Mise au point
Les deux grandes études rétrospectives réalisées dans les
années 1960 par C.S. Neer et C.R. Rowe, montrant un
taux de non-consolidation (après traitement chirurgical
premier et fixation interne) supérieur au traitement
orthopédique, incluaient des fractures de l’enfant qui
consolident tout le temps.
Une étude rétrospective récente d’une série de 52 traite-
ments orthopédiques de fracture ayant un déplacement
supérieur à 20 mm a montré qu’il y avait un fort taux de
non-consolidation et de mauvais résultat clinique.
Une autre étude montre, sur 138 patients opérés avec
stabilisation par plaque, que les résultats fonctionnels sont
meilleurs malgré une réopération dans 18 % des cas
(surtout pour enlever le matériel d’ostéosynthèse) et un
taux de complication global de 34 %.
Le traitement conservateur
Il n’y a, semble-t-il, pas de différence de consolidation
entre la simple immobilisation coude au corps (la plus
retenue) et l’immobilisation avec des anneaux en huit.
De plus, le risque de compression axillaire neurovasculaire
est plus élevé en cas d’utilisation des anneaux en huit.
Il est classique de conserver l’immobilisation jusqu’à la
disparition de la douleur et les patients sont alors encou-
ragés à reprendre leurs activités. La récupération survient
lorsque la fracture est consolidée et la rééducation est
rarement nécessaire.
Le traitement chirurgical primaire
Il n’y a pour l’instant aucun consensus. Il existe de
nombreuses possibilités techniques :
•la fixation par plaque donne une très bonne stabilité
primaire. Disposée sur la face supérieure, elle donne une
meilleure fixation surtout dans les comminutions infé-
rieures, mais nécessite souvent l’ablation de la plaque par
gêne sous-cutanée. Disposée sur la face inférieure, elle
permet d’être mieux supportée. Les plus utilisées sont les
plaques de compression dynamique, les plaques verrouil-
lées, les plaques spécifiques précintrées et les plaques de
reconstruction (qui semblent être progressivement aban-
données en raison du risque non négligeable de déforma-
tion postopératoire et de pseudarthrose). Il semble
évident que, biomécaniquement, la fixation par plaque est
meilleure que la fixation intramédullaire qui n’a pas de
verrouillage statique précoce et qui semble être réservée,
pour l’instant, aux patients qui présentent de graves trau-
matismes associés. Les fixateurs externes ont été utilisés
et semblent être recommandés pour les fractures ouvertes
ou les pseudarthroses septiques. L’utilisation des synthèses
par broche de Kirschner est abandonnée en raison de
complications majeures.
Les complications les plus fréquentes de ce type de traite-
ments sont l’infection, le démontage précoce, la cicatrice
disgracieuse, l’absence de consolidation, la refracture
après ablation de la plaque et, très rarement, la complica-
tion vasculaire peropératoire.
Traitement des fractures de l’extrémité
latérale
Fracture non déplacée
(Neer type 1, Edinburgh type 3A)
La conservation des ligaments coracoclaviculaires avec un
périoste intact fait préférer un traitement non chirurgical.
En cas de séquelle douloureuse par extension intra-articu-
laire, une résection de l’extrémité latérale de la clavicule
secondaire peut être proposée.
Fracture déplacée
(Neer type 2, Edinburgh type 3B)
Cette fracture survenant, dans la majorité des cas, chez
des personnes âgées, il semble raisonnable de proposer,
dans un premier temps, un traitement orthopédique. La
chirurgie n’est proposée qu’après 6 mois en cas de séquelle
douloureuse ou d’absence de consolidation, pour réaliser
une résection du quart externe.
La prise en charge chirurgicale des patients jeunes actifs
ou sportifs peut être regroupée en deux catégories : la prise
en charge précoce lorsque les ligaments coracoclavicu-
laires sont atteints et les indications tardives concernant
surtout les non-consolidations ou les séquelles arthro-
siques acromioclaviculaires.
Ces fractures peuvent être fixées par :
– vis coracoclaviculaire
Elle a été initialement décrite pour le traitement de la
disjonction acromioclaviculaire. Cependant, il existe un
risque non négligeable de démontage secondaire (8 %) et
la limitation douloureuse des amplitudes articulaires
globales de l’épaule nécessite souvent une ablation
secondaire ;
– plaque
Elle reste difficile s’il existe une comminution de la partie
latérale de la clavicule. Une plaque avec une crochet
sous-acromial a été développée. Il s’agit d’une plaque
agressive nécessitant l’ablation secondaire précoce, en
raison des risques d’irritation de coiffe, entraînant une
raideur d’épaule, mais aussi d’infection et d’ostéolyse
autour du crochet ;
– broche de Kirschner
Décrite initialement par C.S. Neer, cette technique
expose à des ruptures des broches et à un risque non
négligeable de non-consolidation et d’infection.