__________________________________________________________________________________________________________ DYNAMIQUE DES STRUCTURES
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique
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Par la suite, on se place toujours dans le cas d’excitations
discrètes ou discrétisées. De plus, sauf avis contraire, on considère
des structures discrétisées. L’état de la structure est alors défini par
un nombre fini de paramètres que l’on appelle
degrés de liberté
(en abrégé ddl) et sur lesquels on rapporte les excitations comme
les réponses. Une approche continue peut être faite sur les mêmes
bases, mais n’est pas développée ici, son application pratique
restant limitée : seuls des cas particuliers simples sont abordés au
paragraphe 2.4 pour servir de référence.
1.1.3 Domaine temporel et domaine fréquentiel
L’analyse du comportement dynamique d’une structure soumise
à une excitation quelconque peut, d’une manière générale, être effec-
tuée en restant dans le
domaine temporel
. Ainsi, si l’on considère
une excitation fonction du temps
x
(
t
), la réponse structurale
y
(
t
)
sera, sous réserve de linéarité, donnée par la relation (intégrale dite
de Duhamel) :
(1)
où
h
yx
(
t
) est la réponse
y
à une excitation
x
sous forme d’impul-
sion unité.
Cette relation (1) s’interprète en disant que le résultat est la super-
position des réponses à l’excitation décomposée en impulsions.
Cette approche nécessite donc le calcul d’une intégrale.
Une autre solution consiste à passer dans le
domaine des fré-
quences
f
(ou des pulsations
ω
= 2
π
f
), ce qui conduit à des opéra-
tions différentes et permet des interprétations complémentaires.
Cela peut être fait grâce à la transformée de Fourier qui, par sa réver-
sibilité, permet une bonne communication entre les deux domaines,
à certaines réserves près (cf. ouvrages de base sur le traitement du
signal) :
(2)
La première relation exprime la décomposition de la fonction du
temps en fonctions sinusoïdales et la deuxième reconstitue cette
même fonction à partir de ces fonctions sinusoïdales.
X
(
ω
) est une
fonction complexe, avec partie réelle et partie imaginaire, ou ampli-
tude et phase.
Dans le domaine des fréquences, l’équivalent de la relation (1)
s’écrit :
(3)
où
H
yx
(
ω
) est la réponse
y
à une excitation
x
sous forme de
sinusoïde de pulsation
ω
.
C’est une fonction complexe de la fréquence, dite
fonction de
transfert
, dont l’amplitude traduit l’amplification du mouvement et
la phase le déphasage entre excitation et réponse à la fréquence
considérée. C’est en fait la transformée de Fourier de
h
yx
(
t
), ce qui
justifie sa notation.
La relation (3) fait intervenir un simple produit, au lieu d’une inté-
grale dans (1), la liaison avec le domaine temporel étant assurée par
transformée de Fourier. C’est cette approche qui sera adoptée par
la suite, avec une présentation centrée sur l’utilisation des fonctions
de transfert.
Dans le cas de plusieurs excitations et/ou de plusieurs réponses,
la relation (3) peut se généraliser, toujours sous réserve de linéarité,
avec l’emploi du formalisme matriciel.
H
yx
représente alors une
matrice de fonctions de transferts entre le vecteur des excitations
X
et le vecteur des réponses
Y
. Ce formalisme nécessite l’emploi
de notations appropriées pour développer efficacement la
formulation : elles sont introduites au paragraphe 1.2.1.
1.1.4 Basses fréquences et hautes fréquences
Plus les fréquences d’excitation sont élevées, plus les longueurs
d’onde sont faibles et plus les formes engendrées par les réponses
sont complexes. Les méthodes de discrétisation habituelles
s’essoufflent
, soit par le volume de calcul engendré, soit par les
erreurs dues à une perte d’information. Le seuil au-delà duquel leur
efficacité devient médiocre délimite le domaine des
basses fré-
quences
: c’est celui où l’on sait caractériser économiquement le
comportement dynamique des structures et calculer ainsi de
manière convenable leurs réponses à une excitation de nature
quelconque.
On verra plus loin que la caractérisation dynamique d’une struc-
ture peut être faite en introduisant la notion de
mode propre
, qui
est une forme associée à une fréquence. La basse fréquence est
alors le domaine qui n’implique qu’un nombre limité de modes
propres. Ce domaine dépend donc essentiellement de la structure
considérée.
En
haute fréquence
, le mode propre devient une caractéristique
trop volumineuse, et l’on doit faire appel à des notions plus globales
comme la
densité modale
. En fait, ces méthodes sont surtout uti-
lisées pour des sollicitations acoustiques, domaine où la formulation
est difficile [13]. La plus connue est celle de l’analyse énergétique
statistique (
Statistical Energy Analysis
: SEA). Ces problèmes ne sont
pas abordés ici.
1.1.5 Différents types de mouvements
Dans le domaine fréquentiel, l’excitation la plus simple est
l’excitation sinusoïdale de fréquence
f
=
ω
/2
π
, de type
x
(
t
) =
X
max
sin (
ω
t
+
ϕ
). En utilisant le formalisme complexe, elle se
note
x
(
t
) =
X
e
i
ω
t
,
X
pouvant être complexe, son amplitude étant
l’amplitude du mouvement et sa phase étant le déphasage à
t
= 0.
La réponse d’une structure linéaire est une fonction sinusoïdale
de même fréquence
y
(
t
) =
Y
e
i
ω
t
,
Y
étant donnée par :
Y
=
H
yx
(
ω
)
X
(4)
conséquence directe de la relation (3).
Dans le cas d’une excitation périodique, donc décomposable en
un nombre fini de fonctions sinusoïdales, on peut appliquer la
relation (4) à chaque harmonique et reconstituer ensuite le signal
temporel.
Une excitation
x
(
t
) qui ne dure qu’un temps limité sera qualifiée
de transitoire. Dans ce cas, suivant la stratégie préconisée au
paragraphe 1.1.3, on peut encore utiliser la relation (3) grâce à la
transformée de Fourier (TF) :
(5)
X
ω
() ∞–
+∞
xt()ei–
ω
tdt=xt() 1
2π
-------
∞
–
+
∞
X
ω
()
e
i
ω
t
d
ω
=
⇔
Exemple
Si l’excitation est une superposition de deux fonctions sinusoïdales :
x
(
t
) =
x
1
sin (
ω
1
t
+
ϕ
x
1
) +
x
2
sin (
ω
2
t
+
ϕ
x
2
)
la transformée de Fourier va extraire ces deux fonctions (
ω
1
,
x
1
,
ϕ
x
1
) et (
ω
2
,
x
2
,
ϕ
x
2
), la relation
(3)
va calculer les deux réponses
sinusoïdales correspondantes avec les amplitudes
y
1
= |
H
(
ω
1
)|
x
1
et
y
2
= |
H
(
ω
2
)|
x
2
et les phases
ϕ
y
1
=
ϕ
x
1
+
ϕ
[
H
(
ω
1
)] et
ϕ
y
2
=
ϕ
x
2
+
ϕ
[
H
(
ω
2
)], et la transformée inverse restituera
y
(
t
) =
y
1
sin(
ω
1
t
+
ϕ
y
1
) +
y
2
sin(
ω
2
t
+
ϕ
y
2
).
Y
ω
() Hyx
ω
()
X
ω
()
=
xt
()
X
ω
()
TF Y
ω
()
yt
()
TF
1
–