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RÉSUMÉ
Peu de recherches portent sur l’impact de l’immigration sur le développement des enfants en bas
âge. De nature exploratoire, la présente recherche comporte deux phases distinctes réalisées sur
ce sujet, en Estrie, au Québec. La première phase consiste en une recherche qualitative menée
auprès de parents immigrants d’origines diverses et du personnel éducateur de centres de la
petite enfance (CPE). Il s’en dégage de l’information sur les raisons pour lesquelles les parents
inscrivent leur enfant en CPE, sur les préoccupations qu’ils peuvent avoir à cet égard et,
notamment, sur des difficultés de communication dues à la barrière linguistique. Sur ce plan,
nous constatons que la communication semble surtout se déployer en fonction de la transmission
d’informations aux parents. En ce qui a trait aux différences culturelles, on constate parfois un
écart entre les visées des parents et celles du personnel éducateur. La deuxième phase de
recherche consiste en une recherche quantitative visant à déceler si la situation des parents a un
effet sur le développement de l’enfant aux plans moteur, cognitif et socioaffectif. Pour ce faire,
79 enfants âgés de 2 à 5 ans ont été évalués tant par leurs parents que par une éducatrice ou un
éducateur significatif. D’une part, il s’en dégage que le niveau d’éducation des parents, leur
niveau d’intégration et le fait qu’ils parlent ou non la langue de la société d’accueil semblent
jouer un rôle dans le développement de l’enfant : plus les parents ont un niveau élevé
d’éducation, plus ils se disent intégrés ou plus ils disent parler français, moins il y a de difficultés
potentielles de développement chez les enfants, notamment aux plans cognitif et socioaffectif.
D’autre part, les réponses à des questions visant à connaître la situation des parents immigrants
participant à la recherche permettent de constater : que la grande majorité d’entre eux vivent en
couple; qu’un sentiment de sécurité, l’inscription des enfants dans un CPE ou une école et
l’emploi sont les principaux facteurs qui ont contribué à leur intégration; et que les problèmes
financiers et la non reconnaissance des diplômes étrangers et de l’expérience de travail à
l’extérieur du Canada sont des obstacles majeurs d’intégration. Les résultats revêtent
d’importantes limites de généralisation considérant surtout l’échantillon restreint et l’absence
d’un groupe de contrôle dans le devis de recherche. Malgré ces limites, les résultats peuvent
servir de tremplin à l’élaboration de recherches futures visant à comprendre l’expérience
migratoire et l’impact potentiel de l’immigration sur les enfants d’âge préscolaire.
Mots-clés : immigration, immigrants, intégration, inclusion sociale, enfants, préscolaire, centre
de petite enfance, développement