Brexit : le retour à la réalité va être brutal, Thomas Roulet est enseignant-chercheur en
sociologie économique et… Les Échos
A quelques jours de la demande officielle du Royaume-Uni de quitter l'Union Européenne, les
Britanniques ont à peine entrevu ce qui les attendait.
Theresa May notifiera le conseil européen de la demande de divorce britannique le 29 mars.
Jusque-là, les politiciens britanniques se sont montrés optimistes sur les chances d’un accord avant
les deux ans fatidiques.
Quelques voix ont quand même émergé pour rappeler la possibilité d’un grand saut dans le vide si
un accord n’était pas trouvé, d’autant que Theresa May a martelé qu’elle préférait aucun accord à
un mauvais accord .
Mais concrètement que signifierait un mauvais accord ? Et quelles seraient les conséquences de
l’absence d’accord ?
Le gouvernement conservateur a déjà pris la décision de s’engager vers un " hard brexit " : un
départ du marché commun et qui permettrait au pays de mettre en place les barrières à
l’immigration, le coupable idéal pour tous les maux de la société et de l’économie britannique pour
les partisans du Brexit.
De la taille du marché dans la négociation
Il faudra donc en premier lieu négocier un nouvel accord commercial entre le Royaume-Uni et
l’Union européenne. Et comme les relations commerciales du Royaume-Uni passent par l’Union
européenne, il faudra aussi profiter de ces deux ans pour négocier de nouveaux accords
commerciaux avec le reste du monde).
Comme le reconnaissait Ngaire Woods , professeur à l’Université d’Oxford, avant même le vote du
Brexit, la capacité d’un pays à négocier des accords commerciaux dépend de la taille de son
marché.
Seul, le Royaume-Uni est un nain commercial, et la perspective d’accords commerciaux juteux avec
le reste du monde en dehors de l’Union, telle que promise par les partisans du Brexit, relève du
mirage.
Il est probable que les conditions commerciales auquel le Royaume-Uni aura accès après le Brexit
soient sévèrement dégradées par rapport aux conditions auquel le bloc européen – un bien plus
grand marché – est soumis.
L’UE restera son premier partenaire commercial
En l’absence d’accord, le Royaume-Uni aurait à se reposer sur les règles de l’Organisation Mondiale
du Commerce – ce serait la seule économie du G20 sans un accord commercial avec l’Union
européenne et cela pourrait couter jusqu’à 6 milliards de pounds aux exportateurs britanniques.
Brexit ou pas, l’Union européenne restera le premier marché à l’exportation pour l’économie
britannique.
De plus, l’économie britannique est une économie de service à 80 % et les services sont non
seulement sujets à des barrières commerciales, mais aussi à des barrières liées aux différences de
régulation.
L'UE présente l'addition