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atemporel », c’est de nous épargner la défiance qu’inspirent nos décisions, et donc
les conflits qui accompagnent l’acte social (travail, responsabilité, engagement,…),
l’acte économique (investissement, formation, dialogue,…) ou encore l’acte politique
d’arbitrage. Mais ce monde-là a un coût : il ne prépare pas les avenirs possibles,
mais un destin. Car négocier entre générations, protéger la biodiversité, créer ou
faire évoluer une entreprise, aménager un espace public,… impose de faire vivre par
le débat la variété des choix, la diversité de leurs temporalités et le règlement des
désaccords qu’ils engendrent. Bref, armer la confiance, c’est d'abord résister à
la logique de l’objectif unique et atemporel et de son vecteur, l’automate.
Déciderait-on encore si volens nolens nous soumettions tous nos choix à un
indicateur d’efficience (la performance économique dans les délais les plus brefs
possibles) et à un lieu de leur exercice (l’étendue de la globalisation planétaire)
uniques et permanents ? Plus tout à fait, n’est-ce pas ? Comme l’arbitrage
deviendrait factice dans un monde qui n’appellerait plus que l’automatisation des
actes - à l’instar de l’acte financier aujourd’hui - , de fait, l’acte politique serait
définitivement superflu, l’acte social - travail, responsabilité, engagement, contrat,… -
serait menacé, tout comme l’acte économique – investissement, formation, dialogue -
. Et l’individu serait agi, et non plus auteur ou acteur. Enfin, délivré de ces sources de
défiance qui découpent le temps pour prétendre déterminer les efforts à consentir
entre générations, de la gestion de biodiversité, les priorités d’un espace public, au
profit d’un système d’indicateurs, de lieux, de taux,… en pilotage automatique… qui
s’acquitterait de ces tâches bien mieux que nous, sans dissensus parce qu’en temps
continu !!!!!!
Imaginons de soumettre tous nos choix à un indicateur d’efficience (la performance
économique dans les délais les plus brefs possibles) associé à un lieu d’exercice
(l’étendue planétaire de la globalisation), uniques et permanents. Prévisibles, nos
actes seraient alors automatisables, à l’instar de l’acte financier aujourd’hui. Bref, les
décisions seraient rares ou introuvables. De fait, l’acte social - travail, responsabilité,
engagement,…- serait menacé, tout comme l’acte économique – investissement,
formation, dialogue,…-. L’acte politique, d’arbitrage, serait, lui, superflu. Un tel monde
fait de « systèmes en pilotage atemporel » nous épargnerait tant de conflits ! Mais à
quel prix se délivre-t-on de ces sources de défiance que sont nos décisions :
négocier entre générations, protéger la biodiversité, monter une entreprise,
aménager un espace public,… pour faire émerger des avenirs? Du prix de la
diversité, de la chronodiversité des choix dont elles procèdent ! L’enjeu, pour ne pas
perdre confiance, est bien de découper ensemble le temps puis conjuguer ses
expressions sans redouter les nécessaires désaccords ou céder à la tentation de
l’automate.
JPK
L’incarnation/désincarnation/automatisation/déhumanisation/animalisation/
déhominisation