109: Anneaux Z/nZ. Applications. Pierre Lissy December 18, 2009 1 L'anneau Z/nZ 1.1 Dénition.[2] Dénition-proposition 1. Considérons l'anneau des entiers Z. Ses seuls idéaux sont les ensemnZ, avec n ∈ N. On peut donc s'intéresser à l'anneau quotient Z/nZ := {a + nZ|a ∈ Z} = {a + nZ|a ∈ {0, . . . , n − 1}}, ces n dernières classes étant distinctes. C'est donc un ensemble à n éléments. La classe de a modulo n sera notée Cn (a). bles Remarque 1. Exemple 1. Cet anneau n'est pas intègre en général. C6 (0) = C6 (2)C6 (3). 1.2 Structure de groupe de Z/nZ.[1] Proposition 1. générateurs sont les Dénition 1. n . n ∈ N. Dans Z/nZ, o(Cn (m)) = n∧m m tels que n ∧ m = 1. Soit On pose ϕ(n) le nombre d'entiers naturels aussi le nombre de générateurs de Exemple 2. p Si Proposition 2. d'ordre d, k6n tels que k ∧ n = 1. C'est donc (Z/nZ, +). est premier, tous les éléments à part d un diviseur n < Cn ( ) >. d [1]Soit qui est Donc (Z/nZ, +) est cyclique et ses naturel de n. 0 Alors sont d'ordre Z/nZ p. Donc ϕ(p) = p − 1. a exactement un seul sous-groupe On peut calculer ϕ de manière récursive pas la formule suivante: Proposition 3. n= P ϕ(d). d|n Exemple 3. ϕ(1) = 1. ϕ(2) = 2 − ϕ(1) = 1. ϕ(3) = 3 − ϕ(1) = 1. ϕ(4) = 4 − ϕ(2) − ϕ(1) = 2. ϕ(5) = 5 − ϕ(1) = 4. ϕ(6) = 6 − ϕ(1) − ϕ(2) − ϕ(3) = 3. Et ainsi de suite. 1.3 Eléments inversibles.[1] Proposition 4. Cn (k) est inversible dans (Z/nZ, ∗) ⇔ k ∧ n = 1 ⇔ k ϕ(n) éléments inversibles. engendre (Z/nZ, +). Il y a donc exactement Remarque 2. Pour calculer explicitement l'inverse d'un élément modulo n, on peut appliquer l'algorithme d'Euclide étendu. Exemple 4. Un inverse de 47 modulo Corollaire 1 (Théorème d'Euler). Corollaire 2. Z/nZ est un corps Si ⇔ 111 est 26. x ∧ n = 1, xϕ(n) ≡ 1[n]. n est premier ⇔ Z/nZ p. est l'unique corps (à isomorphisme près) de cardinal 1 est un anneau intègre. De plus Z/pZ 1.4 Nilpotents. Idempotents. Proposition 5. sont les 2 Cn (d) Tout élément tel que où d x∧n = 1 est idempotent dans est tel que tout nombre premier divisant n Z/nZ. Les nilpotents de divise aussi Z/nZ d. Lemme chinois et applications. 2.1 Lemme chinois.[1] Théorème 1. Soient p1 , . . . , pn des entiers premiers entre eux deux à deux. Alors en tant Z/p1 p2 . . . pn ' Z/p1 Z × Z/p2 Z × . . . × Z/pn Z. Inversément, si Z/p1 p2 . . . pn ' Z/p1 Z × Z/p2 Z × . . . × Z/pn Z alors les nombres p1 , . . . , pn sont premiers entre eux deux à deux. qu'anneaux, Exemple 5. Z/6Z ' Z/2Z × Z/3Z. Corollaire 3. groupes, Soient p1 , . . . , pn des entiers premiers entre eux (Z/p1 p2 . . . pn )∗ ' (Z/p1 Z × Z/p2 Z × . . . × Z/pn Z)∗ deux à deux. Alors en tant que 2.2 Résolution de systèmes de congruences.[6] On cherche à résoudre le système de congruence suivant: x ≡ a[n] x ≡ b[m] avec n ∧ m=1. Le lemme chinois nous assure qu'il existe une solution x0 . De plus, toutes les autres solutions du système sont alors de la forme x0 + nmt avec t ∈ Z. Il reste donc à trouver une solution particulière: si u est un inverse de n modulo m (que l'on peut calculer explicitement avec l'algorithme d'Euclide étendu), on peut montrer que a + n(b − a)u convient. Exemple 6. x ≡ 10[47] x ≡ 5[111] Les solutions sont de la forme 4334 + 5217t. 2.3 Calcul de ϕ(n).[1] Lemme 1. ϕ Théorème 2. Q ∀(m, n) ∈ N2 , ϕ(mn) = ϕ(n)ϕ(m) Q αi en facteurs premiers: n = pi . Alors ϕ(n) = est une fonction multiplicative, ie. Soit n ∈ N∗ . On décompose n i αi −1 i (pα ). i − pi Exemple 7. ϕ(21060) = ϕ(4 ∗ 13 ∗ 5 ∗ 81) = (22 − 2)(13 − 1)(5 − 1)(34 − 33 ) = 2 ∗ 12 ∗ 4 ∗ 54 = 5184. 2.4 Automorphismes de Z/nZ.[1] Théorème 3. Aut(Z/nZ) ' (Z/nZ)∗ . Lemme 2. Si p Lemme 3. (Z/2Z)∗ ' 1. est un nombre premier impair et Pour α ∈ N∗ ), on a (Z/pα Z)∗ ' Z/ϕ(pα )Z. α > 2, (Z/2α Z)∗ ' Z/2Z × Z/2α−1 Z. On en déduit par le Corollaire 3 les automorphismes de Z/nZ. Corollaire 4. ou α n = 2p [3] avec p Aut(Z/nZ) (ie. premier impair (Z/nZ)∗ ) et α ∈ N. est cyclique si et seulement si 2 n = 2, n = 4, n = pα 3 Applications. 3.1 Critères de divisibilité[2] Théorème 4. Soit n un entier naturel que l'on écrit sous forme décimale 1. n est congru à a0 2. n est congru à a0 + a1 + . . . + ak 3. n est congru à a0 4. n est congru à a0 + 3a1 + 2a2 − a3 − 3a4 − 2a5 + . . . 5. n est congru à a0 + a1 + . . . + ak 6. n est congru à a0 − a1 + . . . + (−1)k ak 7. n est congru à a0 − 3a1 − 4a2 − a3 + 3a4 + 2a5 + a6 + . . . modulo modulo ak ak−1 . . . a0 . Alors 2, 3, modulo 5, modulo 7, 9, modulo 11 modulo 7,. modulo 3.2 Caractéristique d'un anneau. Sous-corps premier. Corps nis.[5] Dénition 2. Soit A un anneau. Soit le morphisme d'anneaux f: n Alors Le noyau de f étant un idéal de la caractéristique de l'anneau A. Si Z, on n = 0, f (car il contient un sous-anneau isomorphe à A est non injectif, cas, Z/nZ → n1A Z 7→ a Im(f ) ' Z/nZ avec n ∈ N. Z), de plus Cet entier A n est appelé est de cardinal inni k1A = 0 ⇔ k = 0. Si n 6= 0, le morphisme Z/nZ et k1A = 0 ⇔ n|k . Dans les deux contient un sous-anneau isomorphe à La caractéristique de Proposition 6. . est injectif, et nécessairement est le plus petit sous-anneau inclus dans Exemple 8. A A Si Mn,m (Z/nZ) = A. est n. est un anneau intègre, alors la caractéristique de A est 0 ou un nombre premier Corollaire 5. Si k est un corps, sa caractéristique est caractéristique est nulle, nombre premier p, k k 0 ou un nombre premier. De plus, si sa contient un sous-corps isomorphe à contient un sous-corps isomorphe à est le plue petit sous-corps inclus dans k. Z/pZ. Q. Si sa caractéristique est un Dans les deux cas, ce sous-corps Il est appelé sous-corps premier de k. Théorème 5. Soit Remarque 3. La notion de sous-corps premier est invariante par extension de corps: si k un corps ni de caractéristique est une extension de corps, le sosu-corps premier de p L premier. Alors ∃n ∈ N∗ est le même que celui de tel que |k| = pn . k⊂L k. 3.3 Détermination de tous les groupes abéliens nis.[4] Théorème 6. suite d'entiers Exemple 9. Soit >2 G un groupe abélien ni (de cardinal au moins n Q vériant a1 |a2 | . . . |an tels que G ' Z/ai Z. i=1 Les sous-groupes de cardinal 8 sont : 3 2). Z/8Z, Z/2Z × Z/4Z Alors il existe une unique et Z/2Z × Z/2Z × Z/2Z. 3.4 Quelques équations diophantiennes.[2] Dénition 3. On appelle équation diophantienne une équation de la forme P (x, y, z) = 0 avec P un polynôme à trois variables, et (x, y, z) un triplet d'entiers. Théorème 7. (x, y, z) ∈ N3 soit solution de l'équation diophantienne suivante : x2 +y 2 = z , il faut et il sut qu'il existe d ∈ N et deux entiers naturels u et v premiers entre eux tels que (x, y, z) ou (y, x, z) soit égal à (d(u2 − v 2 ), 2duv, d(u2 + v 2 )). Pour que 2 Théorème 8. Les équations suivantes n'ont pas de solutions non triviales (ie. avec x = 0 ou y = 0): x4 + y 4 = z 2 x4 + y 4 = z 4 x3 + y 3 = z 3 Remarque 4. Willes a démontré en 1995 que l'équation diophantienne solutions non triviales pour n > 3, xn + y n = z n n'a pas de ce que Fermat prétendait pouvoir prouver! 3.5 Système de cryptage RSA.[2] Ce système repose sur le principe suivant: Si l'on se donne un nombre N grand, (ayant par exemple une écriture décimale à 150 ou 200 chires), un ordinateur mettrait des dizaines d'années à calculer les facteurs premiers de N . Soit E un réseau de personnes souhaitant communiquer entre elles. Le chef du réseau choisit deux entiers premiers très grands p et q , pose N := pq et calcule ϕ(n) = (p−1)(q−1). Pour chaque membre A du réseau, il choisit eA premier avec ϕ(N ) et il calcule un inverse dA de eA modulo ϕ(N ). Il publie eA et N mais garde secret ϕ(N ). Il communique à chaque membre du réseau son dA que celui-ci garde secret. Pour envoyer un message, l'expéditeur A (qui souhaite communiquer avec B) code les caractères du message en nombres, puis fabrique des suites de nombres de longueur strictement inférieur à la longueur de p et q (pour assurer que ces suites de nombres soient premières à N ). Soit M une telle suite. A calcule le reste X modulo N de M eB et le transmet à B . Celui-ci peut reconstituer la suite (grâce au théorème d'Euler) en calculant X dB . 3.6 Loi de réciprocité quadratique et applications Dénition 4. 3.7 Critère d'irréductibilité de polynômes.[1] Théorème 9 (Critère d'Eisenstein). Soit P ∈ Z[X], P = an X n + . . . + a0 . Soit p un nombre premier. On suppose: 1. p 6 |an , 2. p|ai , 3. p2 6 |a0 . pour i 6 n − 1, Alors P est irréductible sur Exemple 10. Q.(et donc dans Si p est un nombre premier, Théorème 10 (réduction modulo p). Z pourvu que P soit primitif ) X p−1 + . . . + X + 1 est irréductible sur Z. p un nombre premier et soit P ∈ Z[X], P = an X n + . . . + a0 . On pose P̄ = Cp (an )X + . . . + Cp (a0 ). Si P̄ est irréductible dans Z/pZ[X], alors P est irréductible dans Q[X] (et donc dans Z[X] si il est primitif ). Soit n Exemple 11. X 3 + 462X 2 + 2433X − 67691 Exemple 12. Soit p un nombre premier. est irréductible sur Xp − X − 1 4 Z (car il l'est sur est irréductible sur Z Z/2Z[X]) (car il l'est sur Z/pZ). 3.8 Tests de primalité. Théorème 11. Soit un entier a 6' 1[n]. n k Alors Théorème 12. vériant: ∃a ∈ Z tel que a(n−1) ' 1[n] et ∀k < n − 1, αk 1 n > 2 dont la décomposition en facteurs premiers est n = pα 1 . . . pk (n−1)/pi tel que ai ' 1[n] et ∀k < n − 1, ak 6' 1[n]. Alors n est premier. Soit un entier Théorème 13. 2 vériant: est premier. ∀i, ∃ai ∈ Z suppose que n > 2 p un nombre premier. Soit h ∈ {1, . . . , p − 1}. ' 1[n] mais 2h 6' 1[n]. Alors n est premier. Soit n−1 On pose n := 1 + hp2 et on Ce dernier test permet d'obtenir des grands nombres premiers. Exemple 13. [5] p = 2127 − 1 est premier et h = 190 convient, donc 1 + 190p2 est premier). Developpements : équations diophantiennes [2], automorphismes de Z/nZ [1], tests de primalité References [1] Perrin [2] Combes [3] Ortiz [4] Querré [5] Gourdon algèbre [6] Itard nombres premiers 5