L’ introduction d’antipro-
téases (bocéprévir, téla-
previr) l’an dernier a
permis de remarquables pro-
grès (au prix d’effets secon-
daires plus lourds) dans le
traitement de l’hépatite C.
Cependant, ce progrès ne
concerne que les malades
infectés par un virus de géno-
type 1 ; l’efficacité n’est pas
constante, notamment en cas
de non-réponse à un traite-
ment précédent ou de géno-
type 1a ; le traitement dure 24
à 48 semaines, et les effets
indésirables (en partie liés
aux nouveaux médicaments,
en partie à l’interféron et à la
ribavirine) sont plus fré-
quents et sévères, particuliè-
rement en cas de cirrhose.
Dans un essai pilote mené en
Nouvelle-Zélande chez des
malades non cirrhotiques,
40 malades infectés par un
virus de génotype 2 ou 3 non
préalablement traités ont été
tirés au sort en 4 groupes de
traitement de 12 semaines :
sofosbuvir (un nouvel antivi-
ral inhibiteur nucléotidique
de l’ARN-polymérase du VHC)
400 mg/j en une prise associé
à la ribavirine, 1 000-1 200 mg/j
seuls ou associés à 4, 8 ou
12 semaines de peginter -
féron α2a. Chez tous les
malades des 4 groupes (sauf
un perdu de vue), la virémie
était indétectable dès la
2esemaine et le restait pen-
dant le traitement, et 12 et
24 semaines après la fin du
traitement.
Dix malades supplémentaires
de génotype 2 ou 3 furent
traités par le sofosbuvir seul
pendant 4 semaines ; 6 obtin-
rent une réponse virologique
soutenue (2 semaines après
la fin du traitement) et 4
rechutèrent après une néga-
tivation plus longue, dans un
cas avec une mutation de
résistance identifiable ; 10
autres reçurent sofosbuvir,
ribavirine et peginterféron
pendant 8 semaines seule-
ment, et tous (sauf un perdu
de vue) obtinrent une ré -
ponse virologique soutenue.
Un sixième groupe de 25 ma -
lades vierges de traitement,
cette fois infectés par un virus
de génotype 1 (1a dans 89 %
des cas), fut traité par sofos-
buvir et ribavirine pendant
12 semaines : tous obtinrent
une virosuppression pendant
le traitement (la majorité dès
la 2esemaine) mais 4 rechu -
tèrent après l’arrêt du trai -
tement (dont 1 entre 3 et
6 mois), dont aucun n’avait de
mutation détectable, soit 84 %
de réponse virologique sou -
tenue.
Enfin, un septième groupe de
10 malades infectés par un
virus de génotype 1 non
répondeurs à un traitement
précédent par peginterféron
et ribavirine reçurent une
association sofosbuvir et
ribavirine pendant 12 semai-
nes : une virosuppression fut
obtenue chez les 10 malades
(dont 7 dès la 2esemaine),
mais 9 rechutèrent dès la
4esemaine suivant l’arrêt du
traitement. Aucune mutation
conférant potentiellement
une résistance au sofosbuvir
ne fut observée.
Maux de tête, fatigue, insom-
nie et nausées furent les
effets indésirables les plus
fréquents. Une anémie à
moins de 9 g/dL ne fut obser-
vée « que » chez environ 20 %
des malades traités par sofso-
buvir et ribavirine (un seul
des 10 malades traités par
sofosbuvir seul eut une ané-
mie discrète). Il n’y eut pas
de neutro- ni de thrombopé-
nie chez les malades ne rece-
vant pas d’interféron. Le trai-
tement ne fut arrêté chez
aucun malade. Aucun malade
n’eut d’échappement virolo-
gique pendant le traitement,
confirmant la haute barrière
de résistance du sofosbuvir.
Dans le même numéro du
journal, on trouve les résul-
tats très favorables d’une
autre étude pilote menée
chez des malades sans cir-
rhose infectés par un virus de
génotype 1, traités par une
triple association (antipro-
téase, inhibiteur non nucléo-
sidique de la polymérase et
ribavirine) sans interféron.
Commentaires : c’est proba-
blement le début de la fin
pour le virus de l’hépatite C :
si ces résultats sont confir-
més au cours des essais de
phase III (dont les résultats
intermédiaires sont très favo-
rables), des traitements sans
interféron, plus simples, plus
courts, ayant moins d’effets
secondaires vont devenir la
règle, combinant d’abord ces
médicaments avec la ribavi-
rine puis probablement entre
eux. L’effort devra de nou-
veau porter sur la prévention
primaire, le dépistage et l’ac-
cès aux soins pour éradiquer
cette maladie dont le seul
réservoir est humain. • AP
Gane EJ, Stedman CA, Hyland RH, et al. Nucleotide polymerase inhibitor sofosbuvir plus ribavirin for hepatitis C.
N Engl J Med 2013;368:34-44.
Poordad F, Lawitz E, Kowdley KV, et al. Exploratory study of oral combination antiviral therapy for hepatitis C.
N Engl J Med 2013;368:45-53.
Traitement de l’hépatite C: des progrès remarquables
181
LA REVUE DU PRATICIEN VOL. 63
Février 2013
Le cerveau régule l’homéostasie énergétique dans
l’organisme. Comme il est l’organe qui consomme le plus
d’énergie, il peut vraisemblablement adapter
sa consommation énergétique à une diminution drastique
de la consommation alimentaire. Il doit donc être capable
d’inhiber les processus qui dépensent beaucoup
d’énergie. En cas de restriction alimentaire sévère,
le cerveau est prioritaire sur les organes périphériques
pour l’apport énergétique, mais il semble être aussi
capable de diminuer sa propre consommation d’énergie
pour survivre.
Cette étude française montre que le cerveau de la
drosophile peut couper la formation très coûteuse
de la mémoire à long terme en cas de jeûne sévère
prolongé. Au niveau neuronal, les oscillations lentes,
normalement déclenchées dans deux paires de neurones
dopaminergiques pour inhiber la formation de la mémoire
à long terme aversive, sont abolies en cas de dénutrition;
et une activation artificielle transitoire de ces neurones
restaure la formation de la mémoire à long terme, au prix
d’une réduction de la survie.
Commentaire: la formation de la mémoire à long terme
est donc sujette à une plasticité adaptative qui permet
la survie en cas de privation alimentaire. • PhCh
Plaçais PY, Preat T. To favor survival under food shortage, the brain disables costly memory. Science 2013;339:440-2.
En cas de restriction alimentaire majeure, le cerveau assure la survie
en sacrifiant la mémoire à long terme !
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