à votre service SANS ORDONNANCE Texte rédigé par Philippe Desmarais, B. Pharm., Anne-Marie Frenette, B. Pharm., et Caroline Désilets, B. Pharm., Pharmacie C. Désilets & P. Desmarais. Texte original soumis le 28 février 2006. Texte final remis le 7 août 2006. Révision : Chantal Leblanc, B. Pharm., Pharmacie Leblanc & Boucher, Saint-Brunode-Montarville. 48 Les bas de compression Les bas de support, aussi appelés bas de compression ou de contention, peuvent être employés dans diverses situations préventives et curatives. Les patients ayant des veines variqueuses peuvent avoir recours, entre autres, aux bas de support. Ce trouble, aussi synonyme de varices, a une prévalence estimée de 5 % à 30 % dans la population générale adulte et trois fois plus de femmes que d'hommes en sont affectées1. L'utilisation des bas de compression étant assez diversifiée et leur présence en pharmacie, grandissante, nous ferons un survol de ces produits. Cet article traitera de leur utilité thérapeutique et des mécanismes impliqués. Nous aborderons leurs nombreuses applications ainsi que les considérations pratiques entourant leur utilisation. Pathophysiologie veineuse Le système veineux est constitué de vaisseaux de différents calibres ayant pour fonction de transporter le sang pauvre en oxygène vers le cœur. Du cœur, il passera aux poumons pour y éliminer certains déchets et être réoxygéné. Le système veineux périphérique fonctionne comme un réservoir de sang et de conduits qui assurent le retour sanguin des tissus vers le cœur. Le bon fonctionnement de ce système dépend de trois facteurs importants1-3. D'abord, le sang provenant des membres inférieurs doit rejoindre la circulation centrale en luttant contre la force de gravité. Les veines sont munies d'une série de valves bicuspides, faites de tissus fibreux et élastiques, assurant un mouvement du sang de façon unidirectionnelle1. Elles permettent au sang de circuler vers le cœur et s'opposent à son reflux. Ensuite, les veines profondes des membres inférieurs sont entourées de muscles squelettiques de sorte qu'elles sont comprimées par leur contraction. La contraction des muscles du mollet, par exemple, peut produire une pression de plus de 200 mm Hg. Cette pression est suffisante pour expulser le sang des veines. Ce phénomène est appelé la pompe musculaire. Les valves agissent de concert avec ces pompes musculaires pour permettre au sang de lutter contre la gravité. Enfin, l'élasticité des veines leur permet de se comprimer et favorise ainsi le retour veineux1. Le mauvais fonctionnement de l'une de ces étapes peut mener à l'insuffisance veineuse. Celle-ci englobe toutes les affections se rapportant à une anomalie fonctionnelle ou physique des veines superficielles et/ou profondes. Il en résulte une incapacité à drainer le sang des capillaires. Les causes d'une telle incapacité sont diverses, tant héréditaires qu'acquises. Les varices, des veines dilatées de façon permanente, en sont l'expression la plus commune. Aussi, l'insuffisance veineuse peut entraîner une hypertension veineuse se manifestant par différents symptômes, incluant de la douleur, de l'œdème, de l'enflure, des changements de teinte de la peau et des ulcères veineux1. La pression augmentant au niveau de la veine, il y a une progression de la dilatation des veines. Parmi les facteurs pouvant expliquer l'augmentation de la pression veineuse, on note l'incompétence valvulaire des veines profondes et superficielles, une obstruction veineuse ou encore un mauvais fonctionnement de la pompe musculaire. Québec Pharmacie vol. 54, n° 2, février 2007 L'insuffisance veineuse peut prendre la forme de simples veines dilatées, mais l'atteinte peut aller jusqu'à la fibrose cutanée et l'ulcération veineuse. Les veines variqueuses sont des veines superficielles dilatées qui, avec le temps, deviennent de plus en plus dilatées et apparentes. Cette progression peut éventuellement causer des varices proéminentes, de l'œdème, des ulcères et mener vers une thrombose veineuse profonde1,3. Mécanismes d'action des bas de compression Les mécanismes d'efficacité des bas de compression ne sont pas entièrement élucidés. En fait, en appliquant une pression constante sur la jambe, les bas permettent un mouvement continu du sang des petites veines superficielles vers les veines principales plus profondes4. Cela a pour effet de diminuer la stase sanguine et empêcherait les petites déchirures au niveau des veines de petite taille. Lorsqu'il est question de la pression exercée, elle est mesurée à la cheville. Pour permettre un effet optimal, la compression est graduée, étant plus forte à la cheville et diminuant en montant sur la jambe5. Types de bas de compression sur le marché Plusieurs types de bas de compression sont offerts sur le marché. Plusieurs études ont montré que les bas au genou sont aussi efficaces que les bas à la cuisse ou les bas collants, à moins d'avoir beaucoup d'enflure au niveau des cuisses1,4. Ils ont l'avantage d'être plus faciles à enfiler, moins irritants, plus acceptables (en particulier pour les hommes), plus légers durant la période estivale en plus d'offrir les mêmes bénéfices cliniques6. L'observance des patients est donc supérieure avec les bas de support aux genoux. Différents tissus sont offerts aux patients : lycra, spandex, élasthane, nylon, polyester et coton. On doit faire les ajustements selon les recommandations du manufacturier. Lorsqu'une mesure est requise, mieux vaut procéder le matin, afin de s'assurer que l'enflure est à son minimum. Dans certains cas particuliers, l'utilisation de bas spécialisés est de rigueur : ■ Lors d'une grossesse, il est recommandé d'utiliser des bas culotte avec ou sans gousset de maternité (les patients obèses peuvent aussi les utiliser). Les bas de compression ■ ■ ■ ■ ■ Si le bas tend à se déplacer ou à rouler sur la cuisse, certaines compagnies offrent des bas avec attaches à la taille. Si une opération a eu lieu à une jambe, comme il vaut mieux ne pas compresser la jambe ayant subi l'intervention, il existe des bas ne couvrant qu'une seule jambe. Pour une compression très élevée, il peut être de rigueur d'utiliser un bas à bout ouvert où l'on voit les orteils ; cette méthode permet de s'assurer que la compression n'est pas trop grande, en observant la couleur des orteils. Il y a aussi des bas particuliers pour diabétiques. Ils sont faits de fibres qui respirent, dans un tissu antimicrobien et n'ont pas de couture. Il est possible que ces caractéristiques contribuent à la prévention des infections, mais ces suppositions sont théoriques. Enfin, il existe aussi des bas anti-embolie ; ces derniers ont une compression de 18-20 mm Hg au niveau de la cheville. On ne peut les étirer qu'en longueur. On les utilise en pré ou postopération pour prévenir la thrombose veineuse profonde (TPV) ainsi que les embolies pulmonaires. On peut trouver tous les bas en pharmacie. Par contre, lorsqu'un bas avec une caractéristique spéciale (couleur, niveau de compression, ajustement particulier) est requis, il sera nécessaire de le commander directement auprès de la compagnie. Il en va de même pour les bas faits sur mesure. Niveaux de compression et indications Il est important de s'assurer d'avoir le bon niveau de compression plutôt qu'une classe en particulier, car ces dernières varient d'un pays et d'un fabricant à l'autre. Le tableau I résume l'ordre de grandeur de chaque classe de bas de compression ainsi que les indications rattachées à chaque niveau de compression. À partir de la classe II, il est préférable de se procurer les bas sur ordonnance médicale. Le pharmacien, selon son niveau de connaissances, peut sans problème recommander sans prescription des bas de classe I ou A, pour les indications mentionnées au tableau I. Lorsqu'une compression de niveau plus élevé est requise ou pour les cas plus lourds, la consultation d'un médecin est souhaitable. Il est à noter qu'une consultation médicale peut aussi être bénéfique pour les cas légers chez certains patients. Indications pour le port des bas de compression L'utilisation de ce type de bas est répandue. On les porte pour plusieurs indications, dont l'insuffisance veineuse et la prévention et le traitement de la thrombose veineuse profonde. Leur utilisation est commune auprès des femmes enceintes et des gens ayant à prendre l'avion. Traitement de l'insuffisance veineuse Le traitement initial de l'insuffisance veineuse à l'aide de bas de support permet de réduire les symptômes, tels que la proéminence des varices, la douleur, l'œdème et l'enflure. Il aide aussi à prévenir le développement de complications secondaires, comme les changements cutanés et les ulcères veineux, et ralentit la progression de la maladie1,8. On suggère l'élévation des jambes lorsque cela est possible tout comme la réduction de la pression intra abdominale pour éviter le reflux sanguin, en évitant le port de vêtements serrés, par exemple. L'utilisation de bas de compression est la pierre angulaire du traitement conservateur. C'est un traitement qui vise à maintenir les fonctions physiologiques dans un état relativement satisfaisant lorsqu'il n'est pas absolument indispensable de s'attaquer aux causes de l'insuffisance veineuse. Ce traitement s'applique à tous les patients atteints sans égard à la gravité de la maladie. Le port du bas de support apporte une compression externe sur la jambe et s'oppose aux forces hydrostatiques de l'hypertension veineuse. Le port des bas de support doit être quotidien pendant la période où la personne est debout. En ce qui concerne le traitement de l'insuffisance veineuse, l'utilisation de bas de support gradués de 20 à 50 mm Hg de pression est bien établie1. Le port de bas de compression gradués de 30 à 40 mm Hg entraîne une diminution significative de la douleur, de l'œdème, de l'hyperpigmentation de la peau et une augmentation des activités et de la qualité de vie des patients, particulièrement si l'observance est de 70 % à 80 % et plus1. Pour les patients présentant des ulcères secondaires à l'insuffisance veineuse, le port de ce type de bas permet d'améliorer leur guérison et de prévenir leur récurrence. Le niveau de compression du bas de support devrait être proportionnel à la gravité de l'atteinte. Le traitement de l'insuffisance veineuse comporte de nombreux autres traitements médicamenteux ou chirurgicaux, mais ils ne seront pas traités dans cet article. Le port du bas de support apporte une compression externe sur la jambe et s'oppose aux forces hydrostatiques de l'hypertension En prévention de la thrombose veineuse profonde (TVP) La thrombose veineuse profonde se définit comme la formation d'un caillot de sang à l'intérieur des veines profondes des membres inférieurs, entraînant une obstruction partielle ou complète du débit sanguin dans la veine. Elle est souvent d'origine multifactorielle et résulte d'une association de facteurs. Par contre, trois conditions sont habituellement présentes lors d'un tel événement : un dommage à la paroi d'un vaisseau, la stase veineuse et un état d'hypercoagulabilité. Certains facteurs de risque peuvent être identifiés, comme des épisodes antérieurs de thrombose, des antécédents personnels ou familiaux de problèmes de coagulation, une chirurgie majeure récente (moins de six semaines auparavant) telle qu'une chirurgie pelvienne ou abdominale, etc. Les signes et symptômes, tels que la douleur, l'œdème, la sensibilité et la rougeur à la jambe, résultent de l'obstruction veineuse et de l'inflammation de la paroi du vaisseau. Lors du diagnostic, le traitement vise à soulager les symptômes et à prévenir l'embolisation et les récidives 9. veineuse. Québec Pharmacie vol. 54, n° 2, février 2007 49 à votre service SANS ORDONNANCE Il est important de prendre le temps d'enseigner au patient la bonne technique pour enfiler les bas. Pour limiter Les bas de contention font partie de l'arsenal thérapeutique de la TVP. L'utilisation de la compression et de l'anticoagulothérapie est reconnue pour la prévention de la TVP lors de chirurgie à risque modéré (p. ex., chirurgie abdominale, gynécologique ou neurologique)10. Utilisés de façon appropriée, les bas de contention peuvent réduire jusqu'à 60 % les risques de TVP à la suite d'une intervention chirurgicale à risque modéré 6. La compression à l'aide de bas de support peut aussi être utilisée lors de la phase aiguë de la TVP. Elle permet alors de réduire l'œdème, la douleur et favorise le retour plus rapide à la marche. L'intérêt majeur de l'utilisation des bas de support, à la suite d'une TVP, est la réduction du risque de syndrome post-thrombotique qui consiste en de la douleur, de l'œdème, un changement de pigmentation de la peau et éventuellement en une ulcération. Dans une étude randomisée, l'utilisation de bas de compression au genou au cours de la journée pendant deux ans débutant deux à trois semaines après l'événement a réduit de 50 % la fréquence de ce syndrome 9,11. En effet, sans prévention, 50 à 60 % des gens souffriront du syndrome post-thrombotique. Ce syndrome résulte de l'augmentation de la pression dans les veines attribuable aux dommages faits aux valves et à l'obstruction du flot sanguin. La perméabilité des veines est alors augmentée, ce qui permet le passage dans le tissu interstitiel de molécules de haut poids moléculaire et la formation d'œdème. Habituellement, ce syndrome survient dans les deux ans qui suivent la TVP. Il est recommandé de porter un bas de compression au genou de 30-40 mm Hg12 durant cette période. l'œdème, il est suggéré de mettre les bas au réveil avant de sortir du lit . 50 En prévention de la TVP chez les gens prenant l'avion Chaque année, on rapporte plusieurs cas de TVP chez les gens ayant fait un voyage en avion. En fait, jusqu'à 20 % des patients se présentant à l'hôpital pour une TVP avaient récemment pris l'avion13. Ce phénomène s'appelle le syndrome de la classe économique. Les facteurs qui contribuent au syndrome de la classe économique sont un environnement hypobare favorisant l'hypoxie, une faible humidité dans la cabine, la déshydratation (augmentée par la consommation d'alcool) et la compression veineuse due à une position assise prolongée dans un endroit où l'espace est restreint14,15. Certaines mesures peuvent être prises afin de prévenir la TVP lors d'un voyage aérien, telles qu'une consommation abondante de liquide, l'abstention de tabac, d'alcool et de caféine avant et pendant le vol, des étirements fréquents des membres et le port de vêtements confortables. L'incidence de la TVP chez les passagers d’un avion est difficile à évaluer étant donné que la TVP peut être asymptomatique et se développer seulement plusieurs jours après le vol13. L'incidence de la TVP serait d'environ 0,1 % chez la population générale, alors qu'il semble qu'elle augmente jusqu'à 10 % chez les passagers d’un avion13,14. La TVP est plus fréquente lors des vols de plus de huit heures13. Québec Pharmacie vol. 54, n° 2, février 2007 Plusieurs études ont montré l'efficacité des bas de compression au genou de classe I en prévention des TVP lors de vols prolongés. Un bas au genou (pour que ce dernier ne soit pas comprimé) d'environ 18 mm Hg doit être mis en place le matin du vol, au moment où la jambe est à son plus petit. L'une de ces études comportait 200 volontaires prenant l'avion pendant huit heures. La moitié des volontaires ont utilisé des bas de support de classe I pendant le vol. Une TVP asymptomatique a été détectée chez 12 patients du groupe témoin et aucune chez le groupe portant des bas13. Une autre étude effectuée chez 131 passagers de plus de 50 ans sans autres facteurs de risque ayant pris l'avion pendant 8 heures a révélé 12 cas de TVP dans le groupe témoin et aucun dans le groupe portant des bas de support de classe I13. Pour les vols prolongés, porter des bas, quelle que soit la durée du vol, semble comporter certains avantages à l'égard de la prévention de la TVP associée au voyage en avion. Chez la femme enceinte La femme enceinte est plus susceptible aux varices et à la TVP. Cette dernière survient dans 0,9 % des grossesses et, dans 65 % des cas, durant la période post-partum16. Au cours de la grossesse, une femme sur deux notera des modifications de l'hémodynamie veineuse. Dans 20 % des cas, ces modifications auront lieu lors d'une première grossesse et la proportion augmente à 50 % lors d'une deuxième grossesse17. Ces modifications sont liées à la sensibilité de la paroi des veines aux hormones sexuelles et à l'augmentation de pression, conséquence d'un utérus gravide18. Aussi, il semblerait qu'il y ait, au cours de la grossesse, des modifications des paramètres de la coagulation sanguine. Ces modifications surviendraient surtout lors de la deuxième moitié de la grossesse et en post-partum. Elles entraîneraient une augmentation de la majorité des facteurs de coagulation, une baisse de l'antithrombine III, une baisse de l'activité fibrinolytique, ou la révélation d'une anomalie préexistante (déficit en antithrombine III, en protéine C et S, et en anticoagulant circulant)19. À partir du deuxième mois de la grossesse, en présence de varices peu visibles, des bas de support de classe I sont suffisants. Si les varices sont visibles, on favorisera les bas de classe II. On réserve les classes III et IV aux varices volumineuses ou douloureuses. Dans les cas de grossesse à risque (s'il y a des antécédents de phlébites, par exemple), les bas de compression de classes II et III sont recommandés du sixième mois jusqu'à l'accouchement20. Les différents fabricants des bas de compression disposent d'une gamme pour les femmes enceintes avec un panneau approprié au ventre. On recommande de poursuivre la contention après l'accouchement pour une durée indéterminée. Ajustement Il existe deux types de bas de compression : les préfabriqués (ceux qu'on retrouve couramment en pharma- Les bas de compression cie) et ceux faits sur mesure, beaucoup plus coûteux. Dans les deux cas, une bonne mesure est essentielle afin de maximiser l'efficacité de la compression. Il faut savoir qu'un bas à la cuisse mal enfilé ou replié sur lui-même peut rouler sur la cuisse, provoquant un effet garrot, ce qui cause une pression sur la jambe plus grande que celle prévue 6. Il est préférable de prendre les mesures tôt le matin pour limiter l'effet de l'œdème, habituellement croissant au courant de la journée. Le patient doit se tenir debout et retirer ses souliers pour avoir les pieds à plat21. Les mesures que l'on prend pour les bas au genou diffèrent un peu de celles pour les bas à la cuisse et les bas culotte. Trois mesures doivent être effectuées pour les bas au genou21,22 : 1) la circonférence de la cheville au point le plus petit. 2) la circonférence de la partie la plus large du mollet. 3) la hauteur de la jambe à partir de la plante du pied jusqu'au creux poplité du genou. Le creux poplité est situé à la face postérieure du genou et correspond au pli de flexion entre la jambe et la cuisse. Entretien et nettoyage Quelques précautions sont nécessaires lors de l'entretien des bas de compression. D'abord, il est recommandé de les laver à la main à l'eau tiède ou froide, en utilisant un savon doux. Afin de retirer l'excédent d'eau, il faut comprimer les bas dans une serviette. Il est préférable de suspendre les bas afin de les sécher. Il faut choisir de préférence un endroit où la température est tiède et à l'écart des rayons du soleil ou de la chaleur directe. Certaines manipulations peuvent être dommageables pour ces produits. Par exemple, il ne faut jamais les laver à la machine, utiliser des produits javellisants, tordre les bas, les sécher à la sécheuse et les exposer à une chaleur directe8. Il semble qu'un lavage fréquent avec un savon restaure les propriétés mécaniques de compression des bas5. Les bas devraient être changés tous les six à neuf mois s'ils sont portés tous les jours1,5. Tableau I : Indications en fonction des niveaux de compression5,7 Classes Deux mesures s'ajoutent aux précédentes pour les bas à la cuisse et les bas culotte 21-23 : 1) la circonférence de la partie la plus large de la cuisse. 2) la hauteur à partir de la plante des pieds jusqu'au pli de la fesse. Quelques bas préfabriqués vendus en pharmacie utilisent des mesures plus générales et plus rapides à prendre. On choisit les bas au genou et les bas à la cuisse selon la taille des chaussures, et les bas culotte selon le poids et la taille du patient. Si un patient est incapable d'enfiler un bas à compression élevée, il peut superposer deux bas de compression inférieure. L'effet est additif 5. Enfilement des bas Il est important de prendre le temps d'enseigner au patient la bonne technique pour enfiler les bas. Pour limiter l'œdème, il est suggéré de mettre les bas au réveil avant de sortir du lit 21. Voici un exemple d'une technique adéquate21-23 : 1) Introduisez la main à l'intérieur du bas et saisissez le talon. 2) Repliez le bas jusqu'à la cheville de façon à ce que seulement le pied soit enfilé en premier. 3) Introduisez le pied et enfilez bien le bas jusqu'au talon. 4) Montez ensuite le bas jusqu'à la cheville en vous assurant de bien tendre ce dernier sur toute la longueur. 5) Montez enfin le bas jusqu'au genou. 6) Tirez sur la pointe pour libérer les orteils. 7) Il est plus facile d'enfiler les bas lorsque la peau est sèche. Au besoin, utilisez une poudre de talc et appliquez de la crème hydratante le soir au lieu du matin. On peut aussi mettre des gants afin d'éviter d'endommager les bas en les mettant. Des appareils d'aide à l'enfilement sont aussi offerts par les compagnies spécialisées. Classe A ou I Pression à la cheville 20 mm Hg Classe II 20-30 mm Hg Classe III 30-40 mm Hg Classe IV 40 mm Hg Indications - Amélioration de la circulation pour positions assise ou debout - Petites varices - Faible œdème - Sclérothérapie (traitement des varices par l'injection de produits sclérosants) - Prévention de la TVP lors d'un vol aérien - Après la sclérothérapie - Petites varices lors de la grossesse - Insuffisance veineuse et artérielle combinée - Contrôle de l'œdème après brûlure ou paralysie - Fatigue et lourdeur de la jambe - Insuffisance veineuse chronique menant à une dermite de stase - Hypotension posturale - Contrôle de l'œdème après brûlure ou paralysie - Lors de la grossesse s'il y a antécédents de phlébites ou lors d'apparition de varices pendant la grossesse - Prévention de la thrombose chez un patient à risque - Après la sclérothérapie - Après l'ablation chirurgicale de veines - Soulagement de la douleur, fatigue et lourdeur induites par les varices - Mêmes indications que la classe III mais lorsque les conditions sont plus graves - Lympho-œdème réversible (40-50 mm Hg) ou irréversible (50-60 mm Hg) - Syndrome post-thrombotique grave - Syndrome post-phlébétique conséquent à une insuffisance veineuse chronique Ce tableau est à titre indicatif et n'est pas exhaustif. La définition des classes varie d'un pays à l'autre. TVP = thrombose veineuse profonde Québec Pharmacie vol. 54, n° 2, février 2007 51 à votre service SANS ORDONNANCE Contre-indications Il existe peu de contre-indications au port des bas de compression. Voici une liste de celles rapportées dans la documentation médicale4,5 : ■ Infections cutanées ou dermatoses suintantes. ■ Insuffisance artérielle due au diabète ou à la claudication intermittente. ■ Usage non ambulatoire ; le patient qui ne se mobilise pas doit être encadré de façon plus serrée par un personnel spécialisé. ■ Stade aigu d'une hypodermite, soit une lésion inflammatoire sous-cutanée aiguë ou chronique quelle qu'en soit la cause. nous signifie qu'aucun programme ne permet leur paiement. Du côté des assurances privées, il n'y a pas de norme, mais certains plans couvrent un nombre prédéterminé de paires de bas par an. Conclusion Le pharmacien, dans son rôle de conseiller auprès du public, doit être en mesure de fournir des renseignements au sujet des bas de compression. Souvent, une multitude de produits s'offrent aux gens et le pharmacien leur permettra de faire un choix judicieux en fonction du diagnostic posé par le médecin. ■ Couverture par les assurances Les bas de contention ne sont pas couverts par la RAMQ. Dans les CLSC ainsi qu'à Communication Québec, on Références 1. Eberhardt RT, Raffetto JD. Chronic venous insufficiency. Circulation 2005; 111 : 2398-2409. 2. Sigvaris (janvier 2006) “ Venous Circulation” Sigvaris [En ligne], adresse URL: http://www.sig varisusa.com/prod_ web/enUSLocalDB.nsf/vw_ docnaviarzt/77524EB39BED11BF85256DA40 0720B7A?opendocument&pr=arzt$ 3. Activa Hosiery (janvier 2006) « Venous disorder formation » Activa [En ligne], adresse URL : http://www.activahosiery. com/anatomy.asp 4. Support Plus. (janvier 2006) Foire aux questions. [En ligne], adresse URL : http://www.autocon trol.com/pro ducts/footcare/spfaq_fr.jsp?id=spfaq_fr 5. Conférence internationale de consensus sur la compression. Effets cliniques de la compression élastique. Phlébologie 2003; 56: 315-67. 6. Conférence internationale de consensus de la compression. Compression et traitement préventif de la thrombose veineuse profonde. Phlébologie 56; 315-67. 7. Byrne B. Deep vein thrombosis prophylaxis : the effectiveness and implications of using belowknee or thigh-lenght graduated compression stockings. J Vasc Nurs; 20 : 53-9. 8. Partsh H. Compression and walking in deep vein thrombosis. Phlébologie; 53 : 453-8. 9. Kyrle PA. Eichinger S. Deep vein thrombosis. Lancet; 365 : 1163-74. 10. Scurr JH, Machin SJ, Bailey-King S et coll. Frequency and prevention of symptomless deepvein thrombosis in long-haul flights : a randomised trial. Lancet 2001; 357 : 1485-89. 11. Hollingsworth SJ, Dialysis M, Barker SGE. “Long haul” flight and deep vein thrombosis: a model to help investigate the benefit of aspirin and below-knee compression stockings. Eur J Vasc Endovasc Surg 2001; 22: 456-62. 12. Possick SE, Barry M. Air travel and cardiovascular Disease. J Travel Med 2004; 11 : 243-50. 13. O'mara NB. Venous thromboembolism: air travel and oral contraceptive use. Pharmacist Letter 2004; 20: p1-2. 14. Parpex P. Contention chez la femme enceinte. Phlébologie 56 : 279-280. 15. Conférence internationale de consensus sur la compression. Effets physiologiques de la compression. Phlébologie 56 : 315-67. 16. World Wide wounds (janvier 2006) « Compression hosiery in the prevention and treatment of venous leg ulcers » Johnson S. [En ligne], adresse URL: http://www.worldwidewounds. com/2002/september/Johnson/CompressionHosiery-Leg-Ulcers.html 17. Healthy Legg (janvier 2006) “How to measure for healthy legs” [En ligne], Adresse URL: http://www.healthylegs.com/pihowtomefor.html 18. Cognon-Morin (janvier 2006) “Mise en place” [En ligne], adresse URL : http://www.cogonmorin.com/v_conditions_ utilisation.html 19. Partsch H. Evidence based compression therapy. VASA 2003; 32 : suppl. 63. 20. NEJM: Bates SM, Ginsberg JS. Treatment of Deep-Vein Thrombosis. New Eng J Med. 351 : 268-277. 21. Schadeck M, Vin F. Varices des membres inférieurs et grossesse. Phlébologie 1984 ; 37 (4) : 561-9. 22. Cloarec M, Griton Ph, Blanchemaison Ph. Hormones et systèmes veineux. Phlébologie 1989; 42 (3) : 409-20. 23. Priollet P et coll. Thrombose veineuse et grossesse. La Revue du praticien 1988; 28 : 2073-7. Formation continue Veuillez reporter vos réponses dans le formulaire de la page 78 13) Concernant l'entretien et la mise en place des bas, quel énoncé est faux ? A Il est recommandé de les laver à la main à l'eau tiède ou froide. B Afin de faire sécher les bas, il est préférable de les suspendre au soleil. C Il ne faut jamais les laver à la machine. D Afin de faciliter la mise en place des bas, on peut utiliser une poudre de talc sur la jambe. E Pour essorer les bas de support, il faut éviter de les tordre et plutôt les comprimer dans une serviette afin d'enlever l'excédent d'eau. 52 Québec Pharmacie vol. 54, n° 2, février 2007 14) Concernant l'utilisation des bas lors d'un transport aérien, quel énoncé est vrai ? A Jusqu'à 40 % des patients se présentant à l'hôpital pour une TVP avaient récemment pris l'avion. B L'incidence de la TVP serait d'environ 1 % chez la population générale, alors qu'il semble qu'elle augmente à 10 % chez les passagers ayant récemment pris l'avion. C La TVP est plus fréquente lors des vols de plus de huit heures. D La consommation d'alcool diminue le risque de souffrir du syndrome de la classe économique. E L'incidence de la TVP chez les passagers prenant l'avion est facile à évaluer étant donné que la TVP est généralement symptomatique et qu'elle se développe rapidement, soit dans les heures suivant le vol.