LES DOSSIERS SCIENTIFIQUES DU THERMALISME Prise en charge précoce et pluridisciplinaire des rhumatismes inflammatoires 12 1 à 2 % de la population française sont touchés par des rhumatismes inflammatoires. Plus la maladie est diagnostiquée précocement, plus les chances d’arrêter le processus sont importantes. Le médecin généraliste est le premier acteur de ce dépistage et le coordonnateur de la prise en charge. Ce sont surtout des femmes entre 30 et 50 ans qui sont frappées par la polyarthrite rhumatoïde, alors que la spondylarthrite ankylosante touche majoritairement des hommes, jeunes. Le diagnostic précoce, fait dans les deux ans qui suivent l’apparition des symptômes, permet la prescription de thérapeutiques adaptées comme le méthotrexate et l’arrêt de l’évolution structurale de la maladie dans de nombreux cas. Si le patient ne répond pas ou présente un profil grave, ce sont alors les biothérapies qui prennent le relais. C’est l’écoute de la plainte des patients, leurs raideurs matinales, le gonflement des articulations, l’existence de douleurs articulaires dans les membres chez les patients souffrant de polyarthrite ou touchant plus particulièrement le talon, le bassin et le dos en cas de spondylarthrite, qui doivent interpeller le médecin traitant. L’examen clinique recherche des symptômes d’autres maladies inflammatoires comme le psoriasis. L’interrogatoire s’oriente aussi vers des antécédents familiaux. Les examens radiologiques et sanguins (VS) confirment l’état inflammatoire de l’affection. Le relais doit être rapidement passé au spécialiste pour confirmation du diagnostic et mise en route du traitement. LA HAS RECOMMANDE UNE PRISE EN CHARGE GLOBALE les permettent le maintien d’une insertion sociale. Le thermalisme, la balnéothérapie, l’ergothérapie, la pédicurie, les orthèses ont une visée fonctionnelle, voire antalgique si on y ajoute les massages. Ces derniers associés à des programmes d’exercices physiques permettent un gain d’amplitude. La fonctionnalité peut être préservée grâce aux effets des eaux thermales et aux activités d’aquagym. Enfin l’information et les messages thérapeutiques agissent à des fins éducatives. Le rôle des associations de patients est aussi souligné. Ainsi, l’AFP* a établi un partenariat avec la station thermale de Barbotan. Un accueil spécifique est réservé à ces adhérents avec un encadrement paramédical particulier, un aménagement des horaires, deux ateliers encadrés par un kinésithérapeute sur l’économie articulaire et les bénéfices de l’activité physique et de la relaxation. « L’accès à une prise en charge pluridisciplinaire est recommandé lorsque l’état clinique du patient nécessite l’intervention de nombreux professionnels », précisent les recommandations de la HAS. Elle débute par le travail conjoint du rhumatologue et du médecin traitant, qui peut s’associer à celui de la médecine physique et de réadaptation. Le spécialiste prescrit et évalue l’évolution. Le MG assure le suivi, voire la coordination entre les différentes interventions thérapeutiques non médicamenteuses préconisées par les autorités de santé. Des interventions * Association Française de polyarthpsychosociales et professionnel- rite. www.polyarthrite.org Trois questions au Dr Bernard Maligne, rhumatologue à Dax Comment l’éducation en santé se concrétise t-elle en cure thermale ? Il s’agit d’abord de prévenir les complications liées aux rhumatismes inflammatoires. La cure thermale s’inscrit comme un complément évalué au grade C des recommandations de la HAS. Le médecin thermal, au cours des trois consultations du séjour, conseille des orthèses, informe sur la maladie et personnalise les conseils de suivi thérapeutique. C’est aussi lui qui prescrit les soins de crénothérapie adaptés. A quels moments de l’évolution de la maladie, les bénéfices de >Prochain numéro : Psoriasis la cure sont-ils les plus profitables ? Une cure ne doit être prescrite qu’ en dehors des poussées, lorsque l’inflammation est contrôlée par le traitement de fond. Les effets se font ressentir pendant 6 à 7 mois et s’évaluent en termes de baisse de consommation d’antiinflammatoires. Le patient gagne aussi en amplitude articulaire et vertébrale. Quels sont les avantages et les limites du traitement de crénothérapie ? Le curiste acquiert de meilleures connaissances sur sa maladie. Il profite des infrastructures médicales et des soins adaptés à base d’eau, de boues ou de gaz thermaux. Le séjour est bénéfique parce qu’il provoque aussi une rupture avec le quotidien de vie et une meilleure acceptabilité de la maladie. Si les soins thermaux et le forfait médical sont pris en charge par l’assurance maladie et les complémentaires, les malades doivent parfois prendre leur séjour thermal sur leur temps de vacances : bien qu’ils soient en général jeunes et actifs ils ne bénéficient que rarement de congés maladie dans cet objectif. D’où l’importance d’une information sur les intérêts de la crénothérapie, en amont de la prescription.