La maladie d’Alzheimer : Où sont mes clés ? Qu’est-ce que je voulais faire ? Je perds mes mots ! Attention, ce sont peut-être les prémices de la maladie d’Alzheimer. La maladie d'Alzheimer est la plus courante des maladies neurodégénératives. Elle fut décrite pour la première fois en 1906 par un médecin allemand Dr Alois Alzheimer. Il décrivit des altérations anatomiques observées sur le cerveau d’une patiente de 51 ans atteinte de démence, d'hallucinations et de troubles de l'orientation. La fréquence globale de cette maladie, après 65 ans, varie entre 1 et 5,8 %. Elle augmente avec l'âge, atteignant près de 10 % après 85 ans et près de 20% pour les plus de 90 ans. Cette maladie est en voie de devenir un fléau sanitaire et socio-économique dans les pays industrialisés, où l'espérance de vie ne cesse d'augmenter. En France, il y aurait actuellement 860 000 personnes atteintes et 220 000 nouveaux cas par an. Les projections pour l'avenir sont alarmantes : 1 200 000 cas en 2020 et 2 100 000 en 2040. 30000000 à 40000000 de personnes seraient affectées dans le monde. - Quels sont les caractéristiques de la maladie ? Comment peut-on la dépister ? Qu’est-ce qui la déclenche ? Comment lutter efficacement contre elle ? Pour répondre à ces problématiques, nous étudieront : - Les caractéristiques de la maladie dans un premier temps ; Les causes de la maladie dans un second temps ; La lutte contre la maladie dans un dernier temps. La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 1 Quatre maladies liées à l’âge : Informations Incidence Traitement actuels Voies de recherche Symptômes Principale cause de décès dans le monde avec 15 millions par an et causant de nombreuses séquelles chez les rescapés (paralysies). Aspirine et molécules anti-agrégantes, antithrombotiques dans le cas d’AVC de type athérosclérose, chirurgie dans le cas des AVC d’origine malformation vasculaire Molécules neuroprotectrices, antioxydant, vasodilatateurs, thérapie génique, recherche de gènes de susceptibilité. Paralysie d’un membre ou d’un côté, baisse brutale, unilatérale de la vision ou vision double, troubles de la sensibilité d’un membre ou d’un côté, troubles du langage, difficulté à parler, troubles de l’équilibre, troubles de la compréhension. Atteint une femme sur deux de plus de 50 ans en France, 70000 nouveaux cas en France chaque année, quelques milliers d’homme touchés. Prévention : Œstrogènes, progestérones, alimentation équilibrée riche en vitamine D et calcium, exercice. Traitements : biphosphanates (inhibe la résorption osseuse), sels de fluor, calcitonine (hormones régulant le métabolisme du calcium), molécules régulant les récepteurs aux œstrogènes. L-dopa et lévodopa qui augmente le taux de dopamine associé à un inhibiteur de décarboxylase Recherche de marqueurs de la densité osseuse, étude de la régulation et de l’expression des gènes des cellules osseuses. Fracture chez les femmes ménopausée, personne qui se voutent, diminution de la taille. Vaccins, recherche de molécules neuroprotectrices, thérapie cellulaire par transplantation de neurones fœtaux, recherche de gènes de susceptibilité. Destruction des neurones dopaminergiques. Le début de la maladie : réduction de l’activité, fatigabilité anormale, douleurs mal localisées, difficultés d’écriture, tremblement d’une main, raideur fluctuante, etc. Puis : L’akinésie ("lenteur" des mouvements), l’hypertonie (rigidité) et tremblement. Maladies Accidents vasculaires cérébraux (AVC) Ostéoporose Maladie de Parkinson (maladie neurodégénérative) Près de 1% de la population après 60 ans, surtout les hommes, 100000 malades en France et 8000 nouveaux cas chaque année. La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 2 Touche près de 9000 hommes par ans en France chaque année, surtout après 65 ans. Cancer de la prostate Dépistage par dosage antigénique (marqueurs spécifiques d’anticorps), radiothérapie, chimiothérapie et chirurgie. Recherches des gènes et des protéines impliquées dans la progression tumorale et pouvant être des cibles thérapeutiques (inhibition des vaisseaux sanguin par exemple), thérapie génique, immunothérapie (utiliser des anticorps contre les antigènes des cellules tumorales ou utiliser des anticorps porteurs de médicaments, radiothérapie. Difficultés au moment d’uriner : de la difficulté à commencer à uriner ou à retenir l'urine, une incapacité à uriner, un besoin d'uriner fréquemment (surtout la nuit), un faible débit urinaire, une sensation de brûlure ou de douleur au moment d’uriner, du sang dans l’urine ou le sperme, douleurs ou raideurs fréquentes au bas du dos, aux hanches ou au haut des cuisses, difficulté à obtenir une érection (rare). Tableau décrivant les caractéristiques de quatre maladies liées à l’âge. La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 3 I- Carctéristiques de cette maladie : Ne pas confondre sénilité dûe à l’âge et sénilité dûe à Alzheimer. A- Les symptômes : 1- Fonctionnement de la mémoire : Quand un souvenir se met en place, plusieurs neurones et cerveau sont activés en même temps et la transmission du message de l'un à l'autre est facilitée. Pour rappeler un souvenir, le même réseau de neurones est réactivé. On distingue plusieurs types de mémoire : La mémoire à court terme (ou mémoire de travail) permet de retenir une information pendant une courte durée. Par exemple, nous pouvons retenir une adresse avant de la noter. La mémoire de travail utilise une région située dans le cortex préfrontal. La mémoire à long terme peut être séparée entre mémoire implicite (ou procédurale) et explicite (ou déclarative). La mémoire implicite est la mémoire des processus inconscients, comme les capacités motrices (faire du vélo, nager...). La mémoire explicite comprend quant à elle la mémoire épisodique (ou autobiographique) et la mémoire sémantique (culture générale). La mémoire épisodique utilise des réseaux neuronaux situés dans la partie médiane du cerveau. Ces réseaux forment le "circuit de Papez". L'hippocampe est le principal élément de ce circuit ; il est situé dans la partie interne de chaque lobe temporal. L'acétylcholine et le glutamate sont deux molécules essentielles au fonctionnement de l'hippocampe. La mémoire implicite est indépendante de ce réseau. La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 4 L’organisation du cortex cérébral : Localisation des différentes aires cérébrales Localisation de l’hippocampe La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 5 2- Comportement des malades : Les malades atteints de la maladie d’Alzheimer souffrent : - - Troubles du langage (manque de mot, problème du langage écrit, problème dans le langage basique…) ; Syndromes amnésiques (perte de la mémoire à court terme, de travail, épisodique, à long terme, mémoire sémantique (dénomination des objets, complément de phrase…) ; Perte des gestes du quotidien ; Perte de l’appétit ; Dépression ; Perte d’autonomie. Le développement de la maladie s’effectue en trois phases : a- La phase initiale : stade léger (2 à 4 ans). Capacités touchées Capacités mentales Humeurs et émotions Comportements Capacités physiques Symptômes typiques • oublis bénins ; • difficulté à assimiler de nouvelles informations et à suivre des conversations ; • difficulté à se concentrer ou attention limitée (ex : problème dans la gestion du budget) ; • problèmes d'orientation comme perdre son chemin ou ne pas suivre la bonne direction ; • difficulté à communiquer comme trouver le mot juste. • Sautes d’humeur ; • Dépression. • Passivité ; • Retrait d’activités habituelles ; • Agitation. • Légers problèmes de coordination Tableau montrant les modifications observées chez un patient en phase initiale d’Alzheimer. La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 6 b- La phase intermédiaire : la phase modérée (1 à 4 ans). Capacités touchées Capacités mentales Humeurs et émotions Comportements Capacités physiques Symptômes typiques • les pertes de mémoire continuent ; • la personne oublie progressivement son passé ; • elle ne reconnaît plus ses amis et sa famille ; • elle perd l'orientation dans le temps et l'espace. • changements de personnalité ; • confusion ; • méfiance ; • sautes d'humeur ; • colère ; • tristesse/dépression ; • hostilité ; • anxiété/appréhension. • de moins en moins capable de se concentrer ; • agitation (fait les cent pas, erre) • répétition ; • hallucinations ; • agressivité ; • comportements sans inhibition ; • passivité. • a besoin d'aide pour les tâches quotidiennes (par ex., s'habiller, se laver, aller aux toilettes) ; • difficulté à dormir ; • fluctuations de l'appétit ; • difficultés de langage ; • difficulté à se situer dans l'espace. Tableau montrant les modifications observées chez un patient en phase intermédiaire d’Alzheimer. La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 7 c- La phase avancée : stade sévère (6 mois à 3 ans). Capacités touchées Capacités mentales Humeurs et émotions Comportements Capacités physiques Symptômes typiques • la personne perd la capacité de se souvenir, de communiquer ou de fonctionner ; • elle est incapable de traiter l'information reçue ; • elle a beaucoup de difficulté à parler ; • elle perd complètement l'orientation dans le temps et l'espace et devient très confuse quant aux gens qui l'entourent. • il est possible qu'elle se replie sur ellemême. • elle communique de façon non verbale (regarder dans les yeux, pleurer, gémir). • elle dort plus longtemps et plus souvent • elle devient immobile (alitée) ; • elle perd la capacité de parler ; • elle perd la maîtrise de sa vessie et de ses intestins ; • elle a de la difficulté à manger et elle a du mal à avaler ; • elle est incapable de s'habiller et de se laver • elle peut perdre du poids. Tableau montrant les modifications observées chez un patient en phase avancée d’Alzheimer. La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 8 B- Diagnostiques de la maladie : 1- Les tests cliniques : Différents tests existent pour dépister la maladie. Le plus utilisé est le test MMSE (Mini Mental State Examination) voir feuille suivante. Graphique présentant l’évolution des symptômes de la maladie d’Alzheimer au cours des années. Lexique : - - MMSE : Mini Mental State Examination (test de détermination de la maladie d’Alzheimer). MCI : Mild Cognitive Impairement (déficit cognitif léger). AVQ : Activité de la Vie Quotidienne. SPCD : Symptômes Psycho-Comportementaux au Cours de la Démence chez la personne âgée. Anosmie : troubles de l’odorat se traduisant par une perte ou diminution forte de la sensibilité aux odeurs. Aphasie : trouble du langage affectant l'expression ou la compréhension du langage parlé ou écrit survenant en dehors de tout déficit sensoriel ou de dysfonctionnement de l'appareil phonatoire. Apathie : L'apathie est, en médecine, un état de fatigue physique ou intellectuelle profond, le plus souvent réversible, se caractérisant par une indifférence à l'émotion et aux désirs. La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 9 Mini Mental State Examination (MMSE) (Version consensuelle du GRECO) Orientation / 10 Je vais vous poser quelques questions pour apprécier le fonctionnement votre mémoire. Les unes sont très simples, les autres un peu moins. Vous devez répondre du mieux que vous pouvez. Quelle est la date complète d’aujourd’hui ? Si la réponse est incorrecte ou incomplète, posées les questions restées sans réponse, dans l’ordre suivant : 1. En quelle année sommes-nous ? 2. En quelle saison ? 3. En quel mois ? 4. Quel jour du mois ? 5. Quel jour de la semaine ? Je vais vous poser maintenant quelques questions sur l’endroit où nous trouvons. 6. Quel est le nom de l’hôpital où nous sommes ?* 7. Dans quelle ville se trouve-t-il ? 8. Quel est le nom du département dans lequel est située cette ville ?** 9. Dans quelle province ou région est située ce département ? 10. A quel étage sommes-nous ? Apprentissage / 3 Je vais vous dire trois mots ; je vous voudrais que vous me les répétiez et que vous essayiez de les retenir car je vous les redemanderai tout à l’heure. 11. Cigare ; Citron ; Fauteuil 12. Fleur ; Clé ; Tulipe 13. Porte ; Ballon ; Canard Répéter les 3 mots. Attention et calcul / 5 Voulez-vous compter à partir de 100 en retirant 7 à chaque fois ?* 14. 93 15. 86 16. 79 17. 72 18. 65 Pour tous les sujets, même pour ceux qui ont obtenu le maximum de points, demander : Voulez-vous épeler le mot MONDE à l’envers ?** Rappel/ 3 Pouvez-vous me dire quels étaient les 3 mots que je vous ai demandés de répéter et de retenir tout à l’heure ? 11. Cigare Citron Fauteuil 12. Fleur ou Clé ou Tulipe 13. Porte Ballon Canard La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 10 Langage / 8 Montrer un crayon. 22. Quel est le nom de cet objet ?* Montrer votre montre. 23. Quel est le nom de cet objet ?** 24. Ecoutez bien et répétez après moi : « PAS DE MAIS, DE SI, NI DE ET »*** Poser une feuille de papier sur le bureau, la montrer au sujet en lui disant : « Ecoutez bien et faites ce que je vais vous dire : 25. Prenez cette feuille de papier avec votre main droite, 26. Pliez-la en deux, 27. Et jetez-la par terre. »**** Tendre au sujet une feuille de papier sur laquelle est écrit en gros caractère : « FERMEZ LES YEUX » et dire au sujet : 28. « Faites ce qui est écrit ». Tendre au sujet une feuille de papier et un stylo, en disant : 29. « Voulez-vous m’écrire une phrase, ce que vous voulez, mais une phrase entière. »***** Praxies constructives / 1 Tendre au sujet une feuille de papier et lui demander : 30. « Voulez-vous recopier ce dessin ? » « FERMEZ LES YEUX » La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 11 Interprétation des résultats: Le score normal maximal est de 30 - Si le score est inférieur à 10, l'atteinte cognitive est sévère. - Si le score est inférieur à 18, l'atteinte cognitive est modérée. - Si le score est supérieur ou égale à 23, l'atteinte cognitive est légère. En pratique, on considère qu'il existe une probabilité de développer une maladie d'Alzheimer si le MMS est inférieur à 26. Toutefois ces scores doivent être nuancés par le niveau d'étude, une personne ayant le baccalauréat est considérée comme saine si son MMS est entre 26 et 30 alors qu'un patient n'ayant pas le certificat d'étude peut être sain avec un MMS allant jusqu'à 22 ou 23. Pour une exploration plus précise des capacités cognitives, on réalise le test de Dubois. Celui-ci consiste à montrer cinq mots au patient : MUSEE LIMONADE SAUTERELLE PASSOIRE CAMION Le médecin réalise trois niveaux d'encodages afin que le patient mémorise ces mots: - le premier niveau est une lecture à voix haute des mots par le médecin ; - le second consiste à décrire ces mots : "il y a un bâtiment, une boisson, un insecte, un accessoire de cuisine et un véhicule ; - le dernier repose sur le fait que le patient doit par exemple indiquer quel est le bâtiment. On demande alors au patient un rappel immédiat des cinq mots (pas forcément dans l'ordre) : chaque bonne réponse vaut 1 point, cette première restitution est donc notée sur 5 S'il a fallu réaliser un indicage (le mot qui vous manque est un bâtiment) avant d'obtenir une bonne réponse alors le point est tout de même accordé. La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 12 S'il y a intrusion (école au lieu de musée) alors le point n'est pas donné. Environ 6 à 7 min plus tard, on demande un rappel différé des mots noté lui aussi sur 5. Si le score est inférieur ou égal à 7 alors une suspections de la maladie d'Alzheimer est établie. Au cours du temps nécessaire entre les deux rappels, d'autres tests rapides peuvent être pratiqués. - le médecin fournit une feuille sur laquelle il a dessiné un cercle représentant une horloge, puis il demande au patient de replacer les heures puis de dessiner les aiguilles sur 10h 10min - le médecin fournit une feuille sur laquelle trois bouteilles sont dessinées (une verticale, une horizontale et une oblique), puis le praticien dessine un niveau d'eau dans les deux premières bouteilles (environ 1/3 du volume) avant de demander au patient de mettre le niveau d'eau dans la bouteille inclinée. - le médecin demande au patient de dessiner un cube (il faut alors savoir qu'environ 15% de la population saine ne peut pas le faire du premier coup sans erreur). Si tous les indicateurs vont en direction d'un déficit des fonctions cognitives, praxiques ou gnosiques alors des examens complémentaires sont réalisés par un neuropsychiatre. Le médecin demande également une IRM pour éliminer un autre type de démence telle que la démence vasculaire et éventuellement révéler le niveau d'atteinte de l'hippocampe qui est la première zone cérébrale à s'atrophier en cas de maladie d'Alzheimer. La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 13 2- IRM cérébral : Fig. 1. Coupes coronales d’IRM pondérées en T1 montrant l’atrophie hippocampique ; a : hippocampe normal chez un sujet âge´ sain ; b : atrophie hippocampique débutante chez un patient Alzheimer ; c : atrophie hippocampique plus marquée. Les hippocampes sont indiqués par des flèches. Lexique : - Hippocampe : repli du cortex cérébral de la face interne inférieure du lobe temporal. Il permet la consolidation de la mémoire et permet la mémoire à court terme. Atrophie : c’est la diminution de volume ou de taille, plus ou moins importante, d'un membre, d'un organe ou d'un tissu, d'origine pathologique ou physiologique. La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 14 3- L’IRM cérébral fonctionnel : a b a- IRM fonctionnel cérébral d’un individu atteint d’Alzheimer. b- IRM fonctionnel cérébral d’un individu sain. Les images présentent la différence d’activation métabolique entre un sujet atteint d’Alzheimer et un sujet sain. Chez le sujet sain, l’activation des zones cérébrale est modérée et s’effectue de façon bilatérale. Chez le malade, l’activation est beaucoup plus étendue témoignant d’une importante plasticité cérébrale fonctionnelle. La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 15 4- Microscopie du tissu cérébral : Photographie prises au microscope optique de tissu cérébral d’un patient atteint de la maladie d‘Alzheimer. Les flèches montrent la présence de plaques séniles. Représentation en 3D des neurones d’un patient sains et ceux d’un patient atteint d’Alzheimer. La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 16 II- Les causes de la maladie : Il existe deux formes d’Alzheimer : la forme sporadique (débute vers 65 ans) et la forme familiale (débute entre 30 et 65 ans). Deux causes ont été décelées : A- Le rôle de la bêta amyloïde : Chez certains patients, on note la présence de plaque β amyloïde au niveau du cortex cérébral et leur absence chez les sujets sains. Schéma bilan montrant le rôle de la β amyloïde et de l’alipoprotéine sur la mort des neurones : Gène de la préséniline 1 (chr 14) ou préséniline 2 (chr 1) Alipoprotéine E4 Agrégation insoluble Formation de plaques β amyloïdes Préséniline 1 ou 2 Peptides β amyloïde Stimulation Clivage par sécrétase Membrane cytoplasmique Récépteur RAGE Précurseur amyloïde muté APP (codon 717, 670, 671) Stimulation de mécanismes en cascade (péroxyde, Ca2+, calmoduline, caspase...) La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Destruction des neurones donc plus d’acétylcholine (absence de transmission de l’information neurale) Page 17 → Les alipoprotéines sont produites par les cellules gliales du cerveau. Ils sont codés par le gène APOE localisé sur le chromosome 19. Ils ont des rôles multiples notamment dans le transport et la distribution de cholestérol et la fixation de la protéine Tau (voir II B). Ce gène est fortement suspecté dans la forme sporadique d’Alzheimer. Le gène APOE a trois allèles principaux : e2, e3 et e4. Il s’agit de trois versions du gène qui, sans être des mutations délétères conduisant à des protéines dysfonctionnelles comme pour la forme familiale d’Alzheimer (voir II C). Dans le cas du gène APOE, on trouve les trois variantes en proportion variable : - 51% pour APOE2 ; 80% pour APOE3 ; 15% pour APOE4. La forme la plus connue e3, n’a pas d’effet sur Alzheimer. L’allèle e2 quant à lui, diminuerait l’incidence de l’Alzheimer chez ceux qui le possède. Ceux possédant l’allèle e4 sont plus susceptibles de développer l’Alzheimer. En effet, les hétérozygotes pour l’allèle e4 voient le risque d’avoir l’Alzheimer augmenter de trois fois alors que les homozygotes pour ce même gène le voient de onze fois environ. → APP ou protéine précurseur de l’amyloïde est synthétisée par le gène APP présent sur le chromosome 21. Si une personne hérite de ce gène rendu défectueux par une mutation, elle développera la forme familiale de l’Alzheimer (voir II C). Cette protéine jouerait un rôle dans la plasticité neuronale, mais son rôle précis reste inconnu. → Les gènes mutés codant pour les protéines préséniline 1 et 2 seraient responsables, si au moins un des deux est présent, de la mise en place de la forme familiale de l’Alzheimer. La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 18 B- La protéine Tau : La forme des neurones est permise grâce à la présence de microtubule (molécules de natures protéiniques faisant parties du cytosquelette). Chaque microtubule est formé de 11 doublets de protofilament de tubuline alpha et béta. Les microtubules sont stabilisés grâce à l’intervention de protéines (MAP : microtubule associeted protéin) : les protéines Tau. Ces microtubules permettent d’acheminer depuis le corps cellulaire des neurones jusqu’à la synapse les précurseurs permettant la fabrication de l’acétylcholine. La présence d’une protéine Tau anormalement phosphorylée provoque la dégénérescence des microtubules et donc l’impossibilité de synthétiser de l’acétylcholine. Le transfert de messages nerveux entre neurones ne s’effectuera plus. Immunohistochimie de la protéine Tau anormalement phosphorylée: la protéine est colorée en brun. Le corps cellulaire d’un neurone porteur d’une dégénérescence neurofibrillaire est marqué (flèche verte). La flèche noire pointe vers des prolongements nerveux d’une plaque sénile où des protéines tau anormalement phosphorylées se sont accumulées. La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 19 La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 20 III- Lutte contre cette maladie : A- Dépistage de la maladie : 1- Etude d’une famille à risque : La forme génétique de la maladie est autosomique dominante. Si l’un des parents est porteur de la maladie, il y a 1 risque sur deux que les enfants à naître soient porteurs de l’allèle muté (échiquier de croisement). Comment dépister qu’un enfant à naître soit porteur de l’allèle muté ? La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 21 2- La méthode Sangers : Principe : À partir d'un fragment d’ADN simple brin, la méthode consiste à synthétiser son brin complémentaire en présence de nucléotides particuliers qui bloquent la synthèse de façon spécifique : On réalise en parallèle 4 synthèses du brin complémentaire Ces synthèses débutent à partir d’une amorce o complémentaire de l’extrémité 3’ du brin Chaque synthèse a lieu en présence o D’ADN polymérase I (ADN dépendante) : catalyse la synthèse ; o Des nucléosides triphosphate (+ Mg2+) : dATP, dCTP, dGTP et dTTP ; o D’un didésoyribonucléoside triphosphate marqué (chaud ou froid : radioactivité ou fluorescence) : ddATP pour l’une, ddCTP pour la seconde, etc. Ces ddNTP ne possèdent pas de groupement OH en 2’ ni en 3’ : Ils bloquent donc la synthèse lorsqu’ils sont incorporés au brin. Le rapport des concentrations dNTP et ddNTP est prévu de façon à avoir une incorporation au hasard et à toutes les positions possibles. (1/100) On obtient donc une série de fragments de taille différente, possédant un didésoxynucléotide marqué en 3’ Ces fragments sont ensuite soumis en parallèle à une électrophorèse en gel de polyacrylamide verticale ou capillaire (fluorescence) qui les sépare en fonction de leur taille : leur positionnement permet de connaître : o Leur taille (nombre de nucléotides) ; o La nature de la base positionnée en 3’. On détermine alors sur ce gel la séquence (5’-3’) du brin complémentaire à partir de laquelle on peut déterminer la séquence du brin à séquencer. Remarques : Le pouvoir résolutif est de 1 base près; La taille des fragments étudiés ne dépasse pas 600 à 800 pb; Une PCR en amont du séquençage permet d'avoir une quantité importante de brin matrice à séquencer. La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 22 Schéma du séquençage par la méthode “didésoxy” de F.Sanger 1. La synthèse par l’ADN polymérase du brin complémentaire est bloquée par des analogues des 4 bases 2. L’électrophorèse des 4 jeux de fragments donne la séquence complémentaire Cette méthode permettra d’identifier la présence éventuelle de gènes mutés responsable de la maladie. Comment prévenir le risque d’avoir Alzheimer ? B- Prévenir la maladie : 1- Facteurs à risque : Certains facteurs accroissent les risques d’Alzheimer : - Traumatismes crâniens avec pertes de connaissances ; La consommation d’aluminium ; Le faible niveau d'instruction (19 %) Le tabagisme (14 %) L'inactivité physique (13 %) La dépression (1 %) L'hypertenson artérielle (5 %) L'obésité (2 %) Le diabète (2 %). La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 23 Pour les femmes, la prise de progestatifs après la ménopause diminuerait les risques d’avoir Alzheimer. De même, la consommation régulière d’alcool (sans excés) limiterait également les risques. 2- Dépistage moléculaire : La recherche de concentration de protéine Tau et de béta amyloïde permet de détecter un éventuel Azheimer. C- Profilaxie la maladie : Il faut toujours envisager des soins palliatifs diminuant l'intensité des symptômes. Certains antidépresseurs peuvent être prescrits pour améliorer l'humeur du malade et diminuer son anxiété, mais il faut surtout éviter d'utiliser les antidépresseurs tricycliques en raison de leurs propriétés anticholinergiques. D'une manière générale, il faut proscrire tout médicament anticholinergique. En fait, l'essentiel du traitement repose sur la prise en charge du malade par ses proches dans un premier temps, si c'est possible, ou par une aide à domicile. L'accueil de jour temporaire (A.D.J.) permet à l'entourage de trouver un répit. Dans tous les cas, l'autonomie du patient et son maintien à domicile doivent être préservés le plus longtemps possible. L'entourage doit bénéficier d'une information et d'un soutien. Le rôle des associations est important. L'hospitalisation ne doit être envisagée qu'à la phase ultime de la maladie et doit être préparée avec l'entourage. Différents médicaments qui pallient la carence en acétylcholine peuvent permettre une amélioration des symptômes et ralentir l'évolution de la maladie. La tacrine a d'abord été utilisée, mais ses effets secondaires sur le foie lui font préférer le donépézil ou la rivastigmine, mieux tolérés. La galantamine et la mémantine viennent compléter les moyens thérapeutiques actuels. La maladie d’Alzheimer 2012 Frédéric Faucheux Page 24