“ E Controverses dans les MICI :

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ÉDITORIAL
Controverses dans les MICI :
que faire pour nos patients en 2013 ?
IBD: what to do for our patients in 2013?
“
E
n 2013, la prise en charge des patients atteints d’une maladie
inflammatoire chronique de l’intestin (MICI) reste débattue
et controversée, malgré l’arrivée des molécules anti-TNF
(infliximab et adalimumab) qui ont révolutionné le traitement de ces
maladies fréquentes, complexes et invalidantes. Alors que l’obtention
d’une cicatrisation muqueuse endoscopique est devenue un objectif
thérapeutique majeur, de mieux en mieux codifié et recommandé par le
consensus européen ECCO (European Crohn’s and Colitis Organization)
dans la rectocolite hémorragique, le fait de traiter les patients avec une
maladie de Crohn au-delà des symptômes est un concept nouveau, en
plein essor.
Pr Laurent
Peyrin-Biroulet
Service d’hépatogastroentérologie,
CHU de Nancy.
Les Prs Laharie et Lerebours nous éclairent ici sur les données
actuellement disponibles et sur leurs pratiques cliniques qui, on le voit,
peuvent encore différer d’un centre expert à un autre. La jeunesse
et le dynamisme face à l’expérience, à vous de juger !
Les bonnes et mauvaises indications de la chirurgie dans les MICI
font également l’objet d’un débat quotidien lorsqu’il s’agit de discuter
de la meilleure option pour nos patients (traitement médical maximal
comprenant un anti-TNF versus chirurgie) lors des réunions
de concertation pluridisciplinaire.
Les 2 équipes de Clichy et Nancy, dirigées respectivement par les
Prs Panis et Bresler, qui ont une grande expérience dans le domaine,
nous donnent ici une version objective de ce qu’il faut faire en pratique
clinique et nous rappellent que la chirurgie reste une arme thérapeutique à ne pas négliger dans les MICI. En effet, il existe de bonnes
indications, comme une sténose iléale courte symptomatique
compliquant une maladie de Crohn.
La prise en charge médicale ou chirurgicale d’un abcès ou d’une
sténose compliquant une maladie de Crohn doit quant à elle être
débattue au cas par cas. Le méthotrexate reste sous-utilisé
en pratique clinique, tandis que l’azathioprine est
AVIS AUX LECTEURS
très utilisée depuis près de 20 ans (plus de la
Les revues Edimark sont publiées en toute indépendance et sous l’unique et
moitié des patients atteints de MICI sont
entière responsabilité du directeur de la publication et du rédacteur en chef.
ou ont été exposés à cette molécule en
Le comité de rédaction est composé d’une dizaine de praticiens (chercheurs, hospitaliers,
France). Son efficacité a depuis été
universitaires et libéraux), installés partout en France, qui représentent, dans leur diversité (lieu et
mode d’exercice, domaine de prédilection, âge, etc.), la pluralité de la discipline. L’équipe se réunit 2 ou
revue à la baisse, et sa tolérance
3 fois par an pour débattre des sujets et des auteurs à publier.
est malheureusement
La qualité des textes est garantie par la sollicitation systématique d’une relecture scientifique en double aveugle,
médiocre, avec notamment
l’implication d’un service de rédaction/révision in situ et la validation des épreuves par les auteurs et les rédacteurs
les risques de lymphomes et
en chef.
Toutes nos publications répondent aux critères d’exigence de la presse :
de cancers cutanés
· accréditation par la CPPAP (Commission paritaire des publications et agences de presse),
démontrés par l’étude
· adhésion au SPEPS (Syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé),
CESAME. Le métho· indexation dans la base de données INIST-CNRS,
· déclaration publique de liens d’intérêts demandée à nos auteurs,
trexate a fait le chemin
· identification claire et transparente des espaces publicitaires et des publi-rédactionnels en marge des articles scientifiques.
inverse. Il s’agit d’un
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médicament globalement bien toléré en l’absence de comorbidités
(obésité, alcoolisme chronique, etc.) : son efficacité, qui est inférieure
à celle des anti-TNF, est proche de celle des thiopurines. Il devrait
donc retrouver un second souffle à l’ère des biothérapies, en attendant
les résultats de l’essai METEOR du Groupe d’étude thérapeutique
des affections inflammatoires du tube digestif (GETAID), qui compare
le méthotrexate au placebo dans la rectocolite hémorragique,
et dont l’investigateur principal n’est autre que le Pr Carbonnel.
Le Pr Roblin est quant à lui déjà tourné vers l’avenir et une meilleure
utilisation des stratégies à base d’anti-TNF qui peuvent reposer sur
une association avec le méthotrexate. Les anti-TNF sont les molécules
les plus puissantes à notre disposition dans la prise en charge des MICI.
Les patients nous demandent souvent : “Pourquoi ne pas commencer
d’emblée un traitement par anti-TNF, étant donné son efficacité bien
supérieure à celles des autres molécules disponibles ?” Le Dr Bourreille
serait tenté de leur répondre : “En effet, il faut considérer cette option
en première ligne afin de changer l’évolution de votre maladie et votre
quotidien.” Certains patients ayant une évolution légère à modérée
et compte tenu du coût de ces molécules en temps de crise, le Pr Flourié
nous propose une stratégie reposant sur une escalade thérapeutique
progressive. La vérité se trouve probablement à mi-chemin entre les 2.
Enfin, une question se pose tous les jours à notre consultation :
faut-il systématiquement associer un immunosuppresseur (méthotrexate
ou thiopurine) aux anti-TNF ? Le risque de lymphome fait hésiter
plusieurs de nos collègues. C’est ainsi qu’une enquête récente, menée au
niveau national par le Club de réflexion des cabinets et groupes d’hépatogastroentérologie (CREGG) et présentée par le Dr Faure aux dernières
Journées francophones d’hépatogastro-entérologie et d’oncologie
digestive (JFHOD), a montré que le taux d’association immunosuppresseur-anti-TNF restait faible dans la vraie vie. Là encore, les Prs Bouhnik
et Hébuterne s’affrontent pour finalement conclure que chaque situation
doit être évaluée en fonction des risques et des bénéfices au long cours
de cette association, tout en tenant compte de l’avis du patient.
L’auteur déclare avoir des liens
d’intérêts avec Abbvie,
MSD, Ferring, Norgine.
Grâce au travail et au regard avisé du Dr Vered Abitbol, vous aurez,
à la fin de chaque controverse, les principaux messages à retenir
pour votre pratique clinique.
Je vous souhaite une bonne lecture !
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La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XVI - n° 4 - juillet-août 2013 |
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