Retrouver l'Histoire
C'est une absurdité historique que d'imaginer que les juifs actuels soient les descendants d'Abraham ou même des
habitants de la terre cananéenne et doivent revenir à leur pays d'origine, parce que tous les juifs actuels pas plus
que les chrétiens ne sont originaires de ce pays. Il est plus vraisemblable de voir les descendants généalogiques
dans les Palestiniens parce que quelles que soient les transhumances volontaires ou involontaires des peuples, la
population paysanne reste sur sa terre. Comme nous venons de le voir la diaspora (dispersion) existe dès l'origine
dans le Proche-Orient, engendrant à Babylone un grand centre de rayonnement judaïque où fut inventé le talmud,
mais si l'on prend l'ère romaine, le cas est encore plus évident. Les Juifs, dispersés dans tout l'Empire, y ont un
statut d'égalité, leur religion est licite, leur statut est garanti par décrets impériaux et ils reçoivent leur part des
distributions de blé et d'huile. Les deux guerres qui ont eu lieu à Jérusalem en 71 et en 135, entraînent effectivement
l'arrivée d'esclaves en Italie, en Sardaigne et en Espagne, mais ceux-ci sont rachetés par les communautés
existantes et s'y intègrent.
Il ne faut pas oublier qu'au départ, chrétiens et juifs sont concurrents dans leur prosélytisme, d'ailleurs les prêches
des Chrétiens se font dans les synagogues, Juifs et Chrétiens ont une audience particulière auprès des esclaves,
des affranchis. Ils appartiennent à un monde local, leur culture est grecque et s'appuie sur une version grecque de la
Bible (le septante). Les synagogues, comme les temples, sont les lieux où les voyageurs d'une même confession
viennent prier, se reposer et recevoir aide et secours. Ce sont également des lieux d'études plus ou moins
prestigieux en fonction des personnalités qui s'y rassemblent et échangent leurs savoirs avec d'autres confessions.
Le terme de diaspora définit l'existence de ces relais hospitaliers qui sont aussi des foyers de rayonnement
prosélytes auprès des populations locales.
C'est seulement à partir de Saint Paul, qui est lui-même juif, que les rites juifs sont détachés des rites chrétiens. Ce
qui, en particulier grâce à l'abandon de la circoncision, consacre la victoire du christianisme sur le concurrent juif,
sans pour autant en finir avec la capacité de conversion de ces derniers. Des groupes locaux continuent d'ailleurs à
entretenir la confusion, reconnaissant l'enseignement de Jésus sans pour autant en reconnaître la nature divine. Du
Concile de Nicée (325) à celui de Constantinople (381), à peine devenu religion de l'Empereur Constantin, le
christianisme se déchire entre arianisme venu d'Alexandrie (qui affirme la suprématie exclusive de Dieu le Père) et
les autres, avec comme effet l'intervention de plus en plus poussé du pouvoir impérial dans la religion. Le fait
religieux devient politique avec l'instauration d'un culte d'État.
Les Goths et autres " barbares "sont ariens, ils ne sont pas seulement en Germanie mais en Espagne, en Afrique du
Nord et on peut s'interroger sur la manière dont ils ont "préparé" l'Islam. Clovis ne passe pas du paganisme au
christianisme, mais d'un avatar de l'arianisme au catholicisme avec la reconnaissance de son clergé. Entre temps le
judaïsme a pénétré comme le christianisme chez les Grecs, chez les Parthes, a converti massivement tout autour du
bassin méditerranéen et au-delà. Le cas le plus extraordinaire est celui du Royaume juif de Khazar (des
turco-finnois), dont le souverain s'est converti en 641, qui se trouve dans le Caucase et marque à sa manière son
indépendance face à Byzance. Il disparaît avec l'invasion tatare de 1237... On retrouve dans tout le monde romain,
et en particulier en Afrique du Nord, des tribus berbères converties au Judaïsme, Kairouan est un grand centre
d'études judaïques qui est en relation avec Babylone. Il y avait de petites principautés juives dont les ancêtres
n'avaient jamais mis les pieds en Palestine. L'expansion du Judaïsme en Afrique du Nord est donc ancienne,
parallèle à celle du christianisme, mais à partir de la conquête musulmane, elle se fait à la fois dans le sillage de
l'Islam et en contradiction, souvent en conflit avec celui-ci. Ainsi des berbères juifs, battus par les Arabes, s'enfuient
à Djerba.
Avant l'instauration de l'Islam, la religion dominante en Arabie était le paganisme [1], avec de très forts noyaux juifs
et chrétiens en particulier pour les Juifs à Médine, vers la Syrie et au Yémen. Mohamed ne fonde pas l'Islam, le
monothéisme, à partir de rien, même s'il le conçoit comme un achèvement par la parole de Dieu qui lui est venue
dans une retraite dans le désert (comme les tables de la loi pour Moïse ou la perception de son destin divin pour
Jésus). Dans les textes de la Mekke,il manifeste une unité complète avec "les gens de l'Ecriture", sa référence aux
prophètes comme Moïse, Jésus, inspirés dans leur action par la force d'en Haut est sans ambiguïté. Mais à Médine,
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