
vectors. It appears today as an essential complement to the
global care of patients with cancer.
Keywords Cognitive problems · Cognition · Chemotherapy
· Vulnerability · Chemofog · Emotional distress
L’amélioration globale de l’espérance de vie des patients trai-
tés pour un cancer est le résultat à la fois d’une augmentation
globale du niveau de qualité des prises en charge thérapeu-
tiques et d’une meilleure gestion des effets secondaires des
traitements du cancer (toxicité hématologique, digestive)
[12]. Cette optimisation des soins contribue à l’amélioration
de la qualité de vie des patients pendant et après leur traite-
ment du cancer. Or, certains symptômes encore sous-estimés
en termes d’impact négatif sur la qualité de vie des patients
sont à considérer [2]. Parmi ces derniers, les plaintes cogniti-
ves apparaissent fréquentes et parfois intenses [19].
La plainte cognitive, considérée par les neurologues et les
gériatres comme une diminution possible des capacités intel-
lectuelles dans la vie quotidienne, est banale à tout âge. Elle
revêt une importance particulière chez le sujet âgé du fait de
la crainte qu’elle ne révèle une maladie démentielle débu-
tante [6]. Dans la littérature oncologique, cette plainte cogni-
tive est qualifiée de chemobrain, cette appellation mettant
l’accent sur un lien potentiel avec les traitements du cancer
[8,14,18,20]. D’autres études font l’hypothèse d’un lien
entre les difficultés cognitives et le cancer lui-même, ou
encore l’effet de l’annonce du diagnostic de ce cancer. Le
terme de cancerbrain, également retrouvé dans la littérature,
traduit le caractère multifactoriel de ces troubles [4,11].
Les études menées depuis une quinzaine d’années sur les
processus cognitifs des patients atteints de cancer s’accordent
à reconnaître l’absence de corrélation entre intensité de ces
plaintes cognitives et résultats cognitifs recueillis au moyen
de tests standardisés. Les perturbations cognitives décrites
sont subtiles et sélectives, car centrées sur la mémoire épiso-
dique, la mémoire de travail, les fonctions exécutives et la
vitesse de traitement [16,17]. À ce jour, il y a une absence
de consensus quant à l’incidence des troubles selon la dose de
chimiothérapie [3]. La durée des troubles est transitoire et
peut s’étendre de six mois jusqu’à dix ans après le traitement
[5,17].
En revanche, une forte corrélation entre l’intensité de
la plainte cognitive et l’intensité de la détresse psycholo-
gique des patients est relevée de façon quasi systématique
[13]. Les principaux corrélats de la plainte mnésique sont
ainsi des facteurs psychoaffectifs : scores aux échelles de
dépression, d’anxiété, de bien-être [1,7,9,15], traits de per-
sonnalité [10], sensation d’isolement [7], défaut de support
social et façon dont le sujet appréhende ses difficultés (style
de coping) [15]. Par ailleurs, ce ressenti subjectif de désor-
dre cognitif est associé à une moindre qualité de vie des
patients [2].
Le lien entre le traitement des cancers et les plaintes
cognitives des patients est donc complexe et doit renvoyer
à une évaluation globale intégrant la prise en compte de la
détresse psychologique, fréquemment associée à la maladie
grave, et dont les effets peuvent perdurer au-delà de la durée
des traitements. L’humanisation de la prise en charge, l’amé-
lioration de la qualité des soins et la lutte contre les inégalités
de santé sont des objectifs importants du Plan cancer 2009–
2013[12]. C’est dans ce contexte que s’est créée à Gustave-
Roussy, important centre de lutte contre le cancer d’Île-
de-France, la consultation mémoire, qui propose aux patients
présentant une plainte cognitive une évaluation psycholo-
gique et neuropsychologique.
Description de la consultation mémoire
de Gustave-Roussy
L’objectif principal de cette consultation est d’accueillir une
plainte cognitive subjective persistante, de l’évaluer, l’iden-
tifier dans son étiologie possible et enfin de la prendre en
charge d’un point de vue cognitif et psychologique. La
consultation est accessible à tous les patients adultes même
ceux ayant été traités pour tumeurs cérébrales mais se trou-
vant en situation de rémission ou en pause thérapeutique au
moment de la consultation mémoire. Seuls les patients pré-
sentant des métastases cérébrales sont exclus du dispositif.
La consultation mémoire doit permettre d’associer éva-
luation neuropsychologique et évaluation émotionnelle. À
Gustave-Roussy, elle est assurée par une psychologue clini-
cienne par ailleurs spécialisée en neuropsychologie. La réu-
nion de capacités d’évaluation de la souffrance psychique et
de l’état cognitif des patients nous apparaît représenter un
facteur essentiel de réussite du déroulement de la consultation.
Le recrutement des patients est assuré par une communi-
cation large à destination d’une part des patients, sous forme
de plaquettes d’informations, et d’autre part du personnel
soignant, en sensibilisant médecins et infirmières cadres
par des réunions d’informations afin de faciliter l’orientation
des patients présentant une plainte cognitive exprimée ou
des troubles cognitifs repérés.
L’évaluation cognitive se déroule sur 1 h 30 à 2 h en
quatre temps, avec en premier lieu un entretien clinique
semi-structuré permettant une première évaluation clinique
de l’intensité de la plainte cognitive et de l’état émotionnel
du patient. Dans un deuxième temps, une évaluation cogni-
tive quantifiée et normée doit aboutir à la description fine
des troubles cognitifs. On explore de préférence les fonc-
tions cognitives décrites dans la littérature comme plus fré-
quemment fragilisées ou perturbées : vitesse de traitement,
mémoire épisodique, fluences, fonctions attentionnelles
[19]. Les tests cognitifs proposés sont résumés dans le
Tableau 1. Au regard des recommandations internationales,
Psycho-Oncol. (2013) 7:210-216 211