexion du doigt afin d'augmenter la sensibilité de l'examen et bien montrer le décollement du tendon fléchisseur. Lésions des tendons fléchisseurs Les lésions des tendons fléchisseurs peuvent être réparties en deux groupes : les lésions ouvertes secondaires à une plaie pénétrante et les lésions fermées secondaires à une hyperextension brutale d'un doigt en flexion active se produisant lors de traumatismes sportifs. Les lésions ouvertes s'observent le plus souvent en plein tendon en regard de la phalange proximale. La rupture fermée des fléchisseurs correspond à une avulsion. La rupture peut intéresser le fléchisseur profond et/ou le fléchisseur superficiel. Le diagnostic se fait en suivant le tendon sur les coupes axiales successives et en le comparant au doigt adjacent normal. L'IRM permet de faire le bilan des lésions associées (ténosynovite, luxation du tendon rompu et lésion des poulies) et doit déterminer la localisation du tendon rétracté afin de prévoir le geste chirurgical. COMPTE RENDU Le compte rendu de l'IRM poignet/main/doigts doit préciser l'indication de l'examen, la marque et le modèle de la machine, la puissance du champ, la technique utilisée, les résultats sémiologiques, leur interprétation (conclusion) en fonction de l'histoire clinique et de l'examen du patient. 1. Poignet Les éléments sémiologiques du poignet sont : n les structures osseuses ; n les articulations : • épanchement articulaire, • cartilage, • os sous-chondral, • synoviale articulaire ; 94 Poignet, main et doigts n n n n n n les ligaments : • ligament triangulaire du carpe, • ligament scapholunaire, • ligament lunotriquétral ; les tendons et gaines synoviales ; le canal carpien ; le canal de Guyon ; les axes vasculaires ; les parties molles. 2. Main et doigts Les éléments sémiologiques de la main et des doigts sont : n les os ; n les articulations : • épanchement, • cartilage, • os sous-chondral, • synoviale, • structures capsulaires ; n les tendons extenseurs ; n les tendons court et long fléchisseur ; n les gaines synoviales ; n les poulies digitales ; n les parties molles. 3. Conclusion La conclusion doit intégrer les éléments sémiologiques à l'histoire du patient et à l'examen clinique pour donner par ordre d'importance décroissante le ou les diagnostics. C HA P IT R E 6 Infections du système musculosquelettique périphérique OBJECTIFS La place de l'IRM dans les infections du système musculosquelettique périphérique est de confirmer un diagnostic évoqué cliniquement et surtout de faire un bilan d'extension en vue du traitement. Ainsi les indications les plus fréquentes sont la recherche d'une ostéite ou d'une arthrite septique, la recherche d'une collection abcédée dans les parties molles qui pourrait bénéficier d'un traitement chirurgical ou le diagnostic d'une ostéomyélite ou d'une pyomyosite. TECHNIQUE L'antenne est choisie en fonction de l'articulation ou du segment de membre exploré : antenne genou, épaule, antenne de surface, antenne corps. Les protocoles incluent des séquences T1, STIR (à préférer aux séquences T2 pour lesquelles l'annulation du signal de la graisse est souvent trop hétérogène et pénalisante dans cette indication) et T1 après injection de gadolinium et saturation du signal de la graisse. Les plans de coupes sont adaptés à chaque région. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 96 Infections du système musculosquelettique périphérique POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Peau et graisse sous-cutanée On recherche un épaississement de la graisse sous-cutanée et/ou une infiltration œdémateuse en hypersignal STIR. 2. Fascias superficiels et profonds intermusculaires Les fascias présentent normalement un hyposignal sur toutes les séquences. En cas d'anomalie de signal et de prise de contraste des fascias profonds intermusculaires, il faut évoquer le diagnostic de fasciite nécrosante qui nécessite le plus souvent un geste chirurgical en urgence. 3. Muscles et aponévroses Au niveau des muscles, on recherche une infiltration en hypersignal T2 ou des images de collections intramusculaires. L'injection de gadolinium permet de différencier les granulomes infectieux des collections abcédées intramusculaires. Au niveau des aponévroses, on recherche un hypersignal STIR à la face superficielle ou profonde de l'aponévrose ou des images de collections. Un abcès se définit comme une collection présentant un hyposignal ou plus souvent un signal intermédiaire en T1, un hypersignal STIR et une prise de contraste périphérique. Il s'observe dans l'os médullaire, la corticale et les parties molles. Un phlegmon est une masse solide formée par un tissu inflammatoire. Il présente un hyposignal ou un signal intermédiaire en T1, un hypersignal STIR et prend le contraste de façon diffuse après injection de gadolinium. 4. Enthèses 5. Bourses séreuses On recherche un épanchement, un épaississement pariétal. 6. Axes vasculonerveux 7. Périoste et corticale osseuse On recherche une réaction périostée, une rupture de la corticale osseuse. Points d'interprétation 97 Le cloaque est une interruption focale de la corticale osseuse en regard d'un foyer d'ostéomyélite. Il traduit souvent une infection active et permet le passage de l'infection dans les parties molles. 8. Cavité médullaire et os spongieux On recherche une anomalie du signal intramédullaire, le plus souvent à type d'hyposignal T1 et d'hypersignal STIR. Après injection de gadolinium, on différencie les granulomes infectieux des collections abcédées intramédullaires. Dans les ostéomyélites, le séquestre est un fragment d'os nécrotique séparé de l'os viable adjacent par un tissu de granulation. En IRM, il présente un hyposignal T1, STIR et T2 alors que le tissu de granulation l'entourant présente un hyposignal T1 et un hypersignal STIR et T2. Après injection de gadolinium, le tissu de granulation se rehausse alors que le séquestre reste en hyposignal. 9. Articulations Épanchement, cartilage, os sous-chondral et métaphyso-épiphysaire, synoviale articulaire, bourses séreuses périarticulaires. Abcès des parties molles dans une ostéomyélite aiguë. Sur cette coupe frontale T1 gadolinium avec saturation du signal de la graisse, on observe un hypersignal intramédullaire diaphysométaphyso-épiphysaire et une collection s'étendant le long de la corticale médiale de l'extrémité inférieure du tibia. Ces images sont caractéristiques d'un abcès sous-périosté dans le cadre d'une ostéomyélite aiguë. La graisse souscutanée est épaissie avec une prise de contraste délimitant les lobules graisseux évoquant une cellulite. 98 Infections du système musculosquelettique périphérique Abcès intramédullaire dans les ostéomyélites chroniques. Coupe sagittale T1 montrant une lésion bien limitée, centrée sur la métaphyse tibiale supérieure, présentant un hyposignal central et un léger hypersignal périphérique. Autour de cette cavité, il existe une réaction osseuse condensante (hyposignal). Dans un contexte septique, et en particulier dans les suites d'une chirurgie osseuse, cet aspect est très évocateur d'un abcès intramédullaire d'évolution chronique. Artéfact d'hétérogénéité de saturation du signal de la graisse. Sur cette coupe sagittale de cheville, on observe un hypersignal intramédullaire au niveau de la diaphyse tibiale, du calcanéum, de l'astragale et de l'os naviculaire lié à un artéfact d'hétérogénéité d'annulation du signal de la graisse. En effet, l'hypersignal intéresse également la graisse sous-cutanée et s'observe en bandes horizontales. Cet artéfact est très fréquent au niveau de la cheville ou des mains et est lié à un mauvais placement du patient dans l'antenne ou dans les régions anatomiques en contact direct avec l'antenne. Il ne faut pas confondre cet artéfact avec un foyer d'ostéomyélite. Bursite proliférative. Coupe axiale T1 gadolinium avec saturation du signal de la graisse, montrant un épanchement dans la bourse péritrochantérienne des muscles fessiers avec une prise de contraste périphérique. On observe également un hypersignal du grand trochanter et des parties molles adjacentes. Il s'agit dans ce cas d'une trochantérite tuberculeuse associée à une bursite. L'image n'est pas spécifique de la tuberculose et il pourrait également s'agir d'une bursite iatrogène (infiltration). Points d'interprétation 99 Cellulite et fasciite. Coupe axiale T1 gadolinium avec saturation du signal de la graisse de jambe, montrant un épaississement de la graisse souscutanée avec une prise de contraste autour des lobules graisseux correspondant à une cellulite. Il existe également une prise de contraste de l'aponévrose superficielle des muscles de jambe s'étendant aux fascias intermusculaires de la loge postérieure de jambe établissant le diagnostic de fasciite (flèche). Enfin, on observe une absence « d'opacification » des veines tibiales postérieures témoignant d'une thrombophlébite associée. Cloaque dans une ostéomyélite chronique. Coupe axiale T2 avec saturation du signal de la graisse montrant un hypersignal liquidien intramédullaire correspondant à une collection abcédée au sein d'une moelle osseuse en léger hypersignal (elle devrait être en hyposignal). Il existe également un épaississement de la corticale antéromédiale du tibia et une interruption focale complète de cette corticale correspondant à un cloaque. Cette ouverture permet à l'infection de se propager vers les parties molles péridiaphysaires et à la graisse sous-cutanée. L'ensemble de ces éléments est caractéristique d'une ostéomyélite chronique. Collection abcédée des parties molles dans le cadre d'une pyomyosite. Coupe axiale T1 gadolinium avec saturation du signal de la graisse montrant de multiples images intramusculaires en hyposignal entourées d'une prise de contraste périphérique. Le caractère bilatéral de ces collections associé au contexte clinique permettait ici de poser le diagnostic d'abcès intramusculaires dans le cadre d'une pyomyosite. Les abcès intramusculaires ont un signal liquidien avec parfois des remaniements hémorragiques. La coque périphérique présente souvent un léger hypersignal T1. Lorsque l'on visualise de telles images, il faut rechercher une atteinte osseuse ou articulaire associée. 100 Infections du système musculosquelettique périphérique Ostéomyélite aiguë. Sur cette coupe frontale T2 avec saturation du signal de la graisse, on observe une anomalie focale de signal à type d'hypersignal métaphyso-épiphysaire limitée par un liséré en hyposignal. Cette lésion s'associe à un œdème diffus de l'extrémité inférieure du tibia. Il existe une réaction périostée tout autour de la diaphyse tibiale. Cet aspect n'est pas spécifique et il fallait chez cette patiente éliminer une tumeur osseuse primitive. Pied diabétique. Coupe frontale T1 gadolinium avec saturation du signal de la graisse montrant une plaie cutanée dorsale de l'avant-pied en regard de la tête du cinquième métatarsien, une collection sous-cutanée en regard de la plaie au sein de laquelle on observe des images en asignal correspondant à des bulles gazeuses et un hypersignal de la tête du cinquième métatarsien. On observe également une prise de contraste diffuse des tissus sous-cutanés et de l'ensemble des parties molles de l'avant-pied. Il n'y a pas d'anomalie de signal des quatre premiers métatarsiens. Ces anomalies sont caractéristiques d'une ostéite secondaire à la surinfection d'une plaie cutanée chez un patient diabétique. Stratégie diagnostique 101 Séquestre dans les ostéomyélites chroniques. Sur cette coupe axiale T1 gadolinium avec saturation du signal de la graisse, on observe une image ronde intramédullaire en hypersignal au sein de laquelle il existe une image punctiforme en asignal, correspondant à un petit fragment osseux très condensé entouré d'un tissu périphérique de signal inflammatoire. Ces images se développent dans un épaississement de la corticale osseuse lié à la présence d'un foyer infectieux chronique où les phénomènes de cicatrisation et de reconstruction osseuse alternent avec les phases de destructions osseuses lorsque l'infection est active. Trajet fistuleux dans une ostéomyélite chronique. Sur cette coupe frontale T1 gadolinium avec saturation du signal de la graisse, on observe des anomalies morphologiques du troisième métatarsien, avec à sa face plantaire une cavité intramédullaire prenant le contraste de façon intense. Il s'agit du foyer d'ostéomyélite chronique actuellement actif. On observe également une image linéaire partant de cette cavité et rejoignant la plante du pied. À ce niveau, on voit les anomalies cicatricielles de l'ancienne plaie. Il s'agit de l'ancien trajet fistuleux (actuellement fibreux) de l'ostéomyélite chronique. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? La radiographie simple est l'examen de première intention dans la pathologie infectieuse ostéoarticulaire mais comme les signes radiographiques sont retardés par rapport au début de l'infection, des radiographies simples normales n'excluent pas le diagnostic. Ainsi, en cas de suspicion d'arthrite aiguë, l'imagerie ne doit pas retarder une ponction articulaire. L'échographie a un 102 Infections du système musculosquelettique périphérique rôle de débrouillage très intéressant car elle peut éliminer un épanchement articulaire ce qui exclut une arthrite septique. Elle permet également l'étude des parties molles à la recherche d'une collection abcédée. Elle peut également guider une ponction. En revanche, elle est de peu d'utilité dans la recherche d'une ostéite. L'IRM présente l'avantage sur toutes les autres techniques d'imagerie d'être très sensible et de parfaitement étudier les parties molles, les articulations et les os. La scintigraphie osseuse au gallium ou aux leucocytes marqués mais également le PET scan ont une bonne spécificité pour la recherche d'infection sur prothèse ou dans le diagnostic d'activité d'une ostéomyélite chronique. Le scanner est le meilleur examen pour la recherche d'un séquestre osseux intramédullaire ou dans l'étude des corticales osseuses. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? On adapte le champ de vue pour étudier toute la zone pathologique. Ceci est particulièrement important dans les ostéomyélites chroniques car l'infection peut s'étendre à l'ensemble d'un segment de membre. COMMENT INTERPRÉTER ? 1. Ostéomyélite L'infection de la moelle osseuse (ostéomyélite), peut se faire soit par voie hématogène, soit par contiguïté à partir d'un foyer infectieux cutané ou des parties molles en particulier chez les patients diabétiques ou traités par corticoïde, soit par implantation directe intramédullaire d'un agent infectieux lors de blessures, de fractures ouvertes ou dans les suites d'un geste chirurgical. Dans les infections hématogènes, l'infection débute dans la moelle osseuse et s'étend secondairement dans les parties molles. Chez les nourrissons de 0 à 1 an, l'infection osseuse hématogène débute au niveau épiphysaire ou métaphysaire et aboutit fréquemment à une atteinte articulaire. Chez les enfants (de 1 an jusqu'à la fermeture des cartilages de croissance), l'infection osseuse hématogène débute aux métaphyses et aux apophyses. Chez les adultes, la fusion des cartilages de croissance permet à l'infection de se propager aux épiphyses et à l'os sous-chondral. Le premier signe d'ostéomyélite est un hypersignal T2 ou STIR intramédullaire et un hyposignal T1. Ces anomalies ne sont en rien spécifiques, mais on peut exclure une ostéomyélite si l'os présente un signal normal. Dans l'ostéomyélite chronique, l'alternance de phase de cicatrisation et de réactivation aboutit à une hétérogénéité de signal de la moelle osseuse Stratégie diagnostique 103 et une irrégularité de l'épaisseur de la corticale osseuse. On peut voir des images rondes, ovales ou serpigineuses intramédullaires en hyposignal T1 et hypersignal STIR ou T2, circonscrites par une couronne en hyposignal correspondant à un tissu fibreux cicatriciel. Le foyer infectieux intramédullaire peut s'étendre vers les parties molles. Dans ce cas, on observe un amincissement de l'hyposignal normal de la corticale osseuse infectée, témoignant du passage dans l'espace sous-périosté de pus, visualisé sous la forme d'un hypersignal STIR ou T2 autour duquel se forme une apposition périostée en hyposignal. Une fois l'infection contrôlée par le traitement, le périoste s'épaissit et forme une néocorticale autour de l'ancien foyer infectieux. Ces phénomènes aboutissent à une déformation des contours osseux caractéristiques des ostéomyélites chroniques. Lors de réactivation du foyer infectieux, on peut voir apparaître une destruction focale de la corticale (le cloaque) permettant un passage de l'infection dans les parties molles aboutissant à la formation de collections abcédées ou qui pourront se fistuliser à la peau et donner des ulcérations cutanées avec écoulement chronique. Le trajet fistuleux est très bien mis en évidence sur les séquences T2 avec saturation du signal de la graisse, STIR ou T1 après injection de gadolinium et saturation du signal de la graisse. Les signes d'activité d'une ostéomyélite chronique sont : n séquestre ; n abcès intramédullaire ; n cloaque ; n collection sous-périostée ; n trajet fistuleux dans les parties molles et a fortiori à la peau. 2. Infection des parties molles Cellulite C'est une inflammation diffuse des tissus conjonctifs sous-cutanés en rapport avec une infection à streptocoque ou à staphylocoque. Elle peut être secondaire à un traumatisme, une plaie opératoire ou un ulcère d'origine veineuse, permettant la pénétration des germes au sein des tissus sous-cutanés. En IRM, on observe une infiltration œdémateuse diffuse de la graisse souscutanée et de la peau visualisée sous la forme d'un épaississement diffus de la graisse sous-cutanée avec autour des lobules graisseux un infiltrat en hyposignal T1 et hypersignal STIR ou T2 prenant le contraste et donnant un aspect réticulé à la graisse sous-cutanée. La cellulite peut s'associer à une collection abcédée des fascias superficiels. 104 Infections du système musculosquelettique périphérique Ténosynovite septique C'est un épanchement dans la gaine synoviale et prise de contraste synoviale. Bursite septique C'est un épanchement dans la bourse, épaississement irrégulier et prise de contraste hétérogène de la paroi bursale. Myosite infectieuse Elle survient dans les suites d'une plaie pénétrante ou par dissémination hématogène chez les sujets immunodéprimés ou les toxicomanes. Les lésions sont souvent multifocales. L'IRM montre un élargissement des muscles atteints avec des plages en hypersignal STIR ou T2, signal intermédiaire en T1 et prise de contraste après injection de gadolinium. Les anomalies intéressent aussi les fascias intermusculaires. Des collections abcédées intramusculaires et une cellulite peuvent être associées. Fasciite nécrosante Elle associe à une cellulite des anomalies des fascias superficiels et profonds intermusculaires. On observe un épaississement des fascias, qui présentent un hypersignal T2 ou STIR, avec des zones liquidiennes. Après injection de gadolinium, les fascias prennent le contraste. Les muscles peuvent également être le siège d'une infiltration œdémateuse ou de collections abcédées. 3. Arthrite septique L'IRM des arthrites septiques n'est pas spécifique. Elle inclut un épanchement articulaire, une prise de contraste de la synoviale articulaire, une chondrolyse et des anomalies de signal sous-chondrales, comme dans beaucoup d'arthrites rhumatismales. C'est le terrain et le contexte qui feront pratiquer en urgence une ponction articulaire à visée diagnostique. 4. Pied diabétique La recherche d'une atteinte osseuse en cas d'infection cutanée est un problème fréquent chez les patients diabétiques. En effet, les plaies cutanées négligées peuvent se surinfecter et s'étendre aux orteils adjacents. L'IRM montre un œdème médullaire non spécifique et les signes associés liés à l'infection de la plaie cutanée : ulcère cutané, cellulite, phlegmon, abcès, interruption de la corticale osseuse. Ces signes associés permettent souvent de faire la différence entre une ostéomyélite et une atteinte osseuse dans le cadre d'une ostéoarthropathie neurogène. Stratégie diagnostique 105 COMPTE RENDU Dans la conclusion de l'IRM on doit pouvoir répondre aux questions suivantes. n Peut-on exclure une infection ? n Si non, de quel type d'infection peut-il s'agir ? • Osseuse. • Articulaire. • Parties molles. n Quelle est l'extension locale de l'infection ? n Quel type de prélèvement peut-on envisager ? n Y a-t-il un caractère urgent à traiter le patient ? C HA P IT R E 7 Tumeur osseuse OBJECTIFS En cas de tumeur osseuse primitive maligne, l'IRM fait partie du bilan diagnostique initial, et est l'examen de première intention dans le bilan d'extension régionale et locorégionale avant traitement. Lorsqu'une chimiothérapie est réalisée avant l'exérèse chirurgicale, l'IRM permet d'évaluer en cours et en fin de chimiothérapie la réponse au traitement. Enfin l'IRM est l'examen de référence pour le suivi post-thérapeutique à la recherche d'une récidive tumorale. TECHNIQUE Le bilan local (analyse de la tumeur, extension et rapports aux structures anatomiques adjacentes) nécessite des coupes frontales et/ou sagittales T2 en saturation du signal de la graisse, coupes axiales T1, T2 en saturation du signal de la graisse, coupes axiales, frontales et sagittales T1 avec injection de gadolinium et saturation du signal de la graisse. Le bilan locorégional nécessite une augmentation du champ d'exploration sur la totalité de l'os concerné par la tumeur. Ce bilan est fait le plus souvent dans un second temps, après confirmation du diagnostic de tumeur primitive maligne par une biopsie. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 108 Tumeur osseuse POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Localisation Diaphysaire, métaphysaire, épiphysaire ou sur plusieurs de ces trois segments. Intramédullaire. Corticale. Sous-périostée. C'est globalement le centre de la lésion qui détermine son point de départ. 2. Extension intramédullaire et taille de la tumeur La plupart des lésions osseuses présentant un hyposignal T1, le contraste avec la moelle osseuse (en hypersignal T1) permet de déterminer l'extension intramédullaire de la tumeur. On détermine ainsi la taille de la composante intramédullaire de la tumeur et les éventuelles métastases intramédullaires à distance (skip métastases). La taille de la tumeur doit être mesurée dans les trois plans de l'espace. 3. Matrice tumorale C'est l'étude du signal intralésionnel sur les différentes séquences. Il faut faire la correspondance exacte entre le T1, le T2 et le T1 après injection de gado­ linium sur la même coupe. C'est parfois difficile quand la tumeur présente un signal très hétérogène. On recherche des éléments sémiologiques caractéristiques qui permettent d'évoquer une gamme diagnostique. Images kystiques Hyposignal T1, hypersignal T2 liquidien, absence de prise de contraste. Graisse Hypersignal T1, hyposignal T2 (sur les séquences en annulation du signal de la graisse) et absence de prise de contraste. On peut se référer au signal de la graisse sous-cutanée. Dérivés sanguins Hypersignal T1 et hypersignal T2 avec des régions en asignal, sans prise de contraste. Points d'interprétation 109 Cartilage Hyposignal T1, hypersignal T2 intense. Présence au sein de la matrice cartilagineuse d'images rondes, arciformes ou punctiformes en asignal correspondant à des zones de condensation osseuse autour des lobules cartilagineux reproduisant l'aspect radiologique ou tomodensitométrique caractéristique des tumeurs cartilagineuses. Niveau liquide-liquide 4. Prise de contraste La prise de contraste tumorale peut être classée en périphérique, hétérogène, homogène, septale. Les régions prenant le contraste correspondent aux régions vascularisées de la tumeur. Dans le suivi sous traitement, l'évaluation de la prise de contraste est très importante car le pourcentage de nécrose tumorale après chimiothérapie est un facteur pronostique (bon ou mauvais répondeur). 5. Extension corticale et réaction périostée Certaines tumeurs intramédullaires entraînent une ostéolyse corticale facilement analysable en IRM : en regard de la tumeur, on observe un amincissement ou une interruption de l'asignal normal de la corticale. Dans les lésions d'évolution très lente, la rupture de la corticale osseuse s'accompagne d'un remodelage des contours osseux et parfois d'une corticale épaissie. Dans certaines tumeurs, la destruction lente de la corticale osseuse s'accompagne d'une réaction périostée compacte (coque périostée) qui tend à former une nouvelle corticale. 6. Extension dans les parties molles et extension aux paquets vasculonerveux On visualise directement en IRM l'extension dans les parties molles d'une tumeur osseuse par la différence de signal entre la tumeur et les parties molles sur les séquences T1, T2 ou T1 après injection de gadolinium. 7. Extension articulaire L'extension articulaire est primordiale pour prévoir l'exérèse de la tumeur et les possibilités de reconstruction. On utilise surtout les séquences en T1 après injection de gadolinium, à la recherche d'une masse prenant le contraste, en continuité avec la tumeur osseuse, franchissant la corticale et le cartilage articulaire ou une extension tumorale dans un récessus articulaire. L'existence d'un épanchement articulaire ou d'une synovite n'est pas synonyme d'envahissement articulaire. Cependant, l'absence d'épanchement articulaire a une bonne valeur prédictive négative pour éliminer un envahissement articulaire tumoral. 110 Tumeur osseuse Extension articulaire des lésions osseuses focales. Sur cette séquence T1 après injection de gadolinium et saturation du signal de la graisse, on observe une lésion intramédullaire prenant le contraste et s'étendant non seulement en avant du condyle fémoral interne mais également dans l'échancrure intercondylienne en arrière. L'existence d'une extension intra-articulaire empêche la réalisation d'une chirurgie conservatrice. Extension dans les parties molles d'une lésion osseuse. On observe ici une lésion intramédullaire diaphyso-métaphyso-épiphysaire envahissant les parties molles en avant et en arrière du fût diaphysaire fémoral en regard d'une corticale amincie et mitée (flèche). En arrière, on voit que la tumeur a pénétré les parties molles à travers la corticale postérieure du condyle puis est remontée le long de la corticale fémorale sans que celle-ci ne soit détruite complètement (flèche). Le remplacement de la graisse rétrofémorale et préfémorale par un tissu en hyposignal T1 en continuité avec la tumeur intramédullaire signe l'extension aux parties molles. Fibrome non ossifiant. Sur cette coupe sagittale T1, on observe une lésion osseuse focale adossée à la corticale postérieure de fémur, métaphysaire, bien limitée par un liséré en hyposignal identique à celui de la corticale osseuse, et présentant un signal hétérogène, majoritairement graisseux avec de petites régions en hyposignal correspondant à des zones fibreuses. La corticale postérieure du fémur est épaissie et déformée en raison du caractère lentement évolutif de la lésion. L'image est caractéristique d'un fibrome non ossifiant. Noter également un petit îlot condensant bénin juste en dessous du fibrome. Points d'interprétation 111 Lipome intraosseux. Les lipomes intraosseux sont des lésions à prédominance graisseuse mais pouvant contenir des images de signal bas en T2 correspondant à des calcifications ou des images kystiques intralésionnelles. Sur cette image pondérée T1, on observe une perte de la trabéculation normale de la tête humérale liée à la présence d'une lésion purement graisseuse bien limitée caractéristique d'un lipome. Au sein du lipome, les anomalies focales en hyposignal correspondent à des calcifications. Les lésions osseuses pouvant contenir de la graisse sont nombreuses : lipome intraosseux, hémangiome, infarctus médullaire, maladie de Paget, dysplasie fibreuse et fibrome non ossifiant en voie de régression. Lyse corticale dans les processus intraosseux expansifs. Sur cette coupe axiale T1, on observe une disparition focale de l'asignal normal de la corticale postérieure du tibia en regard d'une lésion osseuse intramédullaire. Cette anomalie évoque une lésion agressive et doit faire rechercher sur les séquences T2 et les séquences après injection de gadolinium une extension de la tumeur osseuse dans les parties molles. Dans certaines lésions intraosseuses très agressives et très infiltratives, on peut observer une corticale mitée avec une masse des parties molles adjacentes. Cet aspect a la même signification qu'une lyse corticale focale et témoigne d'un processus encore plus agressif. 112 Tumeur osseuse Maladie de Paget. L'IRM montre ici les signes caractéristiques de la maladie de Paget du fémur : augmentation de taille de l'os, épaississement et raréfaction des travées osseuses et dédifférenciation corticomédullaire. On voit bien la différence de structure de l'os spongieux et des corticales en comparant le fémur touché par la maladie de Paget avec le tibia qui est épargné par la maladie. Matrice cartilagineuse et enchondrome. La minéralisation d'une tumeur cartilagineuse peut se faire par un phénomène d'ossification enchondrale avec formation d'image de densité calcique, en anneau ou en arc ou par un processus de calcification directe avec formation d'images en piqueté ou en grains grossiers de taille irrégulière. Cette minéralisation calcique s'observe en IRM sous la forme d'images en asignal, de signal identique à la corticale osseuse, formant des arcs, des anneaux ou un piqueté intratumoral. Ces zones de bas signal alternent avec des zones de signal très élevé sur les séquences pondérées T2, correspondant à la matrice cartilagineuse non encore ossifiée ou calcifiée. Niveau liquide-liquide. On observe une lésion intramédullaire diaphysaire (humérus) qui présente deux composantes de signal différent, mais homogènes, dont l'interface est rectiligne et perpendiculaire à la force de gravité (l'image est présentée en position anatomique en respectant le haut et le bas, mais dans l'IRM le bras est à l'horizontale). Cet aspect est non spécifique et correspond à des sédimentations différentes de produits dérivés d'une hémorragie intratumorale. Sur les séquences T1, le surnageant peut être de signal inférieur ou supérieur au sédiment. Sur les séquences T2, le surnageant est en général en hypersignal et le sédiment de signal intermédiaire. Points d'interprétation 113 Ostéochondrome ou exostose. On observe ici une excroissance osseuse, pédiculée, constituée d'un os identique à l'os médullaire normal, recouvert par une corticale normale se prolongeant avec la corticale osseuse de la métaphyse fémorale inférieure. L'excroissance est recouverte par une coiffe cartilagineuse dont le signal est identique au cartilage articulaire. Chez l'adulte, elle est en général inférieure à quelques millimètres, voire absente. Une coiffe cartilagineuse de plus de 10 mm chez l'adulte est suspecte de transformation chondrosarcomateuse. Un ostéochondrome peut se compliquer d'une bursite par conflit mécanique avec les muscles adjacents. Dans le cas présenté la coiffe cartilagineuse refoule et déforme le muscle vaste interne. Ostéome ostéoïde. Sur cette coupe axiale T2 avec saturation du signal de la graisse passant par le tibia, on observe un épaississement très important de la corticale postéromédiale du tibia correspondant à une réaction périostée unilamellaire compacte, une image ronde millimétrique intracorticale correspondant au nidus d'un ostéome ostéoïde, et une réaction inflammatoire des parties molles et du périoste. L'image est suffisamment caractéristique pour poser le diagnostic. Plasmocytome. Coupe axiale pondérée en T1 passant au niveau de l'omoplate et montrant une lésion osseuse en hyposignal T1, homogène, entraînant une déformation des contours osseux avec formation d'une coque périostée discontinue. La tumeur ne laisse pas d'os sain autour d'elle et ses contours polylobés évoquant des circonvolutions cérébrales sont assez caractéristiques d'un plasmocytome. 114 Tumeur osseuse Prise de contraste septale. Sur cette coupe frontale T1 avec injection de gadolinium, passant au niveau de la fosse sus-épineuse, on observe une lésion d'origine osseuse (épine de l'omoplate) s'étendant dans les parties molles avec une prise de contraste hétérogène réalisant un réseau intralésionnel plus ou moins régulier évoquant l'existence de septums intralésionnels. Ce type de prise de contraste n'est pas spécifique, mais il est fréquemment observé dans les chondrosarcomes de bas grade, les enchondromes, les chondroblastomes. Skip métastase. On observe ici une volumineuse tumeur osseuse primitive de la métaphyse supérieure du tibia s'étendant dans les parties molles avec des remaniements hémorragiques et des anomalies focales de signal, rondes, en hyposignal T1, situées à distance de la lésion primitive. Il s'agit de métastases locorégionales intraosseuses ou skip métastases. Noter qu'une de ces métastases, localisée au condyle fémoral latéral a « traversé » l'articulation du genou. Les skip métastases sont observées dans environ 20 % des ostéosarcomes, mais aussi dans d'autres tumeurs osseuses primitives, comme les sarcomes d'Ewing. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? La radiographie simple reste l'examen de première intention dans la recherche d'une lésion osseuse. Si elle est négative, la poursuite des investigations dépend de l'évolution de la symptomatologie clinique, du terrain et de la localisation des douleurs. Par exemple, au niveau du squelette axial ou des os plats, certaines lésions osseuses ne sont détectées que par le scanner, l'IRM ou la scintigraphie osseuse. Lorsque la radiographie simple montre une lésion osseuse, la corrélation des données radiologiques, de l'âge et des antécédents du patient et la symptomatologie clinique permet souvent d'évoquer un diagnostic. Soit il s'agit d'une lésion certainement bénigne (fibrome non ossifiant, dysplasie fibreuse, ostéochondrome, chondrome, kyste osseux simple, angiomes vertébraux) et on évite la biopsie ; soit il s'agit d'une probable métastase osseuse et on complète le bilan en fonction de l'état carcinologique du Stratégie diagnostique 115 patient et des thérapeutiques envisageables ; soit il s'agit d'une tumeur maligne primitive et l'IRM est l'examen de première intention avant la biopsie. Enfin, certains diagnostics sont difficiles et l'étude de la matrice tumorale, l'analyse de la corticale osseuse, de la réaction périostée ou la recherche d'anomalie des parties molles peuvent apporter des éléments indispensables au diagnostic. Dans ces cas, on s'aide du scanner et de l'IRM. Dans le suivi sous traitement, l'imagerie a pour but d'évaluer l'efficacité du traitement. Sur les radiographies et le scanner, la diminution de la taille de la tumeur, sa meilleure limitation et son ossification sont de bons indicateurs d'un traitement efficace. L'IRM donne une idée plus précise du volume tumoral. Surtout, on cherche des critères d'appréciation directe de l'efficacité du traitement. On a ainsi proposé la diminution de signal sur les séquences pondérées en T2, traduisant plus de tissu fibreux dans la lésion, et les modifications de la lésion après injection de produit de contraste : le tissu nécrotique est directement visible, ne modifiant pas son signal après injection. Les méthodes d'imagerie fonctionnelle, utilisant la cinétique du produit de contraste, sont très séduisantes : la partie viable de la tumeur prend le contraste rapidement (dans les deux premières minutes), les réactions fibreuses induites par le traitement de façon retardée. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? On utilise l'antenne adaptée (épaule, genou, rachis, antenne corps, antenne souple de surface) pour étudier la tumeur et les articulations adjacentes. En effet, l'imagerie a un but diagnostique mais surtout un but préthérapeutique : localisation de la tumeur, extension locale (intramédullaire, extension aux parties molles et extension articulaire) et recherche de métastases osseuses locorégionales ou skip métastases. Ainsi, il peut être nécessaire de changer d'antenne en cours d'examen. Par exemple, une tumeur métaphysaire de l'extrémité inférieure du fémur peut nécessiter une étude locale en antenne genou et une étude de l'ensemble du fémur en antenne corps. En plus de la technique de routine, on réalise parfois une angio-IRM pour étudier l'extension vasculaire de la tumeur et une séquence T1 après injection de gadolinium avec étude dynamique de la prise de contraste en utilisant une séquence d'acquisition rapide. COMMENT INTERPRÉTER ? Si d'une façon générale, une tumeur bien limitée, de petite taille (< 6 cm) avec un liséré périphérique en hyposignal T1 et T2 (témoignant d'une condensation osseuse périphérique), avec un signal homogène en T2, sans prise de contraste après injection de gadolinium et sans atteinte de la corticale ou des parties molles est probablement bénigne, ces éléments ne suffisent pas 116 Tumeur osseuse à l'affirmer. Certaines tumeurs bénignes ont cependant des caractéristiques IRM suffisantes pour poser le diagnostic. Il s'agit parfois de lésions de découverte fortuite d'où la nécessité de connaître leur aspect typique. 1. Tumeurs osseuses bénignes Enchondrome C'est une tumeur cartilagineuse. Il correspond à environ 12 % des tumeurs osseuses bénignes. Il se localise préférentiellement aux mains (50 %) et aux os longs dans la région métaphysaire ou métaphysodiaphysaire. L'IRM est caractéristique : image bien limitée, de signal hétérogène et de contours polylobés. Le cartilage matriciel présente un hyposignal T1 modéré et un hypersignal T2 franc. Au sein du cartilage, on observe des images en asignal dessinant des lobules de petites tailles dans la tumeur et des images punctiformes correspondant aux zones d'ossification enchondrale. Les gros enchondromes peuvent entraîner une déformation des contours osseux. On les observe fréquemment de façon fortuite sur les IRM du genou. Les signes d'agressivité devant faire envisager une transformation en chondrosarcome sont : une taille supérieure à 6 cm, une rupture de la corticale osseuse, une extension dans les parties molles et une symptomatologie douloureuse. Ostéochondrome ou exostose Il correspond à environ 35 % des tumeurs osseuses bénignes. Il s'agit d'une lésion osseuse bénigne, habituellement découverte entre l'âge de 10 et 15 ans. La croissance de l'ostéochondrome s'arrête à la soudure des cartilages de croissance. Il s'observe à la métaphyse des os longs sous la forme d'une excroissance osseuse perpendiculaire au grand axe de l'os. Il est corticalisé sur ses contours et contient un os trabéculaire normal. Il peut être pédiculé ou sessile. Le signal de l'exostose est identique à celui de l'os trabéculaire. À son extrémité, l'IRM montre parfaitement la coiffe cartilagineuse (signal cartilagineux), dont l'épaisseur doit être mesurée. En effet, si cette coiffe cartilagineuse dépasse 10 mm d'épaisseur chez l'adulte et 20 mm chez l'enfant en période de croissance, il faut suspecter une transformation maligne en chondrosarcome de bas grade (rare dans l'exostose solitaire). Dans ce cas, l'exostose est souvent symptomatique et on observe des anomalies des parties molles adjacentes à la coiffe cartilagineuse. Dans certains cas, l'exostose entraîne des phénomènes compressifs sur les parties molles adjacentes pouvant aboutir à des déchirures musculaires, des bursites, des compressions vasculaires et neurologiques. Îlot condensant bénin ou énostose Ils sont très fréquemment observés sur les IRM articulaires en particulier au niveau du genou et de la cheville. Ce sont de petites lésions, très bien limitées, Stratégie diagnostique 117 souvent multiples, inférieures au centimètre, en asignal. Lorsqu'ils sont plus grands, les îlots condensants bénins ont des contours spiculés. Ostéome ostéoïde (12 % des tumeurs osseuses bénignes) Il est très fréquent à l'extrémité supérieure du fémur (face interne du col fémoral) et du tibia. Les autres localisations sont le rachis (arc postérieur), l'humérus, l'omoplate. Il peut être cortical, sous-périosté, médullaire ou intraarticulaire. Le nidus s'observe sous la forme d'une image ronde en hypo­signal T1 et hypersignal T2, dont la taille est inférieure à 15 mm, avec un centre en asignal lorsqu'il est calcifié. Ce nidus est entouré d'une condensation osseuse en asignal plus ou moins étendue suivant l'ancienneté de la tumeur. L'ostéome ostéoïde se caractérise également par une réaction inflammatoire très importante entraînant un œdème osseux et des parties molles qui peut faire errer le diagnostic. Cortical defect et fibrome non ossifiant Ce sont des lésions fibreuses pseudotumorales siégeant à la métaphyse des os longs, observées très fréquemment chez les enfants et les adolescents. Ce sont des lésions bien limitées adossées à une corticale. Le signal lésionnel est variable suivant la quantité de tissu fibreux. La lésion est caractérisée par ses limites nettes et l'existence d'un liséré périphérique en asignal correspondant à une condensation osseuse. Elle peut déformer la corticale qui est souvent épaissie en regard de la lésion. Dysplasie fibreuse Lésion bien limitée, parfois de grande taille, diaphysométaphysaire, présentant un hyposignal T1 et un hypersignal T2. Le signal est parfois hétéro­ gène en raison de l'existence de cloisons osseuses ou de zones kystiques ou fibreuses. La lésion est entourée d'un liséré en asignal. Elle entraîne une déformation des contours osseux avec une corticale épaissie et continue. Kyste osseux solitaire C'est une tumeur bénigne qui s'observe dans les deux premières décennies au niveau de la métaphyse des os longs (humérus, fémur, tibia) ou au niveau du calcanéum. C'est une lésion bien limitée, avec un contenu de signal liquidien sans prise de contraste. En cas de fracture, le contenu peut devenir hémorragique avec un niveau liquide-liquide. Kyste anévrismal C'est une lésion métaphysaire siégeant aux os longs ou au niveau de l'arc postérieur des vertèbres dorsales. En IRM c'est une lésion expansible, érodant et déformant la corticale osseuse, contenant de multiples collections kystiques avec des niveaux liquide-liquide. Après injection de gadolinium, on observe une prise de contraste importante. 118 Tumeur osseuse Les niveaux liquide-liquide ne sont pas spécifiques du kyste anévrismal et s'observent aussi dans les tumeurs osseuses suivantes : dysplasie fibreuse, kyste osseux simple, chondroblastome, tumeurs à cellules géantes, ostéo­ sarcome télangiectasique. Lipome intraosseux Au niveau du squelette périphérique il siège à la métaphyse des os longs, au calcanéum, aux mains et aux pieds. C'est une lésion bien limitée de contenu principalement graisseux sans prise de contraste avec parfois des régions intralésionnelles en asignal (calcifications) ou kystique. Tumeur à cellules géantes Elle siège au niveau des os longs, fréquemment à l'extrémité distale du fémur ou proximale du tibia, chez les hommes entre 20 et 40 ans. Sa localisation est épiphysaire ou métaphyso-épiphysaire. Elle présente un signal non spécifique (hyposignal T1, hypersignal T2 et prise de contraste après injection de gadolinium) et souvent un caractère agressif avec destruction de la corticale osseuse et extension articulaire. Le diagnostic est fait par la biopsie. Les récidives sont fréquentes après traitement chirurgical (curetage et comblement). 2. Tumeurs osseuses malignes primitives Ostéosarcome C'est la plus fréquente des tumeurs malignes primitives de l'os après le myélome. Sa survie a été nettement améliorée avec la chimiothérapie agressive, et on peut espérer guérir plus de 70 % des patients. La chirurgie conservatrice peut aussi être pratiquée dans plus de deux tiers des cas, permettant de garder une fonction presque normale du membre touché. L'ostéosarcome est une tumeur maligne primitive qui fabrique de l'os. L'ostéosarcome conventionnel intéresse la métaphyse des os longs (près des genoux et loin des coudes) chez les sujets dans la seconde décennie. C'est une tumeur très agressive le plus souvent mixte, lytique et condensante. Sarcome d'Ewing C'est la tumeur maligne primitive des os la plus fréquente chez l'enfant. Plus de la moitié des cas est guérie. Le traitement associe une chimiothérapie, un traitement local chirurgical et une radiothérapique ou une association des deux. C'est une tumeur très agressive, mal limitée, avec destruction de la corticale et appositions périostées. L'atteinte des parties molles est massive et peut masquer une petite lésion osseuse. La moitié des sarcomes d'Ewing atteint les os longs, et la moitié est centrale, ce qui pose des problèmes chirurgicaux très difficiles. Stratégie diagnostique 119 Chondrosarcome Cette tumeur cartilagineuse maligne atteint surtout l'adulte, pousse lentement et son traitement est seulement chirurgical. Les deux grands types de chondrosarcome sont : n le chondrosarcome conventionnel qui est une tumeur médullaire contenant des calcifications caractéristiques, annulaires ou en « popcorn ». Celles-ci correspondent à la calcification des tractus fibreux disposés à la périphérie des lobules des cartilages. La face interne de la corticale osseuse est érodée par la tumeur. La corticale peut ensuite être détruite, et les parties molles envahies. En cas de chondrosarcome bien différencié, l'IRM montre une matrice cartilagineuse typique et une prise de contraste septale ; n les chondrosarcomes secondaires qui se développent sur une exostose. Les signes de dégénérescence d'une exostose sont une coiffe cartilagineuse d'épaisseur supérieure à 10 mm chez l'adulte et 20 mm chez l'enfant, une masse des parties molles et une ostéolyse de l'exostose. Adamantinome C'est une tumeur maligne rare de l'adulte, qui atteint presque uniquement le tibia. Elle est localement agressive, avec des récidives fréquentes. Les méta­ stases sont en revanche rares et tardives. L'aspect radiologique est évocateur, avec des zones bien limitées d'ostéolyse atteignant la diaphyse. Histiocytofibrome malin et fibrosarcome Ce sont des tumeurs qui touchent le plus souvent les os longs chez l'adulte. Ce sont des lésions lytiques, radiologiquement d'agressivité modérée. Le traitement associe chimiothérapie préopératoire, chirurgie et chimiothérapie postopératoire. Lymphome Le lymphome osseux primitif des os est caractérisé en IRM par un hyposignal T1 et T2 témoignant d'une fibrose et d'une sclérose osseuse (ce sont souvent des tumeurs condensantes sur les radiographies simples). Ce sont des tumeurs très agressives avec au moment du diagnostic une extension dans les parties molles. Plasmocytome Il est caractérisé en IRM par la formation d'une coque périostée plus ou moins discontinue dont les contours convexes en dehors rappellent les circonvolutions du cortex cérébral. Les plasmocytomes entraînent une soufflure corticale et une déformation importante des contours osseux. Bien que la corticale soit souvent discontinue, il n'y a pas d'extension dans les parties molles. 120 Tumeur osseuse 3. Métastases Elles peuvent prendre toutes les formes. Elles sont le plus souvent diaphysaires ou métaphysaires et très rarement épiphysaires. Elles peuvent être corticales. Après l'âge de 40 ans, c'est avec le myélome, la lésion osseuse ostéolytique la plus fréquente. 4. Maladie de Paget Ce n'est pas une tumeur osseuse mais elle peut se transformer en chondrosarcome ou en ostéosarcome et présente parfois en IRM un aspect pseudo­ tumoral. L'IRM montre bien les signes caractéristiques de la maladie de Paget : augmentation de taille de l'os, épaississement et raréfaction des travées osseuses et dédifférenciation corticomédullaire. On peut également observer au niveau épiphysaire un aspect hétérogène de la moelle osseuse lié à l'alternance de zones condensées de petites tailles et arrondies avec des régions graisseuses. Sur cet os d'architecture modifiée, on observe parfois des fractures pathologiques. L'évolution vers un sarcome osseux doit être suspectée si on observe une destruction de la corticale et une masse des parties molles. COMPTE RENDU Le compte rendu doit : n confirmer le diagnostic de tumeur osseuse ou proposer les diagnostics différentiels (pseudotumeur, infection) ; n en cas de tumeur : • si la lésion présente tous les caractères de bénignité et un aspect typique : on peut conclure au diagnostic de tumeur bénigne (enchondrome bénin, ostéochondrome, fibrome non ossifiant, dysplasie fibreuse, îlot condensant bénin, kyste osseux simple…), • si la lésion présente au moins un critère d'agressivité : on doit demander un avis spécialisé en vue d'une éventuelle biopsie. C HA P IT R E 8 Masses des parties molles OBJECTIFS La circonstance de découverte la plus fréquente d'une masse des parties molles est la palpation par le patient d'une tuméfaction douloureuse ou non. L'IRM est désormais l'examen de première intention dans le bilan diagnostique et préthérapeutique des tumeurs des parties molles pour lesquelles les radiographies simples et l'échographie sont insuffisantes. Même si elle ne permet pas un diagnostic spécifique, elle est indispensable au bilan d'extension locorégionale avant la biopsie ou l'exérèse. Elle est également l'imagerie de référence dans le suivi post-thérapeutique. TECHNIQUE On utilise l'antenne adaptée (épaule, genou, rachis, antenne corps, antenne souple de surface) pour étudier la tumeur dans sa totalité et les structures adjacentes. On réalise des coupes frontales et/ou sagittales T2 en saturation du signal de la graisse, des coupes axiales T1 et T2 en saturation du signal de la graisse, et des coupes axiales, frontales et sagittales T1 avec injection de gadolinium et saturation du signal de la graisse. Le protocole doit être adapté à la localisation et à la morphologie de la masse. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 122 Masses des parties molles POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Localisation On doit déterminer l'origine de la masse : masse intramusculaire ou extramusculaire, masse développée dans l'interface graisseuse intermusculaire, le long d'un axe vasculonerveux, dans la graisse sous-cutanée, masse cutanée. La localisation exacte de la masse est parfois difficile dans les lésions agressives qui envahissent les tissus par proximité. C'est globalement le centre de la lésion qui détermine son point de départ. 2. Contours On détermine les contours de la masse : la masse est-elle bien ou mal limitée, existe-t-il une paroi périphérique ? 3. Taille Elle doit être mesurée dans les trois plans de l'espace. 4. Signal intralésionnel C'est l'étude du signal intralésionnel sur les différentes séquences. Il faut faire la correspondance exacte entre le T1, le T2 et le T1 après injection de gadolinium sur la même coupe. C'est parfois difficile quand la masse présente un signal très hétérogène. On recherche des éléments sémiologiques caractéristiques qui permettent d'évoquer une gamme diagnostique. Images kystiques Hyposignal T1, hypersignal T2 liquidien, absence de prise de contraste. Un kyste synovial ou kyste mucoïde doit pouvoir être anatomiquement en communication avec une articulation et son signal est liquidien pur. En cas de doute, il faut faire une injection de gadolinium. Un kyste ne prend pas le contraste. Graisse Hypersignal T1, hyposignal T2 avec saturation du signal de la graisse et absence de prise de contraste. On peut se référer au signal de la graisse sous-cutanée. Points d'interprétation 123 Les signes devant faire suspecter un liposarcome de bas grade sont : des cloisons intralésionnelles épaisses et irrégulières ; la présence au sein de la tumeur de régions en hyposignal T1 et hypersignal T2 ; une prise de contraste intralésionnelle ou périphérique. Dérivés sanguins Hypersignal T1 et hypersignal T2 avec des régions en asignal, sans prise de contraste. Cartilage Même signal que le cartilage articulaire : hyposignal T1, hypersignal T2 intense. Présence au sein de la matrice cartilagineuse d'images rondes, arciformes ou punctiformes en asignal correspondant à des zones de condensation osseuse autour des lobules cartilagineux reproduisant l'aspect radiologique ou tomodensitométrique caractéristique des tumeurs cartilagineuses. L'existence d'une masse des parties molles à composante cartilagineuse nécessite l'analyse des structures osseuses adjacentes car il s'agit le plus souvent de l'extension dans les parties molles d'un chondrosarcome. Niveau liquide-liquide C'est la présence, au sein d'une lésion osseuse, de régions présentant deux composantes de signal différent, mais homogènes, dont l'interface est rectiligne et perpendiculaire à la force de gravité. Sur les séquences T1 le surnageant peut être de signal inférieur ou supérieur au sédiment. Sur les séquences T2, le surnageant est en général en hypersignal et le sédiment de signal intermédiaire. Ces régions présentant un niveau liquide-liquide peuvent être uniques ou multiples et de tailles variables. La présence de tels niveaux permet d'évoquer une gamme diagnostique. 5. Prise de contraste La prise de contraste d'une masse des parties molles peut être classifiée en périphérique, hétérogène ou homogène. Les régions prenant le contraste correspondent aux régions vascularisées de la masse. Dans le suivi sous traitement des tumeurs des parties molles, l'évaluation de la prise de contraste est très importante car le pourcentage de nécrose tumorale après chimiothérapie est un facteur pronostique (bon ou mauvais répondeur). 124 Masses des parties molles 6. Structures envahies par la masse Muscles et loges musculaires. Structures vasculaires. Structures nerveuses. Articulations. Os. Peau. L'extension locale de la tumeur peut intéresser un ou plusieurs muscles et traverser les fascias délimitant les différents compartiments anatomiques musculaires. L'extension aux axes vasculonerveux s'accompagne soit d'un refoulement, soit d'un englobement avec parfois diminution du flux sanguin et compression nerveuse symptomatique. Certaines tumeurs se développent près d'une articulation et peuvent l'envahir par contiguïté. Extension articulaire d'une tumeur agressive des parties molles. Coupe axiale T2 en saturation du signal de la graisse montrant une tumeur agressive des parties molles, développée aux dépens du muscle pyramidal et du muscle obturateur externe droits et s'étendant à l'articulation coxofémorale par contiguïté. L'extension intra-articulaire de la tumeur s'accompagne d'un épanchement articulaire. Extension à l'axe vasculonerveux d'une tumeur agressive des parties molles. Volumineuse tumeur des parties molles, de signal hétérogène sur cette séquence T2, englobant complètement l'artère tibiale postérieure et le nerf tibial postérieur. Il existe une réduction du calibre de l'artère. Dans les petites tumeurs, les rapports entre la tumeur et l'artère sont parfois difficiles à préciser. On étudie alors en T1 l'existence ou non d'un liséré graisseux séparant la tumeur de l'artère. Points d'interprétation Hémangiome. Sur cette coupe sagittale T2 avec saturation du signal de la graisse, on observe une lésion étendue en hauteur dans la graisse sous-cutanée, en hypersignal très intense avec, à la partie haute de l'image, une structure vasculaire et au sein de la masse de multiples images en asignal. Il s'agit d'un hémangiome, l'hypersignal très intense est dû à la présence de sang stagnant dans les cavernomes, les images punctiformes en asignal correspondent à des phlébolithes. Kyste mucoïde. Sur cette coupe frontale T2 d'épaule, on observe une formation polylobée de signal liquidien en communication avec l'articulation acromioclaviculaire. Ses parois sont fines sans végétation intralésionnelle. Ce kyste mucoïde est « alimenté » par l'articulation glénohumérale chez un patient présentant une large rupture de la coiffe des rotateurs faisant communiquer l'articulation glénohumérale avec la bourse sous-acromiodeltoïdienne, qui ellemême communique avec l'articulation acromioclaviculaire. Lipome des parties molles. L'ensemble de la masse des parties molles présente un signal graisseux homogène, identique au signal de la graisse souscutanée. On observe de fins septums intralésionnels dans la masse graisseuse. Les limites de la masse sont nettes. Les lipomes des parties molles peuvent être intramusculaires (ici dans le quadriceps), intermusculaires, sous-cutanés ou intra-articulaires. 125 126 Masses des parties molles L'existence de zones en hypersignal T2 ou d'une hétérogénéité de signal ou de zones prenant le contraste (autre que de fins septums) doit faire éliminer le diagnostic de lipome bénin et évoquer celui de liposarcome. Au-dessus de 6 cm de plus grand diamètre, on doit également émettre des réserves sur la nature purement graisseuse de la lésion. Synovite villonodulaire pigmentée. Sur cette coupe frontale en T2 écho de gradient, on met bien en évidence les pigments d'hémosidérine dans la bourse du ligament tibial collatéral et dans l'articulation fémorotibiale en dedans du condyle fémoral interne. Ces pigments présentent en effet un asignal caractéristique. Le diagnostic de synovite villonodulaire pigmentée peut être posé. Tumeur bénigne des gaines nerveuses. Sur cette coupe frontale d'avant-bras en séquence pondérée T1, on observe une masse bien limitée développée dans la graisse sous-cutanée présentant un signal T1 hétérogène. On observe également une image linéaire verticale en hyposignal rejoignant la partie basse de la lésion (flèche). Cette image correspond au nerf normal en dessous de la tumeur de la gaine de Schwann. L'ensemble réalise l'aspect caractéristique « en queue de radis » des tumeurs des gaines nerveuses. Cet aspect n'est cependant pas synonyme de bénignité et peut s'observer dans les schwannomes malins. Points d'interprétation 127 Tumeur à cellules géantes des gaines synoviales (TCG). Sur cette coupe sagittale T1 après injection de gadolinium et saturation du signal de la graisse, on observe une masse prenant le contraste, développée aux dépens de la gaine du fléchisseur. Le premier diagnostic à envisager pour cette masse d'origine synoviale est celui de tumeur à cellules géantes. Tumeur agressive des parties molles : prise de contraste hétérogène. Coupe axiale en séquence pondérée T1 après injection de gadolinium et saturation du signal de la graisse. Cette lésion présente plusieurs critères d'agressivité : sa taille, supérieure à 6 cm, et sa prise de contraste hétérogène périphérique mais épaisse et irrégulière avec de multiples vaisseaux pénétrant la tumeur. On peut évoquer la gamme diagnostique des tumeurs malignes à composante myxoïde en raison de l'absence de prise de contraste centrale, mais c'est la biopsie qui fera le diagnostic. Tumeur des parties molles avec remaniements hémorragiques. On observe une lésion du muscle vaste externe en hyposignal T1. Cette lésion s'associe à une disparition de fibres graisseuses intramusculaires normales ce qui témoigne de son caractère tumoral invasif. Au sein de la lésion, on observe une région centrale en hypersignal T1 modéré correspondant à un saignement intratumoral. Le signal d'un saignement dans les parties molles est variable et dépend de l'ancienneté du saignement et de son caractère récidivant. Bien souvent dans les saignements semi-récents, on observe des régions en hypersignal T1 et en iso- ou hyposignal T2 avec des dépôts périphériques d'hémosidérine en asignal. 128 Masses des parties molles STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? La radiographie simple conserve toute sa valeur pour l'étude des calcifications et reste le premier examen d'imagerie demandé dans les masses des parties molles essentiellement pour étudier le comportement squelettique sous-jacent. L'échographie, grâce à l'utilisation de sondes de haute fréquence avec interface cutanée transsonore, est devenue l'examen d'imagerie le plus utilisé, et souvent le seul, pour l'exploration des lésions musculaires traumatiques. À côté de son aspect atraumatique et peu onéreux, elle répond le plus souvent à l'attente du clinicien quant à l'existence ou non d'une lésion anatomique, de sa topographie, de sa taille et beaucoup plus rarement de sa nature. Pour les lésions tumorales, son manque de spécificité et son insuffisance pour le bilan d'extension préthérapeutique lui enlèvent beaucoup de son intérêt. Ainsi, l'IRM est l'examen de référence dans l'étude des tumeurs des parties molles et le scanner ne conserve comme indication que l'étude des calcifications et des ossifications tumorales ou le guidage biopsique. Même si l'IRM ne permet pas toujours d'affirmer un diagnostic, elle permet un bilan d'extension locale précis qui permet de guider la biopsie et de prévoir le geste chirurgical d'exérèse. Enfin l'IRM est l'examen de référence dans le suivi post-thérapeutique des tumeurs des parties molles à la recherche d'une récidive. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? En plus de la technique de routine, on réalise parfois une angio-IRM pour étudier l'extension vasculaire de la tumeur. La recherche de saignement intratumoral, de pigment d'hémosidérine et de structure vasculaire peut bénéficier d'une séquence T2 en écho de gradient. COMMENT INTERPRÉTER ? Comme pour les tumeurs osseuses, les caractéristiques de taille et les limites de la tumeur sont de bons indicateurs pour différencier une tumeur bénigne d'une tumeur maligne. Ainsi, une tumeur de petite taille (inférieure à 6 cm), bien limitée, et ne prenant pas le contraste, à plus de chance d'être bénigne qu'une grosse tumeur mal limitée, de signal hétérogène, prenant le contraste et envahissant les tissus par contiguïté. Mais il existe de nombreux recouvrements et ces critères ne suffisent pas à différencier les tumeurs bénignes des tumeurs malignes et bien souvent c'est la biopsie qui affirme le diagnostic. Stratégie diagnostique 129 Certaines tumeurs ou pseudotumeurs des parties molles ont cependant des caractéristiques en IRM permettant de poser un diagnostic ou une gamme diagnostique. 1. Masse des parties molles présentant des régions en hypersignal T1 L'hypersignal T1 correspond à de la graisse ou à un saignement intratumoral. Lipome C'est une tumeur se développant dans les muscles ou dans la graisse intermusculaire ou sous-cutanée. En IRM son signal est purement graisseux, identique au signal de la graisse sous-cutanée sur toutes les séquences. Les lipomes sont toujours très bien limités. On peut observer au sein de la lésion de petites cloisons fines. Après injection de gadolinium, il n'y a pas de prise de contraste intralésionnelle ou périlésionnelle. Parfois, on palpe cliniquement une masse sous-cutanée et l'IRM ne montre pas de lésion des parties molles. Il s'agit souvent d'un lipome dont les limites avec la graisse adjacente sont difficiles à déterminer. Les critères d'agressivité d'un lipome sont : la taille supérieure à 6 cm, la prise de contraste intratumorale (cloisons, nodules), l'aspect plurilobulaire. Malformations vasculaires (dont les hémangiomes) On distingue histologiquement un spectre large de lésions vasculaires que l'on a tendance à appeler « angiome ». Il peut s'agir d'hémangiome caverneux ou capillaire, contenant à des degrés variables des structures vasculaires, de la graisse, du muscle lisse, du tissu fibreux ou d'autres tissus ou de véritables malformations artérioveineuses. Les hémangiomes caverneux sont des lésions parfois infiltratives, de contours polylobés, isointenses aux muscles en T1 avec des régions graisseuses. En T2, ils sont en hypersignal très intense, en raison de la présence de sang stagnant dans les cavernomes. Des images de phlébolithes s'observent parfois sous la forme d'images punctiformes en asignal. Dans les malformations artérioveineuses, les vaisseaux circulant présentent un asignal lié au flux sanguin. Sur les séquences en T2 écho de gradient, ces mêmes vaisseaux circulants sont en hypersignal intense. Mélanome Les mélanomes malins contiennent des substances paramagnétiques qui sont en hypersignal T1 et hyposignal T2. Hématome Le signal d'un saignement dans les parties molles est variable et dépend de l'ancienneté du saignement et de son caractère récidivant. Bien souvent dans les saignements semi-récents, on observe des régions en hypersignal 130 Masses des parties molles T1 et en iso- ou hyposignal T2 avec des dépôts périphériques d'hémosidérine en asignal. En l'absence de contexte traumatique, il faut éliminer une tumeur des parties molles en réalisant une séquence avec injection de gadolinium. Si un hématome peut prendre le contraste en périphérie, toute prise de contraste intralésionnelle ou périphérique hétérogène est suspecte. 2. Masses des parties molles comportant des régions en hyposignal T2 Synovite villonodulaire pigmentée (SVN) C'est une pathologie de la synoviale articulaire qui se caractérise par un épaississement focal de la synoviale avec une prolifération d'histiocytes et de cellules géantes contenant des pigments d'hémosidérine en hyposignal T1 et T2. Les diagnostics différentiels de la SVN sont une hémarthrose chronique, une arthropathie rhumatoïde, une arthrite chronique (tuberculose), une arthropathie liée à des dépôts amyloïdes ou une goutte. Tumeur à cellules géantes des gaines synoviales C'est une localisation aux gaines synoviales de la synovite villonodulaire pigmentée. Lésions fibreuses Nodule de fibromatose plantaire. Névrome de Morton. Tumeur desmoïde. Fibrosarcome. 3. Masses kystiques des parties molles Masses des parties molles présentant des régions liquidiennes bien limitées en hyposignal T1, hypersignal T2, sans prise de contraste après injection de gadolinium. Kyste synovial Bursite C'est une accumulation anormale de liquide synovial dans une bourse séreuse entraînant la formation d'une masse des parties molles. Une bursite doit par définition se développer dans une bourse séreuse et son signal doit être liquidien. En cas de doute (pas de bourse connue à l'endroit de la masse des parties molles, ou signal hétérogène et même s'il peut s'agir d'un saignement intrabursal), il faut faire une injection de gadolinium afin d'éliminer une tumeur des parties molles (prise de contraste en masse). La bursite du biceps brachial au coude a souvent un aspect prolifératif pseudotumoral. Stratégie diagnostique 131 Myxome intramusculaire Tumeur maligne à composante myxoïde Liposarcome. Le liposarcome myxoïde se présente comme une tumeur cystique (il a un contenu gélatineux). Les liposarcomes de haut grade ne présentent souvent pas de tissu graisseux caractéristique en IRM et ne peuvent pas être différenciés des autres tumeurs malignes des parties molles. Chondrosarcome. Histiocytofibrome malin. Synovialosarcome Tumeurs des gaines nerveuses 4. Masse des parties molles contenant une matrice cartilagineuse Régions en hyposignal T1 et hypersignal T2 intense, avec au sein de la matrice cartilagineuse des images rondes, arciformes ou punctiformes en asignal correspondant à des zones de condensation osseuse autour des lobules cartilagineux reproduisant l'aspect radiologique ou tomodensitométrique caractéristique des tumeurs cartilagineuses. Chondrome des parties molles. Chondrosarcome des parties molles. Extension dans les parties molles d'un chondrosarcome. 5. Masse des parties molles contenant des niveaux liquide-liquide C'est la présence, au sein d'une lésion des parties molles, de régions présentant deux composantes de signal différent, mais homogènes, dont l'interface est rectiligne et perpendiculaire à la force de gravité. Sur les séquences T1 le surnageant peut être de signal inférieur ou supérieur au sédiment. Sur les séquences T2, le surnageant est en général en hypersignal et le sédiment de signal intermédiaire. Ces régions présentant un niveau liquide-liquide peuvent être uniques ou multiples et de tailles variables. La présence de tels niveaux permet d'évoquer une gamme diagnostique. Cet aspect est non spécifique et correspond à des sédimentations différentes de produits dérivés d'une hémorragie intratumorale. Hémangiome. Lymphangiome kystique. Synovialosarcome. Histiocytofibrome malin. Myxome. Hématome. Métastase. 132 Masses des parties molles 6. Gamme des principales tumeurs malignes des parties molles Liposarcome. Histiocytofibrome malin. Synovialosarcome. Fibrosarcome. Tumeurs malignes des gaines nerveuses. Métastases. COMPTE RENDU Le compte rendu doit : n confirmer le diagnostic de tumeur des parties molles ou proposer les diagnostics différentiels (pseudotumeur, infection) ; n en cas de tumeur : • si la lésion présente tous les caractères de bénignité et un aspect typique : on peut conclure au diagnostic de tumeur bénigne (lipome, angiome), • si la lésion présente au moins un critère d'agressivité : on doit demander un avis spécialisé en vue d'une éventuelle biopsie. C HA P IT R E 25 9 Lomboradiculalgies OBJECTIFS Confirmer l'origine rachidienne de la douleur et préciser la topographie et la nature du ou des conflits radiculaires. En cas d'antécédent chirurgical, préciser s'il existe une récidive herniaire ou une cicatrice postopératoire à l'étage opéré ou une nouvelle hernie à un autre étage. TECHNIQUE Séquences sagittales T1 et T2 sur le rachis lombosacré couvrant la partie inférieure du rachis dorsal. Coupes axiales T2 dans le plan des trois ou quatre derniers disques. Certaines équipes rajoutent une séquence coronale STIR avec un grand champ. L'injection n'est utile que dans certains cas particuliers : – suspicion clinique de radiculalgie symptomatique (contexte tumoral ou infectieux) ou découverte d'anomalies suspectes sur les premières séquences ; – radiculalgie postopératoire : dans ce cas, il faut réaliser des coupes axiales T1 centrées sur le disque opéré avant et après injection de gadolinium. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 136 Lomboradiculalgies POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Moelle osseuse Analyser le signal de la moelle osseuse sur la pondération T1 et chercher en particulier un remplacement médullaire diffus ou bien des lésions focales de remplacement médullaire en faveur de métastases ou d'un myélome. Analyser les corticales osseuses à la recherche d'une plage d'ostéolyse. Les lésions osseuses diffuses sont difficiles à voir sur les séquences qui annulent le signal de la graisse (STIR, T2 fat sat). L'analyse du T1 est indispensable. 2. Parties molles périvertébrales Chercher des anomalies des parties molles périvertébrales (adénopathies, tumeur rétropéritonéale, anévrisme de l'aorte abdominale) et un processus occupant (hernie discale migrée, tumeur nerveuse, kyste périradiculaire) au sein des foramens intervertébraux. Les foramens sont au mieux analysés sur les coupes sagittales pondérées T1 en raison du bon contraste spontané en T1 entre la graisse et les racines nerveuses. 3. Canal rachidien Analyser le contenu du canal rachidien. Préciser l'aspect des racines de la queue-de-cheval et le signal, la morphologie et le siège du cône terminal. Rechercher un processus expansif intracanalaire (intra- ou extradural) et une lipomatose épidurale. 4. Anomalie transitionnelle Chercher une anomalie transitionnelle. Il peut être difficile, sur les seules données de l'IRM, de dire s'il existe quatre, cinq ou six vertèbres lombaires. En cas d'anomalie transitionnelle, le plus important est de préciser quel disque est considéré comme étant L5-S1. Par convention, on appelle habituellement L5-S1 le dernier disque mobile. Points d'interprétation 137 5. Étroitesse canalaire constitutionnelle Chercher une étroitesse canalaire constitutionnelle. 6. Disques intervertébraux Analyser les disques intervertébraux en recherchant des anomalies d'épaisseur (pincements discaux), de signal (hyposignal dégénératif, gaz, liquide) et de morphologie (saillies discales). En cas de saillie discale, préciser s'il s'agit d'une saillie globale (circonférentielle) ou focale (hernie). Les saillies discales sont bien visibles sur les coupes sagittales mais leur caractère global ou focal est apprécié sur les coupes axiales. 7. Saillie discale En cas de saillie discale focale, il faut préciser son niveau, son siège dans le plan transversal (médiane, paramédiane, foraminale, extraforaminale), sa taille relative dans le canal et la présence ou non d'une migration caudale ou crâniale (en la mesurant s'il en existe une). Il faut également préciser si la hernie entraîne ou non un conflit discoradiculaire. Le caractère exclu ou non de la hernie et sa topographie par rapport au ligament vertébral postérieur (sous-ligamentaire ou transligamentaire) sont des éléments difficiles à préciser et en pratique peu importants. 8. Arthrose interapophysaire postérieure Chercher une arthrose interapophysaire postérieure. S'il en existe une, préciser sa répartition et évaluer son importance. Rechercher des anomalies associées (spondylolisthésis dégénératif, kyste articulaire postérieur, épaississement des ligaments jaunes). 9. Rétrécissement acquis du canal central ou du canal latéral Chercher un rétrécissement acquis du canal central ou du canal latéral (récessus latéraux et foramens). S'il y en a un, préciser quelles sont les lésions responsables et quantifier par un pourcentage le rétrécissement en précisant s'il est significatif ou non. La quantification d'un rétrécissement central se fait sur des coupes axiales en comparant la surface du sac dural aux étages corporéo-pédiculaire (étage fixe) et disco-articulaire (étage mobile siège du rétrécissement). 138 Lomboradiculalgies CONTEXTE POSTOPÉRATOIRE Les points 1 à 9 restent toujours valables. 10. Antécédent chirurgical récent En cas d'antécédent chirurgical récent : n vérifier qu'il n'y a pas eu d'erreur de niveau ; n rechercher un hématome comprimant le sac dural ; n rechercher des signes en faveur d'une infection discale ou des parties molles. La constatation d'un hématome des parties molles est banale après une intervention. Il est surtout important de préciser le retentissement éventuel de cet hématome sur le sac dural et son contenu. Pendant plusieurs semaines après l'intervention il peut persister un sac herniaire mimant une hernie discale (« fantôme herniaire »). Il faut donc rester prudent et descriptif et éviter de parler de récidive herniaire dans les trois premiers mois. 11. Antécédent chirurgical ancien En cas d'antécédent chirurgical ancien : n rechercher une récidive herniaire à l'étage opéré ; n rechercher des cicatrices épidurale, périradiculaire et intradurale (arachnoïdite). Le terme de fibrose est souvent ressenti de façon péjorative par le patient et doit être évité et remplacé par le mot cicatrice qui correspond plus à un processus postopératoire physiologique. 12. Antécédent de spinolaminectomie En cas d'antécédent de spinolaminectomie pour canal lombaire rétréci : n préciser les niveaux opérés, la qualité de la décompression du sac dural et la présence ou non de rétrécissements aux étages non opérés ; n s'il y a eu une arthrodèse postérieure, préciser s'il existe une fusion osseuse correcte ou, à l'inverse, des signes de pseudarthrodèse ; n rechercher une fracture de contrainte des articulations postérieures restantes. Points d'interprétation 139 Arthrose interapophysaire postérieure lombaire. Remaniements dégénératifs des massifs articulaires postérieurs associant des anomalies osseuses (sclérose en hyposignal T1 et T2 ou œdème en hypersignal T2 et hyposignal T1, géodes de signal liquidien, érosions irrégulières des berges articulaires), des pincements des interlignes, des ostéophytes et des anomalies des parties molles (épanchement articulaire, épaississement des ligaments jaunes). Ces anomalies sont visibles sur les coupes sagittales et axiales. Elles participent au rétrécissement du canal central. Canal lombaire central étroit. La sténose constitutionnelle du canal lombaire est définie par la présence d'un diamètre antéropostérieur du canal inférieur à 12 mm sur une mesure effectuée à hauteur des pédicules (segment rachidien fixe constitué de l'anneau osseux corporéo-pédiculaire). Cette mesure doit être faite à chaque étage soit sur une coupe axiale, soit sur une coupe sagittale (distance entre la corticale postérieure du corps vertébral et la corticale antérieure de l'apophyse épineuse). Il est préférable de la faire sur une pondération T1. L’étroitesse canalaire constitutionnelle n'est pas vraiment pathologique en elle-même, mais correspond plutôt à un canal intolérant qui entraînera plus vite des symptômes en cas de hernie discale ou de rétrécissement surajouté. 140 Lomboradiculalgies Canal lombaire central rétréci. Diminution de calibre du sac dural à hauteur d'un ou plusieurs segments rachidiens mobiles disco-articulaires secondaire à des lésions dégénératives discales et articulaires postérieures. Ces sténoses acquises sont bien visibles sur les coupes sagittales T2 et se quantifient sur les coupes axiales en comparant la surface du sac dural à hauteur du rétrécissement avec sa surface à l'étage fixe corporéo-pédiculaire. Le rétrécissement est jugé significatif si la réduction de surface est supérieure à 66 %. L'IRM étant réalisée en décubitus, elle a tendance à sous-estimer ces sténoses qui sont souvent plus prononcées en position debout. Cicatrice épidurale postopératoire. Tissu en hyposignal T1 et hypo- ou isosignal T2 effaçant la graisse épidurale sur le trajet opératoire au contact du sac dural, en arrière du disque opéré et autour de la racine nerveuse. Il n'existe habituellement pas d'effet de masse sur le sac dural et la racine. On peut au contraire observer parfois un aspect rétractile avec une attraction du sac et de la racine. La prise de contraste globale de la cicatrice après injection permet de la différencier d'une récidive herniaire. L'étude de la prise de contraste est particulièrement importante dans les rares cas où la cicatrice est hypertrophique et entraîne un effet de masse sur le sac et la racine. Points d'interprétation 141 Cicatrice intradurale (arachnoïdite fibreuse postopératoire). Présence d'une anomalie de répartition des racines nerveuses au sein du sac dural pouvant prendre plusieurs aspects. Les racines peuvent être agglutinées en un ou plusieurs gros cordons au centre du sac ou au contraire accolées à la périphérie du sac dural réalisant alors un aspect de sac vide. Après injection, on peut observer une prise de contraste des racines concernées. Plus rarement, les racines peuvent se regrouper en un agglomérat pseudotumoral. Le diagnostic se fait alors sur l'anamnèse (antécédent de chirurgie ou d'injection intradurale) et sur l'absence de visualisation des racines normales dans le sac. Conflit discoradiculaire. Compression d'une racine nerveuse par une hernie discale se traduisant par un contact entre la hernie et la racine associée à une déformation et/ou un refoulement de la racine. Le conflit peut siéger à l'émergence de la racine du sac dural en cas de hernie paramédiane ou bien au niveau de son segment foraminal en cas de hernie foraminale migrée à la partie haute du foramen. Un simple contact entre la racine et la hernie, sans anomalie radiculaire associée, est insuffisant pour parler de conflit. 142 Lomboradiculalgies Hernie discale foraminale. Saillie discale focale latérale localisée au foramen intervertébral. Ces hernies n'entraînent de conflit discoradiculaire que lorsqu'elles sont migrées vers le haut au sein du foramen. Elles se traduisent alors par un comblement du foramen avec un effacement de la graisse périradiculaire bien visible sur les coupes axiales situées juste sous les pédicules et sur les coupes sagittales paramédianes passant par les foramens. Les foramens peuvent beaucoup plus rarement être comblés par des kystes (périradiculaires ou articulaires postérieurs) et des tumeurs nerveuses ou par l'extension d'une tumeur osseuse ou des parties molles. On peut s'aider d'une injection de produit de contraste en cas de doute. Hernie discale migrée. Hernie discale dont la partie la plus saillante est décalée vers le haut (migration crâniale) ou vers le bas (migration caudale) par rapport au plan du disque intervertébral. La migration de la hernie se voit et se mesure sur les coupes sagittales. Elle ne dépasse pas en règle générale le plan passant par la mi-hauteur des pédicules vertébraux ce qui permet de déterminer le disque d'origine. En cas d'exclusion du fragment herniaire migré, celui-ci peut ne plus apparaître en continuité avec le disque d'origine. Il se présente alors comme une tuméfaction épidurale rétrocorporéale latéralisée. Points d'interprétation 143 Kyste articulaire postérieur. Diverticule synovial d'une articulation interapophysaire postérieure se traduisant par une tuméfaction arrondie développée à la partie postérolatérale du canal rachidien en regard de l'interligne articulaire postérieur. Le signal est habituellement liquidien mais peut varier en fonction du contenu du kyste (hyposignal T2 et/ou hypersignal T1 possibles si le contenu est hémorragique). Après injection, on peut noter une prise de contraste de la paroi du kyste. Il existe toujours une arthrose postérieure associée avec très souvent un épanchement intra-articulaire. Lorsque le kyste est volumineux, son rapport étroit avec une articulation arthrosique et le refoulement latéral plutôt qu'antérieur du sac dural sont des éléments importants du diagnostic différentiel avec une hernie discale. Lyse isthmique. Fracture de stress, visible essentiellement sur les coupes sagittales, se traduisant par une interruption de la continuité de l'isthme vertébral postérieur en hyposignal T1 et T2. La lyse touche dans 75 % des cas la vertèbre L5 et est le plus souvent bilatérale. Elle peut entraîner un spondylolisthésis avec des rétrécissements foraminaux fréquents. Le canal central peut être le siège d'un rétrécissement latéral mais apparaît au contraire élargi dans le sens antéropostérieur. Sur les coupes axiales, la lyse isthmique est plus difficile à reconnaître et est facilement confondue avec les interlignes articulaires postérieurs situés de part et d'autre. 144 Lomboradiculalgies Récidive herniaire postopératoire. Après la cure chirurgicale d'une hernie discale, une nouvelle hernie récidivant au même endroit peut être difficile à différencier de la cicatrice épidurale postopératoire qui apparaît souvent en isosignal T1 et T2 avec elle. On peut distinguer la hernie discale de la cicatrice par son caractère nodulaire et par la présence d'un effet de masse sur le sac dural et la racine nerveuse qui sont déformés et/ou refoulés. L'injection de produit de contraste est utile en montrant une prise de contraste uniquement périphérique sans rehaussement central en cas de hernie. Si la hernie est exclue, la prise de contraste périphérique peut être circonférentielle. Saillie discale circonférentielle. Débord discal circonférentiel sans saillie discale focale, les limites du disque intervertébral dépassant le bord postérieur du corps vertébral. Sur les coupes axiales, une saillie discale circonférentielle se traduit par un aspect convexe du bord postérieur du disque intervertébral qui, à l'état normal, doit être concave vers l'arrière. La saillie discale circonférentielle participe au rétrécissement du canal central. À l'étage L5-S1, le disque est convexe en arrière de façon physio­ logique. Il ne faut décrire une saillie discale circonférentielle à cet étage qu'en cas de débord discal franc. Points d'interprétation 145 Saillie discale focale. Terme synonyme de celui de hernie discale correspondant à un débord discal focal déformant le contour du disque intervertébral. La saillie est dans la grande majorité des cas paramédiane. Elle peut être aussi médiane ou latérale (foraminale ou extraforaminale). Le terme de hernie discale est péjoratif et synonyme de maladie pour la plupart des patients alors qu'il existe des hernies asymptomatiques ne nécessitant pas de traitement spécifique. Pour cette raison, certains auteurs préconisent l'utilisation du terme plus neutre de saillie discale focale. Spondylolisthésis arthrosique. Anomalie de la statique rachidienne se traduisant par une translation vers l'avant d'une vertèbre par rapport à la vertèbre sous-jacente secondaire à une arthrose interapophysaire postérieure. Le glissement reste modéré, toujours inférieur au tiers du diamètre antéropostérieur des corps vertébraux, mais participe au rétrécissement du canal central. Il touche plus fréquemment les étages L4-L5 et L3-L4 et presque jamais l'étage L5-S1. Dans certains cas, le glissement est asymétrique. On parle alors de spondylolisthésis rotatoire. Cela se traduit sur les coupes axiales par la découverture (subluxation antérieure) unilatérale de l'articulaire postérieure du côté du glissement. 146 Lomboradiculalgies STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? Le bilan d'imagerie d'une lomboradiculalgie dépend essentiellement de la présentation clinique. En cas de suspicion de radiculalgie symptomatique secondaire à une infection ou une lésion tumorale l'IRM est l'examen de référence et doit être réalisée en urgence. Dans le cas contraire, si la présentation clinique est typique d'une lomboradiculalgie commune d'origine discale (douleur monoradiculaire de survenue brutale, impulsive à la toux, associée à une lombalgie, à un Lasègue…) et qu'il n'y a ni déficit moteur franc ni syndrome de la queue-de-cheval, il n'y a pas lieu de faire la moindre imagerie avant quatre semaines. Passé ce délai, une imagerie en coupe peut être réalisée pour guider un traitement local (infiltration foraminale, discectomie chirurgicale ou percutanée) en cas d'échec du traitement médical. Dans cette indication, le scanner visualise bien les hernies discales et les rétrécissements canalaires. Il est donc habituellement suffisant pour le bilan préopératoire d'une sciatique d'origine discale. L'IRM quant à elle peut être utilisée soit en première intention soit si le scanner ne permet pas d'expliquer les symptômes. Les radiographies standard gardent un intérêt pour l'étude de la statique et de la dynamique rachidienne. L'IRM et le scanner étant réalisés en décubitus, ils peuvent sous-estimer un rétrécissement canalaire ou un conflit discoradiculaire. La saccoradiculographie est à ce titre encore indiquée dans le bilan préopératoire des rétrécissements canalaires centraux pour décider du nombre d'étages à opérer et lorsqu'il existe une discordance radioclinique faisant suspecter un conflit radiculaire dynamique non visible sur les examens réalisés en décubitus. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? Le bilan de base comporte des séquences sagittales T1 et T2 et axiales T2 dans le plan des trois ou quatre derniers disques (quatre étages en cas de cruralgie). Le champ d'exploration doit couvrir le rachis lombosacré et les dernières vertèbres dorsales afin de visualiser le cône médullaire terminal. Ce bilan de trois séquences est suffisant dans la grande majorité des cas. Certains rajoutent une séquence frontale STIR avec un grand champ de vue permettant de compléter l'étude en visualisant les régions paravertébrales, les articulations sacro-iliaques voire les articulations coxofémorales. Cette séquence supplémentaire est surtout intéressante à faire quand le bilan de base n'a pas montré d'anomalie susceptible d'expliquer la clinique. L'injection n'est a priori pas nécessaire. Elle n'est utile que dans certains cas particuliers : Stratégie diagnostique 147 suspicion clinique de radiculalgie symptomatique (contexte tumoral ou infectieux) ou découverte d'anomalies suspectes sur les premières séquences ; n radiculalgie postopératoire : dans ce contexte il faut réaliser des coupes axiales T1 centrées sur le disque opéré avant et après injection de gadolinium. n COMMENT INTERPRÉTER ? La première étape de l'interprétation est d'éliminer une radiculalgie symptomatique secondaire à une pathologie infectieuse ou tumorale. Il faut donc commencer par analyser attentivement les structures osseuses, les parties molles périvertébrales, le contenu du canal rachidien et les foramens intervertébraux. La séquence T1 est particulièrement utile pour détecter les lésions osseuses et foraminales alors que le canal et les parties molles sont mieux étudiés par la séquence pondérée T2. La séquence T1 après injection est quant à elle très supérieure aux autres pour détecter des anomalies le long des racines de la queue-de-cheval et autour du cordon médullaire (méningite tuberculeuse ou carcinomatose méningée en particulier). Dans un deuxième temps, il faut rechercher et signaler d'éventuelles anomalies constitutionnelles : anomalie transitionnelle, canal étroit, moelle attachée basse. Ce n'est qu'après ces deux temps préliminaires que l'analyse des disques intervertébraux peut commencer. Cette étude discale doit se faire étage par étage. On peut distinguer schématiquement deux types d'anomalies qui peuvent se présenter isolément ou conjointement : les hernies discales sources de conflits discoradiculaires et les lésions dégénératives discales et articulaires postérieures plus volontiers sources de rétrécissements du canal central et/ou des foramens (conflits ostéoradiculaires). S'il existe une hernie discale, il faut préciser son niveau, sa topographie transversale, la présence ou non d'une migration (la mesurer s'il y en a une), son volume relatif dans le canal et indiquer si elle est responsable d'un conflit discoradiculaire. Le caractère exclu ou non de la hernie et sa situation par rapport au ligament commun vertébral postérieur sont des éléments plus difficiles à préciser en imagerie mais heureusement d'une importance clinique en réalité assez faible. Pour les lésions dégénératives discales, il faut préciser les niveaux touchés et donner une idée de leur gravité en signalant en particulier d'éventuelles plages d'œdèmes osseux intrasomatiques (Modic 1) qui sont plus volontiers corrélées aux lombalgies. Les lésions d'arthrose postérieure étant fréquentes il faut surtout insister sur celles qui sont franches et indiscutables en précisant les niveaux et les côtés touchés. Ces informations topographiques seront particulièrement utiles pour guider d'éventuelles infiltrations articulaires postérieures. Il faut également rechercher des anomalies associées et en particulier 148 Lomboradiculalgies des kystes articulaires postérieurs et des spondylolisthésis dégénératifs qui vont concourir au rétrécissement du canal rachidien. Le retentissement des anomalies discales et articulaires postérieures sur le canal central (coupes axiales) et les foramens (coupes sagittales) doit être évalué à chaque étage. S'il existe un rétrécissement canalaire central, il faut préciser s'il est significatif ou non (réduction de la surface du sac dural supérieure à 66 % par rapport à l'étage pédiculaire). Si l'examen est normal ou montre des anomalies qui n'expliquent pas les symptômes, il faut savoir le compléter par une séquence coronale STIR qui permettra de rechercher une pathologie extrarachidienne à l'origine de douleurs pseudoradiculaires. On recherchera en particulier des lésions sacro-iliaques ou coxofémorales responsables respectivement de douleurs fessières et de cruralgies. Dans un contexte postopératoire récent, l'imagerie est réalisée essentiellement à la recherche d'une complication chirurgicale. En postopératoire immédiat, le but est d'éliminer un hématome comprimant le sac dural et nécessitant une reprise en urgence. Il faut donc surtout rechercher une déformation du sac dural. En cas de suspicion d'infection postopératoire, il faut rechercher une collection dans les parties molles postérieures au niveau de la zone de spinolaminectomie ou des signes de spondylodiscite au niveau du disque opéré, en sachant qu'il y a souvent des anomalies de signal discales voire somatiques sur le trajet du curetage chirurgical en dehors de toute infection. Ce qui doit être considéré comme suspect c'est l'extension des anomalies de signal vers l'avant du disque et des corps vertébraux et la présence d'une tuméfaction des parties molles périvertébrales. À distance de la chirurgie, le problème est de distinguer la cicatrice postopératoire d'une récidive herniaire. Pour cela, il faut s'aider bien sûr de l'aspect de la prise de contraste après injection de gadolinium (cicatrice se rehaussant de façon globale et homogène, hernie ne se rehaussant qu'en périphérie), mais aussi de critères morphologiques : la cicatrice, à l'inverse de la hernie, ne s'accompagne habituellement pas d'effet de masse, elle peut même au contraire être rétractile et attirer le sac dural et la racine. COMPTE RENDU Le compte rendu doit énumérer rapidement les points négatifs permettant d'exclure une radiculalgie symptomatique. Il doit ensuite décrire les anomalies discosomatiques et articulaires postérieures étage par étage en précisant s'il y a lieu la présence de conflits disco- ou ostéoradiculaires. Les rétrécissements du canal central doivent être chiffrés en pourcentage. La conclusion doit insister sur les lésions significatives et énumérer le ou les différents conflits radiculaires en donnant leurs topographies et leurs étiologies. Il peut être utile de préciser s'il existe une concordance ou une discordance radioclinique. C HA P IT R E 10 Tassement vertébral non traumatique OBJECTIFS Préciser la nature ostéoporotique ou tumorale du ou des tassements et évaluer leur retentissement sur les structures nerveuses. TECHNIQUE Séquences sagittales T1, STIR (ou T2 avec saturation du signal de la graisse) et T1 après injection de gadolinium. Coupes axiales T2 fat sat ou T1 fat sat gadolinium. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 150 Tassement vertébral non traumatique POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Moelle osseuse Analyser le signal de la moelle osseuse des vertèbres non tassées sur la pon­ dération T1 et rechercher en particulier un remplacement médullaire diffus ou bien des lésions focales de remplacement médullaire en faveur de métas­ tases ou d'un myélome. Les lésions osseuses diffuses sont difficiles à voir sur les séquences qui annulent le signal de la graisse (STIR, T2 fat sat). L'analyse du T1 est indispensable. 2. Tassement ostéoporotique ancien Chercher des tassements ostéoporotiques anciens présentant un signal normal sur les différentes pondérations et orientant vers une origine ostéo­ porotique du tassement récent. Il ne s'agit que d'un argument indirect ne permettant évidemment pas d'exclure un tassement malin. 3. Tassement récent Décrire le tassement récent qui s'accompagne d'anomalies de signal sur les différentes pondérations. Préciser sa topographie, sa morphologie (cunéi­ forme, concave, biconcave) et donner une évaluation en pourcentage de la perte de hauteur du corps vertébral. Préciser également son caractère symé­ trique ou asymétrique dans le plan frontal. Un tassement asymétrique doit être considéré comme suspect. 4. Corps vertébral Analyser le signal du corps vertébral tassé en T1 et préciser en particulier s'il existe un hyposignal en bande, en faveur d'un tassement ostéoporotique, ou un hyposignal global, en faveur d'un tassement pathologique. L'hyposignal global en T1 n'est pas un excellent signe de malignité. Il peut être présent dans les tassements ostéoporotiques lorsqu'ils sont prononcés. Points d'interprétation 151 5. Traits de fracture Chercher des traits de fracture sous les plateaux vertébraux ou un gaz intra­ somatique, en faveur de la bénignité. Le gaz intrasomatique peut apparaître paradoxalement sous la forme d'un hypersignal liquidien en T2 (fente vertébrale remplie de liquide). 6. Arc postérieur Analyser le signal de l'arc postérieur de la vertèbre tassée. Il ne doit pas y avoir d'anomalie de signal de l'arc postérieur dans un tassement ostéoporotique. On tolère cependant une extension des ano­ malies de signal à la partie antérieure des pédicules. Il existe par ailleurs de rares cas de fractures associées de l'épineuse de la vertèbre tassée ou de la vertèbre sus-jacente. 7. Ostéolyse corticale Chercher une ostéolyse corticale témoignant d'un processus malin. 8. Mur postérieur Analyser le mur postérieur de la vertèbre tassée et préciser s'il est rectiligne ou légèrement concave vers l'arrière (aspect normal), s'il bombe vers l'arrière (aspect suspect en faveur de la malignité) ou bien s'il existe un recul d'un coin vertébral (aspect en faveur de la bénignité). 9. Masse des parties molles Chercher une masse des parties molles, mesurer son épaisseur et préciser son caractère focal ou circonférentiel. 10. Extension intracanalaire rachidienne Chercher une extension intracanalaire rachidienne et évaluer son retentisse­ ment sur le contenu du sac dural (cordon médullaire ou queue-de-cheval en fonction de l'étage). 152 Tassement vertébral non traumatique Bombement du mur vertébral postérieur. Le mur vertébral postérieur est normalement légèrement concave vers l'arrière. Un bombement du mur vertébral postérieur correspond à la perte de cette concavité normale et à son remplacement par une convexité postérieure. Il s'agit d'un argument très fort en faveur de l'origine maligne du tassement. Certains tassements ostéoporotiques ou traumatiques avec fracture du mur postérieur peuvent s'accompagner de l'expulsion d'un fragment osseux dans le canal réalisant un aspect faussement suspect de bombe­ ment du mur postérieur. En cas de doute, un scanner complémentaire peut être très utile en montrant le caractère osseux du recul du mur postérieur. Épaississement focal des parties molles périvertébrales. Masse de signal tissulaire présente au contact du corps vertébral tassé, le plus souvent en regard d'une plage d'ostéolyse vertébrale. Cette masse, qui traduit le caractère malin du tassement, peut également être développée dans le canal vertébral. Dans les tassements ostéoporotiques récents, il peut exister un épais­ sissement des parties molles périvertébrales. Cet épaississement est cependant circonférentiel et garde une épaisseur infracentimétrique. Points d'interprétation 153 Gaz intrasomatique. Présence au sein du corps vertébral tassé d'une zone en asignal sur toutes les pondérations, ne prenant pas le contraste après injection de gadolinium. Ce gaz est un excellent signe en faveur de la bénignité du tassement. En décubitus prolongé, le gaz intrasomatique est progressivement remplacé par du liquide. Il se présente alors comme une plage liquidienne en hypersignal T2 franc et hyposignal T1 sans prise de contraste après injection de gadolinium. Hyposignal T1 en bande sous-chondrale au niveau d'un corps vertébral tassé. Plage d'hyposignal T1 longeant le plateau vertébral tassé sans interposition de moelle osseuse normale, plus large que haute, et respectant le plateau vertébral opposé du même corps vertébral. Cette anomalie de signal en bande horizontale est un argument fort en faveur de la bénignité. De façon plus générale, c'est le fait que l'anomalie de signal ne touche pas l'ensemble du corps vertébral qui est rassurant. 154 Tassement vertébral non traumatique Signe du coin vertébral postérieur dans les tassements vertébraux. Présence d'un recul du coin vertébral postérosupérieur, ou plus rarement postéroinférieur, de la vertèbre tassée qui vient saillir dans le canal vertébral. Le mur postérieur présente une concavité renforcée et une petite perte de hauteur. Ce signe correspond à une fracture-tassement ostéoporotique compliquée d'un trait de refend sur le mur postérieur isolant un coin vertébral qui est basculé vers l'arrière dans le canal. Il est faux de penser qu'il n'existe pas d'atteinte du mur postérieur dans les tassements bénins. Ce recul peut même parfois être responsable d'une compression médullaire ou de la queue-de-cheval. Tassement vertébral. Diminution anormale de la hauteur d'un corps vertébral. Le tassement peut prédominer à la partie antérieure du corps vertébral (tassement cunéiforme) ou à sa partie moyenne (tassement concave ou biconcave). Il peut aussi être global (vertèbre en galette). L'importance de la perte de hauteur n'est pas un bon argument pour la caractérisation bénin-malin. En revanche, le caractère asymétrique du tassement dans le plan frontal est en faveur de la malignité. Stratégie diagnostique 155 STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? Les radiographies standard sont l'examen de première intention dans le cadre de l'exploration d'un tassement vertébral. Elles permettent de faire le diagnostic de tassement et sont souvent suffisantes. En effet, en l'absence d'arrière-­pensée clinique ou biologique et s'il n'est pas envisagé de faire de vertébroplastie, il n'est pas nécessaire de réaliser d'autre examen d'imagerie si les clichés standard montrent un tassement vertébral typiquement bénin. Les éléments qui doivent inquiéter sur les radiographies sont l'asymétrie du tassement de face, le carac­ tère unique du tassement, sa localisation au-dessus de T7 et surtout la présence de l'effacement d'une corticale osseuse. L'IRM est réalisée : n au moindre doute clinique ou biologique sur la nature du tassement (antécédent de cancer, amaigrissement récent, syndrome inflammatoire, pic monoclonal d'immunoglobuline…) ; n en cas d'atypie radiologique ; n en cas de symptomatologie neurologique ; n si une vertébroplastie est envisagée. Le scanner est souvent utile en complément de l'IRM. Il permet surtout une meilleure analyse des corticales osseuses et peut donc montrer si le « puzzle » vertébral est complet (tassement bénin) ou s'il manque des pièces (tasse­ ment malin). Il est également plus sensible pour la mise en évidence d'un gaz intrasomatique en faveur de la bénignité. La scintigraphie est surtout utile pour rechercher d'autres points d'hyper­ fixation osseuse si on suspecte un tassement métastatique. L'hyperfixation de la vertèbre tassée est quant à elle non discriminante. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? Il faut une étude dorsolombaire en coupes sagittales incluant la ou les ver­ tèbres tassées avec un champ de vue étendu de l'ordre de 45 à 50 cm per­ mettant l'analyse d'un grand segment rachidien. La séquence pondérée T1 est indispensable. Pour la séquence T2 il faut utiliser une séquence effaçant le signal de la graisse sensible aux anomalies de signal osseuses (T2 avec saturation de la graisse ou STIR, en fonction de la machine que l'on utilise). On peut compléter cette séquence par des coupes plus fines (3 mm) en écho de spin rapide T2 si on veut étudier plus spécifiquement le retentissement sur le cordon médullaire. L'injection de gadolinium peut être en théorie évitée si les premières séquences montrent un aspect typique de tassement bénin. En pratique, l'injection est réalisée quasiment systématiquement. 156 Tassement vertébral non traumatique Les coupes axiales centrées sur la vertèbre tassée sont indispensables. Elles sont réalisées habituellement en T1 fat sat après injection de gadolinium. Elles permettent à la fois l'étude des parties molles périvertébrales et l'ana­ lyse du canal vertébral et de son contenu. D'autres séquences ont été décrites pour aider à la caractérisation des tas­ sements vertébraux. En particulier de nombreux articles ont étudié la séquence de diffusion et ont montré une diminution significative du coeffi­ cient apparent de diffusion (ADC) dans les tassements malins. Il semble exis­ ter cependant un chevauchement non négligeable des valeurs d'ADC entre tassement malin et tassement bénin. En pratique, cette séquence reste peu ou pas employée. COMMENT INTERPRÉTER ? Avant de focaliser son attention sur la ou les vertèbres tassées il faut regar­ der le reste du rachis à la recherche de lésions de remplacement médullaire évocatrices de lésions secondaires ou de nodules de myélome. On recherche également des tassements anciens de signal graisseux dont la présence sera à l'inverse en faveur d'une origine ostéoporotique du tassement récent. Après avoir fait cette étude globale du rachis il faut rechercher sur la vertèbre tassée des arguments en faveur de la bénignité ou de la malignité. Les argu­ ments formels en faveur de la nature maligne du tassement sont : n une ostéolyse corticale (« puzzle » osseux incomplet) ; n un remplacement médullaire osseux focal sur l'arc postérieur de la vertèbre ; n une masse paravertébrale focale épaisse (supérieure à 1 cm) ou une masse intracanalaire ou foraminale. Le bombement du mur postérieur est un argument fort en faveur de la mali­ gnité. Il n'est cependant pas pathognomonique et peut parfois être visible dans certains tassements bénins lorsqu'il existe un gros fragment osseux déplacé dans le canal. Le scanner est alors très utile pour différencier un bombement tissulaire d'un bombement osseux. Par ailleurs, en dehors de ces critères morphologiques, on peut tenir compte du fait que le caractère unique du tassement et sa topographie au-dessus de T7 sont des éléments suspects. Les arguments en faveur de la bénignité sont : n le recul d'un coin postérieur de la vertèbre ; n une anomalie de signal en bande horizontale le long du plateau tassé ; n la visibilité d'un ou de plusieurs traits de fracture ; n une fente intracorporéale remplie de gaz ou de liquide ; n un épaississement circonférentiel infracentimétrique des parties molles périvertébrales. Stratégie diagnostique 157 À l'issue de cette analyse, on a acquis une certitude sur la nature du tasse­ ment dans l'immense majorité des cas. Il ne reste qu'à décrire le retentisse­ ment du tassement sur le canal rachidien et son contenu. COMPTE RENDU Le corps du compte rendu doit comprendre la description du tassement, de son retentissement et des différents signes en faveur de la bénignité ou de la malignité. Dans la conclusion, il faut poser autant que possible un dia­ gnostic de nature et repréciser le retentissement. En cas de doute, il faut pro­ poser une attitude pratique qui peut être de compléter par un scanner pour emporter la conviction dans un sens ou dans l'autre, ou bien de contrôler à court terme (conviction personnelle de la bénignité mais présence d'aty­ pies). Si on ne peut pas attendre et que le scanner n'apporte pas d'argument supplémentaire, il faut envisager la réalisation d'une biopsie vertébrale. C HA P IT R E 11 Métastases et myélome OBJECTIFS Rechercher des métastases d'une tumeur primitive connue ou des lésions de myélome et évaluer leur retentissement sur les structures nerveuses. TECHNIQUE Séquences sagittales T1 et STIR (ou T2 avec saturation du signal de la graisse) explorant tout le rachis. Injection de gadolinium non systématique en l'absence de signe neurologique pouvant faire suspecter une atteinte médullaire ou radiculaire. Coupes axiales T2 ou T1 gadolinium complémentaires en cas de lésion visible sur les séquences sagittales. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 160 Métastases et myélome POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Analyser le signal global de la moelle osseuse sur la pondération T1 et rechercher en particulier un remplacement diffus de celle-ci Les lésions osseuses diffuses sont difficiles à voir sur les séquences qui annulent le signal de la graisse (STIR, T2 fat sat). L'analyse du T1 est indispensable. 2. Rechercher des lésions focales de remplacement médullaire et rechercher une ostéolyse corticale adjacente à ces lésions Ces lésions focales sont de tailles très variables et peuvent être confluentes. Dans le myélome, lorsqu'elles sont nombreuses et réparties sur tout le rachis elles réalisent un aspect d'infiltration poivre et sel en pondération T1. 3. Rechercher des tassements vertébraux et évaluer leur ancienneté et leur caractère tumoral ou mécanique Dans le myélome on peut observer des tassements malins mais aussi des tassements d'allure mécanique, sans lésion tumorale sous-jacente décelable, liés à une insuffisance osseuse secondaire au myélome luimême ou au traitement. 4. Rechercher une extension intracanalaire rachidienne et évaluer son retentissement sur le contenu du sac dural (cordon médullaire ou queue-de-cheval en fonction de l'étage) 5. Rechercher une extension foraminale et évaluer son retentissement radiculaire Les coupes sagittales doivent couvrir suffisamment le rachis pour explorer complètement les foramens des deux côtés. Points d'interprétation 161 6. Rechercher des métastases intradurales (intramédullaires ou leptoméningées) Il n'y a pas que les métastases osseuses. Les lésions médullaires et méningées sont plus difficiles à voir et leur recherche justifie donc l'injection de gadolinium en cas de signe clinique neurologique, même s'il n'existe pas de lésion visible en T1, T2 ou STIR. 7. Rechercher des lésions extrarachidiennes (adénopathies rétropéritonéales, métastases musculaires) L'analyse du rétropéritoine est souvent négligée à tort. Signal normal de la moelle osseuse rachidienne. La moelle osseuse est composée en proportions variables de la moelle osseuse hématopoïétique, dite moelle rouge, et de la moelle jaune. La moelle rouge a un signal intermédiaire en pondération T1, inférieur au signal graisseux de la moelle jaune, et supérieur à celui des disques intervertébraux et des muscles. Elle présente un rehaussement nul ou faible après injection de gadolinium. La conversion physiologique de la moelle rouge en moelle jaune au cours de la vie est responsable d'une évolution graisseuse progressive du signal du rachis avec l'âge. 162 Métastases et myélome Distribution normale de la moelle osseuse hématopoïétique. La conversion médullaire physiologique a une distribution hétérogène responsable d'hétérogénéités du signal rachidien particulièrement visibles en pondération T1 et potentiellement sources de difficultés diagnostiques. Le remplacement graisseux prédomine souvent au début autour des vaisseaux, en particulier à la partie postérieure du corps vertébral, mais il existe de grandes variations d'un individu à l'autre. Chez un même individu, la distribution de la moelle jaune et de la moelle rouge est en revanche très similaire dans les différentes vertèbres : la comparaison des vertèbres entre elles peut être très utile en cas de doute sur la présence d'une lésion focale. Déplétion médullaire. Augmentation marquée du signal de la moelle osseuse sur les séquences pondérées T1 en raison d'une augmentation de la quantité de tissu adipeux (moelle jaune) par rapport à la moelle rouge. Cette déplétion peut être focale (hémangiomes vertébraux, cicatrisations de lésions infectieuses, traumatiques ou néoplasiques, Modic 2), diffuse (aplasie médullaire) ou en champ après une radiothérapie. L'hémangiome vertébral a souvent une composante angiomateuse responsable d'un hypersignal en pondération T2 et d'un rehaussement après injection de gadolinium : seul l'hypersignal sur la pondération T1 permet alors de le différencier d'une lésion maligne. Points d'interprétation 163 Reconversion médullaire. Présence de moelle rouge en situation et en quantité anormales pour l'âge se traduisant sur le rachis par un aspect d'infiltration médullaire diffuse : l'ensemble de la moelle osseuse des corps vertébraux présente un signal bas en T1 qui reste cependant supérieur à celui des disques intervertébraux et des muscles. Cette reconversion peut être liée à une hyperplasie médullaire bénigne (fumeurs, marathoniens, obèses) ou à diverses causes d'augmentation de l'hématopoïèse (sortie d'aplasie, anémie sévère, altitude, traitement par érythropoïétine…). Dans certains cas, la moelle rouge reconvertie présente un signal très bas en T1, inférieur au signal des disques et le diagnostic différentiel avec un processus pathologique est impossible. Remplacement médullaire diffus du rachis. L'ensemble de la moelle osseuse des corps vertébraux présente un signal bas en T1, inférieur à celui des disques intervertébraux (inversion du gradient discosomatique en T1). 164 Métastases et myélome Le remplacement médullaire diffus peut également se voir en cas d'hémo­pathie et dans certaines affections métaboliques. Il peut être parfois difficile à différencier d'une infiltration médullaire, moins spécifique, qui aura un aspect plus hétérogène avec des plages graisseuses persistantes. Remplacement médullaire focal de type nodulaire. Anomalie de signal de forme arrondie qui n'intéresse qu'une partie du corps vertébral ou de l'arc postérieur de la vertèbre visible dans la majorité des cas en T1 par un signal inférieur à celui des disques intervertébraux. Parfois, en particulier en cas d'infiltration médullaire osseuse et chez les sujets jeunes, ces lésions peuvent cependant être masquées en T1 et visibles seulement en hypersignal relatif en STIR ou T2 fat sat. Il ne faut pas négliger l'analyse des arcs postérieurs des vertèbres (épineuses, pédicules, lames, apophyses transverses). Hyposignal T2 de la moelle osseuse. Diminution anormale du signal de la moelle osseuse sur les séquences pondérées T2 secondaire à une infiltration par un tissu ayant un signal bas en T2 (hémochromatose, maladie de Gaucher…) et/ou un épaississement et une condensation des travées osseuses (métastases condensantes, Paget, lymphome osseux). Le signal devient inférieur à celui de la moelle osseuse normale sur la pondération fast spin écho T2. Points d'interprétation 165 Sur les séquences STIR et T2 avec saturation du signal de la graisse la différence de signal entre la moelle saine et la moelle pathologique peut être absente. On note plutôt une absence d'hypersignal des zones de remplacement médullaire visibles en T1. Extension intracanalaire rachidienne. Présence d'une masse de même signal que la lésion osseuse développée au sein du canal rachidien. Le diagnostic est aisé quand il existe une déformation du sac dural. Il est en revanche plus difficile si l'extension intracanalaire est latérale. Au moindre doute, les coupes sagittales doivent donc être complétées par des coupes axiales, surtout quand la lésion osseuse est latérale (pédicules, lames). L'injection de gadolinium est très utile pour visualiser une extension intracanalaire. Il faut cependant faire attention de ne pas confondre une prise de contraste normale des vaisseaux épiduraux avec une extension tumorale intracanalaire. Lésion osseuse lytique. La lyse osseuse se traduit par un effacement du liseré cortical au contact d'une lésion de remplacement médullaire. Cet effacement est mieux visible sur la pondération T1 où il existe un meilleur contraste naturel entre l'hyposignal cortical normal et le signal des structures adjacentes (disques, moelle osseuse, espace épidural…) que sur les pondérations STIR et T2 fat sat. 166 Métastases et myélome Les corticales osseuses ne sont pas toujours bien visibles en IRM. Pour ne pas faire de diagnostic d'ostéolyse par excès, on peut prendre les vertèbres sus- et sous-jacentes comme témoin si elles sont saines. Métastases leptoméningées. La carcinomatose méningée se traduit par des prises de contraste nodulaires de petites tailles et de topographie intradurale, visibles au contact du cordon médullaire et le long des racines de la queuede-cheval. En l'absence d'injection elles sont difficiles à voir et se traduisent surtout par un feutrage du liquide cérébrospinal (LCS) sur la pondération T1 responsable d'une dédifférenciation du LCS et du cordon médullaire. Ne pas confondre ces lésions avec les veines de drainage périmédullaires parfois visibles après injection en particulier en arrière du cône terminal. Les méningites infectieuses et en particulier la méningite tuberculeuse peuvent aussi s'accompagner d'un feutrage du LCS et de prises de contraste périmédullaires avec cependant un caractère nodulaire moins marqué. Stratégie diagnostique 167 STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? L'IRM est l'examen de référence dans les pathologies de la moelle osseuse. L'IRM rachidienne n'est cependant pas réalisée de façon systématique dans le cadre du bilan d'extension d'un myélome ou d'un cancer, même si celuici est ostéophyle (sein, prostate, poumon, thyroïde, rein). En oncologie, elle est réalisée habituellement en cas de symptomatologie rachidienne, rapidement en cas de douleurs isolées et en urgence en cas de suspicion de compression médullaire. Elle associe une excellente sensibilité, une bonne spécificité et la possibilité d'analyser tout le rachis. La scintigraphie osseuse est également sensible mais beaucoup moins spécifique et doit être complétée par des radiographies standard voire un scanner ou une IRM centrés sur les régions suspectes. Elle ne permet pas par ailleurs d'évaluer le risque sur le canal rachidien. Elle a cependant l'avantage d'explorer l'ensemble du squelette. Elle n'est pas indiquée dans le cadre du bilan d'extension du myélome. Dans le myélome, l'IRM est souvent réalisée à visée pronostique ou diagnostique dans certains cas difficiles mais elle ne fait pas partie de la classification de Salmon et Durie et ne remplace donc pas le bilan radiologique qui reste systématique bien que beaucoup moins sensible. De façon générale, le scanner est mauvais pour l'analyse des lésions de remplacement médullaire en l'absence d'atteinte corticale et pour l'évaluation d'une extension tissulaire intracanalaire. Il peut en revanche parfois être utile, en complément de l'IRM, pour la caractérisation d'une anomalie focale douteuse en raison de sa finesse d'analyse des corticales osseuses et de sa sensibilité pour la mise en évidence des lésions osseuses condensantes. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? L'exploration doit si possible couvrir l'ensemble du rachis cervico-dorso-lombaire. Dans l'idéal, on peut rajouter une séquence coronale pondérée T1 sur le bassin, utile notamment pour ne pas ignorer une lésion à risque fracturaire sur les cotyles et les extrémités supérieures des fémurs. Les IRM permettent désormais des explorations corps entier dans des temps raisonnables. Ces études, comportant habituellement une pondération de diffusion, sont sensibles mais moins précises, et sont surtout utiles dans un rôle de détection des lésions. Elles doivent parfois être complétées par des séquences plus traditionnelles, en particulier en cas de suspicion d'extension intracanalaire. La pondération T1 est indispensable pour détecter des anomalies diffuses de la moelle osseuse et aider à la caractérisation des anomalies de signal 168 Métastases et myélome focales. Les séquences STIR ou T2 avec saturation du signal de la graisse ont en revanche une meilleure sensibilité pour détecter les lésions focales. Le choix entre STIR et T2 fat sat dépend de la machine et en particulier de la qualité de la saturation de la graisse, le STIR étant préférable en cas d'hétéro­ généité de celle-ci. L'injection de gadolinium n'est pas indispensable s'il n'y a pas de signe neuro­logique et que les deux premières séquences sont normales. Les coupes sagittales doivent couvrir les foramens et les régions paravertébrales. Les coupes axiales sont très utiles pour faire le diagnostic d'extension intracanalaire et pour évaluer le retentissement sur les structures nerveuses. COMMENT INTERPRÉTER ? La première étape de l'interprétation est de déterminer la présence ou l'absence de lésions tumorales focales ou diffuses. Pour cela il faut analyser le signal de la moelle osseuse en confrontant le T1 et le T2 fat sat. Les anomalies diffuses de la moelle osseuse sont visibles sur la pondération T1 où le signal vertébral est normalement plus intense que celui des disques intervertébraux. Devant un hyposignal T1 diffus du rachis, il faut cependant se méfier d'une éventuelle reconversion médullaire secondaire au traitement (moelle régénérative après une chimiothérapie), en particulier en cas d'utilisation de facteur de croissance. En cas de doute, on peut proposer de faire un contrôle à court terme. Les séquences qui annulent le signal de la graisse (T2 fat sat, STIR, T1 fat sat gadolinium) sont très sensibles pour mettre en évidence les lésions focales. Attention cependant aux angiomes vertébraux qui peuvent être en hyper­ signal T2 et prendre le contraste comme une lésion secondaire. Seule l'analyse du T1 permet alors de faire le diagnostic en montrant un signal graisseux au sein de la lésion. Les métastases osseuses condensantes qui sont en hyposignal T1 et T2 sont également une limite de ces séquences où elles peuvent être peu ou pas visibles (il est difficile de distinguer du noir dans du noir…). Là encore, la pondération T1 est essentielle grâce au contraste spontané apporté par la graisse de la moelle jaune. Dans le cadre d'une exploration corps entier il faut utiliser la sensibilité de la diffusion pour repérer les lésions puis les confronter avec la pondération T1. S'il existe des lésions, il faut préciser les vertèbres touchées et les éléments vertébraux atteints. Il faut également analyser le retentissement des lésions et décrire les tassements vertébraux, les masses des parties molles périrachidiennes et surtout les extensions intracanalaires et foraminales. L'extension intracanalaire d'une lésion osseuse est appréciée au mieux sur les coupes axiales qui sont indispensables pour voir une déformation du sac dural voire du cordon médullaire. L'extension foraminale est plus facile à détecter sur les Stratégie diagnostique 169 coupes sagittales en pondération T1. Elle se traduit par un effacement de la graisse normalement présente autour des racines nerveuses dans les foramens. Il faut être cependant prudent et s'assurer sur le T2 qu'il ne s'agit pas d'un simple kyste périradiculaire. En cas de symptomatologie neurologique, l'injection de gadolinium est très importante, en particulier si le T1 et le T2 sont normaux ou bien si les lésions osseuses détectées n'expliquent pas les symptômes. Elle peut permettre, en effet, la mise en évidence d'une carcinomatose leptoméningée. COMPTE RENDU Le compte rendu doit donc préciser la présence ou l'absence de lésions osseuses focales ou diffuses, de tassements vertébraux, de masses para­ vertébrales et/ou intracanalaires, de compression médullaire ou radiculaire. En cas d'injection, il faut préciser la présence ou l'absence de prises de contraste intracanalaires pathologiques. La conclusion doit surtout insister sur les lésions qui ont un retentissement nerveux ou qui menacent à court terme d'en avoir un (lésions des murs vertébraux postérieurs, des pédicules et des lames). C HA P IT R E 12 Spondylodiscite OBJECTIFS Affirmer ou infirmer la présence d'une spondylodiscite infectieuse. Évaluer son retentissement sur les structures nerveuses. TECHNIQUE Séquences sagittales T1, STIR (ou T2 avec saturation du signal de la graisse) et T1 après injection de gadolinium. Coupes axiales T2 fat sat ou T1 fat sat gadolinium. En cas de volumineuse collection paravertébrale, on peut rajouter une séquence coronale STIR. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 172 Spondylodiscite POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Anomalies de signal Chercher des anomalies de signal à type d'hyposignal T1 et hypersignal T2 touchant en miroir des plateaux vertébraux de part et d'autre d'un disque intervertébral. Il s'agit d'anomalies très sensibles qui sont toujours présentes et qui doivent attirer l'attention. Elles ne sont cependant pas très spécifiques : une discopathie dégénérative avec remaniements œdémateux des plateaux vertébraux présente des anomalies de signal similaires (Modic 1). 2. Corticales des plateaux vertébraux Analyser les corticales des plateaux vertébraux en regard des anomalies de signal osseuses à la recherche d'érosions osseuses se traduisant par des effacements du liséré cortical. Ces érosions sont beaucoup plus spécifiques que les anomalies de signal isolées. Elles sont à rechercher surtout sur la pondération T1. 3. Disque intervertébral Chercher un hypersignal T2 et/ou un pincement du disque intervertébral. Les anomalies discales ne sont pas présentes au stade précoce de l'infection. Par ailleurs, le pincement discal est très peu spécifique de l'infection. 4. Gaz intersomatique Si un disque apparaît suspect, rechercher un gaz intersomatique sous la forme d'une plage en asignal T1 et T2. La présence d'un gaz intersomatique franc permet d'exclure l'infection. Le gaz est cependant difficile à voir en IRM. Il peut par ailleurs se remplir de liquide et mimer une collection discale. Points d'interprétation 173 5. Parties molles Chercher une tuméfaction dans les parties molles périvertébrales et dans l'espace épidural. Décrire sa topographie, son étendue et son éventuel caractère collecté se traduisant par une zone centrale ne prenant pas le contraste après injection. Préciser également si l'atteinte épidurale est en croissant ou bilobée en embrase de rideau. Il faut faire attention à ne pas confondre une barre ostéophytique antérieure soulevant le plan ligamentaire antérieur avec une tuméfaction pathologique. 6. Retentissement de la spondylodiscite Préciser le retentissement de la spondylodiscite sur le canal vertébral et son contenu (déformation du sac dural et du cordon médullaire, compression des racines de la queue-de-cheval) et sur les foramens. 7. Articulations interapophysaires postérieures Analyser les articulations interapophysaires postérieures à la recherche d'épanchements, d'anomalies de signal osseuses et d'érosions. L'arthrite septique des articulaires postérieures peut survenir isolément, avec un tableau clinique très proche de celui de la spondylodiscite, ou en association avec une spondylodiscite. Érosion osseuse des plateaux vertébraux. Effacement du liseré cortical d'un plateau vertébral visible à l'état normal en hyposignal T1 et T2. Cet effacement peut être présent sur les différentes pondérations mais est souvent mieux visible sur la pondération T1 après injection de gadolinium. Il s'agit d'un signe essentiel en faveur de la spondylodiscite. Au stade précoce de l'infection il faut le chercher au niveau des coins vertébraux adjacents au disque touché, en association avec une plage d'œdème. Ce n'est pas un signe pathognomonique de l'infection. Les spondyloarthropathies et les discopathies dégénératives peuvent en particulier s'accompagner d'érosions osseuses vertébrales. 174 Spondylodiscite Gaz intradiscal. Plage intersomatique en asignal sur toutes les pondérations correspondant à un vide discal en rapport avec une discopathie dégénérative évoluée. Ce signe permet d'éliminer l'infection lorsqu'il est franc. Le gaz intradiscal peut être remplacé par du liquide lors d'un décubitus prolongé. Il se présente alors sous la forme d'un hypersignal T2 liquidien qu'il ne faut pas confondre avec un abcès discal. Hypersignal T2 liquidien discal. Augmentation franche du signal du disque intervertébral qui apparaît en isosignal avec le LCS sur la pondération T2. En T1, le disque est en hyposignal et ne prend pas le contraste dans sa partie centrale après injection de gadolinium. Dans le cadre d'une infection cet hypersignal liquidien correspond à une abcédation du disque intervertébral. On peut également observer du liquide dans l'espace intersomatique dans le cadre d'une discopathie dégénérative évoluée. Le gaz intersomatique souvent visible dans les discarthroses peut en effet être remplacé par du liquide en dehors de toute infection. Stratégie diagnostique 175 Tuméfaction infectieuse des parties molles périvertébrales. Épaississement des parties molles périvertébrales habituellement circonférentiel et prédominant à hauteur du disque infecté. La tuméfaction est en hyposignal T1 et en hypersignal T2 d'intensité variable. Après injection, le rehaussement peut être diffus ou hétérogène. Une plage ne se rehaussant pas après injection traduit la présence d'une collection. Lorsqu'il existe une atteinte intracanalaire, le respect du ligament commun vertébral postérieur réalisant un aspect biconvexe en embrase de rideau de l'épidurite est en faveur d'une atteinte tuberculeuse. Une barre ostéophytique satellite d'une discarthrose soulève le plan ligamentaire antérieur et peut être confondue avec une tuméfaction infectieuse, surtout si elle présente un signal œdémateux (Modic 1). STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? L'IRM est l'examen de référence en cas de suspicion clinique de spondylodiscite. Elle est extrêmement sensible et permet d'explorer un grand segment rachidien rapidement. Les radiographies standard sont infiniment moins sensibles et peuvent rester négatives pendant les premières semaines. Leur réalisation ne doit donc pas retarder l'IRM et leur normalité ne doit pas faussement rassurer le clinicien. Le scanner peut être utile en complément de l'IRM en particulier en cas de doute entre spondylodiscite et discopathie dégénérative érosive. Il permet une analyse précise des structures osseuses (corticales des plateaux vertébraux, ostéophytes). Il est également plus sensible pour la mise en évidence d'un gaz intradiscal permettant d'exclure l'infection s'il est franc. 176 Spondylodiscite QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? Il faut une étude dorsolombaire en coupes sagittales avec un champ de vue étendu de l'ordre de 45 à 50 cm permettant l'analyse d'un grand segment rachidien. Dans le cas particulier de la suspicion d'une infection postopératoire, l'examen doit bien entendu être limité au segment rachidien concerné. La séquence pondérée T1 est indispensable. Pour la pondération T2, il faut utiliser une séquence effaçant le signal de la graisse, sensible aux anomalies de signal osseuses (T2 avec saturation de la graisse ou STIR, en fonction de la machine que l'on utilise). On peut compléter cette séquence par des coupes plus fines (3 mm) en fast SE T2 si on veut étudier plus spécifiquement le retentissement sur le cordon médullaire. Si ces premières séquences sont strictement normales, on peut éliminer l'hypothèse d'une spondylodiscite et l'injection de gadolinium n'est pas utile. S'il existe des anomalies sur les coupes sagittales, il faut réaliser des coupes axiales centrées sur le disque concerné. Elles permettent à la fois l'étude des parties molles périvertébrales et l'analyse du canal vertébral et de son contenu. Lorsqu'il existe une volumineuse collection paravertébrale, en particulier dans les infections tuberculeuses, on peut compléter l'examen par des coupes frontales qui préciseront bien l'étendue en hauteur de la collection. COMMENT INTERPRÉTER ? Les spondylodiscites sont dans l'immense majorité des cas d'origine hématogène et correspondent au stade précoce d'une ostéomyélite touchant un coin vertébral, sans anomalie discale. Au tout début de l'infection, il n'existe donc ni pincement ni anomalie de signal discale et les anomalies concernent exclusivement les coins vertébraux antérieurs ou plus rarement postérieurs. C'est donc au niveau des coins vertébraux qu'il faut rechercher en priorité des anomalies de signal osseuses (hyposignal T1, hypersignal T2) en miroir et des érosions se traduisant par un effacement des corticales osseuses. Les érosions osseuses sont un élément sémiologique déterminant, beaucoup plus spécifique que le simple œdème osseux, et doivent être recherchées avec attention. Elles sont mieux visibles en pondération T1 après injection de gadolinium (le rehaussement du signal de l'os spongieux pathologique après injection permet de mieux distinguer les plateaux vertébraux adjacents). Il faut ensuite analyser les parties molles péricorporéales et épidurales qui peuvent être soit simplement épaissies (tuméfaction soulevant le ligament commun vertébral antérieur) soit le siège d'une véritable collection liquidienne plus spécifique. À ce stade, l'aspect IRM peut être proche de celui Stratégie diagnostique 177 d'une spondylite dans le cadre d'une spondylarthropathie inflammatoire. La spondylarthrite ankylosante (SPA) a cependant une présentation clinique et biologique différente, une vitesse d'évolution beaucoup plus lente et ne s'accompagne pas d'anomalie des parties molles. À un stade plus avancé, le diagnostic est en général plus facile. Il existe des anomalies de signal osseuses en miroir plus étendues, des érosions plus volumineuses allant jusqu'à la destruction partielle des corps vertébraux, des anomalies discales et des collections paravertébrales prononcées. Il faut alors affirmer le diagnostic et surtout évaluer le retentissement sur le canal vertébral et son contenu. La seule difficulté reste parfois le diagnostic différentiel avec une discopathie dégénérative érosive (DDE) très inflammatoire (Modic 1). Dans la DDE, les érosions sont cependant de plus petite taille et entourées d'une ostéosclérose réactionnelle périphérique et il n'existe pas de collection des parties molles. Il peut y avoir en revanche un gaz intradiscal qui permet d'éliminer l'infection lorsqu'il est franc. Ce gaz n'étant pas toujours bien visible en IRM, on peut proposer en cas de doute de le rechercher sur des clichés standard de profil en hyperextension ou au scanner. Il est impossible de dire avec les seules données de l'IRM quel est le germe en cause, cependant certains signes peuvent permettre d'évoquer une origine tuberculeuse : n de volumineuses collections à parois fines fusant le long des muscles psoas-iliaques ; n des spondylites multiples et des lésions postérieures (arthrites interapophysaires postérieures et costovertébrales). Dans le cas particulier d'un examen réalisé en postopératoire d'une chirurgie discale on peut observer de façon normale un hypersignal T2 et une prise de contraste après injection sur le trajet du curetage discal et des anomalies de signal de l'os spongieux en regard. Ces remaniements postopératoires peuvent être visibles pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois. Ils doivent cependant garder une topographie postérieure et ils ne doivent pas s'accompagner d'anomalie des parties molles péricorporéales. Dans le cas contraire il faut évoquer une infection postopératoire. COMPTE RENDU Dans la rédaction du compte rendu il faut préciser la présence ou l'absence d'anomalies osseuses, discales, articulaires postérieures et des parties molles périvertébrales et intracanalaires. S'il existe une spondylodiscite, il faut préciser sa topographie, son retentissement sur le canal rachidien et son contenu et l'extension des collections des parties molles. 178 Spondylodiscite En conclusion, il faut clairement confirmer ou éliminer la présence d'une infection rachidienne et dire s'il existe des arguments en faveur d'une tuberculose. Si les anomalies sont discrètes et que l'on suspecte une spondylodiscite débutante on peut proposer la réalisation d'un contrôle IRM à court terme (moins d'un mois) sachant que les infections évoluent beaucoup plus vite que les pathologies inflammatoires et dégénératives. Si on suspecte une DDE, on peut proposer la réalisation d'un scanner en complément. C HA P IT R E 13 Compression médullaire OBJECTIFS Confirmer ou infirmer la présence d'une compression médullaire, préci­ ser sa gravité et son étiologie. TECHNIQUE Séquences sagittales T1, T2, T1 après injection sur le rachis cervico­ dorsal couvrant la charnière craniocervicale. Coupes axiales T2 ou T1 après injection de gadolinium. On peut rajouter, avant l'injection, une séquence STIR qui est sensible pour la détection des anomalies de signal médullaires et osseuses. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 180 Compression médullaire POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Moelle osseuse Analyser le signal de la moelle osseuse sur la pondération T1 et rechercher en particulier un remplacement médullaire diffus ou bien des lésions focales de remplacement médullaire. Analyser les corticales osseuses à la recherche d'une plage d'ostéolyse. Les lésions osseuses diffuses sont difficiles à voir sur les séquences qui annulent le signal de la graisse (STIR, T2 avec saturation du signal de la graisse). L'analyse du T1 est indispensable. 2. Charnière craniocervicale Analyser la charnière craniocervicale à la recherche en particulier d'une mal­ formation de Chiari. La découverte d'une cavité syringomyélique intramédullaire doit faire rechercher de façon systématique une malformation de Chiari. 3. Canal cervical Rechercher un rétrécissement dégénératif du canal cervical associé à une myélopathie cervicarthrosique. 4. Processus expansif intramédullaire Rechercher un processus expansif intramédullaire tissulaire ou kystique et des anomalies de signal intramédullaires sans compression (sclérose en plaques, myélites d'origines diverses). Préciser s'il existe ou non une prise de contraste anormale après injection au sein du cordon médullaire. La découverte d'une cavité syringomyélique intramédullaire doit faire rechercher de façon systématique une tumeur intramédullaire qui peut n'être visible qu'après injection. Points d'interprétation 181 5. Processus expansif intracanalaire extramédullaire Rechercher un processus expansif intracanalaire extramédullaire. S'il en existe un, analyser ses rapports et ses angles de raccordement avec la duremère pour préciser sa position anatomique qui peut être extradurale (exten­ sion intracanalaire d'une tumeur osseuse, hernie discale, hématome ou abcès épidural…) ou intradurale (méningiome, métastase leptoméningée). Les anomalies leptoméningées périmédullaires (méningites infec­ tieuses ou carcinomatose méningée) peuvent n'être visibles qu'après injection. 6. Niveau, taille, topographie de ce processus Préciser son niveau, sa taille dans les trois plans, sa topographie dans le plan transversal (antérieur, latéral ou postérieur) et rechercher des anomalies dis­ cales ou osseuses en regard. 7. Retentissement morphologique de ce processus Analyser son retentissement morphologique sur le cordon médullaire : préci­ ser s'il y a ou non un contact avec le cordon médullaire (disparition du liséré liquidien périmédullaire) et si la moelle est refoulée et/ou déformée. Lorsque le processus à l'origine de la compression est latéral, les coupes sagittales peuvent sous-estimer le retentissement sur le cordon médullaire. Les coupes axiales sont indispensables pour rechercher une déformation du cordon médullaire. 8. Cordon médullaire Rechercher une anomalie de signal au sein du cordon médullaire. S'il existe un hypersignal T2, préciser son extension en hauteur et s'il est de type liqui­ dien ou non. 182 Compression médullaire Compression du cordon médullaire. Diminution focale du calibre du cordon médullaire en rapport avec un effet de masse extrinsèque à la moelle de topographie intraou extradurale. Cette anomalie de calibre est au mieux appréciée sur les coupes axiales, surtout si la compression est latérale. Le cordon médullaire n'a pas un calibre constant sur toute sa hauteur. Il existe un renflement physiologique de la moelle cervicale et du cône terminal. Hypersignal T2 focal du cordon médullaire associé à une compression médullaire. Plage focale d'hypersignal T2 intramédullaire située à hauteur ou à proximité de la compression. Le signal peut être identique à celui du LCS (cavité intramédullaire) ou être d'intensité intermédiaire (gliose, contusion, œdème…). La pondération STIR est plus sensible pour sa mise en évidence. La présence d'un hypersignal T2 n'est pas nécessaire pour poser le diagnostic de compression médullaire. Il s'agit plutôt d'un élément pro­ nostique traduisant la présence d'une myélopathie. Points d'interprétation 183 Processus intradural extramédullaire. Lésion développée au sein du sac dural hors de la moelle. La lésion peut être accolée à la dure-mère (méningiome) ou à la moelle (métastase leptoméningée) ou apparaître libre dans le LCS (neurinome). Le caractère intradural est facile à affirmer en étudiant les rapports de la lésion avec la paroi du sac dural. Des angles de raccordement aigus entre la lésion et la moelle et le refoulement de la moelle permettent d'affirmer le caractère extramédullaire. Le caractère extramédullaire peut être difficile à affirmer pour les grosses lésions qui compriment la moelle. Il faut alors étudier les coupes axiales, en particulier aux pôles supérieur et inférieur de la lésion, pour ana­ lyser ses rapports et ses angles de raccordement avec le cordon médullaire. Processus intracanalaire extradural. Lésion développée dans le canal rachidien, en dehors du sac dural. Le diagnostic topographique se fait habituellement aisément en étudiant le sens du refoulement de la paroi du sac dural par la lésion dans les plans sagittal et axial. La lésion peut être associée à des anomalies osseuses ou discales en fonction de sa nature (hernie, tumeur osseuse…). Pour les lésions volumineuses qui occupent tout le canal, le sens du refoulement du sac dural doit être étudié aux pôles de la lésion (une lésion extradurale rétrécit le sac alors qu'une volumineuse lésion intra­ durale l'élargit). 184 Compression médullaire STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? L'IRM est l'examen de référence en cas de suspicion de compression médul­ laire. Elle doit être réalisée en urgence, surtout quand les symptômes sont d'installation aiguë. Le scanner peut être utilisé en remplacement de l'IRM en cas de contreindication ou de non-disponibilité d'une IRM. Il offre une exploration sou­ vent correcte du canal rachidien et permet en général de faire le diagnostic d'extension intracanalaire d'une lésion osseuse. Il apprécie cependant mal le retentissement médullaire et ne permet pas en particulier de faire le dia­ gnostic de myélopathie. Les radiographies standard ne permettent que de voir le cadre osseux et ont donc peu d'intérêt pour l'exploration d'une compression médullaire. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? Le bilan de base comporte des séquences sagittales T1, T2 et T1 après injec­ tion avec un champ d'exploration couvrant toute la moelle, de la charnière craniocervicale jusqu'au cône terminal qui est situé habituellement à hau­ teur de T12-L1. Les coupes T2 FSE, qui doivent être assez fines (3 mm) pour bien étudier la moelle, offrent un bon contraste entre la moelle et le LCS mais sont moins sensibles que le STIR pour la mise en évidence d'une myélo­ pathie. On peut donc en cas de doute rajouter une séquence sagittale STIR. Des coupes axiales T2 ou T1 après injection sont indispensables en cas de mise en évidence d'une anomalie intracanalaire sur les coupes sagittales. S'il existe des lésions osseuses multifocales (métastases, myélome), il peut être utile d'explorer en plus la région lombosacrée avec au moins une séquence sagittale pour éliminer une compression de la queue-de-cheval. L'injection doit être réalisée de façon systématique dès qu'il existe des signes de souffrance médullaire. Elle est utile pour le bilan des lésions osseuses et indispensable pour rechercher des prises de contraste médullaires et lepto­ méningées périmédullaires. COMMENT INTERPRÉTER ? Une analyse du signal et de la morphologie du cordon médullaire et des espaces liquidiens périmédullaires sur la séquence sagittale T2 et des espaces épiduraux sur la séquence sagittale T1 permet de confirmer ou d'infirmer très facilement et très rapidement la présence d'une compression médullaire. S'il en existe une, il faut préciser son étiologie, son niveau, sa topographie dans le plan transversal, l'importance de la déformation de la moelle et la présence ou non d'une anoma­ lie de signal intramédullaire (élément de mauvais pronostic). Pour le diagnostic Stratégie diagnostique 185 étiologique, il faut commencer par déterminer la topographie intra- ou extradu­ rale du processus responsable de la compression en étudiant, en particulier sur les coupes axiales, les rapports et les angles de raccordement entre la lésion et la paroi du sac dural et le sens de refoulement du sac dural. Les contrastes spon­ tanés offerts par le LCS en T2 et par la graisse épidurale en T1 sont également très utiles pour ce diagnostic topographique. Si la lésion est intradurale, on peut préciser si elle présente une large base d'implantation sur la dure-mère (ménin­ giome) ou si elle est au contraire accolée au cordon médullaire (lésions d'origine leptoméningée : métastases, tuberculomes…). Si la lésion est extradurale, il faut analyser les structures osseuses et discales au contact. Il s'agit en effet dans ce cas le plus souvent de l'extension intracanalaire d'une lésion osseuse, d'une her­ nie discale ou d'un abcès épidural. COMPTE RENDU Le compte rendu doit décrire la compression médullaire en précisant le niveau, la topographie, l'étiologie, l'importance de la déformation de la moelle et la présence ou non d'une anomalie de signal intramédullaire. Il doit préciser la présence ou l'absence d'anomalies osseuses et/ou discales associées. C HA P IT R E 14 Cervicalgies et névralgies cervicobrachiales OBJECTIFS Confirmer l'origine rachidienne de la douleur et préciser la topographie et la nature du ou des conflits radiculaires. Rechercher des signes de myélopathie cervicarthrosique. TECHNIQUE Séquences sagittales T1 et T2 sur le rachis cervical couvrant la charnière craniocervicale et la partie supérieure du rachis dorsal. Coupes axiales T2 en écho de gradient positionnées en fonction de la symptomatologie (de C4 à T2 en cas de névralgie brachiale, de la charnière à C2 en cas de névralgie d'Arnold irradiant dans la région occipitale). En cas d'atteinte des articulations C0-C1-C2, on peut rajouter des coupes frontales T2 ou T1. Injection non systématique, utile essentiellement en cas de suspicion de pathologie tumorale ou infectieuse. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 188 Cervicalgies et névralgies cervicobrachiales POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Moelle osseuse Analyser le signal de la moelle osseuse sur la pondération T1 et rechercher en particulier un remplacement médullaire diffus ou bien des lésions focales de remplacement médullaire en faveur de métastases ou d'un myélome. Analyser les corticales osseuses à la recherche d'une plage d'ostéolyse. Les lésions osseuses diffuses sont difficiles à voir sur les séquences qui annulent le signal de la graisse (STIR, T2 fat sat). L'analyse du T1 est indispensable. 2. Parties molles périvertébrales Rechercher des anomalies des parties molles périvertébrales et un processus occupant (hernie discale, tumeur nerveuse, kyste périradiculaire) au sein des foramens intervertébraux. 3. Canal rachidien Analyser le contenu du canal rachidien. Rechercher un processus expansif intracanalaire (intra- ou extradural) et des anomalies de signal ou de morphologie du cordon médullaire. 4. Charnière craniocervicale et rachis cervical supérieur Les anomalies leptoméningées périmédullaires (méningites infectieuses ou carcinomatose méningée) peuvent n'être visibles qu'après injection. Analyser la charnière craniocervicale et le rachis cervical supérieur (C0-C1-C2). Rechercher en particulier une malformation de Chiari, un diastasis C1-C2 et une tuméfaction péri-odontoïdienne en rapport avec une synovite (polyarthrite rhumatoïde) ou une arthrose érosive (chondrocalcinose articulaire). 5. Rechercher une étroitesse canalaire constitutionnelle À l'étage cervical, on ne réalise pas en pratique courante de mesure du canal rachidien et l'évaluation du canal est plus visuelle. Schématiquement, un canal cervical normal a un diamètre antéropostérieur proche de celui du corps vertébral en regard. Points d'interprétation 189 6. Disques intervertébraux Analyser les disques intervertébraux en recherchant des anomalies d'épaisseur (pincements discaux), de signal (gaz, liquide) et de morphologie (saillies discales). En cas de saillie discale, préciser s'il s'agit d'une hernie « molle » purement discale ou bien d'une saillie mixte d'origine disco-ostéophytique. 7. Hernie discale En cas de hernie discale, préciser son niveau, son siège dans le plan transversal (médiane, paramédiane, foraminale), sa taille relative dans le canal et la présence ou non d'une migration caudale ou crâniale. Préciser également s'il existe un retentissement sur le sac dural et le cordon médullaire (déformation, anomalie de signal intramédullaire). 8. Uncodiscarthrose Rechercher une uncodiscarthrose et en particulier des ostéophytes postérieurs et foraminaux. Préciser s'il existe un rétrécissement acquis du canal central (effacement des espaces liquidiens périmédullaires) ou des foramens. Préciser le retentissement sur le cordon médullaire (déformation et anomalie de signal de la moelle traduisant une myélopathie cervicarthrosique). Les ostéophytes développés à partir des uncus à la partie postéro­ latérale des corps vertébraux sont bien visibles sur les coupes sagittales, mais leur retentissement sur les foramens intervertébraux est mieux apprécié sur les coupes axiales. 9. Arthrose interapophysaire postérieure Rechercher une arthrose interapophysaire postérieure (irrégularités des surfaces articulaires, ostéophytes, épanchements intra-articulaires). S'il en existe une, décrire sa répartition (étages et côtés touchés) et évaluer son importance en indiquant en particulier s'il existe des rétrécissements foraminaux ou des troubles de la statique rachidienne associés (spondylo- ou rétrolisthésis). 190 Cervicalgies et névralgies cervicobrachiales Hernie discale cervicale. Débord discal focal déformant le contour du disque intervertébral. La saillie est dans la grande majorité des cas paramédiane mais peut être aussi médiane ou foraminale. Le signal de la hernie en T2 est variable en fonction de son degré d'hydratation, lorsqu'elle est en hyposignal T2 il est difficile de la distinguer d'une éventuelle composante osseuse associée. En raison de leur finesse, les racines cervicales sont mal individualisables sur les séquences habituelles. Les conflits discoradiculaires cervicaux sont donc plus difficiles à voir qu'à l'étage lombaire et sont plutôt évoqués de façon indirecte en fonction de la topographie de la hernie. Par exemple, une hernie comblant le foramen Cn Cn + 1 est responsable d'un conflit sur la racine Cn + 1. Myélopathie cervicarthrosique. Déformation du cordon médullaire (diminution du diamètre antéropostérieur) associée à un hypersignal T2 focal intramédullaire secondaire à un rétrécissement arthrosique du canal rachidien. Les lésions responsables du rétrécissement sont multiples : saillies discales et ostéophytiques, ossification du ligament vertébral commun postérieur, hypertrophies articulaires postérieures, épaississements des ligaments jaunes… Sur les coupes axiales, la disparition de la différenciation entre substance blanche et substance grise dans la moelle a la même valeur diagnostique que la présence d'un hypersignal. Stratégie diagnostique 191 La pondération STIR est plus sensible que le T2 FSE pour la détection des hypersignaux intramédullaires. Rétrécissement foraminal cervical d'origine arthrosique. Diminution de calibre d'un foramen intervertébral cervical secondaire le plus souvent à une saillie disco-ostéophytique postérolatérale en hyposignal T1 et T2 (ostéophyte de l'uncus). Ces rétrécissements sont souvent difficiles à voir sur les coupes sagittales du fait de l'orientation oblique des foramens à l'étage cervical. Ils doivent se rechercher surtout sur les coupes axiales. La distinction entre une hernie discale pure et une saillie mixte discale et osseuse est importante, en particulier si une intervention chirurgicale est envisagée, mais elle peut être difficile à faire en IRM. En cas de doute, les radiographies standard ou un scanner peuvent permettre d'apprécier la part osseuse du rétrécissement. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? Le bilan d'imagerie d'une névralgie cervicobrachiale dépend de la présentation clinique. L'IRM est l'examen de référence s'il existe des signes cliniques d'atteinte médullaire. Elle doit être réalisée en urgence devant un tableau aigu (suspicion de compression médullaire par une hernie discale en particulier) et assez rapidement devant un tableau d'installation plus lente (suspicion de myélopathie cervicarthrosique). En l'absence de signe clinique d'atteinte médullaire (NCB pure), on peut réaliser soit un scanner, soit une IRM. Dans cette indication, le scanner visualise bien les hernies discales et les rétrécissements canalaires. Il est donc habituellement suffisant pour le bilan d'une névralgie isolée. L'IRM quant à elle peut être utilisée soit en première intention soit si le scanner ne permet pas d'expliquer les symptômes. 192 Cervicalgies et névralgies cervicobrachiales Les radiographies standard gardent un intérêt pour l'étude de la statique et de la dynamique rachidienne et pour évaluer la composante osseuse d'un rétrécissement foraminal sur les incidences de 3/4. Elles sont également utiles pour dépister les sténoses canalaires constitutionnelles. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? Le bilan de base comporte des séquences sagittales T1 et T2 et des coupes axiales T2. Le champ d'exploration doit couvrir le rachis cervical, la charnière craniocervicale et la partie supérieure du rachis dorsal. Ce bilan de trois séquences est suffisant dans la grande majorité des cas. On peut rajouter des coupes frontales en cas d'atteinte de C0-C1-C2. L'écho de gradient est préféré au T2 fast SE pour les coupes axiales, car il offre un bon contraste entre la moelle et le LCS en permettant en particulier de s'affranchir des artéfacts de flux du LCS responsables d'hyposignaux périmédullaires gênants. Il offre également un bon contraste pour l'analyse des foramens. Sa résolution est en revanche insuffisante pour visualiser directement les racines nerveuses. Si on veut étudier spécifiquement les racines nerveuses du plexus brachial, pour l'exploration d'avulsions radiculaires traumatiques par exemple, il faut une séquence spécifique de type myélographique (séquence 3D très pondérée T2 en coupes fines de 1 à 2 mm) qui est par ailleurs très peu informative sur le cordon médullaire et les structures osseuses. En cas de suspicion clinique de myélopathie cervicarthrosique, on peut rajouter au bilan de base une séquence sagittale STIR qui est plus sensible que le T2 FSE pour la détection des anomalies de signal intramédullaires. L'injection n'est réalisée qu'en cas de suspicion d'atteinte infectieuse ou tumorale et pour le bilan des maladies rhumatismales (polyarthrite rhumatoïde). COMMENT INTERPRÉTER ? La première étape de l'interprétation est d'éliminer une radiculalgie symptomatique secondaire à une pathologie infectieuse ou tumorale. Il faut donc commencer par analyser attentivement les structures osseuses, les parties molles périvertébrales, le contenu du canal rachidien et les foramens intervertébraux. La séquence T1 est particulièrement utile pour détecter les lésions osseuses et foraminales alors que le canal, le cordon médullaire et les parties molles sont mieux étudiés par la séquence pondérée T2. La séquence T1 après injection est quant à elle très supérieure aux autres pour détecter des anomalies autour du cordon médullaire (méningite tuberculeuse ou carcinomatose méningée en particulier). Stratégie diagnostique 193 Dans un deuxième temps il faut rechercher et signaler d'éventuelles anomalies constitutionnelles : malformation de la charnière craniocervicale, canal étroit, blocs vertébraux congénitaux. L'analyse des disques intervertébraux peut ensuite débuter. Cette étude discale doit se faire étage par étage. On peut distinguer les hernies discales pures, qui sont souvent post-traumatiques et qui peuvent être sources de conflits discoradiculaires ou de compressions médullaires et les lésions dégénératives discales et articulaires postérieures plus volontiers sources de rétrécissements acquis du canal central et/ou des foramens (conflits ostéo­ radiculaires). S'il existe une hernie discale, il faut préciser son niveau, sa topographie transversale, la présence ou non d'une migration, son volume relatif dans le canal central ou le foramen et indiquer son retentissement sur le sac dural et la moelle. Lorsque la hernie est peu hydratée, il peut être difficile de la distinguer d'une saillie osseuse associée. L'analyse complémentaire de clichés standard est alors très utile pour évaluer la composante osseuse (clichés de profil pour le canal central et de 3/4 pour les foramens). Pour les lésions dégénératives discales et articulaires postérieures, il faut préciser les niveaux et les côtés touchés et insister sur les lésions responsables de rétrécissements centraux ou foraminaux significatifs. Les coupes axiales sont essentielles pour évaluer les atteintes foraminales, souvent mal visibles sur les coupes sagittales à l'étage cervical. S'il existe un rétrécissement canalaire central, on peut le quantifier schématiquement : effacement des espaces liquidiens prémédullaires, effacement des espaces liquidiens pré- et rétromédullaires, déformation du cordon médullaire, déformation du cordon médullaire et anomalie de signal intramédullaire (myélopathie cervicarthrosique). COMPTE RENDU Le compte rendu doit énumérer rapidement les points négatifs permettant d'exclure une radiculalgie symptomatique. Il doit ensuite décrire les anomalies discales et osseuses et leurs éventuels retentissements canalaires et médullaires. La conclusion doit insister sur les lésions significatives du canal central et des foramens en précisant si possible le caractère purement discal ou non des anomalies (hernies « molles » ou « dures »). Il peut être utile de préciser s'il existe une concordance ou une discordance radioclinique. C HA P IT R E 15 Spondylarthropathies OBJECTIFS Faire le diagnostic de spondylarthropathie, préciser le caractère actif ou quiescent des atteintes rachidiennes et sacro-iliaques et évaluer l'importance des atteintes structurales. TECHNIQUE Séquences sagittales T1 et STIR (ou T2 avec saturation du signal de la graisse) explorant au mieux tout le rachis et au minimum le rachis dorsolombaire. Coupes coronales obliques T1 et STIR sur les articulations sacro-iliaques. Coupes axiales T2 fat sat complémentaires au cas par cas (articulations costovertébrales). Injection de gadolinium non systématique. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 196 Spondylarthropathies POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Diagnostic différentiel Éliminer toute autre cause de douleurs rachidiennes inflammatoires. Rechercher des anomalies de signal osseuses focales, des fractures tassement, des signes de spondylodiscite, des masses ou des collections des parties molles… 2. Anomalies de signal des coins vertébraux Analyser le signal des coins vertébraux, avec une attention particulière pour les coins antérieurs des vertèbres autour de la jonction thoracolombaire qui sont le siège préférentiel des enthésites caractéristiques des spondylarthropathies (spondylites de Romanus). Ne pas négliger la pondération T1 qui est notamment utile pour la détection des lésions anciennes se traduisant par un remplacement graisseux. 3. Anomalies morphologiques et structurales des corps vertébraux Rechercher une mise au carré des vertèbres et des lésions érosives des coins vertébraux et des plateaux vertébraux. Privilégier la pondération T1 qui est plus anatomique et qui montre mieux les interruptions corticales des érosions. 4. Anomalies des autres territoires enthésiques Rechercher des signes de spondylodiscite centrale active ou ancienne (discite d'Anderson) et des signes d'enthésite des ligaments interépineux. 5. Anomalies des petites articulations synoviales rachidiennes Rechercher des signes d'arthrite interapophysaire postérieure, costovertébrale ou costotransversaire. Les articulations costovertébrales sont vues de façon tangentielle et sont donc mal explorées sur les coupes sagittales. Un hypersignal très latéral de l'angle postérosupérieur d'une vertèbre thoracique doit faire évoquer le diagnostic qui peut être confirmé par des coupes axiales. Points d'interprétation 197 6. Syndesmophytes et ankylose rachidienne Rechercher des syndesmophytes et des signes d'ankylose corporéale et des arcs postérieurs (articulations postérieures, ligaments interépineux). Ces lésions anciennes sont difficiles à voir en IRM, en cas de doute il faut compléter par des radiographies standard voire un scanner. 7. Fracture sur rachis ankylosé Rechercher systématiquement une fracture rachidienne en cas d'ankylose. Ces fractures, extrêmement instables, s'accompagnent d'un risque neurologique majeur. Il n'y a pas toujours de contexte traumatique. 8. Anomalies de signal des articulations sacro-iliaques Rechercher des anomalies de signal actives ou anciennes des régions souschondrales des articulations sacro-iliaques. En cas d'atteinte unilatérale, il ne faut pas oublier le diagnostic différentiel de sacro-iliite infectieuse et rechercher notamment une tuméfaction voire une collection des parties molles adjacentes à l'articulation touchée. 9. Anomalies structurales des articulations sacro-iliaques Rechercher des érosions des berges osseuses des articulations sacro-iliaques et des signes d'ankylose partielle ou complète des interlignes articulaires. Comme pour l'atteinte rachidienne, ces anomalies sont mieux visibles sur la pondération T1. 198 Spondylarthropathies Ankylose des sacro-iliaques. Ankylose articulaire correspondant au stade ultime de la sacro-iliite avec fusion partielle ou complète des articulations sacro-iliaques. L'atteinte, habituellement bilatérale, se traduit par un effacement de l'interligne articulaire mieux visible sur la pondération T1. Dans les formes partielles on observe des ponts osseux intra-articulaires de signal graisseux développés entre des segments articulaires présentant des signes de sacro-iliite ancienne (érosions, hypersignal graisseux des berges articulaires). Il peut exister des ponts osseux ligamentaires marginaux dans l'hyperostose idiopathique, mais sans réelle ankylose intra-articulaire centrale. Arthrite costovertébrale et costotransversaire. Inflammation synoviale d'une ou plusieurs articulations costovertébrales et/ou costotransversaires se traduisant par une tuméfaction capsulosynoviale périarticulaire en hypersignal T2 et par un œdème osseux des berges articulaires, plus ou moins associé à des érosions osseuses. Ces articulations sont mal explorées par les coupes sagittales. Il faut y penser devant la présence d'un œdème intraosseux très latéral de la partie postérosupérieure d'un corps vertébral dorsal et réaliser des coupes axiales en cas de doute. Points d'interprétation 199 Arthrite interapophysaire postérieure. Inflammation synoviale d'une ou plusieurs articulations interapophysaires postérieures se traduisant par une tuméfaction capsulosynoviale périarticulaire en hypersignal T2 et par un œdème osseux des berges articulaires, plus ou moins associé à des érosions osseuses. Ces signes de synovite sont peu spécifiques et peuvent se retrouver en cas d'arthrose en poussée congestive ou plus rarement en cas d'arthrite septique. L'atteinte d'articulations habituellement épargnées par l'arthrose est un facteur d'orientation important (rachis dorsal ou lombaire supérieur). Discite inflammatoire d'Anderson. Hypersignal T2 central ou paracentral du disque intervertébral associé à des érosions et des anomalies de signal des plateaux vertébraux adjacents. Comme pour la spondylite de Romanus les anomalies de signal varient en fonction de l'ancienneté de la discite : hypersignal T2 et hyposignal T1 lorsque la discite est active, remplacement graisseux en hypersignal T1 lorsque la discite est ancienne. On peut également observer des discopathies érosives associées à de l'œdème vertébral sur un disque situé entre deux segments rachidiens ankylosés, le mécanisme étant alors plutôt lié à un report des contraintes mécaniques sur le dernier disque mobile. 200 Spondylarthropathies Enthésite interépineuse. Inflammation du territoire enthésique d'un ligament interépineux se traduisant à la phase active par un épaississement et un hypersignal du ligament et un œdème de l'apophyse épineuse adjacente. Dans les formes les plus typiques on peut observer une érosion de l'épineuse. Les atteintes anciennes entraînent une ossification du ligament interépineux très difficile à objectiver en IRM. Ne pas confondre avec une bursite interépineuse visible dans les rachis dégénératifs lorsque les épineuses s'affrontent (arthrose interépineuse de Baastrup). Érosions des berges osseuses des articulations sacro-iliaques. Érosions des surfaces articulaires des articulations sacro-iliaques se traduisant par des irrégularités des lames osseuses sous-chondrales avec de multiples petites encoches réalisant dans les cas typiques l'aspect en timbre poste caractéristique. Ces anomalies structurales sont mieux visibles sur la pondération T1 et prédominent sur les berges iliaques. Elles peuvent également être responsables d'un pseudoélargissement des interlignes sacro-iliaques. Les atteintes mécaniques des sacro-iliaques peuvent s'accompagner de microgéodes ou de quelques irrégularités sous-chondrales qui sont toutefois peu marquées et qui touchent exclusivement les zones de contrainte mécanique maximale (régions antérieures et moyennes des sacro-iliaques). Points d'interprétation 201 Lésions dégénératives d'un coin vertébral. Remaniements dégénératifs discaux antérieurs pouvant s'accompagner d'un œdème des coins vertébraux. Le diagnostic différentiel avec la spondylite de Romanus se fait sur la distribution des anomalies osseuses habituellement en miroir de part et d'autre d'un disque pincé, et sur la présence d'ostéophytes. Ceux-ci, à la différence des syndesmophytes, sont épais et ont une direction horizontale. La topographie des anomalies peut également aider avec une prédominance pour le rachis lombaire moyen et inférieur et le rachis dorsal moyen dans la concavité de la cyphose. Mise au carré du corps vertébral. Perte de la concavité antérieure normale du mur vertébral antérieur qui devient rectiligne sur les coupes sagittales. Cette anomalie morphologique, secondaire à l'érosion du coin vertébral, est habituellement associée à une anomalie de signal de celui-ci (hypersignal graisseux séquellaire ou œdémateux actif ). Elle peut être accompagnée de syndesmophytes et de signes d'ankylose. Ce signe est assez spécifique à l'étage lombaire mais perd de sa valeur sur le rachis dorsal où les vertèbres ont un bord antérieur souvent constitutionnellement rectiligne. 202 Spondylarthropathies Œdème inflammatoire des articulations sacro-iliaques. Plages d'œdème sous-chondral des berges articulaires des articulations sacro-iliaques, en hypersignal T2 et hyposignal T1. Les anomalies sont habituellement bilatérales et prédominent sur les berges iliaques. Elles peuvent toucher n'importe quelle portion des articulations et en particulier les pieds qui sont normalement épargnés par les remaniements mécaniques. Il peut également exister un hypersignal T2 de l'interligne articulaire. Dans les sacro-iliites anciennes associant des lésions actives et séquellaires, l'œdème peut être partiellement masqué par la condensation osseuse. Remplacement graisseux séquellaire des sacro-iliaques. Hypersignal T1 graisseux (hyposignal STIR) de l'os spongieux du bassin et du sacrum de part et d'autre des articulations sacroiliaques. Comme pour les lésions actives, ces anomalies anciennes sont réparties de façon aléatoire sur les deux articulations et prédominent sur les berges iliaques. Elles sont habituellement associées à des anomalies structurales (voir érosions et ankylose des articulations sacro-iliaques). Elles peuvent être panachées avec des lésions plus actives en hypersignal T2 et avec de la condensation en hyposignal T1 et T2. Points d'interprétation 203 Sacro-iliite infectieuse. Lésions d'arthrite (érosions, œdème osseux) se différenciant de l'atteinte inflammatoire par le caractère unilatéral, la présence d'anomalies des parties molles périarticulaires (tuméfaction capsulosynoviale voire collection des parties molles) et la vitesse d'évolution qui est beaucoup plus rapide. La présentation clinique et la biologie sont également des éléments déterminants du diagnostic différentiel. La distinction inflammatoire versus infectieux n'est pas toujours facile à faire. En cas de doute, seule la biopsie permet de trancher. Spondylite de Romanus active. Anomalie de signal inflammatoire du coin vertébral de type « œdème » se traduisant par un hypersignal T2 focal, associé à un hyposignal T1 de contour flou souvent modéré voire absent. Présence également, de façon inconstante, d'une érosion du coin vertébral mieux visible en T1 (interruption focale du liseré cortical). Les atteintes sont plus fréquentes sur les coins antérieurs et à la jonction thoracolombaire. Aspect similaire à la spondylodiscite infectieuse au stade très précoce mais sans tuméfaction des parties molles. Parfois difficile à distinguer d'une atteinte dégénérative dans une phase œdémateuse. 204 Spondylarthropathies Spondylite de Romanus ancienne. Anomalie de signal graisseuse du coin vertébral mieux visible en T1 (hypersignal T1), plus spécifique lorsqu'elle est associée à des anomalies morphologiques (voir mise au carré) et structurales (voir syndesmophytes). Ne pas confondre avec des lésions dégénératives anciennes visibles notamment en avant du rachis dans la concavité de la cyphose dorsale, en association avec des formations ostéophytiques. Syndesmophyte. Ossification fine et verticale débutant au coin de la vertèbre, suivant le trajet du ligament commun vertébral antérieur ou postérieur et réalisant, lorsqu'elle est complète, un pont osseux intervertébral. Lorsqu'il est fin, le syndesmophyte présente un hyposignal T1 et T2 et est très difficile à distinguer du ligament et de l'anneau fibreux du disque. Il est surtout visible en IRM lorsqu'il est suffisamment épais pour avoir une différenciation corticospongieuse, il présente alors un hypersignal T1 qui permet de le différencier du disque adjacent. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? Les radiographies standard du rachis et du bassin restent le bilan d'imagerie de première intention en cas de suspicion de spondylarthropathie. Ce bilan radiographique peut être suffisant s'il montre des anomalies caractéristiques et en particulier des signes typiques de sacro-iliite. Les radiographies sont toutefois infiniment moins sensibles que l'IRM pour la détection des anomalies inflammatoires qui caractérisent la phase initiale de la maladie et peuvent rester négatives pendant les premières années. Elles sont par Stratégie diagnostique 205 ailleurs utiles à la surveillance évolutive, en particulier pour la recherche des anomalies structurales témoignant d'une évolution de la maladie vers l'ankylose (apparition de syndesmophytes et de signes d'ankylose antérieure et/ ou postérieure). L'IRM est l'examen de référence pour le diagnostic précoce des spondylarthropathies. La sensibilité des séquences STIR ou T2 avec saturation du signal de la graisse permet de mettre en évidence les lésions inflammatoires d'ostéite avant que les modifications structurales ne soient présentes et donc plusieurs années avant que les radiographies standard ne soient pathologiques. L'IRM permet de plus d'explorer dans un même temps le rachis et les articulations sacro-iliaques de façon non invasive et non irradiante. Le scanner peut être utile en complément de l'IRM rachidienne en particulier en cas de doute entre spondylarthropathie et discopathie dégénérative érosive grâce à une analyse plus précise des structures osseuses (corticales des plateaux vertébraux, ostéophytes, syndesmophytes). Il est également beaucoup plus précis que l'IRM pour l'analyse osseuse des berges articulaires des sacro-iliaques (détection des érosions osseuses, évaluation de la condensation et des signes d'ankylose). L'association scanner-IRM est très complémentaire et très utile dans les cas difficiles, notamment les sacro-iliites peu inflammatoires ou à l'inverse les lésions dégénératives accompagnées d'œdème. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? L'exploration en IRM doit idéalement couvrir l'ensemble du rachis cervicodorso-lombaire dans le plan sagittal et les articulations sacro-iliaques au minimum dans le plan coronal oblique dans l'axe du sacrum (éventuellement complété de coupes axiales obliques), ce qui est plus ou moins facile en fonction des machines. Si toutes les séquences ne peuvent pas être réalisées de façon simple sur l'ensemble du rachis et que l'on souhaite raccourcir le protocole on peut se contenter d'une exploration du rachis dorsolombaire et des sacro-iliaques. Les pondérations T1 et STIR (ou T2 avec fat sat) sont complémentaires et indispensables. Le choix entre STIR et T2 fat sat dépend de la machine et en particulier de la qualité de la saturation de la graisse sur de grands champs, le STIR étant préférable en cas d'hétérogénéité de la saturation. Le rajout de séquences T1 avec saturation de la graisse après injection de gadolinium augmente de façon importante le temps d'examen et son intérêt par rapport au STIR n'a pas été prouvé de façon évidente. L'injection n'est donc pas systématique mais peut être discutée dans les cas particulièrement difficiles ou douteux. Les coupes sagittales doivent couvrir les régions paravertébrales afin de ne pas méconnaître une atteinte inflammatoire costovertébrale. En cas de 206 Spondylarthropathies doute (hypersignal latéral et postérieur d'un corps vertébral dorsal) des coupes axiales T2 fat sat sont très utiles pour confirmer le diagnostic de synovite costovertébrale ou costotransversaire. À noter que certaines équipes utilisent des protocoles de type corps entier basés également sur les pondérations T1 et STIR mais englobant les ceintures scapulaires et pelviennes et permettant la recherche d'autres atteintes articulaires ou enthésiques (épaules, hanches, sternum…). COMMENT INTERPRÉTER ? L'interrogatoire du patient est dans ce cas particulièrement important car la plupart des critères permettant de faire le diagnostic de spondylarthropathie sont retrouvés à l'anamnèse (douleur nocturne lombaire ou dorsale et/ ou raideur matinale lombaire ou dorsale, oligoarthrite asymétrique, douleur fessière à bascule, doigt ou orteil en saucisse, talalgie ou toute autre enthésopathie, iritis, urétrite non gonococcique ou cervicite moins d'un mois avant le début d'une arthrite, diarrhée moins d'un mois avant une arthrite, présence ou antécédent de psoriasis ou d'entérocolopathie chronique, antécédents familiaux, sensibilité au traitement par AINS). Le motif de consultation étant habituellement la présence de douleur rachidienne ou fessière d'horaire inflammatoire, la première étape de l'interprétation est de s'assurer de l'absence de pathologie osseuse ou des parties molles tumorale ou infectieuse. Une fois ce préambule indispensable effectué il faut rechercher des signes spécifiques de spondylarthropathie en étudiant de façon systématique l'ensemble des structures potentiellement touchées. Sur le rachis, la plus fréquente et la plus caractéristique est la spondylite de Romanus. Il faut donc étudier tous les coins vertébraux antérieurs, mais aussi postérieurs, à la recherche d'anomalies de signal et de morphogie. Les deux pondérations sont complémentaires. Les séquences STIR ou T2 avec saturation du signal de la graisse sont très sensibles à l'œdème et sont donc utiles dans un rôle de détection des lésions actives alors que la pondération T1, plus anatomique et apportant une analyse plus fine des lésions structurales (mise au carré, érosions, syndesmophytes), est utile pour caractériser les lésions. En bref, le STIR apporte la sensibilité et le T1 la spécificité. Cette complémentarité est d'autant plus nette qu'il s'agit d'une maladie d'évolution chronique et qu'il est fréquent d'observer un panachage de lésions d'âges différents. Cette association de lésions actives et de lésions d'allure plus ancienne est caractéristique et beaucoup plus spécifique qu'un hypersignal T2 isolé d'un seul coin qui reste d'interprétation très délicate. L'étude des autres territoires enthésiques rachidiens (ligaments interépineux, disques intervertébraux) et des petites articulations synoviales (articulations Stratégie diagnostique 207 interapophysaires postérieures, costovertébrales et costotransversaires) est souvent négative mais doit être systématique car ces lésions sont parfois les seuls témoins de l'activité de la maladie. De plus, la présence de telles anomalies peut être un élément déterminant du diagnostic dans les cas douteux. L'étude des articulations sacro-iliaques repose essentiellement sur l'analyse du signal et la recherche d'érosions des berges articulaires, avec là encore une complémentarité du STIR et du T1. Le principe est assez simple mais il y a en pratique de nombreux cas difficiles où les anomalies sont discrètes. En cas de doute il faut bien tenir compte de la répartition des anomalies et rester prudent devant un petit œdème ou une condensation touchant électivement les régions antérieures et moyennes des articulations là où les contraintes mécaniques sont maximales. COMPTE RENDU Le compte rendu doit préciser la présence ou l'absence d'anomalie de signal ou de structure des différents territoires enthésiques et des articulations sacro-iliaques. Si des anomalies sont décrites il faut préciser si leur distribution et leur aspect sont caractéristiques d'une spondylarthropathie ou s'il s'agit de lésions dégénératives banales. Si le diagnostic de spondylarthropathie est posé il faut évaluer l'activité de la maladie en détaillant toutes les lésions inflammatoires. Il faut également essayer d'évaluer l'importance des lésions structurales et en particulier de l'ankylose rachidienne. La conclusion doit affirmer ou infirmer autant que possible le diagnostic de rhumatisme inflammatoire et en cas de positivité préciser le caractère actif ou quiescent des lésions. Dans les cas douteux, il est parfois nécessaire de faire réaliser un scanner complémentaire à la recherche de lésions osseuses spécifiques parfois difficiles à mettre en évidence en IRM (syndesmophytes, petites érosions osseuses vertébrales ou sacro-iliaques…). C HA P IT R E 25 16 Ischémie cérébrale OBJECTIFS Affirmer l'ischémie cérébrale, la localiser, préciser son ancienneté et éventuellement son étiologie. TECHNIQUE Séquences axiales T2, FLAIR, T2 écho de gradient, diffusion, T1, ARM 3D TOF intracrânienne. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 212 Ischémie cérébrale POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Préciser le tableau clinique et le délai écoulé depuis la survenue de l'ischémie La connaissance des symptômes oriente vers une localisation lésionnelle : déficit brachiofacial → cortex rolandique, déficit des trois territoires → capsule interne, hémianopsie latérale homonyme → cortex occipital, etc. 2. S'agit-il d'un AVC ischémique ou hémorragique ? Un AVC ischémique aigu se traduit par la présence de plages de signal intense sur la séquence de diffusion. En cas d’AVC hémorragique, il faut rechercher des anomalies de signal compatibles avec des produits de dégradation de l'hémoglobine, en particulier sur la séquence en écho de gradient T2 (T2*). 3. Préciser la région anatomique atteinte et le territoire vasculaire intéressé Ischémie superficielle : artère cérébrale moyenne (ACM) → région frontale externe, région temporale externe, région pariétale externe ; artère cérébrale antérieure (ACA) → région frontale interne, région pariétale interne ; artère cérébrale postérieure (ACP) → lobe occipital, région temporale interne. Ischémie profonde : noyau caudé → ACA ; noyau lenticulaire → ACM ; thalamus → ACP ; capsule interne : bras antérieur → ACA, genou → ACM, bras postérieur → ACM + artère choroïdienne antérieure. 4. Déterminer l'ancienneté de l'ischémie L'ancienneté de la lésion est précisée par la découverte d'un œdème, d'une rupture de la barrière hématoencéphalique (BHE) ou d'une atrophie : n œdème cytotoxique isolé : ischémie inférieure à 12 heures ; n œdème cytotoxique et vasogénique : ischémie de 1 à 10 jours ; n œdème cytotoxique et vasogénique et rupture de la BHE : ischémie de 10 à 30 jours ; n atrophie définitive sans rupture de la BHE : ischémie supérieure à 1 mois. 5. Rechercher les signes de gravité n n Remaniements hémorragiques surtout s'ils sont précoces (hypersignal T1). Engagement temporal ou cingulaire. 6. Analyser le signal des artères et des veines intracrâniennes L'analyse du signal des artères intra- et extracrâniennes et des veines intracrâniennes a pour but de rechercher une cause à l'ischémie (dissection, occlusion, thrombophlébite). C'est à cette phase précoce que l'ARM a un grand intérêt diagnostique. Points d'interprétation 213 Les AVC d'origine artérielle regroupent les AVC ischémiques et les AVC hémorragiques. Les AVC hémorragiques se divisent en hémorragies intraparenchymateuses et hémorragies méningées. Les AVC d'origine veineuse correspondent à des thromboses des veines cérébrales. Absence de signal intravasculaire. Non-visualisation d'un segment vasculaire artériel ou veineux sur une reconstruction d'ARM. Sur les séquences d'ARM en temps de vol (TOF), les éléments vasculaires circulants donnent un signal très élevé. L'algorithme de reconstruction MIP (maximum intensity projection), en ne prenant en compte que les pixels les plus hyperintenses, permet d'obtenir une image reconstruite de l'arbre vasculaire artériel ou du système veineux, selon la technique d'acquisition choisie. L'absence de signal caractérise une interruption plus ou moins étendue du système vasculaire étudié. Diminution du calibre luminal. Réduction segmentaire plus ou moins étendue du diamètre interne d'un élément vasculaire. Une réduction brutale et dysharmonieuse d'un segment vasculaire traduit une diminution du calibre luminal pathologique. L'athérosclérose des vaisseaux à destinée encéphalique est la cause la plus fréquente de l'ischémie cérébrale. Le siège le plus fréquent est le bulbe et l'origine de la carotide interne. L'origine de l'artère vertébrale et le segment de l'artère sousclavière situé juste en amont de celle-ci sont le plus souvent et le plus sévèrement affectés par l'athérosclérose. 214 Ischémie cérébrale Hématome de la paroi artérielle. Processus hémorragique affectant la paroi d'une artère. La présence d'un hématome pariétal se traduit par l'augmentation d'épaisseur de la paroi de l'artère et par l'apparition d'un signal de type hémorragique au sein de cette paroi (hypersignal T1). Parfois l'hématome n'intéresse qu'une partie de la circonférence artérielle, il réalise alors la classique image en « croissant ». La dissection de l'artère carotide intéresse le plus souvent la portion sous-pétreuse de l'artère carotide interne. Le tableau clinique associe de façon diverse des céphalées, des cervicalgies, un signe de Claude-Bernard-Horner et des signes d'ischémie carotidienne. Hypersignal FLAIR des espaces sous-arachnoïdiens (ESA). Augmentation anormale du signal des ESA sur la séquence FLAIR. À l'état normal, les ESA sont hypointenses par rapport au parenchyme cérébral. En cas d'hémorragie sous-arachnoïdienne, le sang se traduit par un hypersignal des ESA sur la séquence pondérée FLAIR. Il faut distinguer les autres causes d'hypersignal FLAIR des ESA : artéfacts de flux, hyperprotéinorachie, injection intraveineuse de gadolinium les jours précédents. Points d'interprétation Hypersignal FLAIR dans un territoire vasculaire. Zone plus ou moins étendue, située dans le parenchyme cérébral dont le signal est supérieur à celui du tissu nerveux sain en pondération FLAIR. À la phase subaiguë (24 heures à 10 jours), l'œdème est majoré par l'apparition de l'œdème vasogénique. L'ensemble des zones ischémiées reste hyperintense sur la séquence pondérée en diffusion mais devient aussi hyperintense en FLAIR. Œdème cytotoxique (modification du coefficient de diffusion). Il correspond au passage de l'eau du milieu extracellulaire au milieu intracellulaire, consécutif au dysfonctionnement de la pompe sodium-potassium. L'œdème cytotoxique des premières heures de l'ischémie va se traduire par une diminution des mouvements des molécules d'eau au niveau du parenchyme ischémié. Ce phénomène se traduit par un hypersignal franc sur la séquence pondérée en diffusion. La baisse du coefficient de diffusion se traduit par un hyposignal franc dans la zone ischémiée à la phase aiguë de l’infarctus cérébral. Prise de contraste gyriforme. Hypersignal du cortex cérébral apparaissant après injection de gadolinium en séquence pondérée T1, témoignant d'une rupture de la barrière hématoencéphalique. Cette prise de contraste respecte une systématisation territoriale artérielle et apparaît habituellement entre le 10e et le 20e jour suivant l'AVC, pour diminuer ensuite progressivement. 215 216 Ischémie cérébrale Le diagnostic différentiel est la prise de contraste méningée qui suit aussi le relief cortical mais ne respecte pas une systématisation territoriale artérielle. Remaniement hémorragique intracérébral. Saignement secondaire au sein d'une zone cérébrale récemment ischémiée. Ces remaniements hémorragiques apparaissent en hypersignal T1. Les séquences pondérées T2* sont les plus sensibles pour la détection d'un saignement. Le noyau lenticulaire est le siège habituel des remaniements hémorragiques car les artères perforantes sont les plus sensibles à l'ischémie. Lors de la lyse du thrombus, la revascularisation de ces artères peut provoquer leur rupture. Le diagnostic d’infarctus hémorragique est parfois difficile à affirmer et d'autres diagnostics peuvent être discutés, c'est le cas notamment des thromboses veineuses cérébrales. Il ne faut pas hésiter à réaliser une ARM veineuse qui permet d'explorer les sinus veineux. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? En fonction des moyens et des contingences locales, il faut réaliser un examen d'imagerie (TDM ou IRM) sans délai, qui ne retardera pas la prise en charge optimale du patient avant une potentielle fibrinolyse. Le scanner est à l'heure actuelle l'examen de premier recours dans la majorité des centres. Il permet de répondre aux questions qui ont permis de valider la fibrinolyse intraveineuse : absence d'hémorragie, ischémie peu étendue à moins d'un tiers du territoire cérébral moyen. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? 1. À la phase aiguë Le scanner multibarrettes permet une acquisition rapide, utile chez les patients agités. Il présente également un intérêt chez les patients « contreindiqués » à l'IRM et il est surtout plus accessible dans le cadre de l'urgence. À la phase aiguë de l'ischémie, le scanner sera réalisé sans injection de produit de contraste, à la recherche de signes précoces d'ischémie, tels que Stratégie diagnostique 217 la perte de différenciation entre la substance grise et la substance blanche, l'effacement des sillons corticaux et des espaces sous-arachnoïdiens. L'injection intraveineuse de produit de contraste iodé est à éviter car il est trop tôt pour observer une rupture de la barrière hématoencéphalique. Par ailleurs, elle peut masquer une artère sylvienne spontanément hyperdense. Cependant, l'injection peut se discuter chez un sujet jeune dont l'histoire est compatible avec une thrombose veineuse cérébrale. On recherchera alors une anomalie de prise de contraste des sinus veineux. L'IRM est l'examen de référence, car sa sensibilité et sa spécificité sont bien supérieures à celles du scanner. L'urgence n'est pas de réaliser une exploration exhaustive, mais de choisir parmi les séquences, celles qui permettront une prise de décision dans le délai le plus court. La séquence axiale FLAIR est une séquence de débrouillage, efficace, participant au diagnostic et à la recherche de causes non vasculaires aux symptômes du patient. La séquence de diffusion permet de confirmer le diagnostic et de reconnaître l'étendue de l'infarctus cérébral dès la première heure. La séquence pondérée T2 en écho de gradient (T2*) permet d'éliminer un AVC hémorragique. La séquence d'angiographie par résonance magnétique en TOF du polygone de Willis explore sa perméabilité et identifie une occlusion ou une sténose. Le Doppler cervical et transcrânien permet d'apprécier l'existence de sténose ou d'occlusion, de surveiller l'efficacité d'une thrombolyse. Certaines structures de soins offrent l'exploration Doppler systématiquement dès l'arrivée du patient. Sa limite principale réside dans sa fiabilité qui reste dépendante de l'expérience de l'opérateur. Outre les contre-indications médicales classiques à l'IRM, les indications résiduelles de l'artériographie cérébrale sont les AVC du sujet jeune d'étiologie non reconnue, la recherche d'une vascularite intracrânienne et en cas de discordance entre le Doppler et l'ARM dans l'évaluation des sténoses. 2. À la phase subaiguë (48e–72e heure) Les techniques d'imagerie, que ce soit le scanner ou l'IRM permettent d'affirmer le diagnostic d'ischémie cérébrale. D'une manière générale, l'IRM est préférée à chaque fois que la symptomatologie est évocatrice d'une ischémie de la fosse postérieure ou des territoires profonds. Le scanner sera réalisé sans puis après injection de produit de contraste. Le protocole d'IRM comprendra des séquences axiales en FLAIR, T2* et T1. Les séquences T1 après injection de gadolinium ne sont pas réalisées de façon systématique. Elles ne sont utiles que s'il existe un doute diagnostique ou lorsque les séquences T1 et T2 sont normales. 218 Ischémie cérébrale À l'étage intracrânien on réalisera une ARM TOF et à l'étage cervical une ARM avec injection de gadolinium. Ces séquences angiographiques ne sont pas systématiques, elles seront réalisées en fonction des données de l'écho-Doppler. COMMENT INTERPRÉTER ? À la phase aiguë d'une ischémie cérébrale (inférieure à 24 heures), le rôle du scanner est avant tout d'éliminer une hémorragie. Il peut être normal. Il peut révéler des signes précoces d'ischémie : artères cérébrales hyperdenses, perte du ruban insulaire, effacement des sillons corticaux. Il peut également montrer déjà une franche hypodensité de l'infarctus constitué. On évalue alors sa localisation et l'existence éventuelle d'un effet de masse. L'injection intraveineuse de produit de contraste iodé est à éviter, car il est trop tôt pour observer une rupture de la barrière hématoencéphalique. L'IRM à la phase aiguë est l'examen de référence, car la sensibilité et la spécificité de cet examen sont supérieures à celles du scanner. La séquence FLAIR peut mettre en évidence dès les premières heures les lésions ischémiques récentes sous la forme de plages en hypersignal dans le territoire vasculaire concerné. La séquence de diffusion permet de confirmer le diagnostic et de reconnaître l'étendue de l'ischémie cérébrale dès la première heure, en montrant une baisse du coefficient de diffusion. La séquence pondérée en écho de gradient T2 permet d'éliminer un AVC hémorragique ou une transformation hémorragique aiguë dès les premières heures de l'accident neurologique. Cette transformation hémorragique se manifestera par un hyposignal au sein de l'ischémie. La séquence d'angio-IRM du polygone de Willis explore sa perméabilité et identifie une occlusion ou une sténose. À la phase subaiguë, l'IRM permet d'affirmer le diagnostic d'ischémie, d'éliminer une autre pathologie, de reconnaître les formes atypiques, de distinguer les différentes formes d'infarctus et de détecter certaines pathologies rares. L'étude du parenchyme est essentiellement basée sur les séquences axiales FLAIR et T2 en raison de leur grande sensibilité pour la détection des zones ischémiées. Les anomalies apparaissent sous la forme d'un hypersignal intéressant à la fois la substance grise et la substance blanche. En T1, la zone ischémiée apparaît en hyposignal. Après injection de gadolinium, il existe une prise de contraste gyriforme soulignant le cortex ou en nappe homogène de toute la surface de l'hyposignal. Cette prise de contraste apparaît au milieu de la première semaine et atteint son ­maximum entre le 10e et le 20e jour, elle témoigne de la rupture de la barrière hématoencéphalique. Stratégie diagnostique 219 Les infarctus cérébraux peuvent être classés en fonction de l'aspect, de la topographie, de l'étendue, voire de l'étiologie : n les infarctus territoriaux affectent tout ou une partie des branches de l'artère carotide interne ; le territoire de l'artère cérébrale moyenne est le plus souvent atteint (55 à 75 %) ; l'athérosclérose est la cause la plus fréquente d'ischémie cérébrale, les lésions athéromateuses siégeant le plus souvent au niveau de la bifurcation carotidienne. Les infarctus territoriaux peuvent être dus à des embols d'origine cardiaque, secondaires à des troubles de la coagulation, secondaires à une vascularite ou à une dissection artérielle ; n les infarctus jonctionnels correspondent à des lésions ischémiques siégeant entre deux territoires vasculaires adjacents. Ces lésions sont causées par une hypoperfusion globale ou focale secondaire à une insuffisance cardiaque ou à des lésions carotidiennes sténosantes lorsque le réseau de suppléance est insuffisant ; n les infarctus lacunaires correspondent à de petits infarctus anciens, secondaires à l'occlusion d'une artère perforante par lypohyalinose, embolie ou athérosclérose. Les lacunes sont des lésions de petite taille, inférieures à 1,5 cm de diamètre ; n la leucoaraïose : terme radiologique utilisé pour décrire au scanner une hypodensité diffuse, mal limitée de la substance blanche, attribuée à l'épaississement fibrohyalin des vaisseaux perforants de la substance blanche, secondaire à une HTA, un diabète ou un vieillissement physiologique. En IRM, il est préférable d'utiliser le terme d'hypersignaux FLAIR ou T2 de la substance blanche ; n les infarctus veineux : ils ne siègent pas dans un territoire artériel. Ils sont dus à l'obstruction du sinus veineux qui peut être favorisée par la grossesse, la prise de contraceptifs oraux ou la présence d'une infection ORL (sinusite, mastoïdite). L'infarctus d'origine veineuse est souvent hémorragique, de topographie corticale ou sous-corticale, multifocal. L'angio-IRM veineuse est aujourd'hui largement utilisée en routine pour étudier la perméabilité des sinus veineux. La connaissance des symptômes oriente vers une localisation lésionnelle : déficit brachiofacial → cortex rolandique ; déficit des trois territoires d'ARM → capsule interne ; hémianopsie latérale homonyme → cortex occipital… COMPTE RENDU Le compte rendu doit préciser : n le siège, l'étendue et l'ancienneté de l'AVC ; n le caractère ischémique ou hémorragique ; n les éventuels signes de gravité (engagement, hydrocéphalie) ; n le territoire vasculaire concerné (en se basant sur la topographie et sur l'étude vasculaire sur l'ARM). C HA P IT R E 17 Céphalées OBJECTIFS Rechercher une cause organique à des céphalées. TECHNIQUE Séquences sagittales T1, transversales FLAIR ou T2 et acquisition volumique en pondération T1 après injection de gadolinium. Dans l'hypothèse d'une cause vasculaire aux céphalées, l'examen doit être complété par une ARM artérielle (à la recherche d'un anévrisme) ou veineuse (à la recherche d'une thrombose veineuse). IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 222 Céphalées POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Définir le type de céphalées et rechercher des éléments cliniques associés Toute céphalée aiguë doit être explorée initialement par un scanner à la recherche d'une hémorragie méningée. Les céphalées subaiguës et inhabituelles sont une bonne indication d'IRM. On recherche toutes les causes décrites aux points 2, 3, 4, et 5. Les céphalées chroniques et habituelles telles que les migraines ne doivent bénéficier d'une IRM que si elles comportent des atypies cliniques. Les éléments associés à rechercher sont : un syndrome méningé, un œdème au fond d'œil, des symptômes neurologiques tels qu'une crise d'épilepsie ou un déficit focal. 2. Rechercher une cause parenchymateuse Pour qu'une cause parenchymateuse soit responsable d'une céphalée, il faut qu'elle entraîne une hypertension intracrânienne (abcès, tumeur). 3. Rechercher une cause méningée à type de collections (hématome sous-dural, empyème sous-dural), de tumeurs (méningiomes) ou d'inflammation (méningite) 4. Rechercher une cause vasculaire On recherche soit un anévrisme, soit une thrombose veineuse cérébrale, soit une malformation artérioveineuse. 5. Rechercher une cause sinusienne Les sinusites bloquées sont souvent responsables de céphalées quelle que soit leur localisation. Anévrisme. Perte du parallélisme des parois vasculaires. En angio-IRM, l'anévrisme se présente sous la forme d'une image d'addition sur une branche vasculaire. Les localisations préférentielles intéressent les artères de l'étage antérieur (artère communicante antérieure), ou de l'étage moyen (artère carotide interne, artère cérébrale moyenne). Il faut rechercher un effet de masse sur le parenchyme cérébral et des signes de saignement localisé dans les espaces sous-arachnoïdiens ou dans le parenchyme. Points d'interprétation Déviation des structures médianes. Déplacement des structures ventriculaires suset/ou sous-tentorielles par rapport à une ligne sagittale médiane de part et d'autre de laquelle l'encéphale est théoriquement symétrique. Il faut rechercher une lésion causale et des signes de gravité (engagement, hydrocéphalie). Tout processus occupant intracrânien peut être responsable d'une déviation des structures médianes. Lésion intracrânienne intra-axiale. Processus développé à partir du parenchyme cérébral. L'apparition au sein du cerveau d'une zone de signal différente de celle du parenchyme sain en contraste spontané ou d'une prise de contraste lors de l'injection de gadolinium traduit la présence d'une lésion intra-axiale. Les lésions intra-axiales responsables de céphalées sont les tumeurs et les abcès. Il faut rechercher les signes de gravité comme l'hydrocéphalie et l'engagement. Lésion intracrânienne extra-axiale. Processus développé à l'intérieur du crâne à partir des enveloppes du cerveau ou des nerfs crâniens. L'apparition au sein des espaces péricérébraux d'un signal différent de celui du liquide cérébrospinal, d'un processus expansif ou d'une prise de contraste lors de l'injection de produit de contraste, traduit la présence d'une lésion extra-axiale. Les lésions extra-axiales responsables de céphalées sont l'hématome sous-dural, la méningite et le méningiome. 223 224 Céphalées Niveau hydroaérique intrasinusien. Séparation rectiligne et horizontale entre un liquide de localisation endosinusienne et l'air contenu normalement dans la lumière des sinus de la face. L'injection d'un produit de contraste n'est pas nécessaire. Un liquide endosinusien a un signal variable selon son origine et est caractérisé par la déclivité. Les sinusites bloquées sont souvent responsables de céphalées. Œdème vasogénique. Importante réaction œdémateuse cérébrale due à l'extravasation de médiateurs de l'inflammation causée par une agression de nature diverse. Il se présente sous la forme d'une plage de signal anormal, en hyposignal T1, hypersignal T2, localisé dans la substance blanche, homogène, respectant le cortex et réalisant un effet de masse sur les structures environnantes. Il faut rechercher des arguments pour une lésion causale. Thrombose veineuse cérébrale. Non-visualisation d'un segment vasculaire veineux sur une reconstruction d'angiographie par résonance magnétique. En IRM, le signal du thrombus est variable dans le temps. Il faut rechercher des signes indirects de la thrombose veineuse cérébrale qui sont soit parenchymateux (œdème vasogénique et infarcissement hémorragique), soit méningés (prise de contraste anormale de la dure-mère). Stratégie diagnostique 225 STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUELS EXAMENS D'IMAGERIE ? Un bilan d'imagerie est indiqué en cas de céphalées récentes non régressives, d'installation soudaine ou rapide. L'objectif de l'imagerie étant de rechercher un processus expansif intracrânien. L'IRM tend à devenir aujourd'hui l'examen de référence, sa sensibilité est supérieure à celle du scanner et elle permet d'étudier dans le même temps le parenchyme cérébral, les espaces liquidiens, les vaisseaux intracrâniens et les vaisseaux cervicaux. Le scanner reste dans bon nombre d'endroits l'examen de première intention permettant le diagnostic des lésions hémorragiques, des lésions ischémiques et des processus expansifs intracrâniens. Toutefois, certains diagnostics urgents, comme l'ischémie, la thrombose veineuse cérébrale ou l'hémorragie sous-arachnoïdienne peuvent être méconnus. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? La séquence FLAIR a une meilleure sensibilité que le scanner pour la détection des hémorragies sous-arachnoïdiennes dès les premières heures. La séquence en écho de gradient T2 (T2*) est utile pour détecter un saignement aigu intraparenchymateux. La séquence de diffusion permet la distinction entre ischémie artérielle et veineuse et la différenciation en cas de lésion cavitaire entre tumeur nécrosée et abcès. La séquence pondérée T1 assure un bilan morphologique rapide et permet le diagnostic des hémorragies aiguës et subaiguës. L'injection de gadolinium est effectuée lors de la découverte d'une lésion expansive. Elle devra être réalisée lors d'une acquisition volumique qui permettra de reconstruire les images dans les trois plans de l'espace. Plusieurs techniques d'ARM peuvent être effectuées : ARM temps de vol pour l'étude des artères intracrâniennes, ARM veineuse après injection de produit de contraste pour l'étude des sinus veineux et l'ARM avec injection de gadolinium pour l'étude des artères cervicales. COMMENT INTERPRÉTER ? Le mode d'installation de la céphalée est l'élément le plus important à prendre en compte. Des céphalées s'installant sur plusieurs semaines et évoluant de façon permanente ou paroxystique sont le plus souvent d'origine fonctionnelle et ne nécessitent pas d'exploration complémentaire. En revanche, des céphalées brutales, inhabituelles, permanentes, s'aggravant depuis quelques jours, nécessitent une exploration radiologique en urgence. Plusieurs présentations cliniques peuvent être envisagées. 226 Céphalées 1. Céphalées aiguës brutales Hémorragie sous-arachnoïdienne La céphalée est brutale, intense, en coup de tonnerre. Elle s'accompagne d'un syndrome méningé. Le scanner cérébral sans injection peut être l'examen de première intention, sa sensibilité est élevée le jour du saignement, mais diminue dans les premiers jours. Une IRM cérébrale comprenant des séquences FLAIR et T2* peut être réalisée en urgence et en première intention, à condition qu'elle soit facilement accessible. Elle permet de mettre en évidence l'hémorragie sous-arachnoïdienne sous la forme d'un hypersignal FLAIR des espaces sous-arachnoïdiens et des citernes de la base. Une ARM sera réalisée à la recherche d'un anévrisme, cause la plus fréquente de l'hémorragie sous-arachnoïdienne. Ischémie cérébrale Les céphalées accompagnant un infarctus cérébral sont brusques et d'intensité variable et apparaissent en second plan après les signes déficitaires. À la phase aiguë, le bilan IRM doit être le plus court possible afin d'obtenir un examen sans artéfact chez des patients souvent agités et de ne pas retarder la mise en route du traitement. La séquence de diffusion est la plus utile car elle permet en quelques minutes de faire le diagnostic d'ischémie cérébrale d'origine artérielle, devant un hypersignal intraparenchymateux et une baisse du coefficient de diffusion. La séquence FLAIR peut montrer un hypersignal spontané intravasculaire qui témoigne d'un ralentissement circulatoire ; une ARM est alors nécessaire pour rechercher une occlusion artérielle. 2. Céphalées inhabituelles Thrombose veineuse cérébrale Le diagnostic de thrombose veineuse cérébrale peut être difficile car la céphalée peut être isolée ou inaugurale. Certaines pathologies associées, comme une sinusite, un abcès dentaire ou la présence de facteurs favorisants (contraception orale, péri-partum, maladie générale inflammatoire) peuvent orienter le diagnostic. L'IRM, plus sensible que le scanner, montre la thrombose veineuse, son extension et l'atteinte parenchymateuse associée. Le signal du thrombus veineux varie en fonction du temps, à la phase aiguë (< 3–5 jours), le diagnostic peut être méconnu car le signal du thrombus est isointense T1 et hypointense T2. Ultérieurement, le signal devient intense en Stratégie diagnostique 227 T1 et T2. L'ARM veineuse confirme le diagnostic en montrant une absence de flux dans un ou plusieurs sinus. Les signes indirects de la thrombose veineuse cérébrale sont la diminution des cavités ventriculaires, la présence d'infarctus hémorragiques ou non, corticosous-corticaux, ne siégeant pas dans un territoire artériel, l'opacification des veines transcérébrales, voies de suppléance entre les réseaux veineux superficiel et profond. 3. Céphalées d'installation rapidement progressive Tumeurs intracrâniennes Toute tumeur intracrânienne peut, du fait de ses répercussions locorégionales, être responsable de céphalées progressives. Celles-ci peuvent être associées à des troubles de conscience, des déficits focaux, des crises comitiales. L'IRM, imagerie de choix par son étude dans les trois plans de l'espace, permet une étude des complications de la tumeur, comme l'hydrocéphalie ou l'engagement qui peuvent bénéficier d'un traitement neurochirurgical. Céphalées et fièvre Le diagnostic de méningite repose sur l'examen du LCS. La place de l'imagerie pour le diagnostic de méningite est réduite. En revanche, un bilan d'imagerie est indispensable lorsqu'apparaissent des signes focaux, une crise comitiale ou un syndrome confusionnel. Ce bilan d'imagerie a pour objectif de rechercher une complication : encéphalite, abcès, empyème sous-dural, hydrocéphalie, œdème cérébral. En cas de méningite, l'IRM montre un rehaussement leptoméningé. En cas d'encéphalite, l'IRM montre une lésion de siège uni- ou bitemporal sous la forme d'un hypersignal T2 ou FLAIR qui à la phase aiguë peut présenter une prise de contraste. COMPTE RENDU Le plus souvent, aucune cause à la céphalée n'est retrouvée, le compte rendu doit être résolument rassurant. En cas de découverte d'une cause, il faut proposer une conduite à tenir. C HA P IT R E 18 Tumeurs cérébrales OBJECTIFS Effectuer le bilan d'une tumeur intra- ou extraparenchymateuse en vue d'un éventuel geste chirurgical. Dans la majorité des cas, le diagnostic de tumeur a déjà été effectué par un scanner. L'IRM est réalisée en seconde intention pour préciser le type de lésion et déterminer ses rapports avec les structures environnantes. TECHNIQUE Séquences sagittales T1 sur l'ensemble de l'encéphale. Séquences transversales T2 sur l'ensemble de l'encéphale. Séquence de diffusion. L'utilisation des séquences 3D après injection est indispensable. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 230 Tumeurs cérébrales POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Analyser le nombre de lésions : tumeur unique ou multiple Une tumeur intraparenchymateuse unique est opérable si sa localisation le permet. Des tumeurs multiples telles que les métastases ou un gliome multiforme ne sont généralement pas opérées. 2. Affirmer le caractère extraparenchymateux, intraparenchymateux ou intraventriculaire Ce critère est fondamental pour pouvoir proposer une gamme diagnostique. Les tumeurs intraparenchymateuses sont surtout des tumeurs gliales ou des métastases. Les tumeurs extraparenchymateuses sont surtout des méningiomes, des neurinomes ou des kystes. Les tumeurs intraventriculaires sont surtout des papillomes, des méningiomes, des épendymomes et des métastases. Il s'agit d'un diagnostic parfois difficile. Il faut s'aider des lignes de r­accordement tumoral avec le parenchyme et la méninge sur les séquences dans les trois plans de l'espace. 3. Localiser et mesurer précisément la lésion Cette localisation est d'abord globale (sus-, sous-tentorielle, hémisphère droit ou gauche, tronc cérébral ou cervelet), puis précise (lobes, gyrus, etc.). Il est intéressant de donner la taille de la lésion. Tous ces paramètres vont permettre de poser ou non l'indication opératoire. 4. Décrire le signal et la prise de contraste lésionnelle Ces paramètres permettent d'approcher le type histologique de la tumeur, son caractère œdémateux ou hémorragique et son degré de vascularisation. 5. Analyser l'extension tumorale Il s'agit de préciser les rapports de la tumeur. Dans les cas de tumeurs intraparenchymateuses, il faut dépister les extensions empêchant une exérèse carcinologiquement satisfaisante : commissures interhémisphériques, tronc cérébral, méninges, épendyme, etc. 6. Dépister les signes de gravité : hydrocéphalie obstructive, engagement Les tumeurs très œdémateuses sont souvent responsables de phénomènes d'engagement qui mettent en jeu le pronostic vital à court terme. 7. Déterminer si la lésion est opérable ou non Le diagnostic d'opérabilité découle des points 1, 2, 3, 4 et 5. Points d'interprétation Effet de masse intracrânien. Phénomène provoquant un collapsus des structures ventriculaires ou cisternales endocrâniennes, ou des sillons de la corticalité ou encore un refoulement des vaisseaux cérébraux. Il faut rechercher une déviation des structures de la ligne médiane, des signes d'engagement temporal, sousfalcoriel ou des amygdales cérébelleuses et des signes en faveur d'une lésion causale : processus tumoral, hématome, ischémie récente, etc. Prise de contraste anormale intracérébrale. Hypersignal focal arrondi, homogène ou en « cocarde » intéressant le parenchyme cérébral et visible uniquement après injection de gadolinium. Ces prises de contraste anormales sont le plus souvent entourées d'une plage d'œdème vasogénique qui provoque un effet de masse sur le cortex et les ventricules, voire un engagement. Dans un contexte néoplasique, il faut rechercher des arguments en faveur d'une diffusion lésionnelle aux méninges ou à l'épendyme. Processus occupant intracrânien. Structure anormale endocrânienne intraou extraparenchymateuse dont le volume provoque dans l'espace non expansible que constitue la boîte crânienne, une compression et un refoulement des structures cérébrales normales. Il faut rechercher une déviation des structures médianes, un effet de masse, des signes d'engagement temporal, sous-falcoriel ou tonsillaire. 231 232 Tumeurs cérébrales STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? Le diagnostic de tumeur cérébrale repose sur le scanner et surtout sur l'IRM. Le scanner reste dans bon nombre d'endroits l'examen de première intention dans le diagnostic des processus expansifs intracrâniens. La supériorité de l'IRM, déjà évidente pour le diagnostic positif ou de nature, est encore plus manifeste dans la détermination de la localisation exacte de la lésion et de son extension. L'IRM peut donc être proposée en première intention si la clinique fait évoquer un processus tumoral. Des avancées importantes en imagerie ont été réalisées grâce aux nouvelles techniques d'IRM permettant une étude, non seulement morphologique, mais également fonctionnelle et métabolique du parenchyme cérébral (IRM de diffusion, IRM de perfusion, spectro-IRM). QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? L'examen IRM doit comporter au minimum une séquence sagittale T1 sans injection puis une séquence après injection de gadolinium lors d'une acquisition volumique avec reconstruction dans les trois plans de l'espace. Les séquences T2 et FLAIR sont d'une aide précieuse dans la caractérisation tissulaire et dans la distinction entre tumeur et œdème. La séquence en écho de gradient T2 n'est pas systématique, mais elle met en évidence les éventuels composants calciques ou le caractère hémorragique de la lésion. La séquence de diffusion doit faire partie du protocole standard dans l'exploration de tout processus expansif intracrânien. Les séquences de perfusion et la spectroscopie par résonance magnétique peuvent venir en complément pour la caractérisation, et éventuellement pour le grading et la surveillance postopératoire des tumeurs. COMMENT INTERPRÉTER ? La démarche diagnostique devant une lésion d'allure expansive intracrânienne est double : déterminer si la lésion découverte est tumorale ou non, préciser le siège exact de la lésion (intra-axiale, intraventriculaire, extra-axiale). 1. Éliminer une étiologie tumorale Causes vasculaires Les malformations artérioveineuses et les anévrismes ne posent en général pas de problème diagnostique. Toutefois, les anévrismes peuvent être de grande taille et se thromboser. Le diagnostic peut alors devenir difficile. Un Stratégie diagnostique 233 des éléments sémiologiques important en IRM est leur caractère nettement hypointense en T2. Les cavernomes sont très facilement reconnus sur leur aspect hétérogène, plutôt hyperintenses au centre en T1, très hypointenses en périphérie en T2*, pas ou peu rehaussés après injection de produit de contraste. Les AVC ont le plus souvent une clinique évocatrice, avec un début brutal. Désormais, la séquence de diffusion systématiquement utilisée permet d'orienter facilement le diagnostic. Causes infectieuses Devant toute lésion rehaussée en périphérie et dont le centre ne se rehausse pas, les deux diagnostics les plus probables sont la tumeur nécrotique et l'abcès. Les séquences morphologiques T1 et T2 peuvent déjà orienter le diagnostic, mais là encore la séquence de diffusion est décisive. Si le centre de la lésion est hyperintense en diffusion, il existe une restriction des mouvements de l'eau qui est due à la présence de pus, permettant ainsi le diagnostic d'abcès. À l'inverse, si le centre de la lésion est hypointense en diffusion, l'augmentation des mouvements d'eau orientera vers le diagnostic de tumeur nécrotique ou kystique. 2. Déterminer le siège de la lésion Tumeurs intra-axiales Les tumeurs primitives les plus fréquentes sont les gliomes, qu'il s'agisse d'astrocytome ou d'oligodendrogliome. Les astrocytomes sont les plus fréquents et sont classés en : n astrocytomes de grade I : ils comprennent surtout les astrocytomes pilocytiques et se rencontrent chez l'enfant et l'adolescent. Ils sont proches de la ligne médiane autour des 3e et 4e ventricules et se présentent sous la forme de lésions kystiques avec un nodule mural, une prise de contraste périphérique et parfois des calcifications ; n astrocytomes de grade II : ils sont plus fréquents chez l'adulte jeune. Il s'agit de tumeurs d'évolution lente envahissant progressivement la substance blanche ; ils se présentent en IRM comme des lésions iso- ou hypointenses T1, hyperintenses T2, sans rehaussement après injection de gadolinium ; n astrocytomes anaplasiques infiltrants : ils se rencontrent chez l'adulte de 40 à 60 ans et l'IRM retrouve une lésion mal limitée, hétérogène, isointense T1 et hyperintense T2, elle s'accompagne d'un œdème périlésionnel hyperintense T2 ; la prise de contraste est souvent irrégulière et périphérique. L'oligodendrogliome, plus rare, est une tumeur qui infiltre les régions corticales et sous-corticales. La localisation frontale avec extension au corps calleux est fréquente. 234 Tumeurs cérébrales En IRM, la lésion apparaît hypo- ou isointense T1, hyperintense T2, le rehaussement après gadolinium n'est pas retrouvé dans les oligodendrogliomes de grade faible. Il est net et parfois associé à des zones nécroticohémorragiques dans les formes anaplasiques. Les autres tumeurs intra-axiales, beaucoup plus rares, sont le lymphome et les métastases. Les caractéristiques radiologiques du lymphome cérébral primitif en scanner et en IRM permettent souvent d'évoquer le diagnostic. En scanner, il s'agit d'une lésion iso- ou spontanément hyperdense du fait de son hypercellularité. L'IRM montre une lésion volumineuse, infiltrante, uni- ou bilatérale, antérieure, en regard du genou du corps calleux ou, plus postérieure, dans le splénium. Cette lésion est en hyposignal T1, hypersignal hétérogène T2, se rehaussant intensément et de façon homogène après injection de gadolinium. L'œdème périlésionnel est souvent discret et l'effet de masse est minime, voire absent. Les cancers primitifs les plus fréquemment responsables de localisations secondaires cérébrales sont le cancer du poumon, le cancer du sein et les mélanomes. Les métastases peuvent prendre des aspects multiples : solides, hémorragiques, kystiques. Après injection de gadolinium, l'aspect est également variable : rehaussement intense, nodulaire, en anneau ou mixte. En cas de métastase nécrotique unique, l'imagerie de diffusion est utile pour la différencier d'un abcès. La métastase nécrotique est en hyposignal sur la séquence de diffusion et son coefficient apparent de diffusion est augmenté. Tumeurs extra-axiales Les lésions expansives extra-axiales sont essentiellement représentées par des lésions bénignes. On distingue les lésions tumorales développées à partir de l'enveloppe méningée, principalement les méningiomes (les métastases étant beaucoup plus rares), les tumeurs développées à partir du trajet sousarachnoïdien des nerfs crâniens, en particulier les neurinomes de l'acoustique et enfin les lésions kystiques extra-axiales qui sont représentées par les kystes arachnoïdiens, les kystes dermoïdes et les kystes épidermoïdes. Les méningiomes représentent environ 15 % des tumeurs intracrâniennes de l'adulte. Trente à quarante pour cent des méningiomes s'accompagnent de crises d'épilepsie. En IRM, le méningiome se présente sous la forme d'une lésion iso- ou hypointense T1 et de signal variable en T2. Un œdème périlésionnel (hypersignal T2) est fréquent. Le rehaussement est intense, le plus souvent homogène avec rehaussement de la dure-mère à la périphérie de la masse. Les méningiomes développés à proximité des sinus veineux ou des gros vaisseaux de la base doivent être explorés par angio-IRM. Stratégie diagnostique 235 Les métastases leptoméningées vont se présenter sous la forme d'un épaississement méningé avec prise de contraste nodulaire ou diffuse des méninges. Ce sont les cancers du sein, les lymphomes et les cancers de la prostate qui donnent le plus souvent des métastases méningées. Le neurinome du VIII est la tumeur la plus fréquente des tumeurs des nerfs crâniens. L'exploration du neurinome du VIII est essentiellement basée sur l'IRM. En T1, les neurinomes apparaissent iso- ou hypointenses par rapport au cervelet, de signal homogène lorsque la tumeur est de petite taille et de signal hétérogène lorsque la tumeur est volumineuse. En T2, ces tumeurs sont hyperintenses. Après injection de gadolinium, il existe un rehaussement important, homogène pour les petites tumeurs et hétérogène pour les tumeurs volumineuses. Les formations kystiques intracrâniennes extra-axiales sont représentées par les kystes sous-arachnoïdiens, les kystes dermoïdes et épidermoïdes et les tumeurs kystiques de la région sellaire. Les kystes arachnoïdiens sont faciles à diagnostiquer en IRM puisqu'ils ont un signal liquidien homogène sur toutes les séquences. Les kystes épidermoïdes ont des contours irréguliers et leur signal est proche de celui du LCS en T1, mais plus hétérogène. En T2, leur signal est élevé, légèrement plus intense que le LCS. Il n'y a pas de rehaussement après injection de gadolinium. Les kystes dermoïdes ont un signal de nature graisseuse : hypersignal T1, signal variable en T2, pas de prise de contraste. Le kyste dermoïde peut se rompre et être à l'origine de « méningite » chimique qui se caractérise par la présence de gouttelettes de graisse dans les espaces sous-arachnoïdiens ou par un niveau liquide-graisse dans le ventricule. COMPTE RENDU Le compte rendu doit comporter : n le nombre et la taille des lésions ; n la localisation précise de la lésion ; n une description du signal et du rehaussement tumoral ; n le caractère extraparenchymateux, intraparenchymateux ou intraventriculaire ; n les signes de gravité (hydrocéphalie, engagement), secondaires à la lésion. C HA P IT R E 19 Épilepsie OBJECTIFS Rechercher une cause morphologique à la maladie épileptique. TECHNIQUE L'examen IRM explore l'ensemble de l'encéphale mais est particulièrement centré sur les lobes temporaux et les structures hippocampiques qui sont étudiés en coupes fines et en haute résolution. Coupes sagittales T1 sur l'ensemble de l'encéphale. Coupes axiales T2* sur l'ensemble de l'encéphale. Coupes frontales de 4 mm dans un plan perpendiculaire au grand axe de l'hippocampe en séquence FLAIR. L'injection de gadolinium ne doit pas être systématique mais réservée aux patients chez qui on découvre une lésion évocatrice de processus tumoral. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 238 Épilepsie POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Connaître le type de crise et préciser s'il existe un foyer épileptogène sur l'EEG Le type d'épilepsie est un élément fondamental à connaître. Une crise généralisée a de très grandes chances de ne révéler aucune anomalie (épilepsie essentielle). À l'inverse, une crise partielle (temporale par exemple) ou une crise inaugurale est souvent le témoin d'une pathologie organique sous-jacente. 2. Rechercher une anomalie focale du cortex cérébral Il faut rechercher une zone de dysplasie corticale (malformation) ou d’atrophie corticale (cicatrice). Dans l'épilepsie partielle temporale, on recherche plus précisément une sclérose hippocampique qui est caractérisée par une anomalie d'épaisseur et de signal (FLAIR ou T2) du cortex hippocampique. 3. Rechercher des anomalies de la migration neuronale (hétérotopie) Les hétérotopies neuronales se situent entre la paroi des ventricules latéraux et le cortex. Elles ont un aspect nodulaire et plus rarement un aspect linéaire. 4. Rechercher un processus expansif intracrânien Tout processus expansif intracrânien situé à proximité du cortex cérébral peut constituer un élément irritatif potentiel et déclencher des crises d'épilepsie. 5. Rechercher une malformation vasculaire, parenchymateuse ou piale Il faut rechercher des malformations artérioveineuses, des cavernomes, des angiomatoses leptoméningées. 6. Rechercher des lésions séquellaires La gliose est la conséquence de nombreuses lésions cérébrales qu'elles soient post-traumatiques, postinfectieuses, postinflammatoires ou postisché­miques. Points d'interprétation Anomalies de la migration neuronale (hétérotopie). Le terme d'hétérotopie désigne la présence de substance grise en situation ectopique. Elle apparaît en IRM sous la forme de nodules ou de bandes isointenses au cortex cérébral sur toutes les séquences. Il n'y a pas de prise de contraste après injection, ni d'effet de masse, ni d'œdème. Ces hétérotopies siègent soit en périventriculaire, soit en sous-cortical. Les hétérotopies neuronales sont des petites masses nodulaires de substance grise bordant les parois des ventricules latéraux. Gliose. La gliose peut être la conséquence de nombreuses lésions cérébrales qu'elles soient posttraumatiques, postinfectieuses, postinflammatoires ou postischémiques. Quel qu'en soit le mécanisme, la gliose en IRM associe atrophie et anomalie de signal due à l'augmentation de l'eau libre tissulaire visible sous la forme d'un hypersignal en plage sur les séquences pondérées T2 ou FLAIR, sans effet de masse. Image en « pop-corn ». Lésion polycyclique grossièrement arrondie, multiloculaire, faite de la juxtaposition de logettes de signaux d'intensités différentes. Au cours de l'exploration d'une épilepsie, l'IRM peut révéler, au sein de la substance blanche, la présence d'une image en « pop-corn », mélange d'hyper- et d'hyposignaux qui traduisent la survenue d'épisodes hémorragiques successifs. Cette image est caractéristique de malformation vasculaire à type de cavernome. 239 240 Épilepsie Sclérose hippocampique. La perte neuronale observée par les anatomopathologistes se traduit en IRM par une atrophie de l'hippocampe et la gliose par un hypersignal T2 ou FLAIR. Le diagnostic IRM de sclérose hippocampique repose essentiellement sur ces deux critères. Plus récemment, la perte des digitations normalement visibles au niveau de la tête de l'hippocampe et la perte de l'architecture interne de celui-ci ont été rapportées comme deux bons signes de sclérose hippocampique. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? L'IRM morphologique représente un outil indispensable dans l'exploration d'une épilepsie. Son but est de détecter des anomalies cérébrales potentiellement épileptogènes. La sensibilité de l'IRM est très nettement supérieure à celle du scanner. Outre l'aide au diagnostic étiologique de l'épilepsie, l'IRM et toutes les techniques dérivées (IRM fonctionnelle, IRM de diffusion, spectroscopie par IRM) peuvent s'avérer d'un apport précieux dans plusieurs domaines : approche physiopathologique, cartographie fonctionnelle, information sur la dynamique des crises. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? Le protocole type dans l'exploration d'une épilepsie doit comprendre : n des coupes axiales FLAIR ; n des coupes axiales T2* qui ont pour but de détecter des petits saignements grâce à une bonne sensibilité à la susceptibilité magnétique ; n des coupes frontales, pondérées FLAIR et T1, de 3 à 4 mm centrées sur l'hippocampe dans un plan perpendiculaire au grand axe de l'hippocampe ; n l'injection de gadolinium n'est pas systématique et sera réservée aux patients chez lesquels on découvre une lésion évoquant un processus tumoral. COMMENT INTERPRÉTER ? La cause la plus fréquente d'épilepsie d'origine temporale est la sclérose hippocampique ou sclérose mésiale qui sur le plan anatomopathologique associe une raréfaction neuronale et une gliose hippocampique. Stratégie diagnostique 241 La perte neuronale se traduit en IRM par une atrophie de l'hippocampe et la gliose par un hypersignal en séquence FLAIR. Plus récemment, la perte des digitations normalement visibles au niveau de la tête de l'hippocampe et la perte de l'architecture interne de l'hippocampe ont été rapportées comme deux bons signes de sclérose hippocampique. La sensibilité de l'IRM pour le diagnostic de sclérose hippocampique dépend essentiellement de la technique IRM utilisée. En effet, les coupes doivent être fines (3 à 4 mm) et réalisées perpendiculairement à l'axe longitudinal de l'hippocampe. Avant de comparer la taille des hippocampes, il convient de vérifier que les structures paires (canal auditif interne par exemple) sont situées dans le même plan de coupe. L'épilepsie étant une pathologie chronique, on imagine bien que l'étiologie tumorale sous-jacente concerne des tumeurs bénignes, de bas grade et d'évolution lente. Ces lésions sont le plus souvent bien limitées, de petite taille et de topographie corticale. Les tumeurs les plus fréquentes sont les oligodendrogliomes de bas grade, les astrocytomes de bas grade et les tumeurs gliales mixtes. Bien qu'il soit souvent impossible à partir des seules données de l'IRM d'affirmer la nature de la lésion, certaines tumeurs ont des caractéristiques IRM particulières qui permettent d'orienter le diagnostic étiologique. Les astrocytomes sont des lésions bien limitées, ne prenant pas le contraste. Les oligodendrogliomes ont tendance à infiltrer le cortex, sont le siège de calcifications et prennent le contraste de façon variable. Les tumeurs gliales sont classiquement des tumeurs kystiques calcifiées qui prennent le contraste. Les anomalies de développement sont l'autre grand domaine dans lequel l'IRM, couplée à une bonne connaissance de l'anatomie, permet des hypothèses diagnostiques précises. Ces anomalies peuvent être étendues, intéressant une grande partie du cortex cérébral et s'associent à de graves troubles des fonctions supérieures (lissencéphalie, hémimégalencéphalie). Ces malformations sont diagnostiquées dans l'enfance. Les hétérotopies sont avec les dysplasies corticales, les anomalies de développement les plus fréquentes en épileptologie. Le terme d'hétérotopie désigne la présence de substance grise en situation ectopique. Elle apparaît en IRM sous la forme de nodules ou de bandes isointenses au cortex cérébral sur toutes les séquences. Il n'y a pas de prise de contraste après injection, ni d'effet de masse, ni d'œdème. Ces hétérotopies siègent soit en périventriculaire, soit en sous-cortical. En cas de dysplasie corticale, les anomalies IRM rencontrées vont d'un simple épaississement du cortex avec le plus souvent un hypersignal T2 ou FLAIR jusqu'à une large fente avec un cortex polymicrogyrique. 242 Épilepsie Les malformations vasculaires les plus fréquentes sont les cavernomes. Ils apparaissent sous la forme d'une image en « pop-corn » en hypersignal hétérogène en séquence pondérée T1 et T2. À la périphérie, il existe une couronne d'hémosidérine en hyposignal T2 et T2*. La gliose est la conséquence de nombreuses lésions cérébrales qu'elles soient post-traumatiques, postinfectieuses, postinflammatoires ou postisché­miques. Quel qu'en soit le mécanisme, la gliose en IRM associe atrophie et anomalie de signal due à une augmentation de l'eau libre tissulaire. En IRM, s'il est facile de reconnaître une lésion de type séquellaire, il est difficile de différencier une gliose postinfectieuse d'une gliose postinflammatoire ou postischémique. Parfois, la topographie des lésions peut aider au diagnostic étiologique (exemple : séquelle temporale d'encéphalite herpétique), mais seuls les antécédents du patient permettent d'identifier l'origine de cette lésion séquellaire. COMPTE RENDU Le compte rendu doit décrire précisément les anomalies détectées. Le diagnostic suspecté doit être indiqué. Une conduite à tenir doit être proposée. C HA P IT R E 20 Maladie démyélinisante OBJECTIFS Rechercher des lésions de démyélinisation cérébrales et/ou médullaires (plaques). Déterminer leur activité. Prédire le handicap lié à la maladie. TECHNIQUE Séquences sagittales T1, sagittales T2, FLAIR, T1 et 3D T1 après injection de gadolinium. Séquence de diffusion. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 244 Maladie démyélinisante POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Rechercher des hypersignaux en T2 et en FLAIR de la substance blanche sus- et sous-tentorielle et au sein du cordon médullaire 2. Rechercher certains caractères sémiologiques de ces hypersignaux Aspect asymétrique des lésions. Localisations préférentielles ou évocatrices (périventriculaires, corps calleux, fibres en « U » juxtacorticales, fosse postérieure, moelle). n Hypersignaux en nappes mal limitées. n n 3. Évaluer le nombre de lésions (charge lésionnelle) : élément pronostique corrélé au handicap Selon Barkhof, trois des quatre critères suivants doivent être présents pour établir le diagnostic de sclérose en plaques (SEP) en IRM : n une lésion rehaussée par le gadolinium ou au moins neuf lésions hyperintenses en T2 ; n au moins une lésion sous-tentorielle ; n au moins une lésion juxtacorticale ; n au moins quatre lésions périventriculaires. 4. Rechercher des lésions en hyposignal T1, appelées « trous noirs » Ils traduisent l'existence de lésions destructrices, associant démyélinisation complète et perte axonale et seraient un élément de mauvais pronostic corrélé au handicap. 5. La dissémination temporelle des lésions est recherchée en T1 après injection de gadolinium L'existence d'un rehaussement du signal après l'injection de gadolinium traduit l'ouverture de la barrière hématoencéphalique et donc la constitution de lésions inflammatoires récentes. Celles-ci peuvent coexister avec des lésions anciennes confirmant un processus étalé dans le temps. Des lésions peuvent être spontanément hyperintenses en T1. (À ne pas interpréter comme une prise de contraste.) 6. Rechercher des phénomènes atrophiques L'apparition de phénomènes atrophiques au niveau du corps calleux et de la moelle serait aussi un élément de mauvais pronostic corrélé au handicap. Points d'interprétation Atrophie du corps calleux. L'atrophie représente une perte tissulaire globale dont les constituants principaux sont la raréfaction axonale irréversible et la démyélinisation chronique. Au cours de la SEP, elle débute par le corps calleux et se traduit ensuite par une dilatation des ventricules et des espaces sous-arachnoïdiens. L' atrophie peut également intéresser la moelle. Elle est d'autant plus marquée que la SEP évolue depuis longtemps. Hypersignal nodulaire intracérébral en séquence FLAIR. Zone plus ou moins étendue, située dans le parenchyme cérébral, dont le signal est différent de celui du tissu nerveux sain en contraste spontané FLAIR. Les lésions démyélinisantes, en hypersignal FLAIR, siègent dans la substance blanche, prédominant dans les régions périventriculaires, le corps calleux et la jonction cortico-sous-corticale (fibres en « U »). Hypersignal nodulaire intramédullaire en séquence T2. Zone de signal élevé sur une séquence T2 au sein du cordon médullaire. Les lésions démyélinisantes peuvent siéger au niveau de la moelle. Elles sont ovoïdes dans le grand axe de la moelle, bien limitées, de taille variable, mesurent en moyenne 10 mm, ne respectent pas les limites entre substance blanche et substance grise et n'entraînent pas d'effet de masse. 245 246 Maladie démyélinisante Prise de contraste nodulaire intracérébrale. Hypersignal focal, arrondi et homogène, siégeant dans le parenchyme cérébral, apparaissant uniquement après injection de contraste sur les séquences T1. Le transfert d'aimantation couplé à la séquence T1 après injection de gadolinium est recommandé pour augmenter la sensibilité de l'examen dans la détection des prises de contraste au niveau des lésions démyélinisantes. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? L'IRM cérébrale et/ou médullaire est l'examen de référence pour le diagnostic de SEP. Le scanner n'a pas de place dans cette pathologie. L'IRM permet non seulement de visualiser les lésions démyélinisantes, mais aussi de confirmer les critères diagnostiques de dissémination dans le temps et dans l'espace de ces lésions. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? Le protocole type associe systématiquement pour l'encéphale une séquence pondérée T1 dans le plan sagital, une séquence axiale FLAIR et diffusion, une séquence sagittale T2 et une séquence pondérée 3D T1 après injection de gadolinium. La séquence sagittale T1 est nécessaire pour le positionnement des coupes et permet de mettre en évidence des lésions en hyposignal qui sont très évocatrices, quand elles touchent le corps calleux, structure fortement myélinisée. La séquence FLAIR permet une meilleure distinction sur les séquences T2 classiques entre le LCS (hyposignal) et les lésions périventriculaires (hypersignal). Si la qualité de cette séquence n'est pas optimale (ce qui est fréquent en région sous-tentorielle), il est nécessaire de compléter par une séquence T2 classique dans le plan axial. Le plan coronal n'est pas utile. La séquence pondérée T1 après injection de gadolinium est indispensable pour servir de référence pour le suivi évolutif et s'impose si le FLAIR ou le T2 classique montre des hypersignaux. L'examen de la moelle doit faire partie du bilan habituel. Si la symptomatologie d'appel est médullaire, il permet d'éliminer les diagnostics différentiels. Stratégie diagnostique 247 Dans les autres cas, il peut apporter des éléments essentiels au diagnostic et constituer un examen de référence dans le suivi. D'autres techniques sont susceptibles d'apporter des informations utiles à l'étude de la SEP. L'imagerie de diffusion avec calcul du coefficient de diffusion en zone saine aurait un intérêt dans l'évaluation de la gravité de la maladie. En effet, dans la SEP, une augmentation du coefficient de diffusion en zone saine serait de mauvais pronostic. La spectroscopie par IRM permet une étude neurochimique fournissant notamment un marqueur neuronal (le N-acétyl-aspartate). Dans la SEP, on observe l'apparition de nouveaux métabolites tels que l'alanine et le lactate en raison de l'inflammation et de la présence de macrophages, et une baisse du N-acétyl-aspartate qui traduit la souffrance axonale. Cette méthode reste de réalisation délicate et l'utilisation individuelle semble difficile. COMMENT INTERPRÉTER ? L'objectif est de définir des critères radiologiques pour considérer que des anomalies de la substance blanche suggèrent le diagnostic de SEP. Ces critères reposent sur le nombre et la topographie (critères de dissémination spatiale) des anomalies observées. Ils ont été élaborés pour être appliqués au patient ayant présenté un premier épisode clinique compatible avec une lésion démyélinisante. Pour que ces trois critères soient réunis, il faut au moins trois des quatre conditions suivantes (critères de Barkhof ) : n une lésion prenant le gadolinium en T1 ou neuf lésions hyperintenses T2 ; n au moins une lésion sous-tentorielle ; n au moins une lésion juxtacorticale ; n au moins quatre lésions périventriculaires. Les lésions démyélinisantes apparaissent en hypersignal T2 et FLAIR, de forme ovoïde ou en nappes quand elles sont de topographie périventriculaire. Elles sont en hyposignal sur la séquence pondérée T1 et se rehaussent après injection de gadolinium lorsqu'elles sont actives. Ces lésions sont parfois multiples et volontiers asymétriques. L'utilisation de l'IRM dans l'établissement de la dissémination temporelle permet de poser un diagnostic précoce de la maladie avant la survenue d'un deuxième épisode. Si une IRM est réalisée au moins trois mois après le début de l'épisode clinique, la présence d'une lésion prenant le contraste est suffisante pour apporter la démonstration de la dissémination temporelle ; si elle est située dans un territoire ne correspondant pas au territoire impliqué dans l'épisode clinique. 248 Maladie démyélinisante Si la première IRM est réalisée moins de trois mois après le début de l'épisode clinique, une deuxième IRM réalisée trois mois après le début de cet épisode, montrant une nouvelle lésion prenant le contraste, est suffisante. L'atrophie dans la SEP débute par le corps calleux et se traduit ensuite par une dilatation des ventricules et des espaces sous-arachnoïdiens. Cette atrophie intéresse également la moelle. L'apparition des phénomènes atrophiques serait un élément de mauvais pronostic, corrélé au handicap. Certaines pathologies peuvent mimer les anomalies cliniques et IRM de la SEP et il faut donc les éliminer avant d'affirmer le diagnostic. Un examen clinique général et la recherche de signes cliniques et/ou d'antécédents pouvant faire évoquer une atteinte extraneurologique restent indispensables devant toute suspicion de SEP. Une atteinte diffuse du système nerveux central évoluant par poussées peut être en rapport avec certaines vascularites (lupus érythémateux disséminé, périartérite noueuse), une malade de Behçet, une sarcoïdose ou une maladie de Gougerot-Sjörgen. Une atteinte localisée du système nerveux central évoluant par poussées peut amener à évoquer le diagnostic de tumeur cérébrale ou médullaire, de lymphome primitif du système nerveux central, de malformation vasculaire médullaire ou du tronc cérébral. Une atteinte ischémique ou toxique peut être la cause d'une neuropathie optique récidivante. Une atteinte progressive du système nerveux central peut être en rapport avec une affection dégénérative (paraplégie spastique héréditaire), une sclérose combinée de la moelle par carence en vitamine B12, une atteinte infectieuse (myélopathie à HTLV-1, maladie de Lyme, myélopathie à VIH, neurosyphilis), une affection métabolique héréditaire (adrénoleucodystrophie). Enfin, certaines formes frontières doivent être dissociées de la SEP : n l’encéphalomyélite aiguë disséminée (ADEM) correspond à une démyélinisation brutale faisant suite à une vaccination ou à une infection ; n la neuromyélite optique de Devic est caractérisée par l'association d'une neuropathie optique sévère le plus souvent bilatérale et d'une atteinte médullaire grave. Le diagnostic de SEP est clinique. L'aspect IRM doit suggérer le diagnostic de SEP. Lors d'un premier épisode clinique ou de la découverte fortuite en IRM d'une ou plusieurs anomalies de la substance blanche, on ne doit pas conclure au diagnostic de SEP et on doit proposer des diagnostics différentiels. COMPTE RENDU Le compte rendu doit préciser le siège et le nombre des lésions, leur caractère « actif » ou non. Il doit préciser le degré de certitude du diagnostic et signaler l'existence d'éléments de mauvais pronostic. C HA P IT R E 21 Détérioration des fonctions supérieures OBJECTIFS Éliminer une cause curable de démence. Préciser l'étiologie en l'absence de cause curable. L'indication de l'IRM doit être discutée au cas par cas car elle s'adresse souvent à des patients agités et peu coopérants. TECHNIQUE Séquence sagittale T1 pour apprécier l'atrophie. Séquence axiale FLAIR pour détecter des anomalies de signal de la substance blanche. Séquence axiale diffusion pour différencier les lésions ischémiques récentes des lésions anciennes. Séquence axiale T2* qui permet la recherche de microsaignements minimes (microbleeds dans la littérature anglo-saxonne) témoins d'une microangiopathie. Séquence volumique 3D T1 pour rechercher et localiser une atrophie cérébrale. L'injection de gadolinium n'est pas indispensable. Il faut la pratiquer si elle peut apporter une information supplémentaire déterminante à la vue des premières séquences. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 250 Détérioration des fonctions supérieures POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Éliminer une cause curable : hydrocéphalie à pression normale, hématome sous-dural chronique L’hydrocéphalie à pression normale est un diagnostic avant tout clinique (triade de Hakim et Adams). L'imagerie ne fait qu'apporter le diagnostic d'hydrocéphalie non obstructive. 2. Rechercher un processus expansif frontal Il s'agit soit de tumeurs inextirpables (tumeurs gliales) soit de tumeurs extraparenchymateuses parfois extirpables (méningiomes). 3. Rechercher une atrophie diffuse ou focale L'atrophie diffuse est peu spécifique. L'atrophie focale est parfois évocatrice d'une maladie causale : Alzheimer, Pick. 4. Rechercher une leucopathie La leucopathie est souvent non spécifique. Elle se traduit par des hyper­ signaux FLAIR dans la substance blanche périventriculaire. On la décrit souvent sous le terme générique de « leucoaraïose ». 5. Rechercher des séquelles d'infarctus lacunaire Il s'agit de petites cavités porencéphaliques inférieures à 15 mm, bien visibles en T1, localisées dans les noyaux gris centraux, les capsules internes et les couronnes rayonnantes. Angiopathie amyloïde. Cette pathologie est caractérisée par des dépôts amyloïdes dans la paroi des artères de petite et moyenne taille du cortex cérébral et des leptoméninges. Ces dépôts fragilisent les vaisseaux et créent un risque hémorragique. La séquence T2* permet de mettre en évidence des microsaignements (microbleeds) qui sont visibles comme des foyers fortement hypointenses. Dans l'angiopathie amyloïde cérébrale, ces microsaignements sont localisés préférentiellement à la jonction cortico-sous corticale. Points d'interprétation Atrophie corticale. De façon « physiologique », on observe des modifications du parenchyme cérébral au cours du vieillissement. Ces aspects sont parfois difficiles à distinguer des modifications pathologiques. L'atrophie corticale correspond à un élargissement des espaces sousarachnoïdiens. Les régions les plus vulnérables sont le cortex préfrontal, l'insula, le gyrus cingulaire antérieur et le gyrus temporal supérieur. Dilatation des espaces périvasculaires. Les espaces périvasculaires ou espaces de Virchow-Robin correspondent à une extension des espaces sous-arachnoïdiens qui entourent les vaisseaux perforants de l'encéphale. Leur signal est identique à celui du LCS. Les espaces de Virchow-Robin s'élargissent avec l'âge comme l'ensemble des espaces sous-arachnoïdiens. Ils siègent essentiellement dans le tiers inférieur de la région des noyaux gris centraux, à hauteur de la commissure antérieure, dans le cortex cérébral et dans les centres semi-ovales. Dilatation ventriculaire. Augmentation de taille des ventricules. Elle intéresse l'ensemble des cavités ventriculaires et s'accompagne de modifications morphologiques : ballonisation des cornes frontales, bombement de la partie antérieure du troisième ventricule, le corps calleux apparaît aminci du fait de son étirement et de sa surélévation. À noter que l'on observe, au cours du vieillissement, un élargissement progressif de la taille des ventricules. 251 252 Détérioration des fonctions supérieures HSD chronique. Saignement ancien (datant de plus d'un mois), collecté dans l'espace sous-dural. Il s'observe dans les semaines qui suivent un traumatisme crânien, parfois méconnu chez un patient souvent alcoolique, traité par anticoagulants ou un sujet âgé. Il s'agit d'une collection péricérébrale, en forme de croissant, en hypo- ou isosignal T1 par rapport à la substance grise, mais le plus souvent en hypersignal T2. Dans l'atrophie cérébrale diffuse, il existe un élargissement des citernes et des sillons corticaux, souvent dans les régions frontales, qui ne doit pas être confondu avec un hématome sous-dural. Lacunes. Lésions de petite taille, inférieures à 1,5 cm de diamètre, correspondant à des infarctus anciens, secondaires à l'occlusion d'une artère perforante par lipohyalinose, embolie ou athérosclérose. Ils siègent préférentiellement dans les noyaux gris centraux, la substance blanche des centres semi-ovales et dans la région pontique. En IRM, ils se présentent sous la forme d'une lésion de petite taille, d'aspect kystique (hyposignal T1, hypersignal T2). Stratégie diagnostique 253 Leucopathie (ou leucoaraïose). Démyélinisation progressive de la substance blanche périventriculaire sans pouvoir préjuger de la cause. Elle est caractérisée par des plages d'hypersignal T2 plus ou moins étendues, parfois asymétriques et de contours irréguliers. Elle prédomine dans les lobes frontaux et dans les carrefours. Le diagnostic différentiel est la résorption transépendymaire qui accompagne une hydrocéphalie mal tolérée. Dans ce cas, les anomalies de signal périventriculaires intéressent la globalité des ventricules latéraux, sont souvent symétriques et s'estompent progressivement du dedans vers la périphérie. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? Le scanner et l'IRM morphologique sont les techniques les plus utilisées en pratique courante. Le scanner sans injection de produit de contraste est souvent suffisant puisque le premier objectif de l'imagerie est la recherche d'une lésion susceptible d'être traitée par chirurgie. L'IRM est plus performante que le scanner car elle distingue nettement substance grise et blanche et permet une étude du parenchyme cérébral dans les trois plans de l'espace. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? La séquence FLAIR est la plus performante pour détecter des anomalies de la substance blanche. 254 Détérioration des fonctions supérieures La séquence de diffusion est indispensable pour éliminer une cause ischémique. La séquence volumique pondérée T1 est la plus utile pour apprécier l'atrophie. La séquence pondérée T2* permet la recherche de saignements minimes témoins d'une microangiopathie. L'injection de gadolinium n'est pas systématique. Elle est réservée aux patients chez qui on découvre un processus tumoral. COMMENT INTERPRÉTER ? Les démences sont en majorité irréversibles. Des troubles importants des fonctions supérieures peuvent être dus à des causes chirurgicalement curables. Les principales étiologies sont les tumeurs frontales volumineuses, d'évolution lente, les hématomes sous-duraux chroniques et l’hydrocéphalie à pression normale. Les tumeurs le plus souvent en cause sont les méningiomes frontaux. En IRM, les méningiomes sont isointenses par rapport à la substance blanche en séquence pondérée T1, isointenses par rapport à la substance grise en séquence pondérée T2, le rehaussement après injection de gadolinium est intense, souvent homogène. Il existe habituellement de part et d'autre de l'insertion de la tumeur, un épaississement méningé qui est très nettement rehaussé. Les hématomes sous-duraux chroniques chez les sujets âgés peuvent s'observer quelques semaines après un traumatisme crânien qui peut être de faible importance. Lorsqu'ils sont responsables de troubles des fonctions supérieures, ces lésions sont toujours bien visibles sous la forme d'une collection extracérébrale prenant la forme d'un croissant, en hypo- ou isosignal T1 par rapport à la substance grise, mais le plus souvent en hypersignal T2. Les dépôts d'hémosidérine sont rarement identifiables. En cas d'épisodes de resaignement, le signal peut devenir mixte et l'on peut observer un niveau liquide-liquide. L’hydrocéphalie à pression normale (HPN) est une cause curable de démence. Elle doit être évoquée chez un sujet de plus de 60 ans, devant la triade clinique : détérioration intellectuelle progressive, troubles de la marche et incontinence urinaire. L'imagerie a pour objectif de confirmer le diagnostic et de distinguer HPN et atrophie. L'IRM montre une dilatation quadriventriculaire qui contraste avec des sillons corticaux « normaux », des anomalies de la substance blanche périventriculaire, sous la forme d'un hypersignal FLAIR entourant la globalité des Stratégie diagnostique 255 ventricules latéraux. Cet hypersignal est souvent symétrique et s'estompe progressivement du dedans vers la périphérie. Il correspond à la résorption transépendymaire du LCS. La maladie d'Alzheimer représente l'étiologie la plus fréquente des démences. Elle touche 1 à 6 % des sujets de plus de 65 ans. La maladie d'Alzheimer est la seule démence neurodégénérative qui débute par une atteinte des régions temporales médiales. Ce signe, très évocateur, mais non spécifique, traduit une perte neuronale corticale. Des anomalies sur les séquences de diffusion ont été rapportées, le coefficient apparent de diffusion serait anormalement élevé dans l'hippocampe, le gyrus cingulaire et la substance blanche pariéto-occipitale. La maladie de Pick entraîne une démence frontotemporale. En imagerie, les anomalies observées à un stade avancé sont une atrophie antérieure avec dilatation marquée des cornes frontales et temporales. Les régions occipitales, pararolandiques et pariétales sont en général épargnées. La démence à corps de Lewy est définie par la présence de corps de Lewy dans les neurones corticaux. Elle se caractérise cliniquement par une triade associant des signes parkinsoniens, des hallucinations visuelles et une altération fluctuante de la conscience. En imagerie, il n'y a pas de signe spécifique. L'absence d'atrophie temporale médiale permettrait de distinguer cette affection de la maladie d'Alzheimer. Le diagnostic de la démence associée au Parkinson est surtout clinique et la place de l'imagerie est relativement limitée. Les démences vasculaires correspondent à un état de démence secondaire à des lésions cérébrales d'origine vasculaire. Un nombre ou volume important de lésions ischémiques, une atteinte de l'hémisphère gauche ou une atteinte bilatérale sont des arguments en faveur du diagnostic. Les causes de démence vasculaire sont celles des AVC : athéro­ sclérose, cardiopathie emboligène et, plus rarement, des mécanismes hémodynamiques. COMPTE RENDU Le but de l'imagerie (IRM ou scanner) est de diagnostiquer une cause curable à la démence. Le compte rendu précise l'existence ou non d'un HSD ou d'un processus expansif frontal, le degré d'effet de masse. S'il n'y a pas de cause curable retrouvée en imagerie, il est souvent très difficile de tracer une limite nette entre le normal et le pathologique chez les sujets âgés. On peut considérer qu'une IRM est normale chez un sujet de plus de 65 ans, lorsque l'on observe une atrophie corticale modérée, associée à une dilatation modérée des cavités ventriculaires et à quelques zones d'hypersignal FLAIR de la substance blanche périventriculaire. C HA P IT R E 22 Pathologie cérébrale infectieuse OBJECTIFS Faire le bilan de troubles neurologiques dans un contexte infectieux. Explorer une lésion découverte sur un scanner afin de préciser s'il s'agit bien d'une lésion d'origine infectieuse (bactérienne, virale ou parasitaire). TECHNIQUE Séquences sagittales T1, séquences transversales FLAIR, séquences de diffusion, séquence T1 après injection de gadolinium. Une ARM veineuse peut également être réalisée si l'on suspecte une thrombose veineuse cérébrale. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 258 Pathologie cérébrale infectieuse POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Préciser le contexte clinique : syndrome infectieux, porte d'entrée connue, immunodépression Dans 50 % des cas, les abcès cérébraux ne s'accompagnent pas de fièvre. 2. Rechercher une lésion collectée (abcès) L'abcès possède un centre liquidien (pus) et une fine capsule se rehaussant après injection de contraste. La séquence de diffusion est nécessaire pour différencier l'abcès d'une tumeur nécrotique. 3. Rechercher une méningite associée La méningite se présente sous la forme d'un épaississement et d'une prise de contraste anormale des méninges. L'association encéphalite et méningite doit faire ouvrir la gamme diagnostique « méningoencéphalite » virale qui est dominée par l'herpès. 4. Préciser le type d’encéphalite Une encéphalite de localisation temporo-limbique uni- ou bilatérale doit faire évoquer une infection herpétique. De multiples abcès doivent faire évoquer des embols d'origine systémique bactérienne ou parasitaire. 5. Rechercher des signes de gravité : engagement, hydrocéphalie L'engagement cérébral est à craindre devant un tableau d'encéphalite très œdémateuse ou d'abcès. Dans ce cas, la ponction lombaire est contreindiquée. Il faut également rechercher une hydrocéphalie obstructive nécessitant une dérivation en urgence. 6. Rechercher une porte d'entrée craniofaciale : sinus, oreilles, mastoïdes Il faut rechercher une otomastoïdite, une sinusite frontale ou ethmoïdosphénoïdale et une infection des téguments de la face. Ces causes locales sont aujourd'hui moins fréquentes mais peuvent toujours entraîner un abcès cérébral, une méningite ou un empyème. 7. Rechercher une thrombose veineuse cérébrale (TVC) L'encéphalite peut entraîner une thrombose d'un sinus dural. Si un doute existe, il ne faut pas hésiter à réaliser une ARM veineuse. Points d'interprétation Prise de contraste annulaire intracérébrale. Hypersignal focal en forme de « cocarde » intéressant le parenchyme cérébral et visible uniquement après injection de gadolinium sur les séquences pondérées T1. Ce signe définit l'apparition après injection de produit de contraste d'une lésion arrondie, de taille variable, dont la périphérie hyperintense contraste avec un centre iso- ou hypointense. L'épaisseur de la périphérie est variable. Ces prises de contraste annulaires sont souvent entourées d'une plage d'œdème vasogénique. Rehaussement épendymaire. Hypersignal anormal de l'épendyme, visible uniquement après injection intraveineuse de produit de contraste sur une séquence pondérée T1. L'épendyme est une fine membrane qui tapisse les parois des ventricules. Elle est invisible à l'état normal en contraste spontané et son signal se rehausse modérément après injection de produit de contraste. En fonction des étiologies, il convient de rechercher un rehaussement concomitant des méninges, voire une lésion infectieuse ou tumorale intraparenchymateuse au contact des ventricules. Rehaussement méningé. Augmentation anormale du signal des méninges après injection de gadolinium sur une séquence pondérée T1. À l'état normal, les méninges sont fines, isointenses au parenchyme cérébral en contraste spontané et présentent un rehaussement modéré après injection de produit de contraste. Dans les situations pathologiques, les méninges s'épaississent et sont le siège d'un rehaussement majeur focalisé ou diffus. 259 260 Pathologie cérébrale infectieuse STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? L'imagerie en urgence en cas de suspicion d'atteinte infectieuse du système nerveux central doit être capable, pour des raisons de stratégie thérapeutique, de différencier formellement un processus d'origine infectieuse d'une étiologie vasculaire ou tumorale. Cette question est mieux résolue, tant sur le plan étiologique que topographique, en IRM qu'au scanner, en particulier grâce à l'imagerie de diffusion. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? L'examen IRM doit comporter une séquence sagittale T1 sans injection, des séquences axiales FLAIR et diffusion qui sont d'une aide précieuse dans la caractérisation tissulaire et la distinction entre processus expansif et œdème. La séquence de diffusion doit faire partie du protocole standard dans l'exploration de tout processus expansif intracrânien, elle permettra ainsi aussi de différencier un abcès d'une tumeur nécrotique. Une séquence 3D T1 après injection de gadolinium, à la recherche d'une prise de contraste anormale intraparenchymateuse ou méningée. S'il existe un doute sur une TVC, il faut réaliser une ARM veineuse. COMMENT INTERPRÉTER ? L'imagerie cérébrale n'a sa place en urgence lors d'un syndrome méningé fébrile qu'en présence de signes neurologiques focaux. L'IRM cérébrale est plus apte que le scanner à déceler une prise de contraste leptoméningée au cours d'une méningite. La séquence FLAIR, intéressante pour l'étude des espaces sous-arachnoïdiens, garde dans le contexte de méningite une sensibilité inférieure à celle de la séquence T1 après injection de gadolinium. L'IRM dans l’encéphalite herpétique retrouve des lésions en hypersignal T2, hyposignal T1. Une prise de contraste gyriforme de la lésion après injection de gadolinium peut être observée à un stade tardif. Dans certains cas, les lésions peuvent être hémorragiques. Le siège des lésions est assez caractéristique puisqu'elles touchent préférentiellement la face médiale des lobes temporaux, l'insula et les circonvolutions orbitofrontales. L’abcès cérébral d'origine bactérienne peut être secondaire à une infection ORL, une endocardite, une plaie craniocérébrale ou une intervention neurochirurgicale. Stratégie diagnostique 261 En IRM, il se présente sous la forme d'un processus expansif en hyposignal T1, hypersignal T2, cerné d'une plage d'œdème en hypersignal T2. Après injection de gadolinium, il existe une prise de contraste annulaire. La séquence de diffusion est nécessaire pour différencier l'abcès d'une tumeur nécrotique ; le coefficient apparent de diffusion est abaissé au centre de l'abcès et il est élevé au centre d'une tumeur nécrotique. La viscosité élevée du pus est à l'origine de cette diminution du coefficient apparent de diffusion. Les lésions de tuberculose cérébroméningée sont polymorphes et le diagnostic est difficile en imagerie. La sémiologie IRM classique d'une tuberculose neuroméningée associe une prise de contraste leptoméningée de la base du crâne, une hydrocéphalie et la présence de tuberculomes. Dans le cadre de la maladie de Creutzfeld-Jacob, la séquence FLAIR et les séquences de diffusion sont les plus sensibles pour la détection des lésions encéphaliques observées dans cette pathologie : hypersignal bilatéral du striatum associé à un hypersignal cortical. L'existence d'un hypersignal thalamique sur la séquence FLAIR avec restriction du signal en diffusion serait évocatrice d'une maladie de CreutzfeldJacob de type variant. COMPTE RENDU Le compte rendu doit préciser le type d'anomalie responsable des troubles neurologiques : s'agit-il d'un abcès, d'une encéphalite. Il faut préciser sa topographie, signaler s'il existe des signes d'engagement cérébral (qui contre-indiquerait la ponction lombaire), ou une hydrocéphalie obstructive (qui nécessiterait une dérivation en urgence). C HA P IT R E 23 Neurosida OBJECTIFS Effectuer le bilan d'un trouble neurologique ou d'un syndrome infectieux inexpliqué chez un patient atteint du sida. TECHNIQUE Séquences sagittales T1, axiales FLAIR, diffusion, T2* et 3D T1 après injection de gadolinium. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 264 Neurosida POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Rassembler les renseignements cliniques : antécédents cliniques, degré d'immunodépression (taux de CD4), traitement en cours Il est important de savoir si le patient a déjà fait des infections opportunistes cérébrales. Connaître le taux de CD4 oriente vers certaines étiologies. Par exemple, les leucoencéphalopathies ne surviennent qu'en cas d'immunosuppression sévère (CD4 < 100/mm3). 2. Rechercher un processus expansif parenchymateux Les processus expansifs à rechercher en priorité sont les abcès (toxoplasmose surtout, cryptococcose, tuberculose) et le lymphome. L’abcès toxoplasmique est le plus fréquent au cours du sida. Sa localisation est sus- ou sous-tentorielle, prédomine en sous-cortical ou au niveau des noyaux gris centraux. Le lymphome cérébral primitif est surtout localisé en sus-tentoriel et intéresse souvent le corps calleux. 3. Rechercher une leucoencéphalopathie Les leucoencéphalopathies les plus fréquentes sont la leucoencéphalite liée au VIH, la leucoencéphalite multifocale progressive (LEMP), la leucoencéphalite à CMV. La LEMP est caractérisée par des plages de démyélinisation prédominant en pariéto-occipital. L'encéphalite à CMV se caractérise par des hypersignaux T2 prédominant dans la substance blanche périventriculaire. Une prise de contraste épendymaire associée est évocatrice. L'encéphalite liée au VIH donne des hypersignaux T2 discrets et confluents sans effet de masse. 4. Rechercher un infarctus cérébral, notamment au niveau des régions profondes des hémisphères Plusieurs agents sont responsables d'infarctus cérébral chez le patient VIH : les agents infectieux (CMV, tuberculose, toxoplasmose), l'utilisation de drogues par voie intraveineuse et les causes vasculaires dues au VIH lui-même. L'aspect IRM de ces infarctus cérébraux n'a aucune particularité. Stratégie diagnostique 265 5. Rechercher une méningite La méningite se traduit par un épaississement et une prise de contraste des méninges. La prise de contraste des méninges de la base du crâne doit faire rechercher une tuberculose. 6. Rechercher une épendymite Une inflammation épendymaire se traduit par une prise de contraste épendymaire et évoque une encéphalite à CMV. Associée à un processus expansif périventriculaire, elle évoque le lymphome cérébral primitif. Anomalies de signal de la substance blanche. Anomalies de signal en plages, caractérisées par un hypersignal FLAIR de la substance blanche profonde ou sous-corticale, qui correspondent à des lésions de démyélinisation. Les leucoencéphalopathies les plus fréquentes sont : la leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP), caractérisée par des plages de démyélinisation prédominant en pariéto-occipital, souvent asymétriques ; l'encéphalite liée au VIH, caractérisée par des plages de démyélinisation bilatérales et symétriques ; l'encéphalite à CMV, caractérisée par des plages de démyélinisation de siège périventriculaire. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? L'imagerie cérébrale est essentielle dans la décision thérapeutique. Si le scanner peut, dans un grand nombre de cas, être utilisé en urgence pour mettre en évidence des lésions volumineuses, seule l'IRM permet un bilan exhaustif des lésions cérébrales particulièrement les lésions de la substance blanche. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? L'examen IRM comporte une séquence sagittale T1, des séquences transversales FLAIR, diffusion, T2* et une séquence 3D T1 après injection de gadolinium. 266 Neurosida COMMENT INTERPRÉTER ? Plus d'un tiers des patients atteints de sida présentent au cours de l'évolution de leur maladie des complications neurologiques. Ces complications sont polymorphes, de ce fait l'imagerie et en particulier l'IRM apparaît essentielle dans la détection, le diagnostic étiologique et la surveillance encéphalique chez ces patients. Les atteintes encéphaliques les plus fréquentes sont d'ordre infectieux (encéphalite à VIH, encéphalite à CMV, LEMP, toxoplasmose, cryptococcose, tuberculose), tumoral (lymphome primitif non hodgkinien et sarcome de Kaposi) et vasculaire (infarctus cérébraux, hémorragie intracrânienne, thrombophlébite). Au cours de l'encéphalite à VIH, l'IRM est évocatrice du diagnostic lorsqu'elle associe une atrophie globale et une atteinte de la substance blanche à type de démyélinisation bilatérale et symétrique. L'atrophie se traduit par un élargissement du système ventriculaire et les lésions démyélinisantes sont visibles sous la forme d'un hypersignal FLAIR de la substance blanche profonde, la substance blanche sous-corticale est relativement respectée. La LEMP est due à un agent opportuniste : le papovavirus JC. L'aspect typique en IRM est celui de plages d'hypersignal FLAIR et d'hyposignal T1 de la substance blanche, uni- ou bilatérales, uniques ou multiples. Les lésions bilatérales sont asymétriques. Les régions pariéto-occipitales sont fréquemment atteintes. Après injection de gadolinium, on peut observer une prise de contraste en périphérie des zones de démyélinisation. L'encéphalite à cytomégalovirus (CMV) survient chez 15 à 30 % des patients atteints du sida, mais est souvent infraclinique. L'IRM est aspécifique, elle peut mettre en évidence des signes d'atrophie et des lésions démyélinisantes. Le seul aspect caractéristique de l'encéphalite à CMV est l'existence d'une prise de contraste périventriculaire fine et régulière qui traduit l'atteinte épendymaire. La toxoplasmose est classiquement la plus fréquente infection opportuniste du système nerveux central chez le patient atteint du sida. L'IRM est très contributive, nettement plus sensible que le scanner. Les lésions de toxoplasmose prédominent en sus-tentoriel, à la jonction substance blanche-substance grise et dans les noyaux gris centraux. Elles apparaissent sous la forme de foyers en hypersignal T2 et d'une prise de contraste après injection de gadolinium. Elles sont cernées d'œdème et exercent un effet de masse sur les structures voisines. Parfois, les lésions peuvent être hémorragiques. Après traitement antitoxoplasmique (deux semaines en moyenne), l'amélioration est la règle, sous la forme d'une diminution de la prise de contraste et une régression de l'œdème périlésionnel. Stratégie diagnostique 267 À distance, les aspects IRM sont variables : restitution ad integrum, cavité porencéphalique, calcifications, atrophie. La cryptococcose du système nerveux central est retrouvée chez environ 5 % des patients atteints du sida. L'IRM montre : n un élargissement modéré des citernes de la base et des ventricules, de façon aspécifique ; n des lésions hypointenses T1, hyperintenses T2, bien limitées, évoquant des kystes, siégeant dans les territoires des artères perforantes et particulièrement dans les noyaux gris centraux. Ces lésions sont en général bilatérales, ne sont pas entourées d'œdème et n'exercent pas d'effet de masse. Après injection de gadolinium, ces lésions ne se rehaussent habituellement pas. Le diagnostic de tuberculose cérébrale repose sur un ensemble d'arguments cliniques, biologiques et radiologiques. Le rôle de l'imagerie est important car il faut six à huit semaines pour que les cultures de LCS se positivent. Les différents aspects radiologiques sont : n une prise de contraste méningée, en particulier au niveau des citernes de la base ; n les tuberculomes : ils sont la conséquence soit d'une extension de l'infection du LCS, soit d'une diffusion hématogène. Ils siègent en périventriculaire, péricisternal ou à la jonction cortico-sous-corticale et ils sont le plus souvent multiples ; en IRM, les tuberculomes sont en général isointenses par rapport à la substance grise en T1, en T2 leur signal est variable selon leur âge ; après injection de gadolinium, on note un rehaussement de façon nodulaire ou annulaire ; n l'hydrocéphalie communicante (le plus souvent séquellaire), résultat du feutrage des citernes de la base par un exsudat inflammatoire ; n l'infarctus cérébral, conséquence d'un spasme ou d'une thrombose d'une artère au cours de son trajet dans l'exsudat basal ; les petites branches perforantes vascularisant les ganglions de la base sont les plus atteintes. Le lymphome cérébral primitif représente la seconde cause de masse intracrânienne après la toxoplasmose. En IRM, le lymphome est hypointense T1, iso- ou hypointense T2 par rapport à la substance grise. L'œdème et l'effet de masse sont très modérés. L'injection de produit de contraste permet inconstamment de mieux cerner la lésion qui se rehausse en périphérie. L'injection permet également de révéler d'autres lésions de plus petite taille. 268 Neurosida Le trait le plus typique du lymphome est sa localisation au contact de l'épendyme et/ou des méninges, dans le corps calleux ou dans les noyaux gris centraux. Le principal moyen diagnostique du lymphome cérébral est la biopsie stéréotaxique. L'infarctus cérébral est une cause, souvent oubliée, de dysfonctionnement neurologique du patient VIH. Plusieurs agents sont responsables : les agents infectieux (CMV, tuberculose, toxoplasmose), l'utilisation de drogues par voie intraveineuse, responsable de vasoconstrictions, les causes vasculaires dues au VIH lui-même. L'aspect IRM de ces infarctus cérébraux n'a aucune particularité. Les hémorragies intracrâniennes sont plus fréquentes dans le sida que dans la population générale, vraisemblablement en raison de la fréquence des thrombopénies. Elles sont souvent découvertes de façon « fortuite » sur un examen d'imagerie demandé dans le bilan d'une détérioration des fonctions supérieures. COMPTE RENDU Concernant le compte rendu, quelques règles sont à connaître : n toute affection neurologique évoluant sur quelques jours, plus ou moins associée à une fièvre évoque en premier une neurotoxoplasmose ; n la survenue lentement ou rapidement progressive de troubles des fonctions supérieures (mémoire, humeur), voire d'une démence évoque une encéphalite à VIH ; n la survenue lentement progressive d'un déficit neurologique focalisé, le plus souvent une hémiparésie ou une hémianopsie latérale homonyme évoque une LEMP. C HA P IT R E 24 Pathologie hypophysaire OBJECTIFS Explorer un déséquilibre hormonal hypothalamo-hypophysaire. Explorer un syndrome chiasmatique. Rechercher un reliquat ou une récidive tumorale. Rechercher des complications postopératoires. TECHNIQUE Séquences sagittales et coronales T1, coronales T2, coronales T1 gadolinium dynamiques ou sagittales et coronales T1 gadolinium standard. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 270 Pathologie hypophysaire POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Déterminer la hauteur de l’hypophyse La hauteur normale de l'hypophyse est inférieure à 9 mm chez la femme, inférieure à 7 mm chez l'homme. On parle de selle turcique vide quand la hauteur hypophysaire est inférieure ou égale à 2 mm. 2. Analyser le signal hypophysaire Le signal antéhypophysaire est homogène sur toutes les séquences réalisées en contraste spontané ou après injection de gadolinium. Le signal posthypophysaire est élevé en T1. 3. Analyser le diaphragme sellaire Le diaphragme sellaire est normalement rectiligne. Une convexité anormale traduit une augmentation du volume hypophysaire. Au contraire, une concavité anormale traduit une diminution du volume hypophysaire ou une déhiscence diaphragmatique entraînant une arachnoïdocèle. Une convexité du diaphragme sellaire peut être due à une tumeur hypophysaire ou à une simple hyperplasie hypophysaire. 4. Analyser la tige pituitaire Une tige pituitaire normale est médiane et orientée de haut en bas et d'arrière en avant. Son épaisseur ne doit pas excéder 4 mm. Une déviation de la tige est généralement due au développement d'un processus intrasellaire. Un épaississement de la tige est dû à une infiltration par une maladie granulomateuse (tuberculose, sarcoïdose…) ou néoplasique. 5. Analyser le chiasma optique Le chiasma optique peut être comprimé par une lésion volumineuse à extension suprasellaire. Il peut aussi être ptosé en cas de selle turcique vide. 6. Analyser le plancher sellaire et le sinus sphénoïdal Il faut rechercher une déformation ou une rupture localisée du plancher sellaire. 7. Analyser le sinus caverneux et les carotides internes Les sinus caverneux sont parfois envahis par une tumeur sellaire. Un critère formel d'envahissement est l'englobement de l'artère carotide interne intracaverneuse. 8. Rechercher une hydrocéphalie obstructive Un macroadénome peut comprimer la partie antérieure du troisième ventricule ainsi que les trous de Monro et être responsable d'une hydrocéphalie obstructive. Points d'interprétation 271 Compression du chiasma optique. Déplacement du chiasma optique vers la partie toute supérieure de la citerne optochiasmatique et la face inférieure du lobe frontal. Le chiasma optique est situé à la partie supérieure de la citerne optochiasmatique. En IRM, il est facilement identifiable sur des coupes coronales sous la forme d'une structure tissulaire oblongue transversale en forme d’ « haltère », au-dessus de la selle turcique. Outre la réduction de la distance lobe frontal-chiasma, la compression du chiasma s'accompagne le plus souvent d'une déformation de celui-ci qui perd son aspect rectiligne pour prendre un aspect arciforme ou oblique si la compression est asymétrique. Déviation de la tige pituitaire. Déplacement de la tige pituitaire dans le plan frontal vers la droite ou la gauche. La tige pituitaire relie l'hypothalamus à la posthypophyse. Son signal est isointense à celui de l'antéhypophyse en T1 et T2 et elle se rehausse fortement après injection de gadolinium. Sa situation est strictement médiane. Toute modification de position ou d'aspect de la tige pituitaire est pathologique. Le caractère centré de la tige pituitaire doit être apprécié sur des coupes coronales fines parfaitement symétriques. Infiltration de la tige pituitaire. Une tige pituitaire normale est médiane et orientée de haut en bas et d'arrière en avant. Son épaisseur ne doit pas excéder 4 mm. Un épaississement de la tige pituitaire peut être secondaire à une infiltration par une maladie granulomateuse (tuberculose, sarcoïdose…) ou néoplasique. 272 Pathologie hypophysaire Lésion intrasellaire. Processus se développant à l'intérieur de la selle turcique. La selle turcique contient l'hypophyse qui comporte deux parties : l'antéhypophyse dont le signal est isointense à la substance blanche en T1 et T2 et capte le gadolinium de façon intense et la posthypophyse en hypersignal spontané T1. Le développement d'un processus intrasellaire d'origine hypophysaire se manifeste par une augmentation de volume de la glande, associée à une anomalie de signal du parenchyme et une éventuelle modification de la captation du gadolinium. Il existe des hypophyses à bord supérieur convexe, physiologiques : grossesse, post-partum, allaitement, puberté. Lésion suprasellaire. Processus à développement dans la citerne suprasellaire ou optochiasmatique. La loge hypophysaire de la selle turcique est limitée vers le haut par le diaphragme sellaire au-dessus duquel se trouve la citerne optochiasmatique. Le remplacement du signal liquidien du liquide cérébrospinal (hypo T1 et hyper T2) par un signal tissulaire traduit la présence d'une lésion suprasellaire. Localisation ectopique de la posthypophyse. La posthypophyse ectopique est toujours située au niveau de l'éminence médiane. Quand la posthypophyse est ectopique, l'hypersignal T1 de la posthypophyse n'est pas visible en position normale (en arrière de l'antéhypophyse) mais en position ectopique, ici localisé sur la tige pituitaire. Points d'interprétation 273 Processus intracaverneux. Développement d'un processus anormal au sein du sinus caverneux. La loge caverneuse est un espace intradural situé de chaque côté de la selle turcique qui contient la carotide interne, des plexus veineux et les nerfs crâniens III, IV, V 1 et VI, d'où un signal hétérogène à l'état normal. Un processus anormal développé dans le sinus caverneux provoque une déformation de sa paroi externe qui devient convexe. Les sinus caverneux sont symétriques, leur analyse comparative est facilitée par une symétrie parfaite du plan de coupe. Ptose du chiasma optique. Déplacement du chiasma optique vers la partie inférieure de la citerne optochiasmatique. Outre la réduction de la distance hypophyse-chiasma, la ptose du chiasma s'accompagne le plus souvent d'une déformation de celui-ci qui perd son caractère rectiligne pour se « plicaturer » en son centre ou devenir oblique si la ptose est asymétrique. La diminution de la distance hypophyse-chiasma peut être liée à une augmentation de volume physiologique ou pathologique de l'hypophyse alors que le chiasma est à sa place. 274 Pathologie hypophysaire Selle turcique vide. Absence de parenchyme hypophysaire au sein de la selle turcique. On parle de selle turcique vide quand la languette de parenchyme hypophysaire au fond de la selle turcique possède une épaisseur n'excédant pas 2 mm. Selon la cause, la selle turcique peut être normale, élargie ou remaniée par une voie d'abord opératoire (transsphénoïdale). La tige pituitaire peut être en place ou refoulée vers l'arrière par une arachnoïdocèle due à la déhiscence du diaphragme sellaire. Le diagnostic est facile en IRM grâce aux coupes coronales et sagittales. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? L'IRM est désormais l'imagerie de référence pour explorer l'hypophyse et la région sellaire. La sensibilité du signal, l'absence d'artéfact d'origine osseuse, l'étude dans les trois plans, rendent l'IRM supérieure au scanner. Le scanner garde une indication lorsqu'il existe une suspicion d'extension tumorale aux structures osseuses adjacentes. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? Le protocole type associe des séquences coronales et sagittales T1 et T2, des séquences sagittales et coronales T1 après injection de gadolinium. L'imagerie dynamique après injection de gadolinium est rarement utile en pratique courante. Elle est réservée à l'exploration de la maladie de Cushing, à la recherche d'un microadénome. L'utilisation de matrices élevées (512) et de coupes fines (3 mm) doit être la règle. COMMENT INTERPRÉTER ? Classiquement on distingue les microadénomes de taille inférieure à 10 mm, et les macroadénomes de taille supérieure à 10 mm. Pour une hyperprolactinémie, une exploration hypophysaire ne pourra être envisagée qu'à partir d'un taux de prolactine de 30 ng/ml ou de 1 200 mUI/ ml. À noter que l'hyperprolactinémie est classiquement proportionnelle à la Stratégie diagnostique 275 taille de l'adénome. Il faut bien sûr ne pas oublier les multiples causes médicamenteuses à l'origine d'une hyperprolactinémie. Les microadénomes hypophysaires sont responsables de modification de signal de l'antéhypophyse. En séquence pondérée T1, les microadénomes hypophysaires se traduisent généralement comme une lésion intrasellaire, arrondie ou ovalaire, hypointense par rapport à l'antéhypophyse saine. Ils peuvent aussi se traduire par une plage hyperintense T1, résultant probablement d'une transformation hémorragique qui peut intéresser une partie ou l'ensemble du microadénome. En séquence pondérée T2, l'aspect des microadénomes hypophysaires est plus variable, en particulier en fonction du type sécrétoire. Le diagnostic de microadénome est plus facile lorsqu'il se présente sous la forme d'un hypersignal. Lorsque les séquences T1 et T2 affirment le diagnostic (exemple : hypo T1, hyper T2), l'injection de gadolinium n'est pas nécessaire. À l'opposé, lorsque le diagnostic n'est pas certain, l'injection intraveineuse de gadolinium devient indispensable. Après gadolinium, le microadénome se présente sous la forme d'une absence de prise de contraste. Les séquences dynamiques sont utilisées soit de façon systématique dans la recherche des adénomes à ACTH, soit en deuxième intention après un premier examen négatif lorsqu'il existe une forte suspicion clinique d'adénome hypophysaire et que le premier examen est négatif. Dans ce cas, les séquences dynamiques peuvent mettre en évidence un retard transitoire de prise de contraste du microadénome par rapport à l'hypophyse saine, plus rarement une prise de contraste précoce. Dans le cas des macroadénomes, le problème n'est pas celui du diagnostic positif, mais de leur extension. Ils présentent une extension extrasellaire, le plus souvent vers le haut dans la citerne optochiasmatique ou, plus haut, comprimant alors le troisième ventricule ; vers le bas dans le sinus sphénoïdal ou encore latéralement vers le sinus caverneux. En présence d'une lésion sellaire à extension extrasellaire, on doit s'attacher à déterminer l'origine de la tumeur (hypophyse ou non), préciser son extension aux différentes structures anatomiques, apprécier sa nature tissulaire, kystique ou mixte, apprécier son comportement après injection de gadolinium. Les macroadénomes hypophysaires sont centrés par la selle turcique qui est généralement modifiée (selle turcique déformée ou élargie). Les macroadénomes hypophysaires à extension suprasellaire ont volontiers une forme polycyclique et s'étendent dans la citerne optochiasmatique. Un 276 Pathologie hypophysaire signal hétérogène est fréquent surtout en T2 avec des plages hyperintenses en rapport avec des remaniements kystiques ou hémorragiques. L'injection de gadolinium dans les macroadénomes à extension suprasellaire a surtout pour intérêt de repérer le tissu hypophysaire sain qui se présentera comme une pseudocapsule fortement rehaussée, située à la périphérie du macroadénome. La tige pituitaire est souvent déviée latéralement. Lorsque l'extension suprasellaire est très volumineuse, le chiasma optique peut être difficilement repérable, on pourra s'aider des coupes coronales T2 où le chiasma apparaît clairement en hyposignal. L'envahissement du sinus caverneux par un adénome hypophysaire peut modifier le pronostic et le traitement mais la distinction entre compression simple et envahissement vrai du sinus caverneux reste difficile. Le meilleur signe d'envahissement reste l'englobement complet de la carotide intracaverneuse par la tumeur. À l'inverse, on peut éliminer de façon formelle un envahissement du sinus caverneux si on met en évidence une languette de parenchyme hypophysaire normal entre la tumeur et le sinus caverneux. Vingt pour cent des adénomes hypophysaires présentent une transformation hémorragique partielle ou complète au cours de l'évolution. Ces hémorragies sont le plus souvent asymptomatiques et elles se traduisent par l'apparition d'hypersignaux spontanés T1 au sein du macroadénome. Certains kystes de la poche de Rathke en hypersignal T1 peuvent simuler un adénome hypophysaire hémorragique. Les coupes axiales, en précisant leur topographie médiane, permettent en général le diagnostic. Au cours de la grossesse, on observe une augmentation du tissu hypophysaire sain en hauteur et une augmentation de volume de l'adénome hypophysaire lui-même. Les aspects postopératoires doivent être bien connus. Après chirurgie par voie transsphénoïdale, la cavité opératoire est comblée par du matériel qui s'imprègne de sang et de sécrétions. Une IRM de contrôle et de référence entre le deuxième et le troisième mois est très utile pour surveiller l'évolution ultérieure d'un adénome opéré. Il faut : n rechercher un reliquat ou une récidive tumorale ; ils peuvent être intrasellaires, suprasellaires ou périsellaires ; n évaluer le parenchyme hypophysaire résiduel ; le parenchyme hypophysaire peut être normal, absent ou tassé au fond de la selle ; n analyser l'aspect et la situation chiasmatique ; le chiasma peut être de calibre normal ou atrophié par des phénomènes compressifs antérieurs ; il faut signaler une situation anormale telle qu'une ptose qui peut être responsable de troubles visuels ; Stratégie diagnostique 277 analyser les sinus caverneux ; rechercher un reliquat ou une récidive et affirmer leur perméabilité ainsi que la perméabilité des deux carotides intracaverneuses ; n analyser le plancher sellaire et le sinus sphénoïdal ; dans les suites d'une intervention transrhinoseptale le plancher sellaire est toujours remanié. n L'interprétation d'une IRM hypophysaire en postopératoire se fait en confrontant les données de l'imagerie avec le compte rendu opératoire. COMPTE RENDU Le compte rendu doit comporter la taille de l'antéhypophyse, signaler la présence (en situation normale ou ectopique) ou l'absence de la posthypophyse, préciser la localisation et les mensurations du processus intra- ou suprasellaire, apprécier son extension aux sinus caverneux ou au chiasma optique. En postopératoire, il faut rechercher un reliquat ou une récidive tumorale, évaluer l'épaisseur du parenchyme hypophysaire résiduel, analyser le plancher sellaire et le sinus sphénoïdal. C HA P IT R E 25 Lésion hépatique OBJECTIFS Caractériser la lésion. Participer au bilan préthérapeutique. TECHNIQUE Plan transversal ± frontal ± sagittal. Coupes T1, T2, diffusion, T1 gadolinium. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 282 Lésion hépatique POINTS D'INTERPRÉTATION 1. La lésion explorée est-elle réellement dans le foie ? En présence d'une volumineuse lésion de l'hypochondre droit, il est parfois difficile de déterminer la nature hépatique, surrénalienne, voire rénale. La question de l'appartenance d'une lésion au foie ou à un autre organe (principalement le rein ou la surrénale) se pose en cas de volumi­ neuse tumeur de l'hypochondre droit, mais également pour de petites lésions périphériques. 2. S'agit-il d'une tumeur hépatique ou d'une lésion hépatique d'une autre nature ? Les lésions hépatiques non tumorales les plus fréquentes sont les îlots de foie sain dans un foie stéatosique, la stéatose pseudotumorale et les lésions infectieuses du foie. Les îlots de foie sain sur foie stéatosique ou les îlots de stéatose ont généralement une forme très particulière, allongée plutôt qu'arrondie. 3. Regrouper les éléments simples de l'histoire clinique et paraclinique Âge du patient, antécédent de lésion cancéreuse, notion d'hépatopathie chronique, marqueurs de l'inflammation et bilan biologique de la fonction hépatique. Analyser l'imagerie disponible et notamment l'examen écho­ graphique et tomodensitométrique s'ils ont eu lieu. 4. S'agit-il d'un foie normal ou anormal ? Analyser la morphologie hépatique (dysmorphie hépatique, anomalie des contours du foie, nodules hépatiques, anomalie du signal du foie), chercher un épanchement intrapéritonéal libre, des voies de dérivations portocaves. 5. Analyser la morphologie de la tumeur En évaluant les limites de la tumeur, l'homogénéité du signal sur les diffé­ rentes séquences, le caractère unique ou multiple. Il faut se méfier des artéfacts de répétition de l'aorte en projection du lobe gauche. Au moindre doute, il faut inverser le sens des gradients de codage de phase. Points d'interprétation 283 6. Analyser le signal de la tumeur Homogénéité ou hétérogénéité en T1, en T2, après injection de gadolinium. Analyser l'évolution du signal sur la séquence de diffusion multi b et le coef­ ficient apparent de diffusion. Le rehaussement de la lésion après injection de gadolinium peut être difficile à estimer quand le nodule est spontanément hyperintense sur les séquences pondérées en T1. 7. Localisation et retentissement de la tumeur Préciser la localisation exacte dans le foie, le retentissement éventuel sur les vaisseaux portes ou hépatiques et l'aspect du foie restant. 8. Proposer une conduite à tenir L'examen d'imagerie par résonance magnétique est généralement le dernier examen d'imagerie réalisé quand un doute persiste sur la nature d'une lésion hépatique. Les principales circonstances des demandes sont la confirmation d'un angiome hépatique ou d'une hyperplasie nodulaire focale. Dans ces conditions, il faut absolument terminer le compte rendu par une conclusion non équivoque qui peut être de différents types : indiquer une étiologie particulière ; conseiller une ponction-biopsie hépatique, voire un prélèvement chirurgical. Anomalie des contours du foie. Les anomalies des contours du foie peuvent être tout à fait évidentes et affecter l'ensemble de la surface hépatique. Lorsqu'elles sont discrètes, il est utile de les chercher au contact des faces interne et externe de la vésicule biliaire. Pour ce faire, ce sont probablement les séquences très pondérées en T2, pour lesquelles le contraste du foie avec son environnement graisseux et avec le contenu vésiculaire est le meilleur, qui sont les plus adaptées à la recherche d'anomalies des contours. La présence d'ascite facilite toujours la visualisation de ces anomalies et c'est encore sur les séquences très pondérées en T2 qu'elles sont le mieux visibles. 284 Lésion hépatique Anomalie de perfusion du foie. On reconnaît l'anomalie de perfusion du foie sur la visualisation de zones du parenchyme hépatique dont le rehaussement est différent sur les séquences réalisées précocement après injection. Cette anomalie de perfusion tend à s'égaliser sur les séquences réalisées tardivement après injection. La jonction entre les zones de signal différent est fréquemment linéaire avec une systématisation lobaire ou segmentaire. Il existe des anomalies de perfusion hépatique dont les limites sont moins nettement rectilignes et qui peuvent prendre un aspect pseudo­ nodulaire et être prises pour des anomalies tumorales. Cavernome portal. Le cavernome portal peut être reconnu sur les séquences sang noir. Il peut être également reconnu sur les séquences sang blanc. On peut également réaliser une angiographie par résonance magnétique. Le cavernome portal est reconnu sur la mise en évidence de plusieurs petites veines dilatées et sinueuses. Ces veines dilatées sont visualisées en place du vaisseau porte normal. Il faut différencier le cavernome portal d'une dilatation de l'artère hépatique. Dans ce dernier cas, il n'existe qu'un seul vaisseau artériel dilaté. Il peut être utile de réaliser une injection de gadolinium et des séquences aux différents temps vasculaires qui montrent, en cas de dila­ tation de l'artère hépatique, que le vaisseau est rehaussé dès la phase artérielle. Points d'interprétation 285 Cicatrice centrale. La cicatrice centrale peut être visualisée sur l'ensemble des séquences. Le plus souvent, c'est sur les séquences tardives après injection que la cicatrice est le mieux visualisée, sous la forme d'une zone linéaire uniradiaire ou multiradiaire. La cicatrice centrale est généralement à l'origine d'un hyposignal par rapport au reste de la tumeur en T1, elle peut être à l'origine d'un hypoou d'un hypersignal en T2. Le signal de la cicatrice centrale et son rehaussement après injection dépendent de sa composition (vaisseaux, cellularité, inflammation…). La visualisation d'une cicatrice centrale n'est en aucun cas synonyme du diagnostic d'hyperplasie nodulaire focale, il ne s'agit que d'un des élé­ ments du diagnostic. Dérivation portocave. Les voies de dérivation comme l'ensemble du système vasculaire peuvent être étudiées sur les séquences en écho de spin à sang noir ou sur les séquences en écho de gradient à sang blanc. On peut également réaliser une angiographie par résonance magnétique. Les dérivations portocaves traduisent l'existence d'une hypertension portale, permettent au sang drainé normalement par le système portal de rejoindre la vascularisation systémique et le système cave par ces voies de dérivations. Les voies de dérivation portocaves les plus fréquentes sont les dérivations gastrique gauche, para-ombilicale, splénorénale directe et indirecte (spléno-gastro-rénale). Dysmorphie hépatique. La dysmorphie hépatique peut être reconnue sur les séquences T1, T2, avant et après injection. La dysmorphie hépatique est souvent reconnue de manière subjective, en sachant que les dysmorphies les plus habituelles sont constituées par l'association d'une atrophie du foie droit, d'une hypertrophie relative du foie gauche, d'une atrophie du segment IV, notamment dans sa portion basse et d'une hypertrophie du segment I. 286 Lésion hépatique Certaines infiltrations tumorales hépatiques diffuses peuvent défor­ mer les contours du foie au point de simuler une dysmorphie hépatique. Envahissement portal tumoral. L'envahissement portal tumoral, il faut éviter d'utiliser le terme de thrombose tumorale, correspond à l'extension intraportale d'une lésion maligne de voisinage. Il s'agit le plus souvent d'un carcinome hépatocellulaire. Différents signes peuvent être utilisés pour effectuer le diagnostic d'envahissement portal et le différencier d'une thrombose cruorique. L'envahissement portal tumoral est généralement au contact d'une tumeur maligne du foie et réalise un élargissement de la branche portale envahie. Le signal de l'envahissement portal tumoral est le même que celui de la tumeur, en T1, en T2 et sur les séquences de diffusion. Mais c'est probablement la vascularisation de cet envahissement portal tumoral au temps artériel qui constitue le meilleur signe. Fistule artérioporte. La fistule artérioporte se traduit par une anomalie de perfusion du foie reconnue sur la visualisation de zones du parenchyme hépatique dont le rehaussement est différent sur les séquences réalisées précocement après injection. Dans le cas de la fistule artérioporte, il existe un rehaussement de topographie portale sur un temps artériel précoce. Cette anomalie de perfusion tend à s'égaliser sur les séquences réalisées tardivement après injection. La jonction entre les zones de signal différent est fréquemment linéaire avec une systématisation portale lobaire ou segmentaire. Hépatomégalie. L'hépatomégalie peut être visualisée sur les séquences T1, T2 avant ou après injection. Il existe des normes de dimensions normales du foie. En fait, elles sont difficiles à utiliser car elles dépendent largement des caractéristiques de l'orientation du foie dans l'abdomen et du morphotype du foie. Le meilleur signe est sûrement l'aspect arrondi des angles du foie. Sur les coupes sagittales ou frontales, on peut facilement analyser le bord inférieur du foie. Points d'interprétation 287 Le lobe de Riedel, variante anatomique dans laquelle un lobe acces­ soire s'étend à partir du lobe du droit jusque dans la fosse iliaque, peut à tort être pris pour une hépatomégalie. Lésion hépatique bien limitée. Les limites de la lésion hépatique avec le reste du foie sont nettes sur l'ensemble de sa périphérie, que ce soit sur les séquences T1, T2, avant ou après injection. L'évaluation des limites d'une lésion hépatique est parfois facile à réa­ liser quand les limites sont parfaitement nettes et que le contraste entre la lésion et le reste du foie est important. Lorsque l'on a du mal à savoir si une lésion est bien ou mal limitée, on peut à l'aide d'une pointe faire le tour de la lésion. En cas de lésion bien limitée, on doit pouvoir effectuer le tour de la lésion sans aucune hésitation. Si hésitation il y a, c'est que la lésion est mal limitée. Lésion hépatique hétérogène. Il faut mettre en évidence des zones de signal différent dans différentes parties de la lésion que ce soit sur les séquences T1, T2, avant ou après injection. L'hétérogénéité peut être diffuse à l'ensemble de la lésion ou bien localisée et, dans ces conditions, il s'agit le plus souvent d'une zone centrale dont le signal est inférieur à celui du reste de la lésion sur les séquences T1 et après injection et supérieur à celui du reste de la lésion sur les séquences T2. Une hétérogénéité d'une lésion hépatique doit être cherchée sur l'ensemble des séquences T1, T2, avant et après injection. Effectivement, elle peut n'être présente que sur une de ces séquences. 288 Lésion hépatique Lésion hépatique homogène. Le signal d'une lésion hépatique homogène est le même en un point quelconque de la masse que ce soit sur les séquences T1, sur les séquences T2, avant ou après injection. Il est important d'obtenir et de comparer ces trois types de séquences, car une lésion homogène en T1 peut très bien être hétérogène en T2 ou après injection. Il ne faut pas prendre pour une hétérogénéité lésionnelle les artéfacts se projetant au sein d'une lésion hépatique homogène. Les artéfacts les plus fréquents sont ceux qui sont provoqués par les mouvements respiratoires ou les artéfacts vasculaires pulsatiles observés dans le sens du codage de phase. Lésion hépatique hyperintense en T1. La lésion hépatique peut être complètement hyperintense par rapport au reste du foie ou présenter une composante généralement centrale, plus intense que le reste du foie. Il est utile d'évaluer l'évolution du signal de cette zone hyperintense en T1 sur les séquences T2 et éventuellement sur les séquences avec suppression de graisse. Il faut se méfier des lésions faussement hyperintenses en T1 par rap­ port au reste du foie parce que le reste du foie est globalement diminué. Il faut pour cela vérifier que le signal du reste du foie est normal en T1, c'est-à-dire supérieur à celui du muscle et de la rate. Lésion hépatique kystique. Il s'agit de lésions arrondies ou ovalaires dont le signal est très hypointense sur les séquences T1 avant et après injection et très hyperintense sur les séquences T2. On peut également se servir de séquences destinées à privilégier le signal des liquides stationnaires (bili-IRM). Il faut alors étudier attentivement la paroi de la formation et chercher des irrégularités pariétales, des nodules muraux. Il faut également chercher des cloisons intratumorales, fines ou nodulaires, un niveau liquide-liquide au sein de la lésion. Points d'interprétation 289 Il ne faut pas prendre pour une lésion kystique hépatique une lésion solide nécrosée pseudokystique dont la paroi est plus épaisse et prend le contraste et qui présente des nodules muraux. Lésion hépatique non rehaussée. Le signal de la lésion hépatique n'est pas modifié après injection, au contraire, le contraste avec le parenchyme non tumoral de voisinage normalement rehaussé est augmenté après injection. Il faut préciser que cette absence de rehaussement doit concerner les temps précoces et les temps tardifs après injection. Il existe effectivement certaines lésions qui présentent un rehaussement uniquement visible sur les temps tardifs. Liséré périphérique. On parle de liséré périphérique lorsque l'on peut suivre une ligne continue tout autour de la lésion hépatique. Ce liséré peut être régulier ou irrégulier, plus ou moins épais. Il faut analyser le signal de ce liséré périphérique sur les séquences T1, sur les séquences T2 et analyser son rehaussement après injection. Lorsqu'une masse refoule les vaisseaux adjacents, veine porte, veine hépatique, il peut exister un pseudoliséré périphérique dû à l'accolement de la paroi du vaisseau à la masse. Dans ce cas, le liséré n'est pas continu. Au contraire, un liséré périphérique tout à fait réel peut être interrompu en un point par une excroissance de la lésion principale ou par une lésion satellite de la lésion principale. 290 Lésion hépatique Micronodule hépatique. Les micronodules hépatiques sont fréquemment difficiles à voir sur les séquences en écho de spin T1 ou T2 et sur les séquences en écho de spin après injection. Leur signal comparable à celui du reste du foie peut les rendre difficiles à distinguer. En général, ce sont sur les séquences en écho de gradient que l'on observe le plus facilement cette micronodulation hépatique. Sur les séquences en écho de gradient, ces micronodules hépatiques sont généralement d'un signal inférieur à celui du reste du foie. En cas d'atteinte micronodulaire diffuse du foie, on peut parfois observer quelques macronodules cirrhotiques qu'il est alors fréquem­ ment difficile de distinguer de nodules de carcinome hépatocellulaire. Macronodule hépatique. En cas de cirrhose hépatique, en dehors des lésions de nécrose et de fibrose, la régénération peut se faire sous un mode micro- ou macronodulaire. On considère généralement que les micronodules sont inférieurs à 3 mm et que les macronodules sont supérieurs à 3 mm. Le remaniement macronodulaire est généralement facile à repérer sur toutes les séquences, même si le signal des macronodules hépatiques est comparable à celui du reste du foie. Parmi ces multiples nodules, il peut être difficile de reconnaître un nodule dysplasique ou un carcinome hépatocellulaire. Ce sont probablement les séquences réalisées précocement après injection de gadolinium qui montrent l'hypervascularisation caractéristique de la néoangiogenèse tumorale. Rehaussement hépatique hétérogène. Il s'agit, au sein d'une lésion hépatique, d'une prise de contraste avec des régions de la lésion qui sont nettement rehaussées et d'autres qui sont peu ou pas rehaussées. Ce rehaussement hétérogène est aisément différencié d'un rehaussement hépatique homogène, d'un rehaussement hépatique en mottes intenses, d'un rehaussement hépatique périphérique ou d'une absence de rehaussement. Points d'interprétation 291 Il est important d'analyser l'ensemble des séquences réalisées après injection. Effectivement, un rehaussement hépatique hétérogène peut n'être observé que lors d'une des phases suivant l'injection, ainsi un rehaussement hépatique hétérogène à la phase artérielle peut être au contraire homogène sur une phase tardive. Rehaussement hépatique homogène. Il est simple de reconnaître le rehaussement hépatique homogène après injection de produit de contraste type gadolinium. Il s'agit, au sein d'une lésion hépatique, d'une prise de contraste uniforme au sein de l'ensemble de la lésion. Ce rehaussement homogène est aisément différencié d'un rehaussement hépatique hétérogène, d'un rehaussement hépatique en mottes intenses, d'un rehaussement périphérique ou d'une absence de rehaussement. Il est important d'analyser l'ensemble des séquences réalisées après injection. Effectivement, un rehaussement hépatique homogène observé sur une phase tardive a pu suivre un rehaussement hépatique en mottes hyperintenses ou un rehaussement hépatique hétérogène sur les séquences réalisées précocement après injection. Rehaussement hépatique périphérique. Il est simple de reconnaître le rehaussement hépatique périphérique. Il s'agit, au sein d'une lésion hépatique, d'une prise de contraste périphérique réalisant une collerette continue ou discontinue. Ce rehaussement est aisément différencié d'un rehaussement hépatique homogène, d'un rehaussement hépatique en mottes hyperintenses ou d'une absence de rehaussement. Il est important de préciser à quel temps on a observé le rehausse­ ment hépatique périphérique. Effectivement, un rehaussement hépa­ tique périphérique observé à la phase artérielle peut être associé à un rehaussement homogène sur une phase tardive. 292 Lésion hépatique Rehaussement hépatique en mottes hyperintenses. Il est simple de reconnaître le rehaussement hépatique en mottes hyperintenses. Il s'agit effectivement en T1 après injection de reconnaître un rehaussement lésionnel sous la forme de mottes nodulaires, hyperintenses, multiples. Ce rehaussement est facilement différencié d'un rehaussement homogène, d'un rehaussement périphérique ou d'une absence de rehaussement. Le caractère hyperintense en T1 des mottes nodulaires est moins facile à attester. L'intensité du signal pourrait être comparée à celle du signal des vaisseaux opacifiés. Un rehaussement hépatique en mottes peu hyperintenses n'a pas du tout la même valeur sémiologique. On peut l'observer lors de la prise de contraste d'une nécrose tumorale ou de lésion fibreuse. Rétraction capsulaire du foie. La capsule du foie sur un segment plus ou moins long, est attirée en dedans, réalisant une indentation sur le parenchyme hépatique. La rétraction capsulaire peut avoir des bords réguliers ou irréguliers. Cette rétraction est facile à analyser sur les séquences T1 ou sur les séquences T2. Elle peut être moins facile à visualiser sur les séquences T1 après injection, du fait d'un signal moins nettement différent entre le foie et la graisse périphérique. Cette rétraction capsulaire est à distinguer d'une incisure du diaphragme ou d'une compression extrinsèque de la capsule par une métastase péritonéale. Il faut également différencier la rétraction capsu­ laire du foie d'un segment hépatique compris entre deux zones bosselées en cas d'anomalie des contours du foie. Points d'interprétation 293 Thrombose portale. Pour réaliser un bilan précis de la perméabilité du système portal, il est important de se servir des séquences sang noir et sang blanc. On peut également réaliser une angiographie par résonance magnétique au temps portal. La comparaison des différents types de séquences permet d'effectuer le bilan de perméabilité du système porte, des zones interrompues par un thrombus et de la vascularisation de suppléance (cavernome). La thrombose portale est à distinguer de l'envahissement portal tumoral qui est suspecté sur une augmentation du diamètre de la veine, un signal de la formation intraluminale comparable à celui de la tumeur, et un rehaussement au temps artériel de la formation intraluminale. Un thrombus portal récent peut également élargir le calibre du système porte. Prise de contraste muriforme. La prise de contraste muriforme est caractérisée par une prise de contraste intense au temps artériel, réalisant de multiples petites images punctiformes. L'ensemble de la lésion rehaussée fait alors penser à une petite mûre. Cette prise de contraste s'explique par le rehaussement de petits secteurs parenchymateux séparés par des septums fibreux issus d'une cicatrice centrale. Ce rehaussement n'est observé que lors des hyperplasies nodulaires focales pour lesquelles il s'agit d'un signe très spécifique. Il est observé également dans les petites hyperplasies nodulaires focales au sein desquelles il n'est pas facile de mettre en évidence une cicatrice centrale. Il faut cependant être prudent quant à son interprétation et ne le retenir que lorsqu'il est caractéristique. 294 Lésion hépatique STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? Le plus souvent la lésion hépatique est découverte lors d'un examen d'écho­ graphie qu'il s'agisse d'une découverte fortuite ou d'une découverte moti­ vée par une altération de l'état général, une altération du bilan hépatique biologique ou lors du bilan d'extension d'une tumeur primitive. L'objectif de l'imagerie complémentaire est donc de caractériser précisé­ ment la lésion et de participer au bilan préthérapeutique. L'IRM constitue l'imagerie de référence, principalement du fait de son contraste spontané d'excellente qualité qui permet d'analyser les caractéristiques de la lésion mais également ses rapports vasculaires. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? En imagerie par résonance magnétique les coupes réalisées dans le plan transversal sont suffisantes dans la majorité des cas pour permettre l'éva­ luation d'une lésion hépatique. L'intérêt de coupes dans d'autres plans de l'espace est principalement justifié lorsqu'il existe un doute sur la nature hépatique ou extrahépatique de la lésion. Les séquences réalisées com­ prennent généralement des séquences pondérées en T1, en T2, en T1 après injection de gadolinium. On réalise une acquisition précoce et une acquisi­ tion plus tardive après injection. Quelques équipes se servent de séquences dynamiques, c'est-à-dire de séquences répétées rapidement après injection de gadolinium à 5, 10, 15 secondes, etc. S'il est certain que ces séquences permettent d'approcher plus précisément la dyna­ mique de la prise de contraste, il n'est pas sûr que la caractérisation sémiologique soit améliorée. D'autres produits de contraste que le gadolinium ont été déve­ loppés pour étudier le foie, qu'il s'agisse d'autres substances paramagnétiques dites hépatospécifiques ou de substances superparamagnétiques. L'expérience montre que peu d'équipes utilisent actuellement ces produits en routine clinique. Au contraire, les séquences de diffusion doivent être réalisées en routine clinique. COMMENT INTERPRÉTER ? Il faut d'abord vérifier que la lésion est réellement dans le foie. En présence d'une volumineuse lésion de l'hypochondre droit, il est parfois difficile de déterminer la nature hépatique, surrénalienne, voire rénale. Dans ces cir­ constances, les coupes réalisées dans le plan sagittal et frontal doivent être précisément analysées. Stratégie diagnostique 295 La question de l'appartenance de lésions au foie ou à un autre organe peut également se poser en cas de petites lésions périphériques. Des lésions de carcinose péritonéale ou de maladie gélatineuse du péritoine peuvent indenter le foie et donner l'impression que leur point de départ est hépa­ tique. L'existence d'autres lésions à distance du foie permet généralement de faire le diagnostic. Il faut ensuite vérifier qu'il s'agit véritablement d'une tumeur hépatique. Les lésions hépatiques non tumorales les plus fréquentes sont les îlots de foie sain dans un foie stéatosique, la stéatose pseudotumorale et les lésions infectieuses du foie. Les îlots de foie sain sur foie stéatosique ou les îlots de stéatose ont généralement une forme très particulière, allongée plutôt qu'ar­ rondie. Il peut être difficile de caractériser un abcès hépatique notamment lors de sa phase de constitution. L'existence d'importants troubles de perfu­ sion à la périphérie de la lésion et surtout un aspect en logettes confluentes constituent des arguments forts pour la nature infectieuse de la lésion, argu­ ments qui doivent être confrontés aux données cliniques. Il faut ensuite regrouper les éléments simples de l'histoire clinique et para­ clinique : âge du patient, antécédent de lésion cancéreuse, notion d'hépa­ topathie chronique, marqueurs de l'inflammation et bilan biologique de la fonction hépatique. Analyser l'imagerie disponible et notamment l'examen échographique et tomodensitométrique s'ils ont eu lieu. Les éléments cliniques et paracliniques simples sont extrêmement impor­ tants à relever. Il est clair que chez une femme jeune, sans antécédent de can­ cer, sans hépatopathie connue chez laquelle le bilan biologique hépatique est normal, la probabilité a priori d'une lésion bénigne est extrêmement éle­ vée. Au contraire, chez un homme âgé, porteur d'un carcinome colorectal ayant une altération des tests hépatiques, la probabilité a priori de malignité est élevée. Ensuite, les éléments sémiologiques les plus importants sont constitués par : n le caractère normal ou anormal du foie restant, du fait de la fréquence de survenue du carcinome hépatocellulaire sur cirrhose ; n l'analyse précise des limites de la lésion et de l'éventuel liséré péritu­ moral car on sait que les limites irrégulières ou l'existence d'un liséré péri­ tumoral sont le plus souvent observées en cas de tumeur maligne ; n l'analyse de l'homogénéité ou de l'hétérogénéité tumorale, car on sait que les lésions hétérogènes sont plus souvent malignes que bénignes ; au terme de cette analyse, il faut réaliser une conclusion aussi précise que possible qui doit indiquer la nature de la lésion ou bien conseiller une vérification anatomopathologique. Les deux lésions bénignes les plus fréquemment observées en IRM sont l’an­ giome hépatique et l’hyperplasie nodulaire focale ; les deux lésions malignes 296 Lésion hépatique le plus souvent observées sont le carcinome hépatocellulaire et la métastase hépatique. L'angiome hépatique est une lésion homogène, parfaitement bien limitée, très contrastée par rapport au reste du foie sur les séquences pondérées en T1 (c'est un point important et souvent négligé) et très contrastée avec le reste du foie sur les séquences pondérées en T2. La lésion est rehaussée après injection en mottes hyperintenses. L'hyperplasie nodulaire focale est une tumeur homogène, bien limitée, très peu contrastée par rapport au reste du foie sur les séquences pondé­ rées en T1 (ce critère est souvent négligé) et peu contrastée par rapport au reste du foie sur les séquences pondérées en T2. Après injection de gadoli­ nium, le rehaussement est précoce, massif, homogène et intense. Une prise de contraste muriforme est très spécifique. Il existe généralement pour les hyperplasies nodulaires focales qui ne sont pas de trop petite taille une cicatrice centrale hypointense en T1, hyperintense en T2 et rehaussée sur le temps tardif après injection de gadolinium. Le carcinome hépatocellulaire survient le plus souvent sur un foie cirrho­ tique. Il s'agit d'une lésion unique ou multiple qui peut être bien ou mal limitée. Elle est généralement hétérogène quand la lésion est suffisamment volumineuse. Elle est fréquemment entourée d'un liséré périphérique. Le signal de la lésion est variable en T1. Il est généralement hyperintense avec un contraste modéré par rapport au reste du foie sur les séquences pondé­ rées en T2. Il existe un rehaussement précoce de la lésion après injection de gadolinium, puis un lavage rapide et la lésion a donc un signal moins élevé que celui du reste du foie sur les séquences tardives. Il faut chercher une extension aux vaisseaux portes et aux veines hépatiques. Sur un foie d'hé­ patopathie chronique, il est souvent difficile de différencier un carcinome hépatocellulaire d'un nodule cirrhotique. Le macronodule cirrhotique est généralement hypointense sur les séquences pondérées en T2. Le carcinome hépatocellulaire est généralement hyperintense sur les séquences pondé­ rées en T2. Les macronodules cirrhotiques et les nodules dysplasiques sont rehaussés par l'injection de gadolinium d'une façon comparable à celle du foie de voisinage. Le carcinome hépatocellulaire est généralement rehaussé plus nettement lors de l'injection de gadolinium, notamment lorsque l'on réalise une acquisition très précoce après l'injection. Cette prise de contraste supérieure à celle du reste du foie est d'autant plus fréquente que le car­ cinome hépatocellulaire est volumineux. Sur les clichés tardifs réalisés à distance de l'injection de gadolinium, les macronodules cirrhotiques et les nodules dysplasiques restent rehaussés d'une façon comparable à celle du foie de voisinage. Pour le carcinome hépatocellulaire, il existe un lavage du produit de contraste qui explique que la lésion a un signal moins intense que celui du reste du foie sur les coupes tardives après injection de gadolinium. Stratégie diagnostique 297 Ceci dit, il existe des zones de recouvrement entre carcinome hépatocellu­ laire et macronodule cirrhotique. Les métastases hépatiques sont généralement des lésions multiples, de taille et de signal différents. Elles sont fréquemment limitées par un liséré périphérique. Elles peuvent être bien ou mal limitées et sont fréquemment hétérogènes à partir d'une certaine taille. Leur signal est variable en T1 et on peut observer un signal différent d'une lésion à l'autre. En T2 les lésions sont généralement hyperintenses et hétérogènes. Après injection de gadolinium le comportement le plus caractéristique est un rehaussement périphérique. D'une manière générale, les tumeurs malignes ont une restriction hydrique plus importante que les tumeurs bénignes. Elles sont donc à l'origine d'un signal qui augmente avec la croissance de b (gradient de diffusion). Compte tenu de la rémanence T2 il faut également analyser les résultats du coeffi­ cient apparent de diffusion qui est diminué. COMPTE RENDU Le compte rendu doit donc inclure : n le nombre et la localisation des lésions ; n les caractéristiques du foie non tumoral : foie normal ou hépatopathie chronique ; n les caractéristiques morphologiques de la lésion ; n les caractéristiques du signal de la lésion ; n la conclusion doit clairement indiquer une étiologie particulière, conseiller une surveillance ou un prélèvement biopsique ou chirurgical. C HA P IT R E 26 Ictère obstructif OBJECTIFS Affirmer l’obstruction des voies biliaires. Déterminer le niveau et la nature de l'obstacle. Participer au bilan préthérapeutique. TECHNIQUE Séquences de bili-IRM volumiques éventuellement complétées par des séquences T1, T2, T1 gadolinium. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 300 Ictère obstructif POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Examen clinique et antécédents médicaux Analyser les données de l'examen clinique (douleurs de type colique hépatique, ictère nu, altération de l'état général), les antécédents médicaux et chirurgicaux et les résultats de l'échographie hépatobiliaire. 2. Affirmer la dilatation des voies biliaires Les mensurations normales des voies biliaires sont de 3 à 6 mm pour le canal hépatique et de 8 mm pour le cholédoque. On peut observer des dilatations non pathologiques de la voie biliaire principale qui peuvent atteindre 1 cm. Ces dilatations non pathologiques sont peut-être plus fréquemment observées chez les personnes âgées et chez les personnes ayant eu une cholécystectomie. 3. Analyser la limite inférieure de la dilatation des voies biliaires On détermine ainsi si l'obstacle intéresse la voie biliaire intrahépatique, la voie biliaire extrahépatique sus-pancréatique ou la voie biliaire extrahépatique au sein du pancréas ou au niveau de l'ampoule. Chercher une dilatation associée de la vésicule biliaire, du conduit pancréatique principal (canal de Wirsung). Les séquences de bili-IRM, en acquisition volumique notamment, ont simplifié considérablement l'analyse du niveau inférieur de la dilatation. 4. Chercher une irrégularité des voies biliaires Celle-ci peut être éventuellement associée à une prise de contraste de la paroi des voies biliaires. Les irrégularités très discrètes des voies biliaires observées en cas de cholangite débutante peuvent être difficiles à visualiser et constituent la dernière limite des séquences de bili-IRM. Au contraire, de petits artéfacts ne doivent pas être faussement pris pour des irrégularités des voies biliaires. Points d'interprétation 301 5. Analyser le mécanisme d'obstruction à l'origine de la dilatation des voies biliaires On distingue très facilement les obstacles endobiliaires et notamment les calculs qui sont visualisés sous la forme de défauts de remplissage des canaux biliaires dont le calibre reste normal. Au contraire, les sténoses biliaires sont parfaitement visualisées et on peut analyser le caractère régulier ou irrégulier des segments rétrécis. C'est quand une sténose irrégulière est visualisée que les séquences additionnelles en T1, T1 gadolinium, T2 sont le plus utiles pour visualiser directement une éventuelle tumeur. 6. Participer au bilan préthérapeutique en cas d'obstruction tumorale On cherche des adénomégalies satellites, une atteinte des segments tronculaires des structures artérielles ou portales, des signes de carcinose péritonéale, des métastases hépatiques et pour les cholangiocarcinomes hilaires il faut analyser la longueur de l'atteinte et l'atteinte de la convergence primaire et secondaire. Calcul hyperintense en T1. Les calculs au sein des voies biliaires sont généralement mis en évidence sur les séquences qui privilégient le signal des liquides stationnaires (bili-IRM) sur lesquelles ils sont visibles sous la forme d'images arrondies ou ovalaires très hypointenses par rapport à la bile au signal très intense. Mais il est également possible, dans un certain nombre de cas, de repérer les calculs biliaires sous la forme de petites images arrondies, ovalaires, polyédriques ou punctiformes à l'origine d'un hypersignal sur les séquences pondérées en T1. On ne peut en revanche approcher la nature du calcul puisque les calculs de bilirubine comme les calculs pigmentaires (du fait de leurs propriétés paramagnétiques) peuvent être à l'origine d'un hypersignal sur les séquences pondérées en T1. Calcul hypointense en T2. En imagerie par résonance magnétique, il est parfois possible de mettre en évidence un calcul au sein des voies biliaires ou de la vésicule biliaire sur les séquences T2. En fait, ce sont surtout les séquences qui privilégient le signal des liquides stationnaires (bili-IRM) qui permettent d'obtenir une représentation anatomique des voies biliaires intra- et extrahépatiques. Sur ces séquences, les calculs biliaires sont visibles sous la forme d'images arrondies ou ovalaires très hypointenses par rapport à la bile au signal très intense. 302 Ictère obstructif Après anastomose biliodigestive ou après sphinctérotomie, une aérobilie peut créer des images vides de signal au sein des voies biliaires. Dilatation du canal de Wirsung. La dilatation du canal de Wirsung peut être mise en évidence sur les séquences T2 et parfois sur les séquences T1 après injection de gadolinium. Mais, surtout, l'analyse du canal de Wirsung est aisée sur les séquences qui privilégient le signal des liquides stationnaires (bili-IRM). On peut alors préciser les dimensions exactes du canal de Wirsung, le caractère localisé ou diffus de la dilatation du canal de Wirsung. Dilatation des voies biliaires. La dilatation des voies biliaires peut être mise en évidence sur les séquences T1 après injection, mais elle est surtout facilement mise en évidence sur les séquences T2 et notamment sur les séquences privilégiant le signal des liquides stationnaires (bili-IRM). Ces séquences permettent d'analyser les voies biliaires intra- et extrahépatiques d'une façon assez comparable aux opacifications directes et permettent d'analyser la localisation de la dilatation, son caractère homogène ou hétérogène, l'existence de sténose associée. Le diamètre de la voie biliaire principale peut être augmenté jusqu'à 10 mm sans être pathologique. Épaississement de la paroi des voies biliaires. À l'état normal, la paroi des voies biliaires est très fine et ne peut être visualisée qu'au niveau de la vésicule biliaire, de la voie biliaire principale ou des segments proximaux des canaux hépatiques droits et gauches. Tout épaississement focal ou global de la paroi des voies biliaires doit être considéré comme anormal. L'épaississement de la paroi des voies biliaires est visualisé le plus facilement sur les séquences pondérées en T1 après injection de gadolinium. Points d'interprétation 303 Sur les séquences privilégiant le signal des liquides stationnaires (biliIRM), on ne voit que des signes indirects d'épaississement de la paroi des voies biliaires. Irrégularités des voies biliaires. Pour mettre en évidence une irrégularité des voies biliaires, il faut se servir de séquences qui privilégient le signal des liquides stationnaires (bili-IRM). Ce sont sur ces séquences que l'on peut porter avec fiabilité le diagnostic d'irrégularités des voies biliaires et préciser leur siège, l'atteinte des voies biliaires, l'existence de sténose biliaire associée. Des anomalies pariétales a minima des voies biliaires intrahépatiques constituent encore une des limites de l'imagerie par résonance magnétique même avec les séquences privilégiant le signal des liquides stationnaires. Au contraire, en cas d'artéfacts, notamment d'artéfacts de mouvements, il ne faut pas prendre des voies biliaires mal visualisées pour des voies biliaires irrégulières. Involution adipeuse du pancréas. L'involution adipeuse du pancréas est facilement reconnue puisque le signal des îlots glandulaires du pancréas devient le même que celui de la graisse péripancréatique sur les séquences pondérées en T1 ou sur les séquences pondérées en T2. L'involution adipeuse du pancréas est généralement hétérogène. Elle peut toucher plus préférentiellement la tête ou la queue. Il arrive que l'involution adipeuse du pancréas ne respecte que la région située autour de la voie biliaire principale. 304 Ictère obstructif Lésion pancréatique solide. La reconnaissance d'une lésion pancréatique solide est tout à fait différente en fonction de sa taille. Les volumineuses lésions sont aisément reconnues. Il est en revanche beaucoup plus difficile de reconnaître de toutes petites lésions, voire des lésions infracentimétriques. Il faut dans ce cas exploiter l'ensemble des séquences d'IRM T1, T2 et surtout des séquences réalisées précocement après injection de produit de contraste type gadolinium et également des séquences réalisées tardivement après injection. On peut s'aider de séquences qui privilégient le signal des liquides stationnaires (bili-IRM) pour chercher un retentissement sur les structures canalaires et notamment sur le canal de Wirsung. Lésion pancréatique kystique. Il s'agit de formations uni- ou multiloculaires, de tailles variables dont le signal est très hypointense sur les séquences T1 avant et après injection et très hyperintense sur les séquences T2. On peut également se servir de séquences destinées à privilégier le signal des liquides stationnaires (bili-IRM) qui sont très sensibles à la mise en évidence du caractère uni- ou multikystique de la lésion et à la mise en évidence d'irrégularités et de nodules muraux. Il faut étudier attentivement la paroi de la formation, chercher un épaississement de la paroi, des nodules muraux avant et après injection de gadolinium. Il faut également chercher un niveau liquide-liquide au sein de la lésion. Prise de contraste anormale des voies biliaires. La prise de contraste anormale des voies biliaires est reconnue sur un rehaussement trop net de la paroi des voies biliaires. Cette prise de contraste mise en évidence des deux côtés de la voie biliaire isole trop nettement le contenu de la voie biliaire du parenchyme hépatique de voisinage. Sur les systèmes d'imagerie par résonance magnétique les plus récents on visualise de façon normale une prise de contraste très fine et peu intense de la paroi des voies biliaires qui ne doit pas être considérée comme anormale. Il faut distinguer la prise de contraste anormale des voies biliaires du rehaussement après injection de produit de contraste des vaisseaux portes. Ce rehaussement portal n'intéresse que l'un des versants de la voie biliaire. Stratégie diagnostique 305 Sténose biliaire. La mise en évidence d'une sténose biliaire est devenue possible avec l'apparition de séquences qui privilégient le signal des liquides stationnaires (bili-IRM). Ces séquences permettent de visualiser précisément la sténose biliaire, d'analyser son type, sa localisation et de chercher d'autres sténoses biliaires. Il faut se méfier de l'image artéfactuelle présente parfois juste au-­dessous de la convergence des voies biliaires droites et gauches, provoquée par le croisement de la voie biliaire principale et de l'artère hépatique. Il s'agit d'une empreinte régulière et non d'une véritable sténose. Sténose du conduit pancréatique principal (canal de Wirsung). La visualisation directe de la sténose du canal de Wirsung est possible sur les séquences qui privilégient le signal des liquides stationnaires (bili-IRM). Ce sont ces séquences qui sont à l'origine d'une représentation des canaux pancréatiques d'une façon assez comparable aux opacifications directes qui permettent d'analyser la localisation de la sténose, son type, sa longueur, son caractère unique ou multiple. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? L'imagerie par résonance magnétique intervient généralement après l'échographie hépatobiliaire. L'imagerie par résonance magnétique est devenue l'examen de référence en matière de pathologie biliaire avec l'apparition de séquences favorisant le signal des liquides stationnaires (bili-IRM). Les scanners multidétecteurs les plus récents peuvent concurrencer IRM et bili-IRM avec un avantage en résolution spatiale plus fine, alors que la résolution en contraste spontané est supérieure en IRM. L'échoendoscopie peut être utilisée notamment pour les obstacles intéressant la partie basse de la voie biliaire extrahépatique et les obstacles de la région péri-ampullaire. Les résultats de la tomographie d'émission de positons sont en cours d'évaluation. 306 Ictère obstructif QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? L'examen débute et se limite parfois aux séquences privilégiant le signal des liquides stationnaires (bili-IRM). Ces séquences sont le plus souvent réalisées après ingestion orale d'un produit de contraste permettant de diminuer le signal du contenu gastrique et duodénal (produit de contraste superpara­ magnétique ou produit contenant du manganèse, comme le jus d'ananas). La bili-IRM peut être réalisée avec des coupes bidimensionnelles d'épaisseur variable ou avec une acquisition volumique tridimensionnelle. Cette acquisition volumique tridimensionnelle permet de réunir en une seule séquence les avantages d'une acquisition volumique et les avantages de coupes bidimensionnelles qu'elles soient fines ou épaisses. Effectivement, cette acquisition volumique tridimensionnelle est réalisée à partir de coupes natives fines et on peut analyser les coupes fines, reconstruire si besoin en est des coupes épaisses et bien sûr analyser l'ensemble de l'acquisition volumique. Il est cependant important d'insister sur le fait que comme pour tout examen incluant une reconstruction, il est indispensable d'analyser une à une les coupes natives. Ces séquences de bili-IRM sont parfois suffisantes en cas de pathologie lithiasique ou lors de la recherche d'anomalies biliaires en cas de cholestase biologique. Elles peuvent être complétées par des coupes classiques (T1, T1 gadolinium, T2) dans le plan transversal ou dans le plan frontal, notamment en cas de sténose tumorale. COMMENT INTERPRÉTER ? Les dilatations non pathologiques des voies biliaires intra- et extrahépatiques sont caractérisées par le fait qu'il n'existe pas de sténose associée et que la voie biliaire reste dilatée jusqu'à l'ampoule. Une fois éliminées ces dilatations non pathologiques il faut déterminer le niveau de l'obstacle qui est très simplement indiqué sur les coupes de bili-IRM en acquisition volumique. Le diagnostic de nature de l'obstacle est facilement porté lorsqu'il existe un défaut de remplissage de la voie biliaire fait de lacunes arrondies correspondant à des calculs endobiliaires fréquemment hyperintenses en T1. Il faut cependant être prudent en cas d'aérobilie qui peut se traduire par des lacunes caractéristiques par leur siège et leur proclivité. Dans les autres cas, il s'agit d'une sténose tumorale ou inflammatoire. Les arguments pour une origine inflammatoire d'une sténose biliaire sont constitués par le caractère long de la sténose, l'irrégularité associée des voies biliaires, notamment des voies biliaires intrahépatiques périphériques et la prise de contraste anormale de la paroi des voies biliaires. En cas de tumeur bas située, il est parfois difficile de différencier au sein des tumeurs de la région péri-ampullaire un adénocarcinome pancréatique, d'un adénocarci- Stratégie diagnostique 307 nome du deuxième duodénum, d'un adénocarcinome ou d'un adénome de l'ampoule de Vater ou d'un cholangiocarcinome. Pour les tumeurs les plus haut situées, il peut être difficile de distinguer les cholangiocarcinomes des extensions des cancers de la vésicule au hile biliaire ou des pédiculites métastatiques secondaires. Pour les cholangiocarcinomes hilaires, il est important en dehors de la recherche systématique d'adénomégalie, de métastases hépatiques et de carcinose péritonéale, d'analyser l'étendue des voies biliaires intéressées par le processus tumoral et notamment de chercher une atteinte de la convergence primaire et des convergences secondaires. COMPTE RENDU Le compte rendu doit donc inclure : n les voies biliaires intéressées par la dilatation et le niveau inférieur de la dilatation ; n l'existence d'une irrégularité des voies biliaires, d'une prise de contraste pariétale ; n l'existence de calculs au sein des voies biliaires ; n l'existence d'une sténose biliaire et ses caractéristiques. C HA P IT R E 27 Lésion rénale OBJECTIFS Confirmer le diagnostic de lésion rénale. Caractériser la lésion. Participer au bilan préthérapeutique. TECHNIQUE Coupes T1, T2, diffusion, T1 gadolinium dans les plans transversal et frontal. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 310 Lésion rénale POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Préciser les circonstances de découverte Hématurie, douleurs ou découverte fortuite lors d'une échographie abdomi­ nale ou d'un scanner. 2. Confirmer l'origine rénale de la lésion et chercher de façon systématique une atteinte multifocale, uni- ou bilatérale En cas de volumineuse tumeur de l'hypochondre droit ou de l'hypo­ chondre gauche, il peut être difficile de savoir aux dépens de quel organe la lésion est développée, c'est dire l'intérêt dans ce cas des coupes frontales. 3. Analyser le caractère homogène ou hétérogène de la lésion, l'existence d'un hypersignal sur la séquence pondérée T1, son intensité avant et après injection de produit de contraste L'existence d'un hypersignal sur les séquences pondérées en T1 témoigne d'un contenu graisseux de la lésion quasi spécifique du diagnostic d’angio­ myolipome. Les lésions rénales solides d'origine adénocarcinomateuse sont généralement à l'origine d'un discret hyposignal sur les séquences pondérées en T1, d'un discret hypersignal sur les séquences pondérées en T2. Elles sont rehaussées massivement lors de l'injection puis sont moins vascularisées que le reste du rein. Certains types pathologiques, lésions papillaires, sont moins vascularisés. De volumineuses lésions rénales très hétérogènes peuvent faire envisager le diagnostic de pyélo­ néphrite xantho­granulomateuse. En cas de lésion kystique, il faut les clas­ ser (classifica­tion de Bosniak). 4. Chercher une extension à la graisse périrénale Comme la graisse périrénale est habituellement réséquée durant la néphrec­ tomie totale, l'analyse de l'extension à la graisse n'est pas essentielle. Elle devient importante si une chirurgie partielle est envisagée. Le seul signe fiable d'extension tumorale dans l'espace périrénal est la présence de tra­ vées ou de prolongements tumoraux de signal faible ou intermédiaire en T1 et T2. Points d'interprétation 311 Les artéfacts de déplacement chimique qui renforcent la frontière existant entre le parenchyme rénal et la graisse périrénale facilitent l'éva­ luation d'une extension à la graisse. Effectivement, cet artéfact est inter­ rompu lorsqu'il existe une extension de la tumeur à la graisse périrénale. 5. Chercher une extension vasculaire à la veine rénale et à la veine cave inférieure Quelle que soit la séquence d'imagerie utilisée il faut systématique­ ment chercher une extension à la veine rénale et analyser la localisation de son pôle distal. Cette extension veineuse conditionne la voie d'abord chirurgicale. 6. Chercher une extension ganglionnaire Anomalie des contours du rein. Il s'agit d'une anomalie évidente à reconnaître lorsqu'elle est unilatérale. En effet, il existe un excellent contraste entre les contours du rein et la graisse rétropéritonéale périrénale notamment sur les séquences T1. Les anomalies de contours du rein sont parfaitement visualisées sur les coupes transversales. On peut également utiliser des coupes frontales. Lorsque les anomalies des contours du rein sont bilatérales et peu marquées, le diagnostic peut être moins facile. Dérivation périrénale. Les voies de dérivations, comme l'ensemble du système vasculaire, peuvent être étudiées sur les séquences sang noir ou sur les séquences sang blanc. On peut également réaliser une angiographie par résonance magnétique. Les dérivations périrénales sont reconnues sur des coupes transversales, mais c'est dans le plan frontal qu'on visualise le plus facilement ce système périrénal, la veine rénale et la veine cave inférieure. 312 Lésion rénale Envahissement veineux. On reconnaît l'envahissement veineux sur la présence d'une formation endoveineuse qui occupe et élargit la lumière vasculaire. Sur les séquences sang noir la formation est à l'origine d'un hypersignal. Sur les séquences sang blanc la formation est à l'origine d'un hyposignal. Les arguments en faveur du caractère tissulaire de la formation endoveineuse sont l'existence d'un élargissement de la veine, mais ce signe peut également exister en cas de thrombose cruorique, et surtout d'un signal de la formation endoveineuse qui est le même que celui de la lésion d'origine en T1, en T2 avant et après injection. Il faut analyser l'ensemble du signal de la formation endoveineuse, car il existe fréquemment une thrombose veineuse cruorique associée à l'extension tumorale. Lésion rénale kystique. Il s'agit d'une formation généralement arrondie, de taille variable, à l'origine d'un signal très bas en T1 et d'un signal très élevé en T2. On peut également se servir de séquences destinées à privilégier le signal des liquides stationnaires. Il faut vérifier l'absence de rehaussement de la paroi de la formation kystique après injection et chercher attentivement un épaississement de la paroi et des nodules muraux. Il n'est pas rare d'observer de petites lésions rénales kystiques hyper­ intenses en T1, il s'agit le plus souvent de kystes simples à contenu hémor­ ragique ou riche en protéines. Cependant, il faut dans ce cas être particulièrement scrupuleux et rechercher un épaississement pariétal et des nodules muraux. Points d'interprétation 313 Extension extracapsulaire. Les lésions rénales tumorales sont généralement arrondies et bien limitées. Lorsqu'elles ont un développement extrarénal, leur interface avec la graisse périrénale est parfaitement bien limitée. En cas d'extension extracapsulaire, il existe une irrégularité de la limite externe de la tumeur avec une pénétration d'une composante tissulaire au sein de la graisse périrénale. Cette extension extracapsulaire peut être diagnostiquée sur les séquences pondérées en T1, en T2 ou sur les séquences avec suppression de graisse. Lésion rénale kystique atypique. Il s'agit d'une formation généralement arrondie, de taille variable, à l'origine d'un signal très bas en T1 et d'un signal très élevé en T2. Par rapport au kyste rénal simple, il existe des atypies qu'il s'agisse de limites irrégulières de la lésion kystique, de paroi ou de cloison épaisse rehaussée par l'injection de produit de contraste voire d'une véritable composante tissulaire ou de végétations développées aux dépens de la cavité kystique. L'analyse des images permet de classer ces lésions kystiques en se servant de la classification proposée par Bosniak. Lésion rénale solide. La lésion rénale solide se présente comme une lésion arrondie ou ovalaire, généralement à l'origine d'un hyposignal par rapport au reste du rein en T1 et d'un hypersignal en T2. Après injection, il peut être difficile de différencier la lésion si elle est de petite taille sur les séquences réalisées rapidement après injection de gadolinium. Il peut alors être utile de réaliser des coupes tardives. Dans les lésions volumineuses, notamment développées aux dépens du pôle supérieur du rein, il peut être difficile de différencier des lésions rénales solides d'une lésion hépatique, splénique ou surrénalienne. Il faut alors se servir des coupes frontales ou sagittales. 314 Lésion rénale Lésion rénale mixte. Il s'agit d'une formation présentant deux composantes différentes, solide et liquide. La composante solide a généralement un hyposignal par rapport au reste du rein en T1 et un hypersignal en T2. Cette composante est rehaussée après injection. La composante liquide est à l'origine d'un signal très bas en T1 et d'un signal très élevé en T2 et n'est pas rehaussée après injection de gadolinium. En cas de volumineuse lésion mixte rénale, les séquences favorisant le signal des liquides stationnaires (urographie-IRM) sont utiles pour cher­ cher des calculs des voies urinaires hautes possiblement responsables d'une pyélonéphrite xanthogranulomateuse. Ces séquences permettent également de différencier des composantes liquidiennes de contenu et de signal différents. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? Imagerie par résonance magnétique et scanner sont concurrents et com­ plémentaires pour l'imagerie des lésions rénales. Leurs performances sont probablement comparables pour la détection et la caractérisation des lésions rénales. Il est possible que l'IRM soit très performante pour le dia­ gnostic des lésions kystiques rénales atypiques. L'imagerie par résonance magnétique est supérieure au scanner pour évaluer l'extension des can­ cers du rein à la veine rénale et à la veine cave inférieure. L'imagerie par résonance magnétique est toujours réalisée après l'échographie qui consti­ tue à l'heure actuelle une modalité fréquente de découverte fortuite des lésions rénales. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? L'examen comprend des séquences pondérées en T1, T2, diffusion, T1 gado­ linium. Après injection de gadolinium, on peut se servir de séquences dyna­ miques réalisées rapidement après injection ou au moins de deux séquences, l'une réalisée précocement après injection et l'autre tardivement. Il est effec­ tivement possible de différencier plus facilement la tumeur du reste du rein sur la séquence tardive car de petites tumeurs hypervasculaires peuvent avoir un rehaussement comparable à celui du cortex normal sur les temps les plus précoces. Des séquences avec suppression de graisse peuvent faciliter Stratégie diagnostique 315 l'analyse de l'extension à la graisse périrénale. L'extension à la veine rénale et à la veine cave inférieure peut être cherchée avec des séquences sang noir, avec des séquences sang blanc ou avec des séquences d'angiographie par résonance magnétique avec injection de gadolinium acquises lors du retour veineux. COMMENT INTERPRÉTER ? Les lésions rénales solides non graisseuses doivent être considérées comme des adénocarcinomes jusqu'à preuve du contraire. La présence de graisse au sein d'une lésion rénale permet d'effectuer le diagnostic d'angiomyolipome. Ce sont les pyélonéphrites xanthogranulomateuses qui peuvent être le plus difficile à caractériser. Il s'agit généralement de volumineuses lésions présen­ tant une composante solide inflammatoire et une composante liquidienne. Pour caractériser les lésions kystiques rénales, on peut se servir de séquences pondérées en T1 après injection de produit de contraste et de séquences privilégiant le signal des liquides stationnaires. On peut ainsi en IRM classer les lésions kystiques en se servant de la classification proposée par Bosniak. Le type 1 correspond au kyste simple non compliqué qui réunit tous les cri­ tères de bénignité. Les petits kystes spontanément hyperintenses et homogènes en T1, ou les kystes présentant de fines cloisons bien visualisées sur les séquences privi­ légiant le signal des liquides stationnaires, font partie des kystes de type 2. Les lésions de type 3 sont toujours suspectes. Les anomalies peuvent cor­ respondre à des limites irrégulières de la lésion kystique, à des parois ou des cloisons épaisses ou prenant le produit de contraste. Les séquences privilé­ giant le signal des liquides stationnaires sont très efficaces pour analyser les caractéristiques des parois et cloisons. Les lésions kystiques de type 4 contiennent une composante tissulaire rehaussée lors de l'injection de produit de contraste visible sous la forme d'une paroi épaisse et irrégulière ou de végétations nettement rehaussées. Ces lésions sont typiquement des cancers kystiques qui correspondent le plus souvent à des adénocarcinomes à cellules claires massivement nécrosés. L'envahissement à la graisse périrénale, qu'il est très important de diagnosti­ quer si l'on envisage une résection limitée et non une néphrectomie totale, est bien étudié sur les séquences avec suppression de graisse. L'extension à la veine rénale et à la veine cave inférieure peut être recherchée sous la forme d'une lésion endovasculaire contrastant bien avec le reste du sang cir­ culant que ce soit sur les séquences sang noir, les séquences sang blanc ou les séquences d'angiographie par résonance magnétique. L'extension aux organes de voisinage est rare en cas de tumeur rénale. Le bilan d'extension est terminé par la recherche d'extension ganglionnaire. 316 Lésion rénale Il est alors possible de réaliser le bilan d'extension selon la classification actuellement utilisée de l'UICC ou TNM 1997 : n T1 : tumeur limitée au rein ; n T2 : tumeur supérieure à 7 cm, limitée au rein ; n T3 : envahissement de la graisse périrénale, de la surrénale ou de la veine rénale : • T3a : envahissement de la graisse périrénale ou de la surrénale, • T3b : envahissement de la veine rénale ou de la veine cave sous-diaphragmatique, • T3c : envahissement de la veine cave sus-diaphragmatique ; n T4 : tumeur franchissant le fascia de Gérota ; n N0 : pas de métastase ganglionnaire ; n N1 : métastase au niveau d'un ganglion unique ; n N2 : métastases au niveau de plusieurs ganglions ; n M1 : métastase à distance. COMPTE RENDU Le compte rendu doit donc inclure : n les dimensions tumorales ; n les arguments pour le diagnostic étiologique ; n les signes d'extension à la graisse périrénale, à la veine cave inférieure ; n l'existence d'une extension ganglionnaire. C HA P IT R E 28 Lésion surrénalienne OBJECTIFS Confirmer le diagnostic de lésion surrénalienne. Caractériser la lésion. Participer au bilan préthérapeutique. TECHNIQUE Coupes pondérées en T1, T2, diffusion, T1 gadolinium dans le plan frontal et transversal. Coupes en opposition de phase. Éventuellement coupes avec suppression de graisse. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 318 Lésion surrénalienne POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Préciser les circonstances de découverte Bilan d'extension d'un cancer notamment surrénalophile (cancer bronchique primitif ), syndrome endocrinien (Cushing, Conn), hypertension artérielle ou découverte fortuite d'une lésion surrénalienne sur un examen d'imagerie. Les circonstances de découverte peuvent être trompeuses ; par exemple, lors d'un scanner réalisé après pneumonectomie droite pour cancer bronchique primitif, la découverte d'une lésion surrénalienne doit bien sûr faire évoquer le diagnostic de métastase mais aussi celui d'hématome surrénalien. 2. Confirmer l'existence de la lésion surrénalienne Confirmer l'existence de la lésion surrénalienne, la différencier d'une simple hypertrophie surrénalienne ou d'une lésion issue d'un autre organe en cas de lésion volumineuse. L'hypertrophie surrénalienne constitue une augmentation globale du volume des bras de la surrénale avec parfois un ou plusieurs nodules centimétriques ou infracentimétriques par rapport à une surrénale normale dont les bords des bras sont concaves ou rectilignes et dont l'épaisseur reste inférieure à 1 cm. En cas de lésion volumineuse, en situation surrénalienne, il faut de principe évoquer la possibilité d'une lésion d'un autre organe telle qu'une lésion hépatique ou rénale à droite, d'une lésion pancréatique, splénique ou rénale à gauche. 3. Chercher de façon systématique une lésion surrénalienne controlatérale Les adénomes surrénaliens peuvent être bilatéraux qu'ils soient ou non sécrétants. Les métastases surrénaliennes sont fréquemment bilatérales. 4. Mesurer les dimensions de la lésion surrénalienne Les dimensions maximales de la lésion surrénalienne doivent être précisées. Jusqu'à 3 cm il s'agit généralement d'adénome non sécrétant qu'on retrouve dans 5 à 10 % des cas des autopsies. Au-dessus de 6 cm, la lésion est généralement opérée à moins qu'un diagnostic de certitude de bénignité puisse être porté en imagerie. Entre 3 et 6 cm, l'imagerie est primordiale puisqu'elle guide largement la conduite à tenir. Points d'interprétation 319 5. Caractère de la lésion Préciser le caractère homogène ou hétérogène de la lésion, son intensité, et le rapport d'intensité de signal entre la surrénale et le foie ou la surrénale et la graisse. Chercher une diminution du signal sur la séquence en opposition de phase. 6. Chercher une extension de la lésion aux organes de voisinage et surtout à la veine cave inférieure par la voie des veines surrénaliennes Il faut être très prudent pour affirmer l'extension à un organe de voisinage en cas de volumineuse lésion surrénalienne. Il faut par exemple se servir des coupes frontales pour chercher une extension hépatique et se méfier de l'aspect polylobé du pôle supérieur de la tumeur qui peut simuler un envahissement du parenchyme hépatique. En cas de volumineuse lésion surrénalienne, il faut chercher de façon systématique une extension aux veines surrénaliennes et à la veine cave inférieure. Baisse du signal en opposition de phase. La baisse du signal en opposition de phase est définie par une diminution significative du signal entre la séquence réalisée en phase et la séquence réalisée en opposition de phase. Sur la séquence en phase, le signal provient à la fois des protons issus d'un environnement hydrique et des protons issus d'un environnement graisseux. Sur la séquence en opposition de phase, le signal des protons issus d'un milieu hydrique s'oppose au signal des protons issus d'un milieu graisseux. C'est dire que si une lésion contient de la graisse intracellulaire, on observe sur la séquence en opposition de phase une diminution du signal par rapport à la séquence en phase. Extension extrasurrénalienne. Les lésions surrénaliennes sont généralement arrondies et bien limitées. Le diagnostic d'extension à la graisse périsurrénalienne est effectué lorsqu'il existe une irrégularité des bords de la lésion tumorale avec pénétration de la formation au sein de la graisse périsurrénalienne. Le diagnostic peut être effectué sur les séquences pondérées en T1, en T2 ou après suppression de graisse. Les lésions surrénaliennes les plus volumineuses peuvent envahir les organes de voisinage, reins, rate principalement, voire la paroi. 320 Lésion surrénalienne Lésion surrénalienne hétérogène. La lésion surrénalienne – il paraît raisonnable de parler de nodule jusqu'à 2 cm de diamètre et de masse au-delà de 2 cm – est généralement facilement reconnue. Il faut simplement la différencier d'une nodulation pancréatique ou d'une rate accessoire. Par définition, son signal est hétérogène sur au moins l'une des séquences. Les problèmes les plus importants que posent les lésions surrénaliennes sont l'identification de l'origine d'une volumineuse masse en situation surrénalienne. Il peut effectivement être difficile, même avec des séquences dans les trois plans de l'espace, de différencier une masse surrénalienne d'une masse à point de départ rénal, hépatique ou rétropéritonéal. Lésion surrénalienne homogène. La lésion surrénalienne – il paraît raisonnable de parler de nodule en deçà de 2 cm de diamètre et de masse au-delà de 2 cm – est généralement facilement reconnue. Il faut simplement la différencier d'une nodulation pancréatique, d'une rate accessoire. Lorsqu'elle est de petite taille, on peut généralement identifier le bras de la surrénale à partir de laquelle elle est originaire. Par définition, la lésion est homogène sur l'ensemble des séquences réalisées. Les problèmes les plus difficiles sont généralement posés par les très volumineuses masses surrénaliennes pour lesquelles il est parfois difficile d'affirmer qu'elles sont développées à partir de la glande surrénale et non du rein, du foie ou du rétropéritoine. Stratégie diagnostique 321 Lésion surrénalienne hyperintense en T1. La lésion surrénalienne peut se réduire à une formation homogène globalement hyperintense en T1. Dans d'autres cas, il s'agit d'une formation présentant une partie centrale ou périphérique plus intense que le reste de la glande surrénalienne en T1. Il faut analyser le signal de la zone hyperintense en T1, en T2 et notamment comparer le signal de la composante en T2 à celui de la graisse rétropéritonéale. On peut également se servir de séquences avec suppression de graisse pour analyser l'évolution du comportement de la zone hyperintense. Des lésions surrénaliennes ayant un contenu de même signal que celui de la graisse rétropéritonéale peuvent être difficiles à identifier quelle que soit la séquence utilisée. Lésion surrénalienne volumineuse. En cas de lésion surrénalienne de grande taille, il peut être difficile, dans le plan transversal d'attribuer à la surrénale l'origine lésionnelle. Il est important d'analyser les données dans les trois plans de l'espace et notamment les angles de raccordement avec le foie et le rein à droite, avec la rate et le rein à gauche. L'éventuelle extension aux organes de voisinages reste difficile à affirmer. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? En matière de pathologie surrénalienne, IRM et TDM sont à la fois concurrentes et complémentaires. Le scanner effectue facilement les diagnostics de kyste, de myélolipome et d'hématome surrénalien. La tomodensitométrie présente de plus l'avantage de permettre la mesure de densité qui doit être minutieuse en cas de petite lésion. Au contraire, l'imagerie par résonance magnétique permet d'obtenir des séquences en opposition de phase qui sont utiles pour caractériser les lésions présentant une composante lipidique intracellulaire. L'IRM permet également d'obtenir une représentation anatomique satisfaisante de la veine cave inférieure et des veines surrénaliennes à la recherche d'une éventuelle extension veineuse. 322 Lésion surrénalienne En fonction du contexte clinique, d'autres examens peuvent être utilisés, tels que la scintigraphie au méta-iodo-benzyl-guanidine (MIBG) utilisée pour les phéochromocytomes. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? En IRM, il faut utiliser des séquences pondérées en T1, des séquences pondérées en T2 et des séquences en opposition de phase. Les coupes frontales sont particulièrement utiles lorsque la tumeur est volumineuse. Une injection de gadolinium peut être effectuée quand le diagnostic n'a pas été posé avec certitude. Les séquences de diffusion seront probablement contributives. COMMENT INTERPRÉTER ? En matière de pathologie surrénalienne, il faut analyser rigoureusement la probabilité clinique a priori et notamment les circonstances de découverte : bilan d'extension d'un cancer surrénalophile, syndrome endocrinien ou découverte fortuite lors d'un examen d'imagerie. Au sein des tumeurs non sécrétantes, certaines ont un aspect caractéristique en IRM, telles que les kystes surrénaliens au signal très hypointense en T1 et très hyperintense en T2 sans rehaussement lors de l'injection de gadolinium. Les myélolipomes ont un signal hyperintense en T1. Leur signal diminue sur les séquences avec suppression de graisse. Les hématomes surrénaliens sont caractérisés par un hypersignal sur les séquences pondérées en T1 et un hyposignal sur les séquences pondérées en T2. Les métastases sont généralement bilatérales. Elles sont fréquemment hétérogènes avec une portion centrale nécrotique. Parmi les tumeurs sécrétantes ou non sécrétantes, l’adénome surrénalien est très fréquent et généralement homogène sur les séquences pondérées en T1 et en T2. Il présente une diminution du signal du fait de la présence de graisse intracellulaire (on considère que la diminution doit être supérieure à 20 % pour être considérée comme significative) sur les séquences réalisées en opposition de phase. L'adénome est généralement rehaussé de façon homogène. Le corticosurrénalome est une tumeur fréquemment volumineuse, hétérogène, présentant des zones de nécrose centrale. Le phéochromocytome peut être homogène ou hétérogène. Il est généralement hyperintense sur les séquences pondérées en T2 et est très nettement rehaussé lors de l'injection de gadolinium. Stratégie diagnostique 323 COMPTE RENDU Le compte rendu doit inclure : n le caractère uni- ou bilatéral ; n les dimensions de la lésion ; n les caractéristiques lésionnelles ; n l'existence d'une extension aux organes de voisinage ; n dans la conclusion l'étiologie retrouvée ou les probabilités diagnostiques. C HA P IT R E 29 Anévrisme de l'aorte abdominale OBJECTIFS Confirmer le diagnostic d'anévrisme. Participer au bilan d'opérabilité ou d'accessibilité à la mise en place d'une endoprothèse. Tout anévrisme de l'aorte abdominale douloureux doit être considéré comme un anévrisme possiblement rompu. En l'absence d'état de choc, une imagerie en coupe doit être réalisée en urgence pour confirmer ou infirmer le diagnostic de rupture qui repose principalement sur la visualisation d'un hématome rétropéritonéal. TECHNIQUE Angiographie par résonance magnétique avec analyse des coupes natives. Analyse de l'environnement périaortique par des coupes pondérées en T1 ou en T2. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 326 Anévrisme de l'aorte abdominale POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Calculer les dimensions maximales de l'anévrisme dans le plan transversal L'angiographie par résonance magnétique comme l'angiographie conventionnelle ne permettent la visualisation que de la partie circulante de l'anévrisme. Il faut également analyser les coupes natives. 2. Indiquer le siège du pôle supérieur de l'anévrisme Indiquer le siège du pôle supérieur de l'anévrisme et, notamment en cas d'anévrisme de l'aorte abdominale sous-rénale, évaluer la distance entre le pôle supérieur de l'anévrisme et les artères rénales. 3. Indiquer le siège du pôle inférieur de l'anévrisme Indiquer le siège du pôle inférieur de l'anévrisme et notamment chercher s'il existe un anévrisme associé des artères iliaques. 4. Évaluer la qualité des artères distales Il faut systématiquement évaluer les artères iliaques externes, hypogastriques, fémorales superficielles et profondes, les artères poplitées et le réseau distal. Il faut classer les lésions en plaques, sténoses significatives et thromboses. Dans ce dernier cas, il faut évaluer la qualité de la collatéralité et de la recharge du réseau distal. Pour estimer la qualité des artères distales, l'angiographie par résonance magnétique est particulièrement utile. Il faut analyser les reconstructions et les coupes natives. 5. Évaluer l'importance de la thrombose anévrismale 6. Chercher une composante périanévrismale Il s'agit généralement d'une masse tissulaire développée de façon circonférentielle autour de l'aorte abdominale qui peut englober le duodénum, les uretères, la veine cave inférieure. 7. Chercher une collection périanévrismale Chercher une collection périanévrismale qui fait suspecter l'origine infectieuse de l'anévrisme de l'aorte. Points d'interprétation 327 Les anévrismes infectieux de l'aorte abdominale doivent être considérés comme des anévrismes en cours de rupture. 8. Chercher une variante anatomique vasculaire rétropéritonéale (double veine cave inférieure, veine rénale gauche rétroaortique, etc.) et chercher d'autres manifestations de la maladie athéromateuse Anomalies tissulaires périanévrismales. On visualise autour de la paroi de l'anévrisme une composante tissulaire généralement plus nettement développée sur les faces latérales et antérieure de l'anévrisme. Il est parfois difficile de différencier précisément les anomalies tissulaires périanévrismales d'une thrombose anévrismale. Il faut analyser l'extension des anomalies tissulaires périanévrismales à la veine cave inférieure, au troisième duodénum et aux deux uretères. Des anomalies tissulaires périanévrismales peuvent être observées en présence de volumineux anévrisme de l'aorte abdominale. Dans d'autres cas, c'est au contraire la composante tissulaire périanévrismale qui est au premier plan avec un anévrisme de très petite taille. Dilatation anévrismale d'un vaisseau. Il est aisé d'analyser la lumière vasculaire en IRM du fait du contraste vasculaire spontané que ce soit sur les séquences sang noir, sang blanc ou en angiographie par résonance magnétique. On peut se servir de coupes transversales, mais les coupes frontales et sagittales ont l'intérêt de permettre une visualisation correcte de la dilatation anévrismale du vaisseau et de la situer par rapport aux afférences et efférences artérielles. Les séquences d'angiographie par résonance magnétique ont le même avantage. Une dilatation anévrismale partiellement thrombosée dont la lumière circulante est régulière peut être sous-estimée voire non visualisée sur les séquences d'angiographie par résonance magnétique. 328 Anévrisme de l'aorte abdominale Double chenal. Quelle que soit la séquence utilisée, on distingue généralement facilement les deux chenaux (on parle de vrai et de faux chenal) par des différences nettes de l'intensité du signal dans chacun des chenaux. Il semble cependant que certaines séquences soient plus sensibles pour permettre la distinction de signal d'un chenal à l'autre, ainsi il existe souvent une différence nette de signal dans chacun des chenaux sur les séquences sang noir. Si l'on réalise une angiographie par résonance magnétique, il est utile de réaliser une série précoce et une série tardive pour sensibiliser les différences d'opacification puisque le mécanisme à l'origine de la différence de l'intensité du signal est ici dépendant de la vitesse d'opacification des vrais et faux chenaux. Flap. Quelle que soit la séquence d'IRM utilisée, le flap est facilement reconnu sous la forme d'une fine ligne séparant le vrai et le faux chenal. Le flap peut être visualisé sur les séquences sang noir ou sang blanc. On peut également le repérer sur des séquences d'angiographie par résonance magnétique après injection de gadolinium, sur lesquelles il est à l'origine d'un signal inférieur à celui du sang circulant rehaussé par l'injection de gadolinium. Il faut se méfier dans la région du cœur et des gros vaisseaux des artéfacts de répétition des gros vaisseaux selon le codage de phase. Ces artéfacts sont en fait facilement différenciés d'un flap, car on les visualise également en dehors de la lumière artérielle. Points d'interprétation 329 Occlusion artérielle. Sur les séquences classiques bidimensionnelles, il n'est pas très simple de mettre en évidence une occlusion artérielle. Effectivement, il peut être difficile de différencier un processus endoluminal d'un phénomène de flux complexe ou flux turbulent quelle que soit la séquence d'imagerie utilisée. Par ailleurs, pour les obstructions extrinsèques, il n'est pas simple de savoir s'il persiste une circulation au sein de l'artère rétrécie. Ce sont donc les séquences d'angiographie par résonance magnétique où la représentation des artères est proche de celle de l'artériographie conventionnelle qui permettent de facilement porter le diagnostic d'occlusion artérielle, de préciser son siège, sa longueur, son mécanisme, obstacle intraluminal ou obstruction extraluminale. Pseudoanévrisme. Les pseudoanévrismes se développent généralement à proximité d'une suture artérielle, généralement de l'anastomose d'un greffon veineux ou synthétique avec une artère native. La paroi du pseudoanévrisme ne comprend pas l'ensemble des composants normaux de la paroi artérielle, mais seulement une couche fibroadventitielle. Sur les séquences classiques bidimensionnelles, de petits pseudoanévrismes peuvent être difficiles à reconnaître. Ce sont donc les séquences d'angiographie par résonance magnétique qui permettent de reconnaître facilement les pseudoanévrismes et de préciser leur siège et surtout leur volume dont dépendent les indications thérapeutiques. Sténose artérielle. Sur les séquences classiques bidimensionnelles, il n'est pas très simple de faire le diagnostic de sténose vasculaire, même en se servant de la capacité tridimensionnelle de l'imagerie par résonance magnétique. Le diagnostic de sténose vasculaire est beaucoup plus facilement porté sur les séquences d'angiographie par résonance magnétique. Il suffit de comparer le calibre de l'artère intéressée avec le calibre de l'artère d'amont et le calibre de l'artère d'aval. Il faut préciser si la sténose est provoquée par une obstruction endoluminale, (plaque athéromateuse, thrombus marginé ou embolie) ou par une infiltration périartérielle. 330 Anévrisme de l'aorte abdominale Thrombose anévrismale. La thrombose anévrismale est facilement reconnue en IRM du fait du contraste spontané du sang circulant et ce sur les séquences sang noir ou sang blanc. La thrombose anévrismale peut être localisée, semi-lunaire ou circonférentielle. Elle est facilement différenciée des réactions inflammatoires périanévrismales (fibrose périanévrismale) qui se développent en dehors de la paroi artérielle. Il arrive que certains thrombus, notamment certains thrombus récents, puissent être à l'origine d'un hyposignal très net, et donc ne pas être visibles sur les séquences sang noir ou au contraire, d'un hypersignal très net et de ne pas être visibles sur les séquences sang blanc. Voie de dérivation artérielle. Les voies de dérivation artérielle se développent en cas de sténose significative ou plus fréquemment de thrombose d'une artère. Ces voies de suppléance artérielle qui sont formées de la dilatation de petits vaisseaux fréquemment musculaires suppléent le déficit de vascularisation créé par la sténose ou l'obstruction en permettant une recharge du réseau distal. De la qualité de ces dérivations artérielles dépend la vascularisation distale. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? L'IRM constitue l'examen d'imagerie de référence pour confirmer le diagnostic d'anévrisme de l'aorte abdominale et participer au bilan d'opérabilité ou d'accessibilité à la mise en place d'une endoprothèse. En dehors des cas où une imagerie en urgence est nécessaire, c'est-à-dire des cas d'anévrismes de l'aorte abdominale douloureux, cas dans lesquels le Stratégie diagnostique 331 scanner est réalisé en urgence pour chercher un hématome rétropéritonéal, l'imagerie de l'anévrisme de l'aorte abdominale doit permettre d'évaluer l'anévrisme lui-même et l'atmosphère rétropéritonéale périaortique. L'IRM permet d'obtenir des angiographies reconstruites qui remplacent aujourd'hui l'angiographie conventionnelle et permet d'étudier le rétropéritoine médian périaortique. Le scanner obtient des résultats assez comparables. Dans ces conditions, le choix entre IRM et scanner dépend principalement de la disponibilité des deux examens et des habitudes locales, elles-mêmes généralement sous la dépendance des performances des appareils respectifs. L'angiographie conventionnelle n'a plus d'indication en dehors des cas où elle constitue un premier temps à la mise en place d'une prothèse par voie percutanée. L'échographie est insuffisante pour effectuer l'ensemble du bilan nécessaire. En revanche, elle peut être utilisée pour effectuer le dépistage d'un anévrisme de l'aorte abdominale. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? Il faut obtenir des coupes qui permettent d'analyser l'environnement de l'aorte abdominale. Des coupes pondérées en T1 exploitent correctement le contraste vasculaire spontané de bonne qualité entre contenu aortique, paroi et graisse périaortique. Des coupes pondérées en T2 peuvent être également utilisées. L'anévrisme en lui-même et la distalité artérielle sont analysés en angiographie par résonance magnétique. On se sert généralement de la technique d'angiographie par résonance magnétique après injection en bolus de gadolinium. Il faut analyser les reconstructions tridimensionnelles, mais également l'ensemble des coupes natives. COMMENT INTERPRÉTER ? On distingue facilement les anévrismes de l'aorte abdominale des dilatations aortiques secondaires à des dissections aortiques diagnostiquées sur la visualisation du flap et du double chenal. La majorité des anévrismes de l'aorte abdominale sont d'origine athéromateuse, il faut cependant rester vigilant à la recherche de deux variétés beaucoup plus rares d'anévrismes de l'aorte abdominale, les anévrismes inflammatoires et les anévrismes infectieux. Les anévrismes inflammatoires sont des anévrismes compliqués d'une réaction rétropéritonéale à type de fibrose périaortique qui est vraisemblablement la conséquence d'un conflit immunoallergique aux plaques d'athérome. Cette fibrose périaortique complique considérablement l'acte chirurgical dans la mesure où cette fibrose périanévrismale peut englober les uretères, la veine cave inférieure, le troisième duodénum. 332 Anévrisme de l'aorte abdominale Les anévrismes infectieux peuvent résulter de la contamination de la paroi aortique de dedans en dehors ou de dehors en dedans. Ils sont généralement caractérisés par un siège inhabituel par rapport aux localisations athéromateuses, par un type sacciforme de l'anévrisme, par des modifications du rétropéritoine à type de collection et par une croissance extrêmement rapide de l'anévrisme. Ces anévrismes doivent être considérés comme des anévrismes en cours de rupture. Le diagnostic doit être effectué avant l'intervention chirurgicale car on ne peut mettre en place des prothèses synthétiques et il faut avoir recours à des allogreffes. Pour les anévrismes d'origine athéromateuse, il faut obtenir les dimensions maximales de l'anévrisme. La mesure précise de l'anévrisme permet d'abord de confirmer le diagnostic puisqu'on considère généralement que l'aorte abdominale est anévrismale quand son diamètre transversal maximal est supérieur à 2,5 cm. L'analyse des dimensions est également un argument d'opérabilité très important. On s'accorde à dire que les anévrismes dont le diamètre transversal est supérieur à 5 cm constituent une indication opératoire et que les anévrismes inférieurs à 4 cm sont à surveiller. Entre 4 et 5 cm la décision est plus difficile à prendre. Il faut précisément mesurer la distance entre le pôle supérieur de l'anévrisme et les artères rénales. Une distance au moins égale à 1 cm entre les ostiums des artères rénales et le pôle supérieur de l'anévrisme permet au chirurgien de réaliser un clampage sous-rénal. En cas de distance inférieure à 1 cm, il faut généralement réaliser un clampage de l'aorte cœliaque beaucoup plus dangereux pour le malade. COMPTE RENDU Le compte rendu doit donc inclure : n les dimensions maximales de l'anévrisme de l'aorte abdominale ; n la distance du pôle supérieur de l'anévrisme aux artères rénales ; n le niveau du pôle inférieur de l'anévrisme. Il faut de façon systématique évaluer la qualité des artères distales et signaler une éventuelle variante anatomique vasculaire rétropéritonéale. C HA P IT R E 30 Cancer de la prostate OBJECTIFS Participer au bilan d'extension du cancer de la prostate. TECHNIQUE Séquences dans les trois plans de l'espace en contraste T1, T2, diffusion, T1 gadolinium. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 334 Cancer de la prostate POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Connaître les circonstances de découverte Palpation d'un nodule au toucher rectal, augmentation des PSA, présence de cellules tumorales sur les fragments obtenus lors d'une résection transurétrale de prostate ou blindage pelvien découvert lors de douleurs pelviennes. 2. Visualiser et mesurer la tumeur prostatique Il est important d'apprécier le volume tumoral car il existe une relation directe entre ce volume tumoral et l'extension locale et ganglionnaire. La fréquence des métastases ganglionnaires augmente avec le volume tumoral. La tumeur prostatique est visualisée sous la forme d'une zone nodulaire en hyposignal au sein de la zone périphérique. Cette recherche doit se faire avant ou à distance d'une biopsie prostatique qui peut modifier l'anatomie zonale du fait des remaniements hémorragiques. 3. Chercher une effraction capsulaire La recherche d'une effraction capsulaire de la tumeur est essentielle puisqu'il s'agit alors d'un stade C ou T3 dans la classification TNM qui contre-indique classiquement la chirurgie d'exérèse à visée curatrice et fait préférer les traitements palliatifs. Là encore, la recherche doit se faire avant ou à distance d'une biopsie qui peut modifier l'anatomie zonale et périprostatique. 4. Chercher une extension de la tumeur Chercher une extension de la tumeur aux bandelettes neurovasculaires, aux plexus veineux périprostatiques, à la graisse périprostatique. 5. Chercher une atteinte des organes de voisinage et notamment de la vessie, des vésicules séminales, des uretères et du rectum L'extension aux vésicules séminales peut être suspectée sur des critères morphologiques. Mais elle est principalement suspectée en cas d'hyposignal anormal des vésicules séminales sur les séquences pondérées en T2. Il faut également étudier le rehaussement des vésicules séminales après injection de gadolinium. Le contenu des vésicules séminales normales n'est pas rehaussé alors que les vésicules séminales comblées par du tissu tumoral sont rehaussées comme la tumeur prostatique d'origine. Points d'interprétation 335 Le diagnostic d'extension à la vessie doit être réalisé avec prudence, notamment en cas d'adénome prostatique associé responsable d'une vessie de lutte. Une biopsie prostatique peut être responsable d'une hémospermie qui se manifeste par une diminution de signal d'une ou des deux vésicules séminales et peut faire parler à tort d'extension aux vésicules séminales. 6. Chercher l'existence de ganglions pelviens ou latéro-aortiques Il est nécessaire de réaliser une séquence T2 frontale permettant l'analyse du rétropéritoine jusqu'aux veines rénales. 7. Chercher des localisations secondaires osseuses Effectivement, le cancer de la prostate est un cancer très ostéophile. Anomalie morphologique des vésicules séminales. Les vésicules séminales sont de petites vésicules muriformes limitées par l'alternance de bosselures et d'incisures. Les anomalies morphologiques sont caractérisées par une perte de cette anatomie normale. Les vésicules séminales réalisent un bloc massif avec disparition de l'angle prostatoséminal. Les anomalies morphologiques des vésicules séminales sont généralement associées à des anomalies de signal en T1 et en T2. L'injection permet normalement de rehausser la paroi des vésicules séminales et de mieux distinguer les différentes composantes des vésicules séminales. On privilégie en IRM l'analyse des anomalies du signal des vésicules séminales. Elles ne doivent pas faire négliger les anomalies morphologiques. Anomalie de la prostate centrale. Les anomalies hypertrophiques et nodulaires de la prostate centrale ne sont pas forcément très faciles à reconnaître quand elles sont modérées, car la zone centrale de la prostate normale est elle-même souvent hétérogène en T2. Ceci dit, il n'est pas normal de visualiser en T2 de véritables nodules souvent limités par un liséré périphérique au sein de la prostate centrale, que ces nodules soient à l'origine d'un hyposignal (nodule stromal) ou d'un hypersignal (nodule glandulaire) par rapport au reste de la prostate. 336 Cancer de la prostate On parle d'anomalie de signal de la prostate centrale alors que la lésion, bien que développée aux dépens de la prostate centrale, est souvent originaire de la zone transitionnelle de la prostate. Anomalie de la prostate périphérique. La prostate périphérique est principalement étudiée en IRM sur les séquences très pondérées en T2, qu'il s'agisse de coupes transversales ou frontales. On évalue ainsi l'anatomie zonale de la prostate : prostate périphérique hyperintense en T2 séparée de la prostate centrale par la zone transitionnelle. Il faut chercher une zone plus ou moins nodulaire d'hyposignal au sein de la prostate périphérique sur ces séquences très pondérées en T2. Il faut se méfier des examens réalisés après une biopsie prostatique qui peut provoquer une hémorragie locale. Dans ce cas, l'hyposignal en T2 est généralement associé à un hypersignal en T1. Anomalie de signal des vésicules séminales. En T1 les vésicules séminales sont à l'origine d'un signal hypointense. En T2 elles sont à l'origine d'un signal très hyperintense. La majorité des anomalies sont visualisées sous la forme d'hypointensités affectant tout ou partie de la vésicule séminale en T2. L'anomalie du signal peut être associée à une anomalie morphologique avec augmentation des dimensions de la vésicule séminale et comblement de l'angle vésicoséminal. Il faut se méfier des examens réalisés après biopsie de la prostate. Une lésion hémorragique peut être à l'origine d'une hémospermie et d'une diminution de signal d'une vésicule séminale en T2. Dans ce dernier cas, la vésicule séminale est généralement à l'origine d'un hypersignal en T1. Points d'interprétation 337 Extension extracapsulaire. L'extension extracapsulaire est visualisée sous la forme d'une pénétration de la lésion tumorale au sein de la graisse périprostatique. Le liséré périprostatique d'hyposignal qui figure la capsule (il ne s'agit pas en fait d'une véritable capsule mais d'une bande extérieure concentrique de tissu fibromusculaire) est interrompu et sur la partie basse de la prostate et au niveau de l'apex, l'hypersignal des plexus prostatiques en T2 est interrompu. Il est important d'analyser l'intégrité des muscles releveurs de l'anus, de repérer les bandelettes neurovasculaires entre la face postérieure de l'apex prostatique et le canal anal et d'analyser l'extension à la partie basse du rectum. Le diagnostic de l'extension extracapsulaire du cancer de la prostate est l'élément clé du bilan d'extension puisqu'il conditionne les possibi­ lités de prostatectomie radicale. Hypersignal T1 des vésicules séminales. En T1, les vésicules séminales sont à l'origine d'un signal hypointense et sont bien contrastées avec la graisse périséminale au signal intense. Un hypersignal T1 peut intéresser tout ou partie de la vésicule séminale. Il est en général unilatéral. L'hypersignal T1 des vésicules séminales peut être associé à une dilatation de la vésicule séminale en question. L'hypersignal T1 des vésicules séminales traduit généralement la présence de sang au sein des vésicules séminales (hémospermie). Cette hémospermie peut être la conséquence d'une tumeur de voisinage. Elle peut être idiopathique, mais le plus souvent elle est observée sur des examens réalisés après biopsie de la prostate. 338 Cancer de la prostate Hypertrophie prostatique. Une hypertrophie prostatique est définie par une prostate dont le volume calculé est supérieur à 20 ml, ce qui correspond à un poids théorique de 20 g. Ce volume théorique peut être facilement calculé en assimilant la prostate à une sphère et en multipliant diamètre transversal, diamètre antéropostérieur et hauteur de la prostate et en divisant par deux le produit obtenu. Il faut noter que cette formule, très communément utilisée, est approximative. On pourrait réaliser de véritables volumétries prostatiques. L'hypertrophie prostatique est généralement développée à partir de la prostate centrale et est donc souvent associée à de véritables nodules qu'il s'agisse de nodules stromaux ou de nodules glandulaires. En cas de volumineuse hypertrophie prostatique, il existe une compression de la prostate périphérique qui peut rendre son analyse difficile. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? L'IRM constitue l'examen de référence pour participer au bilan d'extension du cancer de la prostate. Elle a pour avantage principal de montrer l'anatomie zonale de la prostate en différenciant prostate centrale et périphérique et d'évaluer précisément l'extension de la tumeur en dehors de la capsule prostatique. L'examen tomodensitométrique est de peu d'intérêt. L'échographie endorectale qui permet la visualisation correcte de la lésion prostatique est moins fiable pour les extensions en dehors de la capsule. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? Certaines équipes utilisent de façon systématique des antennes endocavitaires qui sont vraisemblablement supérieures pour la détection de petites lésions au sein de la zone périphérique. L'amélioration des antennes externes en réseau phasé permet actuellement d'effectuer un bilan d ­ 'extension de très haute qualité. Quelle que soit la technique ­utilisée, il est important de réaliser l'IRM avant ou à distance d'une biopsie prostatique transrectale apte à provoquer des modifications morphologiques pouvant déboucher sur une surestimation des dimensions tumorales, à des d ­ iagnostics faussement positifs d'extension à la graisse ­périprostatique et aux vésicules séminales. Les séquences de diffusion sont entrées dans la routine. L'hypercellularité et la réduction de l'espace extracellulaire expliquent la restriction de diffusion. Stratégie diagnostique 339 Parallèlement, les séquences dynamiques après injection sont fréquemment réalisées. La spectroscopie reste en cours d'évaluation. Il est ­possible que dans les années qui viennent l'utilisation de produit de contraste capté spécifiquement par le système réticuloendothélial améliore le bilan ­d'extension ganglionnaire. COMMENT INTERPRÉTER ? La majorité des cancers de la prostate sont développés à partir de la glande périphérique et sont visualisés sous la forme d'une zone arrondie, en hyposignal par rapport à l'hypersignal normal de la zone périphérique de la prostate. Les lésions sont à l'origine d'un hypersignal en diffusion avec diminution du coefficient apparent de diffusion. Les séquences dynamiques sont d'autant plus utiles pour certains cancers qui peuvent être en isosignal T2. Sur les séquences dynamiques après injection, le rehaussement lésionnel est plus intense et plus précoce avec un lavage rapide. Les anomalies spectroscopiques avec augmentation du rapport choline/citrate restent en cours d'évaluation. L'effraction capsulaire isolée est difficile à diagnostiquer notamment à l'apex prostatique. L'extension aux vésicules séminales est diagnostiquée sur l'hyposignal anormal des vésicules séminales sur les séquences pondérées en T2. En cas d'extension extracapsulaire de la lésion prostatique, il est important de repérer les bandelettes neurovasculaires par rapport au tissu tumoral. Le diagnostic d'extension ganglionnaire repose sur la visualisation de ganglions pelviens. L'extension métastatique aux ganglions est d'autant plus probable que le volume de l'adénopathie est important. D'autres signes, tels que l'irrégularité des bords externes du ganglion et l'hétérogénéité du signal des ganglions sont considérés par certains comme des arguments en faveur d'une extension métastatique. L'absence de modification du signal par tout ou partie d'un ganglion après injection d'un produit de contraste spécifiquement capté par les cellules du système réticuloendothélial pourrait constituer un signe sensible et spécifique. Les dimensions de la tumeur, l'existence ou non d'un franchissement de la graisse périprostatique, l'envahissement d'un organe de voisinage permettent de réaliser la classification TNM : n T1 : cancer de la prostate de découverte histologique ; n T2 : tumeur cliniquement palpée et limitée à la prostate : • T2a : atteinte inférieure à la moitié d'un lobe, • T2b : atteinte supérieure à la moitié d'un lobe, • T2c : atteinte des deux lobes ; n T3a : atteinte tumorale extracapsulaire ; n T3b : atteinte des vésicules séminales ; n T4 : tumeur ayant envahi la paroi pelvienne ou un autre organe du pelvis ; 340 n n n n Cancer de la prostate N0 : pas de ganglion ; N1 : atteinte ganglionnaire ; M0 : pas de métastase ; M1 : métastase : • M1A : ganglion extra-inguinal, • M1B : métastase osseuse, • M1C : autre métastase. On peut également utiliser une classification simplifiée : n A : cancer infraclinique ; n B : cancer limité à la glande prostatique ; n C : extension extracapsulaire ; n D : cancer métastatique. COMPTE RENDU Le compte rendu doit donc inclure : n les dimensions de la lésion prostatique ; n le caractère localisé à la prostate ou l'existence d'une effraction capsulaire ; n l'existence d'une atteinte des organes de voisinage ; n l'existence de ganglions pelviens ou latéro-aortiques ; n l'existence de localisations secondaires osseuses. C HA P IT R E 31 Tumeur de l'ovaire OBJECTIFS Caractériser la masse ovarienne. Participer au bilan d'opérabilité. Mesurer la tumeur avant traitement non chirurgical. L'imagerie par résonance magnétique constitue l'examen d'imagerie de référence pour la caractérisation des tumeurs de l'ovaire. Cette caractérisation n'est définitive que lors de l'examen anatomopathologique de la pièce opérée. TECHNIQUE Coupes T1, T2, diffusion, T1 gadolinium dans les trois plans de l'espace. Une séquence T2 abdominopelvienne. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 342 Tumeur de l'ovaire POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Connaître les circonstances de découverte Douleurs, altération de l'état général, ascite ou découverte fortuite lors d'une échographie. 2. Identifier la tumeur ovarienne et chercher de façon systématique s'il existe une tumeur controlatérale L'identification du pédicule artérioveineux ovarien s'il s'arrête à la partie médiane de la tumeur pelvienne est un argument fort pour l'origine ovarienne de la masse. En cas de volumineuse tumeur pelvienne, il peut être difficile d'affirmer l'origine ovarienne de la tumeur. Il faut alors se servir des coupes obtenues dans les trois plans de l'espace. 3. Chercher une composante kystique qui peut être uni- ou ­multiloculaire, chercher une composante solide Mesurer la tumeur et analyser ses contours. Analyser la paroi de la tumeur et les éventuelles cloisons et végétations. Analyser les différentes intensités spontanées et après injection de gadolinium de la tumeur. La mise en évidence d'une composante graisseuse interne est un argument décisif pour le diagnostic de tératome ovarien. 4. Chercher des signes d'extension locale Chercher des signes d'extension locale aux uretères, à la vessie, à l'intestin grêle, au rectosigmoïde, à l'utérus, aux parois pelviennes. 5. Chercher une ascite et une carcinose péritonéale Les implants péritonéaux qui sont le témoin d'une carcinose péritonéale siègent préférentiellement dans le cul-de-sac de Douglas, dans les gouttières pariétocoliques et à la surface du foie. L'ascite est habituellement la traduction d'une carcinose péritonéale, mais il existe des ascites associées à des tumeurs bénignes telles que le tératome ovarien. Points d'interprétation 343 6. Chercher des ganglions pelviens ou lomboaortiques 7. Signaler une éventuelle variante vasculaire telle que la veine rénale gauche rétroaortique Effectivement, la veine rénale gauche constitue le repère haut du curage ganglionnaire lomboaortique. Cloisons ovariennes. On différencie les cloisons fines séparant les différents compartiments d'une lésion kystique multiloculée de l'ovaire, des cloisons épaisses dont la surface est irrégulière. Il faut analyser les irrégularités de ces cloisons, l'alternance de zones très épaissies et de zones moins épaissies et l'existence d'épaississements nodulaires et irréguliers. Il faut également chercher une prise de contraste de ces cloisons après injection. L'existence de cloisons épaisses et irrégulières constitue un argument en faveur du diagnostic de tumeur maligne de l'ovaire, même si l'on observe des cloisons fines dans certaines tumeurs bénignes. La probabilité de malignité augmente avec l'épaisseur, le caractère irrégulier et la prise de contraste des cloisons. Dilatation tubaire. La dilatation tubaire ne doit pas être prise pour une lésion ovarienne. Le diagnostic est généralement aisé quand l'ovaire normal avec ses follicules est bien visualisé en dehors de la dilatation tubaire qui peut réaliser une image pseudokystique. Ce peut être plus difficile lorsque la dilatation tubaire est associée à une véritable masse ovarienne. Ce sont probablement sur les séquences frontales T2 qu'on identifie le plus facilement le relief tubaire et l'aspect tubulé tout à fait caractéristique de la dilatation tubaire. Son signal est généralement très intense sur les séquences pondérées en T2. 344 Tumeur de l'ovaire Lésion ovarienne kystique. Pour parler de masse ovarienne kystique, il faut que la plus grande partie de la lésion soit d'origine kystique, c'est-à-dire à l'origine d'un hyposignal en T1 et après injection et à l'origine d'un très net hypersignal en T2. Il faut alors préciser le caractère uni- ou bilatéral de la masse ovarienne kystique, ses dimensions, le caractère uni- ou multikystique, l'existence de cloisons, de nodules muraux, de zones de signal différent. Chez la femme en période d'activité génitale, il est simple de reconnaître l'ovaire normal, notamment caractérisé par la présence de follicules au signal élevé en T2. Cette identification des ovaires est souvent plus difficile chez la femme ménopausée. Lésion ovarienne mixte. Pour parler de lésion ovarienne mixte, il faut que la lésion ait une double composante kystique et solide. La composante kystique est à l'origine d'un hyposignal en T1 et après injection et à l'origine d'un très net hypersignal en T2. Au contraire, la composante solide est caractérisée par un signal intermédiaire en T1, signal élevé en T2 et surtout un rehaussement après injection. Lésion ovarienne multiloculaire. Pour parler de lésion ovarienne multiloculaire, il faut qu'il s'agisse d'une lésion ovarienne kystique, c'est-à-dire à l'origine d'un hyposignal en T1 et après injection et à l'origine d'un très net signal en T2 et que cette lésion ovarienne kystique ait plusieurs composantes au signal nettement différent. Le signal des différentes composantes peut être différencié en T1 avant et après injection de gadolinium, mais c'est surtout sur les séquences T2 qu'il existe de nettes différences entre certaines composantes au signal liquidien typique en très net hypersignal T2 et d'autres composantes au signal moins élevé. Points d'interprétation 345 Lésion ovarienne solide. On vérifie le caractère solide sur l'absence de composante kystique caractérisée par un hyposignal en T1 avant et après injection de gadolinium et par un net hypersignal en T2. Ceci dit, il peut arriver au sein d'une masse ovarienne solide qu'il existe des composantes nécrotiques, voire pseudokystiques. Par ailleurs, il est important d'analyser les dimensions et les contours de la masse, son hétérogénéité en T1 et en T2 et les caractéristiques de sa prise de contraste. Masse péritonéale. Les masses péritonéales sont généralement faciles à reconnaître en T1 parce qu'elles contrastent bien avec la graisse mésentérique au signal intense. Ces masses peuvent être plus difficiles à repérer en T2 ou après injection. En présence d'ascite, ces masses péritonéales sont parfaitement visualisées, notamment en T2 où l'ascite est à l'origine d'un signal intense. On peut aussi se servir de séquences de suppression de la graisse. Quoi qu'il en soit il faut toujours explorer l'ensemble des contours du péritoine pour chercher d'autres masses et d'autres nodules péritonéaux. Nodule mural. Le nodule mural peut être reconnu sur les séquences pondérées en T1 ou sur les séquences pondérées en T2. Il est peut-être plus facile de le reconnaître sur les séquences après injection de gadolinium où il réalise un aspect caractéristique mamelonné de la paroi d'une lésion ovarienne kystique. Il faut alors chercher d'autres signes associés tels qu'une composante solide de la lésion, des végétations ou des cloisons. 346 Tumeur de l'ovaire Nodule péritonéal. Les nodules péritonéaux sont difficiles à reconnaître en l'absence d'ascite. En présence d'ascite, il est utile de se servir des séquences T2 et d'analyser les contours du péritoine pour reconnaître les nodules qui réalisent un aspect irrégulier mamelonné des contours. En cas d'ascite de petite abondance, il est utile de se servir des séquences privilégiant le signal des liquides stationnaires qui sensibilisent la visualisation de l'ascite et la détection des nodules. Il faut chercher des nodules autour du foie, entre le foie et le rein, au niveau du cul-de-sac de Douglas. Même avec une technique optimale, la visualisation de petits nodules péritonéaux constitue une limite intrinsèque de la méthode. Végétation. On parle de végétation lorsqu'il existe au sein d'une tumeur kystique de l'ovaire, c'est-à-dire d'une tumeur dont le signal est hypointense sur les séquences pondérées en T1 avant et après injection et hyperintense en T2, une composante tissulaire solide réalisant une invagination au sein de la lésion kystique ou s'étendant en dehors de la lésion. Le signal de la végétation est très nettement différent du contenu kystique de la lésion ovarienne, notamment en T2 où les végétations sont facilement reconnues. Il faut alors chercher d'autres signes de malignité, tels que les nodules muraux, l'existence de cloisons épaisses ou d'une composante solide de la tumeur. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? L'imagerie par résonance magnétique constitue l'examen d'imagerie de référence pour réaliser la caractérisation des lésions ovariennes. L'examen tomodensitométrique thoracoabdominopelvien reste indispensable pour le bilan d'extension. La tomographie par émission de positons est en cours d'évaluation. Elle est probablement la plus utile pour chercher des localisations à distance, notamment en cas d'augmentation des marqueurs tumoraux. Stratégie diagnostique 347 QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? Il faut se servir de séquences T1 et T2 pour analyser le comportement des différentes composantes kystiques. Les séquences T1 permettent d'évaluer le rehaussement après injection de gadolinium d'une portion charnue, des cloisons, des végétations et de la paroi. Il est possible de se servir de séquences avec suppression de la graisse, d'une part pour améliorer la caractérisation d'une éventuelle composante graisseuse de la tumeur, et d'autre part pour faciliter la mise en évidence d'implants péritonéaux. On peut également se servir de séquences privilégiant le signal des liquides stationnaires afin de différencier les composantes kystiques uni- et multiloculaires et d'analyser plus finement les cloisons et les végétations endokystiques. Les séquences de perfusion permettent d'améliorer la caractérisation tissulaire. Les séquences de diffusion ont une valeur prédictive négative correcte en l'absence d'hypersignal en faveur d'une lésion bénigne. COMMENT INTERPRÉTER ? La première étape est d'affirmer la localisation de la lésion pelvienne à l'ovaire. Si les deux ovaires normaux sont visualisés, on peut affirmer que la lésion est extra-ovarienne. Au contraire, si l'on visualise en périphérie de la lésion un croissant de parenchyme ovarien normal, on peut affirmer l'origine ovarienne de la lésion. C'est quand l'ovaire n'est pas visualisé que le diagnostic est moins facile puisque la lésion peut être ovarienne incluant l'ovaire normal ou extra-ovarienne avec des ovaires atrophiques non vus. C'est dans ces cas qu'il est important d'identifier le pédicule artérioveineux ovarien qui constitue un argument fort pour l'origine ovarienne de la lésion s'il s'arrête à la partie médiane de la lésion ovarienne. Il faut d'abord éliminer la pathologie fonctionnelle de l'ovaire et la pathologie extrinsèque (endométriose, métastases, pathologie infectieuse tuboovarienne). Les tumeurs de l'ovaire sont épithéliales (cystadénome séreux, mucineux et cystadénocarcinome) dans 70 % des cas, germinales (tératome mature kystique bénin) dans 20 % des cas et développées à partir du stroma ovarien (fibrome ovarien) dans 10 % des cas. Le cystadénome séreux est typiquement uni- ou multiloculaire présentant une composante kystique au signal très hypointense sur les séquences pondérées en T1 et très hyperintense sur les séquences pondérées en T2. Sa paroi est fine et régulière. Il n'y a pas de végétations. Le cystadénome mucineux est typiquement multiloculaire avec des comportements différents des différents compartiments liquidiens sur les séquences pondérées en T1 et en T2. La paroi est fine et régulière. Les cystadénocarcinomes présentent typiquement une portion tissulaire irrégulière rehaussée lors de l'injection de gadolinium, des cloisons, des 348 Tumeur de l'ovaire végétations épaisses et multiples, une paroi présentant des épaississements irréguliers. On cherche des signes d'extension aux uretères, à la vessie, à l'intestin grêle, au rectosigmoïde, à l'utérus et aux parois du pelvis. On cherche une carcinose péritonéale sous la forme d'un épanchement intrapéritonéal et d'implants notamment au niveau du cul-de-sac de Douglas, des gouttières pariétocoliques et de la surface du foie. Il faut également analyser l'extension ganglionnaire. En cas de lésion maligne, il faut effectuer une classification type FIGO : n stade I : tumeur limitée aux ovaires : stade IA : un ovaire capsule intacte, stade IB : deux ovaires capsule intacte, stade IC : rupture capsulaire ; n stade II : atteinte limitée au pelvis : stade IIA : utérus et/ou trompes, stade IIB : autres organes pelviens, stade IIC : ascite maligne ; n stade III : métastases péritonéales : stade IIIA : microscopiques, stade IIIB : métastases de moins de 2 cm, stade IIIC : métastases de plus de 2 cm ; n stade IV : métastases autres que péritonéales. Le tératome ovarien kystique mature est typiquement hétérogène, il comporte fréquemment une composante graisseuse au signal caractéristique sur les séquences pondérées en T1, en T2 et après suppression de graisse. Les tumeurs fibreuses sont des tumeurs solides généralement rehaussées tardivement lors de l'injection de gadolinium. Ce rehaussement tardif permet de différencier le fibrome ovarien du fibrome utérin sous-séreux rehaussé précocement. COMPTE RENDU Le compte rendu doit : n inclure le caractère unilatéral ou bilatéral de la tumeur, ses dimensions ; n classer la tumeur en lésion kystique uni- ou multiloculaire, solide ou mixte ; n énumérer les arguments en faveur d'une caractérisation ovarienne ; n effectuer le bilan d'extension en cas de tumeur maligne. C HA P IT R E 32 Cancer du rectum OBJECTIFS • Participer au bilan d'extension des cancers du rectum en cherchant notamment une extension de la lésion en dehors de la musculeuse au sein du mésorectum et en mesurant précisément la distance de la tumeur au fascia périrectal. TECHNIQUE • Séquences T2 dans les trois plans de l'espace avec ou sans remplissage préalable de l'ampoule rectale. Séquence T1 transversale. Séquence de diffusion. • Éventuellement séquence T1 après injection de gadolinium avec ou sans suppression de la graisse. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 350 Cancer du rectum POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Visualiser la masse tumorale Visualiser la masse tumorale et mesurer ses trois dimensions : transversale, antéropostérieure et hauteur. En l'absence d'administration de produit de contraste endorectal, il peut être difficile de visualiser une petite tumeur rectale. 2. Mesurer la distance séparant le pôle inférieur de la tumeur et la partie supérieure du sphincter interne repérée par le muscle puborectal et la terminaison interne des releveurs de l'anus dans le plan frontal Pour les tumeurs bas situées, la distance entre le pôle inférieur de la tumeur et le sphincter interne est fréquemment sous-estimée. Dans ce cas, la donnée la plus importante est l'évaluation d'une éventuelle extension au sphincter interne. 3. Analyser l'extension de la tumeur aux différentes couches de la paroi du rectum En cas d'atteinte infiltrante de la graisse du mésorectum, il est difficile de faire la différence entre une extension réelle à la graisse du mésorectum (stade T3) d'une réaction desmoplasmique au sein de laquelle la réaction fibreuse ne contient pas de cellules tumorales (stade T2). 4. Mesurer la distance la plus courte existant entre le bord externe de la tumeur et le fascia périrectal Cette distance peut être difficile à mesurer sur les tumeurs du haut rectum où le fascia périrectal n'est pas toujours simple à individualiser. Au contraire, elle est de peu d'intérêt pour les tumeurs du bas rectum qui par définition viennent au contact du fascia périrectal. Cette distance dépend, outre de l'extension propre de la tumeur en dehors de la musculeuse, de l'épaisseur du mésorectum qui peut être très différente d'un individu à l'autre mais qui est également beaucoup plus large sur les côtés, en arrière qu'en avant. Points d'interprétation 351 5. Chercher des adénopathies Chercher des adénopathies périrectales, les mesurer et les compter et mesurer la distance minimale existant entre l'adénopathie et le fascia périrectal. Chercher des adénopathies pré- et latéro-aortiques sur une séquence permettant l'analyse du rétropéritoine jusqu'aux veines rénales. On connaît les limites de l'IRM pour le diagnostic d'adénopathie périrectale en terme de sensibilité et de spécificité. 6. Chercher des signes d'extension aux organes de voisinage Prostate, vésicules séminales, vessie, utérus, vagin et paroi pelvienne, releveurs, sacrum. Adénomégalie périrectale. Les ganglions périrectaux sont faciles à reconnaître puisqu'ils sont très contrastés avec la graisse périrectale au signal intense en T1 et en T2. En T1, le ganglion est à l'origine d'un signal intermédiaire nettement inférieur à celui de la graisse périrectale. En T2, il peut être plus difficile de reconnaître le ganglion dont le signal reste généralement inférieur à celui de la graisse périrectale. On parle classiquement d'une adénomégalie périrectale pour un ganglion dont le petit diamètre est supérieur à 0,5 cm. Le critère de taille de 0,5 cm est largement imparfait car les dimensions de certains ganglions réactionnels sont supérieures à 0,5 cm alors que de petits ganglions millimétriques peuvent être tumoraux. Épaississement de la paroi rectale. Le signe s'exprime différemment en fonction de la distension de l'ampoule rectale. La paroi du rectum, lorsqu'il est correctement distendu, est fine et ne mesure pas plus de 3 mm. Quand la distension est incomplète, on compare un segment considéré comme normal au segment considéré comme anormal. Quand l'ampoule rectale est vide, il peut être difficile de localiser précisément un petit épaississement de la paroi. Dans d'autres circonstances, il peut être difficile de différencier un épaississement étendu de la paroi et de localiser précisément ses pôles supérieur et inférieur qui peuvent être confondus avec des matières au sein de l'ampoule rectale. 352 Cancer du rectum Épaississement nodulaire de la paroi rectale. Ce signe s'exprime différemment en fonction de la distension de l'ampoule rectale. De petits épaississements nodulaires ne sont alors visibles que lorsque l'ampoule rectale a été distendue par un lavement réalisé au gel. En cas de visualisation d'épaississement nodulaire de la paroi rectale, il est très important d'analyser la continuité de la couche externe musculeuse à l'origine d'un hyposignal sur la séquence pondérée en T2 qui permet de différencier les lésions invasives qui envahissent la couche musculeuse. Extension au fascia périrectal. L'extension de la tumeur dans le mésorectum est diagnostiquée sur le prolongement de la tumeur au sein du mésorectum, au signal graisseux caractéristique. Il faut alors repérer le fascia périrectal et mesurer la plus courte distance existant entre l'extension tumorale et le fascia. Dans les cas les plus évolués, la tumeur se prolonge jusqu'au fascia périrectal. Le fascia périrectal est facile à identifier latéralement. Il peut être plus difficile à identifier, notamment à la face antérieure du mésorectum. Extension au mésorectum. L'extension de la tumeur dans le mésorectum est diagnostiquée sur le prolongement de la tumeur au sein de la graisse périrectale. La composante externe musculaire de la paroi rectale au signal hypointense en T2 est interrompue à ce niveau et on visualise un prolongement de la tumeur au sein du mésorectum. Le diagnostic peut être plus difficile lorsque l'envahissement est très limité puisque l'on peut discuter une tumeur confinée à la musculeuse mais à l'origine d'une réaction desmoplasmique et de réactions fibreuses locales qui ne contiennent pas de cellules tumorales. Quoi qu'il en soit, cette possible confusion entre un stade T2 et un stade T3 avec une invasion très limitée de la graisse n'est pas très importante. Le pronostic change nettement lorsque la graisse est largement envahie. Stratégie diagnostique 353 Extension aux organes de voisinage. Pour faire le diagnostic d'une extension aux organes de voisinage, il faut que s'associent la disparition du liséré graisseux séparant le rectum de l'organe envahi et des modifications propres à l'organe envahi. La disparition du liséré graisseux ne suffit pas à faire porter le diagnostic. C'est au contraire l'existence d'un liséré graisseux d'aspect normal qui permet de dire qu'il n'y a pas d'extension. Les modifications de l'organe envahi incluent des modifications morphologiques à type de déformations et des modifications de signal qui devient comparable à celui de la lésion d'origine. L'extension à un organe de voisinage ne contre-indique pas forcément une résection chirurgicale, mais elle conditionne des résections chirurgicales plus étendues. Extension aux vésicules séminales. Pour faire le diagnostic d'une extension aux vésicules séminales, il faut que s'associent une croissance de la tumeur au sein de la partie antérieure du mésorectum avec disparition de la graisse normale, séparant le rectum des vésicules séminales et des modifications propres aux vésicules séminales envahies. Les modifications des vésicules séminales envahies incluent des modifications morphologiques à type de déformation et des modifications de signal avec nette diminution de l'hypersignal en T2 et rehaussement anormal des vésicules séminales après injection. L'extension aux vésicules séminales ne contre-indique pas forcément une résection chirurgicale, mais elle conditionne une résection plus étendue. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? L'IRM constitue l'examen de référence pour évaluer l'extension locale des cancers du rectum. Elle a pour avantage principal d'évaluer précisément l'extension de la tumeur au sein du mésorectum et de savoir à quelle distance 354 Cancer du rectum du fascia périrectal la tumeur s'arrête. L'examen tomodensitométrique est beaucoup moins précis. L'échoendoscopie a l'avantage principal de visualiser les différentes couches de la paroi rectale. L'échoendoscopie constitue donc la méthode de référence pour les tumeurs très peu évoluées T1 ou T2. En revanche, l'échoendoscopie est beaucoup moins fiable pour les extensions en dehors de la musculeuse rectale et le fascia périrectal n'est que très inconstamment visualisé. La justification principale de l'IRM est donc de participer aux indications de radiothérapie préopératoire en cas de tumeur rectale ayant franchi la musculeuse et ayant atteint le fascia périrectal. Par ailleurs, l'IRM rectale est complétée par un bilan d'extension à distance qui est généralement constitué par un examen tomodensitométrique thoracique et hépatique et éventuellement par un examen de tomographie par émission de positons. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? La plupart des équipes ne se servent pas d'antennes endocavitaires qui ne sont probablement pas nettement supérieures en performance et qui peuvent être traumatiques dans cette indication. L'utilisation en pratique courante d'antennes externes en quadrature de phase permet l'obtention de résultats tout à fait satisfaisants. Le seul avantage des antennes endo­ cavitaires pourrait être pour les tumeurs très peu évoluées T1 ou T2 car la distinction des différentes couches de la paroi rectale est probablement plus aisée avec une antenne endocavitaire. On peut utiliser un produit de contraste endorectal qui a notamment l'avantage de faciliter la visualisation de petites tumeurs ou l'appréciation des limites des tumeurs volumineuses. Ceci dit, cet avantage théorique n'a jamais été démontré. L'utilisation de séquences pondérées en T2 réalisées dans les trois plans de l'espace avec obtention de coupes fines de 3 à 5 mm d'épaisseur avec un petit champ de 24 cm afin d'obtenir une résolution dans le plan inframillimétrique constitue l'acquisition minimale. La plupart des équipes se servent également d'une séquence pondérée en T1 après injection de gadolinium. Il n'est pas certain que cette dernière acquisition soit indispensable. Dans notre expérience, c'est probablement avec cette séquence que l'on visualise le mieux le sphincter interne et ce peut être utile lorsqu'une extension au sphincter interne est suspectée. En fonction des habitudes locales, on peut ou non utiliser la technique de suppression de la graisse qui pour certains facilite le bilan d'extension à la graisse périrectale. Les séquences de diffusion ont un intérêt diagnostique mais également pronostique. Les tumeurs sont caractérisées par une restriction de la diffusion. Enfin, il est possible que dans les années qui viennent l'utilisation de produit de contraste capté spécifiquement par le système réticuloendothélial permette d'améliorer le bilan d'extension ganglionnaire. Stratégie diagnostique 355 COMMENT INTERPRÉTER ? L'objectif est d'approcher en IRM la classification TNM de la tumeur : n stade T1 (invasion de la sous-muqueuse) ; n stade T2 (invasion de la musculeuse) ; n stade T3 (invasion de la graisse périrectale) ; n stade T4 (invasion d'organe de voisinage ou de la paroi pelvienne). En IRM, il n'est pas possible de distinguer les stades T1 et T2, même si le stade T1 est théoriquement caractérisé par la visualisation d'une musculeuse d'épaisseur normale et le stade T2 par une diminution de l'épaisseur de la musculeuse normale en regard de la tumeur. Il est en revanche possible de détecter les stades T3, c'est-à-dire les tumeurs s'étendant à la graisse du mésorectum. Cela étant dit, en présence d'une tumeur aux contours externes spiculés, il peut être difficile de différencier une tumeur ayant envahi localement la graisse périrectale (stade T3) d'une tumeur confinée à la musculeuse mais à l'origine d'une réaction desmoplasmique et de réactions fibreuses locales qui ne contiennent pas de cellules tumorales. Quoi qu'il en soit, cette possible confusion entre un stade T2 et un stade T3 avec une invasion très limitée de la graisse n'est pas très importante. La donnée la plus importante est la détection de tumeurs ayant envahi largement la graisse du mésorectum et s'approchant du fascia périrectal puisque ce sont ces tumeurs qui bénéficient le plus probablement d'un traitement préalable par radiothérapie et/ou chimiothérapie. Il s'agit donc de souligner encore l'importance d'une mesure précise entre la périphérie de la tumeur et le fascia périrectal car plusieurs études ont montré que cette distance était bien corrélée avec l'envahissement locorégional étudié en anatomopathologie. On notera simplement que la distance entre l'extension tumorale et le fascia périrectal dépend de l'extension tumorale mais aussi de la richesse naturelle en graisse du mésorectum qui peut être très variable d'un individu à l'autre et en fonction de la situation de la tumeur. On sait que le mésorectum est beaucoup moins épais en avant que latéralement et en arrière. Il est également très important de détecter l'extension aux structures de voisinage, extension qui peut ne pas contre-indiquer une exérèse radicale. Par ailleurs, il est habituel de mesurer la distance entre le pôle inférieur de la tumeur et le sphincter interne, en sachant que pour les tumeurs bas situées cette distance est souvent minimisée en IRM. La tumeur vient s'appuyer contre le sphincter interne et la distance paraît nulle en imagerie alors que lorsque l'analyse se fait sur pièce anatomopathologique muqueuse dépliée, la tumeur peut rester très à distance du sphincter interne. Il faut donc savoir que cette distance est à utiliser avec beaucoup de précaution. En revanche, il est très important de signaler un éventuel envahissement de la portion supérieure du sphincter interne qui peut ne pas ­contre-indiquer 356 Cancer du rectum une exérèse antérieure à l'aide de technique chirurgicale transsphinctérienne. C'est lorsque l'on suspecte l'extension au sphincter interne que l'utilisation de gadolinium est probablement la plus utile, car elle permet d'obtenir un rehaussement très net et très homogène du sphincter interne quand il est normal. L'interprétation se termine par l'analyse des différents ganglions du mésorectum. Ils doivent être mesurés, on doit également analyser leurs limites, régulières ou irrégulières, et leur signal, homogène ou hétérogène en sachant que quelle que soit la technique utilisée elle souffre de mauvaises performances que ce soit au niveau de sa sensibilité ou de sa spécificité. Il est possible que les produits de contraste à affinité particulière pour le système réticuloendothélial améliorent ce bilan d'extension ganglionnaire. COMPTE RENDU Le compte rendu doit donc inclure : n les dimensions tumorales ; n la distance du pôle inférieur de la tumeur au pôle supérieur du sphincter interne ; n l'extension de la tumeur en dehors de la musculeuse dans le mésorectum et notamment indiquer la distance la plus courte existant entre le bord externe de la tumeur et le fascia périrectal ; n les adénopathies observées au sein du mésorectum ; n les éventuels signes d'extension aux organes de voisinage ou à la paroi. C HA P IT R E 33 Cancer du col de l'utérus OBJECTIFS Participer au bilan d'opérabilité. Mesurer la tumeur avant traitement médical. TECHNIQUE Séquences T1, T2, diffusion. Plan transversal et sagittal. Une séquence frontale T2 abdominopelvienne. Injection de gadolinium pour les lésions de moins de 2 cm et pour le suivi. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 358 Cancer du col de l'utérus POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Connaître les circonstances de découverte Cancer in situ ne nécessitant pas d'imagerie, cancer clinique apparemment sans signe d'extension au toucher pelvien, cancer du col responsable de douleurs pelviennes ayant fait découvrir un blindage pelvien. 2. Mesurer la lésion du col Les dimensions de la tumeur du col peuvent être surestimées lorsque l'on mesure avec la tumeur l'œdème péritumoral. Cet œdème présente généralement le même signal que la tumeur sur les séquences pondérées en T1. Il est parfois possible de différencier œdème et tumeur sur les séquences pondérées en T2. Lorsque la tumeur a le même signal que l'œdème sur les séquences pondérées en T2, il peut être utile de réaliser des séquences dynamiques avec acquisition rapide après injection de gadolinium, la tumeur étant rehaussée plus précocement que l'œdème péritumoral. La taille de la tumeur a une incidence thérapeutique. Il existe une corrélation entre les dimensions de la tumeur et l'existence de métastases ganglionnaires. 3. Chercher une extension aux paramètres, structures celluloadipeuses qui constituent des lames porte-vaisseaux On peut affirmer que les paramètres ne sont pas envahis lorsque l'on visualise clairement et de façon continue la ligne d'hypointensité stromale normale à la périphérie du col de l'utérus. Au contraire, lorsque cette ligne disparaît et que l'on visualise une masse tumorale au sein des paramètres, l'envahissement peut être affirmé, ce d'autant qu'il existe une dilatation urétérale du même côté. Lorsqu'il existe un doute, on peut se servir des séquences acquises rapidement après injection de gadolinium sur lesquelles les paramètres sont rehaussés massivement et beaucoup plus que l'éventuel envahissement tumoral. 4. Chercher une extension au vagin Il ne faut pas prendre pour une extension au vagin une volumineuse tumeur cervicale prolabée dans le vagin. 5. Chercher une extension aux organes de voisinage Le diagnostic d'extension aux organes de voisinage (uretères, vessie, rectum, paroi pelvienne) peut être porté lorsqu'il existe une oblitération des plans Points d'interprétation 359 graisseux normaux séparant le col et l'organe envahi, mais surtout lorsqu'il existe des altérations morphologiques et de signal. Le signal de la structure envahie a la même intensité que le signal de la tumeur. Il ne faut pas prendre pour une extension à la vessie un faux épaississement vésical en rapport avec une vessie vide éventuellement associée à un œdème de voisinage lié à la proximité tumorale. 6. Chercher des adénopathies pelviennes et lomboaortiques, les mesurer et les compter Le drainage lymphatique du col se fait principalement par la voie iliaque externe puis primitive. Extension aux paramètres. Les paramètres sont des structures celluloadipeuses qui constituent les lames porte-vaisseaux situées de chaque côté du col de l'utérus. Le diagnostic de l'extension aux paramètres peut être effectué lorsqu'il n'existe plus de stroma cervical en hyposignal normal à la périphérie de la lésion utérine et qu'il existe une pénétration de la tumeur au sein de la graisse péricervicale. Il faut différencier les atteintes localisées aux deux tiers internes des paramètres des atteintes qui atteignent les paramètres jusqu'à la paroi. Extension tumorale au vagin. À partir d'une lésion initialement développée aux dépens du col de l'utérus, le cancer du col peut s'étendre en dehors de l'utérus principalement par le biais des paramètres mais également au sein de l'utérus vers le corps ou vers le vagin. Ce diagnostic d'extension au vagin est fait le plus facilement sur les coupes sagittales passant par le col de l'utérus et le vagin. En T2, on visualise facilement l'extension de la lésion qui peut être également précisée en T1 après injection. Il faut alors préciser si la lésion s'étend au tiers supérieur, au tiers moyen ou au tiers inférieur du vagin. 360 Cancer du col de l'utérus Il ne faut pas considérer comme des lésions étendues au vagin de volumineuses lésions bourgeonnantes cervicales prolabées dans la partie supérieure du vagin. Lésion cervicale non rehaussée. Une lésion du col de l'utérus peut être reconnue sur la déformation qu'elle exerce sur le col de l'utérus mais également sur la différence de signal qui existe entre les lésions et le stroma cervical normal. Lorsque les lésions sont de petite taille, elles peuvent être difficiles à reconnaître. Il est alors intéressant d'injecter un produit de contraste et de réaliser une acquisition dynamique. Le contraste est le meilleur au moment du rehaussement maximal du myomètre et la lésion cervicale est alors reconnue par son aspect hypointense par rapport au myomètre normalement rehaussé. Lésion limitée au col de l'utérus. Même de volumineuses lésions cervicales peuvent rester limitées au col de l'utérus, sans extension aux paramètres. Ces lésions sont reconnues lorsqu'il persiste à la périphérie de la tumeur, une zone qui peut être très fine de stroma cervical en hyposignal normal. On peut dans ce cas affirmer le caractère confiné au col de l'utérus en dehors du col, les paramètres et la graisse péricervicale sont normaux. Lésion du col utérin. Une lésion du col de l'utérus peut être reconnue sur la déformation qu'elle exerce sur le col de l'utérus, notamment en T1 mais surtout sur la différence de signal qui existe entre la lésion et le stroma cervical normal, notamment en T2 et après injection. La lésion est généralement hyperintense par rapport au stroma cervical en T2. C'est habituellement sur les coupes sagittales que la lésion est le plus facilement visualisée. Il faut alors analyser son extension vers le corps de l'utérus, vers le vagin et estimer le volume de la lésion. Stratégie diagnostique 361 Il existe très fréquemment de petites formations arrondies, bien limitées à l'origine d'un hypersignal en T2 au sein du col de l'utérus qui correspondent à des kystes de Naboth qu'il ne faut pas prendre pour des lésions tissulaires. Lésion kystique du col utérin. Les petites lésions kystiques du col de l'utérus sont faciles à reconnaître. Elles sont de petite taille, de quelques millimètres à un demi-centimètre, arrondies, parfaitement bien limitées. Le signal est variable en T1 à cause d'un contenu mucoïde. Elles sont surtout caractérisées par un hypersignal très net en T2. Ces lésions kystiques présentent parfois des signaux différents, voire des niveaux liquide-liquide, du fait de contenus différents. Les lésions ne sont pas rehaussées après injection de gadolinium. Sur les systèmes d'IRM modernes, ces lésions kystiques sont toujours très facilement reconnues et ne posent plus les problèmes de diagnostic différentiel d'hypersignal endocervical qui pouvaient exister sur les premières générations d'IRM. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? L'IRM constitue l'examen de référence pour l'imagerie de l'utérus. Pour l'étude de l'utérus c'est la seule méthode d'imagerie qui permette de visualiser l'anatomie zonale avec différenciation de l'endomètre, de la ligne jonctionnelle et du myomètre et qui permette l'obtention d'un contraste spontané d'excellente qualité entre la tumeur cervicale et le stroma cervical au signal bas sur les séquences pondérées en T2. De plus, les capacités intrinsèquement tridimensionnelles de l'IRM permettent d'obtenir des coupes dans le plan sagittal particulièrement bien adaptées à l'analyse des tumeurs du col de l'utérus et au bilan de leur extension. La tomographie par émission de positons peut être utile à partir du stade Ib2 (tumeur de plus de 4 cm). QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? L'examen comporte classiquement des séquences pondérées en T2 et dans au moins deux plans. On peut réaliser des coupes perpendiculaires au col 362 Cancer du col de l'utérus utérin. Les séquences obtenues après injection de gadolinium peuvent être réalisées sur un mode dynamique avec réalisation de plusieurs acquisitions successives après l'injection de gadolinium (une séquence toutes les 30 secondes) ou limitées à une série réalisée précocement après l'injection de gadolinium. Cette séquence a l'intérêt de mieux différencier la tumeur cervicale de l'œdème péritumoral et d'obtenir un rehaussement massif des paramètres normaux qui contraste avec l'éventuel envahissement tumoral. L'injection de gadolinium est surtout utile pour les lésions de moins de 2 cm. Les séquences de diffusion sont utiles pour les petites tumeurs, pour l'analyse ganglionnaire et le suivi. L'examen peut être complété par une séquence privilégiant le signal des liquides stationnaires en vue d'obtenir une uro-IRM qui remplace la classique urographie intraveineuse à la recherche d'une dilatation du système urinaire. Une extension pariétale doit être suspectée quand il existe une hydronéphrose. COMMENT INTERPRÉTER ? Le pronostic est corrélé au volume tumoral, à l'extension aux paramètres et à l'extension ganglionnaire. Au stade I, le cancer invasif reste limité au col de l'utérus. Le cancer est visualisé sous la forme d'une masse en hypersignal T2 par rapport au col utérin normal en hyposignal. Il reste à la périphérie de la tumeur une zone plus ou moins épaisse de stroma cervical en hyposignal normal. On peut dans ce cas affirmer le caractère confiné au col du cancer. Un traitement conservateur peut être proposé quand la tumeur mesure moins de 2 cm et que la distance de la tumeur à l'orifice interne du col est supérieure à 1 cm. L'extension au vagin est facilement diagnostiquée sur le prolongement de la tumeur, caractérisé par un hypersignal remplaçant l'hyposignal normal de la paroi vaginale. Il faut simplement ne pas considérer qu'il existe une extension vaginale lorsqu'une volumineuse tumeur cervicale est prolabée au sein du vagin. Le diagnostic de l'extension aux paramètres ne se pose pas lorsque la tumeur reste limitée au col avec une portion de stroma cervical normal à la périphérie. Lorsque la ligne d'hypointensité stromale normale est interrompue, il existe parfois des extensions tumorales évidentes au sein des paramètres avec pénétration de la tumeur dans la graisse péricervicale. Dans d'autres cas, le diagnostic peut être plus difficile. C'est alors qu'il peut être intéressant de réaliser des séquences acquises peu de temps après l'injection de gadolinium pour lesquelles les paramètres sont rehaussés intensément et la tumeur beaucoup moins rehaussée. L'extension aux organes de voisinage peut être facilement éliminée s'il existe un liséré graisseux normal entre le col et les organes de voisinage. Lorsque ce Stratégie diagnostique 363 liséré est interrompu, il faut, pour affirmer l'envahissement tumoral, qu'il existe de plus des modifications morphologiques et de signal de l'organe envahi. Au terme de ce bilan, on peut réaliser la classification FIGO : n stade I : cancer limité du col de l'utérus : • stade Ia : cancer microinvasif, • stade Ib : cancer invasif, – stade Ib1 : de moins de 4 cm, – stade Ib2 : de plus de 4 cm ; n stade IIa : atteinte des deux tiers supérieurs du vagin ; n stade IIb : atteinte des deux tiers internes des paramètres ; n stade IIIa : atteinte du tiers inférieur du vagin ; n stade IIIb : atteinte des paramètres jusqu'à la paroi ; n stade III : peut être également classé en III urinaire s'il existe une atteinte des uretères ; n stade IV : atteinte d'un organe de voisinage ou métastase n stade IVa : vessie ou rectum ; n stade IVb : métastase à distance. COMPTE RENDU Le compte rendu doit donc inclure : n les mesures de la lésion cervicale ; n l'existence d'une atteinte des paramètres, du vagin ; n l'existence d'une atteinte des organes de voisinage ; n l'existence d'adénopathies. C HA P IT R E 34 Cancer de l'endomètre OBJECTIFS Participer au bilan d'opérabilité (faisabilité et voie d'abord). Mesurer les dimensions tumorales avant un traitement non chirurgical. TECHNIQUE Séquences T2 dans les trois plans de l'espace. Séquences de diffusion. Injection de gadolinium quand la ligne jonctionnelle est difficile à repérer et en cas de volumineuse tumeur. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 366 Cancer de l'endomètre POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Connaître les circonstances de découverte Âge de la ménopause, existence de métrorragies, résultats de l'hystéroscopie, du curetage biopsique. Même si l'IRM avec injection de produit de contraste permet généralement de différencier les tumeurs endométriales des utérus rétentionnels ou des utérus avec atrophie glandulokystique, le diagnostic de tumeur de l'endomètre repose sur les données de l'analyse du curetage biopsique et non sur des données d'imagerie. L'imagerie par résonance magnétique doit être utilisée pour réaliser le bilan d'extension des cancers de l'endomètre et non dans un but diagnostique. 2. Mesurer précisément les dimensions de la tumeur de l'endomètre et de l'utérus et notamment son diamètre transversal pour déterminer les possibilités de cœliochirurgie La fréquence des métastases est corrélée au volume tumoral. On se sert notamment de l'injection de gadolinium pour différencier la tumeur rehaussée lors de l'injection des éventuels produits de rétention non rehaussés. 3. Calculer le pourcentage d'invasion du myomètre Le pourcentage d'envahissement du myomètre est déterminé par la mesure de la distance entre l'extension maximale de la néoformation dans le myomètre, rapportée à l'épaisseur du myomètre sain. Le pourcentage d'envahissement est un facteur pronostique important pour la survie et pour déterminer la thérapeutique. L'analyse de la zone jonctionnelle peut être difficile après la ménopause ou en cas d'adénomyose associée. Il faut alors se servir des coupes obtenues après injection de gadolinium. 4. Chercher une extension au col utérin, au vagin, aux paramètres 5. Chercher une extension aux organes de voisinage Points d'interprétation 367 6. Chercher des adénopathies pelviennes et lomboaortiques, les mesurer et les compter Il faut donc une séquence T2 permettant l'analyse du rétropéritoine jusqu'aux veines rénales. Le drainage lymphatique de l'utérus se fait principalement par voie iliaque externe puis primitive. La classification est effectuée en N+ ou N− en fonction de l'atteinte ganglionnaire. 7. Signaler une éventuelle variante vasculaire telle qu'une veine rénale gauche rétroaortique Effectivement, la veine rénale gauche constitue le repère haut du curage ganglionnaire lomboaortique. Atrophie glandulokystique. L'atrophie glandulokystique, paradoxalement on parle aussi d'hypertrophie glandulokystique, notamment observée lors des traitements substitutifs hormonaux prescrits après la ménopause peut réaliser un aspect trompeur d'élargissement de la cavité endométriale. L'IRM permet d'effectuer le diagnostic avec certitude lorsqu'on visualise de multiples petites formations kystiques hyperintenses en T2 au sein de la cavité endométriale. Ces petits kystes ne sont pas rehaussés lors de l'injection de gadolinium. Diminution des dimensions de l'utérus. Même s'il existe des abaques permettant de comparer les dimensions de l'utérus à des normes, la diminution de taille de l'utérus est généralement facilement appréciée de visu. Les dimensions sont le plus facilement estimées sur les coupes sagittales. Il ne faut pas parler abusivement de diminution de la taille de l'utérus lorsque l'utérus est simplement rétroversé. Il est alors généralement de forme globuleuse et sa plus grande dimension est réduite au contraire de son volume qui est conservé. 368 Cancer de l'endomètre Élargissement de la cavité endométriale. Il est simple de reconnaître un élargissement de la cavité endométriale notamment sur les séquences sagittales T2 sur lesquelles l'endomètre est à l'origine d'un hypersignal bien contrasté avec la zone jonctionnelle et avec le myomètre. Il faut analyser la longueur de la cavité utérine, la continuité de la zone jonctionnelle et l'éventuelle disparition d'un segment de la zone jonctionnelle avec présence d'un signal anormal au sein du myomètre. On distingue facilement un élargissement de la cavité endométriale d'anomalies cavitaires focales en rapport avec un polype ou un myome sous-muqueux. Il faut se méfier des élargissements physiologiques de la cavité endométriale en période de menstruation. Interruption de la zone jonctionnelle. La zone jonctionnelle qui constitue la partie la plus interne de la portion myométriale de l'utérus est bien visible en T2 où elle contraste nettement entre la cavité endométriale en dedans et la zone myométriale externe en dehors. On cherche une interruption de la zone jonctionnelle dans le cadre du bilan d'extension d'un cancer de l'endomètre. Ainsi on cherche un prolongement de la lésion endométriale, hyperintense sur les séquences pondérées en T2 qui interrompt la ligne d'hyposignal de la zone jonctionnelle pour pénétrer dans le myomètre. Il est beaucoup plus difficile de mettre en évidence la zone jonctionnelle en T2 chez les femmes ménopausées. Dans ce cas, il faut se servir de la séquence pondérée en T1 après injection. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? L'imagerie par résonance magnétique constitue l'examen de référence pour effectuer le bilan d'extension des cancers de l'endomètre. Cet examen permet effectivement d'obtenir une représentation anatomique et une représentation de l'anatomie zonale de l'utérus, de l'endomètre, de la zone jonctionnelle, du myomètre. De plus, l'IRM permet d'obtenir des coupes dans les trois plans de l'espace et notamment des coupes dans le plan sagittal. Stratégie diagnostique 369 Les autres examens d'imagerie sont de peu d'intérêt pour réaliser le bilan d'extension du cancer de l'endomètre. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? L'examen comporte des coupes dans au moins deux plans de l'espace : plan transversal et plan sagittal. Les séquences pondérées en T2 permettent généralement de réaliser l'analyse de l'extension du cancer de l'endomètre au sein du myomètre par l'analyse de la continuité ou non de la zone jonctionnelle. La séquence T2 frontale grand champ permet l'analyse du réropéritoine jusqu'aux veines rénales. Les séquences pondérées en T1 après injection de gadolinium permettent également d'évaluer l'extension au sein du myomètre, notamment lorsque la zone jonctionnelle est difficile à visualiser, chez la femme ménopausée et en cas d'adénomyose associée, et également de mesurer précisément les dimensions tumorales et de différencier les zones tumorales des zones rétentionnelles. La tumeur est moins rehaussée que le myomètre de voisinage. On peut réaliser des séquences dynamiques après injection de gadolinium, c'est-à-dire des séquences rapidement répétées après injection. Il est également possible de réaliser une seule séquence après l'injection de produit de contraste. Les séquences de diffusion semblent améliorer la détection des tumeurs de petite taille. COMMENT INTERPRÉTER ? Dans les cancers localisés à l'endomètre, l'injection de produit de contraste permet de mesurer précisément la tumeur, de la différencier de produits de rétention utérine, et de la distinguer des atrophies glandulokystiques et des hypertrophies endométriales qui peuvent également avoir un ­hypersignal en T2. Seule la tumeur de l'endomètre est rehaussée après injection de gadolinium. Dans ses formes localisées à l'endomètre, la zone jonctionnelle est visible sur des séquences pondérées en T2 de façon continue et régulière. Lorsque, notamment après la ménopause, la zone jonctionnelle est difficile à analyser précisément l'injection de gadolinium sur les séquences pondérées en T1 permet d'obtenir un rehaussement homogène de l'ensemble du myomètre. Dans les formes de tumeurs endométriales étendues au myomètre, le pourcentage de l'envahissement du myomètre est déterminé par la mesure de la distance entre l'extension maximale de la néoformation dans le myomètre rapportée à l'épaisseur du myomètre sain. On se sert de l'interruption de la zone jonctionnelle lorsqu'elle est bien visible ou de la différence de rehaussement après injection de produit de contraste. On peut ainsi différencier les tumeurs qui envahissent le myomètre sur moins ou sur plus de 50 % de son épaisseur. 370 Cancer de l'endomètre Les cancers étendus au col utérin sont reconnus sur l'hypersignal anormal au sein du col utérin qui contraste avec l'hyposignal normal du myomètre cervical. On peut également se servir des coupes réalisées après injection de produit de contraste. L'extension aux organes de voisinage est rare en cas de cancer de l'endomètre. Il s'agit alors généralement de volumineuses tumeurs réalisant un bloc avec les organes de voisinage. Le bilan d'extension est complété par une analyse de l'extension ganglionnaire. On peut ainsi réaliser une classification FIGO au terme de l'examen : n stade I : cancer localisé au corps utérin : Ia : tumeur envahissant le myomètre sur moins de 50 % de son épaisseur, Ib : tumeur envahissant le myomètre sur plus de 50 % de son épaisseur ; n stade II : cancer étendu au col utérin ; n stade III : cancer étendu au-delà de l'utérus sans dépasser le petit bassin ; n stade IV : cancer étendu hors du petit bassin ou à la vessie ou au rectum : IVa : extension aux organes de voisinage, IVb : extension métastatique qui est corrélée au stade d'extension locale. COMPTE RENDU Le compte rendu doit ainsi : n inclure les dimensions tumorales et les dimensions de l'utérus (notamment son diamètre transversal) ; n indiquer la classification FIGO ; n mesurer et compter les adénopathies pelviennes. C HA P IT R E 35 Cancer de la vessie OBJECTIFS Participer au bilan d'opérabilité de la tumeur. Relever les mensurations de la tumeur avant un traitement non chirurgical. TECHNIQUE Séquences T1, T2, T1 gadolinium dans le ou les plans orthogonaux au développement de la tumeur. Séquences de diffusion. Séquence T2 frontale grand champ. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 372 Cancer de la vessie POINTS D'INTERPRETATION 1. Connaître les circonstances de découverte de la tumeur vésicale Surveillance régulière d'une tumeur papillomateuse, hématurie, blindage pelvien… Il est absolument indispensable de savoir si l'IRM a été réalisée après une biopsie transurétrale de la tumeur vésicale. En effet, une telle résection provoque une importante réaction inflammatoire et un œdème qui peuvent majorer les dimensions de la tumeur et même simuler une extension à la graisse de voisinage. 2. Préciser le siège de la tumeur et notamment sa localisation par rapport aux uretères, au trigone Préciser son aspect bourgeonnant ou infiltrant et mesurer ses plus grandes dimensions. Chercher de façon systématique une seconde tumeur vésicale, une tumeur urétérale associée. 3. Chercher un retentissement sur le haut appareil urinaire et une dilatation des cavités pyélocalicielles On cherche une dilatation pyélocalicielle uni- ou bilatérale qui intéresse les uretères jusqu'à leur terminaison lorsqu'elle est secondaire au développement de la tumeur vésicale. L'existence d'une hydronéphrose constitue en tant que telle un risque indépendant d'extension ganglionnaire. On cherche également une seconde localisation sur les voies urinaires hautes, dans ce dernier cas la dilatation est unilatérale et n'intéresse pas l'ensemble du système urinaire haut. 4. Chercher des signes d'extension à la graisse périvésicale Il arrive que la couche musculeuse de la paroi vésicale normalement en hyposignal sur les séquences pondérées en T2 apparaisse dédoublée ou épaissie du fait de l'artéfact de déplacement chimique. Cet artéfact ne doit pas modifier les règles d'interprétation. L'extension de la tumeur à la graisse périvésicale ne peut être affirmée que quand il existe une véritable masse tumorale au sein de la graisse périvésicale. De simples modifications du signal de la graisse au voisinage de la tumeur doivent être interprétées avec précaution et peuvent simplement traduire une réaction inflammatoire de contact au voisinage de la tumeur, notamment après biopsie transurétrale. Points d'interpretation 373 5. Chercher des signes d'extension aux organes de voisinage L'atteinte des organes de voisinage (vésicules séminales, prostate, col de l'utérus, rectum) est suspectée en cas de contact de la tumeur avec l'organe en question. Surtout, on cherche des anomalies morphologiques et du signal de l'organe envahi qui doit se comporter de la même façon que la tumeur primitive. Au contraire, la préservation d'un liséré graisseux continu entre la tumeur et l'organe de voisinage est un argument fort pour l'absence d'extension. 6. Chercher des adénopathies pelviennes et latéro-aortiques, les mesurer et les compter 7. Chercher de façon systématique des localisations secondaires osseuses Épaississement diffus de la paroi vésicale. La paroi vésicale est facile à étudier sur les séquences T1, mais surtout sur les séquences T2 où elle est à l'origine d'un hyposignal bien contrasté par le contenu vésical au signal très élevé et par la graisse périvésicale au signal élevé. L'épaississement de la paroi de la vessie est défini par une épaisseur pariétale supérieure à 5 mm quand la vessie est pleine. On peut également se servir des séquences à liquide stationnaire qui permettent la visualisation de très petits diverticules vésicaux qu'on observe fréquemment en cas de vessie de lutte. Il ne faut pas parler d'épaississement de la paroi vésicale sur une vessie vide. Épaississement localisé de la paroi vésicale. La paroi vésicale est facile à étudier sur les séquences T1, mais surtout sur les séquences T2 où la paroi de la vessie est à l'origine d'un hyposignal bien contrasté par le contenu vésical au signal très élevé et par la graisse périvésicale au signal élevé. L'épaississement de la paroi de la vessie est défini par une épaisseur pariétale supérieure à 5 mm quand la vessie est pleine. Un épaississement localisé peut être relativement linéaire ou réaliser un véritable bourgeon intravésical. Il faut se méfier de l'aspect mamelonné que peut prendre une vessie presque vide. 374 Cancer de la vessie Extension extravésicale. On reconnaît l'extension de la lésion en dehors de la paroi, quand, d'une part, l'ensemble de la couche musculeuse de la paroi vésicale n'est plus identifié et, d'autre part, qu'il existe une véritable masse tumorale au sein de la graisse périvésicale. Cette masse, à l'origine d'un signal intermédiaire en T1, d'un signal élevé en T2 et rehaussée lors de l'injection, est facile à reconnaître après suppression de graisse. L'extension de la tumeur en dehors de la vessie ne peut être affirmée que quand il existe une véritable masse tumorale au sein de la graisse périvésicale. De simples modifications du signal de la graisse doivent être interprétées avec précaution et peuvent simplement traduire une réaction desmoplasmique ou inflammatoire de contact. Interruption du liséré d'hyposignal. Le signe doit être analysé en regard d'une lésion vésicale réalisant un épaississement localisé de la paroi. Il s'agit de réaliser des coupes perpendiculaires à la plus grande dimension d'extension et d'analyser la continuité du liséré d'hyposignal qui figure la couche musculeuse. Lorsque la couche d'hyposignal est préservée, cela signifie qu'au moins la couche musculeuse profonde est respectée. Si le liséré d'hyposignal est interrompu en regard de la lésion, c'est que l'ensemble de la paroi vésicale est atteint, y compris la couche musculeuse profonde. Le liséré d'hyposignal peut parfois être faussement épaissi par le phénomène du déplacement chimique qui ne modifie pas les règles d'interprétation. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? L'imagerie par résonance magnétique n'est pas utilisée pour effectuer le diagnostic de tumeur vésicale. Ce diagnostic repose sur la cystoscopie qui permet de plus la surveillance des tumeurs vésicales dites bénignes. Il existe effectivement en anatomie pathologique deux groupes de tumeurs vésicales qui ont leur histoire naturelle propre. Les tumeurs restant cantonnées Stratégie diagnostique 375 à la muqueuse et au chorion sont qualifiées de superficielles ou de non infiltrantes. Les tumeurs « infiltrantes » envahissent le muscle et se comportent d'emblée comme des tumeurs malignes. Dans le premier groupe, la frontière entre bénin et malin est mal définie et la fréquence des récidives tumorales est la caractéristique des tumeurs initialement qualifiées de superficielles. Cette récidive est imprévisible et peut se faire soit sur le même type histologique, soit sur un mode plus agressif infiltrant. Les examens d'imagerie sont utilisés pour analyser l'infiltration pari­ étale de ces lésions. L'IRM est la seule technique qui permette de différencier les différentes couches de la paroi vésicale et notamment d'individualiser la couche musculeuse. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? La question principale à laquelle doit répondre l'imagerie par résonance magnétique concerne le degré d'infiltration pariétale et notamment l'intégrité de la couche musculeuse profonde. À cet effet, les séquences pondérées en T2 sont indispensables. Il est possible que les séquences pondérées en T1 après injection de gadolinium soient également contributives. Dans tous les cas, il faut réaliser un plan de coupe perpendiculaire à l'axe de développement tumoral. Les séquences de diffusion pourraient améliorer la stadification. Comme dans d'autres domaines, l'analyse de l'extension ganglionnaire utilise uniquement le critère de taille, critère notablement insuffisant. Il est possible que des produits de contraste spécifiquement destinés à l'évaluation de l'extension ganglionnaire et aptes à se fixer sur le système réticuloendothélial normal du ganglion permettent d'améliorer ce bilan d'extension. COMMENT INTERPRÉTER ? L'objectif de l'imagerie par résonance magnétique est d'évaluer l'infiltration pariétale. L'examen doit donc être réalisé avant ou à distance d'une biopsie transurétrale de tumeur vésicale qui peut majorer artificiellement les dimensions de la tumeur du fait de la réaction inflammatoire induite et simuler une extension à la graisse de voisinage par inflammation péritumorale. L'examen ne permet pas de différencier les stades T1 (atteinte limitée au chorion) des stades T2a (atteinte limitée à la musculeuse superficielle) ; dans les deux cas, le liséré d'hyposignal de la portion profonde de la paroi vésicale est respecté. Ce liséré peut être épaissi ou dédoublé par l'artéfact de déplacement chimique. Cela ne modifie pas la valeur sémiologique de ce signe. En cas d'extension à la musculeuse profonde (stade T2b), le liséré d'hyposignal de la paroi est interrompu sans modification en regard de la graisse périvésicale. En cas d'extension à la graisse périvésicale (stade T3), le liséré 376 Cancer de la vessie d'hyposignal est interrompu et il existe des anomalies de la graisse périvésicale en regard. L'extension à la graisse périvésicale peut être facile à diagnostiquer quand la tumeur vésicale déforme la paroi vers l'extérieur et pénètre la graisse. Elle peut être plus difficile à diagnostiquer en présence de simples anomalies du signal de la graisse en regard de la tumeur qui peuvent simplement correspondre à une inflammation péritumorale. Les extensions aux organes de voisinage se font principalement vers la prostate, les vésicules séminales ou le col de l'utérus. Les atteintes du rectum sont beaucoup plus rares. En dehors des arguments morphologiques, contact de la lésion avec l'organe en question, l'extension aux vésicules séminales est principalement diagnostiquée sur le signal anormalement diminué des vésicules séminales sur les séquences pondérées en T2. L'extension à la prostate est souvent difficile à diagnostiquer du fait des anomalies adénomateuses de la prostate. L'extension au col de l'utérus chez la femme doit associer une interruption du liséré graisseux séparant normalement la vessie du col de l'utérus et des anomalies morphologiques et de signal du col, le signal du col utérin se comportant de la même façon que celui de la tumeur vésicale. Au terme de ce bilan d'extension, le stade T de la classification TNM peut être approché : n le stade T1 correspond à une atteinte limitée au chorion ; n le stade T2 correspond à une atteinte limitée à la musculeuse : • le stade T2a correspond à une atteinte de la musculeuse superficielle, • le stade T2b correspond à une atteinte de la musculeuse profonde ; n le stade T3 correspond à une atteinte de la graisse périvésicale ; n le stade T4 correspond à une atteinte d'un autre organe du pelvis : • le stade T4a correspond à une atteinte de la prostate, de l'utérus ou du vagin, • le stade T4b correspond à une atteinte de la paroi. La recherche d'adénopathies permet la classification N en sachant que : n N0 : pas de ganglion atteint ; n N1 : un seul ganglion homolatéral inférieur ou égal à 2 cm ; n N2 : adénopathie unique supérieure à 2 cm et inférieure à 5 cm ; n N3 : adénopathie supérieure à 5 cm. COMPTE RENDU Le compte rendu doit donc inclure : n le siège de la tumeur, l'aspect bourgeonnant ou infiltrant, ses dimensions maximales ; n la préservation de la couche musculaire profonde de la paroi vésicale ; n d'éventuels signes d'extension à la graisse périvésicale et aux organes de voisinage ; n le nombre et les dimensions des adénopathies pelviennes. C HA P IT R E 36 Endométriose OBJECTIFS Confirmer le diagnostic d'endométriose. Effectuer le bilan d'extension de l'endométriose. TECHNIQUE Coupes dans les trois plans de l'espace. Contraste T1, T2, T1 avec suppression de la graisse. L'injection ne se justifie que dans les rares cas de suspicion de dégénérescence maligne. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 378 Endométriose POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Chercher un kyste endométriosique ou endométriome ovarien qui est fréquemment bilatéral L'endométriome ovarien peut être uni- ou multiloculaire. Il est caractérisé par un hypersignal en T1 dû à la présence de dérivés de dégradation de l'hémoglobine et un hyposignal en T2 qui peut être dû à la présence de dérivés de dégradation de l'hémoglobine ou à la forte viscosité du contenu du kyste. La paroi de l'endométriome ovarien est généralement épaisse. 2. Chercher des implants endométriosiques qui ont typiquement le signal de l'endomètre normal En fait, ils subissent fréquemment une transformation hémorragique et/ou fibreuse. Leur signal devient alors variable avec un iso- ou un hypersignal T1 et un iso- ou un hyposignal T2. C'est probablement pour la détection de ces implants endométriaux, que les séquences comportant une suppression de la graisse sont les plus intéressantes. Les performances de l'imagerie par résonance magnétique pour détecter des implants endométriosiques sont évidemment limitées par la taille des implants. On ne peut espérer localiser des implants millimétriques. 3. Chercher des localisations extra-ovariennes pelviennes ou extrapelviennes Elles sont situées notamment au niveau des ligaments utérosacrés, de la cloison vésicovaginale, de la cloison rectovaginale, de la paroi de la vessie et de la paroi pelvi-abdominale. Ces localisations profondes (sous-péritonéales) de l'endométriose, qu'elles soient rétropéritonéales, sous-péritonéales, pariétales ou enchâssées dans la paroi de la vessie, sont particulièrement importantes à reconnaître car ces localisations ne peuvent être vues en cœlioscopie. 4. Chercher des adhérences pelviennes Elles se traduisent par des signes directs sous la forme de bandes spiculées en hyposignal dont les bords deviennent flous et mal limités (notamment au niveau des ligaments utérosacrés et du torus) et par des signes indirects constitués par une distorsion de l'architecture pelvienne caractérisée par une angulation anormale des organes du pelvis, un aspect dentelé et déformé du rectum, une déformation de l'utérus et une perte du liséré graisseux habituel entre les différents organes du pelvis. Points d'interprétation 379 5. Chercher de principe des lésions d’adénomyose (anciennement nommée endométriose interne) L'adénomyose peut se traduire par un épaississement de la zone jonctionnelle (supérieure à 12 mm). Dans d'autres cas, on observe de petites images nodulaires en hypersignal T2 au sein de la zone jonctionnelle et au sein du myomètre. Enfin, l'adénomyose réalise parfois une masse mal limitée correspondant à l'épaississement pseudotumoral de la ligne jonctionnelle qu'il peut être difficile de distinguer d'un simple léiomyome. Cette recherche doit être systématique, même s'il n'existe pas d'association significative entre la survenue de lésions d'endométriose et d'adénomyose. Adhérence pelvienne. Il s'agit surtout de modifications morphologiques de l'anatomie du pelvis qui sont mieux visibles sur les séquences permettant d'obtenir une représentation morphologique optimale du petit bassin. Il s'agit alors de repérer des anomalies morphologiques souvent discrètes faites d'attraction ou de rétraction sur les structures ovariennes, utérines et notamment sur le rectum qui peut prendre un aspect dentelé attiré par ces adhérences pelviennes. Il s'y associe parfois de véritables masses de fibrose dont le signal est hypointense sur les séquences T1 et T2. Il faut se méfier de l'aspect inhabituel de la cavité pelvienne quand l'utérus est rétroversé et ne pas parler à tort d'adhérence pelvienne. Distorsion pelvienne. La distorsion pelvienne est définie par la perte de l'architecture normale de la région pelvienne. La désorganisation de l'architecture pelvienne associe une angulation anormale des organes du pelvis, un aspect dentelé et déformé du rectum, une déformation de l'utérus et une perte des lisérés graisseux habituels qui existent entre les différents organes du pelvis. Cette distorsion pelvienne est la conséquence des adhérences pelviennes qui constituent l'organisation fibreuse des hémorragies kystiques. 380 Endométriose Élargissement symétrique de la zone jonctionnelle. La zone jonctionnelle est bien visualisée en T2 où elle est contrastée entre la cavité endométriale au signal très élevé et le myomètre. On parle d'élargissement de la zone jonctionnelle quand elle mesure plus de 12 mm d'épaisseur. Il faut différencier les élargissements de la zone jonctionnelle bilatéraux et symétriques sur les deux versants de la cavité endométriale, des élargissements à prédominance unilatérale et des élargissements focalisés à une région de l'utérus. Ce sont les épaississements focalisés de la zone jonctionnelle qu'il peut être difficile de différencier d'un fibrome. À la différence du fibrome, les adénomyoses focales ne réalisent pas d'effet de masse sur la cavité endométriale et ont des limites moins nettes. Élargissement asymétrique de la zone jonctionnelle. La zone jonctionnelle est bien visualisée en T2 où elle est contrastée entre la cavité endométriale au signal très élevé et le myomètre. On parle d'élargissement de la zone jonctionnelle quand elle mesure plus de 12 mm d'épaisseur. Il arrive que l'élargissement de la zone jonctionnelle soit asymétrique et réalise une véritable pseudomasse au sein de laquelle on observe de petits focus hyperintenses caractéristiques de glande endométriale. Cette adénomyose pseudotumorale ne doit pas être prise pour une lésion fibromyomateuse. Endométriose digestive. Les localisations digestives constituent une complication de l'endométriose. L'ensemble du tube digestif peut être intéressé de l'intestin grêle au rectum. Les localisations les plus fréquentes sont rectosigmoïdiennes. Il peut s'agir de simples pnodules sur le versant externe de la paroi digestive. Les lésions peuvent progresser et intéresser la séreuse puis la musculeuse. Au stade le plus avancé, il peut même exister une effraction de la muqueuse. Stratégie diagnostique 381 Épaississement des ligaments utérosacrés. Les ligaments utérosacrés sont des lames fibreuses qui relient l'utérus au sacrum dans une direction antéropostérieure. Ils constituent la partie postérieure des lames sacro-recto-génito-pubiennes. Elles sont très fines et à peine visibles à l'état normal. L'épaississement des ligaments utérosacrés constitue une des localisations les plus fréquentes de l'endométriose profonde (localisation extrapéritonéale d'une endométriose). Il résulte de l'organisation fibreuse des hémorragies kystiques. Implant endométriosique. Les implants endométriosiques sont reconnus sous la forme de petites formations arrondies développées en dehors de l'utérus, à la surface des ovaires, autour du col de l'utérus, à la surface de la vessie, dans la cloison rectovaginale. Ils ont typiquement le même signal que l'endomètre sur les séquences T1 et T2 et notamment un net hypersignal T2, mais lorsqu'ils ont subi des transformations hémorragiques et fibreuses ils peuvent avoir un signal différent. On ne peut reconnaître les implants endométriosiques qu'à partir d'un certain volume. Les très petits implants bien visibles en laparoscopie ne sont généralement pas visibles en imagerie par résonance magnétique, même avec les techniques les plus modernes. Lésion ovarienne hyperintense en T1. La lésion ovarienne peut se réduire à une formation unikystique globalement hyperintense sur les séquences T1. Ailleurs, il peut s'agir de lésions ovariennes multikystiques dont certaines zones présentent un signal classique hypointense sur les séquences T1 et d'autres un signal hyperintense sur les séquences T1. Il est important d'évaluer l'évolution du signal de la zone hyperintense en T1 sur les séquences T2 et sur les séquences avec suppression de graisse. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? L'examen d'imagerie par résonance magnétique constitue l'examen d'imagerie de référence en matière d'endométriose. Échographie et 382 Endométriose t­ omodensitométrie n'ont pas d'intérêt dans cette pathologie. L'imagerie par résonance magnétique est particulièrement intéressante pour chercher des lésions d'endométriose profonde sous- ou extrapéritonéale, non visibles en cœlioscopie comme les lésions des ligaments utérosacrés, du torus, de la cloison vésicovaginale, de la cloison rectovaginale, de la paroi vésicale et de la paroi abdominopelvienne. L'IRM peut être également utilisée pour surveiller l'évolution d'une endométriose traitée. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? L'examen doit être réalisé dans les trois plans de l'espace. Les coupes sagittales sont particulièrement adaptées à la recherche de localisations au sein de la cloison vésicovaginale, de la cloison rectovaginale du rectum. Il faut associer des coupes pondérées en T1 et en T2 qui permettent d'apprécier l'évolution du signal lésionnel entre les deux séquences. La technique de suppression de la graisse est dans cette indication particulièrement intéressante, que ce soit sur les séquences pondérées en T1 ou en T2 car les lésions de petite taille et particulièrement les implants, peuvent être en hypersignal en T1 ou en T2 et être difficiles à distinguer de la graisse environnante quand son signal n'est pas supprimé. En revanche, l'injection de gadolinium n'est généralement pas nécessaire dans cette indication, sauf dans les rares cas pour lesquels on suspecte une dégénérescence maligne. COMMENT INTERPRÉTER ? L'atteinte ovarienne peut se faire de deux façons : présence de petits implants à la surface ovarienne ou développement d'une véritable masse par hémorragies répétées endo-ovariennes. L’endométriome ou kyste endométriosique ovarien, fréquemment bilatéral, peut être uni- ou multiloculaire. Sur les séquences pondérées en T1, il est généralement globalement en hypersignal. Sur les séquences pondérées en T2, il existe généralement un hyposignal qui peut occuper tout ou partie (avec parfois un niveau liquide-liquide) de la lésion en hypersignal sur la séquence pondérée en T1. L'association de cet hypersignal T1 à l'hyposignal T2 est due à la fois à la présence de produit de dégradation de l'hémoglobine (désoxyhémoglobine, méthémoglobine, hémosidérine) et à la forte viscosité du contenu du kyste et traduit donc le caractère chronique de la collection. Le kyste endométriosique a généralement une paroi épaisse. Il est fréquemment associé à la présence d'autres petits implants endométriosiques sur l'ovaire restant. Il est donc généralement facile de différencier le kyste Stratégie diagnostique 383 ­ ndométriosique d'un kyste hémorragique. Ce dernier est généralement e unilatéral, uniloculaire, ses caractéristiques morphologiques peuvent varier d'un cycle à l'autre. Il peut être à l'origine d'un hypersignal T1 (généralement moins net que celui de l'endométriome), mais on n'observe généralement pas d'hyposignal T2. Sa paroi est fine. Il n'existe pas à sa périphérie de petit implant endométriosique. Finalement, l'endométriome est facilement différencié d'un tératome présentant une composante graisseuse. En effet, cette composante graisseuse présente le même comportement que la graisse pelvienne sur les séquences pondérées en T1 et en T2 et son signal est annulé sur les séquences avec suppression de graisse. Les implants endométriosiques typiques ont le même signal que l'endomètre sur l'ensemble des séquences réalisées. En fait, ils subissent fréquemment des transformations fibreuses et/ou hémorragiques, leur signal devient alors très variable. Il s'agit d'un iso- ou d'un hypersignal T1, d'un iso- ou d'un hypersignal T2. La connaissance de cet hypersignal qui peut être observé en T1 ou en T2 explique qu'il est important d'utiliser des séquences avec suppression de graisse qui permettent d'optimiser le contraste existant entre les implants endométriosiques et la graisse pelvienne environnante. La détection de ces implants endométriosiques constitue les limites actuelles de l'examen d'imagerie par résonance magnétique du fait des limites de la résolution spatiale. Ainsi, il est encore à l'heure actuelle illusoire de détecter des implants endométriosiques millimétriques. En dehors de l'ovaire, les lésions d’endométriose profonde au niveau des ligaments utérosacrés (étendus des bords du col au sacrum), du torus (petit épaississement à l'insertion des ligaments utérosacrés en arrière du col, il n'est pas toujours visible à l'état normal), des cloisons vésicovaginale, rectovaginale, de la paroi de la vessie, des uretères et de la paroi abdominopelvienne, peuvent se présenter sous la forme de formations kystiques très comparables aux endométriomes ovariens. En fait, ils sont fréquemment transformés par une organisation fibreuse. Ils sont de plus petite taille et présentent un signal intermédiaire en T1, parfois ponctués de petites zones hyperintenses et un signal globalement hypointense en T2. Leur localisation élective dans la cloison rectovaginale, dans la cloison vésicovaginale, dans la paroi vésicale, dans la paroi abdominopelvienne et l'association à d'autres lésions d'endométriose permettent facilement d'en faire le diagnostic. Les adhérences pelviennes sont la conséquence de l'organisation fibreuse des hémorragies kystiques à répétition. Elles peuvent être visualisées directement sous la forme de bandes spiculées en hyposignal, notamment au niveau des ligaments utérosacrés et du torus. Il faut également suspecter l'existence d'adhérences sur la désorganisation de l'architecture pelvienne, l'angulation anormale des organes pelviens avec un aspect dentelé et 384 Endométriose déformé du rectum, la déformation de l'utérus qui peut être rétracté et la perte du liséré graisseux normal existant entre les différents organes du pelvis. En cas d'atteinte viscérale, l'endométriose adhère à la séreuse avec possible invasion de la muqueuse. COMPTE RENDU Le compte rendu doit inclure : n l'atteinte ovarienne uni- ou bilatérale sous la forme d'endométriomes ou d'implants ; n l'existence des localisations extra-ovariennes, implants, kystes, kystes remaniés notamment dans des localisations rétro- ou sous-péritonéales ; n l'évaluation de l'existence et de la gravité des adhérences pelviennes ; n la recherche systématique des lésions d'adénomyose. C HA P IT R E 37 Cancer bronchique primitif OBJECTIFS Diagnostic d'opérabilité. Mensuration des lésions avant traitement non chirurgical. TECHNIQUE Sommets pulmonaires → glandes surrénales. Plan transversal. Coupes pondérées en T1, T1 gadolinium, T2. Synchronisation cardiaque, dispositif de réduction des mouvements respiratoires. En fonction des lésions observées, on peut réaliser d'autres incidences, comme des incidences orthogonales à la paroi en cas de doute sur une extension pariétale de la tumeur ou des coupes obliques selon l'axe de l'aorte, pour étudier au mieux la fenêtre aortopulmonaire. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 388 Cancer bronchique primitif POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Localiser la tumeur, centrale ou périphérique, intéressant un ou plusieurs lobes Les scissures ne sont généralement pas repérées en imagerie par résonance magnétique, sauf s'il existe un épanchement pleural de petite abondance qui permet alors de les repérer. On sait que le contact ou même la déformation d'une scissure n'est pas synonyme de son envahissement. 2. Dimensions maximales de la tumeur Une pneumopathie obstructive associée est généralement différenciée facilement du signal de la tumeur. En revanche, il peut être plus difficile de différencier une atélectasie d'une tumeur. On peut s'aider du bombement paradoxal de la scissure et des différences de rehaussement entre la tumeur et l'atélectasie après injection de gadolinium. 3. Rechercher un envahissement pariétal Il faut chercher une extension de la lésion au sein des parties molles pariétales. En l'absence de signe patent, il faut mesurer la distance du contact entre la tumeur et la paroi. Une distance supérieure à 3 cm a une bonne valeur prédictive positive d'envahissement pariétal. Lorsque l'on suspecte un envahissement pariétal, il est important de réaliser des plans de coupes supplémentaires orthogonaux à la zone d'extension. 4. Rechercher un envahissement médiastinal On mesure également la distance entre la tumeur et la carène. On cherche une atteinte des vaisseaux et des cavités cardiaques. La recherche d'une atteinte médiastinale est importante puisque l'atteinte des cavités cardiaques, de la trachée, de l'œsophage, d'une vertèbre ou de la carène constitue en cela un critère d'inextirpabilité. En dehors de signes patents d'envahissement médiastinal, il est important de mesurer la distance sur laquelle la tumeur est en contact avec le médiastin, puisque l'on considère qu'un contact sur une distance supérieure à 3 cm a une bonne valeur prédictive positive de l'envahissement médiastinal. Points d'interprétation 389 Le contact, même avec disparition du liséré graisseux entre la tumeur et un vaisseau ou une cavité cardiaque ne suffit pas à affirmer son envahissement. 5. Rechercher des adénopathies médiastinales dont le petit diamètre doit être mesuré 6. Rechercher des métastases osseuses, surrénaliennes, hépatiques, pleurales Il peut être difficile en IRM de détecter une petite métastase pulmonaire controlatérale. Envahissement cardiaque. L'imagerie par résonance magnétique est particulièrement adaptée à l'analyse de l'envahissement du cœur et des gros vaisseaux du fait du contraste vasculaire spontané de bonne qualité. On peut réaliser des séquences classiques qu'il s'agisse de séquences T1, ou de séquences d'écho de gradient T2. Il peut être utile de compléter l'examen par des coupes dynamiques en mode ciné-IRM. Quelle que soit la séquence utilisée, il s'agit d'analyser les limites précises de la lésion tumorale et ses rapports avec les gros vaisseaux ou les cavités cardiaques. Il peut être utile de préciser l'état des parois des gros vaisseaux ou des cavités cardiaques. Envahissement médiastinal. L'IRM est un excellent examen pour analyser l'extension au médiastin d'une tumeur thoracique. En effet, il existe un contraste spontané d'excellente qualité entre la tumeur généralement hypointense en T1, la graisse médiastinale hyperintense en T1 et les vaisseaux généralement à l'origine d'un vide de signal. La séquence T1 est vraisemblablement la séquence la plus adaptée pour analyser cet envahissement médiastinal qui peut se faire sous la forme d'anomalies hypointenses, linéaires au sein de la graisse du médiastin ou par l'existence d'une véritable masse qui pénètre le médiastin et qui se comporte comme la tumeur d'origine. Le contraste vasculaire spontané de bonne qualité permet de plus d'analyser l'extension de la tumeur aux vaisseaux. 390 Cancer bronchique primitif Envahissement pariétal. L'IRM est une technique adaptée à l'analyse de l'envahissement pariétal, qu'il s'agisse de la paroi latérale ou des parois supérieures. Il existe un contraste d'excellente qualité entre la lésion et les plans graisseux et musculaires de la paroi. Il est important de réaliser des coupes perpendiculaires à l'axe d'invasion. Ainsi, il peut s'agir de coupes sagittales ou frontales en cas de tumeur de l'apex. On analyse la pénétration de la lésion tumorale au signal caractéristique, au sein des plans graisseux caractérisés par un hypersignal et des plans musculaires caractérisés par un hyposignal. Si les limites de la tumeur ne sont pas simples à individualiser, une injection de gadolinium peut être nécessaire. Envahissement vertébral. L'imagerie par résonance magnétique est une technique parfaitement adaptée à l'analyse de l'envahissement vertébral. Il existe effectivement un contraste d'excellente qualité entre la lésion et les plans osseux. Il est important de réaliser des coupes perpendiculaires à l'axe d'invasion. Ainsi, il s'agit généralement de coupes frontales ou transversales pour l'extension aux corps vertébraux. On analyse la pénétration de la lésion tumorale à la corticale, à la médullaire et on recherche une éventuelle extension intracanalaire. Épaississement péricardique. En IRM l'épaississement péricardique est facile à reconnaître puisque le péricarde est visualisé sous la forme d'une ligne fine au signal hypointense, silhouetté en dedans par la graisse épicardique et en dehors par la graisse médiastinale. On différencie facilement un épaississement péricardique d'un épanchement péricardique. Outre les caractéristiques morphologiques (caractère homogène et régulier de l'épanchement) l'épanchement péricardique est à l'origine d'un hypersignal sur les séquences T2 alors que l'épaississement péricardique est à l'origine d'un signal intermédiaire. Lorsque l'épaississement péricardique est marqué, il faut se servir de l'injection de gadolinium pour analyser la prise de contraste qui peut être homogène ou hétérogène. Points d'interprétation 391 Épanchement péricardique. Le péricarde normal est très facilement reconnu en IRM, notamment en T1 où il est visualisé sous la forme d'une fine ligne, parallèle au myocarde qui sépare deux compartiments graisseux à l'origine d'un hypersignal, la graisse épicardique en dedans et la graisse médiastinale en dehors. En cas d'épanchement, il existe un épaississement de cette ligne, variable en fonction de l'abondance de l'épanchement qui traduit la présence de liquide entre les deux feuillets. Cet épanchement est à l'origine d'un hyposignal en T1 non rehaussé lors de l'injection de gadolinium et d'un hypersignal très net en T2. Un épanchement péricardique minime, notamment observé en rétrocardiaque et dans les récessus péricardiques supérieurs, peut être observé dans des conditions physiologiques. Épanchement pleural. L'épanchement pleural libre est reconnu sur l'existence de liquide présent dans les parties déclives du thorax et séparé du poumon par un bord net. Ce liquide est à l'origine d'un hyposignal sur les séquences T1, non rehaussé au cours de l'injection de gadolinium et d'un hypersignal très net sur les séquences T2. Le liquide peut également s'insinuer dans les scissures. Lorsque l'épanchement est suffisamment important ou lorsqu'il présente des poches cloisonnées, l'IRM peut être utile, notamment sur les séquences T2 pour différencier des zones de contenus différents. Extension intracanalaire. L'extension intracanalaire est facile à reconnaître en IRM notamment sur les coupes transversales. Il s'agit de préciser le degré d'extension de la tumeur au sein du canal. Il faut préciser s'il existe encore un liséré de liquide cérébrospinal, s'il existe un refoulement du cordon médullaire, voire des anomalies de signal du cordon médullaire. L'étage de l'anomalie doit être précisément repéré afin de guider les indications thérapeutiques. 392 Cancer bronchique primitif Lésion bronchique centrale. Les lésions bronchiques centrales se présentent sous la forme de masses arrondies ou infiltrantes développées à partir de bronches lobaires. L'IRM n'a que peu d'intérêt pour les lésions infiltrantes caractérisées par un épaississement localisé des parois des bronches, à la réserve des indications très particulières constituées par la possibilité d'obtenir des reconstructions sur le mode endoscopique virtuel, comme le scanner, avant la mise en place de prothèse. L'IRM est principalement utilisée pour les lésions bronchiques centrales développées sous la forme de véritables masses. En effet, l'IRM est particulièrement performante pour réaliser le bilan d'extension au médiastin, aux gros vaisseaux et aux cavités cardiaques. Lésion bronchique périphérique. Les lésions bronchiques périphériques sont le plus souvent visualisées en IRM sous la forme d'une masse. Lorsque la masse est complètement entourée d'air, le diagnostic de lésion parenchymateuse pulmonaire est évident. Dans les cas contraires, lorsque la masse appuie sur le médiastin, le diaphragme ou la paroi, on peut discuter le diagnostic de lésion à point de départ diaphragmatique, pleural ou sous-pleural ou pariétal. Dans d'autres cas, en cas de découverte précoce, une lésion bronchique périphérique peut être visualisée sous la forme d'un nodule, c'est-à-dire une lésion mesurant moins de 20 mm de diamètre. Les arguments pour la nature tumorale sont les irrégularités des contours, l'hétérogénéité, la prise de contraste et la taille de la lésion. Lésion pulmonaire hyperintense en T1. Les nodules pulmonaires sont facilement reconnus sur le caractère arrondi de la lésion qui doit mesurer entre 5 et 20 mm. L'ensemble du nodule ou certaines zones du nodule sont caractérisés par des régions hyperintenses sur les séquences T1, cet hypersignal atteignant généralement l'intensité du signal de la graisse. Points d'interprétation 393 On vérifie bien sûr qu'il s'agit d'une véritable lésion et non pas d'un artéfact de répétition dans le sens du codage de phase, d'une structure vasculaire (aorte, veine cave) ou d'une structure à signal très intense (liquide cérébrospinal). Masse pulmonaire unique. Il s'agit d'un signe très facile à reconnaître sur le caractère arrondi du processus occupant l'espace. Il faut simplement s'assurer que le point de départ du processus est effectivement le poumon et qu'il ne s'agit pas d'une masse médiastinale, pleurale, diaphragmatique ou extrathoracique développée dans le thorax. La question ne se pose pas lorsque l'ensemble du processus occupant l'espace est entouré d'air. Dans les autres cas, il faut se servir des capacités tridimensionnelles de l'IRM pour réaliser des coupes perpendiculaires à la zone de contact du processus occupant l'espace et de la structure de voisinage, afin d'analyser les angles de raccordement qui sont obtus par rapport à la zone de contact. Micronodule pulmonaire. C'est un signe facile à reconnaître sur le caractère arrondi de l'anomalie. Il s'agit simplement de mesurer le micronodule pour le différencier du macronodule ou nodule pulmonaire dont le diamètre est supérieur à 5 mm. En IRM, les micronodules pulmonaires sont généralement mieux visualisés sur les séquences pondérées en T2. Même s'il est assez courant d'observer des micronodules en IRM pulmonaire, il est clair que la tomodensitométrie reste l'imagerie de choix pour faire le diagnostic de micronodule pulmonaire et distinguer les micronodules bronchioloalvéolaires des micronodules interstitiels. 394 Cancer bronchique primitif Nodule pulmonaire. Il s'agit d'un signe très facile à reconnaître sur le caractère arrondi de l'anomalie. Il s'agit simplement de mesurer le nodule pour le différencier du micronodule (qui mesure moins de 5 mm pour la plupart des auteurs) et de la masse pulmonaire (qui mesure plus de 3 cm pour la plupart des auteurs). Il faut préciser le caractère unique ou multiple du ou des nodules, l'homogénéité ou l'hétérogénéité et l'intensité du signal. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? Le scanner et l'imagerie par résonance magnétique ont probablement des performances assez équivalentes pour l'étude du cancer bronchique primitif. Compte tenu de sa disponibilité et de son coût, l'examen tomodensitométrique est l'examen de première intention. Il permet d'effectuer l'analyse locale et locorégionale et la recherche de métastases, notamment hépatiques et surrénaliennes. De plus, il est possible, d'utiliser le guidage tomodensitométrique pour la biopsie de lésions primitives ou de lésions secondaires. L'imagerie par résonance magnétique est vraisemblablement à réaliser en première intention pour les lésions apicales (syndrome de Pancoast-Tobias). Parallèlement, l'examen par résonance magnétique est particulièrement performant pour analyser les extensions pariétales, médiastinales et cardiaques. Il existe effectivement un contraste de bonne qualité, notamment avec les gros vaisseaux et les cavités cardiaques. Pour les lésions apicales, l'IRM bénéficie particulièrement de la possibilité d'obtenir des coupes directes dans les plans frontal et sagittal et d'obtenir un excellent contraste entre la lésion tumorale et les plans graisseux des parties molles pariétales. La tomographie par émission de positons est particulièrement utile pour réaliser le bilan de l'extension ganglionnaire du cancer bronchique primitif, puisqu'à la différence du scanner ou de l'IRM la positivité d'une extension ganglionnaire repose sur des critères métaboliques. Les techniques d'IRM de diffusion corps entier pourraient à terme concurrencer la tomographie par émission de positons. L'examen échographique n'a que des indications marginales pour réaliser le bilan d'extension du cancer bronchique primitif. Il a été pratiqué par certaines équipes, notamment pour évaluer l'extension pariétale. Stratégie diagnostique 395 QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? L'examen est généralement réalisé après mise en place d'une synchronisation de l'acquisition des images à l'électrocardiogramme (gating cardiaque). On se sert également d'un dispositif de réduction des mouvements respiratoires. Le champ doit explorer l'ensemble des aires pulmonaires, des sommets des poumons aux glandes surrénales. On réalise principalement des coupes transversales, en T1 avant et après injection de gadolinium et des coupes pondérées en T2. En fonction des lésions observées, on peut réaliser d'autres incidences, notamment des incidences frontales et sagittales pour les lésions apicales, des incidences orthogonales à la paroi lorsqu'il existe un doute sur une extension pariétale de la tumeur ou des coupes obliques selon l'axe de l'aorte pour étudier au mieux la fenêtre aortopulmonaire. Lorsqu'il existe un doute sur une extension aux gros vaisseaux ou aux cavités cardiaques, on peut réaliser de plus une angiographie par résonance magnétique ou des coupes dynamiques en mode ciné-IRM. Il est possible que dans les années qui viennent, l'utilisation de produit de contraste superparamagnétique à fixation élective sur le système réticuloendothélial permette d'améliorer le bilan d'extension ganglionnaire. Il est également possible que les techniques d'IRM de diffusion corps entier puissent être exploitées pour l'analyse de l'extension thoracique et extrathoracique. COMMENT INTERPRÉTER ? Il s'agit d'abord de mesurer et de localiser la tumeur qui peut être centrale ou périphérique. Les tumeurs de siège central font généralement envisager une pneumonectomie alors que les tumeurs périphériques peuvent relever d'une lobectomie ou d'une bilobectomie. Il est important de mesurer précisément les dimensions maximales de la tumeur puisque cette donnée participe à la classification tumorale TNM préopératoire : n T1 : dimension inférieure à 3 cm, sans atteinte de la plèvre viscérale et sans atélectasie ou pneumopathie obstructive ; n T2 : diamètre supérieur à 3 cm et inférieur à 7 cm ou atteinte de la plèvre viscérale, atélectasie, pneumopathie obstructive ; n T3 : diamètre supérieur à 7 cm ou tumeurs atteignant la paroi, le diaphragme, la plèvre médiastine ou situées à moins de 2 cm de la carène ; n T4 : atteinte des cavités cardiaques, de la trachée, de l'œsophage, d'une vertèbre ou de la carène. 396 Cancer bronchique primitif Pour les tumeurs centrales, il peut être parfois difficile de différencier la lésion tumorale d'une atélectasie ou d'une pneumopathie obstructive de contact. En dehors des signes morphologiques, il est important d'analyser les coupes pondérées en T2 et en T1 après injection de gadolinium qui montrent généralement que la tumeur et l'atélectasie ou la pneumopathie obstructive ont des signaux différents. Il faut chercher un envahissement pariétal qui est diagnostiqué lorsque s'interrompt le liséré normal de graisse extrapleurale envahie par un tissu tumoral d'intensité intermédiaire en T1 et de signal élevé en T2. Ce contraste de bonne qualité entre tumeur et graisse extrapleurale est particulièrement utile pour les tumeurs de l'apex (syndrome de Pancoast-Tobias) qui envahissent l'ensemble des parties molles du creux sus-claviculaire. Pour ces tumeurs apicales, il est important de chercher une extension aux vertèbres, ce qui se fait au mieux sur les séquences obtenues dans le plan frontal. Il faut distinguer les véritables extensions aux corps vertébraux des modifications de signal des corticales au contact de la masse tumorale. Il faut chercher un envahissement du médiastin qui peut se limiter à une extension minimale à la graisse médiastinale, mais également se faire plus profondément vers la trachée, l'œsophage, les gros vaisseaux ou les cavités cardiaques. L'extension aux vaisseaux et aux cavités cardiaques est facilitée par le contraste vasculaire de bonne qualité qui existe en IRM. S'il existe un doute, on peut compléter l'examen par une angiographie par résonance magnétique ou des coupes en mode ciné-IRM. Il faut ensuite analyser l'ensemble des ganglions du médiastin et les mesurer. Plusieurs seuils ont été proposés pour mesurer un ganglion. Le seuil de 1 cm reste le plus utilisé, même si d'autres auteurs proposent de pondérer les dimensions ganglionnaires en fonction de leur localisation (11 mm pour les ganglions sous-carinaires et les ganglions paratrachéaux droits, 7 mm pour les ganglions paratrachéaux haut situés). La classification préopératoire concernant l'existence d'adénopathies se fait selon : n N0 : pas de ganglion ; n N1 : adénopathie péribronchique ou interbronchique ; n N2 : adénopathie médiastinale homolatérale ; n N3 : adénopathie médiastinale controlatérale. On termine l'analyse par la recherche de métastases. Au terme de ce bilan, on peut séparer les différentes tumeurs pulmonaires en différents stades : n stade I : T1 ou T2 N0 M0 ; n stade II : T1 ou T2 N1 M0 ou T3 N0 M0 ; Stratégie diagnostique n n n 397 stade IIIa : T1 ou T2 N2 M0 ou T3 N1 N2 M0 ou T4 N0 N1 M0 ; stade IIIb : T4 N2 M0 ou tout T N3 M0 ; stade IV : présence de métastase quels que soient le T et le N. COMPTE RENDU Le compte rendu doit donc inclure : n la localisation de la tumeur ; n ses dimensions maximales ; n l'existence d'une atélectasie ou d'une pneumopathie obstructive ; n l'existence d'un envahissement pariétal ; n l'existence d'un envahissement médiastinal ; n la classification ganglionnaire ; n la présence ou non de métastases. Le compte rendu doit se terminer par la stadification de la tumeur en imagerie. C HA P IT R E 38 Tumeur du médiastin OBJECTIFS Caractériser la tumeur. Guider un éventuel prélèvement. TECHNIQUE Apex pulmonaires → bases pulmonaires. Plan transversal éventuellement complété de coupes dans les plans frontal et sagittal. Séquences pondérées en T1, T2, T1 après injection de gadolinium. Synchronisation cardiaque. Dispositif de réduction des artéfacts respiratoires. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 400 Tumeur du médiastin POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Préciser le mode de découverte Cette précision est indispensable. Des gammes diagnostiques très différentes dérivent d'une découverte fortuite sur un cliché radiographique thoracique ou d'une découverte lors d'une altération de l'état général, voire de signes de compression médiastinale. 2. Affirmer le siège médiastinal de l'anomalie et éliminer ­notamment des affections développées aux dépens de la plèvre médiastine, de la paroi thoracique et du parenchyme pulmonaire juxtamédiastinal par la réalisation de coupes dans des plans ­perpendiculaires à l'anomalie On élimine généralement facilement un épanchement pleural enkysté de la plèvre médiastine sur l'absence d'autre localisation pleurale. Il peut être plus difficile de différencier une tumeur médiastinale de la gouttière costovertébrale d'une lésion primitivement pariétale. Enfin, le diagnostic peut être difficile avec certaines affections médiastinopulmonaires comme le carcinome à petites cellules. 3. Confirmer le diagnostic de tumeur médiastinale et éliminer les pseudotumeurs En cas de découverte fortuite sur la radio de thorax, l'imagerie par résonance magnétique permet fréquemment de confirmer le diagnostic de pseudotumeur médiastinale. L'examen par résonance magnétique est notamment extrêmement utile lorsqu'il s'agit de pseudotumeurs vasculaires qu'il s'agisse d'anomalies congénitales ou acquises de l'aorte et des troncs supra-­ aortiques ou d'anomalies du système veineux. L'imagerie par résonance magnétique est également bien adaptée pour faire la preuve d'une lipomatose médiastinale, de volumineuses hernies hiatales ou d'autres hernies. 4. Localiser précisément la tumeur dans un des compartiments du médiastin Il existe plusieurs systèmes de compartimentation du médiastin. Le système classique qui divise le médiastin en neuf compartiments dans les directions antéropostérieure et supéro-inférieure reste probablement le plus utilisé. Lorsque la tumeur a une localisation caractéristique, il est utile de la préciser car les gammes diagnostiques sont assez spécifiques : gouttière costovertébrale, angle cardiophrénique antérieur, espace inframédiastinal postérieur… Points d'interprétation 401 5. Analyser les limites du processus tumoral Analyser les limites du processus tumoral et chercher une extension à la paroi, aux vaisseaux du médiastin, à la trachée. 6. Préciser le signal en T1, en T2, avant et après injection de gadolinium et chercher notamment des composantes ­calciques, graisseuses, liquidiennes 7. Guider un éventuel prélèvement Il faut savoir qu'en cas de tumeur du médiastin, la nécessité d'une classification exacte de la pathologie peut nécessiter une méthode permettant l'obtention de prélèvements volumineux, (médiastinoscopie, thoracoscopie…). Adénomégalie médiastinale. Le ganglion est facilement reconnu comme une masse ronde ou ovalaire à limites nettes. En T1, le ganglion est facilement différencié de la graisse médiastinale à l'origine d'un hypersignal et des vaisseaux du médiastin à l'origine d'un hyposignal franc. Le ganglion est rehaussé de façon variable après injection de gadolinium. En T2, il peut être plus difficile de reconnaître le ganglion dont l'intensité du signal reste généralement inférieure à celle de la graisse du médiastin. On parle d'adénomégalie médiastinale pour un ganglion dont le petit diamètre transversal est supérieur à 1 cm. Le critère de taille de 1 cm est largement imparfait, car les dimensions des ganglions médiastinaux normaux sont très variables en fonction du site ganglionnaire du médiastin. 402 Tumeur du médiastin Anomalie de la graisse médiastinale. Les anomalies de la graisse médiastinale sont vraisemblablement plus faciles à détecter en T1 où la graisse médiastinale est à l'origine d'un hypersignal tout à fait homogène. C'est en T1 qu'il est le plus facile de préciser le type d'anomalies observées, zones linéaires d'hyposignal, petites masses rondes, véritables masses inflammatoires. On peut également utiliser des séquences avec suppression de graisse. Il ne faut pas abusivement parler d'infiltration de la graisse médiastinale lorsque l'on observe une zone d'hyposignal limitée, à bords concaves, en place de la loge thymique qui peut correspondre à un résidu thymique, même après l'âge de 40 ans. Collection médiastinale. Les collections médiastinales sont facilement reconnues sur les séquences T1 où elles sont bien contrastées avec la graisse médiastinale de signal élevé. Les collections médiastinales peuvent être plus difficiles à reconnaître sur les séquences T2 sur lesquelles, quand leur signal n'est pas très élevé, elles peuvent être difficiles à distinguer de la graisse médiastinale. Si la collection est de petite taille, elle peut être difficile à reconnaître. Dans ce cas, on peut se servir de séquences très fortement pondérées en T2 qui favorisent le signal des liquides stationnaires. Lésion médiastinale. Les lésions médiastinales sont de tailles très variables. Elles peuvent être homogènes ou hétérogènes, bien ou mal limitées. Il faut localiser précisément la tumeur dans un des compartiments du médiastin, antérieur, moyen ou postérieur ou en se servant d'une compartimentation plus précise (gouttière costovertébrale, angle cardiophrénique antérieur, espace inframédiastinal postérieur, etc.). Stratégie diagnostique 403 Lésion médiastinale kystique. Les lésions médiastinales sont de taille très variable. Elles peuvent être homogènes ou hétérogènes. Il arrive que ces lésions soient kystiques. Elles sont alors à l'origine d'un signal hypointense sur les séquences pondérées en T1, d'un signal hyperintense sur les séquences pondérées en T2 et ne sont pas rehaussées par l'injection de gadolinium. L'intérêt d'effectuer le diagnostic de lésion kystique du médiastin permet effectivement de restreindre la gamme diagnostique : kyste bronchogénique, kyste pleuropéricardique, lymphangiome kystique. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? L'examen tomodensitométrique est fréquemment utilisé de première intention, notamment pour analyser des anomalies médiastinales découvertes sur un cliché radiographique du thorax. L'examen tomodensitométrique permet généralement de confirmer la présence d'une masse médiastinale, mais également d'approcher la caractérisation de la lésion. De plus, l'examen tomodensitométrique peut être utilisé pour guider la ponction d'une masse médiastinale. Un autre avantage de l'examen tomodensitométrique est d'obtenir une analyse précise du parenchyme pulmonaire. L'IRM est actuellement couramment utilisée et peut être considérée comme la modalité d'imagerie de référence pour évaluer les masses médiastinales. L'IRM présente l'avantage d'obtenir des coupes dans les trois plans de l'espace, un contraste spontané de bonne qualité, notamment avec les vaisseaux et les cavités cardiaques et d'être une modalité non ionisante. En revanche, les calcifications peuvent être difficiles à distinguer et l'analyse du parenchyme pulmonaire est moins fine. La médecine nucléaire peut être utilisée dans des indications spécifiques (recherche de tissu thyroïdien fonctionnel, de tissu parathyroïdien). La tomographie par émission de positons est principalement utilisée lors du bilan d'extension à la recherche d'adénopathies médiastinales pathologiques. L'échographie a une place relativement marginale pour l'exploration des masses médiastinales mais elle peut cependant être exploitée pour les masses adjacentes à la surface pleurale ou pour les masses de la région cardiophrénique. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? L'exploration doit couvrir l'ensemble du médiastin, des apex aux bases pulmonaires. Il est généralement nécessaire de synchroniser l'acquisition à l'électrocardiogramme (gating cardiaque) sauf éventuellement pour les tumeurs très haut situées (thyroïde, parathyroïde). Un dispositif de ­réduction 404 Tumeur du médiastin des mouvements respiratoires est souhaitable sauf pour les tumeurs très haut situées. Il faut obtenir des coupes dans les trois plans de l'espace, avec des séquences pondérées en T1, avant et après injection de gadolinium. On peut également utiliser des séquences pondérées en T2. Lorsque la tumeur médiastinale englobe les vaisseaux artériels ou veineux, des séquences d'angiographie par résonance magnétique peuvent être contributives. Il est possible que les séquences de diffusion aident à la caractérisation tissulaire. COMMENT INTERPRÉTER ? Il faut avoir confirmé l'origine médiastinale de la lésion. Ainsi, on distingue facilement un épanchement pleural enkysté de la plèvre médiastine d'une lésion primitivement médiastinale. La réalisation de coupes dans les trois plans de l'espace permet de différencier une localisation médiastinale de la gouttière costovertébrale, d'une lésion primitivement pariétale. En revanche, certaines affections sont véritablement médiastinopulmonaires, comme le carcinome à petites cellules. Une fois le siège médiastinal confirmé, il faut éliminer les pseudotumeurs médiastinales. Il s'agit le plus souvent d'anomalies vasculaires, anomalies congénitales artérielles ou veineuses (artère sous-clavière gauche, artère sous-clavière droite rétro-œsophagienne, double veine cave inférieure, retour veineux pulmonaire anormal, sinuosité inhabituelle des troncs supra-aortiques). Il peut également s'agir d'anomalies vasculaires acquises, telles que les anévrismes de l'aorte thoracique et notamment les anévrismes sacciformes ou les anévrismes de troncs supraaortiques, tels que ceux qui peuvent intéresser l'artère sous-clavière droite rétro-œsophagienne. L'imagerie par résonance magnétique est également bien adaptée pour faire le diagnostic d'une lipomatose médiastinale pseudotumorale, de volumineuse hernie hiatale ou d'autres hernies médiastinales antérieure ou postérieure. La caractérisation des lésions médiastinales doit s'appuyer sur deux systèmes : n la localisation de la tumeur au sein des compartiments du médiastin ; n la caractérisation tissulaire de la tumeur, et notamment la différenciation entre les lésions kystiques et les lésions solides. Les kystes bronchogéniques sont les lésions kystiques les plus fréquentes développées aux dépens du médiastin. Ils peuvent être développés dans tous les compartiments du médiastin mais sont le plus souvent visualisés au sein du médiastin moyen ou du médiastin postérieur. Ces lésions ont en général un signal très élevé sur les séquences pondérées en T2. Le signal est beaucoup plus variable sur les séquences pondérées en T1. Un niveau liquide-liquide peut être observé. Il n'existe pas de rehaussement après injection de gadolinium. Stratégie diagnostique 405 Les duplications digestives sont relativement comparables au kyste bronchogénique, elles sont généralement situées au contact de l'œsophage et leur paroi peut être plus épaisse. Les kystes péricardiques sont fréquents. Ils sont généralement développés au niveau des régions cardiophréniques et peuvent être également plus haut situés. Ils sont généralement arrondis et présentent un hyposignal net en T1 et un hypersignal net en T2, ne sont pas rehaussés lors de l'injection de gadolinium. Les méningocèles sont facilement reconnus par le rapport avec le foramen vertébral. Les kystes thymiques peuvent être congénitaux ou acquis. Ils peuvent uni- ou multiloculaires, le plus souvent développés aux dépens de la loge thymique. Ils présentent généralement le signal caractéristique des formations kystiques, même si le signal de ces formations peut être remanié par des modifications hémorragiques ou infectieuses. Les lymphangiomes kystiques sont généralement facilement reconnus sur leur caractère multiloculaire, leur hypersignal T2 et les éventuelles anomalies lymphatiques canalaires associées. Les masses solides peuvent souvent être caractérisées en fonction de leur siège médiastinal. Au niveau du médiastin antérieur, les thymomes présentent généralement un signal intermédiaire sur les séquences pondérées en T1 et en T2. Les masses thyroïdiennes présentent généralement un signal comparable à celui de la thyroïde normale et sont fortement rehaussées lors de l'injection de produit de contraste. Les adénomes parathyroïdiens sont généralement très fortement rehaussés lors de l'injection de produit de contraste. Les tératomes sont généralement très hétérogènes, avec présence de plusieurs comportements qui peuvent être des comportements liquidiens, graisseux et tissulaires. Les calcifications sont parfois difficiles à repérer. Les masses du médiastin postérieur sont généralement vertébrales ou nerveuses. Enfin, les masses ganglionnaires peuvent intéresser tous les compartiments du médiastin. COMPTE RENDU Le compte rendu doit donc inclure : n les dimensions de la lésion médiastinale ; n le siège précis de la lésion ; n le caractère bien limité ou mal limité de la lésion et son éventuelle extension aux structures de voisinage ; n le signal de la lésion, en T1, en T2, avant et après injection de gadolinium. On doit indiquer dans la conclusion la conduite à tenir proposée : diagnostic fait en imagerie ou nécessité d'un prélèvement biopsique ou chirurgical. C HA P IT R E 39 Dissection de l'aorte thoracique OBJECTIFS Confirmer le diagnostic de dissection de l’aorte thoracique. Différencier les dissections de l’aorte thoracique ascendante et de l’aorte thoracique descendante. Chercher des signes de gravité. Les dissections de l'aorte thoracique ascendante constituent une urgence chirurgicale vitale. Le scanner est probablement l'examen de première intention. Si le malade présente un état clinique stable, un examen d'imagerie par résonance magnétique peut rapidement permettre de faire le diagnostic, le bilan d'extension et de chercher des signes de gravité d'une dissection. TECHNIQUE Champs pulmonaires : apex → zone de l'aorte où s'arrête la dissection aortique. Plan transversal et plan sagittal oblique selon l'axe de la crosse de l'aorte. Séquences contrastées sang blanc ou sang noir. Angiographie par résonance magnétique (ARM) et ciné-IRM frontale passant par la racine de l'aorte. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 408 Dissection de l'aorte thoracique POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Mettre en évidence le flap et le double chenal Le flux ralenti dans le faux chenal peut en mode sang noir simuler une thrombose du faux chenal. La variation du signal au sein de ce faux chenal, d'une coupe à l'autre permet généralement de redresser le diagnostic. 2. Différencier les atteintes de l'aorte thoracique Différencier les atteintes de l'aorte thoracique ascendante et descendante, en repérant la première coupe sur laquelle est visualisé le flap. La distinction entre l'atteinte de l'aorte thoracique ascendante et celle de l'aorte descendante est absolument primordiale. La dissection de l'aorte thoracique ascendante est une urgence chirurgicale vitale. La dissection de l'aorte thoracique descendante est généralement traitée médicalement. 3. En cas de dissection de l'aorte thoracique ascendante Il faut chercher des signes de gravité : n un épanchement péricardique ; n une dissection associée des artères coronaires ; n une dilatation de l'anneau aortique et une régurgitation aortique. 4. En cas de dissection de l'aorte thoracique descendante se prolongeant sur l'aorte abdominale Chercher une dissection des efférences artérielles de l'aorte et notamment des artères rénales et digestives et rechercher le pôle inférieur de la dissection. En cas de dissection de l'aorte thoracique descendante, les coupes sont effectuées jusqu'à la fin de la dissection. Le vrai chenal est en général celui qui a la plus petite taille et qui circule le plus rapidement. 5. Mesurer l'aorte thoracique Mesurer l'aorte thoracique à l'orifice aortique, au niveau des sigmoïdes aortiques, à la jonction sinotubulaire, à la partie moyenne de l'aorte thoracique ascendante, au niveau de la crosse, à l'ostium de l'artère sous-clavière gauche et au niveau de l'aorte thoracique descendante. Points d'interprétation 409 6. Analyser le mécanisme physiopathologique de la dissection Cette analyse se fait en se servant de la classification morphologique de Svensson et notamment en analysant les orifices d'entrée et de réentrée. Bicuspidie aortique. La valve aortique normale est tricuspide. La bicuspidie aortique est une malformation congénitale fréquente. La valve aortique n'est plus formée que de deux valves cuspides. Cette bicuspidie est plus fréquemment associée à des lésions de sténose ou de régurgitation aortique. Le diagnostic de bicuspidie aortique est facile à effectuer en ciné-IRM. Il peut être un peu compliqué lorsqu'il existe un raphé qui peut faire passer une valve bicuspide pour une valve tricuspide. Dilatation aortique. Les dimensions de l'aorte thoracique sont aisément mesurées sur des séquences en écho de spin ou plus généralement sur des séquences à sang noir, ou sur des séquences d'écho de gradient exploitant le phénomène d'entrée de coupe et où le sang a un signal intense. Les dimensions de l'aorte doivent être mesurées dans un plan perpendiculaire à son grand axe, à l'orifice aortique, au niveau des sigmoïdes aortiques, à la jonction sinotubulaire, au niveau de la partie médiane de l'aorte thoracique ascendante, au niveau de la crosse de l'aorte, à l'ostium de l'artère sous-clavière gauche et au niveau de l'aorte thoracique descendante. On doit également analyser les dimensions des principales efférences artérielles. Double chenal. Quelle que soit la séquence utilisée, on distingue facilement le vrai chenal du faux chenal qui présente des différences nettes de signal, notamment sur les séquences dynamiques en mode ciné-IRM. Ces séquences de ciné-IRM permettent de plus la visualisation de réentrée, c'est-à-dire de communication entre vrai et faux chenal. Si l'on réalise une angiographie par résonance magnétique, il est utile de réaliser une série précoce et une série tardive pour sensibiliser les différences d'opacification puisque le mécanisme à l'origine de la différence de l'intensité du signal est ici dépendant de la vitesse d'opacification des vrai et faux chenaux. 410 Dissection de l'aorte thoracique Flap. Le flap est facilement reconnu en IRM sous la forme d'une ligne fine qui sépare le vrai du faux chenal. Le flap peut être visualisé sur les séquences sang noir, sur les séquences sang blanc ou sur les séquences dynamiques en mode ciné-IRM. Il peut également être visualisé sur les séquences d'angiographie par résonance magnétique après injection de gadolinium sur lesquelles il est à l'origine d'un signal inférieur à celui du sang circulant rehaussé par l'injection. Il faut se méfier des artéfacts de répétition de l'aorte qui peuvent, dans la direction du codage de phase, simuler un flap facilement reconnu puisque se prolongeant en dehors de la lumière artérielle. Flux de régurgitation aortique. Le flux de régurgitation aortique se traduit par une zone vide de signal au sein du ventricule gauche, lors de la diastole ventriculaire. Cette zone vide de signal traduit l'existence de turbulences qui font perdre au sang circulant son signal intense. En cas de régurgitation aortique, la zone vide de signal progresse à partir de l'appareil valvulaire vers la cavité ventriculaire gauche. Il faut analyser l'origine, la forme et la progression en mode dynamique de la zone vide de signal. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? Il s'agit principalement d'utiliser une modalité d'imagerie permettant d'obtenir un diagnostic rapide puisque les dissections de l'aorte thoracique ascendante constituent une urgence chirurgicale vitale. Plusieurs modalités d'imagerie peuvent être utilisées pour obtenir ce diagnostic. L'échographie cardiaque transpariétale est généralement peu utilisée car elle ne permet pas d'explorer dans de bonnes conditions l'ensemble de l'aorte thoracique. En contexte d'urgence, le scanner est à l'heure actuelle l'examen de première intention. Il peut être réalisé avec une synchronisation de l'acquisition à l'électrocardiogramme (gating cardiaque), ce qui permet d'obtenir des examens d'excellente qualité et d'évaluer notamment le réseau coronaire. Stratégie diagnostique 411 Le plus souvent cette synchronisation cardiaque n'est pas nécessaire et le volume d'exploration intéresse l'ensemble de l'aorte thoracique. L'IRM, lorsqu'elle est disponible, permet à l'heure actuelle des explorations rapides, permettant d'effectuer facilement le diagnostic de dissection aortique. De plus, l'IRM permet d'associer une exploration morphologique et dynamique de la dissection et de chercher plus facilement une régurgitation aortique. L'échographie transœsophagienne est également un examen très performant qui n'est pas forcément disponible en urgence dans tous les centres. QUELLE TECHNIQUE D'IMAGERIE ? Si l'IRM est utilisée en urgence pour effectuer rapidement la recherche d'une dissection de l'aorte thoracique ascendante, on peut se limiter à une séquence en mode sang blanc ou en mode sang noir, sans injection de produit de contraste qui permet de faire le diagnostic de dissection aortique et de différencier une atteinte de l'aorte thoracique ascendante d'une atteinte de l'aorte thoracique descendante. Dans les conditions d'urgence, cet examen peut être réalisé en quelques minutes. Si les conditions le permettent, un examen complet doit être réalisé, qui inclut des séquences morphologiques en mode sang blanc ou sang noir, une angiographie par résonance magnétique après injection de gadolinium et des coupes en mode ciné-IRM. L'ensemble des séquences est réalisé après une synchronisation avec l'électrocardiogramme (gating cardiaque). Les coupes morphologiques peuvent être réalisées en mode sang blanc (écho de gradient) ou en mode sang noir (écho de spin) dans les trois plans de l'espace, plan transversal, plan frontal, plan sagittal oblique selon l'orientation de la crosse aortique. La séquence d'angiographie par résonance magnétique tridimensionnelle est réalisée après injection de gadolinium. L'acquisition se fait pendant une seule apnée. L'analyse inclut la reconstruction tridimensionnelle MIP, mais également l'analyse de chacune des coupes natives et d'éventuelles reconstructions MPR ou MIP. Cette ARM permet d'effectuer le diagnostic de dissection aortique, de classifier la dissection, mais également de détecter l'emplacement de la porte d'entrée principale et d'éventuelles réentrées. L'examen est complété par des coupes mode ciné-IRM dans le plan frontal passant par la racine de l'aorte et dans un plan sagittal oblique selon l'axe de la crosse aortique. Ces séquences ciné-IRM permettent de chercher une régurgitation aortique et d'évaluer son importance. Elles permettent également de visualiser les différentes entrées et réentrées. Les séquences d'imagerie de phase permettent une analyse vélocimétrique. 412 Dissection de l'aorte thoracique COMMENT INTERPRÉTER ? Le diagnostic de dissection de l'aorte thoracique repose sur la mise en évidence du flap et du double chenal. Il s'agit ensuite de réaliser la classification topographique de la dissection de l'aorte thoracique en sachant que l'élément déterminant est la présence ou non d'une dissection de l'aorte thoracique ascendante. Deux classifications topographiques principales des dissections aortiques sont actuellement utilisées. La classification de De Bakey distingue trois stades : n la dissection de type I : atteint l'aorte ascendante et s'étend sur l'aorte horizontale et descendante au-delà de l'origine de l'artère sous-clavière gauche ; n les dissections de type II : la dissection se limite à l'aorte ascendante, prenant fin généralement à l'origine du tronc artériel brachiocéphalique. Ce sont ces deux types I et II qui constituent les urgences chirurgicales puisque l'atteinte de la racine de l'aorte peut entraîner une dilatation de l'anneau aortique ou une désinsertion valvulaire, qu'elle peut se compliquer d'une rupture dans le médiastin ou le péricarde et qu'elle peut être associée à une dissection des artères coronaires ; n la dissection de type III : correspond à une atteinte de l'aorte descendante. La dissection débute le plus souvent au pied de l'artère sous-­ clavière gauche. Certains différencient deux sous-types : • IIIa : limitée à l'aorte thoracique descendante sus-diaphragmatique ; • IIIb : avec une extension sous-diaphragmatique. La classification dite de Standford a l'objectif pragmatique de différencier les dissections nécessitant une intervention chirurgicale d'urgence des autres. Ainsi, le type Standford A inclut toutes les dissections qui intéressent l'aorte ascendante, qu'il existe ou non une atteinte de l'aorte thoracique descendante. Le type Standford B regroupe toutes les autres dissections qui n'intéressent pas l'aorte thoracique ascendante. Une fois cette classification effectuée, il faut répondre à d'autres questions : n identification des orifices d'entrée et de réentrée : ce sont probablement les séquences de ciné-IRM qui permettent le plus facilement de les identifier ; elles sont effectivement à l'origine de turbulences ou de flux complexes, identifiés par des zones vides de signal ; n l'extension aux collatérales et efférences artérielles : il peut s'agir d'une simple propagation directe de la dissection et du flap au sein de l'efférence artérielle, mais il peut également s'agir de l'hyperpression d'un Stratégie diagnostique 413 faux chenal qui vient occlure l'ostium d'une collatérale ou encore de l'alimentation insuffisante d'une collatérale par un faux chenal hypoperfusé ; n la dilatation de l'aorte : l'évaluation de la dilatation aortique doit se faire au moment du diagnostic, mais également lors de la surveillance au long terme des dissections aortiques. Effectivement, le flap intéresse l'intima mais également les deux tiers internes de la média ; ainsi, la paroi externe du faux chenal est beaucoup plus mince et prédispose donc à la dilatation secondaire de la lumière aortique. Enfin, il est utile d'obtenir une classification morphologique et physiopathologique de la dissection aortique. Effectivement, on a aujourd'hui étendu la définition de la dissection aortique en regroupant dans cette classification la dissection aortique dite classique d'autres atteintes de la paroi aortique, que l'on considère actuellement comme des dissections. Ainsi, la classification morphologique de Svensson comprend cinq classes : n la dissection aortique classique spontanée avec communication du vrai et du faux chenal est intitulée dissection de classe I ; n la dissection aortique de classe II correspond à un hématome intramural non communiquant avec la lumière circulante ; n la dissection de classe III correspond à une brèche intimale localisée avec une dilatation pariétale en regard ; n la dissection de classe IV correspond à un ulcère athéromateux pénétrant ; n enfin, la dissection de classe V correspond à une dissection iatrogène ou post-traumatique. COMPTE RENDU Le compte rendu doit donc inclure : n l'extension de la dissection et notamment l'atteinte de l'aorte thoracique ascendante ; n en cas d'atteinte de l'aorte thoracique ascendante, l'existence d'un hémopéricarde, d'une régurgitation aortique ou d'une atteinte des coronaires ; n les diamètres de l'aorte thoracique à l'orifice aortique, au niveau des sigmoïdes aortiques, à la jonction sinotubulaire, au niveau de l'aorte thoracique ascendante dans sa partie moyenne, au niveau de la crosse aortique, au pied de l'artère sous-clavière gauche et au niveau de l'aorte thoracique descendante ; n à chacun de ces niveaux, le rapport de surface vrai/faux chenal ; n une atteinte des différentes efférences artérielles. C HA P IT R E 40 Cancer du sein OBJECTIFS Caractériser une image ambiguë en mammographie/échographie. Dépister en cas de haut risque familial. Participer au bilan préthérapeutique. TECHNIQUE Acquisition de coupes sans injection en pondération T1 et T2 ± fat sat. Acquisition sans et avec injection dynamique de produit de contraste pour rechercher une néoangiogenèse tumorale, et donc une prise de contraste suspecte. IRM Pratique - 2ème édition © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 416 Cancer du sein POINTS D'INTERPRÉTATION 1. Avoir à sa disposition les images ou au minimum les comptes rendus de la mammographie ± échographie mammaire avant de réaliser l'IRM 2. Interpréter les résultats de l'IRM sein par sein 3. Décrire les images présentes sur les coupes sans injection (kystes, ganglions, masses solides, cytostéatonécrose, etc.) 4. Reconnaître une prise de contraste anormale (rehaussement supérieur à 100 % par rapport au signal de base) Il faut noter que certains cancers ont un rehaussement plus faible, à seulement 50 % du rehaussement de base ; il faut donc bien analyser simultanément la morphologie et la cinétique d'une lésion. 5. Décrire les prises de contraste morphologiquement suspectes selon le lexique BI-RADS de l'ACR (focus, masse, rehaussement sans syndrome de masse) 6. En cas de rehaussement glandulaire important, même sans lésion suspecte, signaler dans le compte rendu que l'IRM peut ne pas être contributive C'est le problème des rehaussements masquants qui peuvent être à l'origine de faux négatifs. Pour les réduire, on peut proposer de refaire l'IRM en première phase du cycle. 7. Terminer le compte rendu en donnant la catégorie d'évaluation de l'ACR et préciser la méthode de guidage de biopsie si une biopsie est envisagée Points d'interprétation 417 Il faut décrire les images et donner le score selon les images ; la conduite à tenir (en pratique faut-il faire une biopsie ou non) peut être différente selon le contexte (femmes à risque familial, antécédent de cancer du sein traité, etc). On peut décider de proposer une biopsie d'une image classée ACR3 (à surveiller de façon rapprochée normalement) chez une femme à haut risque familial. On distingue donc l'interprétation radiologique de la prise en charge, ce qui devrait être clairement précisé dans la future version de la classification ACR 2012. 8. En cas de bilan d'extension d'un cancer du sein, décrire précisément le nombre et la localisation des prises de contraste tumorales, par quadrant Ajouter éventuellement un schéma de cartographie. Au final c'est le chirurgien qui va apprécier si un traitement conservateur est faisable ou non, notamment en fonction de la taille des seins. 9. Confronter les données de la mammographie/échographie réalisée(s) avant l'IRM aux images IRM Collection liquidienne postopératoire. Après chirurgie ou radiothérapie, la cytostéatonécrose et les séromes sont fréquents. Il s'agit ici d'une collection postopératoire, faiblement intense mais un peu hétérogène en T1 (a), nettement hyperintense en T2, cette hyperintensité persistant en saturation de graisse (b). Il n'y a aucun rehaussement après injection (c : soustraction après injection), même si on peut aussi voir dans certains cas une prise de contraste fine périphérique, annulaire. Une cytostéatonécrose apparaîtrait en hypersignal T1 et hypersignal T2 qui disparaîtrait en suppression de graisse. 418 Cancer du sein Dépistage chez une femme à risque. Dépistage mammographique (a) et IRM (b). Femme mutée BRCA1. Le sein est dense, d'analyse difficile en mammographie. Celle-ci a été considérée normale. Il existe en fait une lésion suspecte inférieure droite, détectée facilement sur l'IRM avec injection et soustraction, montrant une prise de contraste spiculée de 2 cm. Lésion solide. Trois nodules ovalaires en hypersignal T2 de contours réguliers, ovalaires sont visibles sur cette séquence sagittale pondérée en T2. Les septums centraux hypointenses sont caractéristiques du fibroadénome (tissu conjonctif ). Lésion kystique. Les kystes sont hyperintenses sur cette séquence sagittale pondérée en T2 avec suppression du signal de la graisse. Quand ils sont remaniés, on peut déceler un niveau liquide-liquide horizontal (flèche). Points d'interprétation Multiples focus de rehaussement. Sur cette IRM sagittale dynamique après injection de produit de contraste et suppression de graisse (MIP) il existe de multiples focus de rehaussement diffus, correspondant à des prises de contraste glandulaires physiologiques. Ces prises de contraste peuvent masquer de réelles lésions suspectes. On peut proposer dans le cadre du dépistage de femmes à risque de refaire l'IRM à une autre phase du cycle, plutôt en première partie de cycle. Rehaussement en masse. Masse tumorale de rehaussement intense, hétérogène, de forme irrégulière, de contours spiculés, d'allure maligne. On la classe BI-RADS 5. La biopsie confirme le diagnostic de carcinome canalaire infiltrant. Rehaussement sans syndrome de masse. Les carcinomes canalaires in situ présentent le plus souvent un rehaussement sans syndrome de masse, plus difficile à interpréter que les rehaussements en masse. Dans ce cas, il s'agit d'un rehaussement segmentaire, hétérogène, orienté vers le mamelon. Une biopsie a confirmé le diagnostic de carcinome canalaire in situ. 419 420 Cancer du sein Rehaussement multifocal. Le sein gauche est rehaussé de façon intense, diffuse, avec des zones nodulaires multiples sur cette séquence dynamique après injection de produit de contraste et suppression de graisse. Il s'agit d'un cancer lobulaire infiltrant multifocal. STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE QUEL EXAMEN D'IMAGERIE ? Les indications de l'IRM du sein aujourd'hui sont les suivantes. 1. Recherche de récidive après traitement conservateur de cancer du sein La sensibilité et la spécificité de l'IRM sont supérieures à 90 % dans cette indication. Le sein irradié ne se rehausse que très faiblement, alors qu'une prise de contraste intense et précoce est évocatrice de récidive. L'IRM est indiquée devant une suspicion clinique et/ou radiologique, avec des difficultés de caractérisation ou de repérage de la lésion. Un délai par rapport au traitement est à respecter (faux positifs liés à l'inflammation) : 3 mois après chirurgie, 9 mois après radiothérapie. Si l'IRM est réalisée avant ces délais, il ne faut pas hésiter à la répéter en cas de résultats ambigus restant compatibles avec des remaniements post-thérapeutiques. Le taux variable de faux négatifs rapportés dans la littérature concernant les lésions in situ doit faire préférer la réalisation de macrobiopsies à celle d'une IRM en cas d'apparition de microcalcifications suspectes dans un sein traité. L'IRM n'est cependant pas systématiquement recommandée comme examen de surveillance en cas de traitement conservateur, en l'absence de facteur de risque particulier de récidive, car le taux de récidive reste faible, et les récidives habituellement facilement détectables par la mammographie ou l'échographie. 2. Bilan d'extension des cancers du sein En pratique, l'IRM est indiquée dans le bilan d'extension locale initial du cancer du sein, surtout dans les situations où la mammographie manque de performance, comme en cas de seins de densité élevée ou dans le cas de cancers lobulaires infiltrants, parfois occultes en mammographie ou échographie. L'IRM est la technique la plus sensible pour la mise en évidence de lésions multifocales (même quadrant), multicentriques (quadrants différents) ou controlatérales Une IRM postopératoire en cas d'exérèse incomplète peut être réalisée. Les recommandations de l'HAS (Haute autorité de la santé) en 2010 sont les suivantes : Stratégie diagnostique 421 cancer découvert chez une femme de moins de 35 ans, avec des seins denses ; n discordance de taille de plus de 1 cm entre la mammographie et l'échographie ; n cancer non clairement visible en mammographie ou échographie ; n cancer chez une femme à haut risque familial ; n au cas où une irradiation partielle du sein est envisagée ; n maladie de Paget du mamelon. n Étant donné que toute prise de contraste ne signifie pas pour autant un cancer, il est donc fondamental de pouvoir proposer aux patientes une biopsie guidée par IRM (ou scanner) en cas de suspicion de lésion maligne additionnelle, quand on ne peut la mettre en évidence par les techniques classiques. Les limites de l'IRM sont : une prise de contraste faible ou retardée dans le temps (composante fibreuse, lésion in situ, absence de stroma réaction), la non-caractérisation d'une composante micro-infiltrante, la non-détection possible d'une composante in situ associée à un cancer infiltrant. En pratique, on ne recommande pas systématiquement une IRM dans le bilan d'extension d'un cancer du sein, mais on la propose en cas de difficulté d'analyse ou de haut risque de multifocalité : cancer lobulaire infiltrant, femme de moins de 40 ans, ou avec seins denses, certains cancers de haut grade, adénopathies axillaires métastatiques et mammographie/échographie normales. 3. Évaluation de la réponse thérapeutique à la chimiothérapie néoadjuvante Les cancers du sein localement avancés représentent un groupe hétérogène de tumeurs de pronostic variable, selon le taux de récidive ou la survie. Ces cancers du sein localement avancés sont le plus souvent de mauvais pronostic avec un risque métastatique élevé et un risque de récidive locale accru. La taille tumorale est de plus de 3 cm. Les cancers du sein inflammatoires (T4d) sont également des tumeurs de mauvais pronostic touchant fréquemment les femmes jeunes avec prédominance des signes inflammatoires : rougeur, chaleur et infiltration cutanée tumorale. Ils sont également considérés comme des cancers localement avancés. Ces types de tumeurs sont aujourd'hui traités préférentiellement par chimiothérapie néoadjuvante ou première, dont le rôle essentiel est de pouvoir proposer un traitement conservateur et non pas une mastectomie. La réponse à la chimiothérapie est un facteur pronostique important qui influence la prise en charge chirurgicale et le type de chimiothérapie adjuvante postopératoire. Une réponse complète à la chimiothérapie néoadjuvante augmente le délai d'intervalle libre sans récidive et la survie. Le critère pronostique ayant la meilleure valeur prédictive négative est l'absence de maladie macroscopique résiduelle lors de la chirurgie. 422 Cancer du sein L'IRM est une des méthodes d'imagerie les plus fiables et pertinentes dans la prise en charge des cancers du sein localement avancés. L'IRM apparaît plus pertinente que la mammographie seule, ou la mammographie couplée avec l'échographie. L'IRM permet à la fois une étude morpho­logique et une étude fonctionnelle par l'analyse de la vascularisation. Ainsi l'IRM réalisée après chimiothérapie doit pouvoir aider à décider du traitement chirurgical, soit mastectomie en cas de fragmentation de la tumeur (pas de diminution du grand axe tumoral), soit un traitement conservateur en cas de bonne efficacité du traitement (disparition de la tumeur en IRM) ou de réponse concentrique (régression de tous les axes de la tumeur), surtout si le reliquat est de petite taille (< 2 cm). L'évolution tumorale en IRM n'est habituellement appréciable qu'après quelques semaines. En pratique, on réalise une IRM avant le début de la chimiothérapie et une IRM après quatre cycles de chimiothérapie, avant de décider d'une mastectomie ou d'un traitement conservateur. 4. Dépistage des femmes à haut risque de cancer du sein Plusieurs grandes études prospectives publiées récemment ont mis en avant l'intérêt de l'IRM dans le dépistage du cancer du sein chez les femmes jeunes porteuses de mutations génétiques (BRCA1, 2, P53, syndrome de Li-Fraumeni, ataxie-télangiectasie) qui représentent 5-10 % des cancers du sein. La sensibilité de l'IRM varie entre 77 et 95 %, contre moins de 50 % par rapport au couple mammographie/échographie. L'IRM permet par ailleurs de détecter chez ces patientes des cancers de petite taille, de bon pronostic, en raison d'un taux d'envahissement ganglionnaire nul ou faible. Les faux négatifs de l'IRM dans ces études étant principalement des foyers de microcalcifications malins, il est indispensable de réaliser systématiquement la mammographie malgré ses performances moyennes. Au cas où l'IRM permet de détecter une prise de contraste non visible sur les examens radio­ logiques, il faut refaire une échographie dirigée dans le territoire où la prise de contraste est visible en IRM. Dans 50 % des cas la lésion sera retrouvée malgré un bilan initial négatif. Si aucune lésion n'est visible en mammographie ou en échographie, avec une IRM positive, il faudra alors proposer une biopsie sous IRM ou bien sous scanner. Les protocoles de dépistage des femmes à risque génétique incluent actuelle­ment une mammographie, échographie mammaire et IRM annuelles, à partir de 30 ans. Les recommandations de l'IRM en dépistage concernent aujourd'hui les femmes à très haut risque de cancer du sein (mutations génétiques) mais également les femmes dont le risque calculé de cancer du sein dans leur vie est supérieur à 20 %, selon les recommandations de l’American Cancer Society. En revanche, l'IRM n'est pas recommandée pour un risque calculé inférieur à 15 %. Stratégie diagnostique 423 5. Caractérisation d'une lésion ambiguë en mammographie ou échographie, avec impossibilité de ponction De plus en plus d'IRM sont prescrites pour tenter de caractériser une image ambiguë, de nature indéterminée en mammographie ou en échographie (« impasse diagnostique »). Cependant, au cas où la lésion est classée BI-RADS 4 ou 5, il est toujours préférable, si la lésion est facilement accessible à une biopsie, d'obtenir une preuve cyto- ou histologique. Dans certains cas bien ciblés (difficultés dans la surveillance clinique et radio­ logique), on peut parfois s'aider de la valeur prédictive négative très élevée de l'IRM pour éliminer un processus infiltrant débutant. L'IRM peut alors être indiquée dans les cas suivants : image suspecte visible sur une seule incidence, image subtile non biopsiable en mammographie et non visible en échographie, asymétries focales de densité, lésions solides multiples douteuses en échographie, diagnostic différentiel entre un kyste compliqué ou affaissé et une tumeur solide avec cytoponction douteuse. 6. Évaluation des implants en silicone C'est un sujet émergent et de grande importance médiatique. Le gel de silicone est de nouveau autorisé en France depuis 2001. L'IRM du sein est la technique la plus performante en termes de sensibilité et spécificité en comparaison avec la mammographie et l'échographie pour la détection des complications de ces prothèses. L'IRM permet le diagnostic précoce de rupture intracapsulaire des prothèses en silicone (le gel de silicone reste circonscrit dans la capsule fibreuse réactionnelle). La difficulté de l'IRM réside dans une analyse en coupes de la prothèse (intérêt de deux plans d'études), alors que la mammographie numérisée fournit une vue globale de la prothèse. Le repliement anormal de l'enveloppe prothétique dans la capsule fibrotique (hyposignal) se traduit par un hyposignal linéaire partant de la coque dans le gel (hypersignal) et revenant vers la capsule (linguine sign). Ce signe est le plus spécifique de rupture intracapsulaire. On l'oppose aux simples plis prothétiques (par pression de la capsule fibreuse) qui eux sont en règle : n peu nombreux ; n plus épais que les hyposignaux de rupture prothétique avec un trajet partant de la coque et se perdant dans le gel ; n perpendiculaires au grand axe de la prothèse. Il est également possible de mettre en évidence, plus rarement, des ruptures extracapsulaires (fuite du gel en dehors de la pseudocapsule réactionnelle) avec formation de siliconome, La découverte d'une rupture intracapsulaire n'est pas une indication à l'explantation systématique de la prothèse, contrairement à la rupture extracapsulaire. 424 Cancer du sein Ces différents signes de rupture sont les mêmes quelles que soient les prothèses en silicone, mais plus fréquents en cas de prothèses PIP (Poly Implant Prothese®), avec un taux de rupture multiplié par deux, et un taux de perméa­ bilité de la membrane prothétique accru de 30 %. QUELLE TECHNIQUE ? Les patientes sont positionnées en procubitus. Les seins doivent être placés au centre de chaque orifice de l'antenne sein dédiée. Il faut faire attention à ce que la peau du sein ne touche pas les bords de l'antenne au risque de créer des artéfacts d'hypersignal pouvant masquer des prises de contraste superficielles. Le rôle du manipulateur est donc essentiel. Les patientes doivent être perfusées au pli du coude ou au poignet avec un long raccord afin de ne pas avoir à les ressortir de l'antenne au cours de l'examen pour vérifier l'injection. 1. Principes de base Le principe de base de l'IRM du sein est la détection d'un rehaussement anormal après injection de produit de contraste. Des séquences dynamiques avant et après injection de produit de contraste sont donc acquises sur 5 à 8 minutes afin de pouvoir analyser la morphologie et la cinétique du tissu et des lésions du sein dans le temps. Le sein étant majoritairement composé de graisse hyperintense en T1, il faut donc pouvoir supprimer le signal de la graisse pour faciliter la détection des prises de contraste. On peut ainsi réaliser : n des séquences dynamiques en suppression de graisse ; n des soustractions d'images : soustraction de l'image non injectée de l'image injectée ; n la combinaison des deux précédentes ; n des séquences en excitation d'eau (water excitation). Le choix de telle ou telle séquence dépend principalement des qualités propres de chaque machine, pour une bonne annulation du signal de la graisse. 2. Séquences de base Séquences dynamiques avec injection Il est indispensable de réaliser des séquences dynamiques injectées sauf pour l'exploration des complications des prothèses en silicone. Aujourd'hui, l'acquisition doit être bilatérale. En effet, l'IRM est de plus en plus prescrite pour le bilan d'extension des cancers du sein ou en cas de dépistage des femmes à haut risque de cancer du sein, et il est donc essentiel d'obtenir une imagerie sur les deux seins simultanément. Avec les IRM récentes, il est possible d'obtenir des images dynamiques en acquisition Stratégie diagnostique 425 sagittale ou axiale sur les deux seins, en 3D avec suppression de graisse en 1 minute, grâce à la technique de l'imagerie parallèle. Cette technique combine les signaux de plusieurs éléments d'antennes en réseau phasé afin de reconstruire l'image pour améliorer le rapport signal/bruit, ou bien accélérer l'acquisition et réduire le temps de séquence. L'acquisition 3D a l'avantage de permettre des reconstructions multiplanaires, ce qui est particulièrement intéressant pour le diagnostic de l'extension d'une tumeur à la paroi ou le calcul du volume tumoral ; elle permet également de réaliser des reconstructions MIP (maximum intensity projection), ce qui facilite l'analyse dans les trois plans de la lésion, et des rapports vasculaires. L'acquisition la plus facilement choisie aujourd'hui est l'acquisition dans le plan axial. L'avantage de ce plan est la facilité de comparaison des prises de contraste des deux seins, et a priori la détection d'une prise de contraste anormale. L'acquisition dans le plan sagittal permet d'obtenir des images de plus haute résolution car le champ de vue est plus petit et optimise donc la matrice. Par ailleurs, la suppression de graisse est habituellement plus homogène dans ce plan. Enfin, l'acquisition sagittale permettrait également une meilleure analyse des prises de contraste dans des zones glandulaires physiologiquement rehaussées, en permettant plus facilement l'étude anatomique. En revanche, le nombre de coupes nécessaires pour couvrir les deux seins est plus important, et toutes les machines ne permettent pas d'obtenir dans un temps court (< 1 min 30 s) l'acquisition bilatérale sagittale avec suppression de graisse. L'acquisition coronale permet de limiter les artéfacts de pulsations cardiaques, cependant les artéfacts respiratoires et de flux sont souvent plus prononcés dans ce plan. Ce plan d'acquisition doit plutôt être évité. Séquences en pondération T2 Il est indispensable de réaliser des séquences en pondération T2 dans le but de réduire les faux positifs. En effet, les lésions hypervasculaires après injection apparaissant nettement hyperintenses en T2 sont le plus souvent des lésions bénignes (fibroadénomes cellulaires, ganglions intramammaires, lésions hyperplasiques) et sont donc ainsi facilement négativées. Il est possible de réaliser des séquences en pondération T2 sans ou avec suppression du signal de la graisse. Si le choix de la suppression de graisse ou non en T2 relève souvent de préférences personnelles, il est plus facile de mettre en évidence de nets hypersignaux sur les séquences T2 avec suppression du signal de la graisse. Les recommandations européennes préconisent la réalisation de séquences en pondération T2, qu'elles soient avec suppression de graisse ou non. Certaines lésions malignes apparaissent également hyperintenses en T2, mais ce signal est habituellement beaucoup moins intense que celui d'un kyste ou d'un ganglion. 426 Cancer du sein Séquences optionnelles Les séquences en diffusion sont optionnelles. Les lésions malignes apparaissent hyperintenses en diffusion avec un coefficient de diffusion (ADC) abaissé. Habituellement, on recommande l'acquisition de séquences en diffusion en b= 600 s/mm2 ou b = 800 s/mm 2, mais il n'y a pas de consensus. Schématiquement, comme dans d'autres types de tumeurs, la diffusion des molécules d'eau est réduite, ce qui entraîne une augmentation du signal et une diminution du coefficient de diffusion apparent (ADC). L'intérêt serait de pouvoir différencier des lésions malignes de lésions bénignes et donc de diminuer les faux positifs. Un autre but serait d'apprécier plus rapidement la réponse au traitement en cas de chimiothérapie néoadjuvante, car les variations de l'ADC sous chimiothérapie seraient plus précoces que les modifications de taille. COMMENT INTERPRÉTER ? 1. Faut-il privilégier l'analyse temporelle ou morphologique ? Les lésions malignes ont classiquement un rehaussement intense et rapide, avec un phénomène de lavage tardif ou wash-out (courbe de type 3) ; ou bien un rehaussement modéré mais prolongé dans le temps, en plateau, (courbe de type 2) alors que les lésions bénignes ont plutôt un rehaussement faible, retardé, mais progressif et prolongé dans le temps, (courbe de type 1). Cependant, le risque d'erreurs diagnostiques est élevé si l'on ne tient compte que de la cinétique de rehaussement ; en effet, la présence d'une cinétique en wash-out est un signe très spécifique de cancer mais peu sensible, présent dans seulement 20 % des cas. De même, les courbes de type 1 (cinétique de rehaussement progressive) sont retrouvées dans 45 % des cancers. Aujourd'hui l'amélioration de la résolution spatiale est telle, grâce aux séquences en 3D et à l'imagerie parallèle, qu'il est plus facilement possible de caractériser les lésions par leur morphologie. On tient donc beaucoup plus compte de la morphologie que de la cinétique, qui reste seulement un argument pour renforcer l'impression de bénignité ou de malignité donnée par l'analyse morphologique. Par ailleurs, c'est principalement la forme de la courbe qui est importante à analyser et non l'intensité de rehaussement en valeur absolue. 2. Interprétation des prises de contraste Il est fondamental de préciser que l'IRM du sein doit être interprétée en connaissance des résultats de la mammographie et/ou de l'échographie du sein. Stratégie diagnostique 427 L'interprétation des prises de contraste en IRM a été facilitée par la publication du BI-RADS en IRM (2003–2004). Cette standardisation initiée par l’American College of Radiology (ACR) comporte un lexique des images IRM puis une classification en catégories dans la conclusion du compte rendu, précisant l'orientation diagnostique et la conduite à tenir. Une révision de cette classification doit paraître en 2012. En pratique, on sépare les prises de contraste anormales en IRM en trois catégories : n masse ; n rehaussement sans syndrome de masse ; n focus. Masse Un rehaussement en masse (ou focal) est une prise de contraste visible dans les trois plans, sur les reconstructions multiplanaires ou MIP. Il y a donc une notion de volume. On analyse ensuite la forme, (régulière, lobulée, irrégulière), les contours (circonscrits, flous, irréguliers, spiculés), le rehaussement interne (homogène, hétérogène, en cocarde), avec cinétique en plateau ou wash-out (lavage précoce). Une lésion maligne infiltrante apparaît typiquement irrégulière, avec des contours spiculés, ou en rehaussement en cocarde, avec un rehaussement central hétérogène. Une lésion bénigne est habituellement ovale, de contours réguliers avec un rehaussement central homogène et une cinétique progressive. Rehaussement sans syndrome de masse Ils sont plus difficiles à évaluer et à diagnostiquer. Ils sont plus régulièrement rencontrés dans les cas de carcinomes intracanalaires ou de carcinomes lobulaires infiltrants. Ils ne correspondent pas à une image nodulaire en 3D. On distingue les rehaussements en zone focale (moins de 25 % d'un quadrant du sein), les rehaussements linéaires branchés (orientation canalaire), segmentaires (plusieurs canaux), régional unique (plus de 25 % d'un quadrant du sein) ou multiples. On rajoute dans cette catégorie les rehaussements diffus (plus fréquents dans la pathologie fibrokystique du sein) ou réticulaires (cancers inflammatoires). Focus Il s'agit d'un rehaussement de moins de 5 mm, trop petit pour être caractérisé morphologiquement ou cinétiquement. En pratique, on ne les cite que s'ils sont regroupés (au moins 3), et surtout chez des femmes à haut risque de cancer du sein. Dans ce cas, ils doivent être surveillés de façon rapprochée (IRM de contrôle à 3–6 mois). 428 Cancer du sein 3. Classification BI-RADS de l'ACR La conclusion d'un compte rendu IRM doit comporter un score selon les catégories de classification BI-RADS de l'ACR : n BI-RADS 1 : IRM normale ; n BI-RADS 2 : anomalie typiquement bénigne (kyste, prothèse, cytostéatonécrose typique) ; n BI-RADS 3 : anomalie très vraisemblablement bénigne (regroupement de focus homogènes, prise de contraste glandulaire en fin de cycle, etc.) ; n BI-RADS 4 : rehaussement suspect nécessitant une biopsie après échographie dirigée et/ou complément mammographique (masse de contours microlobulés) ; n BI-RADS 5 : rehaussement d'aspect malin (masse avec rehaussement en cocarde) ; n BI-RADS 6 : lésion maligne histologiquement prouvée (l'IRM a été réalisée dans le cadre d'un bilan d'extension, ou pour une évaluation thérapeutique) ; n BI-RADS 0 : IRM non concluante (soit par problèmes techniques, soit car le rehaussement glandulaire est tellement important que l'IRM n'est pas l'examen de choix). Une autre imagerie doit alors être proposée. COMPTE RENDU On décrit le type de sein selon l'importance relative du contenu en graisse, et du contenu glandulaire-conjonctif (de type 1 : graisseux, à type 4 : dense homogène). Ensuite on décrit sein par sein, la morphologie et le rehaussement des images anormales si elles existent (masse, non-masse, focus), selon le lexique BI-RADS. On tient compte de la morphologie et de la cinétique et on fait une analyse combinée. Le poids de la morphologie est plus important que celui de la cinétique. Enfin, on confronte les résultats de l'IRM à ceux de la mammographie et de l'échographie et on établit un score BI-RADS. À la fin du compte rendu, il faut préciser la stratégie (surveillance standard en cas de BI-RADS 2, surveillance rapprochée à 3 ou 6 mois en cas de BI-RADS 3, type de biopsie en cas de BI-RADS 4 ou 5). Index A Abcès ––cérébral, 258, 260 ––des parties molles, 97 ––toxoplasmique, 264 Adamantinome, 119 Adénocarcinome pancréatique, 306 Adénome ––hypophysaire, 276 ––parathyroïdien, 405 ––surrénalien, 318, 322 Adénomégalie ––médiastinale, 401 ––périrectale, 351 Adénomyose, 379 Adhérence pelvienne, 378, 379, 383 Algodystrophie ou œdème transitoire de la hanche, 15 Amputation méniscale, 20 Anévrisme, 222, 232 ––de l'aorte abdominale, 325–332 ––infectieux, 327, 332 ––inflammatoire, 331 Angiome hépatique, 295 Angiomyolipome, 310 Angle magique, 45 Ankylose ––des sacro-iliaques, 198 ––rachidienne, 197 Anomalie ––de la graisse médiastinale, 402 ––de la migration neuronale, 238 ––de perfusion du foie, 284 ––des contours du foie, 283 ––des contours du rein, 311 ––tissulaires périanévrismales, 327 Aorte thoracique ––ascendante, 407 ––descendante, 407 Aponévrosite plantaire, 45 Arthrite ––costotransversaire, 198 ––costovertébrale, 198 ––interapophysaire postérieure, 199 Arthrite septique, 95, 104 Arthropathie goutteuse, 46 Arthrose ––interapophysaire postérieure, 137, 189 ––interapophysaire postérieure lombaire, 139 Articulaires postérieures, 173 Articulation ––acromioclaviculaire, 64 ––sacro-iliaque, 6, 197, 205, 207 Atrophie ––corticale, 238, 251 ––du corps calleux, 245 Avant–pied, 41–62 AVC ––d'origine veineuse, 213 ––hémorragique, 212 ––ischémique, 212 B Bassin, 1–18 BI-RADS, 416 BI-RADS de l'ACR ––classification, 428 Bourrelet ––cotyloïdien, 16 ––glénoïdien, 77 Bourse sous-acromiodeltoïdienne, 74 Bursite, 61, 130 ––septique, 104 C Calcanéum, 47 Calcul biliaire, 301 430 Canal ––carpien, 82, 83, 91 ––cervical, 180, 188 ––rachidien, 136 Cancer ––bronchique primitif, 385–398 ––de l'endomètre, 365–370 ––de la prostate, 333, 339 ––de la vésicule, 307 ––de la vessie, 371–376 ––du col de l'utérus, 357–364 ––du rectum, 349 ––du sein, 415–428 ––du sein inflammatoire, 421 Cancer du sein, 415–428 Capsulite rétractile, 66 Carcinomatose méningée, 188, 192 Carcinome ––canalaire in situ, 419 Carcinome hépatocellulaire, 296 Carcinose péritonéale, 342, 348 Carpe, 81 Cavernome, 233 ––portal, 284 Cavité syringomyélique, 180 Cellulite, 99, 103 Céphalée, 221–228 ––aiguë, 222 ––chronique, 222 Cervicalgie, 187–194 Cheville, 41–62 Chiasma optique, 270 Cholangiocarcinome, 307 Cholédoque, 300 Chondrosarcome, 119 Cicatrice ––centrale, 285 ––épidurale, 140 ––intradurale, 141 ––postopératoire, 135, 148 Classification de Bosniak, 310 Cloisons ovariennes, 343 Coiffe des rotateurs, 63, 64, 70, 71 Collection ––médiastinale, 402 ––paravertébrale, 171, 176 Compression médullaire, 179–186 Index Conflit ––discoradiculaire, 141 ––radiculaire, 135 Cordon médullaire, 181, 184 Cotyle, 4 Coxarthrose, 7, 16 Cuisse, 1–18 Cystadénocarcinome, 347 Cystadénome ––mucineux, 347 ––séreux, 347 D Démence, 249 Dérivation ––périrénale, 311 ––portocave, 285 Diaphragme sellaire, 270 Dilatation ––anévrismale, 327 ––aortique, 409 ––des espaces périvasculaires, 251 ––des voies biliaires, 302 ––du canal de Wirsung, 302 ––ventriculaire, 252 Discite ––inflammatoire d'Anderson, 199 Discopathie dégénérative, 172 Disques intervertébraux, 137 Dissection de l'aorte thoracique, 407–414 Distorsion pelvienne, 379 Doigts, 79–94 Double chenal, 328, 409, 412 Duplication digestive, 405 Dysmorphie hépatique, 285 Dysplasie ––corticale, 238, 241 ––fibreuse, 117 E Effet de masse intracrânien, 231 Élargissement ––de la cavité endométriale, 368 Encéphalite, 258 ––à VIH, 268 ––herpétique, 260 Encéphalomyélite aiguë disséminée, 248 Index Enchondrome, 116 Encoche de Malgaigne, 66 Endométriome, 382 ––ovarien, 378 Endométriose, 347, 377–384 ––digestive, 380 ––profonde, 383 Énostose, 116 Enthésite ––interépineuse, 200 Envahissement ––cardiaque, 389 ––médiastinal, 388, 389 ––pariétal, 388, 390 ––veineux, 312 ––vertébral, 390 Épaississement ––de la paroi des voies biliaires, 302 ––de la paroi rectale, 351 ––des ligaments utérosacrés, 381 ––diffus de la paroi vésicale, 373 ––localisé de la paroi vésicale, 373 ––péricardique, 390 Épanchement ––péricardique, 391 ––pleural, 391 Épaule, 63–78 Épilepsie, 237–242 Érosion, 200 ––des berges osseuses des articulations sacro-iliaques, 200 Étroitesse canalaire, 137, 139 ––constitutionnelle, 188 Exostose, 116 Extension ––au fascia périrectal, 352 ––aux paramètres, 359 ––aux vésicules séminales, 353 ––extracapsulaire, 313, 337 ––extrasurrénalienne, 319 ––extravésicale, 374 ––intracanalaire, 391 ––rachidienne, 165 F Fascia périrectal, 352 Fasciite, 99 ––nécrosante, 96, 104 431 Fibroadénome, 418 Fibrome non ossifiant, 110, 117 Fissure méniscale, 25 Fistule artérioporte, 286 Flap, 328, 410, 412 Flux de régurgitation aortique, 410 Focus, 427 Foie stéatosique, 295 Fracture ––de contrainte du sacrum, 9 ––du scaphoïde, 89 ––du trochiter, 67 G Gaz ––intersomatique, 172 ––intradiscal, 174 ––intrasomatique, 151, 153 Genou, 19–40 Gliose, 239 H Hanche, 1–18 Hémangiome, 125 Hématome, 129 ––de la paroi artérielle, 214 Hématomes sous-duraux chroniques, 251, 254 Hémorragie, 218, 226 ––sous-arachnoïdienne, 226 Hépatomégalie, 286 Hernie, 137 ––cervicale, 190 ––discale, 138, 142, 147, 189 Hétérotopie, 241 Hydrocéphalie à pression normale, 250, 254 Hyperplasie nodulaire focale, 295 Hypertrophie prostatique, 338 Hypophyse, 270 I Ictère obstructif, 299–308 Îlot condensant bénin, 116 Implant, 423 ––en silicone, 423 Implant endométriosique, 378, 381, 383 432 Infarctus ––cérébral, 215 ––hémorragique, 216 ––jonctionnel, 219 ––lacunaire, 219 ––veineux, 219 Interruption ––de la zone jonctionnelle, 368 ––du liséré d'hyposignal, 374 Involution adipeuse du pancréas, 303 Irrégularité ––des voies biliaires, 300, 303 Ischémie ––cérébrale, 209–220, 226 ––profonde, 212 ––superficielle, 212 K Kyste ––anévrismal, 117 ––articulaire postérieur, 143, 148 ––bronchogénique, 404 ––du bourrelet glénoïdien, 68 ––endométriosique, 378, 382 ––mucoïde, 122, 125 ––osseux solitaire, 117 ––ovarien, 382 ––synovial, 85, 122 ––thymique, 405 L Lacunes, 253 LEMP, 268 Lésion ––ambiguë en mammographie, 423 ––bronchique centrale, 392 ––bronchique périphérique, 392 ––de Bankart, 68 ––dégénérative d'un coin vertébral, 201 ––démyélinisante, 247 ––des poulies digitales, 92 ––des tendons fléchisseurs, 93 ––du col, 358, 360 ––hépatique, 279–298 –– – bien limitée, 287 –– – hétérogène, 288 –– – homogène, 287 –– – hyperintense en T1, 288 Index –– – kystique, 288 –– – non rehaussée, 289 ––infectieuse du foie, 282, 295 ––intracrânienne –– – extra-axiale –– – intra-axiale, 223 ––kystique, 418 ––kystique du col utérin, 361 ––kystique rénale, 315 ––médiastinale, 402 ––méniscoligamentaire, 19 ––osseuse, 110 ––ovarienne –– – hyperintense en T1, 381 –– – kystique, 344 –– – mixte, 344 –– – multiloculaire, 344 –– – solide, 345 ––pancréatique –– – kystique, 304 –– – solide, 304 ––pulmonaire hyperintense en T1, 392 ––rénale, 309–316 –– – kystique, 312 –– – kystique atypique, 313 –– – mixte, 314 –– – solide, 313, 315 ––secondaire, 156 ––solide, 418 ––suprasellaire, 272 ––surrénalienne, 317 –– – hétérogène, 320 –– – homogène, 320 –– – hyperintense en T1, 321 Leucoencéphalopathie, 264 Leucopathie, 250, 253 Ligament, 90 ––croisé, 20, 34 ––fibulaire collatéral, 35 ––lunotriquétral, 91 ––scapholunaire, 91 ––tibial collatéral, 35 ––triangulaire du carpe, 90 Ligne jonctionnelle, 365 Lipome, 125, 129 ––intraosseux, 111, 118 Liposarcome, 123 Liséré périphérique, 289 Index Lomboradiculalgie, 133–148 Longue portion du biceps, 65 Lymphome, 119 ––cérébral, 267 Lyse ––corticale, 111 ––isthmique, 143 M Macroadénome hypophysaire, 275 Main, 79–94 Maladie ––d'Alzheimer, 255 ––de Kienböck, 90 ––de Paget, 112, 120 ––démyélinisante, 243–248 Malformation ––artérioveineuse, 232 ––vasculaire, 238, 242 Mammographie, 415 Masse, 427 ––des parties molles, 121–132 ––ovarienne, 341 ––paravertébrale, 156 ––péritonéale, 345 ––pulmonaire unique, 393 Matrice cartilagineuse, 112 Méningiome, 254 Méningite, 258 ––tuberculeuse, 192 Méningocèle, 405 Méniscectomie, 20 Ménisques, 20, 34 Métastase, 120 ––hépatique, 296, 297 ––leptoméningée, 166 ––osseuse, 168 Métatarse, 47 Microadénome hypophysaire, 275 Microcalcification, 420 Micronodule ––hépatique, 290 ––pulmonaire, 393 Mise au carré ––du corps vertébral, 201 Moelle osseuse, 160, 167 Mur postérieur, 151 Myélolipome, 322 433 Myélome, 156, 159–170 Myélopathie cervicarthrosique, 187, 190 N Nécrose du scaphoïde, 85 Neurosida, 263–268 Neurotoxoplasmose, 268 Névralgie ––cervicobrachiale, 187–194 ––d'Arnold, 187 Névrome de Morton, 49, 61 Nodule ––péritonéal, 346 ––pulmonaire, 394 O Obstruction des voies biliaires, 299 Occlusion artérielle, 329 Œdème ––cytotoxique, 212, 215 ––inflammatoire des articulations sacro-iliaques, 202 ––vasogénique, 224 Os acromial, 64 Ostéite, 95 Ostéochondrome, 113, 116 Ostéolyse corticale, 156 Ostéome ostéoïde, 113, 117 Ostéomyélite, 95, 176 ––aiguë, 100 ––chronique, 98, 99, 101 Ostéonécrose de la tête fémorale, 11, 14 Ostéosarcome, 118 P Paramètres, 358 Paroi vésicale, 372 Pathologie ––cérébrale infectieuse, 257–262 ––hypophysaire, 269–278 Phéochromocytome, 322 Pied diabétique, 104 Plancher sellaire, 270 Plasmocytome, 113, 119 Poignet, 79–94 Polyarthrite rhumatoïde (PR), 80, 90 Prise de contraste ––gyriforme, 215 ––nodulaire intracérébrale, 246 434 Processus ––expansif intracrânien, 238 ––intracanalaire extradural, 183 ––intradural extramédullaire, 183 ––occupant intracrânien, 231 Prostate ––centrale, 335 ––périphérique, 336 Pseudarthrose du scaphoïde, 85, 89 Pseudoanévrisme, 329 Pyomyosite, 95, 99 R Rachis ––ankylosé, 197 Radiculalgie, 147 Récidive herniaire, 135, 144, 148 Rehaussement ––en masse, 419 ––épendymaire, 259 ––hépatique –– – en mottes hyperintenses, 292 –– – hétérogène, 290 –– – homogène, 291 –– – périphérique, 291 ––méningé, 259 ––multifocal, 420 ––multiples focus, 419 ––sans syndrome de masse, 419, 427 Remaniement hémorragique intracérébral, 216 Remplacement ––graisseux séquellaire des sacro-iliaques, 202 Remplacement médullaire, 163 Rétraction capsulaire du foie, 292 Rotule, 28 Rupture ––de la coiffe des rotateurs, 74 ––de poulie digitale, 86 ––du ligament scapholunaire, 86 ––du tendon calcanéen, 52 S Sacro-iliaque, 195, 200 Sacro-iliite, 11, 205 ––infectieuse, 203 Saillie discale, 137, 144 Index Sarcome d'Ewing, 118 Sclérose ––en plaques, 248 ––hippocampique, 240 ––mésiale, 240 Sein, 416 SEP, 248 Séquestre, 97 Sinus ––caverneux, 270 ––sphénoïdal, 270 Skip métastase, 114 Spondylarthropathie, 177, 195, 205, 206 Spondylite, 177 ––de Romanus, 196, 203 Spondylodiscite, 171–178, 196 Spondylolisthésis, 145 Stéatose pseudotumorale, 282, 295 Sténose ––artérielle, 329 ––biliaire, 305 ––du canal de Wirsung, 305 Syndesmophyte, 197, 204 Syndromes rotuliens, 32 Synovite villonodulaire pigmentée, 126, 130 T Tassement ––ostéoporotique, 150 ––vertébral, 149–158 Tendon ––calcanéen, 41, 44, 58 ––de la coiffe des rotateurs, 74 ––tibial postérieur, 57 Ténosynovite ––de De Quervain, 91 ––septique, 104 Tératome, 405 ––ovarien, 348 Tête fémorale, 4 Thrombose ––anévrismale, 326, 330 ––portale, 293 ––veineuse cérébrale, 224, 226, 258 Tige pituitaire, 270 Toxoplasmose, 268 Tuberculose cérébroméningée, 261 Index Tumeur ––à cellules géantes, 118, 127, 130 ––apicale, 396 ––cérébrale, 229–236 ––de l'endomètre, 366 ––de l'ovaire, 341–348 ––du médiastin, 399–406 ––endométriale, 369 ––gliale, 241 ––hépatique, 282, 295 ––intra–axiale, 233 ––intracrânienne, 227 ––médiastinale, 400 ––osseuse, 107–120 –– – bénigne, 116 –– – maligne, 118 ––pelvienne, 342 ––prostatique, 334 ––vésicale, 372 U Uncodiscarthrose, 189 V Végétation, 346 Vésicule séminale, 334, 335, 339 Voie de dérivation artérielle, 330 Voies biliaires, 300 Voûte acromiale, 73 Z Zone jonctionnelle, 369 435