Institut de Formation de Professions de Santé Formation infirmière 44 chemin du Sanatorium 25030 Besançon Cedex COMBATS TA PEUR, SAUVE DES VIES ! UE 3.4 S6 : Initiation à la démarche de recherche UE 5.6 S6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques UE 6.2 : Anglais - rédaction de l’abstract du travail de fin d’études Présenté par : DA COSTA Anthony – DAVID Chloé – MESS Joanna – MOUGIN Justine Promotion 2012/2015 Formateur de guidance : Mme BRAICHOTTE Marie-Noëlle Institut de Formation de Professions de Santé Formation infirmière 44 chemin du Sanatorium 25030 Besançon Cedex COMBATS TA PEUR, SAUVE DES VIES ! UE 3.4 S6 : Initiation à la démarche de recherche UE 5.6 S6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques UE 6.2 : Anglais - rédaction de l’abstract du travail de fin d’études Présenté par : DA COSTA Anthony – DAVID Chloé – MESS Joanna – MOUGIN Justine Promotion 2012/2015 Formateur de guidance : Mme BRAICHOTTE Marie-Noëlle « Croire en soi, c’est déjà presque réussir » (Caroline Tillman) (1) REMERCIEMENTS Nous tenons tout d’abord à remercier notre formatrice de guidance, Madame MarieNoëlle BRAICHOTTE, pour sa disponibilité, ses conseils et son soutien pédagogique tout au long de notre travail de recherche. Nous remercions, aussi, les professionnels de santé qui nous ont accueillis dans leur service afin de réaliser nos entretiens d’enquête. Nous accordons une pensée particulière à nos familles et nos amis pour nous avoir soutenus tout au long de notre formation. Ces trois années ont été riches d’enseignements c’est pourquoi nous remercions les formateurs référents de l’UE : Mme LAUER ; Mr DURAND ; Mme SORDET ainsi que tous les professionnels qui sont intervenus lors de notre formation. LISTE D’ABREVRIATIONS - IDE : Infirmier Diplômé D’Etat - SAMU : Service d’Aide Médicale Urgente - CH : Centre Hospitalier - CHRU : Centre Hospitalier Régional Universitaire - SAU : Service d’Accueil des Urgences - SAUV : Service d’Accueil des Urgences Vitales - AFGSU : Attestation de Formation aux Gestes et Soins d’Urgences - DU : Diplôme Universitaire SOMMAIRE INTRODUCTION 1 I. SITUATION D’APPEL ET CHEMINEMENT 2 II. METHODOLOGIE 4 III. L’URGENCE VITALE 5 1. Cadre conceptuel 5 1.1 L’Urgence 5 1.2 L’Urgence Vitale 5 1.3 La gestion de l’Urgence Vitale en service de soin 6 1.4 L’organisation des services : d’Urgences et Conventionnel 6 2. Cadre législatif 7 3. Le vécu des situations d’Urgences par les IDE 8 4. Synthèse 9 IV. LES EMOTIONS FACE A L’URGENCE VITALE 10 1. Cadre conceptuel 10 2. Le stress : principal élément perturbateur de la prise en soins 10 3. La gestion des émotions 12 4. Les ressources des IDE 13 5. Synthèse 14 V. EFFICACITE ET QUALITE DE LA PRISE EN SOINS 15 1. Concept et législation 15 2. L’impact des émotions sur la prise en soins 15 3. Les facteurs d’une prise en charge efficace et de qualité 16 4. Synthèse 17 CONCLUSION 18 PROBLEMATIQUE 19 BIBLIOGRAPHIE 20 ANNEXES 22 1 INTRODUCTION Tout au long de notre formation nous avons pu acquérir des connaissances et compétences, théoriques et pratiques, qui nous ont permis de construire notre identité professionnelle et de gagner en maturité. Une des principales qualités requise chez un infirmier est sa faculté à s’adapter tant dans le travail en équipe que face à la prise en charge de patients. En permanence, le soignant doit travailler ses propres émotions, pour agir sur celles du malade : garder son calme face à un patient agressif ou agité, rire avec un patient attristé par la dégradation de son état de santé ou encore dissimuler sa peur face à une situation stressante et déconcertante… En tant qu’étudiants infirmiers, nous avons dû apprendre à gérer ces émotions qui font partie intégrante de notre futur métier. Leur faire face dans la vie quotidienne s’avère parfois difficile. Nous avons donc décidé de pousser notre curiosité intellectuelle afin d’intégrer la gestion des émotions lors d’une situation d’urgence vitale. De par la richesse de nos terrains de stage, chacun d’entre nous a vécu une situation d’urgence, à différents degrés. Lors de discussions à nos retours de stage nous avons découvert que le caractère et l’histoire de vie de chacun sont des facteurs qui nous amènent à réagir et gérer nos émotions différemment. Enfin, chaque équipe soignante, chaque patient, chaque histoire de vie s’entremêlant à la nôtre nous ont obligés à nous confronter à nos émotions. Par ce travail de groupe, nous souhaitons identifier la manière adoptée par les professionnels pour gérer au mieux leurs émotions lors d’une situation d’urgence vitale. Pour finir, nous espérons que l’ensemble de notre Travail de Fin d’Etudes nous permettra de se projeter davantage en tant que futurs professionnels. 2 I. SITUATION D’APPEL ET CHEMINEMENT La situation que nous présentons ci-dessous est rapportée par l’un des membres du groupe. Elle nous a permis d’établir un questionnement commun pour, enfin, élaborer la question de départ de notre travail de recherche. « Lors de ma deuxième année d’études en soins infirmiers, j’effectue mon stage dans un centre de soins et de rééducation qui accueille des personnes âgées de 18 à 90 ans. Ce service comprend des missions de rééducation, ce sont des soins de suite et de longue durée. Mr D, âgé de 69 ans, né en France, est marié et habite à Miserey (Franche Comté). Il est accueilli dans ce service pour une prise en charge globale et une rééducation. Ses antécédents sont : crises d’épilepsie, dénutrition, maladie d'Alzheimer, prostatite, Escherichia coli, gastrotomie et hypotension orthostatique. Les acteurs présents sont l'infirmière, l’interne, le médecin et moi-même. Je me rends dans la chambre de ce résident, accompagné par l’infirmière, pour réaliser une aide à la douche étant donné que ce monsieur a des antécédents d’hypotension orthostatique. Je suis en train de donner la douche à ce Monsieur quand, tout à coup, celuici perd conscience. Il ne répond plus à mes questions et ses yeux sont dans le vide. Je remarque qu’il a uriné. À ce moment, j’ai compris que le patient faisait une crise d’épilepsie. J’ai alors immédiatement appelé l’infirmière. Je ne savais pas quoi faire, j’étais perdu et surtout très angoissé car je n’avais jamais fait face à ce genre de situation. L’infirmière a tout de suite appelé l'interne de garde. Celui-ci est alors arrivé dans la chambre, il nous a demandé d’installer Mr D sur son lit en le portant. Lors de ce transfert je ne pensais qu’à une chose : que ce monsieur revienne à lui-même. Une fois sur son lit, nous le mettons en Position Latérale de Sécurité, je prends ses constantes (Saturation : 84%, Tension Artérielle : 7/5 mmhg, Température : 36,7°C, Pouls : 80 bpm, et Glycémie capillaire : 0,91 g) puis l'interne le perfuse avec 500cc de sérum physiologique. L'interne était sur le point d’injecter un traitement antiépileptique quand le patient reprit conscience. Nous sommes restés auprès de Mr D afin de surveiller ses constantes et l’amélioration de son état. Enfin, le médecin l’a ausculté pendant que l’infirmière montait une aspiration. » Pendant cette situation j’ai pu remarquer que la gestion des émotions lors d’une urgence pouvait impacter la prise en charge du patient. 3 En effet, en tant qu’étudiant infirmier, je n’y avais encore jamais été confronté et je me suis senti complètement angoissé. J’ai perdu mes moyens face à ce patient qui était dans un état second. Ainsi, je peux dire qu’il est important d’apprendre à gérer ses émotions pour rendre la prise en charge optimale. » Questionnement : Qu’est-ce qu’une émotion, un sentiment ? Les émotions peuvent-elle avoir une répercussion sur la prise en charge d’un patient et sur les soins que l’on peut lui apporter ? Est-ce que tous les soignants ont la même réaction en situation d’urgence, gèrent ils leurs émotions de la même manière ? Quels mécanismes de défense mettent-ils en place ? À-t-on le droit de « passer la main » si nos émotions nous submergent ? Nos émotions peuvent-elles avoir un impact sur notre responsabilité ? Est-ce que les émotions mises en jeu sont les mêmes lors de situation d’urgence impliquant un enfant ? Un jeune adulte ? Une personne âgée ? Lorsque le pronostic vital est engagé ? Les IDE sont-ils fréquemment confrontés à des situations d’urgence et d’urgence vitales ? Comment gérer son stress/sa peur face à l’urgence ? Une infirmière diplômée depuis peu, peut-elle gérer ses émotions face à toutes situations ? L’urgence est-elle plus difficile à gérer pour une jeune infirmière ? Doit-on avoir une expérience professionnelle pour proposer une prise en charge de qualité en situation d’urgence ? Quelle est la différence entre la prise en charge d’une urgence en service conventionnel et en service d’urgence ? Les professionnels travaillant aux urgences bénéficient-ils d’une formation spécifique à la gestion des émotions ? La collaboration entre soignants est-elle nécessaire pour une prise en charge de qualité ? Quels sont les moyens et ressources utilisés par les IDE leur permettant de gérer leurs émotions et la situation d’urgence ? Quel est le rôle du médecin/cadre de santé dans la gestion des émotions d’une équipe ? Le stress engendré pas ces situations peut-il provoquer un épuisement professionnel ? Notre question de départ : « En quoi la gestion des émotions d’un infirmier en situation d’urgence est-elle importante pour une prise en soins efficace et de qualité, lorsque le pronostic vital d’un patient adulte est engagé ? » 4 II. METHODOLOGIE À travers cette partie, nous avons choisi d’exposer les ressentis et l’organisation du groupe en présentant la méthodologie que nous avons suivie tout au long de la réalisation de notre mémoire. Nous avons effectué des recherches documentaires afin d’apporter un éclairage théorique. Après concertation et analyse de nos recherches, nous avons sélectionné et classé les éléments les plus pertinents relatifs à notre travail. Après avoir établi notre question de départ, nous avons réalisé nos entretiens exploratoires. Nous nous sommes rendus sur le terrain, dans un Centre Hospitalier de la région de Franche Comté, afin de rencontrer plusieurs Infirmiers Diplômés d’Etat. Nous avons procédé de la manière suivante : trois d’entre nous se sont rendus en service d’Urgences pour réaliser deux entretiens et le dernier a rencontré deux professionnels dans le service de soins conventionnels dans lequel il effectuait son stage : un service de Gériatrie. Nous avons fait le choix de nous rendre dans deux services différents (Urgences et Conventionnel) dans le but de comparer ces derniers. Par ailleurs, il nous semblait important d’analyser les divergences au niveau de l’expérience professionnelle. Ainsi, nous avons fait le choix d’interroger un jeune IDE et un plus expérimenté dans chaque service (Annexe n°2). Après retranscription et analyse des entretiens, 3 mots clés ont émergé de notre réflexion, nous avons donc choisi de diviser notre développement de la façon suivante : tout d’abord, « l’Urgence Vitale » puis « les Emotions » et enfin « l’Efficacité de la prise en soins ». Enfin, nous souhaitons vous faire part des émotions éprouvées par les membres du groupe au cours de l’élaboration de ce travail. Nous avons mis en avant deux émotions prédominantes : - la Joie, ressentie à travers l’enthousiasme de finaliser nos études sur un sujet qui nous interpelle ; - la Peur, vis-à-vis de notre appréhension concernant la cohésion du groupe. Celle-ci s’est rapidement estompée à travers le travail et le partage de nos idées. 5 III. L’URGENCE VITALE 1. Cadre conceptuel 1.1 L’Urgence L’urgence se définit par « toute circonstance qui, par sa survenue ou sa découverte, introduit ou laisse supposer un risque fonctionnel ou vital si une prise en charge médicale n’est pas entreprise immédiatement. L’appréciation de l’urgence est instantanée et appartient autant à la victime qu’au soignant. En pratique, la notion d’urgence se définit par tout ce qui est à l’origine d’une situation imprévue : douleur aiguë, malaise, traumatisme, détresse médicale, sociale ou psychologique. Les patients arrivent aux urgences à l’aide des services de secours, de leur propre initiative ou sont envoyés par leur médecin. » (2) 1.2 L’Urgence Vitale Le pronostic vital est un terme médical qui désigne « les risques de décès (ou les chances de survie) d'un malade en cas de maladie ou suite à un accident. On dit que le pronostic vital d'une personne est engagé s'il est dans un état critique et qu'il y a de fortes probabilités pour qu'il succombe. Suite à un accident (notamment s'il y a eu des lésions au cœur, au cerveau, aux poumons, etc.), les personnes dont le risque vital est engagé, sont généralement directement emmenées en salle d'intervention, au bloc opératoire, puis placées en réanimation. » (3) « Les centres hospitaliers publics et privés abritent un service d'urgences afin de traiter les patients venus spontanément ou transportés par une ambulance. On parle d'urgence vitale lorsque le pronostic vital du patient est engagé, autrement dit lorsque des soins rapides et adaptés doivent être administrés pour lui sauver la vie. L'arrêt cardiaque constitue l'urgence vitale absolue. Bien souvent, une urgence vitale impose quelques gestes vitaux (premiers secours) qui permettent de maintenir le patient en vie. » (4) 6 1.3 La gestion de l’Urgence Vitale en service de soins Gérer l’urgence, c'est-à-dire « répondre de manière efficace à l’urgence » ne s’improvise pas. « Certes, il n’y a pas de recette miracle assurant l’efficacité de la prise en charge. Néanmoins, il a été prouvé que « l’application de procédures clairement identifiées par chaque membre d’une équipe, et placées sous la responsabilité d’un coordinateur, permet d’améliorer la performance de tous ». En ce sens, plusieurs notions paraissent essentielles : la rapidité, l’organisation et l’équipe. » (5) 1.4 L’organisation des services : d’Urgences et Conventionnel Un service d’Urgences (médicales ou chirurgicales) est « un service spécifique qui prend en charge des urgences vitales (accidentés de la route…) et des urgences ressenties (consultation médicale non programmée). La prise en charge des malades et des blessés dans un service d’urgences est faite à la suite de plusieurs étapes : soit le patient a été amené au service par un service de secours (médecins de nuit, ambulances, SAMU, Pompiers…), soit le patient est venu par ses propres moyens, soit le patient a été déposé par une proche personne de sa famille ou son entourage ». (6) Le Centre Hospitalier dans lequel nous avons réalisé nos entretiens exploratoires dispose de 6 unités de soins d’urgences : le Service d'Accueil des Urgences (SAU) ainsi que le centre 15, les Urgences cardiologiques, les Urgences chirurgicales et orthopédiques adulte, les Urgences gynéco obstétricales, les Urgences pédiatriques médicales et chirurgicales enfant et les Urgences psychiatriques (7). En général, les services des urgences « disposent d’un accueil soignant pour prendre en charge le ou les patients afin de les orienter vers le secteur chirurgical ou médical des urgences ; et d’un accueil administratif où la secrétaire hospitalière va remplir les différents documents nécessaires à l'enregistrement du patient afin de créer son dossier médical. » (6) Un service de Soins Conventionnels est un service de soins généraux et de courte durée. Différentes spécialités existent en fonction des pathologies rencontrées. Dans le Centre Hospitalier choisi pour effectuer nos entretiens, il existe 56 unités de soins conventionnels. (7) 7 Le service de court séjour gériatrique est un service de médecine aiguë qui admet des personnes âgées de plus de 75 ans, poly-pathologiques, à haut risque de dépendance physique, psychique ou sociale et qui ne relève pas de l’urgence d’un service de spécialité d’organe. Les soins qui y sont pratiqués sont à visée éducative, préventive, diagnostique, curative et palliative. Enfin, le secteur de gériatrie où nous nous sommes rendus lors de nos entretiens exploratoires, dispose d’une capacité d’accueil de 24 patients. (8) 2. Cadre législatif Dans cette partie, nous exposons les lois qui régissent le rôle de l’IDE lors d’une situation d’urgence. L'article R.4312-29 du Code de la Santé Publique dispose que "l'infirmier ou l'infirmière applique et respecte la prescription médicale écrite, datée et signée par le médecin prescripteur, ainsi que les protocoles thérapeutiques et de soins d'urgence que celui-ci a déterminés". Ce cas particulier est également visé à l'article R.4311-14 du CSP qui énonce « qu’en l’absence d’un médecin, l’infirmier ou l’infirmière est habilité à : - Reconnaître une situation d’urgence. - Mettre en œuvre des protocoles de soins d’urgence, préalablement écrits, datés et signés par le médecin responsable. - Accomplir les actes conservatoires nécessaires (geste de sauvegarde par exemple, massage cardiaque…) jusqu’à l’intervention du médecin. En l’absence de protocole préalablement établi par le médecin, l’infirmier est compétent pour : - Décider des gestes à pratiquer en attendant que puisse intervenir un médecin. Il s’agit des actes dont il a l’expérience ou qu’il connaît. - Prendre toutes mesures en son pouvoir afin de diriger le patient vers la structure de soins la plus appropriée à son état. » De plus, une fois la situation d’urgence gérée, « ces actes doivent obligatoirement faire l’objet d’un compte rendu écrit, daté, signé, remis au médecin et annexé au dossier du patient, dans lequel seront exposées les circonstances ayant amené à mettre le protocole en œuvre, les actes et soins accomplis et les réactions constatées ». 8 Enfin, l’article L121-3 du code pénal énonce : « il y a délit, lorsque la loi le prévoit, en cas d’imprudence, de négligence ou de manquement à une obligation de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement SAUF si l’auteur des faits a accompli les diligences normales compte tenu, le cas échéant de la nature des missions ou de ses fonctions, et compétences […] ». « Les dispositions combinées de ces textes semblent donc autoriser l’infirmier, uniquement dans les situations d’urgence, à prendre des mesures particulières nécessaires à l’état de santé du patient, mais toujours dans la limite de ses compétences, qu’elles soient définies dans un protocole ou issues de la formation et/ou de l’expérience de l’infirmier. » (9) 3. Le vécu des situations d’Urgences par les IDE Entre 1990 et 2008, la fréquentation des services d'urgences au niveau national a doublé, passant de 7 millions à 14 millions de passages. (10) À l’aide de nos entretiens, nous avons pu observer que la fréquence des situations d’urgences vitales est plus élevée au sein du service des urgences. L’IDE 3 exprime : « Tout dépend du poste où on travaille, en fait… à la SAUV (Annexe n°3) c’est plus fréquent. Quand on est sur les autres postes, c’est variable, des vraies urgences vitales, il y en a peutêtre deux fois par semaine». Parallèlement, dans un service conventionnel, la survenue de situations d’urgences est beaucoup moins fréquente d’où leur difficulté à les gérer. L’IDE 1 dit : « On est confronté dans ce service de gériatrie à, environ, une situation d’urgence tous les ans voire tous les deux ans. La confrontation à des situations d’urgences n’est pas fréquente dans ce service ». Afin de parvenir à gérer l’urgence du mieux possible, les infirmiers bénéficient déjà d’une première approche pendant leurs études en passant l’AFGSU (Annexe n°4) qui est obligatoire pour exercer le métier d’infirmier. Lors de leur carrière au sein du Centre Hospitalier, ils bénéficient d’une formation sur les gestes d’urgences, qui est une réactualisation de l’AFGSU, comme nous l’a dit l’IDE 1 qui a réalisé la formation : « C’est très important, tout ce qui est urgences, on y est au moins confronté une fois dans notre carrière […] donc franchement utile […]. Mais la formation n’est pas obligatoire, notre chef ne nous pousse pas spécialement à la faire ». 9 Enfin, pour les IDE souhaitant se spécialiser face à l’urgence vitale, il existe un Diplôme Universitaire : Prise en charge des urgences vitales en soins infirmiers (UVSI) d’une durée d’un an. (Annexe n°5) (11) 4. Synthèse À travers cette partie, nous avons pu constater qu’une situation d’urgence vitale peut survenir dans n’importe quel service, à une fréquence plus ou moins élevée. A l’aide des formations théoriques, les infirmiers parviennent à gérer ces situations. Cependant, l’impact émotionnel vient s’intégrer au cœur de cette gestion... 10 IV. LES EMOTIONS FACE À L’URGENCE VITALE 1. Cadre conceptuel « Les émotions constituent nos moteurs internes. Positives ou négatives, ce sont elles qui nous font bouger. Le mot même l’indique, qui vient du latin « mouvement ». (13, page 29) L’émotion peut être définie comme « une réaction affective, brusque et momentanée, agréable ou pénible, souvent accompagnée de manifestations physiques ou de troubles psychologiques. Une émotion est subjective et contextualisée. Elles sont au nombre de cinq : peur, joie, tristesse, désir et colère. Le travail soignant comporte à la fois une composante technique, organisationnelle mais aussi relationnelle. Certains affects peuvent entraver le travail d’où la nécessité pour le soignant de s’en protéger. Les émotions et le stress semblent être un facteur inhérent à l’urgence vitale. » (12) Le sentiment peut être défini comme une « disposition affective spécifique éprouvée par un sujet pour un objet particulier, cela pouvant être vécu sur le registre du plaisir ou du déplaisir. Le sentiment se distingue de l’émotion qui s’exprime plus physiquement et dans un temps plus court. Toutefois, les deux peuvent coexister à certains moments. » (14) 2. Le stress : principal élément perturbateur de la prise en soins Nous avons fait ressortir plusieurs émotions de l’analyse des entretiens réalisés sur le terrain : la colère, la peur et la joie. Parmi elles, l’élément perturbateur principal mis en avant est le stress. « Le stress est ressenti lorsqu'un déséquilibre est perçu entre ce qui est exigé de la personne et les ressources dont elle dispose pour répondre à ces exigences. Bien que le stress soit perçu psychologiquement, il peut également porter atteinte à la santé physique. 11 Les réactions à des circonstances identiques varient d'un individu à un autre. Certaines personnes sont mieux armées que d'autres pour répondre à des exigences élevées. L'important, est la manière dont l'individu évalue subjectivement sa propre situation. Il n'est pas possible de déterminer le degré de stress qu'une situation est susceptible de causer en se fondant exclusivement sur les caractéristiques de cette situation. Le stress à court terme, engendré par exemple, par l'obligation de respecter un délai, ne constitue pas un problème en soi, il peut en effet stimuler chacun à donner le meilleur de soi-même. Le stress devient un risque pour la santé et la sécurité lorsqu'il est éprouvé dans la durée. » (15) Nous remarquons à travers notre analyse que l’urgence vitale vécue aux urgences et en service conventionnel est générateur de stress. En effet, l’infirmier est confronté à une situation inhabituelle, imprévue dont dépend la vie du patient. Cependant, les IDE du service d’urgences étant plus souvent confrontés à ces situations, ils expriment qu’ils peuvent anticiper : « Quand on sait qu’on attend une urgence vitale, on peut déjà se préparer et gérer son stress, alors que quand c’est une urgence vitale qui arrive spontanément, ben en fait, on gère l’émotion. » (IDE 4). Tandis que les IDE du service de gériatrie expliquent qu’ils ne disposent pas des conditions optimales pour gérer une situation d’urgence vitale, ce qui est pour eux facteur de « stress car [ils ne sont] pas dans de bonnes conditions, dans les conditions de prise en charge habituelles ». (IDE 2) Différentes formations telles que « la gestion du stress au travail », « stress et émotions » « formation fin de vie » (IDE1) sont proposées aux IDE. L’IDE 2 explique : « j’en ai déjà fait sur le stress au travail […] les formations ce n’est pas toujours facile […] mais […] ça te donne des pistes de réflexions ». Pourtant ces formations proposées ne semblent pas apporter toute l’aide escomptée par les infirmiers, concernant la gestion de leurs émotions. L’IDE 4 nous explique que ce sont « des globalités et que ce n’est pas spécifique […]. Elle ajoute : « ça ne m’avait pas apporté beaucoup». Enfin, d’après le cours suivi en UE Optionnelle « Soins d’Urgences » : c’est un sentiment normal d’éprouver un stress face à une situation d’urgence, mais à une dose modérée. En effet, l’accumulation de situations de stress sur le long terme peut mener au « burn-out », les professionnels n’étant plus capables de gérer leurs émotions. Malgré nos représentations décrites ci-dessus, les professionnels démontrent que dans le service conventionnel, l’urgence vitale est rare. Ainsi, nous pouvons supposer que ce n’est pas la situation d’urgence vitale qui est susceptible de les conduire à un épuisement professionnel, mais les situations de stress sur le long terme. 12 De plus, malgré la plus forte fréquence de survenue des urgences vitales au sein du service d’urgences, les IDE y travaillant soutiennent que le stress engendré par l’urgence vitale n’est pas source d’épuisement : L’IDE 3 explique : « les situations graves ne m’épuisent pas au niveau professionnel puisqu’aux urgences c’est ce qu’on recherche ». 3. La gestion des émotions Gérer une émotion, c’est être capable d’atténuer, masquer ou ne pas rendre visible ce que l’on ressent devant une situation de soins touchante, choquante, joyeuse ou grave. La gestion des émotions peut être perturbée par notre passé ou notre histoire de vie. Ainsi, le plus difficile est de ne pas faire de transfert avec sa vie personnelle et familiale. Il n’existe pas une seule bonne manière de faire face, cela dépend de la situation et des caractéristiques de chacun. « Lorsque les situations ne sont pas contrôlables, calmer ses émotions semble la réaction la plus adaptée et la moins coûteuse pour l’individu. » (16, page 48). « Nous ne pouvons être efficaces […] si nous agissons contre nature. Il faut faire avec ce que nous sommes, nos émotions et nos pensées, tout en les faisant évoluer. » (16, Page 105). D’après nos entretiens, chacun des IDE interrogé exprime que pour gérer ses émotions face à une urgence vitale, il « anticipe » la situation au maximum. L’IDE 1 explique : « j’essaie de me concentrer au maximum sur la personne, j’essaie d’anticiper les choses, j’essaie de préparer, de savoir les doses que le médecin attend, j’essaie de servir à quelque chose ». De plus, tous expriment qu’ils font « abstraction de tout » (IDE 1), qu’ils ne se posent « que des questions centrées sur le patient et son pronostic vital » (IDE 4), et qu’ils sont « tout de suite dans l’action » (IDE 2). Ainsi, ils expriment pouvoir être « concentré[s] sur ce qu’ [ils ont] à faire » (IDE 3). Enfin, les quatre Infirmiers s’accordent à dire que l’expérience professionnelle est une réelle force les aidant à gérer leurs émotions face à une situation d’urgence vitale. Cette idée est soutenue par l’IDE 4 : « plus on a d’expérience et plus on a vécu de situations, plus on est formé à les gérer. […] le stress est diminué, j’arrive mieux à le gérer même s’il est toujours présent […]. Maintenant, avec les années j’arrive dans le service plus sereinement parce que je sais que je maîtrise beaucoup plus de choses, beaucoup plus de soins techniques, j’ai beaucoup affûté mon regard par rapport à l’urgence, par rapport aux pathologies qu’il y a 8 ans en arrière ». 13 Cependant, comme le souligne l’IDE 3 : « […] ça ne veut pas dire qu’un jour au bout de dix ans, dans une certaine situation, je ne vais pas être débordé […], peut-être qu’on sera fatigué, qu’il y aura eu des histoires dans notre vie qui modifieront la perception de tout ça, ce n’est pas une science exacte ». 4. Les ressources des IDE Lorsque les soignants sont submergés par leurs émotions, ils différencient « le pendant » et « l’après » urgence vitale. Pendant l’action, tous s’accordent à dire qu’ils peuvent passer la main à un autre collègue : « pendant l’urgence, moi je trouve qu’il n’y a pas de ressources à part passer la main » (IDE 2). Les IDE expliquent que c’est seulement après l’urgence qu’ils peuvent repenser aux émotions qu’ils ressentent et en parler avec leurs collègues, leurs familles : « c’est après que je peux y repenser […] chez moi ou avec mes collègues, quand le patient est parti, pour se dire « on se pose » et on en reparle même à distance […], ça permet d’évacuer. » (IDE 3). Dans chacun des deux services, il n’existe pas de programmation de réunion de discussion systématique en post-gestion de l’urgence. Par contre, les soignants expliquent qu’ils ont la possibilité de faire appel au cadre du service. En effet, l’IDE 4 exprime : « on arrive parfois à en rediscuter avec le médecin, mais personnellement je me tournerais plus vers la cadre de santé […] qui ensuite m’orienterait vers la psychologue ». La psychologue est, pour les IDE interviewés, une ressource présente à leur disposition s’ils ressentent le besoin de la rencontrer. Cependant, nous remarquons qu’ils font peu appel à cette dernière. En effet, aucun des quatre IDE n’a souhaité rencontrer cette professionnelle lorsqu’il a fait face à une situation d’urgence vitale difficile à gérer émotionnellement. Ceux-ci expliquent qu’ils trouvent davantage leurs ressources sur un plan personnel, au sein de leur famille, leurs amis. Enfin, les IDE des urgences soulignent l’importance de la présence des Médecins et de leurs compétences pour gérer au mieux la situation. Tandis qu’en soins conventionnels, l’infirmier n’obtient pas toujours le soutien qu’il espère de la part de l’équipe médicale, qu’il estime moins formée à l’urgence. 14 Pour autant, il apparaît clair que dans les deux services, l’une des ressources maîtresses de l’IDE reste la collaboration en équipe, comme le soutien l’IDE 4 : « j’ai beaucoup de ressources positives et me dit que tout va bien. Et ici il y a quand même un noyau, une équipe assez soudée et puis je trouve que quand il nous arrive un gros truc on est souvent entouré de collègues, on n’est jamais seul. » 5. Synthèse À l’aide de nos entretiens, nous avons pu remarquer que face à l’urgence vitale les infirmiers étaient inévitablement confrontés à leurs émotions et plus particulièrement au stress. Ils doivent donc apprendre à le gérer. En arrivant à discerner et exprimer leurs émotions après une situation de stress, les infirmiers parviennent mieux à identifier les ressources dont ils disposent pour les canaliser. Les actions du soignant sont alors plus efficaces pour répondre, d’une part, à leurs propres besoins et d’autre part, à l’urgence vitale en question. 15 V. EFFICACITE ET QUALITE DE LA PRISE EN SOINS 1. Concept et législation La qualité des soins est un concept qui consiste à « mettre en œuvre le plus d'éléments possible pour garantir aux patients une qualité de prise en charge diagnostique et thérapeutique adaptée. Lorsque la qualité des soins apportée est bonne, le patient bénéficie naturellement des meilleurs résultats possibles en fonction de sa pathologie. La qualité des soins est optimale si les critères budgétaires sont respectés et que les risques de complications ou de maladies dus à la prise en charge du patient (pathologies iatrogènes) sont limités au maximum. » (17) D’après les articles R.4312-1 et suivants du Code de la Santé Publique : « Dans le cadre de son rôle propre et dans les limites fixées par la loi, l’infirmier est libre de ses choix, qui seront ceux qu'il estime les plus appropriés. Il doit, sans négliger son devoir d'assistance morale, limiter ses actes professionnels à ce qui est nécessaire à la qualité, à la sécurité et à l'efficacité des soins. Il doit tenir compte des avantages, des inconvénients et des conséquences des différents soins possibles. » (18) De plus, « Dans les limites fixées par la loi, l’infirmier est libre de ses prescriptions qui seront celles qu'il estime les plus appropriées. Il doit, sans négliger son devoir d'assistance morale, limiter ses prescriptions à ce qui est nécessaire à la qualité, à la sécurité et à l'efficacité des soins. Il doit également informer le patient, dans la mesure de ses connaissances, des conditions de remboursement des produits et dispositifs prescrits. » (18) 2. L’impact des émotions sur la prise en soins D’après les interviews réalisées, nous remarquons que l’ensemble des infirmiers s’accorde à dire que les facteurs qui impactent le plus la prise en soins sont : 16 « la prise en charge d’un proche » (IDE 3), « la ressemblance avec un proche » (IDE 4) et l’histoire de vie personnelle. Tout d’abord, l’IDE 4 explique : « j’ai déjà eu la ressemblance avec un proche. On a eu un motard de 38 ans et je n’ai pas pu faire la toilette mortuaire parce qu’en fait, il ressemblait à mon mari ». Hormis ces trois facteurs, celui qui reste pour les infirmiers, le plus déstabilisant, est l’âge du patient. En effet, au sein du service des urgences, l’IDE 4 déclare : « plus [le patient] est jeune, plus c’est difficile ». Cette idée est renforcée par l’IDE 2 du service de gériatrie qui ajoute : « comme on a à faire à des personnes âgées ce n’est pas pareil que si c’était des jeunes, ils ont quand même fait leur vie, c’est encore différent d’un autre service conventionnel, la gériatrie, car ce sont des personnes très âgées ». Ainsi, la prise en charge de la personne âgée peut paraître compliquée du fait du devenir incertain de la personne. L’IDE 1 se questionne : « on peut se poser des questions sur l’acharnement thérapeutique, s’ils ont 100 ans, est-ce nécessaire de pratiquer des soins d’urgences ? ». Les réponses des soignants nous confortent donc à dire que les émotions ressenties au cours de la prise en soins d’une personne âgée diffèrent de celles éprouvées avec un patient plus jeune. 3. Les facteurs d’une prise en charge efficace et de qualité En vue d’obtenir une prise en soins efficace et de qualité, les IDE mettent en place plusieurs outils. Ceux-ci varient entre le service de gériatrie et celui des urgences. Le service des urgences dispose d’une SAUV, de médecins formés et plus nombreux ainsi que de matériel en plus grande quantité. L’IDE 2 argumente : « dans un service d’urgences […], il y a plus de personnel, tout le monde est formé à l’urgence, tout le monde connaît son chariot d’urgence. D’abord, je pense que l’on fait bien ce que l’on fait souvent, il faut travailler dans des services d’urgences pour être efficace, tu n’es pas dans les mêmes conditions. […] Les professionnels sont plus habitués aux urgences, […] c’est leur activité principale, […] tout est prêt dans une chambre ». Enfin, dans le service des urgences, nous remarquons que « quand on sait exactement pourquoi on […] fait [un soin] » (IDE 4), la prise en soins est améliorée. 17 Contrairement à un service d’urgence, le service de gériatrie manque de personnel médical formé. De plus, l’absence d’interne de garde la nuit accentue la difficulté de la prise en charge. L’IDE 2 exprime : « Le médecin […] a déjà bien du mal de gérer la situation, dans les services de médecine, les médecins ne sont pas formés à l’urgence, ils sont autant paniqués ou même plus que toi […]. Ce qui est le plus embêtant ici c’est qu’avant on avait un interne de garde, maintenant depuis peu, on fonctionne avec les médecins du SAMU ». Par ailleurs, dans ce même service, les infirmiers ressentent un stress quand les professionnels du SAMU interviennent. L’IDE 1 dit : « ça change de nos habitudes […] donc un peu de pression, de stress par rapport à ce qu’ils vont nous demander ». Ces deux facteurs rendent, donc, plus difficile la prise en soins d’une situation d’urgence vitale en service conventionnel. Pour pallier au manque de moyens mis à leur disposition, les infirmiers essaient d’anticiper les choses en s’organisant au maximum lors de la survenue d’une urgence afin d’effectuer une prise en soins efficace. L’IDE 2 exprime : « Chez la personne âgée, c’est bien quand on a des patients qui ne vont pas bien […], d’anticiper les choses ». 4. Synthèse Afin de gérer au mieux leurs émotions lors d’une situation d’urgence vitale, les soignants mettent en place des mécanismes propres à chacun dont le but principal est d’atténuer leur stress. Ainsi, ils peuvent prendre en charge le patient avec l’efficacité et la qualité requises. « Cette prise de recul émotionnelle apporte un sentiment de meilleur contrôle des situations et de la vie professionnelle. Distinguer ce qui est contrôlable de ce qui ne l’est pas permet concrètement et pratiquement d’agir plus efficacement et de ne pas s’épuiser inutilement. » (16, Page 240). 18 CONCLUSION L’analyse de nos recherches et de nos entretiens nous a permis d’affiner notre travail et d’explorer la problématique de départ qui concernait la gestion des émotions de l’IDE, en situation d’urgence vitale. Face à une telle situation, l’IDE doit sans cesse s’adapter pour assurer une prise en soins efficace et de qualité. C’est là que réside toute la difficulté de la gestion des émotions du soignant. En effet, la frontière est parfois ténue entre le contrôle absolu de nos émotions et l’impossibilité de les dissimuler. Il ressort de notre analyse que dans le service d’urgences, les infirmiers disposent de plus de ressources (autant formatives que matérielles ou encore humaines) que dans un service conventionnel. Ils se sentent alors plus aptes à gérer leurs émotions lors de la prise en charge en urgence d’un patient dont le pronostic vital est engagé. Comme nous avons pu le démontrer à travers nos entretiens exploratoires, les temps de parole, les collègues, la vie personnelle, sont d’autres ressources primordiales pour les IDE. Enfin, l’expérience professionnelle représente l’atout majeur dans la gestion des émotions de l’infirmier. L’ensemble de ce travail nous a permis de nous affirmer en tant que futurs professionnels de santé par la prise de parole, la conduite des entretiens ou encore la négociation au sein du groupe. Nos connaissances ont été enrichies par nos recherches théoriques et les entretiens avec les professionnels. Néanmoins, ces connaissances restent à approfondir et à poursuivre tout au long de notre carrière. En conclusion, ce travail nous a permis de nous rendre compte à quel point la dimension relationnelle est importante pour dispenser des soins de qualité. Aussi, afin de rendre notre prise en charge personnalisée, nous mesurons l’importance d’apprendre à gérer notre stress et nos émotions. Cette gestion s’acquiert avec le temps, l’expérience et constitue un point clé de notre futur métier. 19 PROBLEMATIQUE Pour réaliser notre travail de recherche, et déterminer « en quoi la gestion des émotions d’un infirmier en situation d’urgence est importante pour une prise en soins efficace et de qualité, lorsque le pronostic vital d’un patient adulte est engagé », nous avons comparé un service d’urgences à un service conventionnel ayant pour spécialité la gériatrie. Le choix de ce service conventionnel nous a conduit à rencontrer des professionnels travaillant spécifiquement auprès de personnes âgées. Ainsi, l’analyse des entretiens réalisés avec les IDE de celui-ci, a fait émerger un nouveau questionnement : Comment réagir face à une urgence vitale chez un patient âgé avec de multiples complications ? Nous avons en effet découvert, que pour les professionnels du service de gériatrie, la qualité de la prise en soins d’une personne âgée lors d’une urgence vitale les amène à se questionner davantage. Il est difficile pour eux de déterminer jusqu’à quel point le secours apporté à la personne âgée peut lui être bénéfique par rapport aux risques qui incombent. Les sauver, mais à quel prix ? Pour quel devenir ? Quelle qualité de vie peut-on offrir à une personne de plus de 80 ans que l’on doit réanimer ? Les résultats de notre enquête, nous amènent à élargir notre sujet en énonçant la problématique suivante : Quelle attitude un IDE doit-il adopter face à une situation d’urgence vitale chez une personne âgée de plus de 80 ans, présentant de multiples complications ? 20 BIBLIOGRAPHIE 1. TILLMAN CAROLINE. Site officiel de Caroloine Tillman, auteur [en ligne]. Disponible sur : https://desarmemoi.wordpress.com/. (consulté le 04/05/2015) 2. INSTITUT UPSA DE LA DOULEUR. Institut UPSA de la douleur [en ligne]. Disponible sur : http://www.institut-upsa-douleur.org/. (consulté le 16/04/2015) 3. HORDÉ. Santé médecine.net [en ligne]. Disponible sur : http://santemedecine.commentcamarche.net/faq/47735-urgence-vitaledefinition#q=urgence+vitale+&cur=3&url=%2F. (consulté le 19/02/2015) 4. HORDÉ. Santé médecine.net [en ligne]. Disponible sur : http://santemedecine.commentcamarche.net/faq/47735-urgence-vitaledefinition#q=urgence+vitale+&cur=3&url=%2F. (consulté le 12/03/2015) 5. Gestion des émotions [en ligne]. Disponible sur : http://natyinfirmiere.files.wordpress.com/2010/10/gestion-des-emotions.pdf. (consulté le 26/02/2015) 6. LE GUIDE SANTÉ. Le guide santé.org [en ligne]. Disponible sur : https://www.le-guidesante.org/Annuaire/Hopitaux-et-cliniques/Service-des-urgences.html. (consulté le 06/03/2015) 7. CHRU DE BESANCON. Centre hospitalier régional universitaire de Besançon [en ligne]. Disponible sur : http://www.chu-besancon.fr/. (consulté le 07/04/2015) 8. CHRU De Besançon. Livret d’accueil des étudiants au CHRU de Besançon. (consulté le 30/04/2015) 9. ROUSSEL. MACSF l'assureur des professionnels de la santé [en ligne]. Disponible sur : https://www.macsf.fr/vous-informer/actes-de-soins-professionnel-sante/competenceprofessionnel-sante/infirmier-urgence.html. (consulté le 06/03/2015) 21 10. LE FIGARO. Le Figaro.fr santé [en ligne]. Disponible sur : http://sante.lefigaro.fr/actualite/2008/12/30/9373-plus-15-millions-patients-urgences-2008. (consulté le 24/04/2015) 11. UNIVERSITE DE VERSAILLES SAINT-QUENTIN-EN-VELINES. Université de Versailles St-Quentin-en-Yvelines université Paris-Saclay [en ligne]. Disponible sur : http://www.uvsq.fr/du-prise-en-charge-des-urgences-vitales-en-soins-infirmiers-uvsi-147251.kjsp. (consulté le 24/04/2015) 12. PERRAUT SOLIVERES Anne. Les émotions dans le soin, Pratiques, janvier 2002, n°16. (consulté le 21/03/2015) 13. STEINER Claude. L’A.B.C des émotions. Dunod, 2000, 263p. (consulté le 21/03/2015) 14. MANOUKIAN Alexandre, MASSEBEUF Anne. Pratiquer : La relation soignant-soigné. Lamarre, 2014, 201p. (consulté le 08/02/2015) 15. AGENCE EUROPEENNE POUR LA SECURITE ET LA SANTE AU TRAVAIL. Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail [en ligne]. Disponible sur : https://osha.europa.eu/fr/topics/stress/definitions_and causes. (consulté le 11/03/2015) 16. SAUNDER Laurence. L'énergie des émotions. Organisation Eds D', 2013, 352p. (consulté le 21/03/2015) 17. HORDÉ. Santé médecine.net [en ligne]. Disponible sur : http://santemedecine.commentcamarche.net/faq/45059-qualite-des-soins-definition. (consulté le 16/02/2015) 18. ORDE NATIONAL DES INFIRMIERS. Projet de code de déontologie [en ligne]. Disponible sur : http://www.ordre-infirmiers.fr/deontologie/le-code.html. (consulté le 12/03/2015) 22 ANNEXES Annexe 1 : Présentation des IDE interviewés Annexe 2 : Questionnaire aux professionnels Annexe 3 : Informations concernant le Service d’Accueil des Urgences Vitales (SAUV) Annexe 4 : Informations concernant la Formation aux gestes et soins d'urgences (AFGSU) Annexe 5 : Informations concernant le DU « Prise en charge des urgences vitales en soins infirmiers » (UVSI) 23 Annexe 1 : PRESENTATION DES IDE interviewés (Centre Hospitalier de la région Franche Comté) IDE 1 : Infirmier exerçant depuis l'obtention de son diplôme d'infirmier, soit 4 ans et demi, dans le service de gériatrie. IDE 2 : Infirmière Diplômée depuis 22 ans, elle travaille depuis 10 ans dans le service de gériatrie. IDE 3 : Infirmier aux urgences, exerce dans ce service depuis l'obtention du diplôme d'infirmier, soit presque 4 ans. IDE 4 : Infirmière depuis 12 ans, travaille depuis 9 ans dans le service des urgences. Elle a exercé au pool de remplacement de ce même hôpital avant de postuler dans le service des urgences. 24 Annexe 2 : QUESTIONNAIRE AUX PROFESSIONNELS TRAME D’ENTRETIENS PROFESSIONNELS (SERVICE D’URGENCE & SERVICE CONVENTIONNEL) Rappel de la question de départ : « En quoi la gestion des émotions d’un infirmier en situation d’urgence est-elle importante pour une prise en soins efficace et de qualité, lorsque le pronostic vital d’un patient adulte est engagé ? » - Depuis quand exercez-vous le métier d’IDE ? - Depuis quand exercez-vous dans le service ? - A quelle fréquence êtes-vous confronté à des situations d’urgence vitale chez l’adulte ? - Quelles émotions ressentez-vous lors de telles situations ? - Quelle situation d'urgence vitale peut avoir un impact sur la gestion de vos émotions ? (âge du patient, ressemblance d'un proche, circonstances...?) 25 - Selon vous, vos émotions peuvent-elles avoir une répercussion sur la prise en charge d’un patient et sur les soins prodigués ? - Comment parvenez-vous à gérer vos émotions dans un contexte d’urgence ? - Pensez-vous que la distance professionnelle entre en compte dans ce type de prise en charge ? Comment parvenez-vous à garder la « bonne » distance professionnelle alors qu’il est nécessaire de tout mettre en œuvre pour sauver le patient ? - A quelles ressources avez-vous recours lorsque vos émotions vous submergent ? - Selon vous, votre expérience professionnelle (durée, multiplicité des services et types de situations rencontrés) influence-t-elle la gestion de vos émotions ? - Disposez-vous d’une formation spécifique à la gestion des émotions ? - Des réunions de discussions avec l’équipe sont-elles organisées au sein du service ? - Quel est le rôle du médecin/cadre de santé dans la gestion des émotions de l’équipe ? - Pensez-vous qu’il est plus facile de gérer ses émotions dans un service d’urgence par rapport à un service conventionnel ? - Pensez-vous que le stress engendré pas ces situations peut provoquer un épuisement professionnel ? En avez-vous déjà été victime ou avez-vous déjà eu connaissance d’une telle situation dans l’équipe ? 26 Annexe 3 : INFORMATIONS CONCERNANT LE SERVICE D’ACCEUIL DES URGENCES VITALES (SAUV) 1 Travail de l’IDE à la SAUV : Il n’existe pas de formation pour les IDE mais il faut avoir travaillé au minimum 1 an dans le service d’urgences pour pouvoir y accéder ; les IDE bénéficie à leur entrée à la SAUV de doublages. La SAUV est un lieu d’accueil, au sein des services d’urgences, des patients ayant une détresse vitale existante ou potentielle. Les principes directeurs de la SAUV dont les suivants : la SAUV est ouverte 24 h/24 h ; la SAUV ne correspond ni à un lit de réanimation, ni à un lieu d’hospitalisation ; la SAUV doit être libérée dès que possible ; la SAUV est polyvalente, médicochirurgicale. Critères d’admission L’admission concerne tous les patients en situation de détresse vitale existante ou potentielle. La décision d’admission est prise par le médecin du service et/ou l’infirmier(e) d’accueil et d’orientation, le médecin du SMUR ou le médecin régulateur du SAMU. Dans ce cadre, cette décision doit s’appuyer sur des procédures cliniques, à partir de scores de gravité validés et partagés. 1 [Source : SFMU. Travail de l’IDE à la SAUV [en http://www.sfmu.org/…load/referentielsSFMU/sauv.pdf. (consulté le 14/03/2015)] ligne]. Disponible sur : 27 Formation Le personnel paramédical infirmier, aide-soignant ou agent hospitalier affecté à la SAUV doit avoir pu bénéficier d’une formation lui permettant de prendre en charge l’ensemble des situations menaçant le pronostic vital. Il est difficile de faire face à une situation de détresse vitale nécessitant des gestes précis, hiérarchisés, sans que chaque individu soit parfaitement préparé et entraîné. Les formations ont pour objet l’approche globale des thèmes indispensables et essentiels à tout soignant confronté à l’urgence vitale. Elles doivent pouvoir être abordées de façon consensuelle et être validées pour que la prise en charge des urgences vitales soit optimale et sécurisée. L’objectif final est l’adéquation des connaissances à une pratique adaptée de terrain en donnant aux soignants concernés les bases fondamentales d’un exercice au quotidien de l’urgence. 28 Annexe 4 : INFORMATIONS CONCERNANT LA FORMATION AUX GESTES ET SOINS D’URGENCES (AFGSU) 2 Formation aux Gestes et Soins d'Urgences (AFGSU) Crée par l’arrêté du 3 mars 2006, l’A.F.G.S.U (Attestation de Formation aux Gestes et Soins d’Urgences) permet à l’ensemble des personnes travaillant dans une structure de soins d’être formé à la prise en charge d’urgences médicales. Différents AFGSU avec différents objectifs : - A.F.G.S.U niveau 1 (12 heures de formation) à actualiser tous les 4 ans : permet à tout le personnel de l’établissement administratifs et techniques compris, d’apprendre des gestes simples et intègre la formation à l’utilisation d’un défibrillateur en cas d’arrêt cardiaque. - A.F.G.S.U niveau 2 (9 heures de formation) à actualiser tous les 4 ans : complète la formation du niveau 1 qui est pré requis, en permettant aux personnels soignants (inscrit au tableau IV du code de la santé publique ou associé *) d’utiliser le matériel non invasif du chariot d’urgence. Souvent on associe durant la formation le niveau 1 et le niveau 2 on devrait alors parler d’AFGSU niveau 1+2 (21 heures de formation). - A.F.G.S.U spécialisé dans les risques collectifs (9 heures de formation) à actualiser tous les 2 ans : permet au personnel soignant volontaire d’acquérir les connaissances pour participer à la gestion de crise en situation de risques sanitaires N.R.B.C.E (Nucléaire, Radiologique, Biologique, Chimique et Explosif). Ces formations se déroulent sous la responsabilité des C.E.S.U (Centres d'Enseignements des Soins d' Urgences) qui dépendent du S.A.M.U (Service d’Aide Médicale d’Urgence). Les formateurs sont des personnels soignants qui doivent répondre à des exigences très strictes (arrêté du 29 mars 2007). 2 (Source : Formation aux Gestes et Soins d'Urgences (en ligne). Disponible http://www.infirmiers.com/ressources-infirmieres/secourisme/formation-aux-gestes-et-soins-d-urgencesafgsu.html. (consulté le 24/04/2015) sur : 29 L’obligation pour le personnel soignant Depuis 2008 les formations initiales aux professions de santé intègrent la validation de l’AFGSU niveau 2 arrêté du 20 avril 2007, et arrêté du 21 avril 2007 ainsi que pour obtenir le certificat de prélèvement arrêté du 24 décembre 2007. Même s’il n’existe aucune obligation pour la formation continue du personnel déjà en exercice il y a une forte incitation pour les établissements à proposer ce type de formation circulaire du 22 juillet 2010 et une reconnaissance de la formation par l’ANFH (Association Nationale de Formation Hospitalière). Pour ce qui concerne les personnels soignants, l’arrêté du 3 mars 2006 fait référence aux professions inscrites à la 4e partie du Code de la santé publique. En clair, il s’agit des : médecins, chirurgiens dentistes, sages-femmes, pharmaciens, préparateurs en pharmacie, infirmiers et infirmières, masseurs kinésithérapeutes et pédicures podologues, ergothérapeutes et psychomotriciens, orthophonistes et orthoptistes, manipulateurs d’électroradiologie médicale, audioprothésistes, opticiens lunetiers, prothésistes et orthésistes, diététiciens. A cette liste s’ajoutent des personnels pour lesquels le programme de formation initiale prévoit l’acquisition de l’attestation de niveau 2, comme les ambulanciers, les aidessoignants, les auxiliaires de puériculture, les titulaire du CCPS (Certificat de Capacité pour effectuer des Prélèvements Sanguins), technicien en analyses biomédicales. 30 Là aussi l’acquisition de cette nouvelle compétence se fera par la voie de la formation continue. Une nouvelle formation destinée à la totalité du personnel travaillant au sein d'un établissement de santé ou d'une structure médico-sociale a vu le jour en mars 2006. Cette formation intitulée : "Attestation de Formation aux Gestes et Soins d'Urgences" (AFGSU), est mise en place depuis septembre 2006 dans certaines écoles paramédicales. Pour suivre une formation AFGSU ou obtenir des renseignements, nous vous conseillons de contacter le CESU (Centre d'Enseignement des Soins d'Urgence) de votre département. PSC 1 - Depuis le 1er août 2007, l'AFPS (Attestation de formation aux premiers secours) est officiellement remplacée par la formation "Prévention et secours civiques de niveau 1" (PSC 1). 31 Annexe 5 : INFORMATIONS CONCERNANT LE DU « PRISE EN CHARGE DES URGENCES VITALES EN SOINS INFIRMIERS » (UVSI) 3 DU Prise en Charge des Urgences Vitales en Soins Infirmiers (UVSI) : Description et objectifs : Améliorer la qualité des soins infirmiers au cours de la prise en charge des détresses vitales dans les structures d’urgence grâce à une formation spécifique et adaptée permettant d’acquérir les connaissances et les compétences, tant sur les plans théorique que pratique, nécessaires à l’exercice professionnel dans les structures de soins assurant la prise en charge d’urgences vitales (services d’urgences, déchoquages, salles de soins postinterventionnels (salles de réveil), réanimations, unités de soins continus, SAMU-SMUR…). 3 (Source : DU Prise en Charge des Urgences Vitales en Soins Infirmiers (en ligne). Disponible sur : http://www.uvsq.fr/du-prise-en-charge-des-urgences-vitales-en-soins-infirmiers-uvsi--147251.kjsp. (consulté le 24/04/2015)