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13 avril 2016
dard empirique
16
(
tableau 2
). En cas de portage de SARM hos
pitalier (au contraire du SARM communautaire), les taux de
guérison sont similaires en cas d’antibiothérapie empirique
couvrant le SARM ou non.
16
On peut s’interroger sur la pénétration des antibiotiques oraux
notamment jusqu’au tissu osseux en cas d’artériopathie sous
jacente. Pour certains antibiotiques (clindamycine, fluoroqui
nolones, linézolide, rifampicine, tétracyclines et cotrimoxa
zole), des études rapportent une biodisponibilité orale accep
table, associée à une pénétration suffisante dans la synovie et
dans
l’os,
étonnammentmême enprésence d’une macroangio
pathie ischémique.
17
Concernant les bêtalactames en adminis
tration orale, les concentrations tissulaires peuvent parfois
être basses.
Une revue systématique de la littérature réalisée par
l’IWGDF
(douze études randomisées contrôlées, retenues pour
l’ana
lyse) conclut
qu’aucun
antibiotique
n’est
supérieur aux autres
pour les infections du pied diabétique.
14,17,18
Finalement, au
cune étude
n’a
clairement montré la supériorité des agents
bactéricides par rapport aux bactériostatiques, ni la supériorité
d’une voie d’administration ou d’une durée d’antibiothérapie.17,18
Cas particulier de l’ostéomyélite
La durée optimale du traitement de l’ostéomyélite du pied
diabétique non amputé
n’est
pas connue avec certitude. Un
traitement de 46 semaines, associé à une intervention chirur
gicale (débridement et résection des tissus mous et osseux in
fectés ou nécrotiques), est recommandé.
3
Pourtant, certaines
études rapportent des taux de guérison atteignant parfois 60
70% en l’absence de traitement chirurgical. En fonction de la
situation clinique, si une chirurgie
n’est
pas envisageable ou
n’est
pas souhaitée par le patient, en l’absence d’ischémie cri
tique
ou
d’alt
é
r
ations
anat
omiques
fa
vorisant
l’h
ype
r
appui,
un traitement antibiotique seul peut être raisonnablement
effectué dans un premier temps; ceci tout en informant le pa
tient
qu’il n’y
a pas de garantie claire de guérison (ce qui est
cependant aussi valable pour l’approche chirurgicale, notam
ment en cas d’ischémie compromettante associée).
conclusIon
Les infections du pied diabétique sont un problème fréquent,
associé à une importante morbidité et dont la prise en charge
est multidisciplinaire.
2
La recherche clinique et dans le domaine
de la microbiologie a permis d’améliorer notre compréhension
de la pathophysiologie des infections du pied diabétique et
aut
orise
r
a
à
l’a
ve
nir
des
tr
ait
eme
nts
da
vantage
ciblés
.
P
our
l’antibiothérapie empirique, le choix doit être basé sur
l’his
toire du patient, la sévérité de la situation clinique et
l’épidé
miologie microbienne locale; pour les infections légères à
modérées, l’antibiothérapie empirique doit assurer la couver
ture pour
S. aureus
, les streptocoques et entérobactéries, et
doit être étendue pour les infections sévères à la couverture
des Gram négatif. Pour l’antibiothérapie ciblée, l’antibiotique
est choisi en fonction des résultats des cultures, en tenant
compte de la qualité des prélèvements. La littérature à dispo
sition ne permet pas de faire ressortir une classe d’antibio
tique, une voie d’administration ou une durée de traitement
idéale; les recommandations des sociétés comme
l’IDSA
font
donc encore référence. La prise en charge de l’ostéomyélite
destructive ou ischémique du pied diabétique associe inter
vention chirurgicale et antibiothérapie, bien qu’aucune étude
n’ait
permis de conclure que cette prise en charge était dans
tous les cas supérieure à une antibiothérapie seule. Finalement,
rappelons que toute infection du pied diabétique risque de
progresser et/ou récidiver si certaines conditions (l’hyperap
pui,
le
mauvais
équilibr
e
glycé
mique,
le
tabagisme,
l’h
ype
rt
e
n
sion, le respect des techniques de décharge, le chaussage adé
quat, le bon soin des plaies et le suivi podologique) ne sont pas
respectées ou corrigées, et ceci tout au long de la vie du patient.
Remerciements: Les auteurs remercient M. Christophe Paoli (podologie), M. Alain
Lacraz (physiothérapie prothétique) et M
me
Michelle Le Braz (Itinéraires cliniques)
ainsi que les équipes des Services de diabétologie, d’orthopédie et du Laboratoire
de bactériologie des HUG.
Conflit d’intérêts: Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêts en relation
avec cet article.
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implicaTions praTiques
Les infections du pied diabétique sont un problème fréquent,
associé à une importante morbidité et dont la prise en charge est
multidisciplinaire
Il faut distinguer l’antibiothérapie empirique, qui doit assurer la
couverture des pathogènes les plus fréquents en fonction de
l’épidémiologie microbiologique locale, de la sévérité de la situation
clinique et des antécédents de traitements antibiotiques, et
l’antibiothérapie ciblée, qui doit être adaptée aux résultats des
cultures de prélèvements tissulaires
Les pathogènes les plus fréquemment responsables des infections
du pied diabétique non sévères sont Staphylococcus aureus, les
streptocoques et les entérobactéries
Chez les patients avec une infection sévère, l’antibiothérapie
doit être élargie pour assurer la couverture des bactéries Gram
négatif
La littérature à disposition ne permet pas de faire ressortir une
classe d’antibiotique, une voie d’administration ou une durée de
traitement idéale; les recommandations des sociétés comme
l’IDSA (Infectious Diseases Society of America) font donc pour le
moment référence