Rédigé par Jérôme Filippi, CHU de Nice Impact des anti-TNF alpha sur le coût des MICI : l’étude COIN Pendant de nombreuses années, le coût imputable aux MICI a été attribué aux chirurgies et aux hospitalisations répétées. De plus, l’épidémiologie de ces maladies (chronicité, population jeune) explique l’impact négatif observé sur la productivité au travail. L’apparition des anti-TNF alpha, molécules certes onéreuses, a permis de modifier radicalement la prise en charge de nos patients et de nombreuses études ont fait état d’une diminution significative du nombre d’hospitalisations et de recours à la chirurgie. Il est donc très intéressant de voir les résultats de l’étude hollandaise COIN (Costs Of Inflammatory bowel disease in the Netherlands), dont les buts étaient d’évaluer sur une population de patients atteints de MICI le coût des dépenses de santé et d’en identifier les principaux facteurs. Il s’agissait d’une étude longitudinale où l’on proposait à tout patient atteint de MICI de participer à une enquête (questionnaire internet) permettant d’obtenir des données épidémiologiques (inclusion), puis des données sur le nombre de consultations, d’examens Lab’infos complémentaires, d’hospitalisations, de chirurgies et de consommation médicamenteuse (suivi à M3) ; des items spécifiquement dédiés à la productivité au travail étaient également renseignés. Sur 9 550 patients invités à participer à l’étude, 2 252 (1 315 maladies de Crohn [MC], 937 rectocolites hémorragiques [RCH]) ont rempli les 2 questionnaires de manière exploitable. Les coûts de santé moyens pour la MC et la RCH étaient respectivement de 1 625 € et 595 €, principalement liés au traitement médicamenteux (respectivement 71 % et 59 %). De manière qualitative, la part liée au traitement anti-TNF alpha, aux hospitalisations et à la chirurgie était respectivement de 64 %, 19 % et < 1 % pour la MC et de 31 %, 23 % et 1 % pour la RCH. La perte de productivité globale était estimée à 326 € pour la MC et à 395 € pour la RCH sur cette même période de 3 mois. ACTUALITÉS RECHERCHE Commentaire En dépit de la principale limite de cette étude, qui repose sur un biais de sélection (propre à la méthodologie du questionnaire) et d’une courte durée de suivi, il en ressort quelques éléments forts : • Il s’agit de la première étude européenne, avec un effectif conséquent et varié (population recrutée en milieu hospitalier universitaire et général), ayant actualisé les données concernant les coûts de santé à l’ère des anti-TNF alpha. • Il est intéressant de constater que le coût de santé total lié aux MICI n’a finalement pas augmenté, si l’on se réfère aux données publiées dans les années 2000. • Le caractère onéreux des biothérapies semble donc contrebalancé par une diminution significative du nombre de chirurgies et d’hospitalisations. Il sera donc pertinent de suivre, sur les années à venir, le nombre de patients traités par anti-TNF alpha (qui ira vraisemblablement vers une augmentation) et le retentissement que cela aura sur les coûts de santé (stabilisation, voire diminution ?) et sur la productivité au travail (amélioration probable). Référence Van der Valke M, Manjen MJ, Leenders M et al. Healthcare costs of inflammatory bowel disease have shifted from hospitalisation and surgery towards anti-TNF alpha therapy: results from the COIN study. Gut 2012 (Epub ahead of print). La bourse de recherche Biocodex attribuée à Francesca Joly Cette bourse de recherche a pour thématique “Microbiote intestinal et pathologies digestives”. Le Dr Francesca Joly (hôpital Beaujon) s’intéresse aux mécanismes de l’adaptation intestinale après résection du grêle ou en cas de syndrome du grêle court. Le projet récompensé par le jury présidé par le Pr Philippe Marteau porte sur les relations entre profil et activité du microbiote chez des malades atteints de syndrome du grêle court et accumulation de D-lactate fécal pouvant entraîner une encéphalopathie D-lactique. Les laboratoires Biocodex, pionniers du traitement par probiotiques avec l’UltraLevure® (Saccharomyces boulardii lyophilisé), confirment ainsi leur soutien à la recherche sur le rôle du microbiote intestinal en pathologie digestive. La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XVI - n° 1 - janvier-février 2013 | 35