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23/02/04
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Actualité Santé
Pneumologie
La BPCO, un nouveau défi
La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une
maladie inflammatoire bronchique dont l’évolution peut être émaillée
d’épisodes de bronchite aiguë, et qui entraîne une destruction progressive du tissu pulmonaire.
L
a BPCO est fréquemment à
l’origine d’épisodes infectieux
aigus, et est responsable de
plus de 40 000 insuffisances respiratoires chroniques. Le taux de décès
de 26 pour 100 000 en France,
aujourd’hui, pourrait doubler d’ici à
2020 et placer la BPCO au troisième
rang des grandes causes de mortalité (sixième en 1990).
Évolution sournoise
Focus
...
Lorsqu’il apparaît un
essoufflement rapide
en cas d’effort, la
maladie est déjà
au stade d’une perte
irréversible de la
capacité respiratoire.
Le traitement
symptomatique doit
être accompagné
d’une prise en
charge visant à
accroître la tolérance
à l’effort.
La méconnaissance ou la sous-estimation de la gravité de la BPCO sont
liées notamment à sa manière insidieuse d’évoluer lentement jusqu’à
l’obstruction irréversible des voies
aériennes. En effet, elle se manifeste,
à ses débuts, par une toux et une
expectoration matinales, des signes
considérés souvent comme les
conséquences banales du tabagisme
(actif ou passif).
La spirométrie permet d’évaluer
l’état de la fonction de l’état respiratoire, à savoir le VEMS (volume expiratoire maximal dans la première
seconde) et la CV (capacité vitale) ;
un rapport VEMS/CV inférieur à
70 % après administration d’un
médicament bronchodilatateur définit une limitation du débit expiratoire et confirme l’existence d’un
syndrome obstructif incomplètement réversible (stade I).
Certaines personnes avec une spirométrie anormale ne manifestent pas
de toux et d’expectorations chroniques. Dans le stade II, apparaît un
nouveau signe évocateur, l’essoufflement rapide en cas d’effort, pouvant aller jusqu’à la dyspnée même
au repos.
Le stade III correspond aux insuffisances respiratoires obstructives
graves, avec troubles de l’oxygénation.
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 52 • janvier-février 2004
Facteurs de risque
La BPCO est une maladie inflammatoire bronchique, différente de
l’asthme. Dans la BPCO, l’inflammation est caractérisée par la présence
des lymphocytes T CD8 (dont le rôle
reste à élucider) et de macrophages
neutrophiles avec une destruction
emphysémateuse, tandis que dans
l’asthme, on constate un afflux des
éosinophiles et des lymphocytes
T CD4 et la desquamation épaissie de
l’épithélium, sans destruction du tissu
pulmonaire.
Le tabac est le premier responsable de
la maladie, qu’il aggrave systématiquement lorsqu’elle est déclarée. Il a été
démontré que la fonction respiratoire
mesurée par le spirométrie décroît
avec l’âge, et que ce déclin est beaucoup plus rapide chez les fumeurs.
Autres facteurs de risque : une éventuelle exposition respiratoire aux polluants professionnels (solvants, poussières de silice, ciments, gaz toxiques,
irritants, etc.), une pollution urbaine,
une pollution domestique, des infections respiratoires et des conditions
socio-économiques défavorables.
Traitement
Le traitement symptomatique des
BPCO repose sur les bronchodilatateurs disponibles sous forme de
courte ou longue durée : les bêta-2
mimétiques existant sous forme inhalée ou orale (avec comme effets indésirables : palpitations, tremblements,
troubles du sommeil, troubles du
métabolisme) et les anticholinergiques administrés par inhalation
(effets indésirables : bouche sèche,
goût métallique, glaucome à angle
fermé). Le choix entre ces deux
classes thérapeutiques dépend de la
réponse individuelle sur les symptômes et de la survenue éventuelle
d’effets secondaires. L’un des médicaments récemment développés dans la
BPCO, le tiotropium (un anticholinergique de longue durée d’action efficace en une prise par jour), a démontré une plus grande diminution des
exacerbations en fréquence et en
durée par rapport au salmétérol. En
revanche, l’efficacité des corticostéroïdes inhalés n’a pas été démontrée
de façon formelle sur le risque relatif
d’exacerbation, et leur indication en
traitement de fond du phénomène
inflammatoire sous-jacent ne concerne
que les patients présentant des exacerbations répétées malgré une prise
en charge optimale. En ce qui concerne
les autres médicaments, les théophyllines n’ont d’intérêt qu’en cas de difficulté d’utilisation des bronchodilatateurs inhalés ou d’amélioration insuffisante de la dyspnée, et une antibiothérapie est évidemment justifiée en
présence de signes d’infection (dans
la moitié des cas, les exacerbations
sont d’origine infectieuse). Par ailleurs,
une vaccination antigrippale et antipneumococcique est recommandée.
Par contre, les antitussifs, le fenspiride
et les antileucotriènes sont déconseillés, et les antioxydants et l’almitrine
doivent faire l’objet d’études complémentaires.
Quant à l’oxygénothérapie, elle est
déterminée par l’hypoxémie et, dans
certaines conditions, une ventilation
non invasive à domicile peut être proposée. Dans un nombre de cas très
limité, on peut envisager une approche
chirurgicale, la réduction du volume
pulmonaire ou la transplantation. Enfin
les comorbidités (cancer bronchique,
dépression, malnutrition, ostéoporose,
insuffisance cardiaque) doivent faire
l’objet d’une surveillance particulière.
La prise en charge devrait être partout
multidisciplinaire : kinésithérapie, réentraînement musculaire, nutrition et
soutien psychologique.
Ludmila Couturier
Les Colloques de Pharmaceutiques
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