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nutrition appliquée
Jusqu’ici, aucune étude d’observation à long terme n’a été
entreprise sur les effets des régimes à IG bas sur les compli-
cations cardiovasculaires.
Index glycémique : intérêt controversé
L’IG devait être une norme comparative, simple, précise,
et reproductible, mais ce n’est pas le cas pour de nom-
breuses raisons :
– Les modalités du calcul restent controversées. Plusieurs
limitations techniques au calcul de l’IG doivent être consi-
dérées en tant que déterminantes pour sa valeur. Plusieurs
experts considèrent la totalité de l’aire sous la courbe de
la glycémie comme vraie mesure de la disponibilité du
glucose plutôt que l’aire sous la courbe au-dessus de la
glycémie à jeun. Ceci atténue considérablement les diffé-
rences d’IG entre les aliments. Le choix de codifier la
réponse de glucose sur la valeur de deux heures a semblé
peu raisonnable parce que cette norme a été établie seu-
lement comme outil diagnostique dans le diabète du
type 2 et l’intolérance au glucose, et ne peut pas marquer
toute la période d’hyperglycémie post-prandiale. Les
patients présentant un diabète de type 2 exigent plus de
deux heures pour que la glycémie retourne aux concen-
trations normales. Les différences d’IG entre les aliments
rétrécissent considérablement lorsque de plus longues
périodes post-prandiales sont employées, comme par
exemple quatre heures [30]. L’IG a été conçu à l’origine
comme propriété inhérente d’un aliment, et pas comme
réponse métabolique d’un individu à cet aliment.
– De nombreux facteurs font en fait varier l’index glycé-
mique. L’index glycémique traduit principalement la
vitesse d’absorption de l’aliment. Ainsi, tous les facteurs
qui influent sur cette absorption vont donc le modifier.
L’aliment
Les changements de dimensions particulaires des aliments,
la méthode de traitement et la modification chimique modi-
fient l’IG. L’IG dépend de l’histoire du traitement, du stoc-
kage, de la maturité, de la découpe, et de la cuisson. Il est
également affecté par la méthode de préparation : la cha-
leur utilisée, la quantité de l’eau, et le temps de préparation
culinaire ont tous un effet significatif sur l’IG.
La composition du repas
Les différences entre les index glycémiques des aliments
sont perdues une fois que ces aliments sont consommés
dans un repas varié. Lorsqu’il existe plusieurs sources
d’hydrate de carbone, l’effet de l’aliment à IG bas est dilué
proportionnellement à la quantité d’hydrate de carbone
venant des autres aliments. La réponse glycémique diffère
selon les proportions de glucides, lipides et protéines. Plus
la proportion d’hydrate de carbone est importante, par
opposition aux protéines et aux graisses, plus l’IG est
haut. Les aliments riches en protéines augmentent la
sécrétion d’insuline sans augmenter la glycémie. De
même, l’ajout de graisses ralentit la vidange gastrique et
contribue de ce fait à baisser l’index glycémique [31].
L’état du sujet
Pour un même individu, tous les facteurs susceptibles de
modifier la vidange gastrique vont modifier l’index glycé-
mique, c’est le cas par exemple de l’heure de prise alimen-
taire : la vidange gastrique est plus rapide le matin [32].
Conclusion
Pour lutter contre l’augmentation du diabète et de l’obé-
sité, le message donné par la santé publique est clair :
diminuer l’apport calorique total et augmenter l’activité
physique. Pour lutter contre l’incidence des maladies car-
diovasculaires, une consommation faible de graisses satu-
rées est recommandée. Ce sont des recommandations sur
lesquelles nous pouvons tous convenir, et beaucoup de
travail est encore nécessaire pour les faire appliquer à
l’échelle de la population.
Bien que les études suggèrent que les aliments à index gly-
cémique élevé sont nuisibles pour la santé, il n’y a pas assez
de preuves scientifiques disponibles à ce jour pour lancer une
campagne de santé publique. L’index glycémique est une
notion intéressante qui permet de mieux comprendre les fac-
teurs de variation de la glycémie et qui donne un classement
des aliments. Son plus grand intérêt dans la pratique est de
remettre en cause certaines idées reçues, en amenant à réflé-
chir sur la physiologie.
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