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Actualités
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23/02/04
15:39
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Actualité Santé
AVC
Les jeunes ne sont pas épargnés
Apanage de la personne âgée, l’AVC existe aussi chez les jeunes.
Dans les pays occidentaux, son incidence serait même de 5 à
20/100 000 personnes. Cette pathologie pose de nombreux problèmes diagnostiques, étiologiques et thérapeutiques.
S
ur les 3 500 à 12 000 AVC*
(accident vasculaire cérébral)
survenant chez les moins de
45 ans annuellement, en France, 25 %
sont des hémorragies méningées,
25 % des hématomes et 50 % des AIC
(accidents ischémiques cérébraux).
Parmi les causes d’AIC, les principaux
responsables sont, par ordre de
fréquence : les dissections artérielles
(15 à 20 %), l’athérome précoce
(< 10 %), les cardiopathies emboligènes (5 à 10 %). Un bilan étiologique reste négatif dans pratiquement
un cas sur deux. Certains terrains prédisposent le sujet jeune à l’AVC : la
grossesse, l’accouchement, la prise
d’estroprogestatifs, la consommation
d’alcool et de drogues.
Diagnostic
La précocité du diagnostic, même et
surtout si des éléments manquent,
garantit un meilleur pronostic. Les
céphalées peuvent être les premiers
symptômes, ainsi qu’un déficit moteur
Focus
...
ou une aphasie. Peuvent également
exister des troubles des fonctions
cognitives de type confusionnel, des
vertiges. Ces symptômes, qui n’existaient pas jusque-là, et d’apparition
brutale chez une personne jeune
indemne de toute pathologie connue,
doivent alerter immédiatement. Ainsi,
tout déficit focal chez un sujet jeune
doit faire suspecter un AVC et mettre
en route les services d’urgences
appropriés. On entend par focal tout
symptôme pouvant être relié à l’atteinte d’une partie précise du cerveau,
donc potentiellement dans le territoire
d’une artère cérébrale.
À la consultation, l’heure d’apparition
des troubles est le premier élément
dont on doit tenir compte. Inférieur à
trois heures, le délai doit entraîner le
déclenchement des explorations vasculaires en urgence. C’est essentiellement l’IRM qui permet de poser le
diagnostic avec une quasi-certitude. Si
le centre d’urgence n’en dispose pas,
un scanner cérébral doit être fait sans
délai (sans injection de produit de
contraste). Ainsi, le diagnostic peut
être corrigé vers une autre pathologie :
une migraine accompagnée, une
Symptômes d’alerte les plus fréquents
Quand survient brutalement un des symptômes :
✓ Faiblesse, paralysie, engourdissement, perte de sensibilité, incoordination de la face,
du bras ou de la jambe d’un côté du corps.
✓ Diminution ou perte de la vision d’un œil ou des deux yeux, ou diminution partielle
du champ visuel.
✓ Perte soudaine de la parole, ou difficulté pour parler ou comprendre ce qui est dit,
trouble de l’articulation.
✓ Instabilité de la marche inexpliquée ou chute soudaine, trouble de l’équilibre, maladresse ou difficulté de la marche, en particulier en association avec l’un des symptômes
précédents.
✓ Trouble de conscience, stupeur ou coma, confusion ou agitation (rare), crise d’épilepsie
(rare).
✓ Vertige, vision double, perte unilatérale de l’audition (rare), nausée, vomissement,
céphalée (surtout si elle est inhabituelle).
Source: Urgences neurologiques, P. Amarenco et P. Niclot, Datebe éditions (Puteaux).
hémorragie méningée, une encéphalite herpétique par exemple, une phlébite, une atteinte tumorale. L’IRM permet aussi, en cas d’AVC avéré, de
visualiser une lésion intra-artérielle
thrombosante ou une dissection intrapétreuse. En 8 à 10 minutes, le bilan
peut être réalisé et le traitement
engagé. Un bilan étiologique est cependant nécessaire : à savoir un écho doppler, une exploration cardiaque à la
recherche d’une cardiopathie.
Traitement
Toujours dans le cas d’un début de
symptômes de moins de trois heures,
il faut envisager une thrombolyse
intraveineuse par rt-PA, sauf en cas
de contre-indications révélées à l’examen clinique. Cependant, le traitement thrombolytique ne doit pas être
banalisé. Il est fonction de l’importance de l’occlusion artérielle, de la
taille de l’infarctus en cours de constitution, du volume du tissu ischémié
concerné.
À distance de l’accident, et à titre
préventif, un traitement anticoagulant sera poursuivi en cas de cardiopathie à fort risque emboligène.
Sinon, un traitement anti-plaquettaire, associé à celui des facteurs de
risque lorsqu’ils existent, sera prescrit. À ne pas négliger : la prise en
charge psychologique. Une personne jeune qui entre brutalement
dans la sphère maladie a parfois du
mal à la quitter si elle n’est pas
aidée. C’est un rôle essentiel du personnel soignant de détecter aussi
cette souffrance morale et de la
prendre en charge. Depuis 1996,
l’OMS recommande d’orienter le
patient dans une unité de soins
intensifs neurovasculaires (USIN),
quel que soit le délai d’apparition
des symptômes. Toute suspicion
d’AVC doit faire l’objet d’un appel
immédiat du N° 15.
JB
* Données : urgences cérébrovasculaires de
la Pitié-Salpêtrière, Paris
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 52 • janvier-février 2004
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