Actualités 14 23/02/04 15:43 Page 14 Actualité Santé Pneumologie La BPCO, un nouveau défi La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie inflammatoire bronchique dont l’évolution peut être émaillée d’épisodes de bronchite aiguë, et qui entraîne une destruction progressive du tissu pulmonaire. L a BPCO est fréquemment à l’origine d’épisodes infectieux aigus, et est responsable de plus de 40 000 insuffisances respiratoires chroniques. Le taux de décès de 26 pour 100 000 en France, aujourd’hui, pourrait doubler d’ici à 2020 et placer la BPCO au troisième rang des grandes causes de mortalité (sixième en 1990). Évolution sournoise Focus ... Lorsqu’il apparaît un essoufflement rapide en cas d’effort, la maladie est déjà au stade d’une perte irréversible de la capacité respiratoire. Le traitement symptomatique doit être accompagné d’une prise en charge visant à accroître la tolérance à l’effort. La méconnaissance ou la sous-estimation de la gravité de la BPCO sont liées notamment à sa manière insidieuse d’évoluer lentement jusqu’à l’obstruction irréversible des voies aériennes. En effet, elle se manifeste, à ses débuts, par une toux et une expectoration matinales, des signes considérés souvent comme les conséquences banales du tabagisme (actif ou passif). La spirométrie permet d’évaluer l’état de la fonction de l’état respiratoire, à savoir le VEMS (volume expiratoire maximal dans la première seconde) et la CV (capacité vitale) ; un rapport VEMS/CV inférieur à 70 % après administration d’un médicament bronchodilatateur définit une limitation du débit expiratoire et confirme l’existence d’un syndrome obstructif incomplètement réversible (stade I). Certaines personnes avec une spirométrie anormale ne manifestent pas de toux et d’expectorations chroniques. Dans le stade II, apparaît un nouveau signe évocateur, l’essoufflement rapide en cas d’effort, pouvant aller jusqu’à la dyspnée même au repos. Le stade III correspond aux insuffisances respiratoires obstructives graves, avec troubles de l’oxygénation. Professions Santé Infirmier Infirmière N° 52 • janvier-février 2004 Facteurs de risque La BPCO est une maladie inflammatoire bronchique, différente de l’asthme. Dans la BPCO, l’inflammation est caractérisée par la présence des lymphocytes T CD8 (dont le rôle reste à élucider) et de macrophages neutrophiles avec une destruction emphysémateuse, tandis que dans l’asthme, on constate un afflux des éosinophiles et des lymphocytes T CD4 et la desquamation épaissie de l’épithélium, sans destruction du tissu pulmonaire. Le tabac est le premier responsable de la maladie, qu’il aggrave systématiquement lorsqu’elle est déclarée. Il a été démontré que la fonction respiratoire mesurée par le spirométrie décroît avec l’âge, et que ce déclin est beaucoup plus rapide chez les fumeurs. Autres facteurs de risque : une éventuelle exposition respiratoire aux polluants professionnels (solvants, poussières de silice, ciments, gaz toxiques, irritants, etc.), une pollution urbaine, une pollution domestique, des infections respiratoires et des conditions socio-économiques défavorables. Traitement Le traitement symptomatique des BPCO repose sur les bronchodilatateurs disponibles sous forme de courte ou longue durée : les bêta-2 mimétiques existant sous forme inhalée ou orale (avec comme effets indésirables : palpitations, tremblements, troubles du sommeil, troubles du métabolisme) et les anticholinergiques administrés par inhalation (effets indésirables : bouche sèche, goût métallique, glaucome à angle fermé). Le choix entre ces deux classes thérapeutiques dépend de la réponse individuelle sur les symptômes et de la survenue éventuelle d’effets secondaires. L’un des médicaments récemment développés dans la BPCO, le tiotropium (un anticholinergique de longue durée d’action efficace en une prise par jour), a démontré une plus grande diminution des exacerbations en fréquence et en durée par rapport au salmétérol. En revanche, l’efficacité des corticostéroïdes inhalés n’a pas été démontrée de façon formelle sur le risque relatif d’exacerbation, et leur indication en traitement de fond du phénomène inflammatoire sous-jacent ne concerne que les patients présentant des exacerbations répétées malgré une prise en charge optimale. En ce qui concerne les autres médicaments, les théophyllines n’ont d’intérêt qu’en cas de difficulté d’utilisation des bronchodilatateurs inhalés ou d’amélioration insuffisante de la dyspnée, et une antibiothérapie est évidemment justifiée en présence de signes d’infection (dans la moitié des cas, les exacerbations sont d’origine infectieuse). Par ailleurs, une vaccination antigrippale et antipneumococcique est recommandée. Par contre, les antitussifs, le fenspiride et les antileucotriènes sont déconseillés, et les antioxydants et l’almitrine doivent faire l’objet d’études complémentaires. Quant à l’oxygénothérapie, elle est déterminée par l’hypoxémie et, dans certaines conditions, une ventilation non invasive à domicile peut être proposée. Dans un nombre de cas très limité, on peut envisager une approche chirurgicale, la réduction du volume pulmonaire ou la transplantation. Enfin les comorbidités (cancer bronchique, dépression, malnutrition, ostéoporose, insuffisance cardiaque) doivent faire l’objet d’une surveillance particulière. La prise en charge devrait être partout multidisciplinaire : kinésithérapie, réentraînement musculaire, nutrition et soutien psychologique. Ludmila Couturier Les Colloques de Pharmaceutiques