Royaume-Uni

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Westminster & City News
NUMÉRO 37
Du 30 septembre au 6 octobre 2016
ACTUALITÉ ÉCONOMIQUE
POLITIQUE MONÉTAIRE ET FINANCES PUBLIQUES
La croissance 2017 devrait être meilleure que prévue en août selon M. Saunders et B. Broadbent – Michael
Saunders, membre externe du comité de politique monétaire (CMP), partage l’avis du CMP sur un ralentissement
en 2017 mais l’estime à un niveau « clairement » supérieur au consensus de 1%. Il considère que le taux directeur
ne devra pas forcément être revu à la hausse rapidement car les poussées inflationnistes devraient être compensées
par des salaires moins dynamiques. En conséquence, il signale que la politique monétaire possède encore une marge
de manœuvre importante pour s’ajuster aux évolutions économiques et que son vote au CMP de novembre dépendra
des prochains indicateurs publiés d’ici là. Ben Broadbent, Sous-gouverneur, a également indiqué que le
ralentissement de l’été avait été plus légèrement plus faible que prévu. Il invite à ne pas interpréter outre mesure,
dans un sens comme dans un autre, les indicateurs conjoncturels. Ce dernier craint toutefois que les effets négatifs
soient pour le moment invisibles : l’incertitude pèse, selon lui, sur les décisions d’investissements.
La livre sterling est au plus bas face à l’euro depuis cinq ans – Avec l’annonce de l’activation de l’article 50 par
le gouvernement britannique à la fin mars 2017, la livre a fortement baissé en début de semaine face au dollar et à
l’euro. Elle est à son plus bas niveau face au billet vert depuis 31 ans (1,27 $ le 05/10), et a baissé de 14 % face à
l’euro (1,13 € le 05/10) depuis le référendum, au plus bas depuis mi-2011. Pour le moment, la dépréciation de la
livre soutient les exports britanniques et l’impact de l’appréciation des importations ne s’est pas encore matérialisé
dans l’inflation. Ce faible niveau d’inflation, couplé avec les bons indicateurs économiques (voir infra PMI),
explique que les marchés n’anticipent plus qu’à 11 % la probabilité que la Banque centrale annonce une coupe
supplémentaire du taux directeur en novembre.
Philipp Hammond officialise l’abandon de la cible d’excédent budgétaire pour 2020 – Lors de la conférence
du parti conservateur, le Chancelier de l’Échiquier a prévenu que le pays connaîtrait une période d’incertitude
budgétaire et d’agitation des marchés financiers d’ici la sortie effective du Royaume-Uni de l’UE. Il estime que
l’économie britannique aura besoin de soutien pendant cette période d’incertitude : il a ainsi annoncé l’abandon de
la cible d’excédent mise en place par George Osborne et s’est dit prêt à aller plus loin augmenter les dépenses
publiques, compte tenu du faible niveau des taux d’emprunt. Le Chancelier a d’ores et déjà annoncé un
accroissement des investissements dans les infrastructures britanniques et dans la construction de nouveaux
logements. Ces déclarations confirment l’ajustement budgétaire à venir lors de la présentation du pré-budget le 23
novembre, avec à minima une réduction du rythme de consolidation budgétaire.
Theresa May s’inquiète des effets négatifs des taux faibles – Dans une intervention nuancée par la suite, Theresa
May a semblé remettre en cause la politique monétaire expansionniste de la Banque d’Angleterre. Le Premier
ministre a en effet répété vouloir construire une économie en faveur des classes moyennes et populaires (« a country
that works for everyone »). Les taux d’intérêts excessivement bas auraient selon elle de « bad side effects ». Cette
déclaration, en porte à faux avec l’indépendance de la Banque centrale, a suscité une réaction du Gouverneur Mark
Carney qui a indiqué que ce la BoE n’était pas responsable des taux bas et de plusieurs économistes qui se sont
étonnés de cette prise de position. Le 10 Downing street a nuancé les propos du Premier ministre qui souhaitait
faire référence à un mécanisme de soutien pour les épargnants touchés par la faiblesse des taux en se référant au
plan d’investissement dans les infrastructures (cf. supra).
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Les recettes fiscales pourraient être affectées par un choc même minime sur la City – Le directeur du think
tank Institute for Fiscal Studies estime que même si la City n’était affectée que de façon marginale par le Brexit,
les conséquences pour les finances publiques seraient importantes. En effet, les recettes de l’impôt sur le revenu
sont devenues extrêmement dépendantes des contribuables les plus riches. 1 % des contribuables les plus riches
contribuent à plus de 25 % des recettes en impôts sur le revenu, et 5% des plus riches contribuent à la moitié des
recettes d’impôts. Le départ de quelques riches contribuables creuserait donc les finances publiques. De plus, les
travailleurs occupant des fonctions à haut revenus dans les services financiers payent aussi une part élevé d’impôts
fonciers, notamment à Londres.
INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES
Le FMI revoit à la baisse les prévisions de croissance du Royaume-Uni pour 2017 – Après avoir révisé une
première fois à la baisse les perspectives économiques du pays après le référendum, l’organisation a abaissé la
prévision de croissance pour 2017 à 1,1 %. Le FMI prend ainsi en compte les effets de l’incertitude sur les
investissements, même s’il considère que le processus de négociation engagé devrait réussir à limiter les restrictions
aux échanges et l’instabilité politique. Cette prévision reste plus optimiste que les autres, qui tablent en moyenne
sur une croissance située entre 0,7 et 0,9 %. La croissance 2016 est revue légèrement à la hausse par le FMI, de 1,7
à 1,8 %, au vu des indicateurs récents. Le Royaume-Uni passe aussi mécaniquement de la 5ème à la 6ème place
mondiale mesuré par les taux de change, derrière la France, du fait de la dévaluation supplémentaire de la livre en
réaction à l’annonce de l’activation de l’article 50 en mars 2017.
Les indices conjoncturels de septembre signalent une croissance peu ralentie pour le troisième trimestre –
Les indices de conjoncture des secteurs manufacturier, de la construction et des services montrent que l’activité se
maintient au mois de septembre. L’activité du secteur manufacturier est en forte hausse, soutenue par la baisse de
la livre, de même que celle du secteur de la construction. Le secteur des services reste en expansion, mais de façon
légèrement moins dynamique qu’en août. Dans l’ensemble, ils indiquent une croissance de 0,3 % pour le troisième
trimestre. Toutefois, les observateurs divergent sur le résultat final de croissance au troisième trimestre en prenant
en compte les données d’août et de juillet : entre 0,5 % (Pantheon Macro) et 0,2 % (Capital Economics). Si ce
niveau est en baisse par rapport au deuxième trimestre (0,7 %), c’est une nette augmentation par rapport à la
stagnation ou même la récession prévue avant le référendum en cas de vote négatif.
La productivité britannique dépasse pour la première fois son niveau d’avant crise – D’après les données de
l’ONS, la productivité horaire du Royaume-Uni est en hausse de 0,6 % sur le deuxième trimestre 2016. Par
conséquent, la productivité des travailleurs britanniques dépasse le niveau connu en 2008, après 8 années de
productivité atone (en moyenne 0,1 %). Elle reste toutefois bien inférieure à celle des autres pays développés : la
productivité par heure travaillée du pays est inférieure de 18 % à la moyenne des autres pays du G7 et 27% inférieure
à la productivité française. Si cette faible productivité est compensée par un taux d’emploi très élevé, Theresa May
et Philipp Hammond ont affiché leur volonté de répondre au « productivity puzzle » en lançant de nouveaux
investissements dans les industries clefs.
COMMERCE ET INVESTISSEMENT
Le scénario de la future relation commerciale avec l’UE continue de diviser le Cabinet – Selon le Financial
Times, le gouvernement pourrait envisager un accord commercial de transition avec l’UE (qui pourrait impliquer
le paiement de droits d’accès au marché unique) afin de minimiser le choc pour les entreprises et le secteur financier
après 2019. Le gouvernement indique que rien n’a été encore décidé. La question du maintien dans l’Union
douanière fait également l’objet de dissensions entre les ministres. Philip Hammond privilégierait un accès le plus
large possible aux marchés européens contrairement à Liam Fox, partisan d’un hard Brexit. Selon le tabloïd le Sun,
qui cite l’un des ministres du gouvernement, la cohabitation entre le Chancelier de l’Échiquier et le ministre du
Commerce international pourrait ne pas durer, au détriment du second.
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ACTUALITÉ FINANCIÈRE
BREXIT
Le secteur financier britannique pourrait perdre jusqu’à 75 000 emplois et 38 Md£ de revenus – C’est
l’impact du scénario le plus défavorable envisagé dans un rapport Oliver Wyman pour TheCityUK dans le cas d’un
hard Brexit (régime de pays tiers, sans équivalence réglementaire). La perte de revenus totale se composeraient i)
de 20 Md£ de baisse des exportations de services financiers à destination de l’UE (- 50 %) et ii) de 18 Md£ d’impacts
indirects (« knock-on impact on the ecosystem »), le tout provoquant une baisse de 10 Md£ des recettes fiscales. En
plus de la délocalisation d’activités liées au passeport financier européen, les banques pourraient être incitées à
déplacer d’autres activités pour obtenir des économies d'échelle. En revanche, en cas de « soft brexit » (conservation
de passeport financier et accès au marché intérieur), 2 Md£ de revenus et 4 000 emplois seraient affectés. Le rapport
indique que le secteur financier emploie plus d’un million de personnes en Grande Bretagne et acquitte 67 Md£ en
impôts. L’impact de l’incertitude actuelle sur le secteur n’est par ailleurs pas mesurée.
RÉGULATION FINANCIÈRE
Les résultats de stress tests britanniques seront connus le 30 novembre 2016 – La Banque d’Angleterre a
indiqué que les institutions concernées par l’exercice 2016 avaient soumis leurs simulations préliminaires et que le
Financial Policy Committee et le Conseil de la Prudential Regulation Authority prendraient leurs décisions le 29
novembre. L’exercice inclut en particulier une baisse de 2 % du PIB mondial (dont une récession en Chine), une
chute du prix du pétrole jusqu’à 20 $ et une hausse de 4,5 pt du taux de chômage britannique. L’exercice 2017
concernera au moins les sept mêmes établissements (Barclays, HSBC, Lloyds, Nationwide, RBS, Santander UK et
Standard Chartered), introduira un scénario additionnel spécifique en plus des scénarios traditionnels, qui sera
présenté au premier trimestre 2017.
BANQUES ET ASSUREURS
RBS précise les contours de sa nouvelle structure cantonnée – Dans un communiqué, RBS indique que NatWest
sera la principale enseigne de détail pour les clients d’Angleterre, du Pays-de-Galles et de l'Europe occidentale,
tandis que la marque historique Royal Bank of Scotland sera pour l'essentiel confinée à l’Écosse et restera le nom
de la holding du groupe (RBS Group plc). Le segment cantonné (« ring-fenced ») baptisé NatWest Holdings
regroupera la banque de détail et le crédit aux PME en Grande-Bretagne tandis que le pôle de financement des
grandes entreprises (Natwest Markets) et l'essentiel de la banque d'investissement seront incorporés dans une
structure séparée. Les activités internationales de la banque, notamment à Jersey, Guernesey, Gibraltar et l’Île de
Man seront intégrées dans RBS international, une filiale indépendante de RBS Group. Dans le cadre de la réforme
bancaire, la banque britannique doit séparer d’ici à 2019 ses activités de banque de détail de celles de banque
d’investissement.
Anne Marie Verstraeten devient responsable Royaume-Uni pour BNP Paribas – Elle a pris ses fonctions le 3
octobre. Anne Marie Verstraeten était depuis 2014 responsable Pays-Bas pour BNP Paribas et auparavant
responsable au Canada depuis 2010 ; elle remplace Ludovic de Montille, à ce poste depuis 2007.
Directeur de la publication : Alain de Cointet
Service économique régional de Londres
Ambassade de France au Royaume-Uni
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contenue dans cette publication.
Rédigé par : Thomas Bouvier d’Yvoire, Clément Leroy et
Guillaume de Conihout
Revu par : Philippe Guyonnet-Dupérat
Version du 6 octobre 2016
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