Maladies inflammatoires Fréquentes et invalidantes En France, 600 000 à 800 000 personnes souffrent de rhumatismes inflammatoires chroniques. Ceux-ci peuvent survenir à n’importe quel âge et sont très fréquents. On n’en connaît toujours pas la cause. L e handicap premier est la douleur. Celle-ci est permanente et accentuée lors des poussées rhumatismales. La vie quotidienne devient difficile, les gestes les plus simples étant douloureux. De plus, ces maladies raidissent ou détruisent aussi bien les articulations périphériques que la colonne vertébrale. La plus fréquente d’entre elles et souvent la plus grave est la polyarthrite rhumatoïde (PR). Elle touche en majorité les femmes âgées de 40 à 50 ans. Elle détruit les articulations périphériques. Quinze pour cent des malades souffrent de la forme la plus sévère de PR, ce qui diminue de 5 à 10 ans leur durée de vie. De plus, chez 50 % des patients, la PR entraîne une mise en invalidité au bout de dix ans d’évolution. Une étude récente a montré que, en France, sur 1 109 malades atteints de PR, 35 % étaient en arrêt de travail et 19 % en invalidité à l’âge moyen de 45,2 ans. La pelvispondylite rhumatismale ou spondylarthrite ankylosante touche, elle, plutôt l’homme jeune. Elle raidit la colonne vertébrale. Quels traitements ? L’urgence est la prise en charge de la douleur. Le premier interlocuteur des personnes en souffrance est le généraliste. Grâce à l’arrivée de nouvelles technologies et de traitements plus efficaces, le rhumatologue devient l’interlocuteur privilégié. Bien que spécialiste, il met en pratique son savoir de la médecine générale en engageant une approche globale avec son patient. Car la douleur osseuse peut signifier, dans les cas graves, un cancer des os, mais aussi des atteintes délétères d’organes tels le 8 cœur, les reins, le système nerveux. Cette douleur peut être aussi le symptôme d’une ostéoporose ou encore l’effet d’un surpoids tout simplement. Le diagnostic doit être précoce et la prise en charge globale et pluridisciplinaire, associant le corps médical dans son ensemble et les autres personnels paramédicaux comme les kinésithérapeutes et les infirmiers. Le paracétamol compose le premier médicament. Entre celui-ci et les opioïdes forts, il en existe aujourd’hui une palette assez étendue. On peut citer l’association tramadolparacétamol, les anti-inflammatoires non stéroïdiens. La cortisone, y compris en infiltrations, reste incontournable pour traiter la douleur, l’inflammation ou les épanchements intramusculaires. Les agents anti-TNF sont des produits efficaces et révolutionnaires, mais chers. Quant aux antidépresseurs, ils ont une action possible directe sur la douleur physique mais aussi sur la douleur psychique, la dépression sévissant souvent chez le douloureux chronique. Les innovations thérapeutiques Il y a vingt ans, lors de sa mise sur le marché, le méthotrexate apportait déjà un important progrès dans le traitement des rhumatismes inflammatoires. Il reste le médicament de référence, mais d’autres thérapeutiques voient le jour. Le TNF est une substance qui joue un rôle majeur dans l’inflammation et les lésions articulaires. Les agents anti-TNF freinent ou arrêtent l’évolution de la maladie. Ces produits sont efficaces sur le plan clinique et sur les plans biologique et radiographique. Ils conviennent aux malades atteints Professions Santé Infirmier Infirmière - No 44 - mars 2003 de PR ou de spondylarthrite sé vère qui n’ont pas répondu aux traitements habituels. Leur tolérance est correcte mais ils augmentent le risque d’accident infectieux puisqu’ils agissent aussi sur la défense de l’organisme contre l’infection. On dispose aujourd’hui de plusieurs produits anti-TNF. L’infliximab est commercialisé en France depuis l’an 2000. Il s’utilise sous forme de perfusions intraveineuses lentes et nécessite une hospitalisation d’au moins une journée. L’étanercept (récepteur soluble du TNF) s’utilise par voie sous-cutanée à raison de deux injections par semaine que le patient peut se faire lui-même. Sa mise sur le marché est autorisée en Europe, mais il n’est pas encore commercialisé en France. L’adalimumab (anticorps monomodal) est un produit également utilisable par voie sous-cutanée. Sa demande d’autorisation de mise sur le marché est en cours. Il faut savoir que ces produits n’ont pas le même mécanisme d’action et doivent être adaptés à chaque patient. On dispose d’un autre agent biologique : l’anakinra (antagoniste du récepteur de l’interleukine1). Utilisé en injections sous-cutanées quotidiennes pour traiter la PR, ce produit freine l’évolution des lésions osseuses. Il est donc efficace sur le plan radiologique mais serait moins anti-inflammatoire que les agents TNF. Il devrait être commercialisé en France dans les mois qui viennent. Le coût de ces innovations thérapeutiques est élevé, d’autant que leur volume de fabrication reste encore insuffisant. Aussi peu de malades en bénéficient-ils. Ainsi les agents anti-TNF ne sont prescrits que dans les PR et les spondylarthrites sévères. Andrée-Lucie Pissondes Congrès de rhumatologie, Paris, novembre 2002.