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Quelques mots sur le choix du fragment
Puisque on doive choisir pour notre analyse une partie seulement du poème homérique, le Chant
XXIV nous est semblé particulièrement indiqué grâce à une certaine autonomie qu’il présente dans
l’Odyssée. Les 624 derniers vers du poème en fait rendent un son très différent du reste : la
narration court, la poste sur des points essentiels (le conflit avec les familles des prétendants [XXIV
413-548]) alors qu'elle s'étend très au long sur des détails moins immédiatement cruciaux (l'arrivée
des âmes des prétendants aux Enfers [XXIV, 1-204], scène qui interrompt brutalement l'action) ; le
style est beaucoup différent que partout ailleurs, souvent on y trouve aussi des mots nouveaux ou
employés dans des sens non homériques. Dans un débat extrêmement complexe et technique,
nombre d'homéristes ont donc considéré, à l’instar des grammairiens d'Alexandrie, que le poème
authentique s'achève avec le vers XXIII 296, qui évoque sobrement les retrouvailles charnelles des
deux époux et que tout ce qui suit a été ajouté postérieurement, comme le chant X de l'Iliade (la
Dolonie). Toutefois, comme le dit bien Irene J. F. Jong3, les scènes finals de l’Odyssée sont
indispensables. Elles entrainent en fait la clôture nécessaire de l’histoire dans les façonnes
suivantes :
la ring- composition avec le début du poème : on a une autre assemblée des gens d’Ithaque (XXIV
420-66 ; cf. II 1-259) et un autre concile des divinités (XXIV, 472-88, cf. I, 26-95) ;
Un thème important de l’Odyssée, la comparaison des destins des différents vétérans de la guerre de
Troie, est achevé ;
L’action qui a été souvent orageuse s’apaise et il y a beaucoup de motifs conclusifs, comme les
funérailles (d’Achille pour le passé et des prétendants pour le présent), et la résolution du conflit
entre Ulysse et les gens d’Ithaque par Athéna.
C’est donc sur un extrait du Chant XXIV que portera notre comparaison, à savoir son début, du
vers 1 au vers 100. On y peut distinguer deux parties : la première, qui relève du récit, à la troisième
personne, met en scène Hermès qui conduit aux Enfers les âmes des prétendants ; la deuxième,
mimétique, selon le sens platonique du terme, dans la quelle on assiste à la conversation entre
Achille et Agamemnon sur le déroulement de leur sort, le pendant de la violente querelle du premier
Livre de l’Iliade.
3 A narratological commentary on the Odyssey, Cambridge University Press 2001