Gane EJ, Stedman CA, Hyland RH, et al. Nucleotide polymerase inhibitor sofosbuvir plus ribavirin for hepatitis C. N Engl J Med 2013;368:34-44. Poordad F, Lawitz E, Kowdley KV, et al. Exploratory study of oral combination antiviral therapy for hepatitis C. N Engl J Med 2013;368:45-53. Traitement de l’hépatite C : des progrès remarquables introduction d’antiprotéases (bocéprévir, télaprevir) l’an dernier a permis de remarquables progrès (au prix d’effets secondaires plus lourds) dans le traitement de l’hépatite C. Cependant, ce progrès ne concerne que les malades infectés par un virus de génotype 1 ; l’efficacité n’est pas constante, notamment en cas de non-réponse à un traitement précédent ou de génotype 1a ; le traitement dure 24 à 48 semaines, et les effets indésirables (en partie liés aux nouveaux médicaments, en partie à l’interféron et à la ribavirine) sont plus fréquents et sévères, particulièrement en cas de cirrhose. Dans un essai pilote mené en Nouvelle-Zélande chez des malades non cirrhotiques, 40 malades infectés par un virus de génotype 2 ou 3 non préalablement traités ont été tirés au sort en 4 groupes de traitement de 12 semaines : sofosbuvir (un nouvel antiviral inhibiteur nucléotidique de l’ARN-polymérase du VHC) 400 mg/j en une prise associé à la ribavirine, 1000-1200 mg/j seuls ou associés à 4, 8 ou 12 semaines de peginter féron α2a. Chez tous les malades des 4 groupes (sauf un perdu de vue), la virémie était indétectable dès la 2e semaine et le restait pendant le traitement, et 12 et 24 semaines après la fin du traitement. Dix malades supplémentaires de génotype 2 ou 3 furent traités par le sofosbuvir seul L’ pendant 4 semaines ; 6 obtinrent une réponse virologique soutenue (2 semaines après la fin du traitement) et 4 rechutèrent après une négativation plus longue, dans un cas avec une mutation de résistance identifiable ; 10 autres reçurent sofosbuvir, ribavirine et peginterféron pendant 8 semaines seulement, et tous (sauf un perdu de vue) obtinrent une ré ponse virologique soutenue. Un sixième groupe de 25 malades vierges de traitement, cette fois infectés par un virus de génotype 1 (1a dans 89 % des cas), fut traité par sofosbuvir et ribavirine pendant 12 semaines : tous obtinrent une virosuppression pendant le traitement (la majorité dès la 2e semaine) mais 4 rechutèrent après l’arrêt du trai tement (dont 1 entre 3 et 6 mois), dont aucun n’avait de mutation détectable, soit 84 % de réponse virologique soutenue. Enfin, un septième groupe de 10 malades infectés par un virus de génotype 1 non répondeurs à un traitement précédent par peginterféron et ribavirine reçurent une association sofosbuvir et ribavirine pendant 12 semaines : une virosuppression fut obtenue chez les 10 malades (dont 7 dès la 2 e semaine), mais 9 rechutèrent dès la 4e semaine suivant l’arrêt du traitement. Aucune mutation conférant potentiellement une résistance au sofosbuvir ne fut observée. Maux de tête, fatigue, insomnie et nausées furent les effets indésirables les plus fréquents. Une anémie à moins de 9 g/dL ne fut observée « que » chez environ 20 % des malades traités par sofsobuvir et ribavirine (un seul des 10 malades traités par sofosbuvir seul eut une anémie discrète). Il n’y eut pas de neutro- ni de thrombopénie chez les malades ne rece- vant pas d’interféron. Le traitement ne fut arrêté chez aucun malade. Aucun malade n’eut d’échappement virologique pendant le traitement, confirmant la haute barrière de résistance du sofosbuvir. Dans le même numéro du journal, on trouve les résultats très favorables d’une autre étude pilote menée chez des malades sans cirrhose infectés par un virus de génotype 1, traités par une triple association (antiprotéase, inhibiteur non nucléosidique de la polymérase et ribavirine) sans interféron. Commentaires : c’est probablement le début de la fin pour le virus de l’hépatite C : si ces résultats sont confirmés au cours des essais de phase III (dont les résultats intermédiaires sont très favorables), des traitements sans interféron, plus simples, plus courts, ayant moins d’effets secondaires vont devenir la règle, combinant d’abord ces médicaments avec la ribavirine puis probablement entre eux. L’effort devra de nouveau porter sur la prévention primaire, le dépistage et l’accès aux soins pour éradiquer cette maladie dont le seul réservoir est humain. • AP Plaçais PY, Preat T. To favor survival under food shortage, the brain disables costly memory. Science 2013;339:440-2. En cas de restriction alimentaire majeure, le cerveau assure la survie en sacrifiant la mémoire à long terme ! Le cerveau régule l’homéostasie énergétique dans l’organisme. Comme il est l’organe qui consomme le plus d’énergie, il peut vraisemblablement adapter sa consommation énergétique à une diminution drastique de la consommation alimentaire. Il doit donc être capable d’inhiber les processus qui dépensent beaucoup d’énergie. En cas de restriction alimentaire sévère, le cerveau est prioritaire sur les organes périphériques pour l’apport énergétique, mais il semble être aussi capable de diminuer sa propre consommation d’énergie pour survivre. Cette étude française montre que le cerveau de la drosophile peut couper la formation très coûteuse de la mémoire à long terme en cas de jeûne sévère prolongé. Au niveau neuronal, les oscillations lentes, normalement déclenchées dans deux paires de neurones dopaminergiques pour inhiber la formation de la mémoire à long terme aversive, sont abolies en cas de dénutrition ; et une activation artificielle transitoire de ces neurones restaure la formation de la mémoire à long terme, au prix d’une réduction de la survie. Commentaire : la formation de la mémoire à long terme est donc sujette à une plasticité adaptative qui permet la survie en cas de privation alimentaire. • PhCh LA REVUE DU PRATICIEN VOL. 63 Février 2013 TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN 181