Formes familiales du cancer colorectal

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Tlemcen, 05/05/06
Formes familiales du cancer colorectal
Emmanuel Mitry
Fédération des spécialités digestives
CHU Ambroise Paré
AP-HP
épithélium!
normal!
cancer
sporadique : !
M2!
M1 !
M3!
... Mn!
tumeur!
mutations somatiques !
dans divers gènes !
prédispositions familiales :!
épithélium!
"normal"!
mutation !
germinale!
gène-clé!
M2 !
M3!
... Mn!
tumeur!
mutations somatiques !
m0 / m0!
APPUI
PREVENTION
m0 / M1!
m0 / M1!
m0 / m0!
Cancérogenèse colorectale
V Boige et al. GCB 2004;28:21-32
Groupes à risque
Burt Gastroenterology 2000;119:837-53
Risque de survenue d'un CCR
80 %
60 %
40 %
20 %
20 ans
40 ans
60 ans
80 ans
cancer sporadique
épithélium
normal
M1
M2
M3
... Mn
Tumeur
mutations somatiques
prédisposition familiale
M1
mutation
germinale
gène-clé
épithélium
"normal"
M2
M3
... Mn
Tumeur
tumeur
mutations somatiques
Mutation germinale : toutes les cellules
Mutation somatique : cellules tumorales
Les prédispositions majeures
Formes héréditaires
Le syndrome de Lynch ou
syndrome HNPCC
 Risque relatif de cancer
colorectal 17
Polypose adénomateuse familiale
 Risque Relatif de cancer
colorectal 19
Syndrome de Lynch
Syndrome de Lynch
•  Maladie à transmission autosomique
dominante.
•  Altération constitutionnelle d'un gène MMR
(Mis-Match Repair)
–  Plusieurs gènes identifiés (hMSH2, hMLH1,
hMSH6, hPMS2).
–  Ces gènes participent au système de
réparation des mésappariements de l ’ADN.
CACA!
TCAC!
ACAG!
AGTGTGTGTGTC!
1
mésappariement!
2
Reconnaissance du !
mésappariement!
3
hMSH3
hMSH2
hMSH6
4
Réparation!
C!
A!
Réparation des mésappariements
Excision!
Synthèse!
Ligation!
G
TAAAGTAGCA!
ATTTC TCGT!
MLH1-PMS2 complexe!
PMS2 hMSH2
hMSH6
hMLH1
Prévalence du syndrome de Lynch
•  Enquêtes épidémiologiques 0,5% et 13% => 5 %
•  En réalité probablement moins fréquent ? Mutation hMSH2 et hMLH1
–  Finlande :
2,7 % - 1%
–  Italie du Nord :
–  USA :
0,86 %-1 %
1 %
–  Slovénie :
0,3 %
•  Prévalence des altérations délétères hMSH2 ou hMLH1
dans la population générale comprise entre 1/1600 et
1/800
Tumeurs du spectre HNPCC
•  Cancer colorectal
•  Cancer de l’endomètre
•  Cancer de l’estomac
•  Cancer de l’ovaire
•  Cancer de l’intestin grêle
•  Cancer des voies urinaires excrétrices
•  Cancer des voies biliaires
•  Pas le sein, la prostate ou le poumon
Risque cumulé en fonction de l’âge
pour les 6 cancers les plus fréquents
78%
43%
19%
18%
10%
9%
Aarnio et al. Int J Cancer Pred Oncol 1995;64:430-3
Risque cumulé de cancer par sexe
100
Hommes cancers
80
Hommes cancers
colorectaux
60
Femmes cancers
40
Femmes cancers
colorectaux
20
Cancers utérus
0
0
10
20
30
40
50
60
70
•  Risque cumulé de cancer à l'âge de 70 ans
•  Hommes : > 90 %
•  Femmes : 70 %
•  Cancer colorectal
•  Hommes : 74%
•  Femmes : 30%
•  Cancer de l'endomètre : 42%.
Critères diagnostiques
•  Amsterdam I
•  Trois sujets atteints par un cancer du côlon dont un est
parent au premier degré des deux autres
•  Un avant 50 ans
•  Deux générations successives atteintes
•  Amsterdam II
–  Idem Amsterdam I
•  élargissement au spectre des cancers HNPCC (côlon,
utérus, ovaire, voies urinaires excrétrices)
•  Amsterdam II modifiés
–  Idem Amsterdam II
•  2 apparentés au premier degré (au lieu de 3)
D’après Olschwang et al. Bull Cancer 2004;91:303
Manque de sensibilité des critères d'Amsterdam
malades consécutifs atteints
535
pas de MSI
469
MSI
66
0 mutants
malades consécutifs atteints
535
(1) cancer colique < 50 ans;(2) un
antécédent
au
premier
degré
côlon
endomètre; (3) multiple cancers du spectre
chez un même individu
critères remplis
117
pas de MSI
83
18 mutants identifiés
hMSH2, hMLH1
critères non remplis
418
MSI
34
17 mutants identifiés
hMSH2, hMLH1
Indication d’une consultation
d’oncogénétique
Accès direct à une consultation d’oncogénétique
1.  Critères d’Amsterdam II modifiés
2.  Malade de moins de 40 ans atteint par un cancer du
spectre HNPCC
Indication d’un test MSI
•  Malades entre 40 et 60 ans atteints par un cancer
colorectal
•  Malades ayant un antécédent familial de cancer
du côlon ou de l’endomètre
Si le phénotype MSI+, indication d’un test génétique
D’après Olschwang et al. Bull Cancer 2004;91:303
Test génétique
•  HNPCC => inactivation gène MMR =>tumeurs de
phénotype instable
•  Etude du statut MSS / MSI
–  Génotypage
•  Analyse marqueurs microsatellites de l'ADN extrait des
cellules tumorales : apparition de nouveaux allèles
–  Immunohistochimie
•  Etude expression tissulaire des protéines MMR sur coupe
histologique
•  Perte d'expression d'une des protéines MMR au niveau
tumoral (perte d'expression exclusive et somatique)
•  Moins sensible que génotypage, interprétation opérateurdépendant
•  Analyse génétique
–  Recherche mutation délétère constitutionnelle gène MMR
Surveillance - Traitement
• 
Pas de corrélation génotype–phénotype : la prise en charge ne dépend pas de l’âge d’apparition ou la
localisation des cancers dans une famille
Localisation
RR
*
Risque cumulé *
Dépistage
Chir
prophylactique
Traitement
Colonrectum
10
50-60
>20-25 ans
chromocoloscopie / 2 ans
non
idem
sporadique
Endomètre
40
30-40
examen annuel > 30 ans
non
idem
sporadique
Urothélium
15
5
>25
1-5
Grêle
Pas de recommandation particulière
Ovaire
9
8
Voies
biliaires
5
5
* : RR et RC : en % / formes sporadiques
D’après Olschwang et al. Bull Cancer 2004;91:303
Syndrome de Lynch :
Intérêt de la surveillance endoscopique
Population : 22 familles HNPCC
Coloscopie tous les 3 ans vs pas de surveillance
Nombre de cancers :
 Sujets surveillés :

8/133
stade A : 3, stade B : 5
Sujets non surveillés : 19/119
stade D : 8
 Réduction du risque de cancer colorectal de 62%
 Disparition de la mortalité par cancer colorectal
Coloscopie à partir de 20-25 ans tous les 2 ans
Syndrome de Lynch :
Concept d’adénome « agressif »
Processus de carcinogenèse précoce
et accéléré
Dysplasie sévère pour des adénomes
de petite taille
Prévalence élevée de lésions planes
(adénomes plans) plus difficiles à détecter ?
=> Intérêt de la chromoendoscopie
Coloration indigo-carmin
(T Lecomte – P Laurent-Puig
HEGP – Paris)
Polypose adénomateuse familiale
Génétique
•  1 à 2% des cancers colorectaux
•  Maladie à transmission autosomique dominante
•  Forte pénétrance
•  Mutation germinale du gène APC => activation voie Wnt
•  Chromosome 5q21
•  gène suppresseur de tumeur
•  15 exons, 2843 codons
•  Différentes mutations => différentes formes de la maladie
•  1/3 mutations : codons 1061 et 1309
PAF – Atteintes cliniques
Manifestations Malignes
Manifestations Bénignes
PAF – Polypose colique
PAF – Adénomes duodénaux
PAF – Syndrome de Gardner
HEPR
Ostéome
Tumeur desmoïde
Polypose adénomateuse familiale
2 formes
Une forme classique définie par plus d’une
centaine adénomes sur le cadre colique
Une forme atténuée définie par moins d’une
centaine d’adénomes :
associée à une polypose glandulo-kystique
du fundus ; un âge plus tardif du début de
la maladie
Manifestations extra-digestives associées dans
les 2 formes
Tumeurs desmoïdes, Adénomes Duodénaux
Diagnostic moléculaire possible
dans ces deux formes
Corrélation génotype-phénotype
CAT si mutation chez les parents
•  Recherche mutation vers l'âge de 10-12 ans
•  Si porteur de la mutation
–  rectosigmoïdoscopie annuelle à partir de la puberté
jusqu'à l'âge de 40 ans
–  colectomie prophylactique
–  duodénoscopie avec latéroscope + biopsie de la papille :
–  tous les ans si adénome
–  tous les 2 ans si normal
Polypose adénomateuse familiale (MYH)
MYH associated polyposis
•  Maladie à transmission récessive
•  Liée à une mutation biallélique du gène MYH
•  MYH
•  est une adénine glycosylase qui participe à la
réparation de l'ADN par excision de base
•  Mutation biallélique Y165C, G382D
•  Mutation diminue l’activité adénine glycosylase
J Natl Cancer Inst 2004;96:1631-4; N Engl J Med 2003;348:791-9
Prévalence des mutations biallélique de
MYH dans différentes situations
•  Malades ayant plus de 100 adénomes dans le côlon sans
mutation APC identifiée
–  7.5% des cas
–  manifestations extardigestives
•  Malades avec de multiple adénomes (3 à 100)
–  4% des cas
–  nombre moyen d’adénomes : 55 [18 à 100
–  histoire familiale CCR dans 85% des cas
•  Malades avec un cancer colorectal sporadique
–  2% des cas
–  dans 30% des cas aucun adénome associé
J Natl Cancer Inst 2004;96:1631-4; N Engl J Med 2003;348:791-9
Conclusions
 
La reconnaissance des formes familiales des cancers
colorectaux est essentielle à une prise en charge de ces
malades et de leurs familles.
 
Prendre en charge le risque de second cancer
 
Prendre en charge les complications extra-digestives
 
Dépister les apparentés au 1er degré
 
Sur le plan génétique
 
Sur le plan clinique
 
Prendre des mesures spécifiques
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